
TABLE
Chapitre 1
LE MYSTÈRE DE L'ÉGLISE
Introduction
Le dessein du Père qui veut sauver tous les
hommes
La mission du Fils
L'Esprit qui sanctifie l'Église
Le royaume de Dieu
Les images de l'Église
L'Église, Corps mystique du
Christ
L'Église, à la
fois visible et
spirituelle
CHAPITRE
II
LE PEUPLE DE DIEU
La Nouvelle Alliance et le Peuple nouveau
Le sacerdoce commun
L'exercice du sacerdoce commun
dans les sacrements
Le sens de la foi et les
charismes dans le peuple chrétien
L'universalité ou "catholicité"
de l'unique Peuple de Dieu
Les fidèles catholiques
Les liens de l'Église avec les chrétiens non catholiques
Les non-chrétiens
Le caractère missionnaire de
l'Église
CHAPITRE
III
LA CONSTITUTION HIÉRARCHIQUE DE L'ÉGLISE
ET, EN PARTICULIER, L'ÉPISCOPAT
Introduction
L'institution des Douze
Les évêques successeurs des
Apôtres
La sacramentalité de l'épiscopat
Le collège épiscopal et son chef
Les relations à l'intérieur du
collège
Le ministère épiscopal
La fonction d'enseignement des
évêques
La fonction de sanctification
des évêques
La fonction de gouvernement des
évêques
Les prêtres dans leur relation
au Christ, aux évêques, au presbyterium et au peuple chrétien
Les diacres
CHAPITRE IV
LES LAÏCS
Introduction
Acception du mot "laïc"
La dignité des laïcs, membres du
Peuple de Dieu
La vie par rapport au salut et à
l'apostolat
Participation des laïcs au
sacerdoce commun et au culte
Participation des laïcs à la
l'onction prophétique du Christ et au témoignage
Participation des laïcs au
service royal
Relation à la hiérarchie
Conclusion
CHAPITRE V
LA VOCATION UNIVERSELLE À LA SAINTETÉ DANS L'ÉGLISE
Introduction
L'appel universel à la sainteté
La pratique multiforme de
l'unique sainteté
Voie et moyens de la sainteté
CHAPITRE VI
LES RELIGIEUX
La profession des conseils évangéliques dans
l'Église
Nature et importance de l'état
religieux dans l'Église
L'autorité de l'Église à l'égard
des religieux
Grandeur de la consécration
religieuse
Conclusion
CHAPITRE
VII
L'ÉGLISE EN MARCHE: SON CARACTÈRE ESCHATOLOGIQUE
ET SON UNION AVEC L'ÉGLISE DU CIEL
Caractère eschatologique de la vocation
chrétienne
La Communion entre l'Église du
ciel et l'Église de la terre
Les rapports de l'Église de la
terre avec l'Église du ciel
Directives pastorales
CHAPITRE
VIII
LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE
MÈRE DE DIEU DANS LE MYSTÈRE DU CHRIST ET DE L'ÉGLISE
1 -
Préambule
La sainte Vierge dans le mystère du Christ
La sainte Vierge et l'Église
Intention du Concile
II - RÔLE DE LA SAINTE VIERGE DANS
L'ÉCONOMIE DU SALUT
La Mère du Messie dans l'Ancien
Testament
Marie à l'Annonciation
La sainte Vierge et l'enfance de
Jésus
La sainte Vierge et le ministère
public de Jésus
La sainte Vierge après
l'Ascension
III - LA BIENHEUREUSE VIERGE ET
L'ÉGLISE
Marie, servante du Seigneur
Marie, modèle de l'Église
Les vertus
de Marie, modèle pour l'Église
IV - LE CULTE DE LA SAINTE VIERGE
DANS L'ÉGLISE
Nature et fondement du culte de
la sainte Vierge
L'esprit de la prédication et du culte à la sainte Vierge
V - MARIE, SIGNE D'ESPÉRANCE
CERTAINE ET DE CONSOLATION
POUR LE PEUPLE DE DIEU EN MARCHE
NOTIFICATIONS
NOTE EXPLICATIVE PRÉALABLE
NOTES
|
SUR
L'ÉGLISE
CHAPITRE
PREMIER
LE MYSTÈRE DE L'ÉGLISE
Introduction
1. Le Christ est la Lumière des
nations; aussi, en annonçant l'Évangile à toute créature (cf. Mc 16,
15), le saint Concile réuni dans l'Esprit-Saint désire-t-il ardemment
illuminer tous les hommes de la lumière du Christ qui resplendit sur le
visage de l'Église. Celle-ci, pour sa part, est dans le Christ comme un
sacrement ou, si l'on veut, un signe et un moyen d'opérer l'union intime
avec Dieu et l'unité de tout le genre humain; elle se propose donc, en
suivant de près la doctrine des précédents Conciles, de faire connaître avec
plus de précision à ses fidèles et au monde entier sa nature et sa mission
universelle. Ce devoir, les conditions actuelles l'imposent à l'Église avec
une urgence accrue: il importe en effet que la communauté humaine, toujours
plus étroitement unifiée par de multiples liens sociaux, techniques,
culturels, puisse atteindre également sa pleine unité dans le Christ.
Le dessein du Père qui veut sauver tous les
hommes
2. Par une disposition tout à fait
libre et mystérieuse de sa sagesse et de sa bonté, le Père éternel a créé
l'univers. Il a voulu élever les hommes jusqu'au partage de la vie divine.
Et une fois qu'ils eurent péché en Adam, il ne les abandonna pas; sans cesse
il leur offrit des secours pour leur salut en considération du Christ
rédempteur, "qui est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute
créature" (Col. 1, 15). D'autre part, ceux qu'il a choisis, le Père
avant tous les siècles les "a d'avance connus et prédestinés à reproduire
l'image de son Fils, pour que celui-ci soit le premier-né d'un grand nombre
de frères" (Rom. 8, 29). Et ceux qui ont foi dans le Christ, il a
voulu les rassembler en la sainte Église qui, préfigurée dès l'origine du
monde, admirablement préparée dans l'histoire du peuple d'Israël et
l'ancienne Alliance (1), établie en ces temps qui sont les derniers, a été
manifestée par l'effusion de l'Esprit et sera glorieusement achevée à la fin
des siècles. Alors seulement, comme on peut le lire dans les saints Pères,
tous les justes depuis Adam, "depuis le juste Abel jusqu'au dernier élu" (2)
seront rassemblés auprès du Père dans l'Église universelle.
La mission du Fils
3. Le Fils est donc venu, envoyé
par le Père qui nous a choisis en lui dès avant la création du monde et nous
a prédestinés à être ses enfants adoptifs, parce qu'il lui a plu de tout
réunir en lui (cf. Eph. 1, 4-5 et 10). C'est pourquoi le Christ, afin
d'accomplir la volonté du Père, a inauguré ici-bas le royaume des cieux,
nous a révélé le mystère du Père et, par son obéissance, a opéré la
rédemption. L'Église, qui est 1e royaume du Christ déjà présent sous une
forme mystérieuse, croît visiblement dans le monde grâce à la puissance de
Dieu. Ce commencement et cette croissance sont signifiés par le sang et
l'eau qui sortent du côté de Jésus crucifié (cf. Jn 19, 34) et
annoncés par les paroles du Seigneur concernant sa mort en croix: "Et Moi,
quand je serai élevé de terre, j'attirerai tout à Moi" (Jn 12, 32
gr.). Chaque fois que le sacrifice de la croix, par lequel "le Christ, notre
Pâque, a été immolé" (I Cor. 5, 7), est célébré sur l'autel, l'oeuvre
de notre rédemption se réalise. En même temps le sacrement du pain
eucharistique représente et produit l'unité des fidèles, qui constituent un
seul corps dans le Christ (cf. I Cor. 10, 17). Tous les hommes sont
appelés à cette union avec le Christ, qui est la lumière du monde, de qui
nous venons, par qui nous vivons, vers qui nous tendons.
L'Esprit qui sanctifie l'Église
4. Une fois accomplie l'oeuvre que
le Père avait donné à faire au Fils sur la terre (cf. Jn 17, 4), l'Esprit-Saint
fut envoyé le jour de la Pentecôte, afin de sanctifier l'Église en
permanence et qu'ainsi les croyants aient par le Christ, en un seul Esprit,
accès auprès du Père (cf. Eph. 2, 18). Il est l'Esprit de vie, la
source d'eau jaillissant jusqu'à la vie éternelle (cf. Jn 4, 14; 7,
38-39), par qui le Père vivifie les hommes, morts par suite du péché,
jusqu'au moment où il rendra la vie dans 1e Christ à leurs corps mortels
(cf. Rom. 8, 10-I1). L'Esprit habite dans l'Église et dans les coeurs
des fidèles comme en un temple (cf. I Cor. 3, 16; 6, 19); en eux il
prie et rend témoignage de leur adoption filiale (cf. Gal. 4, 6;
Rom. 8, 15-16 et 26). Cette Église qu'il amène à la vérité tout entière
(cf. Jn 16, 13), qu'il réunit dans la communion et le ministère, il
l'édifie encore et la dirige par des dons variés, tant hiérarchiques que
charismatiques, et par ses oeuvres il l'embellit (cf. Eph. 4, 11-12;
I Cor. 12, 4; Gal. 5, 22). Il la rajeunit par la force de l'Évangile,
il la rénove perpétuellement et la conduit enfin à l'union parfaite avec son
Epoux (3). Car l'Esprit et l'Epouse disent au Seigneur Jésus "Viens!" (cf.
Apoc. 22, 17). Ainsi l'Église universelle apparaît-elle comme "un
peuple rassemblé dans l'unité du Père, du Fils et de l'Esprit-Saint" (4).
Le royaume de Dieu
5. Le mystère de la sainte
Église
se manifeste dans sa fondation. Le Seigneur Jésus, en effet, inaugura son
Église en prêchant la bonne nouvelle, c'est-à-dire la venue du Royaume de
Dieu promis depuis des siècles dans les Écritures: "Les temps sont
accomplis, le Royaume de Dieu est proche" (Me 1, 15; cf. Mt.
4, 17). Ce Royaume de Dieu, il apparaît aux hommes dans la parole, les
oeuvres et la présence du Christ. La parole du Seigneur est comparée au
grain semé dans un champ (Mc 4, 14): ceux qui l'écoutent avec foi et
s'agrègent au petit troupeau du Christ (Lc 12, 32) ont accueilli le
Royaume lui-même. Puis la semence, par sa propre force, germe et se
développe jusqu'au temps de la moisson (cf. Mc 4, 26-29). De même les
miracles de Jésus sont une preuve que le Royaume est véritablement venu sur
terre: "Si c'est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, il est déjà
venu à vous, le Royaume de Dieu" (Lc 11, 20; cf. Mt. 12, 28).
Mais, avant tout, le Royaume se manifeste dans la Personne même du Christ,
Fils de Dieu et Fils de l'homme, qui est venu "pour servir et donner sa vie
comme rançon d'un grand nombre" (Mc 10. 45).
Et quand Jésus, après avoir
souffert la mort en croix pour les hommes, fut ressuscité, il apparut établi
comme Seigneur et Christ, comme Prêtre éternel (cf. Act. 2, 36;
Héb. 5, 6; 7, 17-21) et il répandit en ses disciples l'Esprit promis par
le Père (cf. Act. 2, 33). Dès lors, l'Église pourvue des dons de son
Fondateur et attachée à ses préceptes de charité, d'humilité et
d'abnégation, reçoit la mission d'annoncer et d'instaurer en toutes les
nations le Royaume du Christ et de Dieu dont, sur terre, elle constitue le
germe et le commencement. Dans l'intervalle, à mesure qu'elle grandit, elle
aspire à l'accomplissement du Royaume, elle espère et souhaite de toutes ses
forces être unie à son Roi dans la gloire.
Les images de l'Église
6. Dans l'Ancien Testament la
révélation du Royaume est souvent présentée sous des figures; de même
maintenant, c'est par diverses images que la nature intime de l'Église se
fait connaître à nous, et ces images empruntées soit à la vie pastorale et
au travail des champs, soit à la construction des édifices et même à la
famille et aux noces, s'élaborent déjà dans les livres des Prophètes.
L'Église est en effet le bercail
dont la porte unique et nécessaire est le Christ (Jn 10, 1-10). Elle
est aussi le troupeau, dont Dieu avait annoncé qu'il serait lui-même le
pasteur (cf. Is. 40, 11; Ez. 34. 11 suiv.), et dont les
brebis, même si elles sont guidées par des pasteurs humains, ne cessent
jamais cependant d'être conduites et nourries par le Christ lui-même, le bon
Pasteur et le Prince des pasteurs (cf. Jn 10, 11; I Petr. 5,
4), qui a donné sa vie pour les brebis (cf. Jn 10, 11-15).
L'Église est la terre que Dieu
cultive, ou encore son champ (I Cor. 3, 9). Dans ce champ grandit
l'antique olivier dont la racine sainte fut constituée par les Patriarches
et dans lequel s'est faite et se fera la réconciliation des Juifs et des
Gentils (Rom. 11, 13-26). L'Église a été plantée par le céleste
Cultivateur comme la vigne choisie (Mt. 21, 33-43 par.; cf. Is.
5, 1 suiv.). Le Christ est la vraie vigne qui donne la vie et la fécondité
aux sarments, c'est-à-dire à nous qui par l'Église demeurons en lui; et sans
lui nous ne pouvons rien faire (Jn 15.1-5).
Plus souvent encore l'Église
s'appelle l'édifice de Dieu (I Cor. 3, 9). Le Seigneur lui-même s'est
comparé à la pierre que les bâtisseurs ont rejetée mais qui est devenue tête
d'angle (Mt. 21, 41 par.; cf. Act. 4, 11; I Petr. 2, 7;
Ps. 117, 22). Sur ce fondement l'Église est construite par les
Apôtres (cf. I Cor. 3, 11) et c'est de lui qu'elle reçoit fermeté et
cohésion. Cet édifice prend diverses appellations: maison de Dieu (I Tim. 3,
15) où habite sa famille, demeure de Dieu dans l'Esprit (Eph. 2. 19-22),
"tabernacle de Dieu avec les hommes" (Apoc. 21, 3) et surtout temple
sacré, que les saints Pères voient représenté dans des sanctuaires de
pierres et qui, dans la Liturgie, est comparé non sans raison à la Cité
sainte, à la nouvelle Jérusalem (5). En elle, de fait, nous sommes édifiés
dès ici-bas comme des pierres vivantes (cf. I Petr. 2, 5). Et Jean
contemple la sainte cité, lors de la rénovation du monde, descendant du ciel
d'auprès de Dieu, "prête comme une fiancée toute parée pour son époux" (Apoc.
21, 1 suiv.).
L'Église est même appelée "la
Jérusalem d'en haut" et "notre mère" (Gal. 4, 26: Apoc. 12,
17); elle apparaît comme l'épouse immaculée de l'Agneau sans tache (Apoc.
19, 7; 21, 2 et 9; 22, 17). Cette épouse, le Christ "l'a aimée... et il
s'est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier" (Eph. 5,
25-26); il se l'est associée par un pacte indissoluble et sans cesse "il la
nourrit et la soigne" (Eph. 5, 29), et il a voulu, après l'avoir
purifiée, qu'elle lui soit unie et soumise dans l'amour et la fidélité (cf.
Eph. 5, 24). Enfin, il l'a comblée pour toujours de dons célestes,
afin que nous puissions connaître la charité de Dieu et du Christ pour nous,
charité qui dépasse tonte connaissance (cf. Eph. 3, 19). Mais tandis
que l'Église accomplit son pèlerinage sur terre, loin du Seigneur (cf. II
Cor. 5, 6), elle se sent comme en exil, si bien qu'elle recherche les
choses d'en haut, qu'elle a du goût pour les choses d'en haut, là où le
Christ est assis à la droite de Dieu, où sa vie reste cachée avec le Christ
en Dieu jusqu'au jour où elle apparaîtra avec son Epoux dans la gloire (cf.
Col. 3, 1-4).
L'Église, Corps mystique du
Christ
7. Dans la nature humaine qu'il
s'est unie, le Fils de Dieu, en remportant la victoire sur la mort par sa
mort et sa résurrection, a racheté l'homme et l'a transformé pour en faire
une nouvelle créature (cf. Gal. 6, 15; II Cor. 5, 17). Car en
communiquant son Esprit, il a mystiquement établi ses frères, appelés
d'entre toutes les nations, comme son propre corps.
Dans ce corps la vie du Christ se
diffuse en ceux qui croient et qui, par les sacrements, sont unis, d'une
façon mystérieuse mais bien réelle, au Christ souffrant et glorifié (6). Par
le baptême, en effet, nous sommes rendus conformes au Christ: "En effet,
nous avons été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps" (I
Cor. 12, 13). Par ce rite sacré, l'union à la mort et à la résurrection
du Christ est à la fois représentée et effectuée: "par le baptême, en effet,
nous avons été ensevelis avec lui dans la mort"; et si "nous avons été
greffés sur lui par une mort pareille à la sienne, de même le serons-nous
par une résurrection pareille" (Rom. 6, 4-5). Dans la fraction du
pain eucharistique nous avons réellement part au corps du Seigneur et nous
sommes élevés à la communion avec lui et entre nous. "Parce qu'il y a un
seul pain, nous ne sommes qu'un corps malgré notre grand nombre, attendu que
tous nous recevons notre part de ce pain unique" (I Cor. 10, 17).
Ainsi tous nous devenons membres de ce corps (cf. I Cor. 12, 27) "et
respectivement, membres 1es uns des autres" (Rom. 12, 5).
Mais de même que tous les membres
du corps humain, pour nombreux qu'ils soient, ne forment cependant qu'un
corps, de même en est-il des fidèles dans le Christ (cf. I Cor. 12,
12). La diversité des membres et des fonctions se vérifie également dans
l'édification du corps du Christ. Unique est l'Esprit, qui distribue ses
dons, à la mesure de sa richesse et suivant les besoins des ministères, au
profit de l'Église (cf. I Cor. 12, 1-11). Parmi ces dons vient en
tête la grâce des Apôtres, à l'autorité desquels l'Esprit lui-même soumet
ceux qui ont reçu des charismes (cf. I Cor. 14). C'est le même Esprit
qui unifie lui-même le corps par sa propre puissance et au moyen de
l'articulation interne des membres entre eux, et qui produit et stimule la
charité chez les fidèles. En conséquence, si un membre a quelque souffrance
à supporter, tous les membres souffrent avec lui; ou si an membre est
honoré, tous les membres partagent sa joie (cf. I Cor. 12, 26).
De ce corps le Christ est le chef.
Il est lui-même l'image du Dieu invisible, et en lui tout a été créé.
Lui-même est avant toute chose et toutes choses subsistent en lui. Il est le
chef du corps qu'est l'Église. Il est le principe, le premier-né d'entre les
morts, afin d'avoir en tout la prééminence (cf. Col. 1, 15418). Par
la grandeur de sa puissance il règne sur les choses du ciel et de la terre;
grâce à sa perfection et à son action qui surpassent tout, il comble des
richesses de sa gloire son corps tout entier (7) (cf. Eph. 1, 18-23).
Tous les membres doivent tendre à
lui ressembler, jusqu'à ce que le Christ soit formé en eux (cf. Cal.
4, 19). Voilà pourquoi nous sommes englobés dans les mystères de sa propre
vie, rendus conformes à lui-même, morts et ressuscités avec lui en
attendant, de régner avec lui (cf. Phil. 3, 21; II Tim. 2, 11;
Eph. 2, 6; Col. 2, 12; etc.). Cheminant encore sur la terre,
suivant ses traces dans les épreuves et la persécution, nous sommes associés
à ses souffrances comme le corps à sa tête, et nous souffrons avec lui pour
être glorifiés avec lui (cf. Rom. 8, 17).
De lui "tout le corps, desservi et
uni par des jointures et des liens, tire son accroissement en Dieu" (Col.
2, 19). Lui-même, dans son corps qui est l'Église, dispense sons cesse les
dons des ministères, au moyen desquels nous nous aidons les uns les autres,
grâce à lui, en vue du salut, afin que, professant la vérité dans la
charité, nous croissions à tous les égards en lui qui est notre Chef (cf.
Eph. 4, 11-16 gr.).
Et afin que nous soyons
continuellement renouvelés en lui (cf. Eph. 4, 23), il nous a donné
d'avoir part à son Esprit. Et cet Esprit, qui est unique et identique dans
le Chef et dans les membres, vivifie, unifie et meut tout le corps; si bien
que les saints Pères ont pu comparer son rôle à la fonction que l'âme,
principe vital, remplit dans le corps humain (8).
Le Christ aime l'Église comme son
épouse, et il est le modèle de l'homme qui aime sa femme comme son propre
corps (cf. Eph. 5, 25-28); l'Église, pour sa part, est soumise à son
Chef (ib. 23-24). "Parce qu'en lui corporellement réside la plénitude de la
divinité" (Col. 2, 9), il comble de ses dons divins l'Église qui est
son corps et son plérôme (cf. Eph. 1, 22-23), afin qu'elle tende et
atteigne à toute la plénitude de Dieu (cf. Eph. 3, 19).
L'Église, à la fois visible et
spirituelle
8. Le Christ, unique Médiateur, a
établi et soutient sans cesse ici-bas sa sainte Église, qui est une
communauté de foi, d'espérance et de charité, comme un organisme visible (9)
par lequel il répand sur tous la vérité et la grâce. Mais la société
constituée d'organes hiérarchiques et le Corps mystique du Christ, le
groupement visible et la communauté spirituelle, l'Église terrestre et
l'Église déjà pourvue des biens célestes ne doivent pas être considérés
comme deux entités; ils constituent bien plutôt une seule réalité complexe
formée d'un élément humain et d'un élément divin (10). Ainsi, par une
analogie qui n'est pas sans valeur, elle est comparable au mystère du Verbe
incarné. De même, en effet, que la nature assumée par le Verbe divin lui
sert d'instrument de salut, instrument vivant et indissolublement uni à
lui-même, de même cet organisme ecclésial sert à l'Esprit du Christ qui le
vivifie en vue de la croissance du corps (cf. Eph. 4, 16) (11).
Telle est l'unique Église du Christ
que, dans le Symbole, nous reconnaissons comme une, sainte, catholique et
apostolique (12), que notre Sauveur, après sa résurrection remit à Pierre
pour qu'il la paisse (Jn 21, 17). C'est elle que le même Pierre et
les autres Apôtres furent chargés par lui de répandre et de guider (cf.
MI. 28, 18 ss), elle enfin qu'il établit pour toujours "colonne et
soutien de la vérité" (I Tim. 3, 15). Cette Église, constituée et
organisée en ce monde comme une communauté, subsiste dans l'Église
catholique, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques en
communion avec lui (13), encore que, hors de cet ensemble, on trouve
plusieurs éléments de sanctification et de vérité qui, en tant que dons
propres à l'Église du Christ, invitent à l'unité catholique.
Le Christ a accompli son oeuvre
rédemptrice dans la pauvreté et la persécution; ainsi l'Église est-elle
appelée à prendre la même voie pour communiquer aux hommes les fruits du
salut. Le Christ Jésus, "possédant la nature divine... s'est anéanti
lui-même en prenant la nature de l'esclave" (Phil. 2, 6) et pour nous
"s'est fait pauvre, de riche qu'il était" (II Cor. 8, 9). Telle est
aussi l'Église; et même si elle a besoin de ressources humaines pour remplir
sa mission, elle n'est pas établie pour rechercher la gloire terrestre, mais
pour prêcher, même par son exemple, l'humilité et l'abnégation. Le Christ a
été envoyé par le Père "pour évangéliser les pauvres... guérir les coeurs
brisés" (Lc 4, 18), "chercher et sauver ce qui était perdu" (Lc
19, 10). De même l'Église entoure tous ceux qu'afflige l'infirmité humaine;
bien plus, elle reconnaît dans les pauvres et en ceux qui souffrent l'image
de son Fondateur pauvre et souffrant, elle s'emploie à soulager leur
détresse et veut servir le Christ en eux. Mais tandis que le Christ "saint,
innocent, sans souillure" (Hébr. 7, 26) n'a pas connu le péché (II
Cor. 5, 21) mais est venu seulement expier les péchés du peuple (cf.
Hébr. 2, 17), l'Église, qui renferme en son sein les pécheurs, qui est
sainte et, en même temps, doit toujours être purifiée, recherche sans cesse
ta pénitence et le renouvellement.
L'Église "va de l'avant, marchant
parmi les persécutions du monde et les consolations de Dieu" (14), annonçant
la croix et la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne (cf. I Cor.
11, 26). C'est la puissance du Seigneur ressuscité qui la fortifie pour lui
faire surmonter par la patience et la charité ses peines et ses difficultés
intérieures aussi bien qu'extérieures, et, malgré tout, lui faire révéler
fidèlement au monde le mystère du Seigneur, mystère encore caché jusqu'à ce
qu'il apparaisse à la fin dans sa pleine lumière.
CHAPITRE
II
LE PEUPLE DE DIEU
La Nouvelle Alliance et le Peuple nouveau
9. De tout temps et chez toute
nation, celui qui craint Dieu et pratique la justice lui fut agréable (cf.
