La spiritualité de Claude La Colombière

Avertissement

Pour mieux faire comprendre ce que fut la vie de Claude La Colombière, nous avons donné précédemment quelques citations de ses écrits. L’étude de sa spiritualité nous fera pénétrer encore plus dans son intérieur. Il ne faut donc pas s’étonner qu’il y ait dans ce présent chapitre quelques redites inévitables. Que le lecteur nous excuse: leur suppression aurait nui à la compréhension de plusieurs aspects de cette âme exceptionnelle.

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Claude la Colombière dans son temps

1-1-L’époque

L’éditeur des œuvres de Saint Claude La Colombière note, dans son  introduction aux Réflexions chrétiennes, combien le jeune religieux nommé précepteur des fils de Colbert [1] était imprégné des pensées de son époque, ce qui n’empêcha pas que ses œuvres soient révélatrices de sa sainteté et de sa spiritualité. Ses écrits, et peut-être plus spécialement les Réflexions chrétiennes manifestent souvent une sorte de réaction spontanée, en quelque sorte instinctive, à l’état religieux et moral de la société de son temps.”

Important

Il convient de noter que le style de Claude la Colombière, le style de son siècle, le XVIIè siècle, imprégné peut-être de certaines contraintes liées à son éducation, nous paraît parfois curieusement vieilli. Dès que l’on aura su se dégager des problèmes liés au vocabulaire, Saint Claude La Colombière nous apparaîtra d’une étonnante actualité.

1-2-Dieu prépare son serviteur

Claude a besoin de répondre à l’amour divin dont il se sent investi. Dans ses notes de retraites, on peut lire, par exemple:

“Le pas suprême à franchir, c’est de se détacher de soi-même, de ne chercher que Dieu dans Dieu même, non seulement de ne rechercher dans la sainteté nul intérêt temporel, ce qui serait une imperfection grossière, mais de n’y chercher pas même nos intérêts spirituels, de n’y chercher que le pur intérêt de Dieu.”  [2] 

Peu de temps avant d’être nommé à Paray le Monial, le Père Claude relate dans ses notes de retraite:

“Il me semblait me voir couvert de fers et de chaînes, et traîné dans une prison... parce que j’avais prêché Jésus crucifié... Est-ce que je dois mourir par la main d’un bourreau? Dois-je être déshonoré par quelque calomnie? Ici, tout mon corps frissonne et je me sens comme saisi d’horreur... Dieu me jugerait-il digne de souffrir quelque chose d’éclatant pour sa gloire? Je n’y vois point d’apparence... Je sens, je ne sais si je me trompe, mais il me semble que Dieu me prépare des maux à souffrir.”

Le 2 février 1675, le Père Claude est nommé à Paray-le-Monial où il rencontre Sœur Marguerite-Marie Alacoque.

Jésus montra très vite qu’Il voulait associer son fidèle serviteur à la mission qu’Il confiait à sa servante car, pendant le temps pascal qui suivit leurs premières rencontres, eut lieu, pendant la messe célébrée par le Père Claude, la vision des trois coeurs.

Jésus dit: “C’est ainsi que mon pur amour unit ces trois cœurs pour toujours. “ Le message était clair: Sœur Marguerite-Marie et le Père La Colombière devaient révéler au monde les richesses infinies du Cœur de Jésus.

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Orientations qui animeront toute la vie de Claude

2-1-L’humilité et la conscience de son indignité.

Dans les notes d’une de ses retraites spirituelles, Claude La Colombière écrit:

“J’ai senti une grande confusion de ce que Dieu m’ayant fait l’honneur de me destiner à L’aimer, j’ai passé une si grande partie de ma vie, non seulement sans l’aimer, mais même à l’offenser. J’ai admiré, avec un sentiment fort doux, la patience et la miséricorde infinies du même Dieu qui, voyant le mépris que je faisais d’une fin si glorieuse, et par conséquent ne lui étant bon à rien dans le monde, au contraire, nuisant à ses intérêts, il n’a pas laissé de m’y souffrir, d’attendre à ce que je voulusse bien penser à ce pourquoi j’y étais, et de m’en faire resssouvenir de temps en temps; je n’ai senti aucune peine à lui promettre de ne vivre à l’avenir que pour le servir et pour le glorifier.”

2-2-Le désir de sainteté

Ce sont les grâces de Dieu et l’Amour qui mènent à la sainteté: “Le premier présent que Dieu fait à l’âme, c’est sa grâce avec quoi on peut tout. Le second, c’est son amour: or l’amour rend tout facile et agréable...”

Lui seul, Claude, est impuissant: “Dieu seul peut opérer en lui les transformations.” Il doit donc laisser faire Dieu et suivre fidèlement les mouvements du Coeur du Christ et du coeur de la Vierge Marie.L’amour véritable c’est “la conformité à la volonté de Dieu.”

2-3-Le Cœur de Jésus

Claude la Colombière se rendit vite rendu compte de ce que Marguerite-Marie vivait d’extraordinaire: les communications que le Seigneur entretenait avec elle. Il manifesta pour ces communications un immense respect, et, humblement, il se considèra plus comme un disciple de la religieuses que comme son directeur. Lui aussi fut comme touché d’une grâce exceptionnelle, et il avoua:

“Je ne puis parvenir à cet oubli de moi-même, ce qui doit me donner entrée dans le Cœur de Jésus-Christ, d’où je suis par conséquent bien éloigné.”  

Le Père Claude avait bien compris que Jésus voulait l’associer à la mission qu’Il confiait à sa servante. La vision des trois coeurs en était la preuve. Mais il ne savait pas comment faire comme le montre ce qu’il écrivait vers la fin de sa vie: “Je sens d’assez grands désirs pour glorifier notre grand Maître, mais je ne sais comment les exécuter.”

Plus tard le Seigneur lui vint en aide.

3
Les liens spirituels unissant Claude et Marguerite-Marie

On a retrouvé une trentaine de lettres de Claude la Colombière adressées à la Mère de Saumaise, la supérieure de Sœur Marguerite-Marie Alacoque, plus deux lettres adressées à cette même sœur. Cette correspondance dévoile toute l’amitié et la confiance qui s’était établie entre la Mère de Saumaise et son conseiller spirituel,  ainsi que l’admiration que le Père Claude portait à la sainteté de Marguerite-Marie. Voici ce qu’il écrivit à la Mère de Saumaise, la supérieure de Marguerite-Marie à propos de  cette dernière:

“Le billet de la Sœur Alacoque me fortifie beaucoup et me rassure sur mille doutes qui me viennent tous les jours... Le bon Dieu ne se découvre pas à moi comme à elle, et je suis bien éloigné de la conseiller en rien... Que de joie me cause tout ce que vous me dites de cette bonne sœur! Que Dieu est admirable, mais qu’il est aimable dans ses saints! Je ne saurais la plaindre dans son mal. Il me semble que les coups que l’on reçoit de la main de Dieu sont plus doux mille fois que les caresses qui nous viennent de la main des hommes.

“Je suis fort édifié de tout ce qu’elle m’écrit et je me confirme si fortement dans la foi des choses que Notre Seigneur lui découvre, soit du passé, soit de l’avenir, que je pense que je n’ai plus de mérite à croire.

“Je ne crois pas que, sans le billet où étaient les avis de la Sœur Alacoque, j’eusse jamais pu soutenir les peines que j’ai souffertes et qui ne m’ont jamais attaqué avec plus de violence que lorsque j’étais pressé et comme accablé de travail.

