|
Adresse
Aux Patriarches, Primats, Archevêques, Évêques et autres
ordinaires en paix et en communion avec le Siège Apostolique
Vénérables Frères,
Salut et
Bénédiction Apostolique
Le cours du temps nous ramènera dans peu de mois à ce
jour d'incomparable allégresse où, entouré d'une magnifique couronne de
cardinaux et d'évêques — il y a de cela cinquante ans —, Notre
prédécesseur Pie IX, pontife de sainte mémoire, déclara et proclama de
révélation divine, par l'autorité du magistère apostolique, que Marie a
été, dès le premier instant de sa conception, totalement exempte de la
tache originelle. Proclamation dont nul n'ignore qu'elle fut accueillie
par tous les fidèles de l'univers d'un tel cœur, avec de tels transports
de joie et d'enthousiasme, qu'il n'y eut jamais, de mémoire d'homme,
manifestation de piété soit à l'égard de l'auguste Mère de Dieu, soit
envers le Vicaire de Jésus-Christ, ni si grandiose, ni si unanime.
Aujourd'hui,
Vénérables Frères, bien qu'à la distance d'un demi-siècle, ne
pouvons-nous espérer que le souvenir ravivé de la Vierge Immaculée
provoque en nos âmes comme un écho de ces saintes allégresses et
renouvelle les spectacles magnifiques de foi et d'amour envers l'auguste
Mère de Dieu, qui se contemplèrent en ce passé déjà lointain ? Ce qui
Nous le fait désirer ardemment, c'est un sentiment, que Nous avons
toujours nourri en Notre cœur, de piété envers la bienheureuse Vierge
aussi bien que de gratitude profonde pour ses bienfaits. Ce qui,
d'ailleurs, Nous en donne l'assurance, c'est le zèle des catholiques,
perpétuellement en éveil et qui va au-devant de tout nouvel honneur, de
tout nouveau témoignage d'amour à rendre à la sublime Vierge. Cependant,
Nous ne voulons pas dissimuler qu'une chose avive grandement en Nous ce
désir : c'est qu'il Nous semble, à en croire un secret pressentiment de
Notre âme, que Nous pouvons nous promettre pour un avenir peu éloigné
l'accomplissement des hautes espérances, et assurément non téméraires,
que fit concevoir à notre prédécesseur Pie IX et à tout l'Épiscopat
catholique la définition solennelle du dogme de l'Immaculée Conception
de Marie.
Ces espérances, à
la vérité, il en est peu qui ne se lamentent de ne les avoir point vues
jusqu'ici se réaliser, et qui n'empruntent à Jérémie cette parole :
« Nous avons attendu la paix, et ce bien n'est pas venu : le temps de la
guérison, et voici la terreur »
.
Mais ne faut-il pas taxer de peu de foi des hommes qui négligent ainsi
de pénétrer ou de considérer sous leur vrai jour, les œuvres de Dieu ?
Qui pourrait compter, en effet, qui pourrait supputer les trésors
secrets de grâces que, durant tout ce temps, Dieu a versés dans son
Église à la prière de la Vierge ? Et, laissant même cela, que dire de ce
Concile du Vatican, si admirable d'opportunité ? et de la définition de
l'infaillibilité pontificale, formule si bien à point à l'encontre des
erreurs qui allaient sitôt surgir ? et de cet élan de piété, enfin,
chose nouvelle et véritablement inouïe, qui fait affluer, depuis
longtemps déjà, aux pieds du Vicaire de Jésus-Christ, pour le vénérer
face à face, les fidèles de toute langue et de tout climat ? Et n'est-ce
pas un admirable effet de la divine Providence que Nos deux
prédécesseurs, Pie IX et Léon XIII, aient pu, en des temps si troublés,
gouverner saintement l'Église, dans des conditions de durée qui
n'avaient été accordées à aucun autre pontificat ? A quoi il faut
ajouter que Pie IX n'avait pas plus tôt déclaré de croyance catholique
la conception sans tache de Marie que, dans la ville de Lourdes,
s'inauguraient de merveilleuses manifestations de la Vierge, et ce fut,
on le sait, l'origine de ces temples élevés en l'honneur de l'Immaculée
Mère de Dieu, ouvrage de haute magnificence et d'immense travail, où des
prodiges quotidiens, dus à son intercession, fournissent de splendides
arguments pour confondre l'incrédulité moderne. Tant et de si insignes
bienfaits accordés par Dieu sur les pieuses sollicitations de Marie,
durant les cinquante années qui vont finir, ne doivent-ils pas nous
faire espérer le salut pour un temps plus prochain que nous ne l'avions
cru ? Aussi bien est-ce comme une loi de la Providence divine,
l'expérience nous l'apprend, que des dernières extrémités du mal à la
délivrance il n'y a jamais bien loin. « Son temps est près de venir, et
ses jours ne sont pas loin. Car le Seigneur prendra Jacob en pitié, et
en Israël encore il aura son élu »
.
