

TABLE
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Avec quel respect il faut recevoir
Jésus
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Combien Dieu manifeste à l'homme sa
bonté et son amour dans le Sacrement de l'Eucharistie
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Qu'il est utile de communier souvent
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Que Dieu répand des grâces abondantes
en ceux qui communient dignement
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De l'excellence du Sacrement de
l'Autel, et de la dignité du Sacerdoce
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Prière du chrétien avant la Communion
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De l'examen de conscience, et de la
résolution de se corriger
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De l'oblation de Jésus-Christ sur la
Croix et de la résignation de soi-même
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Que nous devons nous offrir à Dieu
avec tout ce qui est à nous, et prier pour tous
-
Qu'on ne doit pas facilement
s'éloigner de la sainte Communion
-
Que le Corps de Jésus-Christ et
l'Ecriture sainte sont très nécessaires à l'âme fidèle
-
Qu'on doit se préparer avec un grand
soin à la sainte Communion
-
Que le fidèle doit désirer de tout son
coeur de s'unir à Jésus-Christ dans la Communion
-
Du désir ardent que quelques âmes
saintes ont de recevoir le Corps de Jésus-Christ
-
Que la grâce de la dévotion s'acquiert
par l'humilité et l'abnégation de soi-même
-
Qu'il faut dans la Communion, exposer
ses besoins à Jésus-Christ, et lui demander sa grâce
-
Du désir ardent de recevoir
Jésus-Christ
-
Qu'on ne doit pas chercher à pénétrer
le mystère de l'Eucharistie, mais qu'il faut soumettre ses sens à la
foi.
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Du
sacrement de l'Eucharistie
Voix de Jésus-Christ
Venez à moi, vous tous qui
êtes épuisés de travail, et qui êtes chargés, et je vous soulagerai.
Le pain que je donnerai c'est ma chair, que je donnerai pour la
vie du monde.
Prenez et mangez, ceci est mon corps qui sera livré pour vous.
Faites ceci en mémoire de moi.
Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et
moi en lui.
Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie.
Voix du
disciple
-
Le fidèle: Ce sont là vos paroles, ô
Jésus ! vérité éternelle ! quoiqu'elles n'aient pas été dites dans
le même temps et qu'elles ne soient pas écrites dans le même lieu.
Et puisqu'elles viennent de vous et qu'elles sont véritables, je
dois les recevoir toutes avec une foi pleine de reconnaissance.
Elles sont de vous car c'est vous qui les avez dites; mais elles
sont aussi à moi parce que vous les avez dites pour mon salut.
Je les reçois avec joie de votre bouche, afin qu'elles se gravent
profondément dans mon coeur.
Ces paroles pleines de tant de bonté, de tendresse et d'amour,
m'animent; mais la pensée de mes crimes m'effraye et ma conscience
impure m'éloigne d'un mystère si saint.
La douceur de vos paroles m'attire, mais le poids de mes péchés me
retient.
-
Vous m'ordonnez d'aller à vous avec
confiance, si je veux avoir part avec vous, et de me nourrir du pain
de l'immortalité, si je veux obtenir la vie et la gloire éternelle.
Venez, dites-vous, venez à moi, vous tous qui souffrez et
qui êtes oppressés, et je vous ranimerai.
Ô douce et aimable parole à l'oreille d'un pécheur ! vous invitez,
Seigneur mon Dieu, le pauvre et l'indigent à la participation de
votre corps sacré.
Mais qui suis-je, Seigneur, pour oser m'approcher de vous ?
Voilà que les cieux ne peuvent vous contenir, et vous dites:
Venez tous à moi.
-
D'où vient cette miséricordieuse
condescendance, une si tendre invitation ?
Comment oserai-je aller à vous, moi qui ne sens en moi-même aucun
bien qui puisse me donner quelque confiance ?
Comment vous recevrai-je en ma maison, moi qui ai si souvent outragé
votre bonté ?
Les anges et les archanges vous adorent en tremblant, les saints et
les justes sont saisis de frayeur; et vous dites: Venez tous à
moi !
Si ce n'était vous qui le dites, Seigneur, qui pourrait le croire ?
Et si vous n'ordonniez vous-même d'approcher de vous, qui en aurait
l'audace ?
-
Noé, cet homme juste, travailla cent
ans à construire l'arche, pour se sauver avec peu de personnes; et
moi, comment pourrai-je en une heure me préparer à recevoir
dignement le Créateur du monde ?
Moïse, le plus grand de vos serviteurs, pour qui vous étiez comme un
ami, fit une arche de bois incorruptible, qu'il revêtit d'un or très
pur, afin d'y déposer les tables de la loi; et moi, vile créature,
j'oserais recevoir si facilement le fondateur de la loi et l'auteur
de la vie !
Salomon, le plus sage des rois d'Israël, employa sept ans à élever
un temple magnifique à la gloire de votre nom; il célébra pendant
huit jours la fête de sa dédicace; il offrit mille hosties
pacifiques et, au son des trompettes, au milieu des cris de joie, il
plaça solennellement l'arche d'alliance dans le lieu qui lui était
préparé.
Et moi, misérable que je suis et le plus pauvre des hommes, comment
vous introduirai-je dans ma maison, moi qui sais à peine employer
pieusement une demi-heure ? Et plût à Dieu que j'eusse une seule
fois employé dignement un moindre temps encore !
-
Ô mon Dieu ! que n'ont point fait ces
saints hommes pour vous plaire, et combien, hélas ! ce que je fais
est peu ! combien est court le temps que je consacre à me préparer à
la communion !
Rarement suis-je bien recueilli, plus rarement suis-je libre de
toute distraction.
Et certes, en votre divine et salutaire présence, nulle pensée
profane ne devrait s'offrir à mon esprit, nulle créature ne devrait
l'occuper, car ce n'est pas un ange, mais le Seigneur des anges que
je dois recevoir en moi.
-
Quelle distance infinie, d'ailleurs,
entre l'arche d'alliance avec ce qu'elle renfermait, et votre corps
très pur avec ses ineffables vertus; entre les sacrifices à venir,
et la véritable hostie de votre corps, accomplissement de tous les
anciens sacrifices !
-
Pourquoi donc ne suis-je pas plus
enflammé en votre adorable présence ?
Pourquoi n'ai-je pas soin de me mieux préparer à la participation de
vos saints mystères, lorsque ces antiques patriarches et ces saints
prophètes, ces rois et ces princes avec tout leur peuple, ont montré
tant de zèle pour le culte divin ?
-
David, ce roi si pieux, fit éclater
ses transports par des danses religieuses devant l'arche, se
souvenant des bienfaits que Dieu avait répandus sur ses pères; il
fit faire divers instruments de musique, il composa des psaumes que
le peuple chantait avec allégresse, selon ce qu'il avait ordonné,
et, animé de l'Esprit-Saint, souvent il chantait lui-même sur sa
harpe; il apprit aux enfants d'Israël à louer Dieu de tout leur
coeur et à unir chaque jour leurs voix pour le célébrer et le bénir.
Si la vue de l'arche d'alliance inspirait tant de ferveur, tant de
zèle pour les louanges de Dieu, quel respect, quel amour ne doit pas
m'inspirer, et à tout le peuple chrétien, la présence de votre
Sacrement, ô Jésus ! et la réception de votre corps adorable !
-
Plusieurs courent en divers lieux pour
visiter les reliques des saints; ils écoutent avidement le récit de
leurs actions; ils admirent les vastes temples bâtis en leur
honneur, et baisent leurs os sacrés, enveloppés dans l'or et la
soie.
Et voilà que vous-même, ô mon Dieu ! vous êtes ici présent devant
moi sur l'autel, vous le Saint des saints, le Créateur des hommes,
le Roi des anges.
Souvent c'est la curiosité, le désir de voir des choses nouvelles,
qui fait entreprendre ces pèlerinages; et de là vient que, guidé par
ce motif frivole, sans véritable contrition, on en tire peu de fruit
pour la réforme des moeurs.
Mais ici, dans le sacrement de l'autel, vous êtes présent tout
entier, ô Christ Jésus ! vrai Dieu et vrai homme, et toutes les fois
qu'on vous reçoit dignement et avec ferveur, on recueille en
abondance les fruits du salut éternel.
Ce n'est pas la légèreté, ni la curiosité, ni l'attrait des sens,
qui conduit à ce banquet sacré; mais une foi ferme, une vive
espérance, une charité sincère.
-
Ô Dieu Créateur invisible du monde !
que vous êtes admirable dans ce que vous faites pour nous ! avec
quelle bonté, quelle tendresse vous veillez sur vos élus, vous
donnant vous-même à eux pour nourriture dans votre Sacrement !
C'est là ce qui surpasse toute intelligence, ce qui, plus qu'aucune
autre chose, attire à vous les coeurs pieux et enflamme leur amour.