Act. 10, 35). Cependant Dieu n'a pas voulu sanctifier et sauver les
hommes individuellement et sans qu'aucun rapport n'intervienne entre eux,
mais plutôt faire d'eux un peuple qui le reconnaisse vraiment et le serve
dans ta sainteté. Il se choisit donc comme peuple le peuple israélite,
conclut avec lui une alliance et l'instruisit graduellement en se
manifestant lui-même, en faisant connaître le dessein de sa volonté dans
l'histoire de ce peuple et en se le consacrant. Tout cela cependant n'advint
qu'à titre de préparation et en figure, eu égard à l'alliance nouvelle et
parfaite qui devait se réaliser dans le Christ et de la révélation plus
complète qu'allait apporter le Verbe même de Dieu fait homme. "Voici venir
des jours -- oracle du Seigneur --. où je conclurai avec la maison d'Israël
et la maison de Juda une alliance nouvelle... Je mettrai ma loi au fond de
leur être et je l'écrirai sur leur coeur. Alors, je serai leur Dieu et eux
seront mon peuple... Ils me connaîtront tous, des plus petits jusqu'aux plus
grands - oracle du Seigneur" (Jér. 31, 31-34). Puis le Christ scella
ce nouveau pacte, c'est-à-dire la nouvelle alliance, en son sang (cf. I
Cor. 11, 25) en appelant d'entre les Juifs et les gentils une multitude
qui s'unirait non pas selon la chair mais en esprit, afin de constituer le
nouveau Peuple de Dieu. En effet ceux qui croient au Christ, engendrés à
nouveau d'un germe non point corruptible, mais incorruptible par la parole
du Dieu vivant (cf. I Petr. 1, 23), non pas de la chair mais de l'eau
et de l'Esprit-Saint (cf. Jn 3, 5-6) constituent "une race élue, un
sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis... eux, qui jadis
n'étaient pas un peuple, et maintenant sont le peuple de Dieu" (I Petr.
2, 9-10).
Ce peuple messianique a pour chef
le Christ "qui a été livré pour nos fautes et est ressuscité pour notre
sanctification" (Rom. 4, 25) et qui, maintenant, après s'être acquis
un nom qui est au-dessus de tout nom, règne glorieusement dans les cieux. Il
est dans l'état de dignité et de liberté propre aux fils de Dieu, dont le
coeur est comme le temple de l'Esprit-Saint. Il a pour loi un commandement
nouveau, celui d'aimer comme le Christ lui-même nous a aimés (cf. Jn
13, 34). Enfin, il a son terme dans le Royaume de Dieu, inauguré sur terre
par Dieu lui-même, destiné à s'étendre dans la suite des âges en attendant
de recevoir en Lui son perfectionnement final à la fin des siècles, lorsque
le Christ se manifestera, lui qui est notre vie (cf. Col. 3, 4), et
que "la création elle-même sera libérée de la servitude de la corruption
pour participer à la glorieuse liberté des enfants de Dieu" (Rom. 8, 21).
C'est pourquoi ce peuple messianique, s'il ne comprend pas effectivement
tous les hommes et n'apparaît parfois que comme un petit troupeau, n'en
subsiste pas moins au sein de toute l'humanité comme un germe très fort
d'unité, d'espérance et de salut. Etabli par le Christ en communion de vie,
de charité et de vérité, il lui sert d'instrument pour la rédemption de tous
et il est envoyé au monde entier comme lumière du monde et sel de la terre
(cf. Mt. 5, 13-16).
L'Israël selon la chair, cheminant
dans la solitude, prend déjà le nom d'Église de Dieu (II Esdr. 13, 1;
cf. Nombr. 20, 4; Deut. 23, 1 et suiv.); de même le nouvel
Israël, celui de l'ère présente en quête de la cité future et qui ne finit
pas (cf. Hébr. 13, 14), s'appelle également l'Église du Christ (cf.
Mt. 16, 18). Car le Christ lui-même l'a acquise au prix de son sang
(cf. Act. 20, 28), remplie de son Esprit et pourvue de moyens aptes à
procurer une union visible et sociale. Dieu a convoqué ta communauté de ceux
qui regardent avec foi Jésus, auteur du salut, principe d'unité et de paix,
et il en a fait l'Église, afin qu'elle soit pour tous et pour chacun le
sacrement visible de cette unité salvifique (1). Cette Église qui doit
s'étendre à toute la terre et entrer dans l'histoire humaine, domine en même
temps les époques et les frontières des peuples. Au milieu des embûches et
des tribulations qu'elle rencontre, elle est soutenue, dans sa marche, par
le secours de la grâce divine que lui a promise le Seigneur, afin que, dans
la condition de l'humaine faiblesse, elle ne laisse pas d'être parfaitement
fidèle, mais demeure la digne épouse de son Seigneur et se renouvelle sans
cesse elle-même, sous l'action de l'Esprit-Saint; jusqu'à ce que, par la
croix, elle parvienne à la lumière qui ne connaît pas de déclin.
Le sacerdoce commun
10. Le Christ Seigneur, Pontife
pris d'entre les hommes (cf. Hébr. 5, 1-5) fit du nouveau peuple "un
royaume de prêtres pour Dieu son Père" (Apoc. 1, 6; 5, 9-10). En
effet, par la régénération et l'onction de l'Esprit-Saint, les baptisés sont
consacrés pour être une maison spirituelle et un sacerdoce saint, en vue
d'offrir des sacrifices spirituels, moyennant toutes les oeuvres du
chrétien, et d'annoncer les louanges de Celui qui les a appelés des ténèbres
à son admirable lumière (cf. I Petr. 2, 4-10). Que tous les disciples
du Christ, en persévérant dans la prière et en louant Dieu ensemble (cf.
Act. 2, 42-47), s'offrent donc eux-mêmes comme une hostie vivante,
sainte, agréable à Dieu (cf. Rom. 12, 1), qu'ils rendent partout
témoignage au Christ et, à qui le demande, rendent compte de l'espérance de
la vie éternelle qui est en eux (cf. I Petr. 3, 15).
Le sacerdoce commun des fidèles et
le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, s'ils diffèrent essentiellement et
non pas seulement en degré, sont cependant ordonnés l'un à l'autre puisque
l'un comme l'antre participe à sa façon de l'unique sacerdoce du Christ (2).
Grâce au pouvoir sacré dont il est investi, le prêtre, ministre du Christ,
instruit et gouverne le peuple sacerdotal, accomplit, en qualité de
représentant du Christ, le sacrifice eucharistique et l'offre à Dieu au nom
de tout le peuple; les fidèles, en vertu de leur sacerdoce royal, ont part à
l'offrande eucharistique (3) et exercent leur sacerdoce par la réception des
sacrements, la prière et l'action de grâces, par le témoignage d'une vie
sainte, par l'abnégation et la charité active.
L'exercice du sacerdoce commun
dans les sacrements
11. Le pouvoir sacré et
organiquement structuré de la communauté sacerdotale entre en activité par
les sacrements et les vertus. Les fidèles, incorporés à l'Église par le
baptême, sont rendus aptes, grâce à leur caractère, à célébrer le culte de
la religion chrétienne. Et après avoir été régénérés pour devenir enfants de
Dieu, ils sont tenus à professer publiquement la foi qu'ils ont reçue de
Dieu par l'Église (4), à laquelle le sacrement de confirmation les unit plus
étroitement grâce à l'Esprit-Saint qui les enrichit d'une force
particulière. Ainsi se trouvent-ils plus strictement obligés de répandre la
foi et de la défendre par la parole et les oeuvres, comme de véritables
témoins du Christ (5). En participant au sacrifice eucharistique, source et
sommet de toute la vie chrétienne, ils offrent à Dieu la divine Victime et
eux-mêmes avec elle (6). " Ainsi tous, aussi bien par l'offrande que par la
sainte communion, jouent dans l'action liturgique le rôle qui leur est
propre, non pas indistinctement, mais chacun à sa manière. De plus, en se
nourrissant du Corps du Christ dans la sainte communion, ils manifestent
concrètement l'unité du Peuple de Dieu, qui, dans ce sublime sacrement, est
convenablement signifiée et merveilleusement réalisée.
Ceux qui s'approchent du sacrement
de pénitence reçoivent de la miséricorde de Dieu le pardon des offenses
qu'ils lui ont faites; en même temps ils se réconcilient avec l'Église, que
leur péché avait blessée et qui coopère à leur conversion par la charité,
l'exemple et la prière. Par l'onction sacrée des malades et la prière des
prêtres, toute l'Église recommande les malades au Seigneur souffrant et
glorifié, afin qu'elle adoucisse leurs peines et les sauve (cf. Jac.
5, 14-16); et même elle les exhorte à s'unir spontanément à la passion et à
la mort du Christ (cf. Rom. 8, 17; Col. 1, 24; II Tim.
2, 11-12; I Petr. 4, 13), pour contribuer ainsi au bien du Peuple de
Dieu. En outre, les fidèles .revêtus d'un Ordre sacré sont établis au nom du
Christ pour paître l'Église par la parole et la grâce de Dieu. Enfin les
époux chrétiens, en vertu du sacrement de mariage par lequel ils expriment,
en y participant, le mystère d'unité et d'amour fécond entre le Christ et
l'Église (cf. Eph. 5, 32), s'aident réciproquement afin de parvenir à
la sainteté dans la vie conjugale comme dans l'acceptation et l'éducation
des enfants. Ils ont ainsi, dans leur état de vie et dans leur fonction, un
don qui leur est propre au sein du Peuple de Dieu (7). De cette union, en
effet, procède la famille, où naissent les nouveaux citoyens de la société
humaine qui, par la grâce de l'Esprit-Saint, en vue de perpétuer le Peuple
de Dieu à travers les siècles, deviennent par le baptême enfants de Dieu.
Dans ce qu'on pourrait appeler l'Église domestique, les parents doivent par
la parole et par l'exemple être les premiers à faire connaître la foi à
leurs enfants et ils doivent cultiver la vocation de chacun d'entre eux,
spécialement la sainte vocation.
Munis de tant de moyens de salut si
admirables, les fidèles, quels que soient leur état et leur condition, sont
appelés par le Seigneur, chacun en suivant sa voie personnelle, à la
perfection de cette sainteté dont le Père jouit en plénitude.
Le sens de la foi et les
charismes dans le peuple chrétien
12. Le Peuple saint de Dieu a part
également à la fonction prophétique du Christ, en rendant un vivant
témoignage à son endroit, avant tout par une vie de foi et de charité et en
offrant à Dieu un sacrifice de louange, c'est-à-dire le fruit de lèvres qui
confessent son nom (cf. Hébr. 13, 15). L'ensemble des fidèles qui ont
reçu l'onction du Saint (cf. I Jn 2, 20 et 27) ne peut pas errer dans
la foi; et il manifeste cette prérogative au moyen du sens surnaturel de la
foi commun à tout le peuple, lorsque "depuis les évêques jusqu'au dernier
des fidèles laïcs" (8), il fait entendre son accord universel dans les
domaines de la foi et de la morale. C'est, en effet, dans ce sens de la foi
éveillé et nourri par l'Esprit de vérité que le Peuple de Dieu, fidèlement
soumis à la conduite du magistère sacré, accueille vraiment non pas une
parole humaine mais la parole de Dieu (cf. I Thess. 2, 13), qu'il
adhère indéfectiblement "à la foi qui fut une fois pour toutes transmise aux
saints" (Jude 3), qu'il approfondit correctement cette même foi et la
met plus pleinement en oeuvre.
En outre, le même Esprit-Saint non
seulement sanctifie le Peuple de Dieu, le conduit et l'orne de vertus au
moyen des sacrements et des ministères mais, "en distribuant à chacun ses
dons comme il lui plaît" (I Cor. 12, 11), il dispense également,
parmi les fidèles de tout ordre, des grâces spéciales qui les habilitent à
assumer des activités et des services divers, utiles au renouvellement et à
l'expansion de l'Église, suivant ces paroles: "A chacun la manifestation de
l'Esprit est donnée en vue du bien commun" (I Cor. 12, 7). Ces
charismes, qu'ils soient extraordinaires ou plus simples et plus répandus,
sont ordonnés et adaptés d'abord aux besoins de l'Église: ils doivent donc
être accueillis avec gratitude et joie spirituelle. Cependant, il ne faut
pas demander imprudemment les dons extraordinaires, pas plus qu'il ne faut
en attendre présomptueusement les fruits des travaux apostoliques. C'est à
l'autorité ecclésiastique qu'il appartient de juger de l'authenticité et de
la mise en oeuvre de ces dons; et c'est aussi à elle qu'il appartient
spécialement de ne pas éteindre l'Esprit, mais de tout examiner et de
retenir ce qui est bon (cf. I Thess. 5, 12 et 19-21).
L'universalité ou "catholicité"
de l'unique Peuple de Dieu
13. Tous les hommes sont appelés à
former le nouveau Peuple de Dieu. En conséquence, ce peuple doit, sans
cesser d'être un et unique, s'étendre au monde entier et en tous les siècles
afin que s'accomplisse le dessein de Dieu, qui au commencement créa la
nature humaine une et voulut ensuite rassembler en un seul corps ses enfants
dispersés (cf. Jn 11, 52). A cette fin, Dieu envoya son Fils, qu'il
constitua héritier de toutes choses (cf. Hébr. 1, 2), pour être
Maître, Roi et Prêtre de l'univers, Chef du peuple nouveau et universel des
fils de Dieu. A cette fin aussi Dieu envoya l'Esprit de son Fils, Seigneur
et Vivificateur, qui est, pour toute l'Église et pour chacun des croyants,
principe de réunion et d'unité dus l'enseignement des Apôtres, dans la
communion, dans la fraction du pain et les prières (of. Act. 2, 42
gr.).
En toutes les nations de la terre
subsiste l'unique Peuple de Dieu, puisque c'est de toutes les nations qu'il
tire ses membres, citoyens d'un Royaume dont le caractère n'est pas
terrestre, mais bien céleste. Car tous les fidèles épars à travers le monde
sont en communion les uns avec les autres dans l'Esprit-Saint, et ainsi
"celui qui habite à Rome sait que les Indiens sont ses membres" (9). Mais
comme le Royaume du Christ n'est pas de ce monde (cf. Jn 18, 36),
l'Église, Peuple de Dieu, en introduisant ce Royaume, n'enlève rien au bien
temporel des peuples, quels qu'ils soient; au contraire, elle favorise et
assume, dans la mesure où ces choses sont bonnes, les talents, les
richesses, les coutumes des peuples et, en les assumant, les purifie, les
renforce et les élève. Elle sait, en effet, qu'il lui faut resserrer ses
rangs autour de ce Rois, car c'est à lui que les nations ont été données en
héritage (cf. Ps. 2, 8), vers son royaume qu'afflueront richesses et
présents (cf. Ps. 71/72, 10; Is. 60, 4-7; Apoc. 21,
24). Ce caractère d'universalité qui distingue le Peuple de Dieu est un don
du Seigneur lui-même qui porte l'Église catholique à s'employer efficacement
et sans arrêt à rassembler toute l'humanité et la totalité de ses biens sous
le Christ Chef, en l'unité de son Esprit (10).
Grâce à cette universalité, chaque
élément apporte aux autres et à toute l'Église ses propres dons; en sorte
que le tout, comme chaque partie, profite du fait que tous communiquent
entre eux et travaillent dans l'unité et sans restriction à la perfection de
l'ensemble. En conséquence, le Peuple de Dieu non seulement se rassemble à
partir de divers peuples, mais il se compose en lui-même de catégories
différentes. Il existe, en effet, entre ses membres une diversité, soit dans
les charges (certains membres remplissant une fonction sacrée en vue du bien
de leurs frères), soit encore dans l'état de vie et l'orientation, alors que
plusieurs, vivant dans l'état religieux, tendent à la sainteté par une voie
plus rigoureuse et stimulent leurs frères par leur exemple. De là vient
aussi l'existence légitime, dans la communion ecclésiastique, des Églises
particulières qui jouissent de traditions propres, sans préjudice du primat
de la Chaire de Pierre qui préside à toute l'assemblée de la charité (11),
qui protège les légitimes diversités et, en même temps, veille à ce que les
différences ne nuisent point à l'unité, mais la servent. De là enfin découle
l'existence, entre les éléments qui composent l'Église, des liens d'une
union intime en ce qui concerne les biens spirituels, les ouvriers
apostoliques et les ressources matérielles. Car les membres du Peuple de
Dieu sont appelés à se donner les uns aux autres de leurs biens; et même il
faut appliquer à chacune des Églises ces paroles de l'Apôtre: "Que chacun
mette au service des autres les dons qu'il a reçus, comme de bons
dispensateurs de la grâce divine qui est si variée" (I Petr. 4, 10).
Tous les hommes sont appelés à
cette unité catholique du Peuple de Dieu, unité qui annonce et promeut la
paix universelle; et c'est à cette même unité qu'ont rapport, c'est à elle
que sont ordonnés -- et cela de façons diverses -- soit les fidèles
catholiques, soit les autres qui ont foi dans le Christ, soit enfin
l'universalité des hommes, appelés au salut par la grâce de Dieu.
Les fidèles catholiques
14. Le saint Concile s'adresse donc
avant tout aux fidèles catholiques. Il enseigne, pourtant, en s'appuyant sur
la Sainte Ecriture et la Tradition, que cette Église voyageuse est
nécessaire au salut. Seul, en effet, le Christ est Médiateur et voie du
salut, lui qui se rend présent pour nous dans son Corps, qui est l'Église.
Enseignant expressément la nécessité de la foi et du baptême (cf. Me
16, 16; Jn 3, 5) le Christ lui-même a du même coup affirmé la
nécessité de l'Église, dans laquelle on est introduit par le baptême comme
par une porte. Aussi ne pourraient-ils pas être sauvés, ceux qui, sans
ignorer que Dieu, par Jésus-Christ, a établi l'Église catholique comme
nécessaire, refuseraient cependant d'y entrer ou de demeurer en elle.
Sont pleinement incorporés à la
communauté ecclésiale ceux qui, possédant l'Esprit du Christ, acceptent
toute son économie et tous les moyens de salut établis en elle et sont, par
les liens de la profession de foi, des sacrements, de la direction et de la
communion ecclésiastiques, unis dans ce même ensemble visible de l'Église,
avec le Christ qui la régit par le souverain Pontife et les évêques. D'autre
part, n'est pas sauvé, même s'il est incorporé à l'Église, celui qui, faute
de persévérer dans la charité, demeure dans le sein de l'Église "de corps ".
mais non pas " de coeur" (12). Au surplus, tous les fils de l'Église se
rappelleront qu'ils ne doivent pas attribuer leur condition privilégiée à
leurs propres mérites, mais à une grâce spéciale du Christ; et que, s'ils
n'y correspondent pas dans leurs pensées, leurs paroles et leurs actes, bien
loin d'être sauvés, ils seront jugés plus sévèrement (13).
Les catéchumènes qui, sous la
motion de Esprit-Saint, veulent expressément être incorporés à l'Église, lui
sont unis par ce désir même, et la Mère Église les entoure déjà de son amour
et de ses soins.
Les liens
de l'Église avec les chrétiens non catholiques
15. Avec ceux qui, baptisés,
s'honorent du nom de chrétiens, mais ne professent pas intégralement la foi
ou ne conservent pas l'unité de la communion avec le successeur de Pierre,
l'Église se sait unie par de multiples rapports (14). Beaucoup, en effet,
vénèrent la sainte Ecriture comme norme de foi et de vie; ils manifestent
aussi un authentique zèle religieux, croient avec amour en Dieu le Père
tout-puissant et dans le Christ, Fils de Dieu Sauveur (15), sont marqués par
le baptême, qui les unit au Christ et, en outre, reconnaissent et acceptent
d'autres sacrements dans leurs propres Églises ou communautés. Plusieurs
parmi eux ont aussi l'épiscopat, célèbrent la sainte Eucharistie et
cultivent la dévotion envers la Vierge Mère de Dieu (16). A cela s'ajoute la
communion par la prière et d'autres bienfaits spirituels; et même une union
réelle dans l'Esprit-Saint, car l'Esprit agit également en eux par ses dons
et ses grâces, avec sa puissance sanctificatrice; et il a donné à certains
d'entre eux une vertu qui les a fortifiés jusqu'à l'effusion de leur sang.
Ainsi l'Esprit éveille-t-il en tous les disciples du Christ le désir et
oriente-t-il leur activité afin que tous s'unissent pacifiquement, de la
manière que le Christ a fixée, en un seul troupeau et sous un seul Pasteur
(17). Et pour obtenir cette unité la Mère Église ne cesse de prier,
d'espérer et d'agir. Elle exhorte ses fils à se purifier et à se renouveler,
afin que l'image du Christ resplendisse, plus nette, sur le visage de
l'Église.
Les non-chrétiens
16. Enfin, ceux qui n'ont pas
encore reçu l'Évangile sont ordonnés de façons diverses au Peuple de Dieu
(18). Et d'abord, le peuple qui reçut les alliances et les promesses et dont
le Christ est né selon la chair (cf. Rom. 9, 4-5); peuple élu de Dieu
et qui lui est très cher en raison de ses ancêtres, car les dons et la
vocation de Dieu sont sans repentance (Rom. 11, 28-29). Mais le
dessein de salut englobe aussi ceux qui reconnaissent le Créateur, et parmi
eux, d'abord, les Musulmans qui, en déclarant qu'ils gardent la foi
d'Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, qui jugera les
hommes au dernier jour. Quant à ceux qui cherchent le Dieu inconnu sous les
ombres et les figures, Dieu lui-même n'est pas loin d'eux non plus,
puisqu'il donne à tous la vie, le souffle et toutes choses (cf. Act.
17, 25-28), et que le Sauveur veut le salut de tous les hommes (cf. I Tim.
2, 4). En effet ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l'Évangile du
Christ et son Église et cependant cherchent Dieu d'un coeur sincère et qui,
sous l'influence de la grâce, s'efforcent d'accomplir dans leurs actes sa
volonté qu'ils connaissent par les injonctions de leur conscience, ceux-là
aussi peuvent obtenir le salut éternel (19). Et la divine Providence ne
refuse pas les secours nécessaires au salut à ceux qui ne sont pas encore
parvenus, sans qu'il y ait de leur faute, à la connaissance claire de Dieu
et s'efforcent, avec l'aide de la grâce divine, de mener une vie droite. En
effet, tout ce que l'on trouve chez eux de bon et de vrai, l'Église le
considère comme un terrain propice à l'Évangile (20) et un don de Celui qui
éclaire tout homme, pour qu'il obtienne finalement la vie. Mais bien souvent
les hommes, trompés par le Malin, se sont abandonnés à la vanité de leurs
pensées et ont échangé la vérité divine pour le mensonge, en servant la
créature à la place du Créateur (cf. Rom. 1, 21 et 25). Ou encore, en
vivant et mourant sans Dieu en ce monde, ils s'exposent au plus grand
désespoir. Aussi, en vue de promouvoir la gloire de Dieu et le salut de tous
ces hommes, l'Église, se souvenant du commandement du Seigneur qui dit:
"Prêchez l'Évangile à toute créature" (Mc 16, 15), s'emploie-t-elle
avec sollicitude à développer les missions.
Le caractère missionnaire de
l'Église
17. En effet, le Fils, comme il a
été envoyé par le Père, a lui-même envoyé les Apôtres (cf. Jn 20, 21)
en disant: "Allez donc, faites de toutes les nations des disciples, les
baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à
garder tout ce que je vous ai commandé. Et voici que je suis avec vous tous
les jours, jusqu'à ta fin du monde" (Mt. 28, 19-20). Et ce mandat
solennel d'annoncer la vérité qui sauve, l'Église l'a reçu des Apôtres pour
qu'elle l'accomplisse jusqu'aux extrémités de la terre (cf. Act. 1,
8). Dès lors, elle fait siennes les paroles de l'Apôtre: "Malheur....à moi,
si je n'évangélise pas" (I Cor. 9, 16) et elle continue sans répit à
envoyer des missionnaires jusqu'à ce que les nouvelles Églises soient
pleinement établies et qu'elles poursuivent à leur tour l'oeuvre de
l'évangélisation. En effet l'Esprit-Saint la pousse à travailler à la pleine
réalisation du dessein de Dieu, qui a établi le Christ comme principe de
salut pour le monde entier. En prêchant l'Évangile, l'Église attire à la foi
ceux qui l'écoutent, elle les incite à professer cette foi, elle les dispose
au baptême, les arrache à l'esclavage de l'erreur et les incorpore au
Christ, afin que par la charité ils croissent en lui jusqu'à la plénitude.
Par son activité, elle fait en sorte que toute trace de bien, quelle qu'elle
soit, présente dans le coeur et la pensée des hommes, dans leurs rites et
leurs cultures, non seulement ne périsse pas, mais soit, au contraire,
purifiée, élevée et portée à la perfection pour la gloire de Dieu, la
confusion du démon et le bonheur .de l'homme. A chacun des disciples du
Christ incombe, pour sa part, la charge de jeter la semence de la foi (21).
Mais si tout croyant peut baptiser, il appartient cependant au prêtre de
parfaire l'édification du Corps par le sacrifice eucharistique,
accomplissant ainsi ce que Dieu a dit par le prophète: "Du levant au
couchant mon nom est grand parmi .les Nations et en tout lieu un sacrifice
et une offrande pure sont offerts à mon nom" (22) (Mal. 1, 11).
C'est ainsi que l'Église prie et
travaille tout ensemble, afin que le monde tout entier devienne le Peuple de
Dieu, le Corps du Seigneur et le Temple de l'Esprit-Saint; et que dans le
Christ, Chef de tous les êtres, tout honneur et toute gloire soient rendus
au Créateur et Père de toutes choses.
CHAPITRE
III
LA CONSTITUTION HIÉRARCHIQUE DE L'ÉGLISE
ET, EN PARTICULIER, L'ÉPISCOPAT
Introduction
18. Le Christ Seigneur, pour paître
et accroître toujours davantage le Peuple de Dieu, a établi dans son Église
divers ministères qui tendent au bien de tout le Corps. En effet, les
ministres qui sont revêtus d'un pouvoir sacré servent leurs frères, afin que
tous ceux qui appartiennent au Peuple de Dieu et qui, par conséquent, ont
vraiment la dignité de chrétiens tendent librement et de façon ordonnée vers
le même but et parviennent au salut.