C'est donc avec une entière confiance que nous pouvons attendre
nous-mêmes de nous écrier sous peu : « Le Seigneur a brisé la verge des
impies. La terre est dans la paix et le silence ; elle s'est réjouie et
elle a exulté »
.
Mais, si le
cinquantième anniversaire de l'acte pontifical par lequel fut déclarée
sans souillure la conception de Marie, doit provoquer au sein du peuple
chrétien d'enthousiastes élans, la raison en est surtout dans une
nécessité qu'ont exposée Nos précédentes Lettres encycliques, Nous
voulons dire de tout restaurer en Jésus-Christ. Car, qui ne tient pour
établi qu'il n'est route ni plus sûre ni plus facile que Marie par où
les hommes puissent arriver jusqu'à Jésus-Christ, et obtenir, moyennant
Jésus-Christ, cette parfaite adoption des fils, qui fait saint et sans
tache sous le regard de Dieu ?
Certes, s'il a été
dit avec vérité à la Vierge : « Bienheureuse qui avez cru, car les
choses s'accompliront qui vous ont été dites par le Seigneur »
,
savoir qu'elle concevrait et enfanterait le Fils de Dieu ; si,
conséquemment, elle a accueilli dans son sein celui qui par nature est
Vérité, de façon que, « engendré dans un nouvel ordre et par une
nouvelle naissance ..., invisible en lui-même, il se rendît visible dans
notre chair »
;
du moment que le Fils de Dieu est l'auteur et le consommateur de notre
foi, il est de toute nécessité que Marie soit dite participante des
divins mystères et en quelque sorte leur gardienne, et que sur elle
aussi, comme sur le plus noble fondement après Jésus-Christ, repose la
foi de tous les siècles.
Comment en
serait-il autrement ? Dieu n'eût-il pu, par une autre voie que Marie,
nous octroyer le réparateur de l'humanité et le fondateur de la foi ?
Mais, puisqu'il a plu à l'éternelle Providence que l'Homme-Dieu nous fût
donné par la Vierge, et puisque celle-ci, l'ayant eu de la féconde vertu
du divin Esprit, l'a porté en réalité dans son sein, que reste-t-il si
ce n'est que nous recevions Jésus des mains de Marie ?
Aussi, voyons-nous
que dans les Saintes Écritures, partout où est prophétisée la grâce qui
doit nous advenir, partout aussi, ou peu s'en faut, le Sauveur des
hommes y apparaît en compagnie de sa sainte Mère. Il sortira, l'Agneau
dominateur de la terre, mais de la pierre du désert ; elle montera, la
fleur, mais de la tige de Jessé. A voir, dans l'avenir, Marie écraser la
tête du serpent, Adam contient les larmes que la malédiction arrachait à
son cœur. Marie occupe la pensée de Noé dans les flancs de l'arche
libératrice ; d'Abraham, empêché d'immoler son fils ; de Jacob,
contemplant l'échelle où montent et d'où descendent les anges ; de
Moïse, en admiration devant le buisson qui brûle sans se consumer ; de
David, chantant et sautant en conduisant l'arche divine ; d'Élie,
apercevant la petite nuée qui monte de la mer. Et, sans nous étendre
davantage, nous trouvons en Marie, après Jésus, la fin de la loi, la
vérité des images et des oracles.
Qu'il appartienne à
la Vierge, surtout à elle, de conduire à la connaissance de Jésus, c'est
de quoi l'on ne peut douter, si l'on considère, entre autres choses,
que, seule au monde, elle a eu avec lui, dans une communauté de toit et
dans une familiarité intime de trente années, ces relations étroites qui
sont de mise entre une mère et son fils. Les admirables mystères de la
naissance et de l'enfance de Jésus, ceux notamment qui se rapportent à
son incarnation, principe et fondement de notre foi, à qui ont-ils été
plus amplement dévoilés qu'à sa Mère ? Elle conservait et repassait dans
son cœur ce qu'elle avait vu de ses actes à Bethléem, ce qu'elle en
avait vu à Jérusalem dans le temple ; mais initiée encore à ses conseils
et aux desseins secrets de sa volonté, elle a vécu, doit-on dire, la vie
même de son Fils. Non, personne au monde comme elle n'a connu à fond
Jésus ; personne n'est meilleur maître et meilleur guide pour faire
connaître Jésus.
Il suit de là, et
Nous l'avons déjà insinué, que personne ne la vaut, non plus, pour unir
les hommes à Jésus. Si, en effet, selon la doctrine du divin Maître,
« la vie éternelle consiste à vous connaître, vous qui êtes le seul vrai
Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ »
:
comme nous parvenons par Marie à la connaissance de Jésus-Christ, par
elle aussi, il nous est plus facile d'acquérir la vie dont il est le
principe et la source.