Car vos vrais fidèles, occupés toute leur vie de se corriger,
puisent dans la fréquente réception de cet auguste sacrement une
merveilleuse ferveur et un zèle ardent pour la vertu.
-
Ô grâce admirable et cachée du
sacrement, connue des seuls fidèles serviteurs de Jésus-Christ ! car
les serviteurs infidèles, asservis au péché, ne peuvent en ressentir
l'influence.
La grâce de l'Esprit-Saint est donnée dans ce sacrement; il répare
les forces de l'âme et lui rend la beauté première, que le péché
avait effacée.
Telle est quelquefois la puissance de cette grâce et la ferveur
qu'elle inspire, que non seulement l'esprit, mais le corps
languissant en reçoit une vigueur nouvelle.
-
Et c'est pourquoi nous devons déplorer
avec amertume la tiédeur et la négligence qui affaiblissent en nous
le désir de recevoir Jésus-Christ, unique espérance des élus et leur
seul mérite.
Car c'est lui qui nous sanctifie et qui nous a rachetés; il est la
consolation de ceux qui voyagent sur la terre et l'éternelle
félicité des saints.
Combien donc ne doit-on pas gémir de ce que plusieurs montrent tant
d'indifférence pour ce sacré mystère, qui est la joie du ciel et le
salut du monde !
Ô aveuglement, ô dureté du coeur humain ! d'être si peu touché de ce
don ineffable, qu'il semble perdre de son prix à mesure qu'on en use
davantage !
-
Si cet adorable sacrement ne
s'accomplissait qu'en un seul lieu et qu'un seul prêtre dans le
monde entier consacrât l'hostie sainte, avec quelle ardeur les
hommes n'accourraient-ils pas en ce lieu, vers ce prêtre unique,
pour voir célébrer les saints mystères !
Mais il y a plusieurs prêtres, et le Christ est offert en plusieurs
lieux, afin que la miséricorde et l'amour de Dieu pour l'homme
éclatent d'autant plus, que la sainte communion est plus répandue
dans le monde.
Je vous rends grâce, ô Jésus, pasteur éternel, qui dans notre exil
et notre indigence, daignez nous nourrir de votre corps et de votre
sang précieux, et nous inviter de votre propre bouche à la
participation des ces sacrés mystères, disant: Venez à moi, vous
tous qui portez votre fardeau avec travail, et je vous soulagerai.
Voix du
disciple
-
Plein de confiance en votre bonté et
votre grande miséricorde, je m'approche de vous, Seigneur; malade,
je viens à mon Sauveur; consumé de faim et de soif, je viens à la
source de la vie; pauvre, je viens au Roi du ciel; esclave, je viens
à mon Maître; créature, je viens à celui qui m'a fait; désolé, je
viens à mon tendre consolateur.
Mais qu'y a-t-il en ce misérable qui vous porte à venir à lui ? que
suis-je pour que vous vous donniez vous-même à moi ?
Comment un pécheur osera-t-il paraître devant vous ? et comment
daignerez-vous venir vers ce pécheur ?
Vous connaissez votre serviteur et vous savez qu'il n'y a en lui
aucun bien qui mérite cette grâce.
Je confesse donc ma bassesse, je reconnais votre bonté, je bénis
votre miséricorde, et je vous rends grâce à cause de votre immense
charité.
Car c'est pour vous-même et non pour mes mérites que vous en usez de
la sorte, afin que je connaisse mieux votre tendresse et que,
embrasé d'un plus grand amour, j'apprenne à m'humilier plus
parfaitement, à votre exemple.
Et puisqu'il vous plaît ainsi et que vous l'avez ainsi ordonné, je
reçois avec joie la grâce que vous daignez me faire; et puisse mon
iniquité n'y pas mettre obstacle !
-
Ô tendre et bon Jésus ! quel respect,
quelles louanges perpétuelles ne vous devons-nous pas pour la
réception de votre sacré Corps, si élevé au-dessus de tout ce que
peut exprimer le langage de l'homme !
Mais que penserai-je en le recevant, en m'approchant de mon
Seigneur, que je ne puis révérer autant que je le dois, et que
cependant je désire ardemment recevoir ?
Quelle pensée meilleure et plus salutaire que de m'abaisser
profondément devant vous et d'exalter votre bonté infinie pour moi !
Je vous bénis, mon Dieu, et je veux vous louer éternellement. Je me
méprise et me confonds devant vous dans l'abîme de mon abjection.
-
Vous êtes le Saint des saints, et moi
le rebut des pécheurs.
Vous vous inclinez vers moi, qui ne suis pas digne de lever les yeux
sur vous.
Vous venez à moi, vous voulez être avec moi, vous m'invitez à votre
table. Vous voulez me donner à manger un aliment céleste, le pain
des Anges, qui n'est autre que vous-même, ô pain vivant ! qui
êtes descendu du ciel, et qui donnez la vie au monde.
-
Voilà la source de l'amour et le
triomphe de votre miséricorde. Que ne vous doit-on pas d'actions de
grâces et de louanges pour ce bienfait !
Ô salutaire dessein que celui que vous conçûtes d'instituer votre
Sacrement ! ô doux et délicieux banquet, où vous vous donnâtes
vous-même pour nourriture !
Que vos oeuvres sont admirables, Seigneur ! que votre puissance est
grande ! que votre vérité est ineffable !
Vous avez dit et tout a été fait, et rien n'a été fait que ce
que vous avez ordonné.
-
Chose merveilleuse, que nul homme ne
saurait comprendre mais que tous doivent croire, que vous, Seigneur
mon Dieu, vrai Dieu et vrai homme, vous soyez contenu tout entier
sous la moindre partie des espèces du pain et du vin, et que sans
être consumé, vous soyez mangé par celui qui vous reçoit.
Souverain maître de l'univers, vous qui, n'ayant besoin de personne,
avez cependant voulu habiter en nous par votre Sacrement, conservez
sans tache mon âme et mon corps afin que je puisse plus souvent
célébrer vos saints mystères avec la joie d'une conscience pure, et
recevoir pour mon salut éternel ce que vous avez institué
principalement pour votre gloire, et pour perpétuer à jamais le
souvenir de votre amour.
-
Réjouis-toi, mon âme, et rends grâce à
Dieu d'un don si magnifique, d'une si ravissante consolation, qu'il
t'a laissée dans cette vallée de larmes.
Car toutes les fois qu'on célèbre ce mystère et qu'on reçoit le
corps de Jésus-Christ, l'on consomme soi-même l'oeuvre de sa
rédemption et on participe à tous les mérites du Christ.
Car la charité de Jésus-Christ ne s'affaiblit jamais, et jamais sa
propitiation infinie ne s'épuise.
Vous devez donc toujours vous disposer à cette action sainte par un
renouvellement d'esprit, et méditer attentivement à ce grand mystère
de salut.
Lorsque vous célébrez le divin sacrifice ou que vous y assistez, il
doit vous paraître aussi grand, aussi nouveau, aussi digne d'amour
que si ce jour-là même, Jésus-Christ descendant pour la première
fois dans le sein de la Vierge, se faisait homme, ou que suspendu à
la croix, il souffrît et mourût pour le salut des hommes.
Voix du
disciple
-
Je viens à vous, Seigneur, pour jouir
de votre don et goûter la joie du banquet sacré, que dans votre
tendresse vous avez, mon Dieu, préparé pour le pauvre.
En vous est tout ce que je puis, tout ce que je dois désirer; vous
êtes mon salut et ma rédemption, mon espérance et ma force, mon
bonheur et ma gloire.
Réjouissez donc aujourd'hui l'âme de votre serviteur,
parce que j'ai élevé mon âme vers vous, Seigneur Jésus.
Je désire maintenant vous recevoir avec un respect plein d'amour; je
désire que vous entriez dans ma maison pour mériter d'être béni de
vous comme Zachée, et d'être compté parmi les enfants d'Abraham.
Votre corps, voilà l'objet auquel mon âme aspire; mon coeur brûle
d'être uni à vous.
-
Donnez-vous à moi, et ce don me
suffit; car sans vous, rien ne me console.
Je ne puis être sans vous et je ne saurais vivre si vous ne venez à
moi.
Il faut donc que je m'approche de vous souvent et que je vous
reçoive comme le soutien de ma vie, de peur que privé de cette
céleste nourriture, je ne tombe de défaillance dans le chemin.
C'est ainsi, miséricordieux Jésus, que prêchant aux peuples et les
guérissant de diverses langueurs, vous dites un jour: je ne veux
pas les renvoyer à jeun dans leurs maisons, de peur que les forces
ne leur manquent en route.
Daignez donc en user de la même manière avec moi, vous qui avez
voulu demeurer dans votre Sacrement pour la consolation des fidèles.
