TABLE
« Vous m’avez
tout donné ; j’ai tout utilisé pour les âmes... » -
« Ma fille,
épouse de mon Jésus... » -
« J’extrais de ta
souffrance un baume salutaire de
salut. » -
« Je t’accompagne
toujours... » - « Soyez
vainqueur, Jésus !... » -
« Quel bel
exemple tu donnes, par ton amour pour la croix ! » -
« La souffrance
pour moi... l’amour pour vous ! » -
« Comme je me
trompais !... » -
« Je
veux et j’accepte l’immolation... » -
Rien de mieux que
la souffrance pour apprendre à aimer Jésus -
« Elles méprisent
mes grâces... » -
« Donnez-moi,
Jésus, le feu de votre Cœur... » - Larmes de
nostalgie... - Petite grappe de
raisin pressée au maximum -
« On a prolongé
mon martyre » -
« J'unis ton cœur
à mon divin Cœur » -
« Ô mon Jésus, je
ne fais rien... » -
« J’ignore où je
me trouve... » - « Pauvre monde
!... » - Communiée par son Ange gardien
- « Demande
pénitence, beaucoup de pénitence... » -
« Tu ne
t’alimenteras plus sur la terre ! » - NOTES
COMMUNION SURNATURELLE
(moments de la Passion)
Le
Calvaire d’aujourd’hui a été encore plus intense et pénible par le fait d’avoir
peut-être blessé Jésus; je lui en ai demandé pardon bien des fois. J’ai même
demandé à la Petite-Maman de lui demander pardon pour moi. Je lui ai offert le
tourment de l’avoir offensé, pour ceux qui l’offensent et ne ressentent aucun
remords, après avoir péché mortellement.
Mais, quelle grande agonie ! C’était la mort qui appelait la vie, l’obscurité
qui appelait la lumière.
J’avais en moi des yeux qui regardaient le monde et ne pouvaient supporter une
aussi grande iniquité. Cependant j’avais des lèvres qui ne pouvaient lui
adresser la moindre parole de lamentation; j’avais un cœur qui l’aimait et
sentait pour lui la plus grande compassion.
Je mourrais écrasée, je mourais remplie de peur, sans la moindre lumière.
Tout à coup, j’ai senti quelque chose, je ne sais quoi, sortir de moi, il me
semblait s’agir d’un faisceau lumineux, qui est parti vers le Haut, vers la
jubilation. Je suis restée dans l’obscurité, restée dans la mort.
Quelques minutes après, Jésus m’a parlé:
— Ma fille (...), tu es comme une nuit sans étoiles, un jardin
sans fleurs, un paradis sans amour. Mais non, ce n’est qu’une impression de
l’âme. Pour moi en cette nuit, les étoiles brillent et scintillent: ce sont des
étoiles qui donnent lumière au monde... Je vois dans ton jardin de si belles
fleurs, des fleurs candides; je les cueille pour moi, en aspergeant sur le monde
leur parfum salutaire pour les âmes. Dans le paradis sans amour, je trouve tout
l’amour... C’est avec cet amour que je te donne le pouvoir d’incendier les
cœurs. Partage-le avec qui tu voudras, donne-le à travers tes paroles.
As-tu confiance en moi, ma fille ? As-tu confiance en mon
amour et en mes paroles ?
Vous seul savez jusqu’où va ma foi en vous. J’ai foi, mais
peut-être pas comme je le devrais; et non plus, je ne souffre pas comme je le
devrais. Pardonnez-moi, car je n’ai certes pas la force pour souffrir davantage.
Je vous ai beaucoup offensé... N’est-ce pas que je vous ai
offensé ?
— Tranquillise-toi. Je le permets pour ton humiliation...
Reprends courage.
Il y a quatre ans, je t’ai prévenue de la lutte que t’aurais
à soutenir, apparemment seule. Apparemment seulement, car je ne t’ai jamais
abandonnée.
Aujourd’hui je ne t’annonce pas des luttes plus grandes,
parce que les plus grandes sont passées ; mais je t’encourage à être forte à fin
de supporter ton obscurité et la sensation que je sois séparé de toi... Aie
confiance, mon absence ne sera qu’apparente...
Il y a un an je t’ai annoncé des afflictions. Elles sont
venues et continuent, car les joies mêmes seront pour toi des afflictions.
Te sens-tu vidée, spoliée de tout, y compris de la souffrance ? Ne t’étonnes
pas : celui qui a tout donné, n’as plus rien à soi. Tu m’as tout donné et j’ai
tout utilisé pour les âmes...
(...)
Pendant la nuit j’ai eu une grande lutte avec le démon...
Aujourd’hui, en recevant la Communion, j’ai ressenti un très grand tourment à
cause de ce qui s’était passé: je me sentais humiliée!
Jésus, dans sa bonté infinie, ne s’est pas refusé à entrer dans mon cœur et, en
y entrant, il a tout calmé et ensuite m’a parlé :
— Ma fille... rosée qui féconde et pénètre au plus profond de toutes les
âmes... Ma petite fille aimée, me voici, avec ma Mère bénie, en ce premier
samedi
de l’année pour te renouveler le dépôt de toute l’humanité...
(...)
La Petite-Maman m’a dit :
— Ma fille, épouse de mon Jésus, souffre tout, souffre avec
satisfaction afin de sauver toutes les âmes de ce monde qui est à toi: Jésus et
moi, nous te le confions.
Jésus et la Maman du ciel m’ont embrasée et comblée d’amour.
Ensuite, Jésus continua :
— Nous renouvelons en ce jour l’offrande de notre amour: C’est pour toi, afin
que tu le donnes aux âmes...
(moments de la Passion)
(...)
Pendant la nuit du 5 au 6 janvier je pensais :
Mon Jésus, si seulement, comme les Mages, j’avais, moi aussi, de l’or, de
l’encens et de la myrrhe à vous offrir ! Mais je n’ai rien. Je ne peux pas venir
à votre crèche avec toute ma misère.
Ma tristesse était profonde... À ce moment-là j’ai vu Jésus devant moi: avec une
grande croix sur les épaules, un genou à terre, sa divine Face tournée vers moi,
il me regardait avec tristesse. Derrière lui il y avait beaucoup de monde qui le
regardait avec haine, comme si tout ce monde voulait décharger sui lui toutes
sortes de souffrances. Cette scène me rappelait la multitude des Juifs qui l’ont
insulté tout le long du chemin du Calvaire. Je ne sais pas si je n’ai pas répété
à Jésus : “Je suis votre victime” (...).
Cinq jours se sont déjà écoulés et je vois encore en moi cette divine Face au
regard si triste, mais si plein de douceur. Combien Jésus devait souffrir, pour
m’apparaître dans un tel état !
(...)