Ce saint Synode, à l'exemple du
Concile Vatican I, enseigne avec lui et déclare que Jésus-Christ, Pasteur
éternel, a édifié la sainte Église en envoyant les Apôtres comme lui-même
avait été envoyé par le Père (cf. Jn 20, 21), et a voulu que leurs
successeurs, c'est-à-dire les évêques, fussent dans son Église pasteurs
jusqu'à la fin des siècles. Et afin que l'épiscopat lui-même fût un et sans
fissure, il a mis à la tête des autres Apôtres le bienheureux Pierre qu'il a
établi comme principe et fondement perpétuel autant que visible de l'unité
de la foi et de la communion (1). Cette doctrine de l'institution, de la
perpétuité, de la valeur et de la raison de la sacrée primauté du Pontife
romain et de son infaillible magistère, le saint Concile la propose de
nouveau à tous les fidèles pour qu'elle soit crue fermement; et poursuivant
le même dessein, il a décidé de professer et de proclamer publiquement la
doctrine concernant les évêques, successeurs des Apôtres, lesquels, avec le
successeur de Pierre, Vicaire du Christ (2) et Chef visible de toute
l'Église, gouvernent la maison du Dieu vivant.
L'institution des Douze
19. Le Seigneur Jésus, après avoir
prié le Père, appela à lui ceux qu'il voulut et en nomma douze qu'il
prendrait avec lui et qu'il enverrait prêcher le Royaume de Dieu (cf. Mc
3, 13-19; Mt. 10, 42); et ces Apôtres (cf. Lc 6, 13) il les
constitua en collège ou corps stable, à la tête duquel il mit Pierre, choisi
parmi eux (cf. Jn 21, 15-17). Il les envoya d'abord aux fils d'Israël
et puis à toutes les nations (cf. Rom. I, 16) afin que, revêtus de
son autorité, ils fassent de tous les peuples ses disciples, les sanctifient
et les gouvernent (cf. Mt. 28, 16-20; Mc 16, 15; Lc 24,
45-48; Jn 20, 21-23), et qu'ainsi ils propagent l'Église et, sous la
conduite du Seigneur, en soient les ministres et les pasteurs, tous les
jours jusqu'à la fin du monde (cf. Mt. 28, 20). Et ils furent
pleinement confirmés dans cette mission le jour de la Pentecôte (cf. Act.
2, 1-36) selon la promesse du Seigneur: "Vous recevrez une force, celle du
Saint-Esprit qui viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem,
dans toute la Judée et la Samarie, jusqu'aux extrémités de la terre" (Act.
1, 8). Les Apôtres, donc, prêchaient partout l'Évangile (cf. Mc 16,
20), qui fut accueilli par les auditeurs sous la motion du Saint-Esprit,
rassemblèrent l'Église universelle que le Seigneur avait fondée dans les
Apôtres et qu'il avait édifiée sur le bienheureux Pierre, leur chef,
Jésus-Christ étant lui-même la suprême pierre angulaire (3) (cf. Apoc.
21, 14; Mt. 16, 18; Eph. 2, 20).
Les évêques successeurs des
Apôtres
20. La mission divine confiée par
le Christ aux Apôtres durera jusqu'à la fin des siècles (cf. Mt. 28,
20), puisque l'Évangile qu'ils doivent prêcher est de tout temps pour
l'Église le principe de sa vie entière. C'est pourquoi les Apôtres, dans
cette société hiérarchiquement organisée, eurent soin de se donner des
successeurs.
En effet, non seulement ils eurent
divers collaborateurs dans leur ministère (4), mais pour que la mission qui
leur avait été confiée pût continuer après leur mort, ils laissèrent pour
ainsi dire en testament à leurs collaborateurs immédiats la charge de
compléter et de consolider l'oeuvre commencée par eux (5), en leur
recommandant de veiller sur tout le troupeau au milieu duquel le
Saint-Esprit les avait placés pour paître l'Église de Dieu (cf. Act.
20, 28). C'est pourquoi ils choisirent ces hommes et prirent ensuite des
dispositions pour que, après leur mort, d'autres hommes éprouvés prennent
leur place (6). Parmi les divers ministères qui dès le début s'exercent dans
l'Église, le témoignage de la tradition accorde la première place à ceux
qui, établis dans l'épiscopat par une succession ininterrompue depuis
l'origine (7), sont la lignée issue de la souche apostolique (8). Ainsi,
comme l'atteste saint Irénée, par l'intermédiaire de ceux que les Apôtres
consacrèrent évêques et de leurs successeurs jusqu'à nous, la tradition
apostolique est manifestée (9) et conservée (10) dans tout l'univers.
Les évêques assumèrent donc la
charge de la communauté avec leurs collaborateurs, les prêtres et les
diacres (11), et dirigèrent à la place de Dieu le troupeau (12) dont ils
étaient les pasteurs, et cela comme maîtres de doctrine, prêtres du culte
sacré, ministres du gouvernement de l'Église (13). De même donc que se
perpétue la mission concédée en particulier par le Seigneur à Pierre, le
premier des Apôtres, mission qui devait se transmettre à ses successeurs,
ainsi se perpétue également la charge qu'avaient les Apôtres de paître
l'Église, charge qui doit s'exercer perpétuellement par l'ordre sacré des
évêques (14). Ainsi donc le saint Concile enseigne-t-il que les évêques, de
par l'institution divine, ont occupé, dans la succession, la place des
Apôtres (15) en tant que pasteurs de l'Église; et que quiconque les écoute,
écoute le Christ, quiconque les méprise, méprise le Christ et Celui qui a
envoyé le Christ (16) (cf. Lc 10, 16).
La sacramentalité de l'épiscopat
21. En la personne des évêques
qu'assistent les prêtres, le Seigneur Jésus-Christ, Pontife Suprême, est
donc présent au milieu de ses fidèles. Assis en effet à la droite du Père il
ne cesse pas d'être présent au sein de la communauté de ses pontifes (17).
Et d'abord, par merveilleux truchement des évêques, il adresse à tous les
peuples la parole de Dieu, et il administre continuellement aux croyants les
sacrements de la foi; grâce à leur paternelle sollicitude (cf. I Cor.
4, 15) il incorpore de nouveaux membres à son Corps au moyen de la
régénération surnaturelle; et enfin, par leur sagesse et leur prudence, il
dirige et prépare le Peuple du Nouveau Testament dans sa marche vers
l'éternelle béatitude. Ces pasteurs, choisis pour paître le troupeau du
Seigneur, sont les ministres du Christ et les dispensateurs des mystères de
Dieu (cf. I Cor. 4, 1); c'est à eux qu'ont été confiés témoignage à
rendre à l'Évangile de la grâce divine (cf. Rom. 15, 16; I Act.
20, 24) et le glorieux ministère de l'Esprit et de la justice (cf. II Cor.
3, 8-9).
Pour remplir une si haute charge,
les Apôtres ont été enrichis par le Christ des trésors de l'Esprit-Saint,
qui descendit sur eux (cf. Act I, 8; 2, 4; Jn 20, 22-23). Par
l'imposition des mains ils conférèrent eux-mêmes ce don spirituel à leurs
collaborateurs (cf. I Tim. 4, 14 II Tim. 1, 6-7), don qui a
été transmis jusqu'à nous dans la consécration épiscopale (18). Le saint
Concile enseigne d'autre part que cette consécration épiscopale confère la
plénitude du sacrement de l'Ordre que la coutume liturgique de l'Église et
la voix des saints Pères appellent sacerdoce suprême, résumé du ministère
sacré (19). La consécration épiscopale confère aussi, avec la charge de
sanctifier, celle d'enseigner et de gouverner; cependant. de par leur
nature, ces charges ne peuvent être exercées que dans la communion
hiérarchique avec le Chef et les membres du Collège. De la Tradition, en
effet, telle qu'elle résulte spécialement des rites liturgiques et des
usages de l'Église tant d'Orient que d'Occident, il ressort clairement que,
par l'imposition des mains et par les paroles de la consécration, la grâce
de l'Esprit-Saint est conférée (20), et le caractère sacré imprimé (21), et
de telle sorte que les évêques tiennent, de façon éminente et visible, la
place du Christ lui-même, Maître, Pasteur et Pontife, et agissent à sa place
(22). Il appartient aux évêques d'incorporer, par le sacrement de l'Ordre,
les nouveaux élus dans le corps épiscopal.
Le collège épiscopal et son chef
22. C'est par une semblable
disposition que saint Pierre et les autres Apôtres constituent, par ordre du
Seigneur, un seul Collège apostolique, et que le Pontife romain, successeur
de Pierre, et les évêques, successeurs des Apôtres, sont unis entre eux.
Déjà la règle très ancienne selon laquelle les évêques du monde entier
communiaient entre eux et avec l'Évêque de Rome dans le lien de l'unité, de
la charité et de la paix (23), et aussi les conciles rassemblés (24) pour
statuer en commun (25), après mûre délibération (26), sur certains points de
grande importance, indiquent le caractère et la nature collégiale de l'ordre
épiscopal que, d'ailleurs, les Conciles oecuméniques réunis au cours des
siècles confirment jusqu'à l'évidence. C'est ce même caractère que révèle
déjà l'usage, introduit très tôt, de convoquer plusieurs évêques pour les
faire participer à l'élévation du nouvel élu au ministère du sacerdoce
suprême. On est constitué membre du Corps épiscopal en vertu de la
consécration sacramentelle et par la communion hiérarchique avec le Chef du
Collège et avec les membres.
Le Collège ou corps épiscopal n'a
cependant d'autorité que si on le conçoit comme uni à son chef le Pontife
romain, successeur de Pierre, lequel conserve intégralement sa primauté sur
tous, tant pasteurs que fidèles. En effet, le Pontife romain, en vertu de
son office qui est celui de Vicaire du Christ et de Pasteur de toute
l'Église, a sur celle-ci un pouvoir plénier, suprême et universel, qu'il
peut toujours exercer en toute liberté. D'autre part, l'ordre des évêques,
qui succède au collège des Apôtres dans le magistère et le gouvernement
pastoral, en qui même se perpétue le corps apostolique, uni à son Chef le
Pontife romain, et jamais sans ce Chef, est également sujet du pouvoir
suprême et plénier sur toute l'Église (27), pouvoir qui ne peut être exercé
qu'avec le consentement du Pontife romain. C'est le seul Simon que le
Seigneur a établi comme rocher et porteur des clefs de l'Église (cf. Mt.
16, 18-19) et qu'il a fait pasteur de tout son troupeau (cf. Jn 21, 15 ss);
mais la charge de lier et de délier qui a été confiée à Pierre (Mi.
16, 19), on la voit également impartie au collège des Apôtres uni à son chef
(28) (cf. Mi. 18, 18; 28, 16-20). Ce Collège, en tant qu'il est
composé de plusieurs membres, reflète la variété et l'universalité du Peuple
de Dieu; et en tant qu'il est rassemblé sous un seul chef, il signifie
l'unité du troupeau du Christ. C'est à l'intérieur de ce Collège que les
évêques, tout en respectant fidèlement la primauté et la prééminence de leur
Chef, exercent leur propre pouvoir pour le bien de leurs fidèles et même de
toute l'Église, tandis que le Saint-Esprit en assure constamment la cohésion
et la concorde. Le pouvoir suprême que possède ce Collège sur toute l'Église
s'exerce de façon solennelle dans le Concile oecuménique. Il n'y a aucun
Concile oecuménique qui n'ait été confirmé ou du moins accepté comme tel par
le successeur de Pierre; et c'est une prérogative du Pontife romain de
convoquer ces Conciles, de les présider et de les confirmer (29). Ce même
pouvoir collégial peut être exercé, en union avec le Pape, par les évêques
répandus en tous les points du monde à condition que le chef du collège les
appelle à une action collective ou, du moins, approuve ou accepte librement
l'action conjointe des évêques dispersés, en sorte qu'elle constitue un
véritable acte collégial.
Les relations à l'intérieur du
collège
23. L'unité collégiale apparaît
aussi dans les relations réciproques de chaque évêque avec les Églises
particulières et avec l'Église universelle. Le Pontife romain, comme
successeur de Pierre, est le principe perpétuel et visible, le fondement de
l'unité tant des évêques que de la masse des fidèles (30). Chaque évêque, de
son côté, est le principe visible et le fondement de l'unité de son Église
particulière (31), formée à l'image de l'Église universelle; et c'est dans
toutes ces Églises particulières et par elles qu'est constituée l'Église
catholique, une et unique (32). Par conséquent chaque évêque représente sa
propre Église et tous ensemble avec le Pape représentent l'Église entière
dans le lien de la paix, de l'amour et de l'unité.
Chaque évêque, préposé à une
Église
particulière, exerce son gouvernement pastoral sur la portion du Peuple de
Dieu qui lui a été confiée et non sur les autres Églises ni sur l'Église
universelle. Mais, en tant que membres du Collège épiscopal et successeurs
légitimes des Apôtres, tous les évêques sont tenus, par une disposition et
un commandement du Christ, d'avoir pour toute l'Église (33) une sollicitude
qui, sans s'exercer par un acte de juridiction, contribue considérablement
au bien de l'Église universelle. Tous les évêques, en effet, doivent
promouvoir et défendre l'unité de la foi et la discipline commune à toute
l'Église, inculquer aux fidèles l'amour de tout le Corps mystique du Christ,
particulièrement des membres pauvres et souffrants, l'amour de ceux qui sont
persécutés pour la justice (cf. Mt. 5, 10); et ,enfin, promouvoir
toute activité commune à l'Église entière, spécialement celle qui tend à
accroître la foi et à faire briller aux yeux de tous les hommes la lumière
de la pleine vérité. Du reste, il est certain qu'en gouvernant bien leur
propre Église comme portion de l'Église universelle ils contribuent
eux-mêmes efficacement au bien de tout le corps mystique, qui est également
le corps des Églises (34).
Le soin d'annoncer l'Évangile dans
tous les coins du monde incombe au corps des pasteurs: c'est à lui que le
Christ en donna l'ordre, lui imposant une charge commune, comme déjà le Pape
Célestin le soulignait devant les Pères du Concile d'Ephèse (35). Chaque
évêque donc, pour autant que le permet l'accomplissement de sa charge
particulière, est tenu de collaborer avec ses semblables et avec le
successeur de Pierre, auquel tout spécialement fut confiée la charge suprême
de propager le nom chrétien (36). De toutes leurs forces les évêques doivent
procurer aux missions, non seulement des ouvriers, mais aussi les secours
spirituels et matériels aussi bien directement par eux-mêmes qu'en suscitant
de la part des fidèles une fervente coopération. Enfin, dans une universelle
communion de charité, ils doivent offrir volontiers leur aide fraternelle
aux autres Églises, principalement aux Églises limitrophes et aux plus
pauvres, suivant en cela l'exemple vénérable de l'antiquité.
Par la grâce de la divine
Providence, il est advenu que diverses Églises fondées en différents lieux
par les Apôtres et leurs successeurs se sont constituées à travers les
siècles en des groupements variés, unis en un tout organique. Tout en
sauvegardant l'unité de la foi et de la structure divinement instituée de
l'Église universelle, ces Églises jouissent d'une discipline propre, d'une
coutume liturgique particulière, d'un patrimoine théologique et spirituel
qui est le leur. Certaines d'entre elles, surtout les anciennes Églises
patriarcales, telles des souches de la foi, en ont suscité d'autres qui sont
comme leurs filles et avec lesquelles elles restent liées jusqu'à nos jours
par un tien plus étroit de charité, dans la vie sacramentelle et dans le
respect réciproque des droits et des devoirs (37). Cette variété d'Églises
locales convergeant dans l'unité démontre avec plus d'évidence la
catholicité de l'Église indivisible. Pareillement les Conférences
épiscopales peuvent aujourd'hui contribuer de façon multiple et efficace à
aiguiller le sentiment collégial vers des réalisations concrètes.
Le ministère épiscopal
24. Les évêques, en tant que
successeurs des Apôtres, reçoivent du Seigneur, à qui tout pouvoir a été
donné au ciel et sur la terre, la mission d'enseigner à toutes les nations
et de prêcher l'Évangile à toute créature, afin que par la foi, le baptême
et l'observance des commandements, tous les hommes parviennent au salut (cf.
Mt. 28, 18-20; Mc 16, 15-16; Act. 26, 17 s.). A cette
fin, Notre-Seigneur Jésus-Christ promit aux Apôtres le Saint-Esprit qu'au
jour de la Pentecôte il envoya du ciel, afin qu'avec la force de cet Esprit
ils soient ses témoins jusqu'aux extrémités de la terre devant les nations,
les peuples et les rois (cf. Act. 1, 8; 2, 1 ss.; 9, 15). Cette
charge que le Seigneur confia aux pasteurs de son peuple est un véritable
service, qui dans les saintes Ecritures est précisément appelé diakonia,
c'est-à-dire ministère (cf. Act. 1, 17 et 25; 21.19; Rom. 11,
13; I Tire. 1, 12).
La mission canonique des évêques se
transmet au moyen des coutumes légitimes non révoquées par la suprême et
universelle autorité de l'Église, ou encore au moyen des lois créées ou
reconnues par cette même autorité, ou bien directement par le successeur
même de Pierre; et si celui-ci refuse ou dénie la communion apostolique, les
évêques ne pourront pas entrer en charge (38).
La fonction d'enseignement des
évêques
25. Parmi les principaux devoirs
des évêques se distingue la prédication de l'Évangile (39). Les évêques, en
effet, sont les hérauts de la foi qui amènent au Christ de nouveaux
disciples; ce sont des docteurs authentiques, revêtus de l'autorité du
Christ, qui prêchent au peuple commis à leur soin les vérités de foi à
croire et à appliquer dans la pratique de la vie, qui éclairent ces mêmes
vérités à la lumière du Saint-Esprit en tirant du trésor de la Révélation du
neuf et de l'ancien (Mt. 13, 52), qui les font fructifier et veillent
à écarter de leur troupeau les erreurs qui le menacent (cf. II Tim.
4, 1-4). Les évêques quand ils enseignent en communion avec le Pontife
romain, doivent être respectés par tous comme les témoins de la vérité
divine catholique; et les fidèles doivent accepter l'avis donné par leur
évêque au nom de Jésus-Christ en matière de foi et de morale, et y adhérer
avec un respect religieux. Mais cette soumission religieuse de la volonté et
de l'intelligence, on doit tout particulièrement l'offrir au magistère
authentique du Pontife romain, même quand il ne parle pas ex cathedra, de
telle sorte que son suprême magistère soit respectueusement accepté et
qu'avec sincérité l'on adhère aux décisions qui émanent de lui, selon sa
propre pensée et sa volonté manifeste; celles-ci se manifestent spécialement
soit par la nature des documents, soit par de fréquents retours sur la même
doctrine, soit dans la manière même de parler.
Les évêques considérés isolément ne
jouissent pas de la prérogative de l'infaillibilité; cependant, même
dispersés à travers le monde et conservant le lien de la communion entre eux
et avec le successeur de Pierre, lorsque dans leur enseignement authentique
concernant des questions de foi et de morale ils déclarent d'un commun
accord qu'il faut soutenir sans hésiter tel point de doctrine, ils énoncent
alors infailliblement l'enseignement du Christ (40). Cela est encore plus
évident lorsque, rassemblés en Concile oecuménique, ils enseignent et
décident pour toute l'Église en matière de foi et de morale; et on doit
adhérer à leurs définitions dans l'obéissance de la foi (41).
Cette infaillibilité, dont le divin
Rédempteur voulut que soit pourvue son Église dans la définition de la
doctrine concernant la foi ou les moeurs, s'étend aussi loin que le contenu
de la divine Révélation, qu'il faut garder avec vénération et exposer
fidèlement. Cette infaillibilité, le Pontife romain, Chef du collège des
évêques, la possède en vertu de son office lorsque, en sa qualité de pasteur
et de docteur suprême de tous les fidèles qui confirme dans la foi ses
frères (cf. Lc 22, 32), il proclame, en la définissant, une doctrine
de foi ou de morale (42). Voilà pourquoi ses définitions sont dites à juste
titre irréformables par elles-mêmes et non par suite du consentement de
l'Église; elles sont en effet prononcées avec l'assistance du Saint-Esprit,
qui lui fut promise en la personne du bienheureux Pierre, elles n'ont besoin
d'aucune autre approbation et ne tolèrent aucun appel à une autre instance.
C'est que le Pontife romain se prononce alors non pas à titre privé, mais
expose ou défend la foi catholique comme docteur suprême de l'Église
universelle, en qui réside d'une façon particulière le charisme de
l'infaillibilité de l'Église elle-même (43). L'infaillibilité promise à
l'Église se trouve également dans le corps des évêques, quand il exerce le
magistère suprême avec le successeur de Pierre. Et ces définitions
rencontrent toujours l'assentiment de l'Église, grâce à l'action du même
Esprit qui conserve et fait professer dans l'unité de la foi tout le
troupeau du Christ (44).
Lorsque le Pontife romain ou le
corps des évêques avec lui définissent une vérité, ils l'entendent selon la
Révélation elle-même, à laquelle tous doivent adhérer et se conformer;
révélation qui est intégralement transmise par écrit ou par tradition à
travers la légitime succession des évêques et spécialement par les soins du
Pontife romain lui-même, et qui est jalousement conservée et fidèlement
exposée dans l'Église grâce à la lumière dont l'inonde l'Esprit de vérité
(45). Cette recherche et ces enseignements sont l'objet de soins attentifs
de la part du Pape et des évêques, selon que le requièrent les devoirs de
leur charge et l'importance même des vérités en cause (46); ceux-ci
cependant n'acceptent pas de nouvelle révélation publique comme appartenant
au dépôt divin de la foi (47).
La fonction de sanctification
des évêques
26. L'évêque, revêtu de la
plénitude du sacrement de l'Ordre, est "l'économe de la grâce qui ressortit
au suprême sacerdoce" (48) spécialement en ce qui concerne l'Eucharistie,
qu'il offre lui-même ou fait offrir (49), dont l'Église vit continuellement
et par laquelle elle s'accroît. Cette Église du Christ est vraiment présente
dans toutes les communautés locales des fidèles, légitimement réunies autour
de leurs pasteurs et que le Nouveau Testament lui-même appelle "églises"
(50). En effet, là où elles se trouvent, se trouve aussi le Peuple nouveau
appelé par Dieu dans le Saint-Esprit et avec une pleine assurance (cf. I
Thess. 1, 5). C'est en elles que l'annonce de l'Évangile du Christ
rassemble les fidèles, qu'est célébré le mystère de la Cène du Seigneur
"afin que, par la chair et le sang du Seigneur, soient étroitement unis tous
les frères de la communauté" (51). Toute assemblée eucharistique relevant du
ministère sacré de l'évêque (52) est un signe de cette charité et de cette
"unité du Corps mystique, sans laquelle il ne peut y avoir de salut" (53).
Dans ces assemblées souvent petites, pauvres et éloignées les unes des
autres, le Christ est présent, qui, par sa puissance, rassemble l'Église
une, sainte, catholique et apostolique (54). En effet "la participation au
corps et au sang du Christ ne fait rien d'autre que de nous transformer en
ce que nous prenons" (55).
Toute légitime célébration de
l'Eucharistie est dirigée par l'évêque, à qui incombe la charge d'offrir et
de régler le culte de la religion chrétienne dû à la divine Majesté, selon
les préceptes du Seigneur et les lois de l'Église, normes qu'il précise pour
son diocèse. selon son propre jugement.
Ainsi les évêques, priant et
travaillant pour le peuple, répandent-ils sous diverses formes et à
profusion la plénitude de la sainteté du Christ. Grâce au ministère de la
parole ils font passer dans les croyants la puissance de Dieu qui apporte le
salut (cf. Rom. 1, 16); et au moyen des sacrements, dont ils
déterminent de leur propre autorité l'administration correcte et fructueuse
(56), ils sanctifient les fidèles. Ils règlent l'administration du baptême
qui donne part au sacerdoce royal du Christ. Ils sont les ministres
ordinaires de la confirmation, dispensateurs des ordres sacrés et
modérateurs de la discipline pénitentielle; avec sollicitude, ils exhortent
et instruisent leur peuple afin que dans la liturgie et spécialement dans le
saint sacrifice de la messe celui-ci s'acquitte de sa fonction avec foi et
piété. Ils doivent enfin par l'exemple de leur vie, aider ceux qu'ils
conduisent, garder leur conduite de tout mal et la rendre bonne autant qu'il
leur est possible, avec l'aide de Dieu; ainsi pourront-ils en union avec le
troupeau qui leur est confié, atteindre la vie éternelle (57).
La fonction de gouvernement des
évêques
27. Les évêques gouvernent les
Églises locales qui leur soin confiées en qualité de vicaires et légats du
Christ (58); ils le font par leurs conseils, leurs paroles persuasives,
leurs exemples, mais aussi par des décisions faisant autorité et par le
pouvoir sacré. Ce pouvoir, ils ne s'en servent cependant que pour élever
leur troupeau dans la vérité et dans la sainteté, se rappelant que quiconque
est le plus grand doit se faire le plus petit, et qui est chef, comme le
serviteur (cf. Lc 22, 26-27). Ce pouvoir qu'ils exercent
personnellement au nom du Christ est propre, ordinaire et immédiat, malgré
que l'exercice en soit soumis en dernier ressort à la suprême autorité de
l'Église et puisse être circonscrit en de certaines limites, eu égard au
bien de l'Église ou des fidèles. En vertu de ce pouvoir, les évêques ont le
droit sacré et, aux yeux du Seigneur, la charge de légiférer pour leurs
sujets, de juger et de régler tout ce qui touche au domaine du culte et de
l'apostolat.
C'est à eux qu'est pleinement
confiée la charge pastorale, c'est-à-dire le soin habituel et quotidien de
leur bercail; et ils ne doivent pas être considérés comme vicaires des
Pontifes romains, car ils sont revêtus d'un pouvoir qui leur est propre et
sont appelés en toute vérité chefs spirituels des peuples qu'ils gouvernent
(59). Leur pouvoir donc n'est pas affaibli mais au contraire affermi,
corroboré et défendu par le pouvoir suprême et universel (60), puisque le
Saint-Esprit conserve indéfectiblement la forme de gouvernement établie par
Notre-Seigneur Jésus-Christ dans son Église.