Ou encore, toujours à la Mère de Saumaise[3]: “J’ai reçu, il y a quelques mois, une lettre de la Sœur Alacoque, pleine de l’esprit de Dieu. Elle me dit plusieurs choses extraordinaires et me parle d’une personne que je lui avais recommandée en passant, d’une manière qui fait bien voir qu’elle a des connaissances fort particulières. À mon égard, elle m’ordonne, de la part de son cher Maître, de ne plus songer au passé, de ne faire nul projet pour l’avenir et, pour le présent, de prendre soin d’un malade que Dieu a confié à mes soins pour me donner lieu d’exercer la charité et la patience, ajoutant que le malade est moi-même et que je dois, sans scrupule, faire ce que je pourrai pour me rétablir; et je le fais aveuglément.”

Deux lettres envoyées à Sainte Marguerite-Marie[4] un an ou deux avant sa mort montrent les liens spirituels étroits existant entre ces deux êtres et leur confiance mutuelle.

Voici la première:

“Ma très chère Sœur dans le Cœur de Jésus-Christ [5] 

... Il me semble que rien ne me serait difficile si je connaissais ce qu’il demande de moi. Je ne travaille qu’à recouvrer ma santé comme on me l’a ordonné... Mais, je vieillis (il n’a que quarante ans!) et je suis infiniment éloigné de la perfection de mon état; je ne puis parvenir à cet oubli de moi-même, ce qui me doit donner entrée dans le Cœur de Jésus-Christ, d’où je suis par conséquent bien éloigné. Je vois bien que, si Dieu n’a pitié de moi, je mourrai fort imparfait...

Demandez pour moi à notre bon Maître que je ne fasse rien contre sa volonté, et qu’en tout le reste il dispose de moi selon son bon plaisir... Remerciez-le, s’il vous plaît, de l’état où il m’a mis. La maladie était pour moi chose absolument nécessaire; sans cela je ne sais ce que je serais devenu; je suis persuadé que c’est une des plus grandes miséricordes que Dieu ait exercées sur moi...

Vous me racontez une espèce de vision où le démon vous avait représentée à vous-même toute remplie de péchés, desquels néanmoins vous ne voyiez aucun en particulier et vous me marquiez que vous appréhendiez alors que ce fût un effet d’aveuglement et d’insensibilité intérieure. Je crois plutôt que c’est que Dieu veut que vous vous en remettiez entièrement à sa miséricorde infinie et que vous ne vous mêliez plus de ce qui vous touche...

Il se pourrait faire que vos infidélités eussent mérité cet état; mais il ne faut pas juger de la conduite d’un si bon Père par l’excès de nos ingratitudes. Quelque méchants que nous soyions, il sera toujours bon envers nous, tant que nous espérerons en lui...

Je prie Notre-Seigneur Jésus-Christ qu’il vous unisse toujours de plus en plus à son divin Cœur, qu’il augmente et qu’il purifie en vous le désir qu’il vous a inspiré de sa croix et de ses précieuses abjections. C’est à lui et pour lui seul que je suis tout à vous.”

Et voici la deuxième lettre (Automne 1680)

“Ma très chère Sœur dans l’Amour et dans le Cœur de Jésus-Christ [6] 

Il est tout visible que l’esprit qui vous trouble et qui tâche de vous faire tomber dans la défiance, en vous persuadant que vous vous êtes trompée et que vous ne devez pas prétendre à aimer Dieu, soit en ce monde, ou en l’autre, il est tout visible, dis-je, que cet esprit est un malheureux esprit et du nombre de ceux qui connaissent Dieu sans l’aimer, et même sans pouvoir l’aimer...  Non, encore une fois, vous n’êtes nullement trompée; il n’y a point d’illusion dans les faveurs que vous recevez de la Miséricorde du Seigneur; je n’ai nul sujet de vous soupçonner de dissimulation, ni d’hypocrisie; et quoiqu’il y ait lieu de s’étonner que le Souverain Maître s’abaisse jusqu’à des créatures si viles et si imparfaites, ce serait un blasphème de penser que sa bonté ne puisse aller jusque là et qu’elle soit capable de surmonter nos infidélités...

Et je suis si sûr de ce que je vous dis, que, s’il était nécessaire, il me semble que le pourrais vous répondre, sur le salut même de mon âme, que vous devez marcher avec confiance et ne songer qu’à être reconnaissante de la conduite de Dieu sur vous. Je ne vous ai jamais flattée; je me sens encore plus éloigné de le faire que jamais, d’autant plus que je n’ai jamais regardé les bontés que Jésus-Christ vous témoigne comme des biens qui soient à vous ou de vous, mais comme les effets de sa charité sans borne, qui se plaît avec les pécheurs, qui fait abonder sa grâce là où le péché a abondé davantage, qui remplit les vaisseaux les moins précieux, afin que nulle créature ne se glorifie en sa présence et qu’on n’attribue pas ce qu’il met en l’âme à l’âme qui le reçoit...”

La confiance que le Père Claude a envers Marguerite-Marie est telle  qu’il n’hésite pas à la dire. Voici ce qu’il écrivit un jour à Catherine Maynaud de Bisefranc:

“Je trouve bon que vous voyiez la Sœur (Marguerite-Marie), si elle le trouve bon elle-même; faites sans crainte tout ce qu’elle vous dira. Mais prenez garde de ne vous attacher pas trop à qui que ce soit, et que votre principale confiance soit toujours en Notre-Seigneur.” [7] 

4
La mission de Claude envers le Cœur de Jésus

Le Père La Colombière, comme Marguerite-Marie, mais chacun à sa place, devait, lui aussi, révéler au monde les richesses infinies du Coeur de Jésus. 

Le message, nouveau, de Paray était la nécessité d’orienter les âmes sur le Coeur de chair de Jésus, ”ce Coeur couronné d’épines et surmonté de la Croix,” et de “manifester avec insistance, son amour passionné payé d’ingratitude, méconnu et outragé...” [8]

Les deux thèmes principaux de cette révélation sont nettement orientés vers la réparation à cause de nos péchés et la miséricorde infinie du Coeur de Jésus, thèmes qui seront longuement repris plus tard dans l’encyclique  Miserentissimus Redemptor de Pie XI.

Chaque fois que ce sera possible, le Père Claude fera connaître le Sacré-Coeur. Cela est nettement sensible dans sa correspondance dont voici quelques exemples:

            – À une jeune religieuse, Marie-Marguerite de Reclesne de Lyonne

“Je ne doute point que Notre Seigneur... ne vous ait ouvert son Cœur pour vous y donner place parmi toutes les âmes saintes qui y font leur continuel séjour.” [9] 

“Regardez vos supérieures comme Jésus-Christ, ne doutant point que ce ne soient elles qui doivent vous conduire et vous ouvrir l’entrée de son Cœur, où je vous souhaite une bonne place parmi tous les amants et amantes de ce Sauveur.” [10] 

            – Par ailleurs, ses lettres se terminent fréquemment par cette phrase: “Tout à vous dans le Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ.”

 4-1-Claude est-il un mystique?

Claude est-il un mystique? Ce qui suit nous révèle peut-être un aspect caché de celui que Jésus s’est choisi pour répandre la dévotion à son Sacré-Cœur. Au cours d’un sermon il déclare:

“N’avez-vous jamais reçu nulle faveur du Bon Dieu? L’en avez-vous remercié comme il faut, avec sentiment, avec tendresse? Prenez garde, que faute de reconnaissance, vous ne tarissiez les bienfaits de Dieu à votre égard, et que vous les détourniez de dessus de vous. Il est étrange que nous soyions environnés, chargés, accablés des faveurs du Bon Dieu, que depuis le premier moment de notre vie jusqu’aujourd’hui il nous ait aimés, il nous ait conservés, il nous ait portés dans ses bras, et que nous ne l’ayions jamais remercié comme il faut.”