Et maintenant, pour
peu que nous considérions combien de motifs et combien pressants
invitent cette Mère très sainte à nous donner largement de l'abondance
de ces trésors, quels surcroîts n'y puisera pas notre espérance !
Marie n'est-elle
pas la Mère de Dieu ? Elle est donc aussi notre Mère.
Car un principe à
poser, c'est que Jésus, Verbe fait chair, est en même temps le Sauveur
du genre humain. Or, en temps que Dieu-Homme, il a un corps comme les
autres hommes ; en tant que Rédempteur de notre race, un corps
spirituel, ou, comme on dit, mystique, qui n'est autre que la
société des chrétiens liés à lui par la foi. « Nombreux comme nous
sommes, nous faisons un seul corps en Jésus-Christ »
.
Or, la Vierge n'a pas seulement conçu le Fils de Dieu afin que, recevant
d'elle la nature humaine, il devint homme; mais afin qu'il devint
encore, moyennant cette nature reçue d'elle, le Sauveur des hommes. Ce
qui explique la parole des anges aux bergers : « Un Sauveur vous est né,
qui est le Christ, le Seigneur ».
Aussi, dans le
chaste sein de la Vierge, où Jésus a pris une chair mortelle, là même il
s'est adjoint un corps spirituel formé de tous ceux qui devaient croire
en lui : et l'on peut dire que, tenant Jésus dans son sein, Marie y
portait encore tous ceux dont la vie du Sauveur renfermait la vie.
Nous tous donc,
qui, unis au Christ, sommes, comme parle l'Apôtre, « les membres de son
corps issus de sa chair et de ses os »
,
nous devons nous dire originaires du sein de la Vierge, d'où nous
sortîmes un jour à l'instar d'un corps attaché à sa tête.
C'est pour cela que
nous sommes appelés, en un sens spirituel, à la vérité, et tout
mystique, les fils de Marie, et qu'elle est, de son côté, notre Mère à
tous. « Mère selon l'esprit, Mère véritable néanmoins des membres de
Jésus-Christ, que nous sommes nous-mêmes »
.
Si donc la bienheureuse Vierge est tout à la fois Mère de Dieu et des
hommes, qui peut douter qu'elle ne s'emploie de toutes ses forces,
auprès de son Fils, « tête du corps de l'Église »
,
afin qu'il répande sur nous qui sommes ses membres les dons de sa grâce,
celui notamment de la connaître et de « vivre par lui » ?
Mais il n'est pas
seulement à la louange de la Vierge qu'elle a fourni « la matière de sa
chair au Fils unique de Dieu, devant naître avec des membres humains »
,
et qu'elle a ainsi préparé une victime pour le salut des hommes ; sa
mission fut encore de la garder, cette victime, de la nourrir et de la
présenter au jour voulu, à l'autel.
Aussi, entre Marie
et Jésus, perpétuelle société de vie et de souffrance, qui fait qu'on
peut leur appliquer à égal titre cette parole du Prophète : « Ma vie
s'est consumée dans la douleur et mes années dans les gémissements »
.
Et quand vint pour
Jésus l'heure suprême, on vit la Vierge « debout auprès de la croix,
saisie sans doute par l'horreur du spectacle, heureuse pourtant de ce
que son Fils s'immolait pour le salut du genre humain, et, d'ailleurs,
participant tellement à ses douleurs que de prendre sur elle les
tourments qu'il endurait lui eût paru, si la chose eût été possible,
infiniment préférable »
.
La conséquence de
cette communauté de sentiments et de souffrances entre Marie et Jésus,
c'est que Marie « mérita très légitimement de devenir la réparatrice de
l'humanité déchue »
,
et, partant, la dispensatrice de tous les trésors que Jésus nous a
acquis par sa mort et par son sang.
Certes, l'on ne
peut dire que la dispensation de ces trésors ne soit un droit propre et
particulier de Jésus-Christ, car ils sont le fruit exclusif de sa mort,
et lui-même est, de par sa nature, le médiateur de Dieu et des hommes.
Toutefois, en
raison de cette société de douleurs et d'angoisses, déjà mentionnée,
entre la Mère et le Fils a été donné à cette auguste Vierge « d'être
auprès de son Fils unique la très puissante médiatrice et avocate du
monde entier »
.
La source est donc
Jésus Christ : « de la plénitude de qui nous avons tout reçu »
;
« par qui tout le corps, lié et rendu compact moyennant les jointures de
communication, prend les accroissements propres au corps et s'édifie
dans la charité »
.
Mais Marie, comme le remarque justement saint Bernard, est l’« aqueduc »
;
ou, si l'on veut, cette partie médiane qui a pour propre de rattacher le
corps à la tête et de transmettre au corps les influences et efficacités
de la tête, Nous voulons dire le cou. Oui, dit saint Bernardin de
Sienne, « elle est le cou de notre chef, moyennant lequel celui-ci
communique à son corps mystique tous les dons spirituels »
.