L'évêque, envoyé par 1e Père pour
gouverner sa famille, aura devant les yeux l'exemple du Bon Pasteur qui est
venu non pour être servi mais pour servir (cf. Mt. 20, 28; Mc
10, 45) et donner sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10, 11). Pris parmi
les hommes et sujet aux faiblesses, il peut se montrer indulgent à l'égard
de ceux qui sont dans l'ignorance ou l'erreur (cf. Hébr. 5, 1-2). Il
ne refusera aucunement d'écouter ses sujets, qu'il aimera comme de vrais
fils; et il les exhortera à collaborer activement avec lui. Puisqu'il doit
rendre compte à Dieu de leurs âmes (cf. Hébr. 13, 17), il lui faut,
par la prière, la prédication et toutes les ressources de la charité,
prendre soin d'eux et aussi de ceux qui ne sont pas encore dans l'unique
troupeau et qu'il regardera comme lui étant confiés dans le Seigneur.
Puisqu'à l'instar de l'apôtre Paul, il est débiteur envers tous, il se
montrera prompt à annoncer l'Évangile à tous (cf. Rom. 1, 14-15)
comme à exhorter ses fidèles à l'activité apostolique et missionnaire. Les
fidèles, de leur côté, doivent adhérer à l'évêque comme l'Église adhère à
Jésus-Christ et Jésus-Christ au Père, afin que toutes les choses concordent
par le moyen de l'unité (61) et fructifient pour la gloire de Dieu (cf. II
Cor. 4. 15).
Les prêtres dans leur relation
au Christ, aux évêques, au presbyterium et au peuple chrétien
28. Le Christ, que le Père a
sanctifié et envoyé dans le monde (cf. Jn 10, 36), a rendu participants de
sa consécration et de sa mission les Apôtres et, par eux, les évêques, leurs
successeurs (62); ceux-ci à leur tour ont légitimement transmis dans
l'Église, selon divers degrés et à des sujets différents, la charge
pastorale qui leur incombait. Ainsi le ministère ecclésiastique institué par
Dieu est-il exercé, en divers ordres, par ceux qui déjà dans l'antiquité
sont appelés Évêques, Prêtres, Diacres (63). Les prêtres, bien qu'ils ne
possèdent pas la plénitude du sacerdoce et dépendent des évêques dans
l'exercice de leur pouvoir, leur sont toutefois unis dans la dignité
sacerdotale (64); en vertu du sacrement de l'Ordre (65), ils sont, à l'image
du Christ, Grand Prêtre éternel (cf. Hébr. 5, 1-10; 7, 24; 9, 11-28),
consacrés pour prêcher l'Évangile, paître les fidèles célébrer le culte
divin, comme vrais prêtres du Nouveau Testament (66). Partageant, selon le
degré de leur ministère, la mission de l'unique Médiateur Jésus-Christ (I
Tim. 2, 5), ils annoncent à tous la divine parole. Mais c'est avant tout
lors de la synaxe eucharistique qu'ils exercent leur fonction sacrée; là,
tenant la place du Christ (67) et proclamant son mystère, ils joignent les
prières des fidèles au sacrifice de leur Chef et, dans le sacrifice de la
messe, ils rendent présent à nouveau et appliquent (68) jusqu'à la venue du
Sauveur (cf. I Cor. 11, 26) l'unique sacrifice du Nouveau Testament,
celui du Christ, qui s'est offert une fois pour toutes au Père comme victime
immaculée (cf. Hébr. 9, 11-28). Ils exercent en outre le ministère de
la réconciliation et du réconfort auprès des fidèles repentants ou malades
et portent à Dieu le Père les besoins et les prières des fidèles (cf.
Hébr. 5, 1-3). Remplissant selon leur degré l'office du Christ, Pasteur
et Chef (69), ils rassemblent la famille de Dieu en une fraternité tendant
vers un seul but (70); et, par le Christ, dans l'Esprit, ils la conduisent
au Père, qu'au milieu de leur troupeau ils adorent en esprit et vérité (cf.
Jn 4, 24). Ils s'adonnent enfin à la prédication et à l'enseignement
(cf. I Tim. 5, 17), croyant ce qu'ils ont lu et médité dans la loi du
Seigneur, enseignant ce qu'ils ont cru, vivant ce qu'ils ont enseigné (71).
Les prêtres, collaborateurs
vigilants de l'épiscopat (72), établis pour l'aider et lui servir d'organe,
appelés à servir le Peuple de Dieu, forment avec leur évêque un unique corps
sacerdotal (73) (presbyterium) réparti, bien sûr, dans diverses tâches. Dans
chacune des communautés locales de fidèles ils rendent pour ainsi dire
présent, par leur fidèle et généreuse collaboration, l'évêque dont ils
assument, chacun pour sa part, les devoirs et les préoccupations en en
faisant l'objet de leur constante sollicitude. Sous l'autorité de l'évêque,
ils sanctifient et gouvernent cette portion du troupeau qui leur est
confiée; là où ils se trouvent, ils rendent visible l'Église universelle et
contribuent à l'édification de tout le Corps mystique du Christ (cf. Eph.
4, 12). Toujours attentifs au bien des fils de Dieu, ils essaieront
d'orienter leur activité apostolique en fonction d'une pastorale d'ensemble,
au niveau du diocèse et même de toute l'Église. Et en raison de cette
participation dans le sacerdoce et dans le travail apostolique, que les
prêtres reconnaissent dans l'évêque leur père et lui obéissent avec respect.
L'évêque, pour sa part, doit considérer les prêtres, ses collaborateurs,
comme des fils et des amis, à l'instar du Christ qui appelle ses disciples
non des serviteurs, mais des amis (cf. Jn 15, 15). Ainsi, en raison
de leur ordre et de leur ministère, tous les prêtres, tant diocésains que
religieux, sont associés au corps épiscopal et, selon leur vocation et la
grâce qui leur est donnée, ils servent au bien de toute l'Église.
En vertu de l'ordination sacrée qui
leur est commune ainsi que par leur mission, tous les prêtres sont liés
entre eux par une grande fraternité, qui doit se manifester spontanément
dans l'entraide spirituelle et matérielle, pastorale et personnelle, au
cours des réunions et dans la communion de vie, de travail et de charité.
Qu'ils prennent soin, comme des
pères dans le Christ, des fidèles qu'ils ont spirituellement engendrés par
le baptême et l'enseignement chrétien (cf. I Cor. 4, 15; I Petr.
1, 23). Se faisant les modèles du troupeau (I Petr. 5, 3) qu'ils
dirigent et servent leur communauté locale en sorte que celle-ci puisse être
dignement appelée du nom dont s'honore l'unique Peuple de Dieu tout entier,
c'est-à-dire Église de Dieu (cf. I Cor. I, 2; II Cor. 1, 1; et
passim). Et ils se rappelleront que, dans leur conduite et leurs occupations
quotidiennes, ils doivent présenter aux fidèles comme aux infidèles, aux
catholiques et aux non catholiques, les traits d'un ministère vraiment
sacerdotal et pastoral, rendre à tous le témoignage de la vérité et de la
vie et, comme de bons pasteurs, rechercher aussi ceux (cf. Lc 15,
4-7) qui, baptisés dans l'Église catholique, ont abandonné la pratique des
sacrements ou même la foi.
De nos jours, l'humanité tend de
plus en plus à s'unifier à la fois sur les plans civil, économique et
social; il est donc d'autant plus nécessaire que les prêtres, mettant en
commun leur zèle et leur travail sous l'égide des évêques et du souverain
Pontife, suppriment toute cause de discorde afin que le genre humain tout
entier accède à l'unité de la famille de Dieu.
Les diacres
29. Au degré suivant de la
hiérarchie se trouvent les diacres qui reçoivent l'imposition des mains "non
en vue du sacerdoce, mais du ministère" (74). En effet, soutenus par la
grâce sacramentelle, de concert avec l'évêque et son presbyterium, ils
servent le Peuple de Dieu dans l'office liturgique, le ministère de la
prédication, les secours de la charité. Il revient au diacre, après
détermination de l'autorité compétente, d'administrer solennellement Le
baptême, de conserver et de distribuer l'Eucharistie, d'assister à un
mariage et de le bénir au nom de l'Église, de porter le Viatique aux
moribonds, de lire la sainte Ecriture aux fidèles, d'instruire et d'exhorter
le peuple, de présider le culte et la prière des fidèles, d'administrer les
sacramentaux, d'accomplir les rites des funérailles et de la sépulture.
Voués aux oeuvres de charité et d'assistance, les diacres se rappelleront
l'avertissement de saint Polycarpe: "Miséricordieux, empressés, marchant
dans la vérité du Seigneur, qui s'est fait le serviteur de tous" (75).
Aujourd'hui, cependant, ces offices
extrêmement nécessaires à la vie de l'Église, peuvent difficilement
s'exercer dans la discipline de l'Église latine telle qu'elle existe en de
nombreuses régions; le diaconat pourra donc à l'avenir être rétabli comme
degré distinct et permanent de la hiérarchie. Il appartient aux diverses
conférences territoriales d'évêques ayant compétence en la matière de
décider, en accord avec le souverain Pontife, s'il est ou non opportun pour
le bien des âmes d'instituer un tel diaconat, et en quel endroit la chose
peut se faire. Avec le consentement du Pontife romain, ce diaconat pourra
être conféré à des hommes d'âge mûr, même s'ils vivent dans le mariage, et
aussi à des jeunes hommes jugés aptes à cette fonction, la loi du célibat
demeurant pour eux en vigueur.
CHAPITRE
IV
LES LAÏCS
Introduction
30. Après avoir traité des devoirs
de la hiérarchie, le saint Concile se penche avec sollicitude sur la
condition de ces fidèles qu'on appelle les laïcs. Tout ce qui a été dit du
Peuple de Dieu s'adresse aussi bien aux laïcs qu'aux religieux et aux
clercs; parmi ces traits cependant, il en est quelques-uns qui concernent
particulièrement les laïcs, hommes ou femmes, eu égard à leur état de vie et
à leur mission. Ces traits, on doit en retracer avec grand soin les
fondements en raison des circonstances propres à notre temps. Les pasteurs
savent parfaitement, en effet, combien les laïcs contribuent au bien de
toute l'Église; et ils savent qu'eux-mêmes n'ont pas été institués par le
Christ pour assumer à eux seuls toute la mission salvatrice de l'Église
envers le monde, mais qu'ils ont la charge sublime de paître si bien les
fidèles, de si bien reconnaître chez eux les ministères et les charismes,
que tous coopèrent à leur mesure et d'un même coeur à l'oeuvre commune. Car
il faut que tous "vivant selon la vérité et dans la charité, nous croissions
de toute manière vers Celui qui est le Chef, le Christ, dont le Corps tout
entier reçoit concorde et cohésion par toutes sortes de jointures qui le
nourrissent et l'actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa
croissance et se construisant lui-même dans la charité" (Eph. 4, 15-16).
Acception du mot "laïc"
31. Sous le nom de laïcs nous
entendons ici tous les fidèles, à l'exclusion des membres engagés dans un
ordre sacré et dans un état religieux reconnu par l'Église; c'est-à-dire les
fidèles qui, après avoir été incorporés au Christ par le baptême, ont été
associés au Peuple de Dieu et rendus à leur manière participants de l'office
sacerdotal, prophétique et royal du Christ, et qui exercent pour leur part
la mission dévolue au peuple chrétien tout entier dans l'Église et dans le
monde.
Le temporel est un domaine propre
aux laïcs et qui les caractérise. Ceux qui en effet sont dans les ordres
sacrés peuvent bien s'occuper de choses temporelles et même exercer une
profession séculière; cependant, de part leur vocation spéciale, ils sont
d'abord et proprement destinés au ministère sacré, tandis que les religieux,
dans leur condition, témoignent avec un éclat tout particulier du fait que
le monde ne saurait être transfiguré ni offert à Dieu sans l'esprit des
béatitudes. De par leur vocation propre, il revient aux laïcs de chercher le
royaume de Dieu en administrant les choses temporelles et en les ordonnant
selon Dieu. Ceux-ci vivent dans le siècle, engagés dans toutes et chacune
des allures du monde, plongés dans l'ambiance où se meuvent la vie de
famille et la vie sociale dont leur existence est comme tissée. C'est là
qu'ils sont appelés par Dieu, jouant ainsi le rôle qui leur est propre et
guidés par l'esprit évangélique, à travailler comme de l'intérieur, à la
manière d'un ferment, à la sanctification du monde et à manifester ainsi le
Christ aux autres, principalement par le témoignage de leur propre vie, par
le rayonnement de leur foi, de leur espérance et de leur charité. C'est à
eux qu'il revient particulièrement d'illuminer et d'ordonner toutes les
choses temporelles auxquelles ils sont étroitement liés, en sorte qu'elles
soient toujours accomplies selon le Christ, qu'elles croissent et soient à
la louange du Créateur et Rédempteur.
La dignité des laïcs, membres du
Peuple de Dieu
32. Grâce à son institution divine,
la sainte Église présente une structure et un gouvernement admirablement
diversifiés. "De même, en effet, que notre corps en son unité possède
beaucoup de membres et que ces membres n'ont pas tous la même fonction,
ainsi nous à plusieurs, nous ne formons qu'un seul corps dans le Christ,
étant, chacun pour sa part, membres les uns des autres" (Rom. 12,
4-5).
Le peuple élu de Dieu est donc un:
"Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême" (Eph. 4, 5). La
dignité des membres est commune à tous par le fait de leur régénération dans
le Christ; commune est la grâce des fils, commune la vocation à la
perfection, unique est le salut, unique l'espérance et indivise la charité.
Il n'existe donc pas d'inégalité dans le Christ et dans l'Église en raison
de la race ou de la nation, de la condition sociale ou du sexe, car "il n'y
a plus ni juifs ni gentils, il n'y a plus ni esclaves ni hommes libres, il
n'y a plus ni hommes ni femmes: vous êtes tous un dans le Christ Jésus" (G.
3, 28 gr., cf. Col. 3, 11).
Si donc dans l'Église tous ne
cheminent pas en suivant la même voie, tous cependant sont appelés à la
sainteté et ont reçu en partage une foi du même prix par la justice de Dieu
(cf. II Petr. 1, 1). Même si certains. par la volonté du Christ, sont
mis à la tête des autres comme docteurs, dispensateurs des mystères et
pasteurs, il existe cependant entre tous une véritable égalité, sur les
plans de la dignité et de l'action commune, en ce qui regarde l'édification
du Corps du Christ. En effet, la distinction posée par le Seigneur entre les
ministres sacrés et le reste du Peuple de Dieu comporte l'union que des
devoirs communs aux pasteurs et aux autres fidèles créent entre eux: devoir
pour les pasteurs de l'Église, à l'exemple du Christ, de se mettre au
service les uns des autres et au service des fidèles; et pour ces derniers
de prêter volontiers leur concours aux pasteurs et aux docteurs. Ainsi, dans
la diversité, tous rendent témoignage de l'admirable unité qui existe dans
le Corps du Christ; car la diversité même des grâces, des ministères et de
l'action rassemble en un seul tout les fils de Dieu, puisque "c'est un seul
et même esprit qui opère toutes ces choses" (1 Cor. 12, 11).
Par la bienveillance divine, les
laïcs ont donc pour frère le Christ qui, étant le Seigneur de toutes choses,
n'est pourtant pas venu pour être servi, mais pour servir (cf. Mt.
20, 28); ainsi, ont-ils également pour frères ceux qui, préposés aux
fonctions sacrées, enseignent, sanctifient et régissent, paissant la famille
de Dieu de par l'autorité du Christ, en sorte que le précepte nouveau de la
charité soit accompli par tous. Saint Augustin dit fort bien à ce sujet: "Si
ce que je suis pour vous m'effraie, être avec vous me console. Car pour vous
je suis évêque et avec vous je suis chrétien. Le premier titre est celui de
la dignité dont je suis revêtu, et le second, celui de la grâce. L'un ne me
présente que des dangers, l'autre est pour moi un gage de salut" (1).
La vie par rapport au salut et à
l'apostolat
33. Les laïcs, rassemblés dans le
Peuple de Dieu et constitués en Corps unique du Christ sous un seul chef,
sont tous appelés, quels qu'ils soient, à contribuer comme des membres
vivants et de toutes les forces qu'ils ont reçues de la bonté du Créateur et
de la grâce du Rédempteur, à l'accroissement de l'Église et à son ascension
continuelle dans la sainteté.
L'apostolat des laïcs est donc une
participation à la mission salvatrice de l'Église elle-même. Cet apostolat,
tous y sont destinés par le Seigneur lui-même en vertu de leur baptême et de
leur confirmation. Les sacrements, et en particulier la sainte Eucharistie,
communiquent et alimentent cet amour envers Dieu et envers les hommes qui
est l'âme de tout l'apostolat. Cependant, les laïcs sont par-dessus tout
appelés à rendre l'Église présente et agissante en tout lieu et en toute
circonstance où elle ne peut devenir le sel de la terre que par leur
intermédiaire (2). Ainsi tout laïc, en vertu des dons qu'il a reçus, est le
témoin et, en même ,temps, l'instrument vivant de la mission de l'Église
"selon la mesure du don du Christ" (Eph. 4, 7).
Outre cet apostolat qui incombe à
tous les fidèles sans exception, les laïcs peuvent également être appelés,
de diverses manières, à collaborer plus immédiatement à l'apostolat de la
hiérarchie (3), à l'instar des hommes et des femmes qui aidaient l'apôtre
Paul à évangéliser, et peinaient beaucoup dans le Seigneur (cf. Phil.
4, 3; Rom. 16, 3 ss). Ils sont, en outre, susceptibles d'être appelés
par la hiérarchie à exercer certaines tâches ecclésiastiques dans un but
spirituel.
C'est donc une magnifique tâche qui
attend tous les laïcs: celle de travailler à ce que le plan divin du salut
se réalise toujours davantage dans chacun des hommes en tous les temps et
par toute la terre. Que de toutes parts donc, la voie leur soit ouverte afin
que, selon leurs forces et les besoins actuels, ils puissent, eux aussi,
travailler avec ardeur à l'oeuvre salvatrice de l'Église.
Participation des laïcs au
sacerdoce commun et au culte
34. Le Christ Jésus, Grand Prêtre
éternel, voulant poursuivre également par le moyen des laïcs son témoignage
et son service auprès des hommes, les vivifie par son Esprit et les invite
sans cesse à toute oeuvre bonne et parfaite.
En effet, ceux qu'il unit
intimement à sa vie et à sa mission, il leur donne également part à son
office sacerdotal pour qu'ils exercent un culte spirituel, afin que Dieu
soit glorifié et les hommes sauvés. En conséquence, les laïcs voués au
Christ et commis par l'Esprit-Saint sont admirablement appelés et
merveilleusement pourvus, en sorte que les fruits de l'Esprit croissent
toujours en eux en plus grande abondance. En effet, toutes leurs actions,
leurs prières, leurs initiatives apostoliques, leur vie conjugale et
familiale, leur travail journalier, leurs loisirs et leurs divertissements,
s'ils sont vécus dans l'Esprit, et même les épreuves de la vie supportées
avec patience deviennent "des sacrifices spirituels agréables à Dieu par
Jésus-Christ" (I Petr. 2, 5); et ces sacrifices sont pieusement
offerts au Père dans la célébration eucharistique avec l'oblation du Corps
du Seigneur. De cette manière, les laïcs, en une sainte et universelle
adoration, consacrent à Dieu le monde même.
Participation des laïcs à la
l'onction prophétique du Christ et au témoignage
35. Le Christ, notre grand
Prophète, qui, par le témoignage de sa vie et la puissance de sa parole, a
proclamé le Royaume du Père, accomplit son office prophétique jusqu'à la
pleine manifestation de la gloire, non seulement par le moyen de la
hiérarchie qui enseigne en son nom et en vertu de son pouvoir, mais aussi
par le moyen des laïcs dont il fait aussi ses témoins et qu'il remplit du
sens de la foi et du don de sa parole (cf. Act. 2, 17-18; Apoc.
19, 10), afin que la force de l'Évangile resplendisse dans la vie
quotidienne, familiale et sociale. Les laïcs se montrent fils de la
promesse, si, persévérant dans la foi et dans l'espérance, ils mettent à
profit le temps présent (cf. Eph. 5, 16; Col. 4, 5) et
attendent avec patience la gloire future (cf. Rom. 8, 25). Cette
espérance ils ne doivent pas l'enfouir au fond de leurs âmes, mais, par une
conversion continuelle et la lutte "contre les dominateurs de ce monde de
ténèbres, contre les esprits malins" (Eph. 6, 12), ils doivent la
faire passer aussi dans les structures de la vie terrestre.
Les sacrements de la Nouvelle Loi,
qui soutiennent la vie et l'apostolat des fidèles, annoncent un ciel nouveau
et une terre nouvelle (cf. Apoc. 21, 1); de même les laïcs deviennent
les hérauts de la foi aux choses que l'on espère (cf. Hébr. 11, 1),
s'ils joignent résolument une vie de foi à la profession de cette foi. Cette
évangélisation, véritable annonce du Christ proclamée par la parole et le
témoignage de la vie, présente un aspect tout à fait caractéristique et
possède une efficacité particulière du seul fait qu'elle est accomplie dans
les conditions ordinaires de la vie courante.
Cette vocation du laïc laisse
apparaître la grande valeur d'un état de vie sanctifié par un sacrement
particulier, savoir la vie matrimoniale et familiale. C'est là où la
religion chrétienne pénètre la vie tout entière et la transforme que se
trouve la meilleure école préparant à l'apostolat laïc. Là, les conjoints
ont pour vocation propre d'être l'un pour l'autre, et aussi pour leurs
enfants, des témoins de la foi et de l'amour du Christ. La famille
chrétienne proclame à haute voix la puissance actuelle du Royaume de Dieu et
l'espérance de la vie bienheureuse. Ainsi, par son exemple et par son
témoignage, elle convainc le monde de péché et illumine les hommes en quête
de vérité.
Les laïcs donc, même lorsqu'ils
sont accaparés par des soucis temporels, peuvent et doivent exercer une
action importante eu égard à l'évangélisation du monde. Certains d'entre
eux, à défaut de ministres sacrés ou lorsque ceux-ci en sont empêchés par la
persécution, emplissent une suppléance, selon leurs pouvoirs, en certains
offices sacrés. Nombre d'entre eux consacrent toutes leurs forces au travail
apostolique. Tous cependant se doivent de coopérer à l'extension et à la
croissance du Royaume du Christ dans le monde. Aussi les laïcs
s'attacheront-ils avec diligence à approfondir la vérité révélée et
demanderont-ils à Dieu, avec insistance, le don de sagesse.
Participation des laïcs au
service royal
36. Le Christ qui s'est fait
obéissant jusqu'à la mort et qui, à cause de cela, a été exalté par le Père
(cf. Phil. 2, 8-9) et est entré dans la gloire de son royaume, à qui
toute chose est soumise jusqu'à ce que lui-même se soumette au Père et avec
lui toutes les créatures, afin que Dieu soit tout en tous (cf. I Cor.
15, 27-28), a communiqué sa puissance à ses disciples afin qu'ils soient,
eux aussi, établis dans la liberté royale, que par l'abnégation d'eux-mêmes
et une vie sainte, ils puissent vaincre en eux la domination du péché (cf.
Rom. 6, 12), et que, servant le Christ même dans les autres, ils
conduisent avec humilité et patience, leurs frères au Roi dont il est dit
que le servir c'est régner. Le Seigneur, en effet, désire, même avec la
collaboration des fidèles laïcs, étendre son royaume, royaume "de vérité et
de vie, royaume de sainteté et de grâce, royaume de justice, d'amour et de
paix" (4). Dans ce royaume la créature elle-même sera libérée de l'esclavage
de la corruption pour participer à la glorieuse liberté des fils de Dieu
(cf. Rom. 8, 21). C'est, à la vérité, une grande promesse et un grand
commandement qui sont donnés aux disciples par ces paroles: "Tout est à
vous, mais vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu" (I Cor. 3,
23).
Les fidèles doivent, en
conséquence, reconnaître la nature intime de toute la création, sa valeur et
sa destination à la louange de Dieu. Ils doivent aussi s'aider les uns les
autres en vue d'une vie plus sainte, même par des oeuvres proprement
profanes, afin que le monde soit imprégné de l'esprit du Christ et atteigne
plus efficacement son but dans la justice, la charité et la paix. C'est en
remplissant universellement cet office que les laïcs occupent un poste de
premier plan. Par leur compétence dans les disciplines profanes et grâce à
leur action, élevée à une valeur surnaturelle par la grâce du Christ, ils
doivent de toutes leurs forces contribuer à la mise en valeur des biens
créés, selon le commandement donné par le Créateur et à la lumière de sa
Parole; et cela grâce au travail humain, à la technique et à l'oeuvre
civilisatrice, pour l'utilité de tous les hommes sans exception. Ils
travailleront aussi à répartir plus équitablement ces biens entre les hommes
et à faire servir ces mêmes biens au progrès universel, dans la liberté
humaine et chrétienne. Ainsi le Christ, par les membres de l'Église,
illuminera toujours davantage la société humaine tout entière de sa lumière
salvifique.
Au reste, les laïcs s'efforceront
tous ensemble d'assainir les institutions humaines et les conditions de vie,
si les moeurs qu'elles comportent entraînent tant soit peu au péché; ainsi
tout cela sera-t-il rendu conforme aux normes de la justice et favorable,
plutôt que nuisible, à la pratique des vertus chrétiennes.
En agissant ainsi, les laïcs
imprégneront de valeur morale la culture et les oeuvres humaines. De cette
manière, le champ du monde sera mieux préparé à recevoir la semence de la
parole divine et, en même temps, les portes s'ouvriront davantage à l'Église
pour laisser passer dans ce monde le message de la paix.