Aujourd’hui, arrivée au Calvaire, j’avais à l’intérieur de moi Celui qui peut
fixer et scruter tous les chemins de ce parcours arrosé de sang. Ceci contribue
à augmenter ma douleur: tant de sang répandu pour tant d’ingratitude ! Je voyais
le monde s’éloigner de ce sang
et moi, je voulais le sauver : il n’y a pas d’autre moyen. Si seulement cette
douleur pouvait être vue ! Si seulement cette agonie était comprise, combien
d’âmes se sauveraient !
Le cœur se fondait en amour et Quelqu’un prenait cet amour et le diffusait sur
le monde : un souffle, comme du vent, le portait partout ; même de mes yeux, de
mes lèvres, de tout mon corps, ce Quelqu’un prenait, je ne sais quoi, et le
diffusait.
Moi, sur la croix, broyée de douleur, j’agonisais dans l’abandon, dans
l’obscurité et dans la mort.
Jésus est venu :
— Ma fille, je vois dans ta mort la vie des âmes. Je prends
dans ton cœur de l’amour pour toutes... Quelle valeur, celle du Calvaire ! La
douleur est un sceau qui ne s’efface pas; la croix est signe de rédemption. Aie
courage ! La souffrance est salut pour le monde. J’extrais de ton cœur, de tes
yeux, de tes lèvres, de toute la souffrance de ton corps un baume salutaire de
salut. Je me réjouis de te voir tout supporter avec joie et le cœur fort...
Les âmes désirant m’accompagner au Thabor ne manquent pas, mais quand il
s’agit de la souffrance, du Calvaire, toutes refusent la souffrance: elles
fuient et je me retrouve seul. En toi je trouve la générosité ; tu m’es
fidèle...
(...)
Je prie et je souffre sans que rien de tout cela m’appartienne: je ne possède
rien que je puisse donner à Jésus. Mes ténèbres sont comme des lions qui avalent
tout...
J’étais si effondrée pendant mon Jardin des Oliviers et mon Calvaire !...
Rarement j’ai senti comme aujourd’hui la tête aussi blessée par les épines:
quelles douleurs aiguës et profondes ! Toute ma tête était une plaie ouverte...
Jésus est venu :
— Ma fille, je veux ton obscurité, ton abandon, ta crucifixion semblable à la
mienne. Je ne dis pas que, pendant ma Passion le Père éternel ait cessé de
m’assister, que nous n’ayons pas continué de nous aimer d’un même amour et que
j’eus perdu mon union avec Lui et avec l’Esprit-Saint, non ! La même chose se
passe avec toi, ma chère crucifiée : tu bénéficies toujours de mon assistance ;
je t’accompagne toujours pendant ton indicible crucifixion...
Je n’ai personne à qui recourir: sur la terre je ne trouve pas de soulagement.
Celui qui voudrait me secourir, ne le peut pas; celui qui pourrait, ne le veut
pas. Mon Dieu, j’ai l’impression que ces lignes sont écrites avec mon sang,
tellement ma souffrance est grande; il m’est impossible de la décrire; même le
plus grand savant ne réussirait pas à la décrire telle qu’elle est. Je ne suis
déjà plus qu’un torchon effiloché, je ne suis même plus un torchon, je ne suis
rien: la souffrance a tout fait disparaître, les ténèbres ont tout immergé. Le
nom de Jésus vaincra.
Soyez vainqueur, Jésus, soyez vainqueur, mon Amour ! Faites que ma foi arrive
de la terre au ciel, qu’elle arrive de moi jusqu’à vous.
Voici les paroles que mes lèvres, souvent, ont balbutiées.
Mon Jésus, donnez-moi de la force afin de pouvoir tout dicter, si telle est
votre Volonté; acceptez mon sacrifice !
Aujourd’hui, pendant la monté au Calvaire, le cœur semblait éclater dans
l’affliction de découvrir de nouveaux mondes de pureté et d’amour à offrir à
Jésus. Il me semblait que des dents de fer déchiquetaient mon corps. Je me suis
sentie blessée par un très grand nombre de cœurs pétrifiés. Sous moi ruisselait
le Sang de Jésus et les larmes de la Maman du ciel; elles tombaient ensuite sur
ces cœurs qui ne s’attendrissaient pas.
Alors Jésus est venu :
— Ma fille, le Seigneur est avec toi, et avec toi ma paix. Tu es pleine de
grâce car tu l’as reçue de moi et parce qu’en toi Jésus demeure et avec toi il
est vainqueur...
(...)
Je reste toujours surprise par tant d’obscurité... Je vois qu’en moi tout est
perdu: Seigneur, Seigneur, ma souffrance est inutile !...
(...)
O mon Calvaire, toujours plus triste, toujours plus douloureux ! Oh, de quelle
manière j’ai été flagellée ! Il me semble impossible que mon corps ne porte pas
les marques des blessures et ne soit pas resté broyé...
J’ai reçu la visite de Jésus :
— Ma fille... tu sais très bien que je suis toujours avec toi
pour recueillir tes souffrances et les utiliser pour les âmes... Quelles
grandeurs, quelles beautés, dans ton âme !...
Mon Jésus, si je ne vois rien et si je ne trouve rien en moi, que pouvez-vous
recueillir pour l’utiliser avec les âmes ?
— Écoute-moi : comment pourrais-tu voir de tes petits yeux ce
que les flammes dévoratrices d’un grand feu on consumé ? Comment pourrais-tu
voir une chose une chose que tu as offert et qui a été portée dans un endroit où
tu ne peux aller ? Tu ce que tu souffres, tu ce que tu fais, tout ton amour est
né, est consumé dans le mien.
Si tu pouvais voir la valeur de ta souffrance, ce que tu as fait pour moi et
pour les âmes, l’amour avec lequel tu m’aimes, tu perdrais la vie, si cette vie
était à toi et non la vie du Christ. Ce n’est qu’à la lumière de l’éternité que
tu pourras voir, et l’humanité aussi, combien tu as fait et combien tu as
souffert pour la sauver.
On continue de parler du départ de mon Père spirituel.
Autour de moi, je sens continuellement une mer furieuse, le souffle du vent, la
plus épouvantable tempête déclenchée contre moi, comme si j’étais un quai où le
Père serait amarré...
Je souffre aussi pour la peine des miens, spécialement pour ma sœur. Il y a
quelques jours, j’ai souffert ce qu’il a enduré à Fatima en prenant congé des
personnes qui lui étaient chères.
Au même moment je voyais une main se poser sur ma tête: elle me redonnait de la
force afin que je puisse continuer au milieu de toutes ces souffrances.
En esprit je m’enlaçais à la croix et je disais à Jésus :
Que la souffrance soit pour moi et l’amour pour vous. Que celui-ci soit un
embrassement éternel !
