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Contre Auxence, évêque Arien
ADRESSE
A SES
TRÈS CHERS FRÈRES PERSÉVÉRANTS DANS LA FOI DE LEURS PÈRES, ET ENNEMIS DE
L'HÉRÉSIE D'ARIUS,
A TOUS ÉVEQUES ET FIDÈLES,
HILAIRE, LEUR COMPAGNON D'ESCLAVAGE,
SALUT ÉTERNEL DANS LE SEIGNEUR.
C'est
un grand mot que le mot de paix; c'est une belle pensée que la pensée de
l'union; mais il n'y a de paix que dans la doctrine de l'Église et de
l'évangile de Jésus Christ; mais il n'y a d'union qu'à ce prix. Qui en
doute ? Cette paix qu'après sa passion glorieuse Jésus Christ a prêchée
à ses disciples, cette paix qu'avant de les quitter Il leur a recommandé
de garder comme un gage de son mandat éternel, c'est elle que nous avons
toujours appelée de nos voeux, elle qui fut l'objet constant de nos
efforts, et que nous avons travaillé sans relâche à ramener, à affermir
parmi nous. Mais nos espérances ont été trompées; ce grand ouvrage, nous
ne l'avons pas accompli; nos péchés, hélas ! ne l'ont pas permis, et les
ministres de l'antichrist, ces hommes qui osent se glorifier d'une
odieuse paix, qui n'est autre chose que l'union dans l'impiété, se sont
dressés contre nous ! eux, les évêques du Christ ! non, non, ce ne sont
que les prêtres de l'antichrist.
Qu'on
ne nous accuse point de nous emporter contre eux en paroles
outrageantes; nous ne faisons que proclamer hautement la cause de la
désolation publique; il faut qu'elle soit connue de tous. Nous savons
qu'il a paru plus d'un antichrist, même au temps de la prédication de
saint Jean, et quiconque n'admet pas la Personne du Christ telle qu'elle
a été prêchée par les apôtres est antichrist, puisque ce mot, dans sa
véritable acception, signifie contraire au Christ. Aujourd'hui, sous le
masque d'une fausse piété, sous l'enseigne mensongère de la prédication
évangélique, on aspire à renverser la puissance et l'empire de Jésus
Christ.
Ah !
donnons des larmes aux malheureux temps où nous sommes; affligeons-nous,
mes frères, de cette folle opinion qui met Dieu sous le patronage des
hommes, et de cet esprit d'intrigue qui appelle le siècle au secours de
l'Église. Mais dites-moi, je vous en prie, dignes évêques, qui croyez
encore à la vérité de ce grand nom, à quels suffrages les apôtres
ont-ils eu recours pour prêcher l'évangile ? Quelles puissances leur
sont venues en aide, quand ils publiaient le nom de Jésus Christ et
qu'ils faisaient passer les nations du culte de l'idolâtrie au culte du
vrai Dieu ? Allaient-ils mendier l'appui des rois, quand, dans l'horreur
des prisons, gémissant sous le poids des chaînes et le fouet des
bourreaux, ils chantaient l'hymne d'action de grâces ? Était-ce par des
ordonnances impériales que Paul, jeté en spectacle à la foule,
rassemblait une Église pour Jésus Christ ? N'est-ce pas qu'il se
couvrait de la protection de Néron ? de Vespasien et de Dèce, dont la
haine contre nous a été si féconde en conversions ? Peut-être que,
vivant du travail de leurs mains, réunis dans l'ombre des retraites les
plus obscures, parcourant, en dépit des arrêts du sénat et des édits des
rois, les villes et les campagnes, et soumettant des peuples entiers,
peut-être que ces hommes n'avaient pas les clefs du royaume des cieux ?
peut-être que la Puissance divine ne s'était pas manifestée contre les
préventions de la terre, quand les prédications évangéliques étaient
devenues d'autant plus nombreuses que la défense de prêcher le nom de
Jésus Christ était devenue plus rigoureuse ?