En raison même de l'économie du
salut, les fidèles apprendront à bien distinguer entre les droits et les
devoirs qui leur incombent du fait de leur appartenance à l'Église, et ceux
qui leur reviennent en tant que membres de la société humaine. Ils doivent
s'efforcer de les mettre en harmonie les uns avec les autres, se rappelant
que, dans toute chose temporelle, ils doivent se guider d'après la
conscience chrétienne: car aucune activité humaine, même dans les choses
temporelles, ne peut être soustraite à l'autorité de Dieu. A notre époque,
il est extrêmement important que cette distinction et cette harmonie
resplendissent toutes deux avec le plus grand éclat dans la façon d'agir des
fidèles, afin que la mission de l'Église puisse répondre plus pleinement aux
conditions particulières du monde d'aujourd'hui. De même qu'on doit
reconnaître qu'une cité terrestre, aux prises - et à juste titre - avec des
problèmes terrestres, obéisse à des lois qui lui sont propres, de même
faut-il, et au même titre, rejeter la théorie néfaste qui prétend construire
la société sans tenir aucun compte de la religion et qui combat ou détruit
la liberté religieuse des citoyens(5).
Relation à la hiérarchie
37. Les laïcs, comme tous les
fidèles, ont le droit de recevoir en abondance des pasteurs les biens
spirituels de l'Église, surtout le réconfort que procurent la parole de Dieu
et les sacrements (6). Que les laïcs manifestent donc aux pasteurs leurs
besoins et leurs désirs avec cette liberté et cette confiance qui
conviennent à des fils de Dieu et à des frères dans le Christ. Selon la
science, la compétence et l'autorité dont ils jouissent, ils peuvent, et
même parfois ils doivent donner leur avis en ce qui concerne le bien de
l'Église (7). Si tel est le cas, qu'on procède par le moyen des organes
institués à cette fin par l'Église et toujours dans le respect de la vérité,
avec courage et prudence, et avec le respect et la charité qui sont dus à
ceux qui, en raison de leur fonction sacrée, représentent le Christ.
Les laïcs, comme tous les fidèles,
accueilleront avec promptitude et dans l'obéissance chrétienne ce que les
pasteurs, représentants du Christ, auront décidé en tant que docteurs et
chefs de l'Église; ils suivront alors l'exemple du Christ qui, par son
obéissance jusqu'à la mort, a ouvert à tous les hommes la voie bienheureuse
de la liberté des fils de Dieu. Et ils ne négligeront pas de recommander à
Dieu dans leurs prières leurs supérieurs, qui veillent sur nos âmes, comme
devant en rendre compte, afin que ceux-ci s'acquittent allègrement de leur
tâche et non pas en gémissant (cf. Hébr. 13, 17).
D'autre part, les pasteurs doivent
reconnaître et promouvoir la dignité et la responsabilité des laïcs dans
l'Église, utiliser volontiers leurs avis prudents, leur assigner des postes
de confiance au service de l'Église, leur accorder la liberté d'action et un
champ où ils puissent l'exercer, et même les encourager à entreprendre des
oeuvres de leur propre initiative. Ils doivent aussi considérer avec
attention et affection paternelle dans le Christ les projets, les demandes
et les désirs proposés par les laïcs (8). En outre, les pasteurs auront soin
de reconnaître la juste liberté dont chacun doit jouir dans la cité
terrestre.
De ces rapports familiers entre
laïcs et pasteurs, on doit attendre pour l'Église de nombreux et d'heureux
résultats. De cette manière, en effet, les laïcs acquerront davantage le
sens de leur propre responsabilité; leur élan sera soutenu et leurs forces
plus facilement associées à l'oeuvre des pasteurs. Ceux-ci, aidés par
l'expérience des laïcs, pourront juger avec plus de clarté et d'opportunité
dans le domaine spirituel aussi bien que dans le domaine temporel. Et ainsi,
l'Église entière, fortifiée par tous ses membres, accomplira avec une plus
grande efficacité sa mission pour la vie du monde.
Conclusion
38.
Tout laïc doit être, à la face du monde, un témoin de la résurrection et de
la vie du Seigneur Jésus, un signe du Dieu vivant. Tous ensemble, et chacun
pour sa part, ils doivent nourrir le monde de fruits spirituels (cf. Gal.
5, 22) et répandre en lui l'esprit dont sont animés ces pauvres, ces doux et
ces pacifiques que le Seigneur a proclamés bienheureux dans l'Évangile (cf.
Mt. 5, 3-9). En un mot: "Ce qu'est l'âme dans le corps, que les
chrétiens le soient dans le monde" (9).
CHAPITRE V
LA VOCATION UNIVERSELLE À LA SAINTETÉ DANS L'ÉGLISE
Introduction
39. Cette Église, dont le saint
Concile expose le mystère, la foi lui reconnaît une sainteté sans
défaillance. En effet, le Christ, Fils de Dieu, qui avec le Père et le
Saint-Esprit est proclamé "le seul Saint" (1), a aimé l'Église comme son
épouse et s'est donné pour elle afin de la sanctifier (cf. Eph. 5,
25-26). Il l'a unie à lui comme son corps et l'a comblée du don de
l'Esprit-Saint, pour la gloire de Dieu. Voilà pourquoi tous les membres de
l'Église, tant ceux qui appartiennent à la hiérarchie que ceux qui sont
dirigés par elle, sont appelés à la sainteté, selon l'expression de
l'Apôtre: "La volonté de Dieu c'est votre sanctification" (I Thess.
4, 3; Eph. 1, 4). Cette sainteté de l'Église se manifeste constamment
et doit se manifester par les richesses de la grâce que l'Esprit-Saint
produit chez les fidèles; elle s'exprime différemment en chacun de ceux qui,
dans la conduite de leur vie, parviennent, en édifiant le prochain, à la
perfection de la charité; elle apparaît en quelque sorte proprement dans la
pratique des conseils qu'on appelle d'ordinaire "évangéliques". Cette
pratique des conseils, embrassée par beaucoup de chrétiens sous l'impulsion
du Saint-Esprit, soit privément, soit dans une condition ou un état reconnus
dans l'Église, porte et doit porter dans le monde un témoignage remarquable
et un éclatant exemple de cette sainteté.
L'appel universel à la sainteté
40. Le Seigneur Jésus, Maître et
Modèle divin de toute perfection, a prêché cette sainteté de la vie, dont
lui-même est l'auteur et qu'il conduit à son achèvement, à tous et à chacun
de ses disciples, quelle que soit sa condition: "Soyez donc parfaits comme
votre Père céleste est parfait"(2) (Mt. 5, 48). En effet, il envoya à
tous le Saint-Esprit qui les incite intérieurement à aimer Dieu de tout leur
coeur, de toute leur âme, de tout leur esprit et de toutes leurs forces (cf.
Mc 12, 30), et à s'aimer les uns les autres comme le Christ les a
aimés (cf. Jn 13, 34; 15, 12). Les adeptes du Christ, appelés par
Dieu et justifiés en Jésus-Christ non à cause de leurs oeuvres, mais selon
le dessein et la grâce de Dieu, sont vraiment devenus, dans le baptême de la
foi, fils de Dieu et participants de la nature divine et ont été, par
conséquent, réellement sanctifiés. Ils doivent donc, avec l'aide de Dieu,
maintenir et perfectionner dans leur vie cette sainteté qu'ils ont reçue.
L'Apôtre les exhorte à vivre "comme il convient à des saints" (Eph.
5, 3), à se revêtir, "comme il convient à des élus de Dieu, saints et
agréables, de sentiments de miséricorde, de bonté, d'humilité, de mansuétude
et de patience" (Col. 3, 12), et à recueillir les fruits de l'Esprit
en vue de leur sanctification (cf. Gal. 5, 22; Rom. 6, 22). Et
puisque tous nous commettons bien des fautes (cf. Jac. 3, 2), nous
avons continuellement besoin de la miséricorde de Dieu et devons demander
chaque jour: "Remets-nous nos dettes" (3) (Mt. 6, 12).
Il est donc clair pour tous que
chacun des fidèles, peu importe son état ou son rang, est appelé à la
plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité (4). Au
reste, par une telle sainteté il contribue à rendre plus humaine la manière
de vivre dans la société terrestre elle-même. A l'acquisition de cette
perfection les fidèles emploieront leurs forces, salon la mesure du don du
Christ; si bien que, suivant ses traces, devenus conformes à son image et
soumis en tout à la volonté du Père, ils se consacreront de tout coeur à la
gloire de Dieu et au service du prochain. Ainsi la sainteté du Peuple de
Dieu donnera des fruits abondants, comme la vie de tant de saints le
manifeste excellemment dans l'histoire de l'Église.
La pratique multiforme de
l'unique sainteté
41. En divers genres de vie et
parmi des occupations différentes, c'est une unique sainteté que cultivent
ceux qui sont mus par l'Esprit de Dieu; obéissant à la voix du Père et
adorant le Père en esprit et en vérité, ils suivent le Christ pauvre, humble
et chargé de la croix, pour mériter de participer à sa gloire. Chacun doit,
selon ses capacités et sans aucune hésitation, s'engager dans la voie de la
foi vive qui éveille l'espérance et opère par la charité.
A l'image du Grand-Prêtre éternel,
pasteur et évêque de nos âmes, les pasteurs du troupeau du Christ doivent,
avant toutes choses, accomplir leur ministère dans la sainteté, avec élan,
humilité et courage. Un tel ministère ainsi rempli sera pour eux un moyen
idéal de sanctification. Élus à la plénitude du sacerdoce, ils reçoivent une
grâce sacramentelle qui leur permet d'exercer parfaitement le devoir de la
charité pastorale par la prière, l'offrande du saint sacrifice et la
prédication, par tout ce qui sollicite l'attention et requiert l'activité
d'un évêque (5). Qu'ils ne craignent pas de donner leur propre vie pour les
brebis et, se faisant les modèles de leur troupeau (cf. I Petr. 5,
3), qu'ils suscitent également par leur exemple, au sein de leur Église, une
sainteté sans cesse grandissante.
A l'instar des évêques, dont ils
forment la couronne spirituelle (6), et ayant part grâce au Christ, éternel
et unique Médiateur, à la grâce que comporte la charge d'évêque, les prêtres
doivent, par l'accomplissement quotidien de leur devoir, grandir dans
l'amour de Dieu et du prochain, conserver intact le lien de la communion
sacerdotale, abonder en toutes sortes de biens spirituels et donner à tous
le vivant témoignage de Dieu (7); tels ces prêtres qui, au cours des
siècles, dans un ministère souvent humble et obscur, ont laissé un
magnifique exemple de sainteté, et dont l'Église de Dieu fait la louange. En
s'acquittant du devoir de la prière et du saint sacrifice en faveur de leurs
ouailles et pour toue le peuple de Dieu, en ayant conscience de ce qu'ils
font et en imitant ce qu'ils touchent (8), loin d'être arrêtés par les
soucis, les périls et les fatigues de l'apostolat, ils parviendront, au
contraire, par ces moyens, à une haute sainteté, s'ils ont soin de nourrir
et d'alimenter leur action aux sources inépuisables de la contemplation pour
la joie de l'Église de Dieu tout entière. Tous les prêtres, et
principalement ceux qui, d'après le titre spécial de leur ordination, sont
appelés prêtres diocésains, se rappelleront combien la fidélité à leur
évêque, leur généreuse coopération avec lui contribuent grandement à leur
sanctification.
Cette mission et cette grâce du
sacerdoce suprême, les ministres d'ordre inférieur et, en premier lieu, les
diacres y participent également de façon particulière. Officiant aux
mystères du Christ et de l'Église (9), ceux-ci doivent se maintenir purs de
tout vice, plaire à Dieu et s'employer à toutes sortes de bonnes oeuvres
devant les hommes (cf. I Tim. 3, 8-10 et 12-13). Les clercs, appelés
par le Seigneur, mis à part pour son service et qui se préparent sous la
vigilance des pasteurs, à la charge de ministres sacrés, doivent conformer
leurs esprits et leurs coeurs à une élection aussi sublime. Adonnés à
l'oraison, fervents dans la charité, qu'ils soient attentifs à tout ce qui
est vrai, juste et de bonne renommée, agissant uniquement pour la gloire et
l'honneur de Dieu. A ces clercs il faut joindre les laïcs choisis par Dieu
et que l'évêque invite à s'adonner plus complètement aux oeuvres
apostoliques et à travailler fructueusement dans la vigne du Seigneur (10).
Les époux et les parents chrétiens,
engagés dans la voie qui leur est propre et fidèles à leur amour, doivent
s'aider mutuellement dans la grâce durant toute leur vie. Les enfants,
qu'ils ont généreusement acceptés de la main de Dieu, ils les élèveront dans
la doctrine chrétienne et leur inculqueront le sens des vertus évangéliques.
Ils offriront ainsi à tous l'exemple d'un amour inlassable et généreux, ils
édifieront la communauté fraternelle de la charité et deviendront témoins et
coopérateurs de la fécondité de la Mère Église, en signe et en participation
de l'amour dont le Christ a aimé son Epouse, avec lequel il s'est livré pour
elle (11). Un exemple analogue nous est encore proposé par les personnes
veuves et les gens non mariés qui peuvent, eux aussi, contribuer notablement
à la sainteté et à l'activité de l'Église. Quant à ceux qui se livrent à des
travaux souvent pénibles, ils doivent par ces réalisations humaines se
perfectionner, aider leurs concitoyens, améliorer les conditions sociales et
celles de la création tout entière; et mieux encore, par une charité active,
une joyeuse espérance, par le support mutuel des épreuves, imiter le Christ,
lui dont les mains s'exercèrent aux travaux manuels et qui travaille
continuellement avec le Père au salut de tous les hommes. Enfin, par leur
travail de chaque jour, ils doivent s'élever à une plus haute sainteté qui
fera d'eux aussi des apôtres.
Quant à ceux qui sont accablés par
la pauvreté, la faiblesse, la maladie et l'adversité, ou qui souffrent
persécution pour la justice, qu'ils se sachant unis de façon particulière au
Christ souffrant pour le salut du monde. Le Seigneur dans son Évangile les a
proclamés bienheureux et "le Dieu... de toute grâce, qui nous a appelés à sa
gloire éternelle dans le Christ, après ces quelques souffrances, achèvera
son oeuvre, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables" (I
Petr. 5, 10).
Tous les fidèles donc se
sanctifieront davantage chaque jour dans leur condition, dans les devoirs de
leur état ou les circonstances de leur vie et par tout ce dont nous venons
de parler, à condition de tout accueillir avec foi de la main du Père
céleste et de coopérer avec la volonté divine en manifestant à tous, dans
l'accomplissement de leur tâche temporelle, la charité dont Dieu a aimé le
monde.
Voie et moyens de la sainteté
42. "Dieu est amour; et celui qui
demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui" (I Jn
4, 16). Or Dieu a répandu son amour dans nos coeurs par l'Esprit-Saint qui
nous a été donné (cf. Rom. 5, 5); voilà pourquoi le don primordial et
souverainement nécessaire est la charité, par laquelle nous aimons Dieu
par-dessus toute chose et le prochain par amour pour lui. Mais pour que la
charité, comme le bon grain, croisse et produise des fruits, chacun des
fidèles doit s'ouvrir à la parole de Dieu et, avec l'aide de la grâce,
accomplir effectivement la volonté divine, recevoir fréquemment les
sacrements, surtout l'Eucharistie, et participer souvent aux célébrations
liturgiques. Ils s'appliqueront constamment à la prière, à l'abnégation
d'eux-mêmes, à servir assidûment leurs frères et à la pratique de toutes les
vertus. La charité, en effet, en tant que lien de la perfection et
accomplissement de la loi (cf. Col. 3. 14; Rom. 13, 10),
règle, informe et conduit à leur fin tous les moyens de sanctification (12).
Ainsi la charité envers Dieu et envers le prochain est-elle la marque
distinctive qui caractérise le vrai disciple du Christ.
Jésus, le Fils de Dieu, a manifesté
sa charité en offrant sa vie pour nous: nul donc n'a un plus grand amour que
celui qui donne sa vie pour lui et pour ses frères (cf. I Jn 3, 16;
Jn 15, 13). Dès l'origine, des chrétiens ont été appelés - et
toujours certains le seront, - à rendre à la face de tous, et surtout des
persécuteurs, ce suprême témoignage de l'amour. Aussi le martyre, où le
disciple devient semblable au Maître, en acceptant volontiers la mort pour
le salut du monde, où il lui devient conforme par l'effusion du sang, est-il
estimé par l'Église comme une faveur du plus haut prix et la marque de la
suprême charité. Et si ce privilège échoit au petit nombre, tous doivent
cependant être prêts à confesser le Christ devant les hommes et à le suivre
sur le chemin de la croix, dans les persécutions qui ne manquent jamais à
l'Église.
Pareillement la sainteté de
l'Église affectionne particulièrement les multiples conseils dont le
Seigneur dans l'Évangile propose l'observance à ses disciples (13). En tête
de ces conseils il faut placer le don précieux de la grâce, que le Père
accorde à quelques-uns (cf. Mt. 19, 11; I Cor. 7, 7), de se
consacrer à Dieu seul (14) par la virginité ou le célibat, avec un coeur
plus facilement intègre (cf. I Cor. 7, 32-34). Cette parfaite
continence en vue du Royaume des cieux, l'Église, qui en a toujours eu une
très haute idée, la considère comme un signe et un stimulant de la charité
et comme une source peu commune de fécondité spirituelle dans le monde.
L'Église se souvient aussi de
l'avertissement de l'Apôtre invitant les fidèles à la charité, les exhortant
à avoir en eux les mêmes sentiments qui furent en Jésus-Christ, lequel
"s'est anéanti lui-même en prenant la nature d'esclave... en se faisant
obéissant jusqu'à la mort (Phil. 2, 7-8), et pour nous "de riche
qu'il était se fit pauvre" (II Cor. 8, 9). Cette charité et cette
humilité du Christ ne peuvent en aucun moment se passer de l'imitation ou du
témoignage qu'en donnent ses disciples. Notre Mère l'Église se réjouit donc
de constater qu'en son sein beaucoup d'hommes et de femmes suivent de plus
près cet anéantissement du Sauveur et le manifestent de façon plus éclatante
en embrassant la pauvreté dans la liberté des fils de Dieu et en renonçant à
leur propre volonté; en d'autres termes, que des chrétiens se soumettent à
un homme pour l'amour de Dieu, en ce qui regarde la perfection, au-delà de
l'étroite mesure du précepte, afin de se conformer davantage au Christ
obéissant (15).
Tous les fidèles donc sont invités
- et même tenus - à rechercher la sainteté et la perfection de leur état. A
cette fin, qu'ils s'efforcent d'orienter leurs tendances dans la voie
droite, de peur que l'usage des choses de ce monde et un attachement aux
richesses contraire à l'esprit de la pauvreté évangélique n'entravent chez
eux la poursuite de la charité parfaite. C'est ainsi en effet que l'Apôtre
nous met en garde: Ceux qui usent de ce monde ne doivent pas s'y arrêter;
car elle passe, la figure de ce monde (16) (Cf. I Cor. 7, 31 gr.).
CHAPITRE
VI
LES RELIGIEUX
La profession des conseils évangéliques dans
l'Église
43. Les conseils évangéliques de la
chasteté consacrée à Dieu, de la pauvreté et de l'obéissance, fondés sur les
paroles et les exemples du Seigneur et recommandés par les Apôtres, les
Pères, les docteurs et les pasteurs de l'Église, sont un don divin que
l'Église a reçu de son Seigneur et qu'elle conserve toujours avec sa grâce.
Guidée par l'Esprit-Saint, l'autorité de l'Église s'est, pour sa part,
employée à les interpréter, à en régler la pratique et, en s'inspirant
d'eux, à constituer même des états de vie stables. Tel un arbre dont la
semence divine éclate, dans le champ du Seigneur, en ramifications aussi
diverses qu'admirables, il en est résulté une efflorescence de genres de vie
- vie solitaire ou vie commune - et de familles de toute espèce, qui
développent leurs ressources tant pour le bien de leurs membres que pour
celui de tout le Corps du Christ (1). En effet, ces familles procurent à
leurs membres le soutien d'une plus grande stabilité dans la manière de
vivre, d'une doctrine éprouvée capable de conduire à la perfection, d'une
communion fraternelle dans la milice du Christ et d'une liberté fortifiée
par l'obéissance. Ceux-ci pourront alors remplir en sécurité et garder avec
fidélité l'engagement de leur profession, et marcher joyeusement dans la
voie de la charité (2).
Si l'on considère la constitution
divine et hiérarchique de l'Église, un tel état n'est pas intermédiaire
entre la condition cléricale et la condition laïque; mais, à partir de ces
deux conditions, quelques fidèles sont appelés par Dieu à jouir d'un don
spécial dans la vie de l'Église et, chacun à sa manière, à aider celle-ci
dans sa mission salvatrice (3).
Nature et importance de l'état
religieux dans l'Église
44. Par les voeux ou d'autres liens
sacrés qui, de soi, s'en rapprochent et par lesquels il s'obligent à
observer les trois conseils évangéliques déjà mentionnés, le fidèle se donne
totalement à Dieu dans un suprême acte d'amour; si bien que c'est à un titre
nouveau et tout à fait particulier qu'il s'attache au service de Dieu et à
son honneur. Sans doute par le baptême il est mort au péché et consacré à
Dieu; cependant il cherche à recueillir des fruits plus abondants de la
grâce baptismale et, par la profession des conseils évangéliques dans
l'Église, il entend se libérer des entraves qui pourraient diminuer chez lui
la ferveur de la charité autant que la perfection du culte divin, et il se
consacre plus intimement au service de Dieu (4). Au reste, la consécration
sera d'autant plus parfaite que des liens plus solides et plus stables
signifieront davantage l'union indissoluble du Christ avec l'Église, son
Epouse.
Par la charité à laquelle ils
conduisent (5), les conseils évangéliques unissent d'une manière spéciale
leurs adeptes à l'Église et à son mystère; aussi convient-il que la vie
spirituelle de ces derniers soit consacrée au bien de toute l'Église. De là
vient pour eux le devoir de travailler, dans la mesure de leurs forces et
selon la vocation qui est la leur, soit par la prière, soit par d'autres
activités, à enraciner et à consolider dans les âmes le Règne du Christ et à
l'étendre à toutes les parties du monde. Pour ce motif l'Église protège et
soutient, elle aussi, le caractère particulier des divers Instituts
religieux.
Ainsi, la profession des conseils
évangéliques apparaît-elle comme un signe qui peut et doit inciter
efficacement tous les membres de l'Église à l'accomplissement joyeux des
devoirs inhérents à leur vocation chrétienne. En effet, le Peuple de Dieu ne
possède pas ici de cité permanente, mais chemine, en quête de ta cité
future; l'état religieux, qui rend ses adeptes plus libres à l'égard des
soucis terrestres, manifeste donc davantage à tous les croyants les biens
célestes déjà présents en ce monde, témoigne plus éloquemment de la vie
nouvelle et éternelle acquise par la Rédemption du Christ et annonce avec
plus de force la future résurrection et la gloire du Royaume céleste. De
même l'état religieux imite plus fidèlement et sans cesse représente dans
l'Église le genre de vie que le Fils de Dieu a embrassé, quand il est venu
dans le monde pour faire la volonté du Père, et qu'il a lui-même proposé aux
disciples qui l'accompagnaient. Enfin, cet état manifeste d'une manière
spéciale que le Royaume de Dieu l'emporte sur toutes les choses terrestres
et en découvre les exigences suprêmes; il fait éclater aux yeux de tous les
hommes la grandeur incomparable de la puissance du Christ-Roi et la richesse
infinie de l'Esprit-Saint qui opère admirablement dans l'Église.
Aussi un tel état, qui est
constitué par la profession des conseils évangéliques, s'il n'appartient pas
à la structure hiérarchique de l'Église, est cependant lié de près à sa vie
et à sa sainteté.
L'autorité de l'Église à l'égard
des religieux
45. La hiérarchie ecclésiastique a
pour mission de paître le Peuple de Dieu et de le conduire vers des
pâturages fertiles (cf. Ezéch. 34, 14). Il lui appartient donc de
régler avec sagesse par ses lois la pratique des conseils évangé1iques,
source abondante de charité envers Dieu et envers le prochain (6). En outre
c'est elle qui, docile aux impulsions de l'Esprit-Saint, accueille les
règles proposées par des hommes et des femmes éminents et, une fois terminée
la révision de ces règles, les approuve authentiquement. Avec son autorité
vigilante, elle accorde sa protection et son assistance aux instituts érigés
en tous lieux pour l'édification du Corps du Christ, afin qu'ils croissent,
se développent et fleurissent selon l'esprit des fondateurs.
Afin de pourvoir le mieux possible
aux besoins de tout le troupeau du Seigneur, chaque institut de perfection
et chacun de ses membres peuvent être soustraits par le souverain Pontife,
en raison de sa primauté sur l'Église universelle et en considération du
bien général, à la juridiction de l'Ordinaire du lieu et n'être soumis qu'à
lui seul (7). De même ceux-ci peuvent-ils être laissés ou confiés à leur
propre autorité patriarcale. Tout en servant l'Église selon le genre de vie
qui leur est particulier. les religieux doivent aux évêques, conformément
aux lois canoniques, respect et obéissance en raison de l'autorité pastorale
qui appartient aux évêques dans les églises particulières et en vue de
l'unité et de la concorde nécessaires dans le travail apostolique (8).
L'Église, par la sanction de sa
loi, ne se contente pas d'élever la profession religieuse à la dignité d'un
état canonique; par son action liturgique, elle la présente comme un état
consacré à Dieu. L'Église elle-même, en effet, de par l'autorité que Dieu
lui a confiée, reçoit les voeux de ceux qui font la profession, elle supplie
Dieu, par sa prière publique, de les aider et de leur accorder ses grâces,
elle les recommande à Dieu et leur impartit la bénédiction spirituelle, en
associant leur offrande au sacrifice eucharistique.
Grandeur de la consécration
religieuse
46. Avec une grande sollicitude,
les religieux mettront l'Église à même de manifester chaque jour davantage,
grâce à eux et en toute vérité, aux infidèles comme aux fidèles, le Christ
en contemplation sur la montagne, le Christ annonçant le royaume de Dieu aux
foules, le Christ guérissant les malades et les blessés, convertissant les
pécheurs à une meilleure vie, bénissant les enfants, faisant du bien à tous,
et obéissant toujours à la volonté du Père qui l'a envoyé (9).