Car vous êtes le doux aliment de l'âme; et celui qui vous mange
dignement aura part à l'héritage de la gloire éternelle.
Combien il m'est nécessaire, à moi qui tombe et pèche si souvent,
qui me laisse aller si vite à la tiédeur, au découragement, de me
renouveler, de me purifier, de me ranimer, par des prières et des
confessions fréquentes, et par la réception de votre corps sacré !
de peur que m'en abstenant trop longtemps, je n'abandonne mes
résolutions.
-
Car les penchants de l'homme
l'inclinent au mal dès l'enfance; et s'il n'est soutenu par ce
remède divin, il s'enfonce de plus en plus.
La sainte Communion retire du mal et fortifie dans le bien.
Si donc je suis maintenant si souvent négligent et tiède quand je
communie ou que je célèbre le saint Sacrifice, que serais-je si je
renonçais à cet aliment salutaire et si je me privais de ce secours
puissant ?
Ainsi, quoique je ne sois pas tous les jours assez bien disposé pour
célébrer les divins mystères, j'aurai soin cependant d'en approcher
aux temps convenables et de participer à une grâce si grande.
Car c'est la principale consolation de l'âme fidèle tandis qu'elle
voyage loin de vous dans un corps mortel, de se souvenir souvent de
son Dieu et de recevoir son bien-aimé dans un coeur embrasé d'amour.
-
Ô prodige de votre tendresse pour
nous ! Vous, Seigneur mon Dieu, qui donnez l'être et la vie à
tous les esprits, vous daignez venir à une pauvre âme misérable et,
avec votre divinité et votre humanité toute entière, rassasier sa
faim.
Ô heureuse, mille fois heureuse l'âme qui peut vous recevoir
dignement, vous son Seigneur et son Dieu, et goûter avec plénitude
la joie de votre présence !
Oh ! qu'il est grand le Seigneur qu'elle reçoit ! qu'il est aimable
l'hôte qu'elle possède ! que le compagnon, l'ami qui se donne à
elle, est doux et fidèle ! que l'époux qu'elle embrasse est beau !
qu'il est noble et digne d'être aimé par-dessus tout ce qu'on peut
aimer, et tout ce qu'il y a de désirable !
Que le ciel et la terre, dans leur parure magnifique, se taisent
devant vous, ô mon bien-aimé ! car tout ce qu'on admire de beau en
eux, ils le tiennent de vous, dont la sagesse n'a point de bornes,
et jamais ils n'approcheront de votre beauté souveraine.
Voix du
disciple
-
Seigneur mon Dieu, prévenez votre
serviteur de vos plus douces bénédictions, afin que je puisse
approcher dignement et avec ferveur de votre auguste Sacrement.
Rappelez mon coeur à vous; réveillez-moi du profond assoupissement
où je languis. Visitez-moi pour me sauver, pour que je goûte
intérieurement la douceur qui est cachée en abondance dans ce
sacrement comme dans sa source.
Faites briller aussi votre lumière à mes yeux afin qu'ils discernent
un si grand mystère, et fortifiez ma foi pour le croire
inébranlablement.
Car c'est l'oeuvre de votre amour et non de la puissance humaine,
c'est votre institution sacrée et non une invention de l'homme.
Nul ne peut concevoir par lui-même des merveilles au-dessus de la
pénétration des anges mêmes.
Que pourrai-je donc, moi, pécheur indigne, moi, cendre et poussière,
découvrir et comprendre d'un mystère si haut ?
-
Seigneur, dans la simplicité de mon
coeur, avec une foi ferme et sincère et sur le commandement que vous
m'en avez fait, je m'approche de vous plein de confiance et de
respect; et je crois sans hésiter que vous êtes ici présent dans ce
Sacrement, et comme Dieu et comme homme.
Vous voulez donc que je vous reçoive et que je m'unisse à vous dans
la charité ?
C'est pourquoi j'implore votre clémence, et je vous demande en ce
moment une grâce particulière, afin qu'embrasé d'amour, je me fonde
et m'écoule tout entier en vous, et que je ne désire plus aucune
autre consolation.
Car cet adorable Sacrement est le salut de l'âme et du corps, le
remède de toute langueur spirituelle. Il guérit les vices, réprime
les passions, dissipe les tentations ou les affaiblit, augmente la
grâce, accroît la vertu, affermit la foi, fortifie l'espérance,
enflamme et dilate l'amour.
-
Quels biens sans nombre n'avez-vous
pas accordés et n'accordez-vous pas encore chaque jour, dans ce
Sacrement, à ceux que vous aimez et qui le reçoivent avec ferveur, ô
mon Dieu, unique appui de mon âme, réparateur de l'infirmité
humaine, source de toute consolation intérieure !
Car vous les consolez avec abondance en leurs tribulations diverses;
vous les relevez de leur abattement par l'espérance de votre
protection; vous les ranimez intérieurement et les éclairez par une
grâce nouvelle; de sorte que ceux qui se sentaient pleins de trouble
et de tiédeur avant la communion se trouvent tout changés après
s'être nourris de cette viande et de ce breuvage céleste.
Vous en usez ainsi avec vos élus afin qu'ils reconnaissent
clairement et par une manifeste expérience, toute la faiblesse qui
leur est propre et tout ce qu'ils reçoivent de votre grâce et de
votre bonté.
Car d'eux-mêmes, froids, durs, sans goût pour la piété, par vous ils
deviennent pieux, zélés, fervents.
Qui, en effet, s'approchant humblement de la fontaine de suavité,
n'en remporte pas un peu de douceur ? ou qui, en se tenant près d'un
grand feu, n'en reçoit pas quelque chaleur ?
Vous êtes, mon Dieu, cette fontaine toujours pleine et surabondante,
ce feu toujours ardent et qui ne s'éteint jamais.
-
Si donc il ne m'est pas permis de
puiser à la plénitude de la source et de m'y désaltérer
parfaitement, j'approcherai cependant ma bouche de l'ouverture par
où s'écoulent les eaux célestes afin d'en recueillir au moins une
petite goutte pour apaiser ma soif, et ne pas tomber dans une
entière sécheresse.
Et si je ne puis encore être tout céleste et tout de feu comme les
Chérubins et les Séraphins, je m'efforcerai pourtant de m'animer à
la piété et de préparer mon coeur, afin qu'en participant avec
humilité à ce sacrement de vie, je reçoive au moins quelque légère
étincelle de ce feu divin.
Bon Jésus, Sauveur très saint, suppléez vous-même par votre bonté et
votre grâce à ce qui me manque, vous qui avez daigné appeler à vous
tous les hommes en disant: Venez à moi, vous tous qui êtes
accablés de travail et de douleur, et je vous soulagerai.
-
Je travaille à la sueur de mon front,
mon coeur est brisé de douleur, le poids de mes péchés m'accable,
les tentations m'agitent, une foule de passions mauvaises
m'enveloppent et me pressent, et il n'y a personne qui me
secoure, qui me délivre, qui me sauve, si ce n'est vous,
Seigneur mon Dieu, mon Sauveur, entre les mains de qui je me remets,
et tout ce qui est à moi, afin que vous me protégiez et me
conduisiez à la vie éternelle.
Recevez-moi pour l'honneur et la gloire de votre nom, vous qui
m'avez préparé votre corps et votre sang pour nourriture et pour
breuvage.
"Faites, Seigneur mon Dieu, mon Sauveur, que ma ferveur et mon amour
croissent d'autant plus que je participe plus souvent à ce divin
mystère."
Voix du
Bien-Aimé
-
Quand vous auriez la pureté des anges
et la sainteté de Jean-Baptiste, vous ne seriez pas digne de
recevoir ni même de toucher ce sacrement.
Car ce ne sont pas les mérites de l'homme qui lui donnent le droit
de consacrer et de toucher le corps de Jésus-Christ et de se nourrir
du pain des anges.
Ô mystère ineffable ! ô sublime dignité des prêtres, auxquels est
donné ce qui n'a point été accordé aux anges !
Car les prêtres validement ordonnés dans l'Eglise ont seuls le
pouvoir de célébrer et de consacrer le corps de Jésus-Christ.
Le prêtre est le ministre de Dieu; il use de la parole de Dieu selon
le commandement et l'institution de Dieu; mais Dieu, à la volonté de
qui tout est soumis, à qui tout obéit lorsqu'il commande, est le
principal auteur du miracle qui s'accomplit sur l'autel, et c'est
lui qui l'opère invisiblement.
-
Vous devez donc, dans cet auguste
sacrement, croire plus à la toute-puissance de Dieu qu'à vos propres
sens et à ce qui paraît aux yeux, et vous ne sauriez dès lors
approcher de l'autel avec assez de respect et de crainte.
Pensez à ce que vous êtes et considérez quel est Celui dont vous
avez été fait le ministre par l'imposition des mains de l'évêque.