De
nos jours, hélas! la foi divine a besoin des suffrages des grands du
siècle, et le Christ est accusé d'impuissance, parce que l'ambition ne
rougit pas de prostituer son Nom à ses propres fins. L'exil et les
cachots jettent l'effroi au sein des Églises, et la foi qui a grandi
dans l'exil et dans les cachots s'impose aux consciences; consacrée par
la fureur des bourreaux, elle se prise à la faveur de ses ministres;
elle proscrit les prêtres, et c'est à la proscription des prêtres
qu'elle doit sa propagation; elle se glorifie de l'amour du monde, et si
le monde ne l'eût point poursuivie de sa haine, Jésus Christ ne l'eût
point avouée. Voilà les faits dont tous les yeux sont frappés, dont
toutes les bouches s'entretiennent; et comparez à l'Église aujourd'hui
désolée l'Église que nous avons reçue des apôtresŠ
Mais
ce qu'il n'est plus permis d'ignorer, c'est ce que je vais dire en peu
de mots. La Volonté toute puissante de Dieu a assigné au temps sa
mesure; les siècles sont comptés; les livres saints nous l'enseignent.
Et voilà que nous sommes arrivés aux jours de l'antichrist, dont les
ministres se transformant, selon l'Apôtre, en anges de lumière, effacent
dans les esprits et dans les consciences celui qui est le Christ. Pour
que l'erreur s'élève jusqu'à la certitude, on ne parle de la vérité
qu'en termes ambigus; on sème partout le doute; il n'y a plus
d'unanimité, et le partage des esprits révèle assez la présence de l'antichrist.
De là la lutte des opinions; de là vient qu'avec la foi en un seul
Christ on en prêche deux; de là vient que l'esprit d'Arius, cet ange des
ténèbres, s'est changé en ange de lumière, et que ses héritiers,
Valence, Usacius, Auxence, Germinius, Gaïus, à la faveur de coupables
innovations, osent lui aplanir les voies, et l'introduire dans la
société chrétienne.
Le
Christ, à les entendre, n`a pas la même Divinité que le Père; ce n'est
plus qu'une créature supérieure aux autres créatures, et que la Volonté
de Dieu a tirée du néant; un Dieu né de Dieu avant tous les temps, mais
qui n'est point de la même substance que Dieu; Dieu le Fils n'est pas
aussi véritablement Dieu que le Père, et si les l'évangiles nous
prêchent l'Unité du Père et du Fils, cette unité doit s'entendre
seulement de la volonté et de l'amour, et non pas de la Divinité. Mais
si cette unité n'est qu'un rêve, pourquoi donc confessent-ils que le
Fils est Dieu avant tous les temps et avant tous les siècles, si ce
n'est peut-être que ce Nom de Dieu s'attache à ce qui est éternel ? Tous
les régénérés ne sont-ils pas fils de Dieu ? La création des anges ne
remonte-t-elle pas au-delà du temps ? Qu'ils l'avouent donc, c'est pour
rendre moins odieuse l'intuision de l'antichrist qu'ils donnent au
Christ le nom de Dieu, parce que des hommes en ont été honorés; et s'ils
disent que le Christ est véritablement Fils de Dieu, c'est que le
sacrement du baptême nous confère ce titre; qu'Il est né avant le temps,
c'est qu'avant le temps aussi sont nés les anges et le démon même. Ainsi
donc ils ne donnent à Jésus Christ que les attributs de l'ange ou de
l'homme. Mais ce qui est vrai, mais ce que la loi nous ordonne de
croire, à savoir que le Christ est véritablement Dieu, c'est-à-dire que
le Père et le Fils ont la même Divinité, ils le nient; et par l'effet
d'une fraude impie et d'un mensonge il arrive que la famille du Christ
n'est point dissoute, car le peuple croit que là où sont les mots, là
est aussi la foi. On dit : Dieu le Christ et le peuple croit à la
sincérité de l'expression. On dit : Fils de Dieu, et le peuple croit
véritablement Dieu l'être qui est né Dieu. On dit encore : Avant les
temps, et le peuple croit que ce qui a précédé les temps est de toute
éternité. Ainsi il y a plus de foi dans l'oreille du peuple qui écoute
que dans le coeur du prêtre qui parle. Si les ariens entendent que le
Christ est vraiment Dieu, leur profession de foi n'est plus un piège;
mais que s'ils entendent qu'il est Dieu, et qu'ils nient qu'il est vrai
Dieu, il n'y a plus qu'un nom sans la chose; il n'y a plus de vérité.
