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SUR L'EDUCATION CHRETIENNE
L'extrême importance de l'éducation
dans la vie de l'homme et son influence toujours croissante sur le
développement de la société moderne sont pour le Concile œcuménique
l'objet d'une réflexion attentive
.
En vérité, les conditions d'existence d'aujourd'hui rendent à la fois
plus aisées et plus urgentes la formation des jeunes ainsi que
l'éducation permanente des adultes. Les hommes, en effet, dans une
conscience plus aiguë de leur dignité et de leur responsabilité,
souhaitent participer chaque jour plus activement à la vie sociale,
surtout à la vie économique et politique
.
Les merveilleux progrès de la technique et de la recherche scientifique,
les nouveaux moyens de communication sociale, leur donnent la
possibilité dans le moment où ils jouissent de loisirs accrus, d'accéder
plus aisément au patrimoine culturel et spirituel de l'humanité, et de
s'enrichir mutuellement grâce aux relations plus étroites qui existent
entre les groupes et entre les peuples eux-mêmes.
Aussi s'efforce-t-on partout de
favoriser toujours plus l'éducation ; les droits primordiaux de l'homme
à l'éducation, spécialement ceux des enfants et des parents, sont
reconnus et les documents officiels en font état
.
Devant la croissance rapide du nombre des élèves, on multiplie de toute
part et on perfectionne les écoles, on crée d'autres institutions
éducatives. Des expériences nouvelles développent les méthodes
d'éducation et d'enseignement. Des efforts de grande valeur sont
accomplis pour procurer ces biens à tous les hommes, quoiqu'un grand
nombre d'enfants et de jeunes ne reçoivent même pas encore une
instruction élémentaire et que tant d'autres soient privés de
l'éducation véritable qui développe à la fois la vérité et la charité.
Mais, pour s'acquitter de la
mission que lui a confiée le Seigneur qui l'a fondée, d'annoncer à tous
les hommes le mystère du salut et de tout édifier dans le Christ, notre
sainte Mère l'Église doit prendre soin de la totalité de la vie de
l'homme y compris de ses préoccupations terrestres, dans la mesure où
elles sont liées à sa vocation surnaturelle
.
Elle a donc un rôle à jouer dans le progrès et le développement de
l'éducation. C'est pourquoi le Concile proclame certains principes
fondamentaux de l'éducation chrétienne, spécialement en ce qui touche la
vie scolaire. Une commission spéciale devra, après le Concile, les
développer plus en détail. Les Conférences épiscopales auront à en faire
l'application en tenant compte des circonstances locales.
1
Tous les hommes de n'importe quelle
race, âge ou condition, possèdent, en tant qu'ils jouissent de la
dignité de personne, un droit inaliénable à une éducation
qui réponde à leur vocation propre
,
soit conforme à leur tempérament, à la différence des sexes, à la
culture et aux traditions nationales, en même temps qu'ouverte aux
échanges fraternels avec les autres peuples pour favoriser l'unité
véritable et la paix dans le monde. Le but que poursuit la véritable
éducation est de former la personne humaine dans la perspective de sa
fin la plus haute et du bien des groupes dont l'homme est membre et au
service desquels s'exercera son activité d'adulte.
Il faut donc, en tenant compte du
progrès des sciences psychologique, pédagogique et didactique, aider les
enfants et les jeunes gens à développer harmonieusement leurs aptitudes
physiques, morales, intellectuelles, à acquérir graduellement un sens
plus aigu de leur responsabilité, dans l'effort soutenu pour bien
conduire leur vie personnelle et la conquête de la vraie liberté, en
surmontant courageusement et généreusement tous les obstacles. Qu'ils
bénéficient d'une éducation sexuelle à la fois positive et prudente au
fur et à mesure qu'ils grandissent. De plus, qu'ils soient formés à la
vie sociale de telle sorte que, convenablement initiés aux techniques
appropriées et indispensables, ils deviennent capables de s'insérer
activement dans les groupes qui constituent la communauté humaine, de
s'ouvrir au dialogue avec autre et d'apporter de bon coeur leur
contribution à la réalisation du bien commun.