 

Discrètement le Père la Colombière se fait l’apôtre du Cœur de Jésus et fait connaître les désirs de son Sacré-Cœur.

            – À une visitandine[11]  il écrit:

“Je vous conseille de communier le lendemain de l’octave du Saint-Sacrement, pour réparer les irrévérences qui auront été commises  envers Jésus-Christ, durant tout le temps de l’octave qu’il aura été exposé sur les autels dans tout le monde chrétien. Cette pratique m’a été conseillée par une personne d’une sainteté extraordinaire, (Marguerite-Marie) laquelle m’a assuré que tous ceux qui donneraient à Notre-Seigneur cette marque de leur amour en retireraient de grands fruits.

Tâchez de porter doucement vos amies à la même chose. J’espère que plusieurs communautés commenceront cette année à faire cette dévotion pour continuer toujours ensuite.”

            – et à la Mère Françoise-Lucrèce de Thélis, visitandine: [12] 

“Je ne vous écris aujourd’hui que pour vous prier de faire faire à toute votre communauté une communion extraordinaire, le lendemain de l’octave de la Fête-Dieu, non pas à mon intention, mais pour réparer, autant qu’il est en votre pouvoir, toutes les irrévérences qui auront été commises envers Jésus-Christ, durant toute l’octave qu’il aura été exposé sur nos autels dans le monde chrétien. Je vous assure que ce témoignage d’amour que vous lui donnerez vous attirera à toutes de grandes bénédictions. C’est une pratique que je vous conseille de garder toute votre vie. Je ne puis, à présent, vous en dire davantage: priez Dieu pour moi.”

            – ou à des sœurs anglaises, visitandines elles aussi:

“Si votre Révérende Mère trouve bon que vous receviez Notre Seigneur le lendemain de l’octave du Saint-Sacrement pour réparer les irrévérences qui auront été commises envers le corps adorable de Jésus-Christ, durant toute l’octave qu’il aura été exposé sur les autels, je serais bien aise que vous pratiquassiez cette dévotion et que vous le fissiez ensuite toute votre vie quand on vous le permettra.” [13] 

“Écoutez donc, ma très aimée fille dans le Cœur de Jésus-Christ, écoutez la voix de votre bon Père et le commandement que je vous fais aujourd’hui de sa part.”

“Je prie Notre Seigneur qu’il ait pitié de vous, selon sa très grande et infinie Miséricorde.”

“Je ne désire rien davantage que de vous parler du Bien-Aimé  de nos cœurs.”

4-2-Le Cœur de Jésus, c’est l’amour

    4-2-1-L’amour de Jésus

Jésus a aimé les hommes tels qu’ils sont, et tels qu’ils sont, nous devons les aimer. L’amour de Jésus pour nous est si grand qu’il mériterait tout le nôtre. Alors, pourquoi ne l’aimons-nous pas davantage? C’est que Jésus veut être seul à régner dans nos cœurs, et à les remplir. Écoutons le Père Claude:

“Je suis sûr  que, quand je vous l’offrirais vide (son cœur), vous ne me refuseriez pas de le remplir de votre amour, d’y venir habiter vous-même, d’en faire un paradis terrestre et de le disposer à cette charité parfaite dont il doit brûler éternellement avec les séraphins.”

“La Passion a été appelée un excès de la charité  de Jésus-Christ...  Non seulement il a souffert ce qu’il ne devait pas soufrir, mais Il a souffert plus qu’Il ne devait souffrir.... Une larme pouvait laver toutes nos fautes. Une goutte de sang pouvait nous mériter tous les secours. Pourquoi donc tant de sang? Faut-il demander des raisons à qui aime? Il n’en peut rendre d’autre que son amour. On croit toujours, quand on aime, que quoi que ce soit que l’on donne, ce ne sera jamais assez...” [14] 

“On dit que l’amour est aveugle, qu’il couvre les défauts... Jésus connaissait nos vices, nos misères. Il nous connaissait tels que nous nous connaissons nous-mêmes à certains moments où nous sommes plus raisonnables et où nous déplaisons fort. Son amour a surmonté tout cela; ces misères l’ont excité davantage...” [15] 

    4-2-4-L’amour du prochain

“Nous n’avons pas moins de raison d’aimer nos frères que nous en avons d’aimer Dieu même, puisque l’amour dont nous nous aimons les uns les autres n’est qu’une même habitude, qu’une même vertu, qu’un même amour avec l’amour de Dieu; car ce n’est qu’une même chose que nous aimons, soit que nous aimions Dieu ou que nous aimions les hommes, parce que nous n’aimons que Dieu dans les hommes, parce que nous n’aimons les hommes que pour Dieu.”

“Dieu aime notre prochain et il l’aime de la manière du monde la plus tendre et la plus forte... Quel est cet amour que Dieu a pour nos frères? Ce n’est pas un amour faible et languissant: il l’a porté à mourir pour votre frère! Comment donc pouvez-vous dire que vous aimez Dieu, que vous ne vivez que dans Lui et par Lui, que vous n’avez qu’un même cœur avec Lui, puisque votre cœur a des mouvements si contraires aux siens ; puisque vous aimez si faiblement, que vous haïssez peut-être ce qu’il aime avec tant d’excès?...

Nous devons aimer notre prochain selon l’Évangile, comme Jésus-Christ nous a aimés. Par ce précepte, il nous est ordonné d’aimer le prochain, non plus comme nous-mêmes, mais plus que nous-mêmes.  Mais comment est-ce que Jésus-Christ nous a aimés? Il nous a aimés solidement, il nous a aimés pour notre salut, pour l’éternité. Ce n’est pas un amour qui se borne à de vaines marques de tendresse, ou qui le porte à nous procurer des biens fragiles et temporels: tout son amour tend à nous rendre heureux éternellement.”

4-3-Claude la Colombière et la Passion de Jésus

Une lecture un peu rapide des sermons de Claude La Colombière sur la Passion de Jésus peut décevoir des gens de notre époque par son intellectualisme et une certaine absence de sensibilité, tant ils sont imprégnés de la mentalité de son siècle très marqué par le jansénisme. Cependant, très vite, on comprend que le Père La Colombière se laisse conduire par la charité de Jésus, c’est-à-dire par l’Amour qui emplit le Cœur du Fils de Dieu. Pour mieux le faire comprendre à ses auditeurs, le Père La Colombière examine, l’une après l’autre, les vertus que Jésus a pratiquées pendant toute sa Passion.

    4-3-1-D’abord la pénitence

A Gethsémani, Jésus était terrassé par les crimes des hommes, “par tous les péchés qui avaient été commis contre Dieu et tous ceux qui devaient être commis jusqu’à la fin du monde...

Je suis persuadé que cette mortelle frayeur, cette sueur sanglante, cette agonie... n’expriment qu’une petite et très infime petite partie de l’affliction de son Coeur... Peines secrètes si cruelles que les souffrances extérieures étaient un remède ou du moins un soulagement pour son Coeur brisé de componction.

Ô douleur inconcevable! Ô incroyable amertume du Coeur de Jésus qui le rend insensible à de si grands maux, qui trouve même dans ces maux une espèce d’adoucissement...

L’affliction de votre Coeur, ô Jésus, est un océan d’afflictions dont la seule vue m’effraie et m’accable de tristesse... Mon Dieu, c’est à ce Coeur affligé que je veux donner toute ma tendresse.” [16] 

Selon Claude la Colombière “il y a deux sortes de pénitence toutes deux nécessaires pour un parfait retour à Dieu: l’une intérieure qui afflige l’âme et l’humilie; l’autre extérieure qui humilie et afflige le corps... La pénitence humilie... et cette humiliation dans Jésus-Christ a paru en toute sa Passion par son silence et par sa Passion.”