Bien
que les registres des églises, bien que les livres soient remplis de
leurs blasphèmes impies, je n'en dirai pas moins ce qui est naguère
advenu. Un prince, animé par un sentiment de piété, et dans l'intention
de rétablir la paix, a publié un édit dont l'effet, contre son attente,
est de porter le trouble dans l'Église de Milan, où les vrais principes
fleurissent dans toute leur pureté. Au risque de déplaire, j'ai élevé la
voix, j'ai montré qu'Auxence n'est qu'un blasphémateur, un ennemi du
Christ, et j'ai ajouté qu'il ne partage point la foi du prince ni la
croyance publique. Ce cri d'alarme a ému le prince, et il a ordonné une
conférence où ont paru avec nous dix évêques. D'abord, ainsi que cela se
pratique dans les tribunaux civils, Auxence a calomnié notre personne;
il a dit qu'autrefois j'avais été condamné par Saturninus, et que ce
n'était point en qualité d'évêque qu'il convenait de m'entendre. Ce
n'est pas ici le moment de dire quelle fut ma réponse; mais nos juges,
pour faire court à des personnalités, déclarèrent qu'il ne s'agissait
que d'une question de foi, ainsi que le prince l'avait ordonné. Alors,
comme il y avait du danger à nier, Auxence déclara qu'il croyait le
Christ vrai Dieu; qu'Il était de la même substance que le Père, qu'il
avait la même Divinité. Il fut arrêté que cette déclaration serait
consignée par écrit, et, dans la crainte que la mémoire de nos juges ne
fût infidèle, je proposai de faire remettre cette déclaration écrite au
prince par l'entremise du questeur, et j'en joins ici une copie pour
prévenir l'accusation de mensonge. On exige qu'Auxence répète ce qu'il a
dit; on exige même qu'il l'écrive de sa main. Après avoir long-temps
réfléchi, il s'arrange de manière à tromper la bonne foi du prince: il
rédige son écrit dans le style de l'antichrist.
Et
d'abord il consacre les actes qu'à l'entendre l'impiété du concile de
Nicée aurait abrogés, et sans doute qu'à ses yeux la violence faite aux
évêques atteste la sincérité de la foi. Il affirme ensuite qu'il ne
connaît point Arius, et cependant il a été attaché à l'église
d'Alexandrie que gouvernait Grégoire, et qui faisait profession ouverte
d'arianisme. Je ne veux rien dire du synode de Rimini; c'est assez de
vous faire connaître toutes les ruses du démon. Il devait donc déclarer
par écrit que le Christ est vraiment Dieu, et qu'il a la même Substance
et la même Divinité que le Père; mais, par un artifice diabolique, il
dispose les termes de manière que le mot vrai se rapporte pour rester
fidèle au système des ariens, non pas à Dieu, mais à Fils; et, pour
remarquer mieux encore la différence du rapport, il ajoute : né du Père
vraiment Dieu, en telle sorte que le Père est véritablement Dieu et le
Christ seulement véritablement Fils. Dans le reste, Auxence parle, il
est vrai, d'une seule Divinité; mais il a soin de ne pas y associer le
Fils, et ainsi le Père seul est Dieu.
On
n'en publie pas moins partout qu'Auxence a déclaré par écrit que le Fils
est vraiment Dieu, et qu'il a la même Substance et la même Divinité que
le Père, et que ses opinions ne diffèrent en rien de celles que je
professe. Le prince lui-même croit à la sincérité de la foi de cet
imposteur. Alors je ne peux imposer silence à mon indignation, et, comme
déjà ce mystère d'impiété cessait d'être couvert des ombres qui
l'avaient jusques alors enseveli, je crie que tout ceci n'est que
mensonge, que la foi est trahie et qu'on se joue indignement des hommes
et de Dieu. Pour toute réponse, je reçois l'ordre de quitter Milan et de
n'y pas reparaître contre la volonté du prince.