Vous avez été fait prêtre, et consacré pour célébrer les saints
mystères; maintenant soyez fidèle à offrir à Dieu le sacrifice avec
ferveur, au temps convenable, et que toute votre conduite soit
irrépréhensible.
Votre fardeau n'est pas plus léger; vous êtes lié au contraire par
des obligations plus étroites, et obligé à une plus grande sainteté.
Un prêtre doit être orné de toutes les vertus et donner aux autres
l'exemple d'une vie pure.
Ses moeurs ne doivent point ressembler à celles du peuple: il ne
doit pas marcher dans les voies communes; mais il doit vivre comme
les anges dans le ciel ou comme les hommes parfaits sur la terre.
-
Le prêtre, revêtu des habits sacrés,
tient la place de Jésus-Christ afin d'offrir à Dieu d'humbles
supplications pour lui-même et pour tout le peuple.
Il porte devant et derrière lui le signe de la croix du Sauveur afin
que le souvenir de sa passion lui soit toujours présent.
Il porte devant lui la croix sur la chasuble afin de considérer
attentivement les traces de Jésus-Christ et de s'animer à les
suivre.
Il porte la croix derrière lui afin d'apprendre à souffrir avec
douceur pour Dieu tout ce que les hommes peuvent lui faire de mal.
Il porte la croix devant lui afin de pleurer ses propres péchés;
derrière lui afin que, par une tendre compassion, il pleure aussi
les péchés des autres; et se souvenant qu'il est établi médiateur
entre Dieu et le pécheur, il ne se lasse point d'offrir des prières
et des sacrifices, jusqu'à ce qu'il ait obtenu grâce et miséricorde.
Quand le prêtre célèbre, il honore Dieu, il réjouit les anges, il
édifie l'Eglise, il procure des secours aux vivants, du repos aux
morts, et se rend lui-même participant de tous les biens.
Voix du
disciple
-
Seigneur, lorsque je considère votre
grandeur et ma bassesse, je suis saisi de frayeur et je me confonds
en moi-même.
Car, si je ne m'approche de vous, je fuis la vie; et si je m'en
approche indignement, j'irrite votre colère.
Que ferai-je donc, mon Dieu, mon protecteur, mon conseil dans tous
mes besoins ?
-
Montrez-moi la voie droite,
enseignez-moi quelque court exercice pour me disposer à la sainte
communion.
Car il m'est important de savoir avec quelle ferveur et avec quel
respect je dois préparer mon coeur, pour recevoir avec fruit votre
Sacrement, ou pour vous offrir ce grand et divin sacrifice.
Voix du
Bien-Aimé
-
Sur toutes choses, il faut que le
prêtre qui se dispose à célébrer les saints mystères, à toucher et à
recevoir le corps de Jésus-Christ, s'approche de ce sacrement avec
une profonde humilité de coeur, un respect suppliant, une pleine foi
et une pieuse intention d'honorer Dieu.
Examinez avec soin votre conscience et autant que vous le pourrez,
purifiez-la par une contrition véritable et par une humble
confession; de sorte que, délivré du poids de vos fautes, exempt de
troubles et de remords, vous puissiez librement venir à moi.
Ayez une vive douleur de tous vos péchés en général; déplorez en
particulier ceux que vous commettez chaque jour; et si le temps vous
le permet, confessez à Dieu dans le secret du coeur toutes les
misères qui sont le fruit de vos passions.
-
Affligez-vous et gémissez d'être
encore sous l'empire de la chair et du monde;
Si peu occupé de mourir à vos inclinations; si agité par les
mouvements de la concupiscence;
Si peu exact à veiller sur vos sens; si souvent séduit par de vains
fantômes;
Si enclin à vous répandre au-dehors; si négligent à rentrer en
vous-même;
Si porté au rire et à la dissipation; si dur quand vous devriez
verser des larmes de componction;
Si prompt à vous livrer au relâchement et à la mollesse; si lent à
embrasser une vie austère et fervente;
Si curieux de nouvelles et de ce qui attire les regards par sa
beauté; si plein de répugnance pour ce qui abaisse et humilie;
Si avide de beaucoup savoir; si avare pour donner, si ardent à
retenir;
Si inconsidéré dans vos discours; si impuissant à vous taire;
Si déréglé dans vos moeurs; si indiscret dans vos actions;
Si intempérant dans le manger et le boire; si sourd à la parole de
Dieu;
Si convoiteux de repos; si ennemi du travail;
Si éveillé pour des récits frivoles; si appesanti par le sommeil
durant les veilles saintes, si pressé d'en voir la fin, si peu
attentif en y assistant;
Si dissipé en récitant l'office divin, si tiède en célébrant, si
aride dans la Communion;
Si aisément distrait; si rarement bien recueilli;
Si tôt ému de colère; si prompt à blesser les autres;
Si enclin à juger le mal; si sévère à le reprendre;
Si enivré de joie dans la prospérité; si abattu dans l'adversité;
Si fécond en bonnes résolutions, et si stérile en bonnes oeuvres.
-
Après avoir confessé et déploré avec
une grande douleur et un vif sentiment de votre faiblesse ces
défauts et tous les autres qui peuvent être en vous, formez un ferme
propos de vous corriger et d'avancer dans la vertu. Offrez-vous
ensuite avec une pleine résignation et sans aucune réserve sur
l'autel de votre coeur, comme un holocauste perpétuel; en l'honneur
de mon nom, m'abandonnant entièrement le soin de votre corps et de
votre âme, afin d'obtenir ainsi la grâce de célébrer dignement le
saint Sacrifice et de recevoir avec fruit le Sacrement de mon corps.
-
Car il n'est point d'oblation plus
méritoire ni de satisfaction plus grande pour les péchés, que de
s'offrir soi-même sincèrement à Dieu en lui offrant, à la messe et
dans la communion, le Corps de Jésus-Christ.
Si l'homme fait ce qui est en lui et s'il a un vrai repentir toutes
les fois qu'il s'approche de moi pour demander grâce et miséricorde:
j'en jure par moi-même, dit le Seigneur, je ne me
souviendrai plus de ses péchés, et ils lui seront tous pardonnés;
car je ne veux point la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse
et qu'il vive.
Voix du
Bien-Aimé
-
Comme je me suis offert volontairement
pour vos péchés à mon Père, les bras étendus sur la Croix et le
corps nu, ne réservant rien et m'immolant tout entier pour apaiser
Dieu, ainsi vous devez tous les jours, dans le sacrifice de la
Messe, vous offrir à moi comme une hostie pure et sainte, du plus
profond de votre coeur et de toutes les puissances de votre âme.
Que demandé-je de vous sinon que vous vous abandonniez à moi sans
réserve ?
Tout ce que vous me donnez hors de vous ne m'est rien, parce que
c'est vous que je veux et non pas vos dons.
-
Comme tout le reste ne vous suffirait
pas sans moi, ainsi aucun de vos dons ne peut me plaire si vous ne
vous donnez vous-même.
Offrez-vous à moi, donnez-vous à Dieu tout entier, et votre oblation
me sera agréable.
Je me suis offert tout entier pour vous à mon Père, je vous ai donné
tout mon Corps et tout mon Sang pour nourriture, afin d'être tout à
vous et que vous fussiez à jamais tout à moi.
Mais si vous demeurez en vous-même, si vous ne vous abandonnez pas
sans réserve à ma volonté, votre oblation n'est pas entière et nous
ne serons pas unis parfaitement.
L'oblation volontaire de vous-même entre les mains de Dieu doit donc
précéder toutes vos oeuvres si vous voulez acquérir la grâce de la
liberté.
S'il en est si peu qui soient éclairés de ma lumière et qui
jouissent de la liberté intérieure, c'est qu'ils ne savent pas se
renoncer entièrement eux-mêmes.
Je l'ai dit et ma parole est immuable: Si quelqu'un ne renonce
pas à tout, il ne peut être mon disciple. Si donc vous voulez
être mon disciple, offrez-vous à moi avec toutes vos affections.
Voix du
disciple
-
Seigneur, à qui tout appartient dans
le ciel et sur la terre, je veux aussi me donner à vous par une
oblation volontaire; je veux être à vous pour toujours.
Dans la simplicité de mon coeur, je m'offre à vous aujourd'hui, mon
Dieu, pour vous servir à jamais, pour vous obéir, pour m'immoler
sans cesse à votre gloire.
Recevez-moi avec l'oblation sainte de votre précieux corps que je
vous offre aujourd'hui en présence des anges qui assistent
invisiblement à ce sacrifice, et faites qu'il porte des fruits de
salut pour moi et pour tout votre peuple.