Ce disant, je me suis sentie éclater par la souffrance.
À côté de la souffrance cheminait la foi. La souffrance semble même surpasser la
foi; mais non pas le contraire. Celle-ci la dépasse comme le bœuf qui passe
devant un autre plus lent. La souffrance chemine, aveugle, en ayant la certitude
d’arriver au port de salut, mais non pas ici, sur la terre où elle est certaine
de ne rien trouver.
(...)
Je sens de l’appréhension pour tout ce que le Seigneur me demandera encore, mais
la volonté de tout lui donner reste: il me semble qu’il me l’apportera par
l’intermédiaire de maman et, bien entendu, de ma sœur.
Le 20 février — jour du départ de mon Père spirituel pour le Brésil — restera à
jamais gravé dans ma mémoire...
Jamais Jésus ne m’a demandé autant ! Je ne m’y attendais pas !
Ce matin-là, juste après la communion, plusieurs fois j’ai demandé à Jésus si
mon bon Père partirait ou non ; mais il ne m’a pas répondu. Malgré cela, je suis
restée confiante, contre toute espérance. Le Seigneur m’envoya le Père Umberto
pour me donner courage, me réconforter et me préparer à ce qui m’attendait.
Mon âme restait forte. Je me suis maintenue calme et sereine, mais ce que j’ai
souffert, il est impossible de l’imaginer ou même de l’expliquer...
M’étant mise à prier, je ne savais plus si je devais demander à Jésus le miracle
de ne pas laisser partir le Père ou le remercier pour une aussi grande grâce, ou
bien implorer pour lui un bon voyage. Indécise sur ce que je devais faire, avec
toute la force de ma foi, une foi que je ne savais même plus d’où elle pouvait
me venir, je disais : “Non, il n’est pas parti, il ne partira pas !”
Comme je me trompais !...
La douleur était lancinante. J’ai dit: je suis grillée comme saint Laurent; mais
le feu est bien pire: il me brûle l’esprit, me lasse l’âme...
Confiant, toutefois, dans le Seigneur et dans sa providence, je me suis souvenue
de l’histoire d’Abraham et son fils Isaac...
Je ne savais pas qu’à cette heure-là, le bateau naviguait déjà en haute mer,
amenant avec lui mon Père spirituel. Combien dois-je remercier le Seigneur de
m’avoir aidée à vaincre tout cela avec sérénité et résignation !...
Combien j’ai promis au Seigneur que je ne manifesterais pas un seul mouvement de
joie ou de satisfaction dans l’hypothèse où le Père ne partirait pas. De la même
manière, et avec son aide, je Lui ai promis de ne rien dire contre ceux qui
l’ont fait partir et qui m’ont tant fait souffrir.
Et maintenant, que faire ? Devais-je continuer à confier et à espérer dans le
Seigneur, redoubler mes prières et, les yeux tournés vers le ciel et le cœur en
haut, attendre sereinement et souffrir tout par amour.
Hier matin, après la Communion, j’ai dit à Jésus :
— Je me confie à vous en tout et je vous promets de faire tout mon possible
pour de plus me préoccuper si ceci ou cela compromets votre divine cause:
si elle est à vous, je ne dois pas m’en préoccuper, mais vous seul.
Je veux, mon Jésus, et je promets de faire tous les efforts pour tout accomplir
dans la plus grande perfection possible et de vous aimer de tout de tout l’amour
dont mon cœur est capable...
Dans l’après-midi j’ai appris l’heure et tous les détails du congé et du départ
du Père. J’aurais voulu être forte, cacher mes larmes, mais je n’y ai réussi que
bien peu de temps: j’ai réussi tout de même à étouffer les sanglots... Cela me
semblait une douleur sans fin: je l’ai offerte à Jésus, le remerciant et le
louant pour tout.
J’avais promis à Jésus que je ne prononcerais une seule parole ni de joie ni de
contentement si le Père ne partait pas. De la même manière, je lui ai promis
aussi, avec son aide, de ne rien dire non plus contre ceux qui l’ont fait partir
et qui m’ont tant fait souffrir...
Après la Communion j’ai une brève action de grâces parce que mes forces ne m’en
permettaient pas davantage. J’ai récité le “Te Deum”, le lisant sur un
livre que j’avais emprunté. J’avais pensé le réciter en action de grâces au cas
ou le Père ne serait pas parti; je l’ai récité pareillement, convaincue de
procurer ainsi davantage de consolation à Jésus: le louer aussi bien dans la
douleur que dans la joie...
(...)
Mon Jésus est venu :
— Ma fille, cœur d’or, cœur de feu, âme pure, candide, viens
à moi, viens dans mon Cœur te restaurer de si amères douleurs; viens reprendre
courage, réconfort et confiance.
— Mon Jésus, vous savez bien que je ne confie qu’en vous, pas en moi, et vous
savez comment vous avez permis que je me trompe et que le démon me trompe...
— Tranquillise-toi et écoute-moi. Je ne t’ai pas trompée,
toi, tu ne t’es pas trompée et le démon non plus ne t’a pas trompée, car je ne
l’ai pas permis. Tout ce que j’ai fait, ce n’était ni pour t’humilier ni pour
humilier ceux que j’aime et qui prennent soin de ma divine cause, mais pour les
rendre plus fermes et plus disponibles...
Ma fille, cela m’a coûté assez de ne pas te dire ce qui
allait arriver: je t’ai donné courage et confiance, pendant tout ce temps, afin
que tu puisses résister et aies la force pour recevoir cette blessure si
douloureuse...
Je t’ai promis de le libérer: celui-ci fut le meilleur moyen de le faire.
Spirituellement il n’est pas parti, il est resté avec toi. Ce que j’ai uni, les
hommes ne peuvent séparer.
Courage... Quelle grande lumière tu donnes au monde; quel grand exemple par
ta disponibilité et par ton amour de la croix !
Je suis entre les mains de Dieu pour tout ce qu’il veut: il connaît ma force.
(...)
La souffrance, la nostalgie de mon Père parti pour le Brésil, m’ont fait monter
au sommet; je ne peux aller au-delà...
Mais je le sens dans mon âme par une union plus forte que jamais... Le corps est
parti, mais sur le Calvaire, la vie de mon âme est restée: c’est ce que je
ressens...
Mes yeux ne peuvent freiner les larmes, mais ce sont des larmes de
disponibilité, de paix, d’amour. Pendant que les yeux pleurent, l’âme s’élève,
se prosterne devant Jésus et lui souri et, comme si elle avait des bras, elle
les ouvre pour se laisser crucifier. Dans la plus grande tranquillité, avec la
meilleure bonne volonté, j’ai dit à Jésus :
Je veux et j’accepte l’immolation, le sacrifice par amour pour vous...