Il s'en faut donc grandement, on le voit, que Nous attribuions à la Mère
de Dieu une vertu productrice de la grâce, vertu qui est de Dieu seul.
Néanmoins, parce que Marie l'emporte sur tous en sainteté et en union
avec Jésus-Christ et qu'elle a été associée par Jésus-Christ à l'œuvre
de la rédemption, elle nous mérite de congruo, comme disent les
théologiens, ce que Jésus-Christ nous a mérité de condigno, et
elle est le ministre suprême de la dispensation des grâces. « Lui,
Jésus, siège à la droite de la majesté divine dans la sublimité des
cieux »
.
Elle, Marie, se tient à la droite de son Fils ; « refuge si assuré et
secours si fidèle contre tous les dangers, que l'on n'a rien à craindre,
à désespérer de rien sous sa conduite, sous ses auspices, sous son
patronage, sous son égide »
.
Ces principes
posés, et pour revenir à notre dessein, qui ne reconnaîtra que c'est à
juste titre que Nous avons affirmé de Marie que, compagne assidue de
Jésus, de la maison de Nazareth au plateau du Calvaire, initiée plus que
tout autre aux secrets de son cœur, dispensatrice, comme de droit
maternel, des trésors de ses mérites, elle est, pour toutes ces causes,
d'un secours très certain et très efficace pour arriver à la
connaissance et à l'amour de Jésus-Christ ? Ces hommes, hélas ! nous en
fournissent dans leur conduite une preuve trop péremptoire qui, séduits
par les artifices du démon ou trompés par de fausses doctrines, croient
pouvoir se passer du secours de la Vierge. Infortunés, qui négligent
Marie sous prétexte d'honneur à rendre à Jésus-Christ ! Comme si l'on
pouvait trouver l'Enfant autrement qu'avec la Mère !
S'il en est ainsi,
Vénérables Frères, c'est à ce but que doivent surtout viser toutes les
solennités qui se préparent partout en l'honneur de la Sainte et
Immaculée Conception de Marie. Nul hommage, en effet, ne lui est plus
agréable, nul ne lui est plus doux, que si nous connaissons et aimons
véritablement Jésus-Christ. Que les foules emplissent donc les temples,
qu'il se célèbre des fêtes pompeuses, qu'il y ait des réjouissances
publiques : ce sont choses éminemment propres à raviver la foi. Mais
nous n'aurons là, s'il ne s'y ajoute les sentiments du cœur, que pure
forme, que simples apparences de piété. A ce spectacle, la Vierge,
empruntant les paroles de Jésus-Christ, nous adressera ce juste
reproche : « Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de
moi »
.
Car enfin, pour
être de bon aloi, le culte de la Mère de Dieu doit jaillir du cœur ; les
actes du corps n'ont ici utilité ni valeur s'ils sont isolés des actes
de l'âme. Or, ceux-ci ne peuvent se rapporter qu'à un seul objet, qui
est que nous observions pleinement ce que le divin Fils de Marie
commande. Car, si l'amour véritable est celui-là seul qui a la vertu
d'unir les volontés, il est de toute nécessité que nous ayons cette même
volonté avec Marie de servir Jésus Notre-Seigneur. La recommandation que
fit cette Vierge très prudente aux serviteurs des noces de Cana, elle
nous l'adresse à nous-mêmes : « Faites tout ce qu'il vous dira »
.
Or, voici la parole de Jésus-Christ : « Si vous voulez entrer dans la
vie, observez les commandements »
.
Que chacun se
persuade donc bien de cette vérité que, si sa piété à l'égard de la
bienheureuse Vierge ne le retient pas de pécher ou ne lui inspire pas la
volonté d'amender une vie coupable, c'est là une piété fallacieuse et
mensongère, dépourvue qu'elle est de son effet propre et de son fruit
naturel.
Que si quelqu'un
désire à ces choses une confirmation, il est facile de la trouver dans
le dogme même de la Conception Immaculée de Marie. Car, pour omettre la
tradition, source de vérité aussi bien que la Sainte Écriture, comment
cette persuasion de l'Immaculée Conception de la Vierge a-t-elle paru de
tout temps si conforme au sens catholique, qu'on a pu la tenir comme
incorporée et comme innée à l'âme des fidèles ? « Nous avons en horreur
de dire de cette femme — c'est la réponse de Denys le Chartreux — que,
devant écraser un jour la tête du serpent, elle ait jamais été écrasée
par lui, et que, mère de Dieu, elle ait jamais été fille du démon »
.