“La pénitence humilie. Quels sujets d’humiliation dans le péché! Quoi de plus déraisonnable, de plus injuste, de plus ingrat! “

Mais la pénitence construit, et contemplant Jésus, le Père Claude s’écrie, dans un de ses sermons:

“Non, Seigneur, Vous ne méprisez pas un cœur brisé de douleur et humilié en votre présence... Oh! le beau sacrifice, l’agréable parfum pour vous et tout le paradis! Que vous aurez de plaisir à voir cette âme ainsi pénétrée de sentiments de pénitence! Que vous écouterez volontiers ses soupirs! Que Vous oublierez volontiers ses infidélités passées! Que vous tiendrez sa faute et votre gloire bien réparées! Que vous réparerez Vous-même abondamment la perte qu’elle a faite des grâces et des dons surnaturels! Qu’elle aura sujet de se consoler de son malheur! Que Vous lui ferez bien sentir votre présence et votre pardon!...” [17]

Et le Père Claude présente la Madeleine, “cette sainte amante que l’on trouvait toujours aux pieds de son Bien-Aimé”  et qui sut si bien faire pénitence:

“Madeleine fit sa pénitence aux pieds de Jésus chez Simon le Pharisien. Cette pénitence fut parfaite, aussi obtint-elle ce qu’elle voulait qui était la rémission de ses péchés... Elle a une grande confusion de ses péchés... elle a un grand courage aussi...

Elle fait sa pénitence avec autant de hardiesse qu’elle avait été hardie à pécher... elle ne se contente pas d’avoir renoncé à tout, elle fait un usage tout contraire des instruments de sa vanité.” [18] 

Pour conclure, le Père Claude invite ses auditeurs:

”Allez-vous en sur le Calvaire, vous la trouverez comme partout ailleurs, aux pieds de son Amour crucifié.”

4-3-2-La patience et le silence de Jésus souffrant

“C’est  l’esprit du monde qui fait qu’on se hâte, qu’on cherche à se produire, qu’on se persuade qu’on n’y sera jamais assez tôt. L’Esprit de Dieu a des mouvements tout contraires.”

D’abord trente ans d’obscurité, puis les difficultés de la vie publique, et enfin la Passion:

“De toutes les vertus que Jésus a pratiquées à sa Passion, celle qui a éclaté davantage, c’est la patience... et la patience lie la langue par le silence, compose le visage par la tranquillité, et calme le cœur par la douceur... En quelque endroit de la Passion qu’il vous plaira... vous trouverez partout Jésus muet, tranquille et plein de douceur... On fait endurer à Jésus des indignités si brutales et si inhumaines, que c’est un prodige qu’Il puisse souffrir tout cela sans dire un seul mot...

Ô adorable silence, que vous êtes éloquent, que vous me donnez de belles leçons! Vous Vous taisez, Jésus, Vous qui êtes la parole du Père! “ [19] 

4-4-Le Cœur de Jésus pendant la Passion

La patience et le silence de Jésus nous révèlent le Cœur du Fils de Dieu. En effet, on ne peut comprendre les souffrances de Jésus sans pénétrer dans son Coeur, car “il n’y eut jamais de douleur pareille, à cause du nombre des péchés, à cause qu’Il en connaissait l’énormité, l’injustice, et parce qu’Il aime infiniment Dieu et les hommes.”  

    4-4-1-Le Coeur de Jésus nous fait aussi découvrir la Charité de Jésus souffrant qu’il faut imiter:

“Prenons les sentiments de ce Coeur tendre et généreux; faisons résolution d’aimer les pauvres, de retrancher quelque chose de nos plaisirs. Si les riches faisaient cela, tout le monde dînerait, personne ne manquerait de pain, on ne mettrait pas de très honnêtes personnes en prison faute d’avoir de quoi payer le lit où elles se couchent; car Messieurs, il y a des misères de toutes ces manières...”

    4-4-2-Claude contemple la patience de Jésus durant sa Passion:

“Entrons dans le Coeur du Fils de Dieu, et voyons quelle est sa disposition à l’égard de ses ennemis. C’est une douceur incomparable dont voici les divers degrés:

            – Il les excuse. Ce coeur plein de bonté s’attache plutôt à ce qui diminue le péché qu’à ce qui les rend coupables...

            –  Il est touché de compassion. Il reconnaît qu’il y a beaucoup d’ignorance en leur fait... et son Cœur plein de bonté s’attache plutôt à ce qui diminue le péché qu’à ce qui les rend coupables.

            – Non seulement Jésus fait justice à ses bourreaux, mais il est touché d’une véritable compassion; il déplore leur aveuglement et les maux qu’ils s’attirent...

            – Il est touché d’amour à leur égard, il ressent pour eux une compassion effective, il prie, il souffre pour eux et il souffre avec tendresse; il souhaite les sauver et le fait... Que le Cœur de Jésus soit notre école.”  

    4-4-3-Car la bonté de Dieu pour nous est grande, excessive, et patiente!

“Mon Dieu, que je vous suis obligé de ne vous être point encore lassé, de ne m’avoir point encore abandonné!” [20] 

Que le Coeur de Jésus soit donc notre école, et conformons-y le nôtre... Oui divin Jésus, je veux me loger dans votre Coeur, verser tout mon fiel dans ce Coeur; il l’aura bientôt consumé. Dans ce Coeur je m’exercerai au silence, à la résignation à votre divine volonté, à une constance invincible...” Je vous demande vos prières, ô doux Jésus. Vous les avez offertes pour vos ennemis, ne me les refusez pas, à moi qui souhaite de (sic) vous aimer, d’aimer même la croix et mes ennemis pour l’amour de Vous.” [21] 

    4-4-4-À l’égard de Judas

Méditant la disposition du Cœur de Jésus à l’égard de Judas qui le trahissait et des apôtres qui l’abandonnaient, Claude La Colombière écrit:[22] 

“Cela ne diminua nullement l’amour qu’Il avait pour ses disciples et pour ses persécuteurs, qu’il s’affligea extrêmement et de bonne foi du tort qu’ils se faisaient à eux-mêmes, et que ce qu’il souffrait, bien loin de le troubler, adoucissait en quelque sorte sa douleur, parce qu’il voyait que ses douleurs pourraient être un remède aux maux de ses ennemis. Je me représente donc ce Cœur sans fiel, sans aigreur, plein d’une véritable tendresse pour ses ennemis, et que nulle perfidie et nul mauvais traitement ne peuvent émouvoir à la haine.“

4-5-Le Cœur de Marie pendant la Passion

    4-5-1-Les dispositions du Cœur de Marie

Contemplant ensuite le cœur de Marie, Claude s’aperçoit que son cœur est dans les mêmes dispositions que celui de son Fils. Aussi, Claude veut-il que “désormais, son cœur soit dans celui de Jésus et de Marie, ou que Celui de Jésus et de Marie soit dans le sien, afin qu’ils lui communiquent leurs mouvements, et qu’il ne s’agite, qu’il ne s’émeuve que conformément à l’impression qu’il recevra de ces cœurs.”