(...).
(moments de la Passion)
(...)
Si je pouvais et savais parler, combien j’aurais à dire sur la douleur !
La souffrance est ce qu’il y a de plus sage, c’est l’école la plus sublime ;
Rien de mieux n'existe que la souffrance pour nous apprendre à aimer Jésus.
Celle ci nous achemine et nous guide vers Lui. La souffrance produit des racines
en profondeur, des racines qui lie l’âme à Jésus. Combien de secrets cache
celle-ci ! La souffrance unit l’âme à Jésus et fait que celle-ci ne vive
uniquement que de Lui et pour Lui. Elle est le fondement le plus sûr à l’édifice
de l’amour et à l’union avec Jésus...
J’aimerais pouvoir consoler et réconforter tout le monde; j’aimerais pouvoir
procurer de la joie à tous les cœurs. J’aimerais rassasier tous les affamés,
j’aimerais vêtir tous les mal habillés. Combien de peine je ressens pour les
pauvres ! Mais je la ressens spécialement pour Jésus. Je sens que c’est lui le
pauvre le plus nécessiteux: il a besoin que nous le réjouissions, que nous le
réconfortions. Puissé-je le consoler et l’aimer !... Je souffre beaucoup, mais
mes souffrances ne réussissent pas à Lui procurer consolation et joie...
Pendant la nuit la souffrance consumait mon corps et mon âme; je vivais un vrai
martyre. Les noms de Jésus et la Maman du ciel étaient toujours sur mes lèvres
et dans ma pensée...
Après la Communion, Jésus n’a pas tardé à me réconforter :
—
J’ai soif, ma fille, une soif qui consume mon divin Cœur. Tu sais, épouse
aimée, quelle soif est celle-ci: c’est une soif d’âmes. Celles qui m’aiment sont
bien peu nombreuses et, bien peu nombreuses de celles qui me procurent une vraie
consolation, même parmi celles qui disent m’aimer et être mes épouses ! Elles ne
font pas ce qu’elles devraient, dans un bout droit et pur. Combien parmi les
choisies viennent de moins en moins dans mon Cœur ! Elles me veulent seulement
quand elles voient des roses et des consolations; mais quand les épines les
blessent et les croix pèsent, elles rebroussent chemin et méprisent mes
grâces...
—
Mon Jésus, si je peux encore faire quelque chose ou encore souffrir, je suis
prête à tout. Je ne vous ai jamais abandonné; je suis toujours votre victime...
—
Dis à ton Père spirituel
que j’ai recueilli vos souffrances, dis-lui que je l’ai choisi pour lumière et
guide de ton âme et que je ne vous abandonne pas. J’ai uni vos deux âmes, je ne
les séparerai pas, et je ne laisserai pas qu’on les sépare. J’ai reçu une grande
consolation par son obéissance et par son humilité. Il sera toujours le maître
de grandes âmes... (...).
Le 13 j’ai reçu un cadeau du ciel.
Depuis bien longtemps que je n’en recevais pas ! Cela aurait dû être pour moi un
motif de grande joie, mais ce ne fut pas le cas. Je suis restée indifférente,
comme si ce n’était pas pour moi. Je l’ai beaucoup apprécié, mais l’appréciation
n’était pas la mienne. J’en ai remercié Jésus et la Petite-Maman, mais même les
remerciements n’étaient pas les miens... Moi, je suis toujours restée sans
rien...
Le malin présente à mon imagination tous les doutes. Il sourit en voyant que je
me sens comme ne possédant rien, et continue de me présenter ma vie comme
perdue.
Moi, tournant mon regard vers le ciel et vers Jésus crucifié, je Lui ai dit :
— Je suis votre victime, je ne veux rester sur la terre que pour souffrir et
faire votre très sainte Volonté.
Et, me tournant vers le Sacré-Cœur, je Lui ai dit :
— Donnez-moi, Jésus, le feu de votre Cœur, soyez ma force; donnez-moi votre
paix.
Et je reste ainsi sereine et rassurée. L’âme est satisfaite, et elle sourit à la
souffrance et à la croix.
Je vois les souffrances; je vois la mort venir à ma rencontre et je la crains;
mais cette crainte ne m’empêche pas de la vouloir, de la désirer.
Ayant cette vision de la souffrance et de la mort, j’ai cheminé, ou mieux, c’est
Jésus qui a cheminé en moi, résolument vers le Jardin des Oliviers. Quel grand
silence ! Quelle grande leçon ! Combien je peux soulager Jésus en souffrant
sereinement et en silence: souffrir en aimant !
J’ai bu jusqu’à la dernière goutte avec Lui le calice amer. Mon cœur a été
pressé avec le Sien dans la même coupe, et ainsi uni il fut offert au Père
éternel. Dans la même union j’ai souffert l’agonie et j’ai senti
l’affaiblissement.
À un certain moment, comme pour me servir d’exemple, j’ai ressenti sa
disponibilité, sa paix et le sourire de son âme, et son regard doux et serein
vers le Père éternel. Puissé-je accepter et souffrir tout comme Jésus !
Ce matin j’ai senti sur mon corps tant de flagellations: il me semblait que les
épaules, le dos et la poitrine resteraient déchiquetées...
Le long du chemin du Calvaire la furie avec laquelle j’étais traînée, que je
tombais en cognant le visage or sur une pierre or sur une autre...
Du haut de la croix, prête à expirer, je sentais que mon cœur était accroché par
des racines d’amour à tous les cœurs humains. Et le regard le plus tendre
émanait de mes yeux moribonds, embrassant le monde entier. J’ai pu lui
susurrer :
— Ton ingratitude peut-elle exiger davantage de moi ?
(...)
Ce n’était pas moi, c’était Jésus, mais j’ai ressenti tout cela comme si c’était
moi.
Jésus est alors venu :
— Ma fille, blanche et pure colombe, je t’ai placée sur ce
calvaire, en cette continuelle immolation, lors des jours les plus tragiques
pour l’humanité...
Aie courage. Je suis avec toi; les hommes ne peuvent pas nous séparer, ne
peuvent pas nous empêcher de sauver les âmes. Cela me déplaît que la plus grande
partie de mes disciples ne comprenne pas ma vie dans les âmes ! Combien la
détruise, en coupant les racines et, pire encore, les brûlant afin qu’elles ne
repoussent plus. Courage, petite fille: cela ne t’arrivera pas....
Mon bon Père...
Cela ne me semble pas une réalité mais un rêve : recevoir une
lettre de vous et pouvoir y répondre ! Pourrai-je le faire ? J’attends des
ordres. En effet, je ne veux pas désobéir. J’écris, mais encore avec crainte. Le
monde est si mauvais. Il est vrai que je n’ai commis aucun crime pour être
traitée de la sorte. Mais il est vrai qu’il vaut mieux souffrir toute une vie
innocente qu’un seul instant coupable. Combien belle est l’obéissance, et
combien elle plaît à Jésus !