Non, l'intelligence chrétienne ne pouvait se faire à cette idée que la
chair du Christ, sainte, sans tache et innocente, eût pris origine au
sein de Marie, d'une chair ayant jamais, ne fût-ce que pour un rapide
instant, contracté quelque souillure. Et pourquoi cela, si ce n'est
qu'une opposition infinie sépare Dieu du péché ? C'est là, sans
contredit, l'origine de cette conviction commune à tous les chrétiens,
que Jésus-Christ avant même que, revêtu de la nature humaine, il nous
lavât de nos péchés dans son sang, dut accorder à Marie cette grâce et
ce privilège spécial d'être préservée et exempte, dès le premier instant
de sa conception, de toute contagion de la tache originelle.
Si donc Dieu a en
telle horreur le péché que d'avoir voulu affranchir la future Mère de
son Fils non seulement de ces taches qui se contractent volontairement,
mais, par une faveur spéciale et en prévision des mérites de
Jésus-Christ, de cette autre encore dont une sorte de funeste héritage
nous transmet à nous tous, les enfants d'Adam, la triste marque, qui
peut douter que ce ne soit un devoir pour quiconque prétend à gagner par
ses hommages le cœur de Marie, de corriger ce qu'il peut y avoir en lui
d'habitudes vicieuses et dépravées, et de dompter les passions qui
l'incitent au mal ?
Quiconque veut, en
outre — et qui ne doit le vouloir ? — que sa dévotion envers la Vierge
soit digne d'elle et parfaite, doit aller plus loin, et tendre, par tous
les efforts, à l'imitation de ses exemples. C'est une loi divine, en
effet, que ceux-là seuls obtiennent l'éternelle béatitude qui se
trouvent avoir reproduit en eux, par une fidèle imitation, la forme de
la patience et de la sainteté de Jésus-Christ : « car ceux qu'il a
connus dans sa prescience, il les a prédestinés pour être conformes à
l'image de son Fils, afin que celui-ci soit l'aîné entre plusieurs
frères »
.
Mais telle est généralement notre infirmité, que la sublimité de cet
exemplaire aisément nous décourage. Aussi a-t-il été, de la part de
Dieu, une attention toute providentielle, que de nous en proposer un
autre aussi rapproché de Jésus-Christ qu'il est permis à l'humaine
nature, et néanmoins merveilleusement accommodé à notre faiblesse. C'est
la Mère de Dieu, et nul autre. « Telle fut Marie, dit à ce sujet saint
Ambroise, que sa vie, à elle seule, est pour tous un enseignement ».
D'où il conclut avec beaucoup de justesse : « Ayez donc sous vos yeux,
dépeintes comme dans une image, la virginité et la vie de la
bienheureuse Vierge, laquelle réfléchit, ainsi qu'un miroir, l'éclat de
la pureté et la forme même de la vertu »
.
Or, s'il convient à
des fils de ne laisser aucune des vertus de cette Mère très sainte sans
l'imiter, toutefois désirons-Nous que les fidèles s'appliquent de
préférence aux principales et qui sont comme les nerfs et les jointures
de la vie chrétienne, Nous voulons dire la foi, l'espérance et la
charité à l'égard de Dieu et du prochain. Vertus dont la vie de Marie
porte, dans toutes ses phases, la rayonnante empreinte, mais qui
atteignirent à leur plus haut degré de splendeur dans le temps qu'elle
assista son Fils mourant. Jésus est cloué à la croix, et on lui
reproche, en le maudissant, « de s'être fait le Fils de Dieu »
.
Marie, elle, avec une indéfectible constance, reconnaît et adore en lui
la divinité. Elle l'ensevelit après sa mort, mais sans douter un seul
instant de sa résurrection. Quant à la charité dont elle brille pour
Dieu, cette vertu va jusqu'à la rendre participante des tourments de
Jésus-Christ et l'associée de sa Passion ; avec lui, d'ailleurs, et
comme arrachée au sentiment de sa propre douleur, elle implore pardon
pour les bourreaux, malgré ce cri de leur haine : « Que son sang soit
sur nous et sur nos enfants »
.
Mais, afin que l'on
ne croie pas que Nous ayons perdu de vue Notre sujet, qui est le mystère
de l'Immaculée Conception, que de secours efficaces n'y trouve-t-on pas,
et dans leur propre source, pour conserver ces mêmes vertus et les
pratiquer comme il convient !
D'où partent, en
réalité, les ennemis de la religion pour semer tant et de si graves
erreurs, dont la foi d'un si grand nombre se trouve ébranlée ?