    4-5-2-Jésus, Marie et saint Jean

Poursuivant ses méditations sur la Passion, et citant Saint Isidore qui écrivit: “L’amitié n’est autre chose qu’un écho de volontés et d’amours qui se répondent l’un à l’autre,” Claude en conclut que Jean fut l’ami de Jésus, l’ami le plus cher, celui que Jésus aimait. Selon lui, de cette amitié serait née la filiation qui lia Marie à l’apôtre préféré:

“On ne saurait nier que ces paroles: “Femme, voici ton fils!” prononcées par Jésus sur la Croix, n’aient été en Jésus-Christ l’effet d’une amitié très tendre, et n’aient produit en Marie un amour très ardent et très sincère envers Jean. En sorte que, apparemment, elle n’a jamais tant aimé personne, après son Fils unique, que Saint Jean, parce que c’était un commandement et que Jésus témoignait par là son inclination. Et la Sainte Vierge, dont le cœur suivait tous les mouvements du Cœur de Jésus, ne pouvait manquer de se conformer à cette inclination.”

C’est comme si Jésus, mourant, lui avait dit:

“Si vous m’aimez, vous l’aimerez, comme vous m’avez aimé... Soyez l’un à l’autre ce que vous m’avez été et ce que je vous ai été.”

5
Claude La Colombière intime

5-1-L’Eucharistie et la Messe

    5-1-1-L’Eucharistie

Claude La Colombière a une vénération pour l’Eucharistie. Après avoir médité sur le Saint Sacrement il écrit:

“Dès que j’ai envisagé ce mystère, je me suis senti tout pénétré de doux mouvements d’admiration et de reconnaissance pour la bonté que Dieu nous a témoignée en ce mystère. Il est vrai que j’y ai reçu de si grandes grâces et que j’ai ressenti si sensiblement les effets de ce pain des anges, que je ne saurais y penser sans être en même temps touché d’une très grande gratitude.” [23] 

Mais le Père Claude estime que les grâces extraordinaires ne sont pas bonnes pour lui, aussi écrira-t-il: “Je demande à Dieu une oraison solide, simple, qui Le glorifie et qui ne m’enfle pas.” [24] 

    5-1-2-Sa souffrance en Angleterre

Durant son séjour en Angleterre, Claude souffre beaucoup à cause du manque de foi en la Présence Réelle de Jésus dans l’Eucharistie. Il écrit:

“Dans ces pays où l’on se fait un point d’honneur de douter de votre présence réelle dans cet auguste Sacrement, je sens beaucoup de consolation à faire, plusieurs fois le jour, des actes de foi touchant la réalité de votre corps adorable sous les espèces du pain et du vin. Mon cœur se dilate toutes les fois que je m’attache à faire des actes de foi touchant les vérités que l’Église romaine... enseigne. Mon cœur, dis-je, en pareilles occasions, s’épanche et ressent des douceurs que je puis goûter et recevoir de la miséricorde de mon Dieu, sans les pouvoir expliquer. Vous êtes bien bon, mon Dieu, de vous communiquer avec tant de bonté à la plus ingrate de vos créatures et au plus indigne de vos serviteurs. Soyez-en loué et béni éternellement!”  [25] 

Immédiatement après ces lignes, le père Claude La Colombière reconnaît avoir compris que Dieu voulait qu’Il le servît en propageant “la dévotion qu’il a suggérée à une personne à qui Il se communique fort confidemment, et pour laquelle il a bien voulu se servir de ma faiblesse... Dieu s’étant ouvert à la personne qu’on a sujet de croire être selon son Cœur par les grandes grâces qu’Il lui a faites,... je l’obligeai à mettre par écrit ce qu’elle m’avait dit...”

    5-1-3-La Messe

La Messe, c’est pour le Père Claude l’acte le plus important du christianisme, et, pour lui,“entendre la messe et faire profession du christianisme, c’est tout un; comme c’était sacrifier aux idoles, c’était être idolâtre de profession, que de se trouver dans le temple des faux dieux à l’heure du sacrifice.  Mais si un chrétien, à cette même heure, y fût entré, tandis que ces pauvres aveugles se prosternaient le visage contre terre dans un silence prodigieux, et qu’il y fût allé faire ce que nous voyons faire si souvent dans nos églises, causer, rire, s’entretenir debout ou assis, cette action aurait passé pour une profanation manifeste et pour un mépris tout visible de leurs fausses divinités.”  [26] 

Claude La Colombière, en effet, souffre beaucoup de l’irrévérence qui se rencontrait déjà dans les églises, à son époque, envers la Présence réelle de Jésus dans les tabernacles. Il écrit:

“C’est dans nos églises, dans ce tabernacle que repose le corps du Sauveur. Il ne fut que neuf mois au sein de Marie, que quarante jours dans l’étable, que trois heures sur la Croix, que trois jours dans nos sépulcres; et il est toujours dans nos églises...Vous allez à l’église, il est vrai, mais si vous alliez dans les mosquées des turcs et que vous y commissiez les mêmes irrévérences, vous vous exposeriez à être lapidés par ces infidèles... Si vous croyiez ce que vous nous dites, oseriez-vous perdre ainsi tout respect à votre Dieu?“ [27] (sans commentaire: il n’y a rien de changé sous le soleil!)

Voici maintenant, à propos de l’Eucharistie, une remarque rapportée par Saint Claude la Colombière qui est beaucoup plus curieuse, et qui rejoint tant de prédictions de mystiques de son époque:

“Saint Hippolyte, martyr, rapporté par Saint Jérôme, décrivant ce qui arrivera en ces derniers temps, dit que les églises seront dans un deuil extrême parce qu’il ne s’y fera point de sacrifice. On n’aura nulle part, ni le Corps, ni le Sang de Jésus-Christ; la messe sera abolie, et ce sera pour lors que le monde finira et qu’il sera jugé. Mais tant que cet Agneau innocent sera immolé sur nos autels, cela ne saurait arriver.”

5-2-L’Amour de Dieu dans le cœur de Saint Claude la Colombière

Méditant sur l’amour de Dieu, Claude écrit:

“...Dieu est dans toutes ses créatures; Il est tout ce qu’il y a de bon en elles; Il nous fait tout le bien que nous recevons d’elles... Qui suis-je, ô mon Dieu pour être ainsi servi par Vous en tout temps... Ce qui est le plus admirable, c’est que Dieu fait cela pour tous les hommes, quoique presque personne n’y pense, si ce n’est quelque âme choisie, quelque âme sainte. Il faut du moins que j’y pense, que j’en sois reconnaissant...  Je ne demande à Dieu que son amour et sa grâce, et un amour qui ait plus de solidité que d’éclat et de douceur.” [28]

Peu de temps avant son arrestation à Londres, à un frère mineur venu chercher la force et le conseil du Cœur de Jésus, le Père La Colombière déclarait: “Personne ne peut pénétrer les mystères de ce Cœur sans goûter au calice d’amertume où Jésus s’abreuva si pleinement à Gethsémani. Oh! si je pouvais aussi recueillir cette grâce précieuse que vos prêtres anglais sont en train de moissonner dans ce pays des croix.” [29]

5-3-Claude la colombière et le Cœur de Jésus

Pénétrons un peu plus dans l’intimité de Saint Claude la Colombière

Au début, dans ses écrits comme dans ses prédications le Père Claude cite relativement peu le Sacré-Cœur de Jésus. Les révélations étaient beaucoup trop récentes, et inachevées; des hostilités se manifestaient, et la voyante vivait encore. Aussi Claude se montre-t-il relativement prudent. Mais le Cœur de Jésus, c’est “son intérieur”, c’est la manifestation sensible de son amour pour nous, et chaque fois que les circonstances le permettent, le Père Claude ne manque pas, comme nous l’avons vu ci-dessus, de recommander à ses dirigés les pratiques de piété demandées par Jésus à Marguerite-Marie, notamment la réparation et la communion du premier vendredi de chaque mois. Par ailleurs, au Palais Saint James, en Angleterre, un autel de son oratoire privé fut consacré au Sacré-Cœur.