Votre lettre m’est arrivée le 13. Ce fut un cadeau de Jésus
et de la Maman du ciel. Je l’ai beaucoup aimée, mais ce contentement ne
m’appartenait pas, ce n’était pas le mien.
Involontairement j’ai versé des larmes : larmes de nostalgie,
de paix et de résignation.
Cela fait aujourd’hui un mois que mon âme vous a vu partir et
vous a accompagné avec une grande souffrance, sur la haute mer, lors de votre
long et douloureux voyage. La vision était claire. Elle vous a accompagné jour
et nuit. Jour après jour elle devenait plus faible ; entre le premier et le deux
mars, elle a disparu. Mon âme cessa de vous voir, mais non point de vous sentir.
Si seulement vous saviez comment il est ce sentiment ! Ou mieux, si je savais
m’expliquer !...
La distance qui nous sépare nous a unis nos âmes plus
fortement que jamais... De la même façon que je suis unie à Jésus et que je ne
cesse pas de penser à Lui, de la même manière je suis unie à l’âme de mon Père
spirituel et je me le rappelle toujours avec une profonde nostalgie : nostalgie
qui de temps à autre me mène aux larmes ; et ce n’est qu’au prix d’un grand
effort que je réussis à les cacher.
Quelquefois j’examine ma conscience : s’agit-il d’un
attachement et d'une affection exagérée ? Non, ce ne l’est pas. Et je reste en
paix. Jésus voit et Jésus le sait. Je n’échangerais pas l’amour de Jésus contre
l’amour de mon Père et celui de toutes les créatures du monde entier. Jésus est
le commencement et la fin de ma vie ; c’est sans doute Lui qui a ainsi uni nos
âmes.
Quatre ans après notre dure et douloureuse séparation, quand je croyais ne
plus pouvoir résister aux désirs et aux souhaits de vous voir revenir
m’encourager et guider mon âme vers Jésus, un coup encore plus dur est arrivé.
Un douloureux poignard a été enfoncé dans mon cœur : ce poignard ne sera plus
enlevé, et la blessure de celui-ci ne se refermera pas avant que vous ne
retourniez ici.
J’ai attendu jusqu’au dernier moment, convaincue que vous ne
partiriez pas. Mais, que Jésus soit loué ! Toute la vie ne suffira pas, toute
l’éternité ne suffira pas pour le remercier d’une aussi grande grâce : il est
venu Lui-même me raffermir et m’apporter résignation. J’ai beaucoup pleuré, mais
silencieuse, calme et sereine.
Le malin m’a tourmentée m’inspirant des doutes et en me
montrant ma vie comme inutile, mais, avec la grâce de Dieu, j’ai tout vaincu et,
ce me semble, sans offenser Jésus. Il sait très bien que s'il me manque, tout me
manque. Il connaît l’abandon dans lequel je me trouve...
Le Père Umberto est bien mon ami et comprend très bien mon
âme, mais très vite, lui aussi, a été interdit de venir.
Toutefois, bien qu'il me comprenne et m’ait soutenue dans des
heures aussi tragiques, j’ai toujours senti que mon Père spirituel était la
première et la dernière lumière de mon âme. Vous n’avez jamais cessé d’occuper
dans mon cœur la même place ; Jésus ne vous a pas enlevé de là. Vous étiez et
êtes toujours le premier pour qui je prie. Et le Père Umberto, le pauvre, me
disait :
Je ne veux en aucun cas m’ingérer dans les affaires d’autrui.
Je ne veux que soutenir votre âme. Votre vrai directeur c’est le Père [Pinho].
Pauvre de moi, et pauvre Deolinda, si le Seigneur, tout au
long de ces années ne nous avait envoyé un médecin aussi bon et saint ! Personne
ne voudrait se trouver dans sa situation. Il est notre ami, ami solide de la
cause de Dieu ; il est aussi votre ami, mon Père, un ami sincère...
Le Père Alberto lui aussi m’aime bien, et sais très bien
pardonner les péchés. Que beaucoup de grâces et louanges soient rendues au
Seigneur !...
À quand l’heureuse nouvelle de votre retour, avec la liberté
de pouvoir prendre soin de mon âme jusqu’à la fin des fins ?...
(Moments de la Passion)
Le Seigneur soit avec moi: je me sens tellement exténuée que seule Jésus peut me
redonner de la force...
Mon lit est comme une grille à travers laquelle passe et m’atteint le feu le
plus vif et le plus brûlant. Je me sens toute entourée de flammes qui me
consument et me détruisent le corps ainsi que l’âme...
Combien je souffre, mais combien j’ai encore de soif d’une plus grande
souffrance ! Je suis fatiguée du monde, j’ai honte de lui, je suis obligée de le
quitter: quelles diversités de souffrances !
(...)
Hier j’ai senti que des chaînes de feu me tiraient vers le Jardin des Oliviers:
c’était l’amour, rien que l’amour. Prosternée jusqu’à terre, je sentais des tels
déchirements et de telles secousses dans tout mon corps, que j’avais
l’impression que les os allaient bientôt se rompre. C’était l’épouvante, c’était
le pressentiment des souffrances...
Et aujourd’hui, sur le Calvaire, pendant que l’on me crucifiait et que l’on me
clouait les pieds et les mains, j’ai senti comme si dans mon cœur on m’enfonçait
de plus grands et plus douloureux...
Malgré la peur que j’avais de Lui, Jésus est cependant venu :
— Ne me crains pas, ma fille: je suis ton époux et toi mon épouse... Je suis
ton Père et toi ma fille bien-aimée... Sais-tu, ma fille ce que c’est que cette
crainte de ton Jésus ? C’est la crainte que j’ai eue de mon Père éternel. Je me
suis recouvert, je me suis revêtu de toute l’immondice de l’humanité, j’ai tout
assumé et j’ai eu honte devant mon Père.
N’es-tu pas la victime du monde, non une victime de quelques heures ou de
quelques jours mais de tant d’années ? Ne t’ai-je pas confié l’humanité ? Voilà
la raison de ta crainte. Sauve-la pour moi. Je souffre intensément ! J’aimerais
des âmes qui, comme toi, continuellement se laissent immoler avec une pareille
générosité et amour...
On a prolongé mon martyre sur la terre. Il est vrai que je veux souffrir, mais
je veux savoir souffrir comme Jésus le désire, avec la perfection qu’il veut.