Ils commencent par
nier la chute primitive de l'homme et sa déchéance. Pures fables, donc,
que la tache originelle et tous les maux qui en ont été la suite : les
sources de l'humanité viciées, viciant à leur tour toute la race
humaine ; conséquemment, le mal introduit parmi les hommes, et
entraînant la nécessité d'un rédempteur. Tout cela rejeté, il est aisé
de comprendre qu'il ne reste plus de place ni au Christ, ni à l'Église,
ni à la grâce, ni à quoi que ce soit qui passe la nature. C'est
l'édifice de la foi renversé de fond en comble. Or, que les peuples
croient et qu'ils professent que la Vierge Marie a été, dès le premier
instant de sa conception, préservée de toute souillure : dès lors, il
est nécessaire qu'ils admettent, et la faute originelle, et la
réhabilitation de l'humanité par Jésus-Christ, et l'Évangile et
l'Église, et enfin la loi de la souffrance : en vertu de quoi tout ce
qu'il y a de rationalisme et de matérialisme au monde est arraché par la
racine et détruit, et il reste cette gloire à la sagesse chrétienne
d'avoir conservé et défendu la vérité.
De plus, c'est une
perversité commune aux ennemis de la foi, surtout à notre époque, de
répudier, et de proclamer qu'il les faut répudier, tout respect et toute
obéissance à l'égard de l'autorité de l'Église, voire même de tout
pouvoir humain, dans la pensée qu'il leur sera plus facile ensuite de
venir à bout de la foi.
C'est ici l'origine
de l'anarchisme, doctrine la plus nuisible et la plus pernicieuse qui
soit à toute espèce d'ordre, naturel et surnaturel.
Or, une telle
peste, également fatale à la société et au nom chrétien, trouve sa ruine
dans le dogme de l'Immaculée Conception de Marie, par l'obligation qu'il
impose de reconnaître à l'Église un pouvoir, devant lequel non seulement
la volonté ait à plier, mais encore l'esprit. Car c'est par l'effet
d'une soumission de ce genre que le peuple chrétien adresse cette
louange à la Vierge : « Vous êtes toute belle, ô Marie, et la tache
originelle n'est point en vous »
.
Et par là se trouve
justifié une fois de plus ce que l'Église affirme d'elle, que, seule,
elle a exterminé les hérésies dans le monde entier.
Que si la foi,
comme dit l'Apôtre, n'est pas autre chose que « le fondement des choses
à espérer »
,
on conviendra aisément que par le fait que l'Immaculée Conception de
Marie confirme notre foi, par là aussi elle ravive en nous l'espérance.
D'autant plus que si la Vierge a été affranchie de la tache originelle,
c'est parce qu'elle devait être la Mère du Christ: or, elle fut Mère du
Christ afin que nos âmes pussent revivre à l'espérance.
Et maintenant, pour
omettre ici la charité à l'égard de Dieu, qui ne trouverait dans la
contemplation de la Vierge immaculée un stimulant à regarder
religieusement le précepte de Jésus-Christ, celui qu'il a déclaré sien
par excellence, savoir que nous nous aimions les uns les autres, comme
il nous a aimés ?
« Un grand signe —
c'est en ces termes que l'apôtre saint Jean décrit une vision divine —
un grand signe est apparu dans le ciel : une femme, revêtue du soleil,
ayant sous ses pieds la lune, et, autour de sa tête, une couronne de
douze étoiles »
.
Or, nul n'ignore que cette femme signifie la Vierge Marie, qui, sans
atteinte pour son intégrité, engendra notre Chef.
Et l'Apôtre de
poursuivre ; « Ayant un fruit en son sein, l'enfantement lui arrachait
de grands cris et lui causait de cruelles douleurs »
.
Saint Jean vit donc la très sainte Mère de Dieu au sein de l'éternelle
béatitude et toutefois en travail d'un mystérieux enfantement. Quel
enfantement ? Le nôtre assurément, à nous qui, retenus encore dans cet
exil, avons besoin d'être engendrés au parfait amour de Dieu et à
l'éternelle félicité. Quant aux douleurs de l'enfantement, elles
marquent l'ardeur et l'amour avec lesquels Marie veille sur nous du haut
du ciel, et travaille, par d'infatigables prières, à porter à sa
plénitude le nombre des élus.
C'est notre désir
que tous les fidèles s'appliquent à acquérir cette vertu de charité, et
profitent surtout pour cela des fêtes extraordinaires qui vont se
célébrer en l'honneur de la Conception immaculée de Marie.
Avec quelle rage,
avec quelle frénésie n'attaque-t-on pas aujourd'hui Jésus-Christ et la
religion qu'il a fondée ! Quel danger donc pour un grand nombre, danger
actuel et pressant, de se laisser entraîner aux envahissements de
l'erreur et de perdre la foi ! C'est pourquoi « que celui qui pense être
debout prenne garde de tomber » (I Cor. X, 12). Mais que tous
aussi adressent à Dieu, avec l'appui de la Vierge, d'humbles et
instantes prières, afin qu'il ramène au chemin de la vérité ceux qui ont
eu le malheur de s'en écarter. Car Nous savons d'expérience que la
prière qui jaillit de la charité et qui s'appuie sur l'intercession de
Marie n'a jamais été vaine.