Enfin, le meilleur moyen que Jésus utilisa pour faire connaître son Sacré-Cœur, fut d’inciter Claude La Colombière à rédiger, dès 1677, un Journal de ses retraites.  Cette œuvre, publiée en 1684, deux ans après sa mort, contient le récit de l’apparition de juin 1675 et l’Offrande au Sacré-Cœur de Jésus. Cet ouvrage de six volumes connut une diffusion extraordinaire. Il exprime l’amour de Jésus pour nous et la réponse de Claude pour Dieu, et pour son Fils en particulier.

Ayant longuement médité sur le thème de l’amitié, Claude laisse son cœur parler, et révèle, en quelque sorte, son intimité avec le Cœur de Jésus.

“Jésus, Vous êtes le seul et le véritable ami. Vous prenez part à tous mes maux, vous vous en chargez, vous savez le secret de me les tourner en bien, vous m’écoutez avec bonté lorsque je vous raconte mes afflictions, et vous ne manquez jamais de les adoucir.

Je vous trouve toujours et en tout lieu; vous ne vous éloignez jamais; et si je suis obligé de changer de demeure, je ne laisse pas de vous trouver où je vais. Vous ne vous ennuyez jamais de m’entendre; vous ne vous lassez jamais de me faire du bien. Je suis assuré d’être aimé si je vous aime.

Vous n’avez que faire de mes biens, et vous ne vous appauvrissez point en me communiquant les vôtres. Quelque misérable que je sois, un plus noble, un plus bel esprit, un plus saint même ne m’enlèvera pas votre amitié. Et la mort qui nous arrache à tous les autres amis, me doit réunir avec vous.

Toutes les disgrâces de l’âge ou de la fortune ne peuvent vous détacher de moi; au contraire, je ne jouirai jamais de vous plus pleinement, vous ne serez jamais plus proche que lorsque tout me sera le plus contraire. Vous souffrez mes défauts avec une patience admirable; mes infidélités mêmes, mes ingratitudes ne vous blessent point tellement que vous ne soyiez toujours prêt à revenir, si je veux.”

5-4-La grandeur de Dieu vue par Claude la Colombière

    5-4-1-La grandeur de Dieu

“Dieu est parfait en tout sens... Il est sage, prudent fidèle, bon libéral, beau, doux, ne méprisant rien de tout ce qu’Il a créé, faisant cas de nous, nous gouvernant avec douceur et même avec respect, patient, exempt de tous les mouvements déréglés des passions. Il a tout ce que nous aimons dans les créatures; tout est réuni en Lui, et pour toujours, et d’une manière infiniment plus parfaite. Il n’a aucun des défauts qui nous choquent, qui nous rebutent, qui nous dégoûtent des objets créés. D’où vient donc que nous ne l’aimions pas uniquement?... Dieu est non seulement parfait, mais encore il est la source  de toute perfection. Ce n’est qu’en Lui qu’on peut la trouver.” [30] 

    5-4-2-et sa Miséricorde

En 1674, le Père Claude La Colombière écrit:

“Dans la vue de mes désordres, à la confusion que j’en ai conçue, a succédé une douce pensée que c’était là une grande matière pour exercer la Miséricorde de Dieu, et une espérance très ferme qu’il se glorifiera en me pardonnant.”   

Plus tard, il dira à une religieuse anglaise: [31] 

“Si j’étais à votre place... je dirais à Dieu avec confiance: voici une âme qui est au monde pour exercer votre admirable Miséricorde... Je vous glorifierai en faisant connaître combien Vous êtes bon envers les pécheurs, et que votre Miséricorde est au-dessus de toute malice, que rien n’est capable de l’épuiser, que nulle rechute, quelque honteuse et criminelle qu’elle soit, ne doit porter un pécheur au désespoir du pardon.”  

La Miséricorde est le plus glorieux des attributs de Dieu:

“La Miséricorde et la douceur de la conduite de Dieu paraissent merveilleusement en la manière dont il adoucit l’aîné de l’enfant prodique. Il quitte la compagnie, il sort de la chambre; il écoute ses reproches et, au lieu de le traiter avec hauteur, il veut bien lui rendre raison de sa conduite, il le flatte: “Tu es toujours avec moi...” Il le convainquit par ses propres sentiments...

À quoi est-ce que se fait paraître la Miséricorde de Dieu? À inspirer au pécheur le désir de revenir; car c’est là un effet de la Miséricorde de Dieu... Et qu’est-ce que l’espérance dans un pécheur? C’est la confiance d’un homme que se repent et qui espère que Dieu aura égard à son repentir... La Miséricorde de Dieu nous sauvera. Comment? En nous portant à aimer Dieu et à lui demander pardon... “

Après avoir longuement médité sur la grandeur et la Miséricorde de Dieu, le Père Claude utilise une curieuse comparaison:

“Il me semblait voir un grand roi qui prendrait soin d’une fourmilière. Quand il nous damnerait, qu’il nous anéantirait tous sans autre raison que son bon plaisir, ce serait comme si un homme se divertissait à tuer des mouches et écraser des fourmis. Ce qui me fait revenir de mon étonnement, c’est qu’autant qu’il est grand, autant est-il bon, miséricordieux et bienfaisant. C’est un abîme de grandeur, il est vrai; mais aussi est-il un abîme de miséricorde. Voilà ce qui me ranime à espérer, à oser m’approcher de Lui, pour parler à Lui. Sans cette vue, il me semble que je n’oserais pas même penser à Dieu... Ô Miséricorde de Dieu vraiment infinie! Ô bonté digne d’un Dieu!”

6
Les vertus nécessaires  à l’apôtre du Cœur de Jésus

6-1-La sainteté

En 1674, au cours de son Troisième An, qui est, chez les jésuites, la dernière étape de formation des religieux, le Père La Colombière avait déjà écrit: “Mon Dieu, je veux me faire saint entre vous et moi... La pensée que Dieu m’a fait tout pour lui... me met dans une grande liberté et dans une grande indépendance qui produit un grand repos dans mon cœur et un grand désir de me consumer pour son service.”

Vers la même époque, le Père Claude qui était âgé de 33 ans et n’avait pas encore rencontré Sœur Marguerite-Marie Alacoque, rédigea les lignes suivantes:

“C’est quelque chose de si grand et de si précieux que la sainteté, qu’on ne saurait l’acheter trop chèrement... C’est donc avec l’agrément de mon directeur que je me suis tout de bon donné à Vous, ô mon Dieu! Que vos miséricordes sont grandes envers moi, Dieu de Majesté! Hé! qui suis-je que vous daigniez agréer le sacrifice de mon cœur?... Il sera donc tout à vous... Soyez donc, aimable Jésus, mon père, mon ami, mon maître, mon tout. Puisque vous voulez bien être content de mon cœur, serait-il pas déraisonnable s’il n’était pas content du vôtre.”

“Il faut être saint pour faire des saints... La sanctification d’une âme est une œuvre de grâce, une œuvre de gratuité, aussi bien pour l’âme que Dieu sanctifie que pour l’apôtre par qui Dieu sanctifie cette âme... Un homme qui est appelé à la conversion des hommes a besoin de grandes vertus, et surtout d’une grande humilité et d’une obéissance admirable... Il est vrai, et je le comprends, l’humilité doit être grande dans un homme apostolique, et la crainte de n’en avoir pas assez me tiendra, ce me semble, toute ma vie dans une grande frayeur...  Pour faire beaucoup pour Dieu,  il faut être tout à Lui.