Ces derniers temps ont été pour moi un douloureux calvaire. Combien j’ai
souffert ! Il m’aurait été tout à fait impossible de fuir la souffrance même si
je l’avais essayé. Toute la terre, toute la mer, tout l’espace étaient
souffrance. Oh, combien coûte la souffrance ! Et plus elle coûte, plus on veut
donner et moins on trouve à donner. Je n’avais rien à offrir à Jésus. Je me
sentais tout à fait incapable de tout. De temps à autre seulement je pouvais
m’offrir comme victime. À la fin, il me semblait même avoir complètement oublié
Jésus; je sentais perdre sa divine union.
Enfin, lors de l’agonie au Jardin des Oliviers, je me suis sentie indifférente
et étrangère à tout.
Aujourd’hui, seule la violence de la souffrance m’a forcée à cheminer vers le
Calvaire, ou mieux, c’est la violence de la souffrance qui m’a porté jusqu’à la
cime, me cognant contre les dalles de pierre, pendant que je marchais, traînée
avec rage.
N’importe laquelle parole ou acte d’amour sortait de moi comme d’une mer glacée
et morte... tant de souffrance pour rien, tant de ténèbres sans lumière !
J’avais l’impression qu’il ne pouvait plus exister des souffrances qui aient
quelque valeur, qui puissent donner la vie à l’humanité qui était morte et
perdue.
Et mon Jésus est venu :
— Ma fille, sais-tu qui t’appelle ? C’est Jésus, l’amour de ton cœur, Jésus
duquel tu te sens abandonnée, Jésus qui en ces derniers temps a pressé au
maximum sa petite grappe de raisin... Courage, je suis toujours avec toi !...
— Mon Jésus, j’ai tant souffert, mais je n’ai pas su souffrir; au lieu de
m’unir davantage à Vous, je m’en suis sentie tout à fait séparée. J’ai beaucoup
souffert et je n’ai rien vu que je puisse vous offrir. Ce ne fut que plus tard
et avec peine que je me suis souvenue de vous demander davantage d’âmes. tout
ceci me fait souffrir.
— Écoute, connais-tu la valeur de l’aumône ? Ne sais-tu pas de quelle manière
je veux qu’il soit pratiqué ? Ce que tu aimerais voir, j’en ai déjà pris
possession avant même qu’il en soit le temps.
— Vous voulez, Seigneur qu’une main ignore ce que fait l’autre, n’est-ce pas
? C’est bien, mon Jésus, mais moi, j’aimerais vous offrir mes souffrances afin
de pouvoir sauver les âmes.
— Et tu en as sauvées. Ma fille, tu es en train de constituer un grenier si
grand que pas même pendant bien des années de disette les âmes ne mourront [à la
grâce] par manque d’aide.
Tu es l’aliment des âmes et j’ai tout préparé afin qu’elles ne meurent pas de
faim.
(...)
(...)
Combien il me coûte de dicter ! Si seulement je savais offrir à Jésus ce
sacrifice !
Je me sens de plus en plus seule... On dirait même que Jésus n’existe pas; qu’il
n’est plus la lumière de mon âme. Je sens comme si j’avais perdu mon union avec
lui.
Je ne sentais pas qu’il soit uni à moi, mais je sentais mon effort à vouloir
m’unir à lui. Je ne voulais, à aucun moment, perdre un seul instant de sa douce
compagnie. Bien au contraire, mon Dieu, tout semble mort, je ne sens même plus
mon effort ni notre union. Quand je pense à Jésus et que je ressens cette dure
séparation, la souffrance de mon âme est très douloureuse, elle est indicible...
La vie est longue: je ne comprends pas comment je peux rester ici. A la fin,
même le gazouillement des oiseaux me blesse; et pour en finir, même les
fleurettes que de ma fenêtre j’aperçois aux fenêtres ou balcons des maisons
voisines, me font saigner le cœur.
Le démon s’obstine à vouloir me persuader que ma vie n’est que tromperie. O mon
Dieu, quelle vie douloureuse ! Seule mon âme peut sourire et embrasser une aussi
grande souffrance: le sourire de mes lèvres est trompeur...
Au Jardin des Oliviers je me suis épouvantée en découvrant la montée vers le
Calvaire... Toutes les souffrances ont été anticipées; j’ai commencé à
trembler...
Le corps déchiré je me suis engagée sur le chemin du Calvaire... Jésus est
venu...:
— Mon enfant..., J'unis ton cœur à mon divin Cœur, il n'y a plus qu'un seul
cœur, qu'une seule vie. Je te donne une goutte de mon sang, afin de continuer le
miracle et que tu puisses vivre et résister à la douleur, à ton martyre... afin
que tu donnes la vie aux âmes et les fasses triompher dans leur guerre contre le
mal...
(...) Courage, ma colombe, tu ne m’as pas perdu, tu ne m’as pas quitté...
Dans l’obscurité de ton esprit, obscurité qui ne pouvait augmenter davantage, tu
n’as pas senti l’union avec moi et tu n’as pas vu non plus de quelle manière tu
courais vers moi. Oh, s’il t’était donné de voir comme tu es en moi et moi en
toi ! Rien ne peut nous séparer !...
(...)
Dans la nuit du 14 au 15, le démon, après beaucoup de scènes laides, insultes et
paroles malicieuses, m’a dit :
— Regarde, 21 ans de perdus !
A quoi t’ont servi tant de souffrances ? Tant d’années de perdues, des années de
fausseté !...
(...)
Je sens ce que j’ai éprouvé il y a quatre ans: les bêtes et les oiseaux de
rapine. Les premiers boivent mon sang qui baigne la terre; les autres, avec leur
gros bec, mangent ma chair. D’autres encore rôdent autour de moi et mangent mes
os. Combien peut-on souffrir dans ce silence !
Dans un pareil état, pressée au maximum, j’ai souffert mon Jardin des
Oliviers... Je me suis retrouvée dans un lieu plus éloigné à prier toute seule;
ensuite j’ai cherché la compagnie de ceux qui m’aimaient...
Aujourd’hui, tout le long du chemin du Calvaire, je sentais des instruments en
fer enlever le peu de chair qui me restait. Ils me transperçaient les nerfs et
arrivaient jusqu’aux os. À chaque pas je croyais mourir. Une vie venue d’en-Haut
soutenait mon corps désormais épuisé. Quand je tombais, presque déjà morte,
j’étais traînée par des cordes. Je sentais que cette vie venue d’en-Haut était
le soutien de mon corps déjà moribond: ce n’était ni une vie ni une force
humaine. Et au sommet, déjà sur la croix, cette même vie continuait à être la
force qui me permettait de supporter tant de souffrance. Quand j’en ai éprouvé
la séparation, déjà le cœur avait donné tout son sang, déjà mon cri semblait
exécuté plusieurs fois le tour du monde entier. Alors cette vie est remontée
vers le Haut, (...) le corps est resté mort...