Assurément, il n'y
a pas à attendre que les attaques contre l’Église cessent jamais : « car
il est nécessaire que des hérésies se produisent, afin que les âmes de
foi éprouvée soient manifestées parmi vous »
.
Mais la Vierge ne laissera pas, de son côté, de nous soutenir dans nos
épreuves, si dures soient-elles, et de poursuivre la lutte qu'elle a
engagée dès sa conception, en sorte que quotidiennement nous pourrons
répéter cette parole : « Aujourd'hui a été brisée par elle la tête de
l'antique serpent »
.
Et afin que les
trésors des grâces célestes, plus largement ouverts que d'ordinaire,
nous aident à joindre l'imitation de la Bienheureuse Vierge aux hommages
que nous lui rendrons, plus solennels, durant toute cette année ; et
afin que nous arrivions plus facilement ainsi à tout restaurer en
Jésus-Christ, conformément à l'exemple de Nos prédécesseurs au début de
leur pontificat, nous avons résolu d'accorder à tout l'univers une
indulgence extraordinaire, sous forme de jubilé.
C'est pourquoi,
Nous appuyant sur la miséricorde du Dieu tout-puissant et sur l'autorité
des bienheureux apôtres, Pierre et Paul ; au nom de ce pouvoir de lier
et de délier qui Nous a été confié, malgré Notre indignité : à tous et à
chacun des fidèles de l'un et de l'autre sexe, résidant dans cette ville
de Rome, ou s'y trouvant de passage, qui auront visité trois fois les
quatre basiliques patriarcales, à partir du Ier dimanche de
la Quadragésime, 21 février, jusqu'au 2 juin inclusivement, jour où se
célèbre la solennité du Très Saint-Sacrement, et qui, pendant un certain
temps, auront pieusement prié pour la liberté et l'exaltation de
l’Église catholique et du Siège apostolique, pour l'extirpation des
hérésies et la conversion des pécheurs, pour la concorde de tous les
princes chrétiens, pour la paix et l'unité de tout le peuple fidèle, et
selon Nos intentions ; qui auront, durant la période indiquée, et hors
des jours non compris dans l'indult quadragésimal, jeûné une fois, ne
faisant usage que d'aliments maigres ; qui, ayant confessé leurs péchés,
auront reçu le sacrement de l'Eucharistie ; de même, à tous les autres,
de tout pays, résidant hors de Rome, qui, durant la période susdite, ou
dans le cours de trois mois, à déterminer exactement par l'Ordinaire, et
même non continus, s'il le juge bon pour la commodité des fidèles, et en
tout cas avant le 8 décembre, auront visité trois fois l'église
cathédrale, ou, à son défaut l'église paroissiale, ou, à son défaut
encore, la principale église du lieu, et qui auront dévotement accompli
les autres œuvres ci-dessus indiquées, Nous concédons et accordons
l'indulgence plénière de tous leurs péchés ; permettant aussi que cette
indulgence, gagnable une seule fois, puisse être appliquée, par manière
de suffrage, aux âmes qui ont quitté cette vie en grâce avec Dieu.
Nous accordons en
outre que les voyageurs de terre et de mer, en accomplissant, dès leur
retour à leur domicile, les œuvres marquées plus haut, puissent gagner
la même indulgence.
Aux confesseurs
approuvés de fait par leurs propres Ordinaires, Nous donnons la faculté
de commuer en d'autres œuvres de piété celles prescrites par Nous, et
ce, en faveur des Réguliers de l'un et de l'autre sexe et de toutes les
autres personnes, quelles qu'elles soient, qui ne pourraient accomplir
ces dernières, avec faculté aussi de dispenser de la communion ceux des
enfants qui n'auraient pas encore été admis à la recevoir.
De plus, à tous et
à chacun des fidèles, tant laïques qu'ecclésiastiques, soit réguliers,
soit séculiers, de quelque Ordre ou Institut que ce soit, y inclus ceux
qui demandent une mention spéciale, Nous accordons la permission de se
choisir, pour l'effet dont il s'agit, un prêtre quelconque, tant
régulier que séculier, entre les prêtres effectivement approuvés (et de
cette faculté pourront user encore les religieuses, les novices et
autres personnes habitant les monastères cloîtrés, pourvu que le
confesseur, dans ce cas, soit approuvé pour les religieuses), lequel
prêtre, les personnes susdites se présentant à lui, pendant la période
marquée, et lui faisant leur confession avec l'intention de gagner
l'indulgence du jubilé et d'accomplir les autres œuvres qui y sont
requises, pourra, pour cette fois seulement et uniquement au for de la
conscience, les absoudre de toute excommunication, suspense et autres
sentences et censures ecclésiastiques, portées et infligées pour quelque
cause que ce soit, par la loi ou par le juge, même dans les cas réservés
d'une manière spéciale, qu'ils le soient à n'importe qui, fût-ce au
Souverain Pontife et au Siège apostolique, ainsi que de tous les péchés
ou délits réservés aux Ordinaires et à Nous-même et au Siège
apostolique, non toutefois sans avoir enjoint au préalable une pénitence
salutaire et tout ce que le droit prescrit qu'il soit enjoint, et s'il
s'agit d'hérésie, sans l'abjuration et la rétractation des erreurs
exigée par le droit ; de commuer, en outre, toute espèce de vœux, même
émis sous serment et réserves au Siège apostolique (exception faite de
ceux de chasteté, d'entrée en religion, ou emportant une obligation
acceptée par un tiers), de commuer ces vœux, disons-Nous, en d'autres
œuvres pieuses et salutaires, et s'il s'agit de pénitents constitués
dans les Ordres, et même réguliers, de les dispenser de toute
irrégularité contraire à l'exercice de l'Ordre ou à l'avancement à
quelque Ordre supérieur, mais contractée seulement pour violation de
censure.