De même, le Concile proclame le
droit pour les enfants et les jeunes gens d'être incités à apprécier
sainement les valeurs morales avec une conscience droite et à les
embrasser dans une adhésion personnelle, et, tout autant, à connaître et
aimer Dieu plus parfaitement. Aussi, demande-t-il instamment à tous ceux
qui gouvernent les peuples ou dirigent l'éducation de faire en sorte que
jamais la jeunesse ne soit privée de ce droit sacré. Il exhorte les fils
de l'Église à travailler généreusement dans tous les secteurs de
l'éducation, spécialement pour hâter la diffusion des bienfaits d'une
éducation et d'une instruction convenables, pour tous, dans le monde
entier
.
2
Devenus créatures nouvelles, en
renaissant de l'eau et de l'Esprit-Saint
,
appelés enfants de Dieu et l'étant en vérité, tous les chrétiens ont
droit à une éducation chrétienne. Celle-ci ne vise pas seulement à
assurer la maturité ci-dessus décrite de la personne humaine, mais
principalement à ce que les baptisés, introduits pas à pas dans la
connaissance du mystère du salut, deviennent chaque jour plus conscients
de ce don de la foi qu'ils ont reçu, apprennent à adorer Dieu le Père en
esprit et en vérité Jn 4,23 avant tout dans l'action liturgique,
soient transformés de façon à mener leur vie personnelle selon l'homme
nouveau dans la justice et la sainteté de la vérité Ep 4,22-24 et
qu'ainsi constituant cet homme parfait, dans la force de l'âge, qui
réalise la plénitude du Christ Ep 4,13, ils apportent leur
contribution à la croissance du Corps mystique. Qu'en outre, conscients
de leur vocation, ils prennent l'habitude aussi bien de rendre
témoignage à l'espérance qui est en eux 1P 3,15 que d'aider à la
transformation chrétienne du monde, par quoi les valeurs naturelles,
reprises et intégrées dans la perspective totale de l'homme racheté par
le Christ, contribuent au bien de toute la société
.
C'est pourquoi, le Concile rappelle aux pasteurs des âmes le grave
devoir qui est le leur de tout faire pour que tous les fidèles
bénéficient de cette éducation chrétienne, surtout les jeunes qui sont
l'espérance de l'Église
.
3
Les parents, parce qu'ils ont donné
la vie à leurs enfants, ont la très grave obligation de les élever et, à
ce titre, doivent être reconnus comme leurs premiers et principaux
éducateurs
.
Le rôle éducatif des parents est d'une telle importance que, en cas de
défaillance de leur part, il peut difficilement être suppléé. C'est aux
parents, en effet, de créer une atmosphère familiale, animée par l'amour
et le respect envers Dieu et les hommes, telle qu'elle favorise
l'éducation totale, personnelle et sociale, de leurs enfants. La famille
est donc la première école des vertus sociales nécessaires à toute
société. Mais c'est surtout dans la famille chrétienne, riche des grâces
et des exigences du sacrement de mariage, que dès leur plus jeune âge
les enfants doivent, conformément à la foi reçue au baptême, apprendre à
découvrir Dieu et à l'honorer ainsi qu'à aimer le prochain . c'est là
qu'ils font la première expérience de l'Église et de l'authentique vie
humaine en société ; c'est par la famille qu'ils sont peu à peu
introduits dans la communauté des hommes et dans le peuple de Dieu. Que
les parents mesurent donc bien l'importance d'une famille vraiment
chrétienne dans la vie et le progrès du peuple de Dieu lui-même
.
La tâche de dispenser l'éducation
qui revient en premier lieu à la famille, requiert l'aide de toute la
société. Outre les droits des parents et de ceux des éducateurs à qui
ils confient une partie de leur tâche, des responsabilités et des droits
précis reviennent à la société civile en tant qu'il lui appartient
d'organiser ce qui est nécessaire au bien commun temporel. Elle a, entre
autres tâches, à promouvoir l'éducation de la jeunesse de multiples
manières. Elle garantit les devoirs et les droits des parents et des
autres personnes qui jouent un rôle dans l'éducation ; elle leur fournit
son aide dans ce but. Selon le principe de subsidiarité, en cas de
défaillance des parents ou à défaut d'initiatives d'autres groupements,
c'est à la société civile, compte tenu cependant des désirs des parents,
d'assurer l'éducation. En outre, dans la mesure où le bien commun le
demande, elle fonde ses écoles et institutions éducatives propres
.