Voilà, mes chers frères, vous qui vivez dans la crainte du jugement de
Dieu, voilà comment les choses se sont passées. Auxence n'a pas voulu
confesser ce qu'il y avait danger pour lui à nier, sa déclaration le
prouve. Si l'écrit est sincère, c'est moi qu'il faut accuser; au
contraire, si les mots écrits ne sont pas l'expression de la déclaration
verbale, comprenez bien que c'est l'antichrist qu'il prêche, et non pas
le Christ. Mais il a joué sur les mots pour tromper ses juges, et
heureusement j'ai déchiré le voile qu'il avait jeté sur son impiété
Il
n'y a pas deux Dieux, dit-il, parce qu'il n'y a pas deux Pères. Qui ne
voit, d'après cela, que cet aveu de l'Unité de Dieu est particulier au
Père, en tant qu'il est seul ? d'où ce mot vraiment satanique : "Nous
connaissons un seul vrai Dieu Père;" et il ajoute traîtreusement : "et
le Fils, semblable au Père qui l'a engendré, " selon les Écritures. Si
ces mots se trouvent ainsi dans les livres saints, Auxence est innocent,
je le déclare, mais si le Père et le Fils ne sont qu'un dans la vérité
de la divinité, pourquoi cette idée de ressemblance ? Le Christ est
l'Image de Dieu; mais l'homme aussi est l'image de Dieu, puisque Adam a
été fait à son image et à sa ressemblance. Pourquoi donc digne héritier
d'Arius, n'accorder au Christ qu'une prérogative de l'humanité ?
Pourquoi faire tomber le prince et l'Église dans le piège dressé par ce
Satan dont tu es fils ? Dieu, Christ, tu réunis ces deux mots : pourquoi
abuser d'un nom ? ne sais-tu pas que Pharaon a donné à Moïse ce nom de
Dieu ? Tu dis que le Christ est le Fils et le premier-né de Dieu, ne
sais-tu pas qu'Israël est aussi le fils premier-né de Dieu ? Oui,
dis-tu, le Christ est né avant les temps : ne sais-tu pas que le démon
est né aussi avant les temps ? Le Christ est semblable au Père ! ne
sais-tu pas que l'homme aussi est l'image et la ressemblance de Dieu ?
Mais les attributs véritables du Christ, tu les nies pour Le dépouiller
en même temps de la Divinité et de la Substance du Père. Cependant, toi
et tes dignes maîtres, vous m'accusez d'hérésie. Eh bien ! formule donc,
comme tu l'entendras, cette impiété dont je suis coupable, assigne donc
un nom à mes blasphèmes. Quant à moi, je déclare antichrist quiconque ne
reconnaît pas dans le Fils la même Divinité que dans le Père, et qui ne
fait entendre dans ses prédications que le Fils est aussi véritablement
Dieu que le Père. Si cet attribut de la Divinité appartient au Père et
au Fils, pourquoi ne l'avoir pas écrit en termes exprès ? Si tu ne le
crois pas, pourquoi ne l'avoir pas déclaré avec la même franchise ?
J'aurais voulu, mes chers frères, tenir secret cet odieux mystère et ne
pas révéler en détail les blasphèmes d'Arius; mais, puisque cela n'est
pas permis, que chacun de vous du moins comprenne bien jusqu'où
s'étendent pour lui les limites de cette permission. Un sentiment de
pudeur m'empêche d'en dire davantage, et je ne veux pas d'ailleurs
souiller ma lettre des impiétés de d'arianisme. Écoutez encore un seul
avis : gardez-vous de l'antichrist ! abstenez-vous de toute
communication avec l'hérétique. Sous le prétexte de la paix et de la
concorde, vous vous rendez à l'église. Vous faites mal de tant aimer les
murailles, de respecter l'Église dans les bâtiments Pouvez-vous douter
que l'antichrist ne doive s'asseoir un jour dans ces mêmes lieux ? Il y
a plus de sécurité pour moi au sommet des monts, dans la profondeur des
forêts, aux bords des lacs, dans l'horreur des cachots et au fond des
gouffres. Car c'est là, mes chers frères, que l'Esprit de Dieu
descendait au coeur des prophètes; c'est là qu'il animait leurs voix.
Rompez, rompez tout pacte avec Auxence, l'envoyé de Satan, l'ennemi du
Christ, avec cet homme qui porte la désolation dans le sein de l'Église,
qui nie la foi, ou dont chaque profession fut un piège; et qui n'a
trompé que pour blasphémer. Qu'il rassemble les synodes qu'il voudra;
qu'il me proclame hérétique comme il l'a déjà fait; qu'il soulève contre
moi la haine et la colère des puissances de la terre; jamais, non,
jamais il ne sera que Satan à mes yeux; il est arien !... La paix ! je
ne la chercherai qu'avec ceux qui, jetant l'anathème avec le concile de
Nicée sur les ariens, prêcheront que le Christ est vraiment Dieu.