Enfin tous auront égard au fait que
la profession des conseils évangéliques, qui comporte le renoncement à des
biens sans doute très estimables, loin de s'opposer au progrès véritable de
la personne humaine, cherche plutôt, par sa nature même, à le promouvoir au
plus haut point. Les conseils volontairement embrassés selon la vocation
propre à chacun aident considérablement, en effet, à la purification du
coeur et à la liberté spirituelle. Ils tiennent continuellement en éveil la
ferveur de la charité et, ainsi qu'il est prouvé par l'exemple de tant de
saints fondateurs, ils sont davantage capables de conformer le chrétien à
cette vie de virginité et de pauvreté que le Christ Notre-Seigneur a choisie
pour lui et que la Vierge, sa Mère, embrassa. Il ne faut pas penser que les
religieux, du fait de leur consécration, deviennent étrangers aux hommes et
inutiles dans la cité terrestre. Même si parfois ils n'apportent pas une
aide directe à leurs contemporains, ils leur sont cependant présents d'une
manière plus profonde dans la tendresse du Christ, et ils collaborent
spirituellement avec eux, afin que l'édification de la cité terrestre soit
toujours fondée dans le Seigneur et dirigée vers lui, et que ceux qui
l'édifient ne travaillent pas en vain (10).
En conséquence, le saint Concile
encourage et loue les hommes et les femmes, Frères et Soeurs qui, dans les
monastères, les écoles les hôpitaux ou les missions, embellissent l'Epouse
du Christ par leur persévérante et humble fidélité à la consécration dont on
vient de parler, et qui rendent généreusement à tous les hommes les services
les plus divers.
Conclusion
47. Chacun de ceux qui sont appelés
à la profession des conseils s'emploiera avec le plus grand soin à
persévérer et à exceller davantage dans la vocation à laquelle Dieu l'a
appelé. Il en résultera pour l'Église une plus abondante sainteté et pour
l'unique et indivisible Trinité, qui est dans le Christ et par lui la source
de toute sainteté, une gloire toujours plus grande.
CHAPITRE
VII
L'ÉGLISE EN MARCHE: SON CARACTÈRE ESCHATOLOGIQUE
ET SON UNION AVEC L'ÉGLISE DU CIEL
Caractère eschatologique de la vocation
chrétienne
48. L'Église, à laquelle nous
sommes tout appelés en Jésus-Christ et dans laquelle nous acquérons la
sainteté par la grâce de Dieu, ne recevra son achèvement que dans la gloire
céleste, lorsque viendra le temps de la restauration universelle (cf. Act.
3, 21) et que tout l'univers, intimement uni à l'homme grâce auquel il
parvient à sa fin, sera, lui aussi, parfaitement restauré dans le Christ
avec le genre humain (cf. Eph. 1.10; Col. 1, 20; II Petr.
3, 10-13).
En vérité le Christ, au jour de son
exaltation, attira tout à lui (cf. Jn 12, 32 gr.). Ressuscité des
morts (cf. Rem. 6, 9), il envoya aux Apôtres son Esprit vivifiant et,
par lui, se constitua un Corps, l'Église, sacrement universel du salut.
Assis à la droite du Père, il opère continuellement dans le monde pour
conduire les hommes à l'Église et, par elle, les unir plus étroitement à
lui; pour les rendre enfin participants de sa vie glorieuse en les
nourrissant de son Corps et de son Sang. Ainsi, la restauration promise que
nous attendons a déjà commencé dans le Christ; elle progresse avec l'envoi
du Saint-Esprit et, grâce à lui, continue dans l'Église dont la foi nous
apprend aussi le sens de notre vie temporelle, tandis que nous
accomplissons, dans l'espérance des biens futurs, l'oeuvre que le Père nous
a donné à faire en ce monde et que nous opérons notre salut (cf. Phil.
2, 12).
Nous voilà donc déjà parvenus à la
fin des temps (cf. I Cor. I0, 11); le renouvellement de l'univers est
irrévocablement établi et, en un certain sens, il a vraiment commencé dès
ici-bas. Dès ici-bas l'Église est, en effet, auréolée d'une sainteté
véritable, si imparfaite qu'elle soit. Mais tant qu'il n'y aura pas de
nouveaux cieux et de terre nouvelle où habite la justice (cf. II Petr.
3, 13), l'Église voyageuse portera, dans ses sacrements et dans ses
institutions, qui appartiennent à l'ère présente, le reflet de ce monde qui
passe; elle-même vit au milieu des créatures, qui jusqu'à présent soupirent
et souffrent les douleurs de l'enfantement en attendant la révélation des
fils de Dieu (cf. Rom. 8, 22 et 19).
Unis donc avec le Christ dans
l'Église et marqués par le Saint-Esprit "qui est la garantie de notre
héritage" (Eph. 1, 14), nous sommes appelés fils de Dieu et en vérité
nous le sommes (cf. I Jn 3, 1); mis nous n'avons pas encore paru avec
le Christ, dans la gloire (cf. Col. 3, 4). C'est là que nous serons
semblables à Dieu, car nous le verrons tel qu'il est (cf. I Jn 3, 2).
Ainsi donc, "tant que nous demeurons dans ce corps, nous vivons exilés loin
du Seigneur" (II Cor. 5, 6) et, possédant les prémices de l'Esprit,
nous gémissons au fond de nous-mêmes (cf. Rom. 8, 23) et nous
souhaitons être avec le Christ (cf. Phil. 1, 23). C'est la même
charité qui nous presse de vivre plus intensément pour lui, qui est mort et
ressuscité pour nous (cf. II Cor. 5, 15). Aussi nous efforçons-nous
de plaire au Seigneur (cf. II Cor. 5, 9) et nous revêtons-nous des
armes de Dieu afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable et, au
jour mauvais, résister (cf. Eph. 6, 11-13). Mais comme nous ne
connaissons ni le jour ni l'heure, il nous faut, selon l'avertissement du
Seigneur, veiller assidûment afin qu'au terme de notre unique vie terrestre
(cf. Hébr. 9, 27), nous méritions d'avoir avec lui accès au festin
nuptial et d'être comptés parmi les bienheureux (cf. Mt. 25, 31-46),
plutôt que d'être jetés, sur son ordre, dans le feu éternel (cf. Mt.
25, 41), comme il arriva aux serviteurs mauvais et paresseux (cf. Mt.
25, 26), dans les ténèbres extérieures où "il y aura des pleurs et des
grincements de dents" (Mt. 22, 13 et 25, 30). En effet, avant de
régner avec le Christ glorieux, nous comparaîtrons tous "devant le tribunal
du Christ, pour recevoir chacun le salaire du bien ou du mal que nous aurons
accompli durant notre vie corporelle" (II Cor. 5, I0); et à la fin du
monde "ceux qui auront fait le bien en sortiront pour la résurrection de la
vie, et ceux qui auront fait le mal, pour la résurrection de la damnation" (Jn
5, 29; cf. Mt. 25, 46). Estimant donc que "les souffrances de cette
vie ne peuvent se comparer à la gloire qui doit un jour nous être révélée" (Rom.
8, 18; cf. II Tim. 2, 11-12), nous attendons, fermes dans la foi, "le
bienheureux objet de notre espérance et la glorieuse manifestation de notre
grand Dieu et Sauveur le Christ Jésus" (Tim. 2, 13), "qui viendra
transformer notre corps humilié, en le rendant .semblable à son corps
glorieux" (Phil. 3, 21), qui "viendra peur être glorifié dans ses
saints et être admiré en tous ceux qui auront cru" (II Thess., 1,
10).
La Communion entre l'Église du
ciel et l'Église de la terre
49. Ainsi, en attendant que le
Seigneur, escorté de tous ses Anges (cf. Mt. 25, 31), revienne dans
sa gloire et que, la mort une fois détruite, toutes choses lui soient
soumises (cf. I Cor. 15, 26-27), certains de ses disciples cheminent
sur la terre tandis que d'autres, après cette vie, subissent la purification
et que d'autres enfin, jouissant de la gloire, contemplent "clairement Dieu
un et trine, tel qu'il est" (1) Tous cependant, bien qu'à des degrés divers
et de façon différente, nous communions dans le même amour de Dieu et du
prochain et nous chantons à notre Dieu la même hymne de gloire. En effet,
tous ceux qui sont du Christ, pour avoir reçu son Esprit, sont unis en une
seule Église et adhèrent les uns aux autres en lui (cf. Eph. 4, 16).
L'union de ceux qui sont en route avec les frères qui se sont endormis dans
la paix du Christ, loin donc d'être rompue, se trouve au contraire renforcée
par la communication des biens spirituels, selon la croyance immuable reçue
dans l'Église (2). Du fait de leur union très intime avec le Christ, les
bienheureux affermissent davantage dans la sainteté l'Église tout entière;
ils ennoblissent le culte qu'elle rend à Dieu sur cette terre et contribuent
de plusieurs manières à l'oeuvre grandissante de son édification (3) (cf. I
Cor. 12, 12-27). En effet, une fois accueillis dans la patrie céleste
et demeurant auprès du Seigneur (cf. II Cor. 5, 8), par Lui, avec Lui
et en Lui ils ne cessent d'intercéder pour nous auprès du Père (4), d'offrir
les mérites qu'ils ont acquis sur terre grâce au Christ Jésus, unique
Médiateur entre Dieu et les hommes (cf. I Tim. 2, 5), en servant le
Seigneur en toute chose et en achevant ce qui manque aux tribulations du
Christ dans leur chair en faveur de son Corps, qui est l'Église (5) (cf.
Col. 1, 24). C'est donc une aide très appréciable que leur fraternelle
sollicitude apporte à notre faiblesse.
Les rapports de l'Église de la
terre avec l'Église du ciel
50. Consciente de cette communion
qui unit tous les membres du Corps mystique de Jésus-Christ, l'Église en
marche vers Dieu a honoré avec une grande piété la mémoire des défunts, et
cela dès les premiers siècles de l'ère chrétienne (6); et "puisqu'il est
saint et salutaire de prier pour les défunts afin qu'ils soient absous de
leurs péchés" (II Macc. 12, 46), elle a même offert pour eux des
suffrages. Que les apôtres et les martyrs du Christ, qui par l'effusion de
leur sang ont donné le témoignage suprême de la foi et de la charité, nous
soient plus étroitement unis dans le Christ, l'Église l'a toujours cru; elle
les a vénérés avec une ferveur particulière en même temps que la
bienheureuse Vierge Marie et les saints Anges (7), et elle a pieusement
imploré le secours de leur intercession. Très tôt elle leur associa d'autres
hommes qui avaient de plus près imité la virginité et la pauvreté du Christ
(8), et finalement tous ceux que leur remarquable exercice des vertus
chrétiennes (9) et les charismes divins recommandaient à la pieuse dévotion
et à l'imitation des fidèles (10).
Lors donc que nous considérons la
vie de ceux qui ont fidèlement suivi le Christ, nous découvrons un nouveau
motif de rechercher la Cité future (cf. Hébr. 13, 14 et I1, I0) et
tout d'un coup nous apprenons la voie sûre par laquelle, au milieu de
l'agitation du monde, nous pourrons, chacun selon son état de vie et sa
condition particulière, arriver à l'union parfaite avec le Christ, ou, si
l'on veut, à ta sainteté (11). C'est en effet dans la vie de ceux qui, tout
en partageant notre condition humaine, reflètent pourtant davantage les
traits du Christ (cf. II Cor. 3, 18), que Dieu se fait présent, qu'il
manifeste avec éclat son visage. En eux c'est lui-même qui nous parle et
nous montre le signe de son Royaume (12); et c'est vers ce Royaume que,
guidés par ces hommes, témoins de la vérité de l'Évangile (cf. H6br. 12, 1),
nous nous sentons puissamment attirés.
Cependant nous ne vénérons pas la
mémoire des saints uniquement pour leur exemple, mais plus encore pour que
l'union de toute l'Église dans l'Esprit se fortifie par la pratique de la
charité fraternelle (cf. Eph. 4, 1-6). Car, de même que notre
communion de chrétiens en marche vers Dieu nous rapproche davantage du
Christ, ainsi la fraternité entre nous et les saints nous unit au Christ,
Source et Tête, qui dispense toute grâce et la vie du Peuple même de Dieu
(13) Il convient donc au plus haut point que nous aimions ces amis et
cohéritiers de Jésus-Christ, qui sont aussi nos frères et d'éminents
bienfaiteurs, et que pour eux nous rendions à Dieu de dignes actions de
grâces (14), "que nous leur adressions des supplications et recourions à
leurs prières et à leur aide puissante pour obtenir de Dieu des grâces par
son Fils Jésus-Christ, qui seul est notre Rédempteur et Sauveur" (15). En
effet, tout témoignage authentique d'amour que nous donnons aux saints, par
sa nature tend et aboutit au Christ, qui est "la couronne de tous les
saints" (16) et par lui à Dieu, qui est admirable dans ses saints et
glorifié en eux (17).
Mais notre union avec l'Église
céleste se réalise de la manière la plus éclatante - et avant tout dans la
sainte Liturgie où la vertu du Saint-Esprit agit sur nous par les signes
sacramentels, - lorsque nous célébrons dans une commune allégresse, les
louanges de la divine majesté (18) et que tous, de quelque tribu, langue,
peuple et nation que nous soyons, rachetés par le sang du Christ (cf. Apoc.
5, 9) et rassemblés en une Église unique, nous chantons d'une même voix les
louanges du Dieu un et trine. Ainsi quand nous célébrons le sacrifice
eucharistique, nous nous unissons très intimement au culte de l'Église
céleste; réunis dans une même assemblée, nous vénérons d'abord la mémoire de
la glorieuse Marie, toujours Vierge, mais aussi du bienheureux Joseph, des
bienheureux apôtres et martyrs et de tous les saints (19).
Directives pastorales
51. Cette vénérable croyance
qu'avaient nos aînés en une communion de vie avec nos frères qui jouissent
de la gloire céleste ou avec ceux qui après la mort sont encore en état de
purification, ce saint Concile la recueille avec grand respect; et, de
nouveau, il propose les décrets du deuxième Concile de Nicée (20), du
Concile de Florence (21) et de celui de Trente (22) recommande à tous ceux
que la chose concerne de s'employer à écarter ou à corriger les abus, les
excès ou les défauts qui se seraient glissés ici ou là, et à tout rétablir
pour une plus grande gloire du Christ et de Dieu. Qu'ils enseignent donc aux
fidèles que le vrai culte des saints ne consiste pas tant dans la
multiplicité des actes extérieurs que dans l'intensité de notre amour
effectif, amour qui, pour notre plus grand bien et celui de l'Église, nous
fait chercher "dans la vie des saints un exemple, dans leur communion une
participation à leurs biens et dans leur intercession un secours" (23).
D'autre part, qu'ils enseignent aux fidèles que nos relations avec les
bienheureux, à condition de concevoir celles-ci dans la lumière plus pleine
de la foi, ne diminuent en rien le cuite d'adoration rendu à Dieu le Père
par le Christ dans l'Esprit, mais au contraire l'enrichissent davantage
(24).
Nous tous, en effet, qui sommes
fils de Dieu et constituons dans le Christ une seule famille (cf. Hébr.
3, 6), tant que nous communions entre nous dans la charité mutuelle et dans
l'unique louange de la très sainte Trinité, nous correspondons à la vocation
infime de l'Église et nous participons, comme par un avant-goût, à la
liturgie de la parfaite gloire (25). Quand le Christ apparaîtra et que se
produira la glorieuse résurrection des morts, la Cité céleste, dont l'Agneau
sera la lampe, s'illuminera de la clarté de Dieu (cf. Apoc. 21, 23).
Alors toute l'Église des saints, dans la suprême félicité de la charité,
adorera Dieu et "l'Agneau qui a été immolé" (Apoc. 5, 12), en
proclamant d'une voix unanime: "A Celui qui siège sur le trône et à
l'Agneau, louange, honneur, gloire et puissance aux siècles des siècles" (Apoc,
5, 13).
CHAPITRE
VIII
LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE
MÈRE DE DIEU DANS LE MYSTÈRE DU CHRIST ET DE L'ÉGLISE
1 -- PRÉAMBULE
La sainte Vierge dans le mystère du Christ
52. Dieu, très bienveillant et très
sage, voulant accomplir la rédemption du monde, "lorsque les temps ont été
révolus, a envoyé son Fils, qui est né d'une femme... afin de faire de nous
des fils adoptifs" (Gal. 4, 4-5). "Pour nous hommes et pour notre
salut il est descendu du ciel et s'est incarné par l'oeuvre de
l'Esprit-Saint dans la Vierge Marie" (1). Ce divin mystère du salut nous est
révélé et se continue dans l'Église, que le Sauveur a constituée comme son
corps et dans laquelle les fidèles, adhérant au Christ comme à leur Tête et
vivant en communion avec tous ses saints, doivent également vénérer le
souvenir "avant tout de la glorieuse et toujours Vierge Marie, Mère de Dieu,
Notre-Seigneur Jésus-Christ" (2).
La sainte Vierge et l'Église
53. En effet, la Vierge Marie, qui,
à l'annonce de l'Ange, accueillit dans son coeur et dans son corps .le Verbe
de Dieu et apporta la vie au monde, est reconnue et honorée comme la vraie
Mère de Dieu et du Rédempteur. Rachetée d'une manière très sublime en
considération des mérites de son Fils et unie à lui par un lien étroit et
indissoluble, elle est revêtue de la fonction et de la dignité suprême de
Mère du Fils de Dieu. Aussi est-elle la fille préférée du Père et le temple
de l'Esprit-Saint, par le don de cette grâce suprême, elle dépasse de loin
toutes les autres créatures célestes et terrestres.
Cependant, elle est en même temps,
de par sa descendance d'Adam unie à tous les hommes, qui ont besoin du
salut; bien plus, elle est "vraiment Mère des membres (du Christ)... parce
qu'elle a coopéré par sa charité à la naissance, dans l'Église, des fidèles,
qui sont les membres de ce Chef" (3). Aussi est-elle encore saluée du nom de
membre suréminent et tout à fait singulier de l'Église, de figure et de
modèle admirable de l'Église dans la foi et dans la charité l'Église
catholique, docile à l'Esprit-Saint, la vénère avec une piété et une
affection filiale comme une mère très aimante.
Intention du Concile
54. En conséquence, le saint
Concile, au moment où il expose la doctrine relative à l'Église, en qui le
divin Rédempteur opère le salut entend mettre soigneusement en lumière la
fonction de la bienheureuse Vierge dans le mystère du Verbe incarné et du
Corps mystique, et d'autre part, les devoirs des hommes rachetés envers la
Vierge, Mère du Christ et mère des hommes, spécialement celle des fidèles.
Il n'a pas cependant l'intention de proposer un enseignement complet au
sujet de Marie, ni de dirimer des questions que le travail des théologiens
n'a pas encore complètement élucidées. Aussi, gardent leurs droits les
opinions qui sont librement proposées dans les écoles catholiques au sujet
de celle qui, dans la sainte Église, tient la place la plus élevée après le
Christ, et en même temps la plus proche de nous (4).
II - RÔLE DE LA SAINTE VIERGE DANS
L'ÉCONOMIE DU SALUT
La Mère du Messie dans l'Ancien
Testament
55. Les saintes Lettres de l'Ancien
et du Nouveau Testament, ainsi que la vénérable Tradition, montrent, avec
une clarté grandissante, le rôle de la Mère du Sauveur dans l'économie du
salut et nous la mettent, pour ainsi dire, sous les yeux. Les livres de
l'Ancien Testament décrivent l'histoire du salut, où lentement se prépara la
venue du Christ dans le monde. Ces documents des premiers âges, selon
l'intelligence qu'en a l'Église à la lumière de la révélation parfaite qui
devait suivre, mettent peu à peu en une lumière toujours plus claire la
figure d'une femme: la Mère du Rédempteur. C'est elle qu'on devine déjà
prophétiquement présentée sons cette lumière dans la promesse, qui est faite
à nos premiers parents tombés dans le péché, de la victoire sur le serpent
(cf. Gen. 3, 15). Pareillement, c'est elle, la Vierge qui concevra et
mettra au monde un Fils dont le nom sera Emmanuel (cf. Is. 7, 14; cf.
Mich. 5, 2-3; Mt. 1, 22-23). Elle est au premier rang de ces
humbles et de ces pauvres du Seigneur qui attendent le salut avec confiance,
et reçoivent de lui le salut. Et enfin, avec elle, fille sublime de Sion,
après la longue attente de la promesse, les temps s'accomplissent et une
nouvelle économie s'instaure lorsque le Fils de Dieu prend d'elle la nature
humaine pour libérer l'homme du péché par les mystères de sa chair.
Marie à l'Annonciation
56. Le Père des miséricordes a
voulu que l'acceptation de la mère prédestinée précédât l'Incarnation; il
voulait que de même qu'une femme avait contribué à donner la mort, de même
une femme servît à donner la vie. Et cela vaut d'une manière extraordinaire
pour la Mère de Jésus: elle a donné au monde la Vie même qui renouvelle
tout, et elle a été enrichie par Dieu de dons correspondant à une si haute
fonction. Il n'est pas étonnant que les saints Pères appellent communément
la Mère de Dieu la Toute Sainte, celle qui est indemne de toute tache du
péché, celle qui est façonnée et formée comme une nouvelle créature par
l'Esprit-Saint (5). Ornée dès le premier instant de sa conception des
splendeurs d'une sainteté tout à fait singulière, la Vierge de Nazareth est,
sur l'ordre de Dieu, saluée par l'Ange de l'Annonciation comme "pleine de
grâces" (cf. Lc 1, 28); et elle répond au messager céleste: "Voici la
servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole" (Lc 1, 38).
Ainsi Marie, fille d'Adam, acquiesçant au verbe de Dieu, est devenue Mère de
Jésus et embrassant de plein coeur, sans être entravée par aucun péché, la
volonté salvatrice de Dieu, elle s'est consacrée totalement comme servante
du Seigneur à la personne et à l'oeuvre de son Fils, toute au service du
mystère de la Rédemption en dépendance de son Fils et en union avec lui, par
la grâce de Dieu Tout Puissant. C'est donc à juste titre que les saints
Pères estiment que Marie ne fut pas un instrument purement passif dans les
mains de Dieu, mais qu'elle coopéra au salut de l'homme dans la liberté de
sa foi et de son obéissance. En fait, comme le dit saint Irénée, "en
obéissant, elle est devenue cause du salut pour elle-même et pour tout le
genre humain" (6). Et, avec Irénée, bien des anciens Pères affirment
volontiers, dans leur prédication, que "le noeud de la désobéissance d'Eve a
été dénoué par l'obéissance de Marie; ce que la vierge Eve lia par son
incrédulité, la foi de la Vierge Marie le délia" (7); et par comparaison
avec Eve ils appellent Marie "Mère des vivants" (8), et affirment très
souvent : "la mort nous est venue par le moyen d'Eve, la vie par celui de
Marie" (9).
La sainte Vierge et l'enfance de
Jésus
57. Cette union de la Mère et de
son Fils dans l'oeuvre de la Rédemption se manifeste depuis le moment de la
conception virginale du Christ jusqu'à sa mort. C'est d'abord lorsque Marie,
qui se porte en hâte vers Elisabeth, est proclamée par celle-ci bienheureuse
à cause de sa foi dans la promesse du salut; le précurseur se réjouit alors
dans le sein de sa mère (cf. Lc I, 41-45).
Cette union se manifeste ensuite à
la nativité, lorsque la Mère de Dieu, toute joyeuse, montra aux bergers et
aux Mages son Fils premier-né, lui qui n'a pas lésé sa virginité, mais l'a
consacrée (10). Quand elle le présenta au Seigneur dans le temple une fois
présentée l'offrande des pauvres, elle entendit Siméon annoncer à la fois
que le Fils serait un signe de contradiction et qu'une épée transpercerait
l'âme de la mère, pour que se révèlent les pensées d'un grand nombre de
coeurs (cf. Lc 2, 34-35). Après avoir perdu l'enfant Jésus et l'avoir
cherché avec angoisse, ses parents le trouvèrent au temple, aux choses de
son Père, et ils ne comprirent pas les paroles du Fils. Sa mère méditait et
conservait toutes ces choses en son coeur (cf. Le 2, 41-51).
La sainte Vierge et le ministère
public de Jésus
58. Durant la vie publique de
Jésus, sa Mère fait des apparitions qui sont pleines de sens. Dès le début,
quand, aux noces de Cana de Galilée, émue de compassion, elle provoque par
son intercession le premier des miracles de Jésus-Messie (cf. Jn 2,
1-11). Pendant la prédication de Jésus, elle entendit les paroles où son
Fils, plaçant le Royaume au-dessus des rapports et des liens de la chair et
du sang, proclama bienheureux ceux qui écoutent et gardent la parole de Dieu
(cf. Mc 3, 35; Lc 11, 27-28), ainsi qu'elle le faisait avec
fidélité (cf. Lc 2, 19 et 51). Ainsi même la bienheureuse Vierge
progressa sur le chemin de la foi, et elle resta fidèlement unie à son Fils
jusqu'à la croix. Là, ce n'est pas sans réaliser un dessein divin qu'elle se
tint debout (cf. Jn 19, 25); elle souffrit Profondément avec son Fils
unique et s'associa de toute son âme maternelle à son sacrifice, acquiesçant
avec amour à l'immolation de la victime qu'elle avait engendrée. Finalement,
le même Christ Jésus, mourant sur la croix, la donna pour mère au disciple,
en disant: "Femme, voici ton fils"(11) (Cf. Jn 19, 26-27).