Les tâches éducatives concernent
enfin, à un titre tout particulier, l'Église : non seulement parce que,
déjà, en tant que société également humaine, il faut lui reconnaître une
compétence dans le domaine de l'éducation, mais surtout parce qu'elle a
pour fonction d'annoncer aux hommes la voie du salut, de communiquer aux
croyants la vie du Christ et de les aider par une attention constante à
atteindre le plein épanouissement de cette vie du Christ
.
A ses enfants, l'Église est donc tenue, comme Mère, d'assurer
l'éducation qui inspirera toute leur vie de l'esprit du Christ ; en même
temps elle s'offre à travailler avec tous les hommes pour promouvoir la
personne humaine dans sa perfection, ainsi que pour assurer le bien de
la société terrestre et la construction d'un monde toujours plus humain
.
· Moyens
variés au service de l'éducation chrétienne
4
Dans l'accomplissement de sa
mission éducative, l'Église, soucieuse d'utiliser tous les moyens
appropriés, se préoccupe en particulier de ceux qui lui sont propres. Le
premier est la formation catéchétique
qui éclaire et fortifie la foi, nourrit la vie selon l'esprit du Christ,
achemine à la participation active et consciente au mystère liturgique
et incite à l'action apostolique. Mais l'Église fait grand cas des
autres moyens éducatifs qui appartiennent au patrimoine commun de
l'humanité et peuvent beaucoup pour cultiver les esprits et former les
hommes ; elle s'efforce de les pénétrer de son esprit et les porter à un
niveau supérieur. Ce sont notamment les moyens de communication sociale
,
les multiples organismes qui ont pour objet le développement du corps et
de l'esprit, les mouvements de jeunesse et surtout les écoles.
5
Entre tous les moyens d'éducation,
l'école revêt une importance particulière ;
elle est spécialement, en vertu de sa mission, le lieu de développement
assidu des facultés intellectuelles ; en même temps elle exerce le
jugement, elle introduit au patrimoine culturel hérité des générations
passées, elle promeut le sens des valeurs, elle prépare à la vie
professionnelle, elle fait naître entre les élèves de caractère et
d'origine sociale différents un esprit de camaraderie qui forme à la
compréhension mutuelle. De plus, elle constitue comme un centre où se
rencontrent pour partager les responsabilités de son fonctionnement et
de son progrès, familles, maîtres, groupements de tous genres créés pour
le développement de la vie culturelle, civique et religieuse, la société
civile et enfin, toute la communauté humaine.
C'est une belle mais lourde
location, celle de tous ceux qui, pour aider les parents dans
l'accomplissement de leur devoir et représenter la communauté humaine,
assument la charge de l'éducation dans les écoles. Cette vocation
requiert des qualités toutes spéciales d'esprit et de coeur, la
préparation la plus soignée et une aptitude continuelle à se renouveler
et à s'adapter.
6
Les droit et devoir, premiers et
inaliénables, d'éduquer leurs enfants reviennent aux parents. Ils
doivent donc jouir d'une liberté véritable dans le choix de l'école. Les
pouvoirs publics, dont le rôle est de protéger et de défendre les
libertés des citoyens, doivent veiller à la justice distributive en
répartissant l'aide des fonds publics de telle sorte que les parents
puissent jouir d'une authentique liberté dans le choix de l'école de
leurs enfants selon leur conscience
.
C'est encore le rôle de l'État de
veiller à ce que tous les citoyens parviennent à participer
véritablement à la culture et soient préparés comme il se doit à
l'exercice des devoirs et des droits du citoyen. L'État doit donc
garantir le droit des enfants à une éducation scolaire adéquate, veiller
à la capacité des maîtres au niveau des études, ainsi qu'à la santé des
élèves, et d'une façon générale développer l'ensemble du système
scolaire sans perdre de vue le principe de subsidiarité, donc, en
excluant n'importe quel monopole scolaire. Tout monopole de ce genre
est, en effet, opposé aux droits innés de la personne humaine, au
progrès et à la diffusion de la culture elle-même, à la concorde entre
les citoyens, enfin au pluralisme qui est aujourd'hui la règle dans un
grand nombre de sociétés
.