-
Toutes les fautes et tous les crimes
que j'ai commis devant vous et devant vos saints anges depuis le
jour où j'ai pu commencer à pécher jusqu'à ce moment, je vous les
offre, Seigneur, sur votre autel de propitiation pour que vous les
consumiez par le feu de votre amour, que vous effaciez toutes les
taches dont ils ont souillé ma conscience, et qu'après l'avoir
purifiée vous me rendiez votre grâce que mes péchés m'avaient fait
perdre, me les pardonnant tous pleinement et me recevant, dans votre
miséricorde, au baiser de paix.
-
Que puis-je faire pour expier mes
péchés, que de les confesser humblement, avec une amère douleur, et
d'implorer sans cesse votre clémence ?
Je vous en conjure, exaucez-moi, soyez-moi propice quand je me
présente devant vous, mon Dieu.
J'ai une vive horreur de tous mes péchés et je suis résolu à ne plus
les commettre. Ils m'affligent profondément et toute ma vie je ne
cesserai de m'en affliger, prêt à faire pénitence et à satisfaire
pour eux selon mon pouvoir.
Pardonnez-les-moi, Seigneur, pardonnez-les-moi pour la gloire de
votre saint nom. Sauvez mon âme, que vous avez rachetée au prix de
votre sang.
Voilà que je m'abandonne à votre miséricorde, je me remets entre vos
mains; traitez-moi selon votre bonté et non selon ma malice et mon
iniquité.
-
Je vous offre aussi tout ce qu'il y a
de bien en moi, quelque faible, quelque imparfait qu'il soit, afin
que l'épurant, le sanctifiant, le perfectionnant sans cesse, vous le
rendiez plus digne de vous, plus agréable à vos yeux, et que vous me
conduisiez à une heureuse fin, moi le plus inutile, le plus
languissant et le dernier des hommes.
-
Je vous offre encore tous ces pieux
désirs des âmes fidèles, les besoins de mes parents, de mes amis, de
mes frères, de mes soeurs, de tous ceux qui me sont chers, de ceux
qui m'ont fait, ou à d'autres, quelque bien pour l'amour de vous; de
ceux qui ont demandé ou désiré que j'offrisse des prières et le
saint Sacrifice pour eux et pour les leurs, soit qu'ils vivent
encore en la chair, soit que le temps ait fini pour eux.
Que tous sentent le secours de votre grâce, la puissance de vos
consolations; protégez-les dans les périls, délivrez-les de leurs
peines, et qu'affranchis de tous les maux, ils vous rendent, pleins
de joie, d'éclatantes actions de grâces.
-
Je vous offre enfin des supplications
et l'hostie de paix, principalement pour ceux qui m'ont offensé en
quelque chose, qui m'ont attristé, qui m'ont blâmé, qui m'ont fait
quelque tort ou quelque peine; et pour tous ceux aussi que j'ai
moi-même affligés, troublés, blessés, scandalisés, le sachant ou
sans le savoir, afin que vous nous pardonniez à tous nos péchés et
nos offenses mutuelles.
Ôtez de nos coeurs, ô mon Dieu ! le soupçon, l'aigreur, la colère,
tout ce qui divise, tout ce qui peut altérer la charité et diminuer
l'amour fraternel..
Ayez pitié, Seigneur, ayez pitié de ces pauvres qui implorent votre
grâce, votre miséricorde; et faites que nous soyons dignes de jouir
ici-bas de vos dons et d'arriver à l'éternelle vie. Ainsi-soit-il.
Voix du
Bien-Aimé
-
Il faut recourir souvent à la source
de la grâce et de la divine miséricorde, à la source de toute bonté
et de toute pureté, afin que vous puissiez être guéri de vos
passions et de vos vices, et que, plus fort, plus vigilant, vous ne
soyez ni vaincu par les attaques du démon, ni surpris par ses
artifices.
L'ennemi des hommes, sachant quel est le fruit de la sainte
communion et combien est grand le remède qu'y trouvent les âmes
pieuses et fidèles, s'efforce en toute occasion et par tous les
moyens de les en éloigner autant qu'il peut.
-
Aussi est-ce au moment où ils s'y
disposent que quelques-uns éprouvent les plus vives attaques de
Satan.
Cet esprit de malice, comme il est écrit au livre de Job, vient
parmi les enfants de Dieu pour les troubler par les ruses ordinaires
de sa haine, cherchant à leur inspirer des craintes excessives et de
pénibles perplexités, pour affaiblir leur amour, ébranler leur foi,
afin qu'ils renoncent à communier, ou qu'ils ne communient qu'avec
tiédeur.
Mais il ne faut pas s'inquiéter de ses artifices et de ses
suggestions, quelques honteuses, quelques horribles qu'elles soient,
mais les rejeter toutes sur lui.
Il faut se rire avec mépris de cet esprit misérable et n'abandonner
jamais la sainte communion à cause de ses attaques et des mouvements
qu'il excite en nous.
-
Souvent aussi l'on s'en éloigne par un
désir trop vif de la ferveur sensible et parce qu'on a conçu de
l'inquiétude sur sa confessions.
Agissez selon le conseil des personnes prudentes et bannissez de
votre coeur l'anxiété et les scrupules, parce qu'ils détruisent la
piété et sont un obstacle à la grâce de Dieu.
Ne vous privez point de la sainte communion dès que vous éprouverez
quelque trouble ou une légère peine de conscience; mais
confessez-vous au plus tôt et pardonnez sincèrement aux autres les
offenses que vous avez reçues d'eux.
Que si vous avez vous-même offensé quelqu'un, demandez-lui
humblement pardon, et Dieu aussi vous pardonnera.
-
Que sert de tarder à se confesser et
de différer la sainte communion ?
Purifiez-vous promptement, hâtez-vous de rejeter le venin et de
recourir au remède; vous vous en trouverez mieux que de différer
longtemps.
Si vous différez aujourd'hui pour une raison, peut-être s'en
présentera-t-il demain une plus forte; et vous pourriez ainsi être
sans cesse détourné de la communion, et sans cesse vous y sentir
moins disposé.
Ne perdez pas un moment, secouez votre langueur, déchargez-vous de
ce qui vous pèse; car à quoi revient-il de vivre toujours dans
l'anxiété, toujours dans le trouble, et d'être éloigne chaque jour
par de nouveaux obstacles de la Table sainte ?
Rien, au contraire, ne nuit davantage que de s'abstenir longtemps de
communier; car d'ordinaire l'âme tombe par là dans un profond
assoupissement.
Ô douleur ! il se rencontre des chrétiens si tièdes et si lâches
qu'ils saisissent avec joie tous les prétextes pour différer à se
confesser, et dès lors aussi à communier, afin de n'être pas obligés
de veiller avec plus de soin sur eux-mêmes.
-
Hélas ! qu'ils ont peu de piété, peu
d'amour, ceux qui se privent si aisément de la sainte communion !
Qu'il est heureux, au contraire, et agréable à Dieu, celui qui vit
de telle sorte et qui conserve sa conscience si pure, qu'il serait
préparé à communier tous les jours et communierait en effet, s'il
lui était permis et qu'il pût le faire sans singularité !
Si quelqu'un s'en abstient quelquefois par humilité ou pour une
cause légitime, on doit louer son respect.
Mais si sa ferveur s'est refroidie, il doit se ranimer et faire tout
ce qu'il peut: et Dieu secondera ses désirs, à cause de la droiture
de sa volonté qu'il considère principalement.
-
Que si des motifs légitimes
l'empêchent d'approcher de la sainte Table, il conservera toujours
l'intention et le saint désir de communier, et ainsi il ne sera pas
entièrement privé du fruit du Sacrement.
Quoique tout fidèle doive, à certains jours et au temps fixé,
recevoir avec un tendre respect le Corps du Sauveur dans son
Sacrement, et rechercher en cela plutôt la gloire de Dieu que sa
propre consolation, cependant il peut aussi communier en esprit tous
les jours, à toute heure, avec beaucoup de fruit.
Car il communie de cette manière et se nourrit invisiblement de
Jésus-Christ toutes les fois qu'il médite avec piété les mystères de
son Incarnation et de sa Passion, et qu'il s'enflamme de son amour.
-
Celui qui ne se prépare à la Communion
qu'aux approches des fêtes et quand la coutume l'y oblige, sera
souvent mal préparé.
Heureux celui qui s'offre au Seigneur en holocauste toutes les fois
qu'il célèbre le sacrifice ou qu'il communie !
Ne soyez, en célébrant les saints mystères, ni trop lent ni trop
prompt; mais conformez-vous à l'usage ordinaire et régulier de ceux
avec qui vous vivez.
Il ne faut point fatiguer les autres ni leur causer d'ennui, mais
suivre l'ordre commun établi par vos pères, et consulter plutôt
l'utilité de tous que votre attrait et votre piété particulière.
Voix du
disciple
-
Seigneur Jésus, quelles délices
inondent l'âme fidèle admise à votre Table, où on ne lui présente
d'autre aliment que vous-même, son unique bien-aimé, le plus cher de
tous ses désirs !