La sainte Vierge après
l'Ascension
59. Comme il avait plu à Dieu de ne
pas manifester solennellement le mystère du salut de l'humanité avant
d'avoir envoyé l'Esprit, que le Christ avait promis, nous voyons les
Apôtres, avant le jour de la Pentecôte, "Persévérant d'un seul coeur dans la
prière, en compagnie de quelques femmes, de Marie Mère de Jésus et des
frères de celui-ci" (Act. 1, 14), et nous voyons aussi Marie implorer
par ses prières le don de l'Esprit, cet Esprit qui l'avait déjà couverte
elle-même de son ombre à l'Annonciation. Enfin, la Vierge Immaculée,
préservée de toute tache de la faute originelle (12), au terme de sa vie
terrestre, fut élevée à la gloire du ciel en son âme et en son corps (13) et
elle fut exaltée par le Seigneur comme Reine de l'univers afin de ressembler
plus parfaitement à son Fils, Seigneur des seigneurs (cf. Apoc. 19,
16) et vainqueur du péché et de la mort (14).
III - LA BIENHEUREUSE VIERGE ET
L'ÉGLISE
Marie, servante du Seigneur
60. Nous n'avons qu'un Médiateur,
selon la parole de l'Apôtre: "Il n'y a qu'un Dieu et qu'un Médiateur entre
Dieu et les hommes, l'homme-Christ Jésus, qui s'est lui-même donné pour tous
comme rançon" (I Tim. 2, 5-6). Le rôle maternel de Marie envers les
hommes ne voile ou ne diminue en aucune manière cette médiation unique du
Christ, mais elle en montre l'efficacité. En effet, toute l'action de la
bienheureuse Vierge sur les hommes dans l'ordre du salut ne provient pas
d'une quelconque nécessité: elle naît du bon plaisir de Dieu et découle de
la surabondance des mérites du Christ. Elle s'appuie sur la médiation du
Christ, elle en dépend et en tire toute sa vertu. Ainsi cette action, loin
d'empêcher de quelque manière une union immédiate des croyants avec le
Christ. la facilite bien plutôt.
61. La bienheureuse Vierge, dont la
prédestination à la maternité divine, est allée de pair, de toute éternité,
avec celle de l'Incarnation du Verbe de Dieu, fut sur cette terre, par
disposition de la divine Providence, la noble Mère du divin Rédempteur,
l'associée du Seigneur la plus généreuse qui fut, et son humble servante.
Elle, qui a conçu le Christ, l'a enfanté, l'a nourri, l'a présenté au Père
dans le temple, qui a souffert avec son Fils mourant sur la croix, elle a
coopéré, d'une manière toute spéciale, à l'oeuvre du Sauveur par obéissance,
sa foi, son espérance et son ardente charité. Elle a vraiment collaboré à la
restauration de la vie surnaturelle dans les âmes. Voilà pourquoi elle fut
pour nous une mère dans l'ordre de la grâce.
62. Cette maternité de Marie, elle
dure sans cesse, dans l'économie de la grâce, depuis le consentement que sa
foi lui fit donner à l'Annonciation et qu'elle maintint sans hésitation sous
la croix, jusqu'à l'accession de tous les élus à la gloire éternelle. En
effet, au ciel, elle n'a pas déposé cette fonction salvifique, mais elle
continue, par son instante intercession, à nous obtenir des grâces en vue de
notre salut éternel (15). Dans sa charité maternelle, elle s'occupe, jusqu'à
ce qu'ils soient parvenus à la félicité de la patrie, des frères de son Fils
qui sont encore des pèlerins et qui sont en butte aux dangers et aux
misères. Aussi la bienheureuse Vierge est-elle invoquée dans l'Église sous
les titres d'Avocate, d'Auxiliatrice, d'Aide et de Médiatrice(16). Tout cela
doit pourtant s'entendre de manière qu'on n'enlève ni n'ajoute rien à la
dignité et à l'action du Christ, seul Médiateur (17).
En fait, aucune créature ne peut
jamais figurer sur le même plan que le Verbe incarné, notre Rédempteur.
Mais, de même que les ministres sacrés et le peuple fidèle participent,
selon des façons variées, au sacerdoce du Christ, et que la bonté unique de
Dieu est réellement répandue selon une grande variété de manières, dans les
créatures, de même également la médiation unique du Rédempteur n'exclut pas,
mais suscite plutôt chez les créatures une coopération variée, qui provient
de la source unique.
C'est cette fonction subordonnée de
Marie que l'Église n'hésite pas à professer, dont elle fait continuellement
l'expérience et qu'elle recommande à la piété des fidèles, pour que,
soutenus par cette aide maternelle, ils s'attachent plus étroitement au
Médiateur et Sauveur.
Marie, modèle de l'Église
63. En outre, la bienheureuse
Vierge est liée intimement à l'Église par le don et la charge de la
maternité divine qui l'unit à son Fils, le Rédempteur, de même que par les
grâces et les fonctions singulières dont elle est investie. La Mère de Dieu
est la figure de l'Église, comme l'enseignait déjà saint Ambroise, et cela
dans l'ordre de la foi, de la charité et de l'union parfaite avec le Christ
(18). En effet, dans le mystère de l'Église, qui reçoit, elle aussi, avec
raison, les noms de Mère et de Vierge, la bienheureuse Vierge Marie est
venue la première, offrant d'une manière éminente et singulière le modèle de
la Vierge et de la Mère (19). Car, dans la foi et l'obéissance, elle
engendra sur terre le Fils même de Dieu, sans commerce charnel, mais sous
l'action de l'Esprit-Saint; nouvelle Eve, elle a cru, non plus au serpent
ancien, mais au messager de Dieu, d'une foi qu'aucun doute n'altéra. Elle
enfanta le Fils que Dieu a établi premier-né d'un grand nombre de frères (Rom.
8, 29), c'est-à-dire des fidèles. Aussi coopère-t-elle, dans son amour de
mère, à les engendrer et à les éduquer.
64. L'Église, qui contemple la
sainteté mystérieuse et imite la charité de Marie, l'Église, qui accomplit
fidèlement la volonté du Père, devient mère, elle aussi, par l'accueil plein
de foi qu'elle offre au Verbe de Dieu. Car, par la prédication et le
baptême, elle engendre à la vie nouvelle et immortelle des fils conçus du
Saint-Esprit nés de Dieu. Elle est aussi la vierge qui maintient intègre et
pure foi qu'elle a donnée à l'Epoux. A l'imitation de la Mère de son
Seigneur, elle conserve d'une façon virginale, par la vertu de
l'Esprit-Saint, une foi intacte, une espérance ferme et une charité sincère
(20).
Les vertus de Marie,
modèle pour l'Église
65. Tandis que l'Église a déjà
atteint dans la très bienheureuse Vierge la perfection, par quoi elle est
sans tache et sans ride (cf. Eph. 5, 27), les fidèles tâchent encore
de croître en sainteté en triomphant du péché. Aussi lèvent-ils les yeux
vers Marie: elle brille comme un modèle de vertu pour toute la communauté
des élus. L'Église, en songeant pieusement à elle et en la contemplant dans
la lumière du Verbe fait homme, pénètre plus avant, pleine de respect, dans
les profondeurs du mystère de l'Incarnation, et se conforme toujours
davantage à son Époux. Marie, en effet, qui, par son étroite participation à
l'histoire du salut, unit en elle et reflète pour ainsi dire les données les
plus élevées de la foi, amène les croyants, quand elle est l'objet de la
prédication et du culte, à considérer son Fils, le sacrifice qu'il a offert,
et aussi l'amour du Père. Quant à l'Église, en cherchant à procurer la
gloire du Christ, elle devient plus semblable à son très haut modèle: elle
progresse alors sans cesse dans la foi, l'espérance et la charité, elle
cherche et suit en toutes choses la volonté de Dieu. Aussi, l'Église, en son
travail apostolique également, regarde-t-elle avec raison vers celle qui
engendra le Christ, conçu donc de l'Esprit-Saint et né de la Vierge, afin
qu'il naisse et grandisse également dans le coeur des fidèles par le moyen
de l'Église. La Vierge fut dans sa vie un modèle de cet amour maternel dont
doivent être animés tous ceux qui, associés à la mission apostolique de
l'Église, coopèrent à la régénération des hommes.
IV - LE CULTE DE LA SAINTE VIERGE
DANS L'ÉGLISE
Nature et fondement du culte de
la sainte Vierge
66. L'Église honore à juste titre
d'un culte spécial celle que la grâce de Dieu a faite inférieure à son Fils
certes, mais supérieure à tous les anges et à tous les hommes, en raison de
son rôle de Mère très sainte de Dieu, et de son association aux mystères du
Christ. Déjà, depuis les temps les plus reculés, la bienheureuse Vierge est
vénérée sous le titre de "Mère de Dieu", et les fidèles, en leurs prières,
se réfugient sous sa protection au milieu de tous les périls et des
difficultés qu'ils rencontrent (21). C'est surtout à partir du Concile
d'Ephèse que le culte du peuple de Dieu envers Marie, à la fois vénération
et amour, prière et imitation, grandit admirablement, selon la prophétie de
Marie elle-même: "Toutes les générations m'appelleront bienheureuse, parce
que le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses" (Le 1, 48-49).
Ce culte, qui existe toujours dans l'Église, bien qu'il soit de caractère
tout à fait singulier, diffère essentiellement du culte d'adoration rendu au
Verbe incarné ainsi qu'au Père et à l'Esprit-Saint et il favorise fortement
celui-ci. En effet, grâce aux diverses formes de dévotion mariale que
l'Église a approuvées selon les circonstances de temps et de lieu et selon
le caractère et les dispositions des fidèles, pourvu qu'elles se tinssent
dans les limites d'une doctrine saine et orthodoxe, grâce à ces formes de
dévotion, donc, tandis que la Mère est honorée, le Fils pour qui tout existe
(cf. Col. 1, 15-16) et en qui "il a plu" au Père éternel "de faire
résider toute la plénitude" (Col. 1, 19), est reconnu comme il
convient, aimé, glorifié et obéi.
L'esprit de la prédication et du
culte de la sainte Vierge
67. Le saint Concile enseigne
expressément cette doctrine catholique et, en même temps, exhorte tous les
fils de l'Église à pratiquer généreusement le culte, spécialement le culte
liturgique, à l'égard de la bienheureuse Vierge; à tenir en grande estime
les pratiques et les exercices de dévotion de caractère marial que le
magistère de l'Église recommande depuis des siècles; à observer
religieusement ce qui, dans le passé, a été décidé quant au culte des images
du Christ, de la bienheureuse Vierge et des saints (22). En outre, il
exhorte avec force les théologiens et les prédicateurs à s'abstenir avec
soin de toute fausse exaltation, comme aussi de toute étroitesse d'esprit
lorsqu'ils ont à considérer la dignité particulière de la Mère de Dieu (23).
Par l'étude, menée sous la direction du magistère, de la sainte Ecriture,
des saints Pères, des docteurs et des liturgies de l'Église, ils doivent
expliquer correctement le rôle et les privilèges de la bienheureuse Vierge:
tout est tourné vers le Christ, source exclusive de la vérité, de la
sainteté et de la dévotion. Dans leurs paroles, ou leurs actions, ils
doivent éviter avec soin tout ce qui pourrait induire en erreur les frères
séparés, ou n'importe quelle autre personne, au sujet de la véritable
doctrine de l'Église. Les fidèles, eux, doivent se rappeler que la vraie
dévotion ne consiste ni dans un sentimentalisme stérile et passager, ni dans
une certaine crédulité vaine, mais, au contraire, qu'elle procède de la
vraie foi, qui nous porte à reconnaître la prééminence de la Mère de Dieu,
nous pousse à un amour de fils envers notre Mère et à l'imitation de ses
vertus.
V - MARIE, SIGNE D'ESPÉRANCE
CERTAINE ET DE CONSOLATION
POUR LE PEUPLE DE DIEU EN MARCHE
68. Si la Mère de Jésus, déjà
glorifiée au ciel en son corps et en son âme, est l'image et le commencement
de ce que sera l'Église en sa forme achevée, au siècle à venir, eh bien! sur
la terre, jusqu'à l'avènement du jour du Seigneur (cf. II Petr. 3,
10), elle brille, devant le Peuple de Dieu en marche, comme un signe
d'espérance certaine et de consolation.
69. C'est une grande joie et une
grande consolation pour ce saint Concile qu'il ne manque pas de gens, même
parmi les frères séparés, pour rendre à la Mère du Seigneur et Sauveur,
l'honneur qui lui est dû, spécialement chez les Orientaux qui rivalisent
d'ardeur et de dévotion dans le culte de la Mère de Dieu, toujours Vierge
(24). Que tous les fidèles adressent avec instance des prières à la Mère de
Dieu et à la Mère des hommes, elle qui entoura de ses prières les débuts de
l'Église, et qui, maintenant, est exaltée au-dessus de tous les bienheureux
et de tous les anges, oui, qu'ils la prient d'intercéder, en union avec tout
les saints, auprès de son Fils, jusqu'à ce que toutes les familles des
peuples, qu'elles soient marquées du nom chrétien ou qu'elles ignorent
encore leur Sauveur, soient réunies heureusement dans la paix et la concorde
en un seul Peuple de Dieu pour la gloire de la très sainte et indivisible
Trinité !
Rome, près Saint-Pierre, le 21
novembre 1964.
NOTIFICATIONS
faites par le secrétaire général du Concile,
à la 123e congrégation générale tenue le 16 novembre 1964
On a demandé quelle note
théologique devait être appliquée à la doctrine exposée dans le schéma De
Ecclesia et soumise au vote des Pères. Répondant à cette question, la
commission théologique, dans l'examen des observations apportées au chapitre
trois du schéma sur l'Église, a déclaré ce qui suit: Il va de soi que le
texte du Concile est toujours à interpréter selon les normes générales
connues de tous. En l'occurrence, la commission renvoie à sa déclaration du
6 mars 1964 que nous reproduisons ici: " Compte tenu de la pratique en usage
aux conciles et de la fin pastorale du présent Concile, celui-ci précise
que, parmi les points de foi ou de morale, l'Église doit tenir ceux-là seuls
que le Concile aura explicitement déclarés tels. " Quant aux autres points
proposés par le Concile et contenant la doctrine du Magistère suprême de
l'Église, ils doivent être reçus par tous et chacun des fidèles selon le
sens que leur donne le Concile lui-même. Ce sens est à entendre soit à
partir du sujet traité, soit d'après la manière même de parler, selon les
normes d'interprétation reçues en théologie. " Au sujet du troisième
chapitre du schéma De Ecclesia, l'autorité supérieure communique aux
Pères une note explicative précédant les observations qui y sont annexées.
C'est dans l'esprit et selon la pensée exprimés par cette note qu'il faut
entendre et expliquer la doctrine de ce chapitre.
NOTE
EXPLICATIVE PRÉALABLE
* Voici les remarques générales par
lesquelles la commission a décidé de faire précéder l'examen des
observations:
1. Le mot "collège" ne s'entend pas
au sens strict qu'il possède dans la langue juridique, savoir d'un groupe
d'égaux qui déléguerait son pouvoir à un président, mais d'un groupe stable
dont la structure et l'autorité se déterminent à partir de la Révélation.
Aussi, pour satisfaire à la 12e observation, est-il dit explicitement des
Apôtres que le Seigneur les établit "à la façon d'un collège", c'est-à-dire
d'un groupe stable (voir aussi la 53e observation). La même raison a fait
employer ici ou là les mots "ordre" ou "corps" pour désigner le collège des
évêques. Le parallélisme entre Pierre et les autres Apôtres d'une part,
entre Je souverain Pontife et les évêques de l'autre n'implique pas la
transmission du pouvoir extraordinaire des Apôtres à leurs successeurs; il
n'implique pas non plus, bien sûr l'égalité de la tête et des membres du
collège, mais seulement la proportionnalité entre la première relation
(Pierre-Apôtres) et la seconde (Pape-Évêques). Aussi la commission a-t-elle
résolu de parler, au numéro 22, non pas d'un "rapport identique", mais
"semblable" (voir la 57e observation).
2. On devient membre du collège en
vertu de la consécration épiscopale et par la communion hiérarchique avec la
tête et les membres du collège. (Voir numéro 22, paragr.
1, à la fin.) Comme le montre clairement la tradition, y compris la
tradition liturgique, c'est une participation d'ordre ontologique aux
fonctions sacrées qui est conférée pat la consécration. On a utilisé à
dessein le mot "fonction", et non "pouvoir", qui pourrait être entendu d'un
pouvoir déjà libre de s'exercer. Pour qu'un tel pouvoir existe en fait, il
faut que l'autorité hiérarchique l'ait juridiquement ou, si l'on veut,
canoniquement déterminé. La détermination dont il est question peut
consister dans la concession d'un office particulier ou l'assignation des
sujets, et elle est faite d'après les normes approuvées par l'autorité
suprême. C'est la nature même de la chose qui requiert cette dernière norme,
puisqu'il s'agit de charges à exercer par plusieurs sujets coopérant
hiérarchiquement entre eux, comme l'a voulu le Christ. Il est bien clair que
cette "communion" existait déjà dans la vie de l'Église, en autant que le
permettaient les circonstances, et cela bien avant de se voir juridiquement
déterminée. Aussi est-il expressément déclaré que la communion avec la tête
et les membres doit être une communion hiérarchique avec la tête et les
membres de l'Église. L'idée de communion est une idée dont l'Église antique
(comme aujourd'hui, l'Église d'Orient) faisait grand cas. Il ne s'agit pas
ici d'un vague sentiment, mais d'une réalité organique qui veut s'incarner
dans une structure juridique et dont l'âme est la charité. Pour ce motif la
commission a décidé quasi unanimement d'écrire: "...dans une communion
hiérarchique". (Voir la 40e observation et aussi ce qu'on dit au no 24, p.
67, lignes 17-24, au sujet de la mission canonique.) C'est donc à partir de
cette indispensable précision concernant les pouvoirs qu'il faut interpréter
les documents récents des. souverains Pontifes concernant la juridiction des
évêques.
3. Le collège, qui n'existe pas
sans sa tête, s'appelle "le sujet aussi du pouvoir suprême et plénier dans
l'Église universelle". Il faut admettre ceci pour ne pas mettre en doute la
plénitude du pouvoir dont jouit le Pontife romain. Le collège, en effet,
s'entend toujours et nécessairement avec sa tête, qui conserve intégralement
en lui son rôle de Vicaire du Christ et de Pasteur de l'Église universelle.
En d'autres termes la distinction n'est pas à faire entre le Pontife romain
et les évêques vus collectivement, mais entre le Pontife romain lorsqu'il
agit seul et ce même Pontife agissant avec les évêques. C'est vraiment parce
qu'il est la tête du collège que le souverain Pontife peut poser certains
actes qui ressortissent à lui seul et nullement aux évêques: par exemple
convoquer le collège et y siéger comme président, approuver des lignes de
conduite et ainsi de suite (voir 8le observation). Il est également de son
ressort à lui, qui a la charge du troupeau tout entier, de déterminer, selon
les besoins de l'Église qui varient avec les époques, comment il convient
d'exercer cette même charge soit personnellement, soit collégialement. C'est
de la libre initiative du Pontife romain regardant au bien de l'Église, que
dépend l'ordonnance, la promotion, l'approbation de l'activité collégiale.
4. En tant que pasteur suprême de
l'Église, le souverain Pontife peut exercer en tout temps et à discrétion
son pouvoir, comme le requiert sa fonction. D'autre part, 1e collège, même
s'il existe toujours, n'agit pas toujours, pour autant, comme collège pris
au sens strict, comme le montre bien la tradition de l'Église. En d'autres
termes, il n'est pas toujours "en plein exercice"; bien plus, ce n'est que
par intervalles qu'il pose un acte strictement collégial, et non sans le
consentement de sa tête. Nous disons "... le consentement de sa tête", afin
qu'on n'aille pas imaginer une dépendance d'ordre purement externe; le mot
"consentement" appelle au contraire la communion entre la tête et les
membres, et implique la nécessité d'un acte qui ressortit proprement à la
tête. (Ceci se trouve expressément affirmé au numéro 22, paragr. 2, et
expliqué au même endroit, à la fin.) La clausule négative: "non sans le
consentement de la tête" englobe tous les cas; d'où il suit évidemment que
les normes approuvées par l'autorité suprême doivent toujours être observées
(voir la 84e observation). On voit ainsi qu'il s'agit bien d'une union des
évêques à leur tête, et jamais d'une action que poseraient les évêques
indépendamment du Pape. En ce dernier cas, l'action de la tête faisant
défaut, les évêques ne peuvent agir collégialement, comme le montre
clairement la notion de "collège". Cette communion hiérarchique de tous les
évêques avec le souverain Pontife est d'ailleurs consacrée par toute la
tradition.
* Cette note (Nota explicativa
praevia) fait assurément partie des Actes du Concile; toutefois elle ne fait
pas partie du texte voté et promulgué le 21 novembre 1964. (Note des
éditeurs.)
N. B. -- L'aspect sacramentel et ontologique de la fonction (que nous avons
distingué de l'aspect canonico-juridique) ne peut s'exercer hors de la
communion hiérarchique. La commission n'a cependant pas cru nécessaire
d'aborder les questions de licéité ou de validité, qui sont laissées aux
discussions des théologiens, par exemple en ce qui concerne le pouvoir qui,
de fait, s'exerce chez les Orientaux séparés, et dont l'explication a donné
lieu à diverses opinions.
Périclès FELICI,
ArchÉvêque titulaire de Samos,
Secrétaire général du saint Concile oecuménique Vatican II.
È
NOTES
CHAPITRE I
(1) Cf. S. Cyprianus, Epist. 64, 4: PL 3,
1017. CSEL (Hartel), III B, p. 720. S. Hilarius Pict., In Mt. 23, 6:
PL 9, 1047. S. Augustinus, passim. S. Cyrillus
Alex., Glaph. in Gen. 2, 10: PG 69, 110 A
(2) Cf. S. Gregorius M., Hom.
in Evang. 19, 1: PL 76, 1154 B. S. Augustinus, Serm. 341, 9,
11: PL 39, 1499 s. S. Io. Damascenus. Adv. Iconocl. Il: PG
96, 1357.
(3) Cf. S. Irenaeus, Adv.
Haer. III, 24, 1: PG 7, 966 B; Harvey 2. 131; ed.
Sagnard, Sources Chr., p. 398
(4) S. Cyprianus, De Orat.
Dom. 23: PL 4, 553; Hartel, III A, p. 285. S. Augustinus, Seren.
71, 20, 33: PL 38, 463 s. S. Io. Damascenus, .4dv. Iconocl.
12: PG 96. 1358 D.
(5) Cf. Origenes, In Matth. 16, 21: PG
13, 1443 C; Tertullianus, Adv. Marc. 3, 7: PL 2, 357 C; CSEL
47, 3 p. 386. Pour les documents liturgiques, cf. Sacramentarium
Gregorianum: PL 78, 160 B. Ou C. Mohlberg, Liber Sacramentorum
Romanae Ecclesiae, Romae 1960, p. 111, XC: " Deus, qui ex omni coaptatione
sanctorum acternum tibi condis habitaculum... ". Hymnes Urbs Jerusalem beata
dans le Bréviaire monastique et Coelestis urbs Jerusalem dans le Bréviaire
Romain.
(6) Cf. s. Thomas, Summa
Theol. III, q. 62, a. 5, ad 1.
(7) Cf. Pie XII, Litt. Encycl. Mystici
Corporis, 29 juin 1943: AAS 35 (1943), p. 208.
(8) Cf. Leo XIII, Epist.
Encycl. Divinum illud, 9 mai 1897: ASS 29 (1896-97) p. 650.
Pie XII, Litt. Encycl. Mystici Corporis, 1. c., pp. 219-220; Denz.
2288 (3808). S. Augustinus, Serra. 268, 2: PL
38, 1232, et ailleurs. S. Io. Chrysostomus, In Eph. Hom. 9,
3: PG 62, 72. Didyrnus Alex., Trin. 2, 1: PG 39, 449 s. S.
Thomas, In Col. 1, 18, lect. 5; ed. Marietti, II, n. 46: "Sicut constituitur
unum corpus ex unitate animae, ita Ecclesia ex unitate Spiritus... ".
(9) Leo XIII, Lift. Encycl. Sapientiae
christianae, 10 janv. 1890: ASS 22 (1889-90) p. 392. Id., Epist. Encycl.
Satis cognitum, 29 juin 1896: ASS 28 (1895-96) pp. 710 et 724 ss. Plus XII,
Litt. Encycl. Mystici Corporis, I. c., pp. 199-200.
(10) Cf. Pius XII, Litt. Encycl. Mystici
Corporis, 1. c.. p. 221 ss. Id., Litt. Encycl. Humani generis, 12
août 1950: AAS 42 (1950) p. 571.
(11) Leo XIII, Epist.
Encycl. Satis Cognitum, 1. c., p. 713.
(12) Cf. Symbolum Apostolicum: Denz. 6-9
(10-13); Symb. Nic.-Const.: Denz. 86 (150); coll. Prof. fidei Trid.: Denz.
994 et 999 (1862 et 1868).
(13) On dit " Sancta (catholica apostolica)
Romana Ecclesia ": dans Prof. fidei Trid., 1. c., et dans Conc. Vat.
I, Sess. III, Const. dogm. de fide cath.: Denz. 1782
(3001).
(14) S. Augustinus, Civ. Dei,
XVIII, 51, 2: PL 41, 614.
CHAPITRE II
(1) Cf. S. Cyprianus, Epist.
69, 6: PL 3, 1142 B; Hartel 3 B, p. 754: " inseparabile
unitatis sacramentum ".
(2) Cf. Pius XII, Alloc.
Magnificate Dominum, 2 nov. 1954: AAS 46 (1954) p. 669. Litt.
Encycl. Mediator Dei. 20 nov. 1947: AAS 39 (1947) p. 555.
(3) Cf. Pius XI, Litt. Encycl.
Miserentissimus Redemptor, 8 mai 1928: AAS 20 (1928) p. 171 s.
Pius XII, Alloc. Vous nous avez, 22 septembre 1956: AAS 48 (1956) p.
714.
(4) Cf. S. Thomas. Summa
Theol. III, q. 63, a. 2.
(5) Cf. S. Cyrillus Hieros., Catech. 17. de
Spiritu Sancto. II. 35-37: PG 33, 1009-1012. Nic. Cabasilas, De vita
in Christo. lib. III, de utilitate chrismatis: PG 150, 569-580.