Le Concile exhorte donc les
chrétiens, qu'il s'agisse de découvrir des méthodes pédagogiques et une
meilleure organisation des études, ou bien de former des maîtres
capables d'éduquer convenablement les jeunes, à offrir spontanément leur
concours et, surtout par les associations de parents, à suivre et à
soutenir tout le travail de l'école, en particulier, l'éducation morale
qui doit y être donnée
.
7
En outre, dans la conscience
qu'elle a du très grave devoir de veiller assidûment à l'éducation
morale et religieuse de tous ses enfants, l'Église se doit d'être
présente, avec une affection et une aide toute particulière, aux très
nombreux enfants qui ne sont pas élevés dans les écoles catholiques.
Elle assure cette présence à la fois par le témoignage de vie de leurs
professeurs et directeurs, l'action apostolique de leurs camarades
et surtout par le ministère des prêtres et des laïcs qui leur
transmettent la doctrine du salut avec des méthodes adaptées à leur âge
et aux circonstances, et les aident spirituellement par toutes sortes
d'initiatives, suivant les circonstances de temps et de lieu.
Mais aux parents, elle rappelle le
grave devoir qui leur incombe de faire en sorte, au besoin d'exiger, que
leurs enfants puissent bénéficier de ces secours et progresser dans leur
formation chrétienne au rythme de leur formation profane. Aussi,
l'Église félicite-t-elle les autorités et les sociétés civiles qui,
compte tenu du caractère pluraliste de la société moderne, soucieuses du
droit à la liberté religieuse, aident les familles à assurer à leurs
enfants dans toutes les écoles une éducation conforme à leurs propres
principes moraux et religieux
.
8
La présence de l'Église dans le
domaine scolaire se manifeste à un titre particulier par l'école
catholique. Tout autant que les autres écoles, celle-ci poursuit des
fins culturelles et la formation humaine des jeunes. Ce qui lui
appartient en propre, c'est de créer pour la communauté scolaire une
atmosphère animée d'un esprit évangélique de liberté et de charité,
d'aider les adolescents à développer leur personnalité en faisant en
même temps croître cette créature nouvelle qu'ils sont devenus par le
baptême et finalement d'ordonner toute la culture humaine à l'annonce du
salut de telle sorte que la connaissance graduelle que les élèves
acquièrent du monde, de la vie et de l'homme, soit illuminée par la foi
.
C'est ainsi que l'école catholique, en s'ouvrant comme il convient au
progrès du monde moderne, forme les élèves à travailler efficacement au
bien de la cité terrestre. En même temps, elle les prépare à travailler
à l'extension du royaume de Dieu de sorte qu'en s'exerçant à une vie
exemplaire et apostolique, ils deviennent comme un ferment de salut pour
l'humanité.
L'école catholique revêt une
importance considérable dans les circonstances où nous sommes,
puisqu'elle peut être tellement utile à l'accomplissement de la mission
du peuple de Dieu et servir au dialogue entre l'Église et la communauté
des hommes, à l'avantage de l'une et de l'autre. Aussi, le Concile
proclame-t-il à nouveau le droit de l'Église, déjà affirmé dans maint
document du magistère
,
de fonder et de diriger des écoles de tous ordres et de tous degrés. Il
rappelle que l'exercice de ce droit importe au premier chef à la liberté
de conscience, à la garantie des droits des parents ainsi qu'au progrès
de la culture elle-même.
Mais que les maîtres ne l'oublient
pas : c'est d'eux avant tout qu'il dépend que l'école catholique soit en
mesure de réaliser ses buts et ses desseins
.