J’ai conçu qu’un apôtre n’est pas appelé à une vie molle ni au repos. il faut suer et fatiguer, ne craindre ni le chaud, ni le froid, ni les jeûnes, ni les veilles. Il faut user sa vie et ses forces en cet emploi. Le pis qui puisse arriver, c’est de mourir en servant Dieu et le prochain.”

Plus tard, il écrivit: “Il est vrai qu’il faut être saint pour faire des saints, et mes défauts, très considérables, me font connaître combien je me suis éloigné de la sainteté. mais faites-moi saint, mon Dieu, et ne m’épargnez pas pour me faire bon; car je veux le devenir quoi qu’il m’en coûte...”  

Et plus tard encore, lorsqu’il sera en Angleterre, prédicateur de son Altesse Royale la duchesse d’York: “Tout ce qui est en moi me porte à travailler au salut et à la sanctification des âmes. Il me semble que je n’aime la vie que pour cela, et que je n’aime la sanctification que dans la vue que c’est un admirable moyen de gagner beaucoup de cœurs à Jésus-Christ. Il me semble que je ne cherche plus que des âmes...”

À la fin de l’été 1680, il se confiait à Sœur Marguerite-Marie:

“Remerciez Dieu, s’il vous plaît, de l’état où il m’a mis. La maladie était pour moi une chose absolument nécessaire; sans cela, je ne sais ce que je serais devenu. Je suis persuadé que c’est une des plus grandes miséricordes que Dieu ait exercées sur moi.”

6-2-L‘humilité

En 1674 Claude écrit:

“J’ai en moi les sources et les semences de tous les vices. Il n’y en a pas un que je ne sois capable de commettre: il n’y a, entre moi et l’abîme de tous les désordres, que la grâce de Dieu qui m’empêche de tomber. Que cela est humiliant!” Il avouera aussi: “J’ai mérité l’Enfer, j’ai crucifié mon Dieu: cela doit me tenir dans l’humilité et nourrir en mon cœur une sainte haine contre moi-même.”

Plus tard, dans son journal spirituel, Claude La Colombière écrira:

“Les personnes vraiment humbles ne se scandalisent de rien, parce que leur faiblesse leur est parfaitement connue: elle se voient elles-mêmes si près du précipice et craignent si fort d’y tomber, qu’elles ne s’étonnent pas que les autres y tombent...” Ou encore: “Un homme humble ne voit que ses défauts; et c’est une marque de peu de vertu de remarquer les imperfections d’autrui... Quand on se connait bien misérable, on ne trouve point mauvais qu’on nous méprise, parce qu’on voit que cela est juste.

Claude La Colombière prend l’exemple de Saint Pierre qui se croyait si fort, avant la Passion: ”Mais le Sauveur, pour rabattre son orgueil, pour l’humilier, lui ayant dit  qu’il le renoncerait trois fois cette même nuit, Pierre lui donna un démenti et ajouta que, quand il faudrait mourir avec lui, il ne le renoncerait pas... Hélas!...” 

En fait, Dieu ne voulait pas simplement le punir, mais prévenir les scandales: “Qui s’étonnera de voir des chutes, après que le premier des apôtres est tombé?” Et Claude de conclure: “Faisons servir nos propres péchés à la pratique des plus excellentes vertus, comme à l’humilité en les confessant, à l’espérance en espérant en Dieu malgré ces sujets de désespoir, en l’aimant d’autant plus qu’il nous a aimés lorsque nous le haïssions... [32] Le souvenir de ce qu’on a été et de ce qu’on peut être, sert beaucoup à nous humilier... La véritable sainteté est toujours accompagnée d’humilité... Le péché donne grand sujet de s’humilier...

Car le Père Claude “a entrevu quelquefois en quoi consistait cet oubli parfait de soi-même et l’état d’une âme qui n’a plus de réserve pour Dieu... Pourtant, dit-il, je me trouve misérable en un point que je ne puis dire... Je demande à Dieu qu’Il me fasse connaître ce que je dois faire pour son service, pour me purifier; mais je suis résolu d’attendre avec douceur qu’il lui plaise faire cette merveille, car je suis bien convaincu que cela n’appartient qu’à Lui seul.”

L’humilité doit se trouver jusque dans la prière:

“Les grâces extraordinaires ne sont point bonnes pour moi... Je demande à Dieu une oraison solide, simple, qui le glorifie, et qui ne m’enfle pas...” 

En effet l’homme qui est appelé à la conversion des hommes a besoin de grandes vertus, et surtout d’une grande humilité et d’une obéissance admirable. Mais l’apôtre n’arrive à l’humilité et à la pureté de son action que par la prière et l’abandon entre les mains de Dieu:

            – “La prière, c’est l’unique moyen de nous purifier, de nous unir à Dieu, et de faire que Dieu s’unisse à nous pour faire quelque chose pour sa gloire. Il faut prier pour obtenir les vertus apostoliques; il faut prier pour les rendre utiles au prochain; il faut prier pour ne pas les perdre au service du prochain... Il est vrai qu’il faut être saint pour faire des saints...”

            – L’abandon à Dieu, Claude la Colombière le vit vraiment dans sa chair, vers la fin de sa vie, alors qu’il est très malade. Parlant de Marguerite-Marie, il écrit: “La personne dont je vous ai communiqué les lettres... me dit que Notre Seigneur lui avait dit que si je me portais bien je le glorifierais par mon zèle, mais qu’étant malade il se glorifiait en moi. 

            – En ce qui concerne la direction des âmes, l’humilité est indispensable: “Je me suis aperçu de la nécessité qu’il y a de marcher avec une grande circonspection et une très grande humilité et défiance de soi en la direction des âmes et en sa propre conduite spirituelle...

L’amour de l’humilité, de l’abjection, de la vie cachée et obscure est un grand remède à tous les maux. On se compare insensiblement et fort ridiculement aux plus grands saints, et l’on fait par des motifs fort impurs ce qu’ils ont fait par le pur mouvement du Saint-Esprit. On veut faire en un jour, et dans soi, et dans les autres, ce qui leur a coûté bien des années. On n’a ni leur prudence, ni leur expérience, ni leurs talents, ni leurs dons surnaturels; en un mot, ils étaient saints, et nous en sommes bien éloignés, et cependant nous sommes si présomptueux que de croire que nous pouvons faire tout ce qu’ils ont fait.”  [33]

            – La Passion de Jésus est également un livre dans lequel on peut puiser beaucoup d’humilité: “J’ai été extrêmement touché de voir Jésus-Christ se soumettre au jugement injuste de Pilate: il prend sa Croix et s’en charge avec une humilité, une douceur et une résignation admirables. Jésus, étant arrivé au haut de la montagne, se laisse dépouiller, s’étend sur cette croix, tend les mains et les pieds pour être percés, et s’offre à son Père avec des sentiments que lui seul est capable de former...

Je regarde avec respect ceux que Dieu visite par des humiliations, des adversités de quelque nature qu’elles soient: ce sont sans doute ses favoris. Pour m’humilier, je n’ai qu’à me comparer à eux tandis que je serai dans la prospérité.”

À sa sœur religieuse visitandine il précisera:

“Il n’y a pas jusqu’à nos péchés dont nous ne puissions tirer avantage pour notre sanctification, par la connaissance qu’ils nous donnent de nous-mêmes et par le renouvellement de ferveur qu’ils doivent nous inspirer.” ”[34] 

Car n’hésite-t-il pas à dire à Catherine Maynaud de Bisefranc: “C’est profiter de ses fautes que de devenir plus humble.”