Oh ! qu'il me serait doux de répandre en votre présence des pleurs
d'amour et d'arroser vos pieds de mes larmes comme Madeleine !
Mais où est cette tendre piété et cette abondante effusion de larmes
saintes ?
Certes, en votre présence et celle des saints anges, tout mon coeur
devrait s'embraser et se fondre de joie.
Car vous m'êtes véritablement présent dans votre Sacrement, quoique
caché sous des apparences étrangères.
-
Mes yeux ne pourraient supporter
l'éclat de votre divine lumière, et le monde entier s'évanouirait
devant la splendeur de votre gloire.
C'est donc pour ménager ma faiblesse que vous vous cachez sous les
voiles du Sacrement.
Je possède réellement et j'adore Celui que les anges adorent dans le
ciel; mais je ne le vois encore que par la foi, tandis qu'ils le
voient tel qu'il est et sans voile.
Il faut que je me contente de ce flambeau de la vraie foi et que je
marche à sa lumière jusqu'à ce que luise l'aurore du jour
éternel et que les ombres des figures déclinent.
Mais quand ce qui est parfait sera venu, l'usage des
Sacrements cessera, parce que les bienheureux, dans la gloire
céleste, n'ont plus besoin de secours.
Ils se réjouissent sans fin dans la présence de Dieu et
contemplent la gloire face à face; pénétrés de sa lumière et
comme plongés dans l'abîme de sa divinité, ils goûtent le verbe de
Dieu fait chair, tel qu'il était au commencement et tel qu'il sera
durant toute l'éternité.
-
Qu'au souvenir de ces merveilles, tout
me soit un pesant ennui, même les consolations spirituelles; car
tandis que je ne verrai point le Seigneur mon Dieu dans l'éclat de
sa gloire, tout ce que je vois, tout ce que j'entends en ce monde ne
m'est rien.
Vous m'êtes témoin, Seigneur, que je ne trouve nulle part de
consolation, de repos en nulle créature; je ne puis en trouver qu'en
vous seul, mon Dieu, que je désire contempler éternellement.
Mais cela ne peut être tant que je vivrai dans ce corps mortel.
Il faut donc que je me prépare à une grande patience et que je
soumette à votre volonté tous mes désirs.
Car vos saints, Seigneur, qui, ravis d'allégresse, règnent
maintenant avec vous dans le ciel, ont aussi, pendant qu'ils
vivaient, attendu avec une grande foi et une grande patience
l'avènement de votre gloire.
Je crois ce qu'ils ont cru; ce qu'ils ont espéré, je l'espère; j'ai
la confiance de parvenir, aidé de votre grâce, là où ils sont
parvenus.
Jusque-là je marcherai dans la foi, fortifié par leurs exemples.
J'aurai aussi les livres saints pour me consoler et m'instruire, et
par-dessus tout, votre sacré Corps pour remède et pour refuge.
-
Car je sens que deux choses me sont
ici-bas souverainement nécessaires, et que sans elles je ne pourrais
porter le poids de cette misérable vie.
Enfermé dans la prison de mon corps, j'ai besoin d'aliments et de
lumière.
C'est pourquoi vous avez donné à ce pauvre infirme votre chair
sacrée pour être la nourriture de son âme et de son corps, et
votre parole pour luire comme une lampe devant ses pas.
Je ne pourrais vivre sans ces deux choses, car la parole de Dieu est
la lumière de l'âme et votre Sacrement le pain de la vie.
On peut encore les regarder comme deux tables placées dans les
trésors de l'Église.
L'une est la table de l'autel sacré, sur lequel repose un pain
sanctifié, c'est-à-dire le Corps précieux de Jésus-Christ.
L'autre est la table de la loi divine qui contient la doctrine
sainte, qui enseigne la vraie foi, qui soulève le voile du
sanctuaire et nous conduit avec sûreté jusque dans le Saint des
saints.
Je vous rends grâces, Seigneur Jésus, lumière de l'éternelle
lumière, de nous avoir donné par le ministère des prophètes, des
apôtres et des autres docteurs, cette table de la doctrine sainte.
-
Je vous rends grâces, ô Créateur et
Rédempteur des hommes, de ce qu'afin de manifester votre amour au
monde, vous avez préparé un grand festin où vous nous offrez pour
nourriture non l'agneau figuratif, mais votre très saint Corps et
votre Sang.
Dans ce sacré banquet, que partagent avec nous les anges, mais dont
ils goûtent plus vivement la douceur, vous comblez de joie tous les
fidèles et vous les enivrez du calice du salut qui contient tous les
délices du ciel.
-
Oh ! qu'elles sont grandes, qu'elles
sont glorieuses les fonctions des prêtres, à qui il a été donné de
consacrer le Dieu de majesté par des paroles saintes, de le bénir de
leurs lèvres, de le tenir entre leurs mains, de le recevoir dans
leur bouche et de le distribuer aux autres hommes !
Oh ! qu'elles doivent être innocentes les mains du prêtre, que sa
bouche doit être pure, son corps saint, et son âme exempte des plus
légères taches, pour recevoir si souvent l'auteur de la pureté !
Il ne doit sortir rien que de saint, rien que d'honnête, rien que
d'utile, de la bouche du prêtre qui participe si fréquemment au
Sacrement de Jésus-Christ.
-
Qu'ils soient simples et chastes les
yeux qui contemplent habituellement le Corps de Jésus-Christ.
Qu'elles soient pures et élevées au ciel les mains qui touchent sans
cesse le Créateur du ciel et de la terre.
C'est aux prêtres surtout qu'il est dit dans la Loi: Soyez
saints, parce que je suis saint, moi le Seigneur votre Dieu.
-
Que votre grâce nous aide, ô Dieu
tout-puissant ! nous qui avons été revêtus du sacerdoce, afin que
nous puissions vous servir dignement, avec une vraie piété et une
conscience pure.
Et si nous ne pouvons vivre dans une innocence aussi parfaite que
nous le devrions, accordez-nous du moins de pleurer sincèrement nos
fautes et de former en esprit d'humilité la ferme résolution de vous
servir désormais avec plus de ferveur.
Voix du
Bien-Aimé
-
Je suis l'ami de la pureté et c'est de
moi que vient toute sainteté.
Je cherche un coeur pur, et là est le lieu de mon repos.
Préparez-moi un grand cénacle et je célébrerai chez vous la
Pâque avec mes disciples.
Si vous voulez que je vienne à vous et que je demeure en vous,
purifiez-vous du vieux levain et nettoyez la maison de votre
coeur. Bannissez-en les pensées du siècle et le tumulte des vices.
Comme le passereau qui gémit sous un toit solitaire,
rappelez-vous vos péchés dans l'amertume de votre âme.
Car un ami prépare toujours à son ami le lieu le meilleur et le plus
beau; et c'est ainsi qu'il lui fait connaître avec quelle affection
il le reçoit.
-
Sachez cependant que vous ne pouvez,
quels que soient vos propres efforts, vous préparer dignement, quand
vous y emploieriez une année entière sans vous occuper d'autre
chose.
Mais c'est par ma grâce et ma seule bonté qu'il vous est permis
d'approcher de ma table, comme un mendiant invité au festin du
riche, et qui n'a, pour reconnaître ce bienfait, que d'humbles
actions de grâces.
Faites ce qui est en vous, et faites-le avec un grand soin. Recevez,
non pour suivre la coutume ou pour remplir un devoir rigoureux, mais
avec crainte, avec respect, avec amour, le corps du Seigneur
bien-aimé, de votre Dieu, qui daigne venir à vous.
C'est moi qui vous appelle, qui vous commande de venir; je
suppléerai à ce qui vous manque; venez, et recevez-moi.
-
Lorsque je vous accorde le don de la
ferveur, remerciez-en votre Dieu; car ce n'est pas que vous en soyez
digne, mais parce que j'ai eu pitié de vous.
Si vous vous sentez, au contraire, aride, priez avec instance,
gémissez et ne cessez point de frapper à la porte, jusqu'à ce que
vous obteniez quelque miette de ma table, ou une goutte des eaux
salutaires de la grâce.
Vous avez besoin de moi et je n'ai pas besoin de vous. Vous ne venez
pas à moi pour me sanctifier, mais c'est moi qui viens à vous pour
vous rendre meilleur et plus saint.
Vous venez pour que je vous sanctifie et pour vous unir à moi, pour
recevoir une grâce nouvelle et vous enflammer d'une nouvelle ardeur
d'avancer dans la vertu.
Ne négligez point cette grâce; mais préparez votre coeur avec un
soin extrême et recevez-y votre bien-aimé.