Déclaration d'Auxence
COPIE
DE LA DÉCLARATION D'AUXENCE
AUX TRES GLORIEUX EMPEREURS VALENTINIEN
ET VALENCE AUGUSTES,
AUXENCE, ÉVEQUE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE DE
MILAN.
Il
est messéant, selon moi, de souffrir que l'union des évêques, fruit
pénible de tant d'efforts, soit encore remise en question par des hommes
qu'a flétris une condamnation, il y a plus de dix ans, ainsi que les
actes publics en font foi . Mais puisque des personnages obscurs, qui
n'ont jamais communié avec moi ni avec ceux qui se sont assis avant moi
sur le trône épiscopal, cédant aux instigations d'Hilaire et d'Eusèbe,
ont porté le trouble dans quelques esprits et m'ont rangé au nombre des
hérétiques; puisque en même temps votre piété vous a fait un devoir de
remettre la connaissance de cette affaire aux soins éclairés des
personnages les plus recommandables, et que vous n'avez pas voulu que
ceux qui ont encouru la peine de la déposition (c'est Hilaire que je
veux dire et ses adhérents), portassent la parole contre moi, je viens,
toujours soumis à vos ordres sacrés, déclarer la vérité à mes
calomniateurs, à tous ceux qui blasphèment contre moi en m'appelant
arien et en m'accusant de ne pas confesser que le Fils de Dieu est Dieu.
J'ai
ouvert mon coeur à ceux que votre piété honore de son amitié, et j'ai
d'abord satisfait à la vérité en disant que je n'ai jamais connu Arius,
que je ne l'ai point vu, et que je suis constamment resté étranger à sa
doctrine; que j'ai toujours cru et que je crois encore, ainsi qu'on me
l'a enseigné dès mon enfance et ainsi qu'il est écrit dans les livres
saints, en un seul vrai Dieu, Père tout-puissant, invisible, impassible
et immortel; je crois à son Fils unique, Jésus Christ notre Seigneur,
qui, avant tous les temps et avant tous les siècles, est né du Père,
Dieu vrai Fils du vrai Dieu son Père, selon qu'il a été écrit dans
l'évangile : "C'est là la vie éternelle, pour qu'ils connaissent que Toi
seul es Dieu; et Jésus Christ que Tu as envoyé." (Jn 17,3). Il a fait
toutes choses, visibles et invisibles; est descendu des cieux par la
Volonté de son Père pour nous sauver; est né du saint Esprit et de la
vierge Marie selon la chair, comme il a été écrit; a été crucifié sous
Ponce-Pilate, a été enseveli, est ressuscité le troisième jour, est
monté aux cieux, où Il est assis à la droite du Père, d'où Il viendra
juger les vivants et les morts; je crois au saint Esprit que notre Dieu
Sauveur Jésus Christ a envoyé à ses disciples, comme l'Esprit de vérité.
J'ai cru et je crois aux paroles que le Fils unique de Dieu, en montant
au ciel, adressa à ses apôtres : "Allez et enseignez les nations,
baptisez-les au nom du Père, du Fils et du saint Esprit." (Mt 28,19).
Je
n'ai jamais prêché deux Dieux; car il n'y a pas deux Pères, il n'y a
donc ni deux Dieux ni deux Fils; mais il y a un seul Fils d'un seul
Père, seul venant d'un seul, Dieu de Dieu, selon l'Écriture : un seul
Dieu Père Créateur, et un seul Seigneur Jésus Christ par qui tout a été
fait. C'est pourquoi nous prêchons une seule divinité. Aussi toutes les
hérésies qui se sont élevées contre la foi catholique ont toujours été
condamnées, anathématisées par les évêques catholiques, et
principalement au concile de Rimini, comme je les ai condamnées
moi-même. J'ai gardé fidèlement la foi des évangiles que nous avons
reçue des apôtres. Mais, désirant vous faire connaître encore mieux ce
qui s'est passé dans le concile de Rimini, je vous en ai fait remettre
le détail, et je vous supplie de vouloir en ordonner la lecture. Vous y
verrez que ceux qui ont été déposés depuis longtemps, Hilaire et Eusèbe,
s'efforcent d'établir partout le schisme, et qu'il ne faut rétracter en
aucun point les déclarations qui ont été faites.
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