Qu'on les prépare donc avec une sollicitude toute particulière à
acquérir les connaissances tant profanes que religieuses qui soient
sanctionnées par des diplômes appropriés ainsi qu'un savoir-faire
pédagogique en accord avec les découvertes modernes. Que la charité les
unisse entre eux et avec leurs élèves, qu'ils soient tout pénétrés
d'esprit apostolique pour rendre témoignage, par leur vie autant que par
leur enseignement, au Maître unique, le Christ. Qu'ils travaillent en
collaboration, surtout avec les parents ; qu'en union avec ceux-ci, ils
sachent tenir compte dans toute l'éducation de la différence des sexes
et de la vocation particulière attribuée à l'homme et à la femme, par la
Providence divine, dans la famille et la société. Qu'ils s'appliquent à
éveiller l'agir personnel des élèves et, après que ceux-ci auront
terminé leurs études, qu'ils continuent à rester proches d'eux par leurs
conseils et leur amitié, ainsi que par des associations spécialisées,
toutes pénétrées du véritable esprit de l'Église. La fonction
enseignante ainsi conçue, le Concile le déclare, est un apostolat au
sens propre du mot, tout à fait adapté en même temps que nécessaire à
notre époque ; c'est aussi un authentique service rendu à la société. Le
Concile rappelle aux parents catholiques le devoir de confier leurs
enfants, où et quand ils le peuvent, à des écoles catholiques, le devoir
de soutenir celles-ci selon leurs ressources et de collaborer avec elles
pour le bien de leurs enfants
.
9
Que toutes les écoles qui, d'une
façon ou d'une autre, dépendent de l'Église, se rapprochent de leur
mieux de cet état bien que, en fonction des circonstances locales, elles
puissent revêtir des formes diverses
.
Les écoles qui, spécialement dans les territoires des jeunes églises,
accueillent même les élèves non catholiques, sont assurément très chères
à l'Église.
Dans la fondation et l'organisation
des écoles catholiques, il faut d'ailleurs avoir égard aux nécessités de
l'évolution de notre temps. Aussi, tout en continuant à s'intéresser aux
écoles primaires et aux C.E.S. qui constituent la base de l'éducation,
on doit se préoccuper de celles qui réclament à un titre particulier les
circonstances actuelles. Telles sont les écoles techniques et
professionnelles
,
les instituts pour l'alphabétisation des adultes ainsi que, avec
l'accroissement de l'aide sociale, les établissements spécialisés pour
l'enfance inadaptée., les écoles normales qui préparent les maîtres à
donner l'instruction religieuse ou d'autres formes d'éducation.
Ce Concile invite avec force les
pasteurs et tous les fidèles à n'épargner aucun sacrifice pour aider les
écoles catholiques à remplir chaque jour plus fidèlement leur tâche et
d'abord à répondre aux besoins de ceux qui sont dépourvus de ressources
financières ou privés de l'affection et du soutien d'une famille ou
encore de ceux qui sont étrangers à la foi.
10
Quant aux écoles supérieures et
surtout aux universités et facultés, l'Église les entoure d'un soin
vigilant. Bien plus, dans celles qui dépendent de son autorité, elle
entend que, par une organisation rationnelle, on travaille dans chaque
discipline selon les principes et la méthode particuliers à celle-ci et
avec la liberté propre à la recherche scientifique, de manière à en
acquérir progressivement une plus profonde maîtrise. Les problèmes
nouveaux et les recherches suscitées par le progrès du monde moderne
seront étudiés très soigneusement. On saisira plus profondément comment
la foi et la raison s'unissent pour atteindre l'unique vérité. Ce
faisant, on ne fera que suivre la voie ouverte par les docteurs de
l'Église et spécialement par saint Thomas
.
De la sorte, se réalisera comme une présence publique, durable et
universelle, de la pensée chrétienne dans tout l'effort intellectuel
vers la plus haute culture ; et les étudiants de ces instituts seront
formés à devenir des hommes éminents par leur science, prêts à assumer
les plus lourdes tâches dans la société, en même temps que témoins de la
foi dans le monde
.
Dans les universités catholiques
qui sont dépourvues de faculté de théologie, il y aura un institut ou
une chaire de théologie où l'on dispensera un enseignement adapté
également aux étudiants laïcs. Comme les sciences progressent surtout
grâce à des recherches spécialisées d'une plus grande portée
scientifique, que les universités et facultés catholiques entretiennent
très largement des instituts dont le but premier soit de promouvoir la
recherche scientifique.
Le Concile recommande instamment de
développer des universités et facultés catholiques opportunément
réparties dans les différentes parties du monde ; qu'elles brillent
moins par leur nombre que par la valeur de leur enseignement ; et que
l'accès en soit facilité aux étudiants qui donnent davantage
d'espérances, même s'ils sont de condition modeste, surtout s'ils sont
originaires des jeunes nations.