-
Mais il ne faut pas seulement vous
exciter à la ferveur avant la communion, il faut encore travailler à
vous y conserver après; et la vigilance qui la doit suivre n'est pas
moins nécessaire que la préparation qui la précède; car cette
vigilance est elle-même la meilleure préparation pour obtenir une
grâce plus grande.
Rien au contraire n'écarte davantage des dispositions où l'on doit
être pour communier que de se trop répandre au-dehors en sortant de
la Table sainte.
Parlez peu, retirez-vous en un lieu secret et jouissez de votre
Dieu.
Car vous possédez Celui que le monde entier ne peut vous ravir.
Je suis Celui à qui vous vous devez donner sans réserve; de sorte
que, dégagé de toute inquiétude, vous ne viviez plus en vous, mais
en moi.
Voix du
disciple
-
Qui me donnera, Seigneur, de vous
trouver seul et de vous ouvrir tout mon coeur, et de jouir de vous
comme mon âme le désire; de sorte que je ne sois plus pour personne
un objet de mépris, et qu'étranger à toute créature, vous me parliez
seul, et moi à vous, comme un ami parle à son ami et s'assied avec
lui à la même table ?
Ce que je demande, ce que je désire, c'est d'être uni tout entier à
vous, que mon coeur se détache de toutes les choses créées et que,
par la sainte communion et la fréquente célébration des divins
mystères, j'apprenne à goûter les choses du ciel et de l'éternité.
Ah ! Seigneur mon Dieu, quand, m'oubliant tout à fait moi-même,
serai-je parfaitement uni à vous et absorbé en vous ?
Que je sois en vous, et vous en moi; et que cette union soit
inaltérable !
-
Vous êtes vraiment mon bien-aimé,
choisi entre mille, en qui mon âme se complaît et veut
demeurer à jamais.
Vous êtes le Roi pacifique; en vous est la paix
souveraine et le vrai repos; hors de vous il n'y a que travail,
douleurs, misère infinie.
Vous êtes vraiment un Dieu caché. Vous vous éloignez
des impies; mais vous aimez à converser avec les humbles et
les simples.
"Oh ! que votre tendresse est touchante, Seigneur; vous qui, pour
montrer à vos enfants tout votre amour, daignez les rassasier d'un
pain délicieux qui descend du ciel !"
Certes, nul autre peuple, quelque grand qu'il soit, n'a des
dieux qui s'approchent de lui, comme vous, ô mon Dieu ! Vous
vous rendez présent à tous vos fidèles, vous donnant vous-même à eux
chaque jour pour être leur nourriture et pour qu'ils jouissent de
vous, afin de les consoler et d'élever leur coeur vers le ciel.
-
Quel est le peuple, en effet,
comparable au peuple chrétien ? quelle est, sous le ciel, la
créature aussi chérie que l'âme fervente en qui Dieu daigne entrer
pour la nourrir de sa chair glorieuse ?
Ô faveur ineffable ! ô condescendance merveilleuse ! ô amour infini,
qui n'a été montré qu'à l'homme !
Mais que rendrai-je au Seigneur pour cette grâce, pour cette immense
charité ?
Je ne puis rien offrir à Dieu qui lui soit plus agréable que de lui
donner mon coeur sans réserve et de m'unir intimement à lui.
Alors mes entrailles tressailliront de joie lorsque mon âme sera
parfaitement unie à Dieu.
Alors il me dira: Si vous voulez être avec moi, je veux être avec
vous. Et je lui répondrai: Daignez demeurer avec moi, Seigneur: je
désire ardemment d'être avec vous. Tout mon désir et que mon coeur
vous soit uni.
Voix du
disciple
-
Combien est grande, ô mon Dieu !
l'abondance de douceur que vous avez réservée à ceux qui vous
craignent !
Quand je viens à considérer avec quel désir et quel amour quelques
âmes fidèles s'approchent, Seigneur, de votre Sacrement, alors je me
confonds souvent en moi-même et je rougis de me présenter à votre
autel et à la table sacrée de la Communion avec tant de froideur et
de sécheresse; d'y porter un coeur si aride, si tiède, et de ne
point ressentir cet attrait puissant, cette ardeur qu'éprouvent
quelques-uns de vos serviteurs qui, en se disposant à vous recevoir,
ne sauraient retenir leurs larmes tant le désir qui les presse est
grand et leur émotion profonde !
Ils ont soif de vous, ô mon Dieu ! qui êtes la source d'eau vive, et
leur coeur et leur bouche s'ouvrent également pour s'y désaltérer.
Rien ne peut rassasier ni tempérer leur faim que votre sacré Corps,
qu'ils reçoivent avec une sainte avidité et les transports d'une
joie ineffable.
-
Oh ! que cette ardente foi est une
preuve sensible de votre présence dans le Sacrement !
Car ils reconnaissent véritablement le Seigneur dans la
fraction du pain, ceux dont le coeur est tout brûlant lorsque Jésus
est avec eux.
Qu'une affection si tendre, un amour si vif est souvent loin de moi
!
Soyez-moi propice, ô bon Jésus, plein de douceur et de miséricorde !
Ayez pitié d'un pauvre mendiant et faites que j'éprouve au moins
quelquefois, dans la sainte Communion, quelques mouvements de cet
amour qui embrase tout le coeur, afin que ma foi s'affermisse, que
mon espérance en votre bonté s'accroisse et qu'enflammé par cette
manne céleste, jamais la charité ne s'éteigne en moi.
-
Dieu de bonté, vous êtes tout-puissant
pour m'accorder la grâce que j'implore, pour me remplir de l'esprit
de ferveur et me visiter dans votre clémence, quand le jour choisi
par vous sera venu.
Car, encore que je ne brûle pas de la même ardeur que ces âmes
pieuses, cependant, par votre grâce, j'aspire à leur ressembler,
désirant et demandant d'être compté parmi ceux qui ont pour vous un
si vif amour, et d'entrer dans leur société sainte.
Voix du
Bien-Aimé
-
Il faut désirer ardemment la grâce de
la ferveur, ne vous lasser jamais de la demander, l'attendre
patiemment et avec confiance, la recevoir avec gratitude, la
conserver avec humilité, concourir avec zèle à son opération, et,
jusqu'à ce que Dieu vienne à vous, ne vous point inquiéter en quel
temps et de quelle manière il lui plaira de vous visiter.
Vous devez surtout vous humilier lorsque vous ne sentez en vous que
peu ou point de ferveur; mais ne vous laissez point trop abattre et
ne vous affligez point avec excès.
Souvent Dieu donne en un moment ce qu'il a longtemps refusé; il
accorde quelquefois à la fin de la prière ce qu'il a différé de
donner au commencement.
-
Si la grâce était toujours donnée
aussitôt qu'on la désire, ce serait une tentation pour la faiblesse
de l'homme.
C'est pourquoi l'on doit attendre la grâce de la ferveur avec une
confiance ferme et une humble patience.
Lorsqu'elle vous est cependant refusée ou ôtée secrètement, ne
l'imputez qu'à vous-même et à vos péchés.
C'est souvent peu de chose qui arrête ou qui affaiblit la grâce, si
pourtant l'on peut appeler peu de chose et si l'on ne doit pas
plutôt compter pour beaucoup ce qui nous prive d'un si grand bien.
Mais quel que soit cet obstacle, si vous le surmontez parfaitement,
vous obtiendrez ce que vous demandez.
-
Car dès que vous vous serez donné à
Dieu de tout votre coeur, et que, cessant d'errer d'objets en objets
au gré de vos désirs, vous vous serez remis entièrement entre ses
mains, vous trouverez la paix dans cette union, parce que rien ne
vous sera doux que ce qui peut lui plaire.
Quiconque élèvera donc son intention vers Dieu avec un coeur simple
et se dégagera de tout amour et de toute aversion déréglée des
créatures, sera propre à recevoir la grâce et digne du don de la
ferveur.
Car Dieu répand sa bénédiction où il trouve des vases vides; et plus
un homme renonce parfaitement aux choses d'ici-bas, plus il se
méprise et meurt à lui-même, plus la grâce vient à lui promptement,
plus elle remplit son coeur, et l'affranchit et l'élève.
-
Alors, ravi d'étonnement, il
verra ce qu'il n'avait point vu, et il sera dans l'abondance, et son
coeur se dilatera, parce que le Seigneur est avec lui, et
qu'il s'est lui-même remis sans réserve et pour toujours entre ses
mains.
C'est ainsi que sera béni l'homme qui cherche Dieu de tout son
coeur, et qui n'a pas reçu son âme en vain.
Ce disciple fidèle, en recevant la sainte Eucharistie, mérite
d'obtenir la grâce d'une union plus grande avec le Seigneur, parce
qu'il ne considère point ce qui lui est doux, ce qui le console,
mais, au-dessus de toute douceur et de toute consolation, l'honneur
et la gloire de Dieu.