Jésus est alors venu :
— Mon enfant,... Je suis ton Jésus, Je suis toujours près de toi. Sur toi se
reproduit toute ma Passion: tu es la copie la plus fidèle du Christ Rédempteur.
Je poursuis, avec toi, pas à pas, le chemin de ton calvaire... O combien elle
est belle, ta mission !...
— O mon Jésus, je ne fais rien, je ne suis rien, je ne sais même pas
souffrir... En moi il n'y a rien d'autre que néant, un immense néant. Sauf mon
âme qui elle, elle sourit toujours à la douleur, à la croix, à votre amour...
— Et je ne veux rien d'autre ma douce enfant: le sourire de ton âme et c'est
tout...
J’ignore où je me trouve. Il me semble ne plus avoir le moindre souffle de vie.
Durant la fête de Pâques, je suis venue dans cet endroit, je ne sais d’où. Je ne
comprends pas la vie que j’ai reçu.
Je me suis retrouvée dans un cachot, dans une noire prison afin de donner la
liberté à tous ceux qui s’y trouvaient. Les portes se sont grand ouvertes et
tous ceux qui s’y trouvaient se sont envolés vers le Haut...
Les animaux continuent de détruire et de dévorer mon corps. Une partie de
ceux-ci est disparue. Et l’amour de Jésus semble ne pas habiter en moi: je n’ai
rien pour lui, je n’ai rien pour les âmes. Je souffre horriblement à cause de sa
perte. L’abandon dans lequel je me trouve, me fait peur: la séparation totale de
ceux qui me sont chers... Mes yeux ne cessent de fixer Jésus et la Petite-Maman
afin de leur demander de l’aide, afin de leur demander courage et amour.
— Mon Jésus, l’âme de cet homme qui est tombé dans la rivière, est-elle
sauvée ?
— Oui, ma fille. Ce fut à onze heures et demie de la nuit qu’elle a comparu
en ma divine présence. Comme il a été beau et attendrissante le moment où elle
m’a vue devant elle, avant même que je ne lui demande des comptes !... Elle m’a
dit: « Pardonnez-moi, pardonnez-moi, mon Jésus ! Vous êtes mon Seigneur. »
Je lui ai pardonné et il a été sauvé !
Je cherche à me corriger, de faire un grand effort sur moi-même pour essayer de
cacher ma souffrance. J’ai l’impression d’utiliser des phrases creuses vis-à-vis
de ceux qui me sont chers quand je leur manifeste ma douleur. Ensuite, j’ai
envie de me mettre à genoux à leurs pieds et de leur demander pardon. J’agit de
la sorte uniquement avec ceux qui ont des pouvoirs et des droits sur moi, sur
mon âme. Ceci augmente mon martyre.
O Jésus, pardonnez-moi et donnez-moi de m’améliorer et de corriger mes défauts.
Et si cela vous plaît, faites que je sache cacher les luttes et les tristesses
de mon âme.
Je me sens dans un coin du monde. Ceux qui me sont les plus chers se trouvent
dans le coin opposé. Quelle distance nous sépare ! Je sens que ceux-ci, comme
moi, subissent la même obscurité, subissent le même mépris, le même abandon et
la même mort. D’eux je ne peux recevoir aucun réconfort, aucune vie.
(...)
Hier je sentais s’approcher l’agonie au Jardin des Oliviers: j’étais dans une
détresse inénarrable. Cette souffrance a augmenté en sentant dans mon âme les
roulements du tonnerre, accompagnés d’éclairs aveuglants qui incendiaient le
monde.. Le ciel descendait sur la terre anéantie par le péché, morte à cause de
tous les vices. Il semblait que tout le firmament se changeait en feu. Mon Dieu,
quelle rébellion ! J’ai senti que les âmes ne craignaient pas Dieu.
Au Jardin des Oliviers, on dirait que ces arbres s’ingéniaient à me cacher entre
leurs branches, afin de me priver de toute lumière et me terroriser davantage
dans mon obscurité. Les branches et le tronc tremblaient comme moi-même, ainsi
que le sol.
Le Père éternel s’était retiré: c’était comme s’il n’existait pas. Mais sa
justice descendait comme de noirs nuages pour m’écraser. J’ai senti tout mon
corps baigné de sang. Le doux regard de Jésus posait sur mon âme. Quelle
sérénité la sienne, mais quelle souffrance aussi ! De la coupe amère coulaient
des filets de sang: ce sang éloignait de la terre le poids de la divine justice
et illuminait même la terre...
Aujourd’hui, le long du chemin du Calvaire, après être tombé avec la croix et
avant d’être traînée par terre, j’ai reçu dans ma poitrine des coups de pied si
forts qu’ils m’ont laissé l’impression d’avoir broyé celle-ci....
Jésus est venu :
— C’est un Cœur d’Époux qui t’invite, l’amour de l’Époux et du Père. C’est
moi, ton Jésus, qui t’invite à entrer dans la plaie de ma poitrine, jusqu’à la
source de mon divin Cœur ; non pas pour boire, car sans un miracle tu ne
pourrais résister à mon amour, ni supporter la force de mon Sang divin. Entre,
viens, approche tes lèvres à cette source ; viens étancher ta soif d’amour, la
soif qui est la tienne de me gagner des âmes. Unis-toi à moi : c’est ce Sang qui
engendre les vierges et qui donne vie et grâce, pureté et amour. Je n’entends
pas, ma fille, te donner vie et adoucir ta souffrance, mais je veux te la donner
afin que tu en donnes ; je veux t’en donner pour ensuite recevoir. Je suis
l’agriculteur qui sème et cueille ; je suis le jardinier qui plante et cultive
les fleurs. Je recueille tes souffrances dans des vases dorés pour les âmes. Ma
fille, je suis comme un riche avare, jamais satisfait de sa récolte. Courage,
donne-m’en davantage ; ne me refuse rien. Je continue de te demander ce dur
martyre, cette douloureuse réparation. Le monde courre vers l’abîme : il est en
danger de se précipiter et de rester à jamais enseveli. Je ne peux plus retenir
la justice du Père éternel. Voici les sentiments que j’ai fait éprouver hier à
ton âme. Je suis fatigué de demander un changement de vie et le retour des âmes
vers moi. Pauvre monde s’il ne rebrousse pas chemin: le feu divin le réduira en
cendres. C’est le feu que tu as vu venir du ciel avec les roulements des
tonnerres. C’étaient des nuages de châtiment, les nuages noirs que tu as vus.
Secoure, secoure le monde ! Donne-moi toutes tes souffrances.
— Mon Jésus, vous me parlez ainsi: alors tout ce que je soufre pour
l’humanité, ne servira à rien ?
— Reste tranquille... Si ce n’étaient pas tes souffrances, oh, que serait-il
devenu, le monde !...