Puisque le sort de la société et de
l'Église elle-même est étroitement lié aux progrès des jeunes qui
poursuivent des études supérieures
,
les pasteurs de l'Église ne doivent pas seulement prendre soin sans
réserves de la vie spirituelle des étudiants des universités
catholiques, mais, soucieux de la formation spirituelle de tous leurs
fils, ils se préoccuperont, toutes consultations prises entre évêques,
de fonder aussi auprès des universités non catholiques, des foyers et
des centres universitaires catholiques où des prêtres, des religieux et
des laïcs, spécialement choisis et préparés, offrent en permanence à la
jeunesse universitaire une assistance spirituelle et intellectuelle. Les
jeunes gens les plus doués des universités catholiques ou des autres
universités, s'ils montrent des aptitudes pour l'enseignement et la
recherche, seront aidés avec une attention spéciale. On les incitera à
devenir professeurs.
11
L'Église attend énormément de
l'activité des facultés de sciences sacrées
.
C'est à elles, en effet, qu'elle confie la charge de préparer leurs
propres élèves, non seulement au ministère sacerdotal, mais surtout à
l'enseignement dans les chaires d'études supérieures ecclésiastiques ou
encore au travail personnel de la recherche scientifique ou enfin aux
tâches les plus exigeantes de l'apostolat intellectuel. C'est également
le rôle de ces facultés d'étudier les domaines des différentes sciences
sacrées afin d'acquérir une intelligence chaque jour plus pénétrante de
la révélation sacrée, d'ouvrir plus largement l'accès au patrimoine de
sagesse chrétienne légué par nos aînés, de promouvoir le dialogue avec
nos frères séparés et avec les non-chrétiens, et de fournir enfin une
réponse adéquate aux questions posées par le progrès des sciences
.
C'est pourquoi les facultés
ecclésiastiques réviseront opportunément leurs constitutions et
développeront intensément les sciences sacrées et celles qui leurs sont
connexes ; en utilisant les méthodes et les moyens les plus modernes,
elles formeront leurs étudiants aux recherches plus poussées.
12
La coopération, chaque jour plus
nécessaire et plus effective au plan des diocèses, des nations et entre
les nations, ne s'impose pas moins dans le domaine scolaire. Aussi
doit-on mettre tous ses soins à établir au mieux cette coordination
entre les écoles catholiques et à développer entre elles et les autres
écoles la collaboration que requiert le bien commun de l'humanité tout
entière
.
Cette coordination plus poussée et
cette mise en commun des efforts procureront, surtout au niveau des
instituts supérieurs, des fruits plus abondants. Que dans toutes les
universités les diverses facultés s'entraident donc autant que le permet
leur spécialité ; bien plus que les universités elles-mêmes s'entendent
mutuellement pour unir leurs activités en organisant ensemble des
congrès internationaux, en se répartissant les secteurs de la recherche
scientifique, en se communiquant leurs découvertes, en échangeant pour
quelques temps leurs professeurs, en développant enfin tout ce qui peut
favoriser une collaboration accrue.
Le Concile exhorte instamment les
jeunes à prendre conscience de la valeur éminente de la fonction
enseignante et à être prêts à l'assumer avec courage et générosité
surtout dans les régions où le manque de maîtres met en péril
l'éducation de la jeunesse.
Le Concile exprime sa profonde
gratitude envers les prêtres, religieux, religieuses et laïcs qui, en
esprit de renoncement évangélique, s'adonnent à l'oeuvre excellente
entre toutes de l'éducation et de l'enseignement dans les écoles de tous
les genres et de tous les niveaux ; il les encourage à persévérer
généreusement dans la tâche entreprise et à s'efforcer d'exceller par
leur souci d'inspirer aux élèves l'esprit du Christ, par leur valeur
pédagogique et par l'étude des sciences, de sorte qu'ils aident non
seulement l'Église à se renouveler de l'intérieur mais qu'ils
accroissent et servent sa présence bienfaisante au monde d'aujourd'hui,
plus spécialement dans le domaine de la culture.
Tout l'ensemble et chacun des
points qui ont été édictés dans cette déclaration ont plu aux Pères du
Concile. Et nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du
Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons,
arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui
a été ainsi établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu.
Rome, à Saint-Pierre, le 28 Octobre
1965. MOI, PAUL, évêque de l'Église catholique.
(Suivent les signatures des
Pères)
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