Voix du
disciple
-
Seigneur, plein de tendresse et de
bonté, que je désire recevoir en ce moment avec un pieux respect,
vous connaissez mon infirmité et mes pressants besoins; vous savez
en combien de maux et de vices je suis plongé, quelles sont mes
peines, mes tentations, mes troubles et mes souillures.
Je viens à vous chercher le remède pour obtenir un peu de
soulagement et de consolation.
Je parle à Celui qui sait tout, qui voit tout ce qu'il y a de plus
secret en moi, et qui seul peut me secourir et me consoler
parfaitement.
Vous savez quels biens me sont principalement nécessaires et combien
je suis pauvre en vertu.
-
Voilà que je suis devant vous, pauvre
et nu, demandant votre grâce, implorant votre miséricorde.
Rassasiez ce mendiant affamé, réchauffez ma froideur du feu de votre
amour, éclairez mes ténèbres par la lumière de votre présence.
Changez pour moi toutes les choses de la terre en amertume; faites
que tout ce qui m'est dur et pénible fortifie ma patience; que je
méprise et que j'oublie tout ce qui est créé, tout ce qui passe.
Elevez mon coeur à vous dans le ciel et ne me laissez pas errer sur
la terre.
Que, de ce moment et à jamais, rien ne me soit doux que vous seul,
parce que vous êtes ma nourriture, mon breuvage, mon amour, ma joie,
ma douceur, et tout mon bien.
-
Oh ! que ne puis-je, embrasé par votre
présence, être transformé en vous, de sorte que je devienne un même
esprit avec vous par la grâce d'une union intime et par l'effusion
d'un ardent amour !
Ne souffrez pas que je m'éloigne de vous sans m'être rassasié et
désaltéré; mais usez envers moi de la même miséricorde dont vous
avez souvent usé avec vos saints, d'une manière si merveilleuse.
Qui pourrait s'étonner qu'en m'approchant de vous je fusse
entièrement consumé par votre ardeur, puisque vous êtes un feu qui
brûle toujours et ne s'éteint jamais, un amour qui purifie les
coeurs et qui éclaire l'intelligence !
Voix du
disciple
-
Seigneur, je désire vous recevoir avec
un pieux et ardent amour, avec toute la tendresse et l'affection de
mon coeur, comme vous ont désiré dans la communion tant de saints et
de fidèles qui vous étaient si chers à cause de leur vie pure et de
leur fervente piété.
Ô mon Dieu ! Amour éternel, mon unique bien, ma félicité toujours
durable, je désire vous recevoir avec toute la ferveur, tout le
respect qu'ait jamais pu ressentir aucun de vos saints.
-
Et quoique je sois indigne d'éprouver
ces admirables sentiments d'amour, je vous offre cependant toute
l'affection de mon coeur, comme si j'étais animé seul de ces désirs
enflammés qui vous sont si agréables.
Tout ce que peut concevoir et désirer une âme pieuse, je vous le
présente, je vous l'offre, avec un respect profond et une vive
ardeur.
Je ne veux rien me réserver mais je veux vous offrir sans réserve le
sacrifice de moi-même et de tout ce qui est à moi.
Seigneur mon Dieu, mon Créateur et mon Rédempteur, je désire vous
recevoir aujourd'hui avec autant de ferveur et de respect, avec
autant de zèle pour votre gloire, avec autant de reconnaissance, de
sainteté, d'amour, de foi, d'espérance et de pureté, que vous désira
et vous reçut votre sainte Mère, la glorieuse Vierge Marie, lorsque
l'ange lui annonçant le mystère de l'Incarnation, elle répondit avec
une pieuse humilité: Voici la servante du Seigneur, qu'il me
soit fait selon votre parole.
-
Et de même que votre bienheureux
précurseur, le plus grand des saints, Jean-Baptiste, lorsqu'il était
encore dans le sein de sa mère, tressaillit de joie en votre
présence, par un mouvement du Saint-Esprit, et que, vous voyant
ensuite converser avec les hommes, il disait avec un tendre amour et
en s'humiliant profondément: L'ami de l'époux qui est près de
lui et qui l'écoute, est ravi d'allégresse, parce qu'il entend la
voix de l'époux, ainsi je voudrais être embrasé des plus
saints, des plus ardents désirs, et m'offrir à vous de toute
l'affection de mon coeur.
C'est pourquoi je vous offre tous les transports d'amour et de joie,
les extases, les ravissements, les révélations, les visions célestes
de toutes les âmes saintes, avec les hommages que vous rendent et
vous rendront à jamais toutes les créatures dans le ciel et sur la
terre; je vous les offre ainsi que leurs vertus, pour moi et pour
tous ceux qui se sont recommandés à mes prières, afin qu'ils
célèbrent dignement vos louanges et vous glorifient éternellement.
-
Seigneur mon Dieu, recevez mes voeux,
et le désir qui m'anime de vous louer, de vous bénir avec l'amour
immense, infini, dû à votre ineffable grandeur. Voilà ce que je vous
offre, et ce que je voudrais vous offrir chaque jour et à chaque
moment, et je prie et je conjure de tout mon coeur tous les esprits
célestes et tous vos fidèles serviteurs de s'unir à moi pour vous
louer et pour vous rendre de dignes actions de grâces.
-
Que tous les peuples, toutes les
tribus, toutes les langues vous bénissent et célèbrent dans des
transports de joie et d'amour la douceur et la sainteté de votre
nom.
Que tous ceux qui offrent avec révérence et avec piété les divins
mystères, et qui les reçoivent avec une pleine foi, trouvent en vous
grâce et miséricorde, et qu'ils prient avec instance pour moi,
pauvre pécheur.
Et lorsque, après s'être unis à vous selon leurs pieux désirs, ils
se retirent de la Table sainte, rassasiés et consolés
merveilleusement, qu'ils daignent se souvenir de moi, qui languis
dans l'indigence.
Voix du
Bien-Aimé
-
Gardez-vous du désir curieux et
inutile de sonder ce profond mystère, si vous ne voulez pas vous
plonger dans un abîme de doutes.
Celui qui scrute la majesté sera accablé par la gloire.
Dieu peut faire plus que l'homme ne peut comprendre
On ne défend pas une humble et pieuse recherche de la vérité, pourvu
qu'on soit toujours prêt à se laisser instruire et qu'on s'attache
fidèlement à la sainte doctrine des Pères.
-
Heureuse la simplicité qui laisse le
sentier des questions difficiles, pour marcher dans la voie droite
et sûre des commandements de Dieu.
Plusieurs ont perdu la piété en voulant approfondir ce qui est
impénétrable.
Ce qu'on demande de vous, c'est la foi et une vie pure, et non une
intelligence qui pénètre la profondeur des mystères de Dieu.
Si vous ne comprenez pas ce qui est au-dessous de vous, comment
comprendrez-vous ce qui est au-dessus ?
Soumettez-vous humblement à Dieu, captivez votre raison sous le joug
de la foi, et vous recevrez la lumière de la science selon qu'il
vous sera utile ou nécessaire.
-
Plusieurs sont violemment tentés sur
la foi à ce Sacrement; mais il faut l'imputer moins à eux qu'à
l'ennemi.
Ne vous troublez point, ne disputez point avec vos pensées, ne
répondez point aux doutes que le démon vous suggère; mais croyez à
la parole de Dieu, croyez à ses saints et à ses prophètes, et
l'esprit de malice s'enfuira loin de vous.
Il est souvent très utile à un serviteur de Dieu d'être éprouvé
ainsi.
Car le démon ne tente point les infidèles et les pécheurs, qui sont
à lui déjà; mais il attaque et tourmente de diverses manières les
âmes pieuses et fidèles.
-
Allez donc avec une foi simple et
inébranlable, et recevez le Sacrement avec un humble respect, vous
reposant sur la toute-puissance de Dieu de ce que vous ne pourrez
comprendre.
Dieu ne trompe point; mais celui qui se croit trop lui-même est
souvent trompé.
Dieu s'approche des simples, il se révèle aux humbles, il donne
l'intelligence aux petits et il cache sa grâce aux curieux et aux
superbes.
La raison de l'homme est faible et il se trompe aisément; mais la
vraie foi ne peut être trompée.
-
La raison et toutes les recherches
naturelles doivent suivre la foi et non la précéder ni la combattre.
Car la foi et l'amour s'élèvent par-dessus tout, et opèrent d'une
manière inconnue dans le très saint et très auguste Sacrement.
Dieu, éternel, immense, infiniment puissant, fait dans le ciel et
sur la terre des choses grandes, incompréhensibles, et nul ne
saurait pénétrer ses merveilles.
Si les oeuvres de Dieu étaient telles que la raison de l'homme pût
aisément les comprendre, elles cesseraient d'être merveilleuses et
ne pourraient être appelées ineffables.
È
SOURCE :
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