Va dicter tout ceci, redouble dans ton effort; donne-moi
encore ce sacrifice...
À l’imitation de ma Mère bénie, va à la rencontre de la
souffrance et quitte la source de mon divin Cœur...
(...).
(...)
Cette
semaine je n’ai reçu Jésus Eucharistique qu’une seule fois. La faim que je sens
de Lui devient presque désespoir... Sans son aliment divin je me suis tellement
affaiblie que je ne peux même plus me lever... Toute tentative de réconfort de
la part de ceux qui me sont chers, reste sans effet: elle est aussitôt ensevelie
avec moi. Mon Dieu, tout se meurt, excepté le péché. O comme je sens mon corps
corrompu et transformé en plaies nauséabondes ! Quel monstre abominable, fruit
du péché ! Quelle dure pierre, quel monde d’iniquité !
Je sens comme des bombes tombées du ciel et qui explosent sur moi. Elles
incendient et détruisent tout ce monde que je suis, ou de qui je suis la
gardienne.
— Jésus, je n’en peux plus. Je sens que je n’en peux plus. Venez à mon aide,
amenez avec vous la Petite-Maman. Puisque le réconfort de la terre ne m’apporte
aucune joie, alors que j’en ai tant besoin, que celui-ci me vienne au moins du
Ciel...
(...)
J’ai descendu un grand escalier pour aller au Jardin des Oliviers, ou plutôt
j’ai vu Jésus le descendre en moi. Il faisait déjà nuit. Quelle douleur Jésus a
éprouvé en prenant congé de la Petite-Maman ! Quelle triste séparation ! Il
savait très bien, que peu de temps après elle voudra l’embrasser, le prendre
dans ses bras, guérir ses blessures, et qu’elle ne pourra pas le réconforter de
ses douces paroles de Mère.
Je suis montée ensuite par un autre escalier en ayant les mains liées, presque
épuisée. J’y suis montée sous une pluie de bastonnades et de coups de pieds, le
visage couvert de crachats.
J’ai été conduite en présence d’hommes sévères, d’un caractère méchant, assis
comme dans un tribunal. J’ai senti la gifle et, plus d’une fois, résonna dans
mon âme le chant du coq. Quelle nuit ! Quelle souffrance ! Quelle profonde
tristesse ! Mais l’amour, l’envie de sauver le monde surmontait tout.
Aujourd’hui je n’ai commencé à ressentir la souffrance du Calvaire que lors que
je suis arrivée à la cime: j’étais au bord de rendre mon dernier soupir.
Pendant que l’on me déshabillait, les ricanements étaient tels qu’ils
résonnaient par tout le Calvaire. Pendant que l’on me clouait à la croix, les
déchirements ont été tels que j’ai eu l’impression que l’on m’arrachait les bras
et les jambes. Tout le corps paraissait démembré. La douleur a été si forte que
sans un miracle j’aurais du mourir sur le coup.
L’amour bouillonnait dans mon cœur, pendant que continuaient l’agonie et
l’invocation au Père. Quelle soif ardente ! C’était Jésus qui brûlait d’amour
dans l’anxiété d’ouvrir le Ciel à la pauvre humanité; et celle-ci restait dans
son état de haine, de péché et de froidure. Quelle différence entre Jésus et les
hommes !
Je suis restée longtemps dans cette douloureuse agonie...
Jésus est venu et m’a protégée de ses divins bras. J’ai senti comme s’il me
sortait d’un abîme de douleur, d’un sépulcre sans fond.
— Viens ici, ma fille... Repose-toi dans mon divin Cœur. Courage ! Reprends
des forces en moi, relève-toi de ton affaiblissement... Va me recevoir dans la
Communion: c’est ton ange gardien qui a l’honneur de me donner à toi...(...).
(...)
Hier, dans la nuit, à l’intérieur de moi, Jésus a atrocement souffert l’agonie
au Jardin des Oliviers. Le sol était très dur; rien ne le ramollissait, même pas
le Sang de Jésus. J’ai senti que Jésus pleurait... Au début ce n’étaient pas des
larmes de sang, mais peu après oui. Ces larmes devançaient les gouttes de sang
que peu de temps après couleraient des profondes blessures causées par les
épines.
Pendant que je sentais ces larmes en même temps que les souffrances du
(prochain) Calvaire, toutes les branches des oliviers tremblaient et s’agitaient
comme secouées par un vent violent. Jésus lui aussi tremblait d’épouvante.
Passés quelques instants je me suis sentie comme extirpée d’une tombe. La pierre
qui la couvrait était là, sur le côté, par terre. J’en suis sortie glorieuse
pour triompher de toute souffrance. J’étais la tombe et j’étais Jésus.
Cette vision de gloire que j’ai sentie par anticipation ne m'a procuré aucun
soulagement...
Aujourd’hui, toute la matinée, mon âme voyait Jésus en permanence. Il cheminait
portant la croix sur ses épaules, et presque toujours il poursuivait son chemin
le visage tourné, ainsi son regard vers sa Mère bénie qui le suivait...
Son agonie sur la croix (et moi avec lui) se déroulait dans la plus grande
tristesse, dans l’obscurité de l’esprit et dans le plus complet abandon...
Nouveau sentiment, nouvelle vision de l’âme: j’ai vu Jésus triomphant sur toute
la terre, le ciel qui s’ouvrait pour illuminer comme un grand soleil la terre
entière.
Mais Jésus n’est pas sorti de sa souffrance et ses cris ont perduré jusqu’à ce
qu’il expire...
Ensuite, il est venu :
— Ma fille, vie et lumière des âmes, lumière du monde entier, messagère de
Jésus et de Marie ! Oui, messagère de Jésus et de Marie parce que nos Cœurs sont
tellement unis que nous ressentons la même douleur, les mêmes anxiétés, les
mêmes désirs et le même amour. Ce que tu demanderas en mon Nom, demande-le aussi
en son Nom. demande, épouse aimée, prière, prière, pénitence, beaucoup de
pénitence. Et à forte voix, fais en sorte qu’on le demande ! Dis que le Père
éternel exige réparation, une grande réparation...
(...).
— O mon Jésus, je veux souffrir, mais savoir qu’en tout je fais votre divine
volonté. Si l’on voulait m’alimenter au moyen d’injections, que dois-je faire ?
— Reste calme... Tu ne t’alimenteras plus sur la terre. Ton aliment c’est ma
Chair ; ton sang est mon divin Sang... Je ne veux pas que tu utilises la
médecine, à laquelle on puisse attribuer des effets alimentaires. Cet ordre est
pour ton médecin : ce sera lui qui prendra ta défense.
Je veux qu’il continue de t’aider avec la plus grande vigilance. Il est grand le
miracle de ta vie...
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