6-3-L’amour de la Croix

L’amour de la Croix est le premier pas pour être agréable à Dieu.  Claude s’effraie de sa lâcheté:

“Quelle lâcheté!  À la vue du Seigneur, recevoir en grondant une petite mortification qu’il nous présente! Toutes ces pensées ont produit en moi je ne sais quelle force que je n’avais point auparavant, pour essuyer tout ce qui se présentera, et même pour rechercher ce qui ne se présentera pas. Il me semble que cela m’a guéri de je ne sais quelle timidité, de certaine délicatesse qui me faisait appréhender, entre autres choses, les rigueurs de la saison... Louée soit éternellement la bonté infinie de mon Dieu, qui, bien loin de me punir de mes fautes comme je le mériterais, m’y fait trouver au contraire de si grands trésors de grâces!”

À une ursuline du monastère de Paray-le Monial il conseille:

“Croyez-moi, ma chère sœur, ce n’est ni la retraite, ni les longs entretiens avec Dieu qui font les saints: c’est le sacrifice de notre volonté propre, dans les choses même les plus saintes, et une attache inséparable à la volonté de Dieu, laquelle nous est déclarée par nos supérieurs... Il n’y a point de véritable vertu sans la simplicité et l’humilité: la simplicité nous fait oublier nos propres lumières, et l’humilité nous persuade que tout le monde en a plus que nous. Une personne vraiment humble ne voit en soi que ses défauts et n’aperçoit point ceux d’autrui... “  [35]

À une visitandine de Paray-le-Monial:

“N’êtes-vous pas bienheureuse d’être dans le même état où se trouva Jésus-Christ au Jardin des Olives?... Chargez-vous, pour l’amour de Dieu, de tous les désordres qui se commettent présentement dans tout le monde, et, pour les expier, ne vous contentez pas d’accepter toutes les peines intérieures que vous souffrez, offrez-vous à en sentir encore de plus cruelles.”

À Catherine Mayneaud de Bisefranc:[36] “Il faut aimer tout seul, de tout votre cœur, et être prête à vous contenter de sa croix pour toute marque de son amour.”

Enfin, à un jésuite inconnu: “C’est un grand bien de ne posséder plus que Dieu et d’être privé de tous les plaisirs qu’on peut goûter hors de Lui, qu’on doit compter parmi nos avantages toutes les pertes qui nous mettent en cet état.” [37]

6-4-Le pardon des offenses

Claude prêche: “Après que nous avons offensé Dieu, Jésus-christ s’est mis entre son Père et nous, pour arrêter sa colère. Dieu l’a considéré, il nous a pardonnés. Le même Jésus-Christ se met entre notre ennemi et nous; et nous lui passons sur le ventre, nous le perçons pour percer celui qui nous a offensés!”

Il écrit aussi à une ursuline: “Un cœur rempli de l’amour de Dieu a bien d’autres occupations (que de juger les actions du prochain): il ne songe plus qu’à souffrir pour ce qu’il aime et il aime tous ceux qui lui donnent occasion de souffrir pour le Bien-Aimé.” [38] 

6-5-La foi

“C’est un article de foi que tout chrétien peut devenir bon et que tous les bons chrétiens seront sauvés... C’est un article de foi que Dieu veut nous sauver tous et que nous pouvons tous nous sauver si nous le voulons. “

C’est là un argument puissant contre la doctrine de la prédestination prêchée par les jansénistes.

6-6-L’abandon entre les mains de Marie

“Le jour de la Conception Immaculée de la Sainte Vierge, j’ai résolu de m’abandonner tellement à Dieu, qui est toujours en moi et en qui je suis et je vis, que je ne me mette nullement en peine de ma conduite, non seulement extérieure mais même intérieure, reposant doucement entre ses bras, sans craindre ni tentation, ni illusion, ni prospérité, ni adversité, ni mes mauvaises inclinations, ni mes fautes mêmes, espérant qu’Il conduira tout par sa bonté et sa sagesse infinie, de telle sorte que tout réussira à sa gloire; de ne vouloir, ni être aimé ni être soutenu de personne, voulant avoir en lui mon père, et ma mère, et mes frères et mes amis, et tout ce qui pourrait avoir pour moi quelque sentiment de tendresse.

Il me semble qu’on est bien à son aise dans un asile si sûr et si doux, et que je n’y dois craindre ni les hommes, ni les démons, ni moi-même, ni la vie, ni la mort...” [39] 

6-7-Le détachement de tout ce qui est créé

À sa sœur religieuse visitandine, Claude écrit:

“Votre bonheur croîtra à mesure que vous détacherez votre cœur  de toutes les choses du monde pour le lui consacrer tout entier.“ [40] 

6-8-La charité

À la Mère de Saumaise: “Vous savez qu’il faut avoir le cœur bien plein d’amour, afin qu’il se répande sur ceux à qui on parle, et que les péchés de l’homme sont de grands obstacles aux desseins de Dieu qui s’en veut servir.” [41]

6-9-Enfin, en guise de conclusion, voici quelques avis  destinés à ceux qui doivent vivre dans le monde

“La dissipation extérieure n’empêche point la solitude du cœur quand l’esprit est calme, qu’il remet tout entre les mains de Dieu et qu’on fait avec humilité et résignation tout ce qu’on fait pour le monde; quand on croit que rien n’arrive que par la permission de Dieu; qu’on obéit aux hommes comme à Dieu même, et que l’on se persuade que leurs paroles, leurs actions, leur humeur, leur conduite, leurs fautes, que tout cela, dis-je, en général et en particulier, est ordonné par la volonté de Dieu, qui sait très bien que cela doit nous arriver et qui le veut pour notre bien et pour sa gloire.”


[1] “Écrits spirituels””de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin et “Saint Claude LA COLOMBIERE”  de Georges GUITTON

[2] Probablement en 1674

[3] “Lettres” de Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin  page 144

[4] “Lettres” de Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin  pages 150 à 154

[5] “Lettres” de Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin  pages 150 et 151

[6] “Lettres” de Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin  pages 152 et153

[7] “Lettres” de Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin  page 125

[8] “Saint Claude LA COLOMBIERE”  de Georges GUITTON, pages 90 et 91

[9]   “Lettres” de Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin  page 154

[10] “Lettres” de Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin  page 166

[11] “Lettres” de Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin  page 140

[12] “Lettres” de Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin  page 141

[13]  Lettres” de Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin  page 144

[14] “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , page 194

[15] “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , page 196

[16] “Saint Claude La Colombière”  de Georges GUITTON, page 151

[17] “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , pages 184 à 187

[18] “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , pages 260 à 263

[19] “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , page 199

[20]  “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , page 242

[21] “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , pages 203 à 205

[22]  Saint Claude la Colombière avait alors trente trois ans et ne connaissait pas encore Sœur Marguerite-Marie Alacoque

[23] “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , page 89

[24] “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , page 114

[25] “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , page 164

[26] “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , page 349

[27] “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , page 357 et 360

[28] “Écrits spirituels”  de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin ,  pages 124 à 127

[29] “Saint Claude LA COLOMBIERE”  de Georges GUITTON, page  148

[30] “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , pages 153 et 154

[31] “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , pages 272

[32]  “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , pages 247 à 251

[33] “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , page 169

[34] “Lettres” de Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin 

[35] “Lettres” de Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin 

[36] “Lettres” de Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin  page 146

[37] “Lettres” de Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin  page 137

[38] “Lettres” de Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin 

[39]  “Écrits spirituels” de Claude La Colombière,  édités par Desclée de Brouwer Bellarmin , page 139

[40]  “Lettresde Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin 

[41]  “Lettresde Claude la Colombière publiées par Desclée de Brouwer - Bellarmin.