Nous n'entendons
pas, d'ailleurs, par les présentes, dispenser des autres irrégularités,
quelles qu'elles soient et contractées de quelque façon que ce soit, ou
par délit ou par défaut, soit publique, soit occulte, ou par chose
infamante, ou par quelque autre incapacité ou inhabilité ; comme Nous ne
voulons pas non plus déroger à la Constitution promulguée par Benoît XIV,
d'heureuse mémoire, laquelle débute par ces mots : Sacramentum
pœnitentiæ, avec les déclarations y annexées ; ni enfin que les
présentes puissent ou doivent être d'aucune espèce d'utilité à ceux que
Nous-même et le Siège apostolique, ou quelque prélat ou juge
ecclésiastique aurait nommément excommuniés, suspendus, interdits ou
déclarés sous le coup d'autres sentences ou censures, ou qui auraient
été publiquement dénoncés, à moins qu'ils n'aient donné satisfaction,
durant la période susdite, et qu'ils ne se soient accordés, s'il y avait
lieu, avec les parties.
A quoi il Nous
plaît d'ajouter que Nous voulons et accordons que, même durant tout ce
temps du jubilé, chacun garde intégralement le privilège de gagner, sans
en excepter les plénières, toutes les indulgences accordées par Nous ou
par Nos prédécesseurs.
Nous mettons fin à
ces lettres, Vénérables Frères, en exprimant à nouveau la grande
espérance que Nous avons au cœur, qui est que, moyennant les grâces
extraordinaires de ce jubilé, accordé par Nous sous les auspices de la
Vierge Immaculée, beaucoup qui se sont misérablement séparés de
Jésus-Christ reviendront à lui, et que refleurira, dans le peuple
chrétien, l'amour des vertus et l'ardeur de la piété. Il y a cinquante
ans, quand Pie IX, Notre prédécesseur, déclara que la Conception
Immaculée de la bienheureuse Mère de Jésus-Christ devait être tenue de
foi catholique, on vit, Nous l'avons rappelé, une abondance incroyable
de grâces se répandre sur la terre, et un accroissement d'espérance en
la Vierge amener partout un progrès considérable dans l'antique religion
des peuples. Qu'est-ce donc qui Nous empêche d'attendre quelque chose de
mieux encore pour l'avenir ? Certes, Nous traversons une époque funeste,
et Nous avons le droit de pousser cette plainte du Prophète : « Il n'est
plus de vérité, il n'est plus de miséricorde, il n'est plus de science
sur la terre. La malédiction et le mensonge et l'homicide et le vol et
l'adultère débordent partout »
.
Cependant, du milieu de ce qu'on peut appeler un déluge de maux, l'œil
contemple, semblable à un arc-en-ciel, la Vierge très clémente, arbitre
de paix entre Dieu et les hommes. « Je placerai un arc dans la nue et il
sera un signe d'alliance entre moi et la terre »
.
Que la tempête se déchaîne donc, et qu'une nuit épaisse enveloppe le
ciel : nul ne doit trembler. La vue de Marie apaisera Dieu et il
pardonnera. « L'arc-en-ciel sera dans la nue, et à le voir je me
souviendrai du pacte éternel »
.
« Et il n'y aura plus de déluge pour engloutir toute chair »
.
Nul doute que si Nous Nous confions, comme il convient, en Marie,
surtout dans le temps que nous célébrerons avec une plus ardente piété
son Immaculée Conception, nul doute, disons-Nous, que Nous ne sentions
qu'elle est toujours cette Vierge très puissante « qui, de son pied
virginal, a brisé la tête du serpent »
.
Comme gage de ces
grâces, Vénérables Frères, Nous vous accordons dans le Seigneur, avec
toute l'effusion de Notre cœur, à vous et à vos peuples, la bénédiction
apostolique.
Donné à Rome,
auprès de Saint-Pierre, le 2 février 1904, de Notre Pontificat la
première année.
* * *
NOTES
È |