S. Thomas, Summa Theol. III, q. 65, a. 3 et q. 72, a. I et 5..
(6) Cf. Pius XII, Litt. Encycl.
Mediator Dei, 20 nov. 1947: AAS 39 (1947), spécialement p.
552s.
(7) I Cor. 7, 7: " Unusquisque
proprium donum (idion charisma) habet ex Deo: alius quidem sic, alius vero
sic ". Cf. S. Augustinus, De Dono Persev. 14, 37: PL 45, 1015 s.: " Non
tantum continentia Dei donum est, sed coniugatorum etiam castitas ".
(8) Cf. s. Augustinus, De Praed. Sanct.
14. 27: PL 44. 980.
(9) Cf. S. Io. Chrysostomus. In
Io. Hom. 65, I: PG 59, 361.
(10) Cf. S. Irenaeus, Adv.
Haer. III, 16, 6; III, 22, 1-3: PG 7, 925C-926A et
955C-958A; Harvey 2, 87 s. et 120-123; Sagnard, Ed. Sources Chrét.. pp.
290-292 et 372 ss.
(11) Cf. s. Ignatius M., Ad Rom., Praef.:
Ed. Funk, I. p. 252.
(12) Cf. S. Augustinus, Bapt. c. Donat. V, 28,
39: PL 43, 197: " Certe manifestum est, id quod dicitur, in Ecclesia intus
et foris, in corde, non in corpore cogitandum ". Cf. ib., III, 19, 26: col.
152; V, 18, 24: col. 189; In Io. Tr. 61, 2: PL 35, 1800, et souvent
ailleurs.
(13) Cf. Lc 12, 48: " Omni autem, cul multum
datum est, multum quaeretur ab eo ". Cf. aussi Mt. 5, 19-20; 7, 21-22; 25,
41-46; Iac. 2, 14.
(14) Cf. Leo XIII, Epist.
Apost. Praeclara gratulationis, 20 juin 1894; .ASS 26
(1893-94) p. 707.
(15) Cf. Leo XIII, Epist. Encycl. Satis
cognitum, 29 juin 1896; ASS 28 (1895-96) p. 738. Epist. Encycl.
Caritatis studium, 25 juillet 1898: ASS 31 (1898-99) p. 11.
Pius XII, Radiomessage Nell'Alba, 24 décembre 1941: ASS 34 (1942) p.
21.
(16) Cf. Pius XI, Litt. Encycl. Rerum
Orientalium, 8 sept. 1928: AAS 20 (1928) p. 287. Pius XII, Litt.
Encycl. Orientalis Ecclesiae,
9 avr. 1944: AAS 36 (1944) p. 137.
(17) Cf. lnstr. S.S.C.S. Officii, 20 déc. 1949:
AAS 42 (1950) p. 142.
(18) Cf. S. Thomas, Summa
Theol. III, q. 8, a. 3, ad 1.
(19) Cf. Epist. S.S.C.S.
Officii ad Archiep. Boston.: Denz. 3869-72.
(20) Cf. Eusebius Caes.,
Praeparatio Evangelica, 1, I: PG 21, 28 AB.
(21) Cf. Benedictus XV, Epist.
Apost. Maximum illud: AAS 11 (1919) p. 440,
spécialement p. 451 ss. Pius XI, Litt. Encycl. Rerum
Ecclesiae: AAS 18 (1926) p. 68-69. Plus XII, Litt.
Encycl. Fidei Donum, 21 avr. 1957: AAS 49
(1957) pp. 236-237.
(22) Cf. Didachè, 14: ed. Funk,
I, p. 32. S. Iustinus, Dial. 41: PG 6, 564. S. Irenaeus, Adv.
Haer. IV, 17, 5; PG 7, 1023; Harvey, 2, p. 199 s. Cone.
Trial. Sess.22. cap. 1: Denz. 939 (1742).
CHAPITRE III
(1) Cf. Conc. Val. 1, Sess. IV, Const. Dogm.
Pastor aeternus : Denz. 1821
{3050 s.).
(2) Cf. Conc. Flor., Decretum
pro Graecis: Denz. 694 (1307) et Conc. Val, I, ib.: Denz. 1826 (3059).
(3) Cf. Liber sacramentorum S. Gregorii,
Praef. in natali S. Matthiae et S. Thomae: PL 78, 51 et 152; cf. Cod.
Val. lat. 3548, f. 18. S. Hilarius, In Ps. 67, 10: PL 9, 450; CSEL 22, p.
286. S. Hieronymus, Adv. Iovin. 1.26: PL 23,247 A. S. Augustinus, In Ps. 86,
4: PL 37, 1103. S. Gregorius M., Mor. in Iob, XXVIII,
V: PL 76, 455-456. Primasius, Comm. in Apoc. V: PL 68, 924 BC.
Paschasius Radb., In Matth. L. VIII, cap. 16: PL 120, 561 C.
Cf. Leo XIII, Epist. Et sane, 17 déc. 1888: ASS 21
(1888) p. 321.
(4) Cf. Act. 6, 2-6; 11, 30; 13, 1; 14,
23; 20, 17; I Thess. 5, 12-13; Phil. 1, 1; Col. 4, 11,
et passim.
(5) Cf. Act. 20, 25-27; 2
Tim. 4.6 s. coll. c. I Tim. 5, 22; 2 Tim. 2, Tit.
I, 5; S. Clem. Rom.. Ad Cor. 44, 3; ed. Funk, I, p. 156.
(6) S. Clem. Rom., Ad Cor.
44, 2; ed. Funk, I, p. 154 s.
(7) Cf. Tertull., Praescr.
Haer. 32; PL 2, 52 s.; S. lgnatius M..
passim.
(8) Cf. Tertull.. Praescr.
Haer. 32; PL 2, 53.
(9) Cf. S. Irenaeus. Adv.
Haer. III, 3, I; PG 7, 848 A; Harvey 2. 8: Sagnard, p. 100 s.: "
manifestatam ".
(10) Cf. S. Irenaeus. Adv.
Haer. III, 2, 2; PG 7, 847: Harvey 2, 7: Sagnard, p. 100: " custoditur
", cf. ib. IV, 26, 2; col. 1053; Harvey 2, 236, necnon IV, 33, 8; col. 1077;
Harvey 2, 262.
(11) S. Ign. M., Philad., Praef.; ed.
Funk, I, p. 264.
(12) S. lgn. M., Philad..
1, 1; Magn. 6, 1; Ed. Funk, I, pp. 264 et 234.
(13) S. Clem. Rom., 1. c., 42,
3-4; 44, 3-4; 57, 1-2; Ed. Funk, 1, 152, 156, 171 s. S. Ign. M.,
Philad. 2; Senyrn. 8; Magn. 3; Trall. 7; Ed. Funk, I, p. 265
s.; 282; 232; 246 s. etc.; S. lustinus, Apol., 1, 65; PG 6, 428; S.
Cyprianus, Epist., passim.
(14) Cf. Leo XIII, Epist.
Encycl. Satis cognitum, 29 juin 1896: ASS 28 (1895-96) p.
732.
(15) Cf. Conc. Trid., Sess. 23, Decr. de
sacr. Ordinis, cap. 4: Denz. 960 (1768); Conc. Vat. I, Sess. 4, Const.
Dogrn. I De Ecclesia Christi, cap. 3: Denz. 1828 (3061). Pius XII,
Litt. Encycl. Mystici Corporis, 29 juin 1943: AAS 35 (1943)
pp. 209 et 212. Cod. Iur. Can., c. 329 § 1.
(16) Cf. Leo XIII. Epist.
Et sane. 17 déc. 1888: ASS 21 (l888) p. 321 s.
(17) S. Leo M., Serra. 5,
3: PL 54, 154.
(18) Le Conc. de Trente, Sess. 23. cap. 3, cite
les paroles 2 Tim. I, 6-7, pour démontrer que l'Ordre est un vrai
sacrement: Denz. 959 (1766).
(19) In Trad. Apost. 3, ed. Botte, Sources Chr.,
pp. 27-30. à l'évêque est attribué "primatus sacerdotii".
Cf. Sacramentarium Leonianum, ed. C. Mohlberg, Sacramentarium
Veronense, Romae, 1955, p. 119: "ad summi sacerdotii ministerium...
Comple in sacerdotibus tuis mysterii tui summam "...
Idem, Liber Sacramentorum Romanae Ecclesiae, Romae, 1960, pp.
121-122: " Tribuas eis, Domine, cathedram episcopalem ad regendam Ecclesiam
tuam et plebem universara ". Cf. PL 78, 224.
(20) Trad. Apost. 2, ed. Botte, p. 27
(21) Le Concile de Trente. Sess. 23, cap. 4,
enseigne que le sacrement de l'Ordre imprime un caractère indélébile: Denz.
960 (1767). Cf. Jean XXIII. AIIoc. Iubilate Deo. 8 mai 1960: AAS
52 (1960) p. 466. Paul VI, Homélie dans la Basilique vaticane, 20
octobre 1963: AAS 55 (1963) p. 1014.
(22) S. Cyprianus, Epist.
63, 14: PL 4, 386; Hartel, I11 B, p. 713: " Sacerdos vice Christi
vere fungitur ". S. Io. Chrysostomus, In 2 Tim. Hom. 2,
4: PG 62, 612: Sacerdos est " symbolon " Christi. S. Ambrosius, In
Ps. 38, 25-26: PL 14, 1051-52: CSEL 64, 203-204. Ambrosiaster, In
I Tim. 5, 19: PL 17, 479 C et In Eph. 4, 11-12: col.
387. C. Theodorus Mops., Hom. Catech. XV, 21 et 24: ed. Tonneau, pp. 497 et
503. Hesychius Hieros., In Lev. L. 2, 9, 23: PG
93, 894B.
(23) Cf. Eusebius, Hist. Eccl., V, 24.
10: GCS II, 1, p. 495; ed. Bardy, Sources Chr. Il, p. 69. Dionysius,
dans Eusebius ib. VIl, 5, 2: GCS II, 2, p. 638 s., Bardy, II,
p. 168 s.
(24) Cf. sur les anciens Conciles, Eusebius,
Hist. Eccl. V, 23-24: GCS II, 1, p. 488 ss.; Bardy, II, p. 66 ss.
et passim. Conc. Nicaenum, Can. 5: Conc. Oec. Decr. p. 7.
(25) Tertullianus, De Ieiunio, 13: PL 2,
972 B; CSEL 20, p. 292, lin. 13-16.
(26) S. Cyprianus, Epist. 56, 3: Hartel,
III B, p. 650; Bayard, p. 154.
(27) Cf. la Relation officielle Zinelli, dans
Conc. Vat. 1: Mansi 52, 1109 C.
(28) Cf. Conc. Vat. 1, Schema Const. dogm. II,
de Ecclesia Christi, c. 4: Mansi 53, 310. Cf. Relation Kleutgen sur le
Schéma réformé: Mansi 53, 321 B-322 B et déclaration Zinelli: Mansi 52, 1110
A. Voir aussi S. Leo M., Serra. 4, 3: PL 54, 151 A.
(29) Cf. Cod. Iur. Can., c. 222 et 227.
(30) Cf. Conc. Vat. I, Const.
Dogm. Pastor aeternus: Denz. 182~ (3050 s.).
(31) Cf. S. Cyprianus. Epist.
66, 8: Hartel III. 2. p. 733: " Episcopus in Ecclesia et Ecclesia in
Episcopo ".
(32) Cf. S. Cyprianus, Epist.
55, 24: Hartel. p. 642, lin. 13: "Una Ecclesia per totum mundum in multa
membra divisa ". Epist. 36, 4: Hartel, p. 575, lin. 20-21.
(33) Cf. Plus XII, Litt. Encycl.
Fidei Donum. 21 avr. 1957: AAS 49 (1957) p. 237.
(34) Cf. S. Hilarius Pict., In Ps. 14. 3: PL 9,
206; CSEL 22, p. 86.-S. Gregorius M., Moral. IV, 7,
12: PL 75, 643 C. Ps.-Basilius, In Is. 15, 296: PG 30, 637 C.
(35) S. Coelestinus, Epist.
18, 1-2, ad Conc. Eph.: PL 50, 505 AB; Schwartz, Acta Conc. Oec. 1,
1, 1, p. 22. Cf. Benedictus XV, Epist. Apost. Maximum
illud: AAS 11 (1919) p. 440. Plus XI, Litt. Encycl. Rerum
Ecclesiae, 28 févr. 1926: AAS 18 (1926) p. 69. Pius XII, Litt.
Encycl. Fidei Donum, 1. c.
(36) Leo XllI, Litt. Encycl. Grande munus,
30 sept. 1880: ASS 13 (1880) p. 145. Cf. Cod. Iur. Can., c.
1327; c. 1350 § 2.
(37) Sur les droits des sièges patriarcaux cf.
Conc. Nicaenum, can. 6 sur Alexandrie et Antioche, et can. 7 sur Jérusalem:
Conc. Oec. Decr., p. 8 - Conc. Enter. IV, année 1215,
Constit. V: De dignitate Patriarcharum: ibid. p.
212.-Conc. Ferr.-Flor.: ibid. p. 504.
(38) Cf. Cod. Iuris pro Eccl.
Orient., c. 216-314: de Patriarchis; c. 324-339: de Archiepiscopis
maioribus; c. 362-391: de aliis dignitariis; in specie, c. 238 § 3; 216;
240; 251; 255: de Episcopis a Patriarcha nominandis.
(39) Cf. Conc. Trid., Decr. de reform., Sess. V.
c. 2. n. 9; et Sess. XXIV. can. 4: Conc. Oec. Decr. pp. 645 et 739.
(40) Cf. Conc. Vat. I, Const.
dogm. Dei Filius, 3: Denz. 1712 (3011). Cf. note jointe au Schéma I
de Eccl. (prise à St-Rob. Bellarmin): Mansi 51, 579 C; et aussi le Schema
reformatum Const. Il de Ecclesia Christi, avec le commentaire de
Kleutgen: Mansi 53, 313 AB. Pius IX. Epist. Tuas libenter:
Denz. 1683 (2879).
(41) Cf. Cod. Iur. Can., c. 1322-1323.
(42) Cf. Conc. Val. 1. Const.
dogm. Pastor Aeternus. Denz. 1839 (3074).
(43) Cf. l'explication de Gasser dans Conc. Vat.
I: Mansi 52. 1213 AC. 44.
(44) Casser, ib.: Mansi 1214 A.
(45) Gasser, ib.: Mansi 1215 CD, 1216-1217 A.
(46) Casser, ib.: Mansi 1213.
(47) Conc. Vat. I, Const. dogm.
Pastor Aeternus, 4: Denz. 1836 (3070).
(48) Prière de la consécration épiscopale dans
le rite byzantin: Euchologion to mega. Romae, 1873, p. 139.
(49) Cf. S. Ignatius M., Smyrn.
8, 1: ed. Funk. I. p. 282.
(50) Cf..Act. 8. 1; 14, 22-23; 20, 17, et
passim.
(51) Oraison mozarabe: PL 96, 759 B.
(52) Cf. S. lgnatius M., Smyrn.
8, 1: ed. Fonk. I. p. 282.
(53) S. Thomas, Summa Theol.
II1, q. 73. a. 3.
(54) Cf. S. Augustinus. C.
Faustum, 12. 20: PI. 42. 265; Serm. 57, 389, etc.
(55) S. Leo M., Serra. 63, 7:
PL 54: 357C.
(56) Traditio Apostolica
Hippolyti, 2-3: ed. Botte, pp. 26-30.
(57) Cf. le texte de l'examen au début de la
consécration épiscopale, et l'Oratio à la fin de la Messe de la même
consécration, après le Te Deum.
(58) Benedictus XIV. Br.
Romana Ecclesia. 5 ott. 1752, § 1: Bullarium Benedicti XIV, t. IV, Romae
1758, 21: "Episcopus Christi typum gerit. Eiusque munere fungitur".
Pius XII, Litt. Encycl. Mystici Corporis, I. c., p. 211: "Assignatos
sibi greges singuli singulos Christi nomine pascunt et regunt ".
(59) Leo XIII, Epist.
Encycl. Satis cognitum, 29 juin 1896: ASS 28 (1895~96) p. 732.
Idem, Epist. Officio sanctissimo, 22 déc. 1887: ASS
20 (1887) p. 264. Pius IX, Litt. Apost. aux Évêques d'Allemagne,
12 mars 1875. et Alloc. Consist., 15 mars 1875: Denz. 3112-3117, dernière
édition.
(60) Conc. Var. I, Const. dogm.
Pastor aeternus, 3: Denz. 1828 (3061). Cf. Relation Zinelli:
Mansi 52, 1114 D.
(61) Cf. S. Ignatius M., Ad Ephes., 5, 1:
ed. Funk, I, p. 216.
(62) Cf. S. Ignatius M., Ad Ephes., 6, 1:
ed. Funk, I, p. 218.
(63) Cf. Conc. Trid., Sess. 23, De sacr.
Ordinis, cap. 2: Denz. 959 (1765), et can. 6: Denz. 966 (1776).
(64) Cf. Innocentius I, Epist. ad Decentium:
PL 20, 554 A; Mansi 1029; Denz. 98 (215): " Presbyteri, licet secundi sint
sacerdotes, pontificatus tamen apicem non habent ". S. Cyprianus, Epist. 61,
3: ed. Hartel, p. 696.
(65) Cf. Conc. Trid., 1. c., Denz 956a-968
(1763-1778), et en particulier can. 7: Denz. 967 (1777).
Pius XII Const. Apost. Sacramentum Ordinis: Denz 2301 (3857-3861).
(66) Cf. Innocentius I, 1. c. -
S. Gregorius Naz., Apol. II, 22: PG 35, 432 B. ps.-Dionysius.
Eccl. Hier., 1, 2: PG 3, 372 D
(67) Cf. Conc. Trial., Sess. 22: Denz 940
(1743), Plus XII, Litt. Encycl. Mediator Dei, 20 nov.
1947: AAS 39 (1947) p. 553; Denz. 2300 (3850).
(68) Cf. Conc. Trid., Sess. 22: Denz. 938
(1739-40). Conc. Var. 11. Const. De Sacra Liturgia, n. 7 et n. 47:
AAS 56 (1964), pp. 100-113.
(69) Cf. Pius XII, Litt. Encycl.
Mediator Dei, I. c., sub. n. 67.
(70) Cf. S. Cyprianus, Epist. 11, 3: PL
4, 242 B; Hartel, II, 2, p. 497.
(71) Ordo consecrationis sacerdotalis, à
l'imposition des ornements.
(72) Ordo consecrationis sacerdotalis,
dans la Prélace.
(73) Cf. S. Ignatius M., Philad.
4: ed. Funk, I, p. 266. S. Cornelius 1, dans S. Cyprianus, Epist.
48, 2: Hartel, III, 2, v 610.
(74) Constitutiones Ecclesiae
aegyptiacae, III, 2: ed. Funk, Didascalia, II, p. 103. Statuta
Eccl..Ant. 37-41: Mansi 3. 954.
(75) S. Polycarpus, Ad Phil. 5. 2: ed.
Funk, I, p. 300: le Christ est dit " omnium diaconus factus".
Cf. Didachè, 15, I: ib., p. 32. S. Ignatius M.,
Trall. 2, 3: ib., p. 242. Constitutiones Apostolorum,
8, 28, 4: ed. Funk. Didascalia, I, p. 530.
CHAPITRE IV
(1) S. Augustinus, Serra. 340, 1: PE 38.
1483.
(2) Cf. Pius XI, Litt. Encycl.
Quadragesimo anno, 15 mai 1931: AAS 23 (1931) p. 221 s. Pius
XII, AIloc. De quelle consolation, 14 oct. 1951: AAS 43
(1951) p. 790 s.
(3) Cf. Pius XII. Alloc. Six ans se sont
écoulés, 5 oct. 1957: AAS 49 (1957) p. 927.
(4) De la Préface du Christ-Roi.
(5) Cf. Leo XIII, Epist. Encycl.
Immortale Dei, ler nov. 1885. AAS 18 (1885) p. 166 ss.
Idem, Litt. Encycl. Sapientiae christianae, 10 janv. 1890: ASS
22 (1889-90) p. 397 ss. Pius XII, Alloc. Alla vostra filiale, 23 mars
1958: AAS 50 (1958) p. 220: " la saine et légitime laïcité de l'Etat
".
(6) Cod. Iur. Can., can. 682.
(7) Cf. Pius XII, Alloc. De quelle
consolation, 1. c., p. 789: " Dans les batailles décisives, c'est
parfois du front que partent les plus heureuses initiatives... ". Idem,
Alloc. L'importance de la presse catholique, 17 février 1950: AAS 42
(1950) p. 256.
(8) Cf. I Thess.
5, 19 et I In 4, 1.
(9) Epist. ad Diognetum,
6: ed. Funk, 1, p. 400. Cf. S. Io. Chrysostomus, In Matth. Hom. 46
(47), 2: PG 58, 478, sur le levain dans la pâte.
CHAPITRE V
(1) Missel Romain, Gloria in excelsis.
Cf. Lc 1, 35; Mc 1, 24; Lc 4, 34; 1o.
6, 69 (ho hagios tou Theou); Act. 3, 14; 4, 27 et 30; Hebr. 7,
26; I Io. 2, 20; Apoc. 3, 7.
(2) Cf. Origenes, Comm. Rem.
7, 7: PG 14, 1122 B. Ps.-Macarius, De Oratione, 11: PG
34, 861 AB. S. Thomas, Summa Theol. lI-II, q. 184, a 3,
(3) Cf. S. Augustinus, Retract. II, 18:
PL 32, 637 s. - Pius XII, Litt. Encycl. Mystici Corporis, 29
juin 1943: AAS 35 (1943) p. 225.
(4) Cf. Pius XI, Litt. Encycl. Rerum omnium,
26 janv. 1923: AAS 15 (1923) p. 50 et pp. 59-60. Litt. Encycl.
Casti Connubii, 31 déc. 1930: AAS 22 (1930) p. 548. Pius XII,
Const. Apost. Provida Mater, 2 févr. 1947: AAS 39 (1947) p.
117. Alloc. Annus sacer, 8 déc. 1950: AAS 43 (1951) pp. 27-28.
Alloc. Nel darvi. 1 iuillet 1956: AAS 48 (1956) p. 574 s.
(5) Cf. s. Thomas, Summa
Theol. II-II, q. 184, a. 5 et 6. De perf. vitae spir., c.
18. Origenes, In Is. Hom. 6, 1: PG 13, 239.
(6) Cf. S. lgnatius M., Magn. 13, 1: ed.
Funk, I, p. 241.
(7) Cf. S. Pius X, Exhort. Haerent animo,
4 août 1908: AAS 41 (1908) p. 560 s. Cod. Iur. Can., can. 124. Plus
XI, Litt. Encycl. Ad catholici sacerdotii, 20 déc. 1935: AAS
28 (1936) p. 22 s.
(8) Ordo consecrationis sacerdotalis,
exhortation initiale.
(9) Cf. S. lgnatius M., Trall.
2, 3: ed. Funk, 1, p. 244.
(10) Cf. Pius XII, Alloc. Sous la maternelle
protection. 9 déc. 1957: AAS 50 (1958) p. 36.
(11) Pius XI, Litt. Encycl. Casti Connubii,
31 déc. 1930: AAS 22 (1930) p. 548 s. Cf. S. Io. Chrysostomus. In
Ephes. Hom. 20, 2: PG 62, 136
ss.
(12) Cf. S. Augustinus, Enchir.
121, 3~ PL 40, 288. S. Thomas, Summa Theol. II-II, q.
184, a. 1. Plus XII, Exhort. Apost. Menti nostrae, 23 sept.
1950: AAS 42 (1950) p. 660.
(13) Sur les conseils en général, cf. Origenes,
Comm. Rem. X, 14: PG 14, 1275 B. S. Augustinus.
De S. Virginitate, 15, 15: PL 40, 403. S. Thomas Summa
Theol. I-II, q. 100, a. 2 C (in fine); II-II, q. 44, a. 4, ad 3.
(14) Sur l'excellence de la sainte virginité,
cf. Tertullianus, Exhort. Cast. 10: PL 2, 925 C. S. Cyprianus,
Hab. Virg. 3 et 22: PL 4, 443 B et 461 A s, S. Athanasius (7) De
l/irg.: PG 28, 252 ss. S. Io. Chrysostomus, De Virg.: PG
48, 533 ss.
(15) Sur la pauvreté en esprit, cf. Mt.
5, 3 et 19, 21; Mc 10, 21; Lc 18, 22; sur l'obéissance est
rappelé l'exemple du Christ in Io. 4, 34 et 6, 38; Phil. 2,
8-10; Hébr. 10, 5-7. Les Pères et les fondateurs d'Ordres en parlent
continuellement.
(16) Sur la pratique effective des conseils
évangéliques qui n'est pas imposée à tous, cf. S. Io. Chrysostomus,
In Matth. Hem. 7, 7: PG
57, 81 s. S, Ambrosius, De Viduis, 4, 23: PL 16, 241 s.
CHAPITRE VI
(1) Cf. Rosweydus, Vitae
Patrum, Antwerpiae. 1628. Apophtegmata Patrum: PG 65. Palladius,
Historia Lausiaca: PG 34, 995 ss.; ed. C. Butlet, Cambridge 1898
(1904). Pius XI, Const. Apost. Umbratilem, 8 juillet 1924; AAS
16 (1924) pp. 386-387. Pius XII, Alloc. Nous sommes heureux, 11 avr.
1958: AAS 50 (1958) p. 283.
(2) Paulus VI. Alloc. Magno gaudio, 23
mai 1964: AAS 56 (1964) p. 566.
(3) Cf. Cod. Iur. Can., c. 487 et 488,
4°. Pius XII, Alloc. Annus sacer, 8 déc. 1950: AAS 43 (1951)
p. 27 s. Pius XII, Const. Apost. Provida Mater, 2
févr. 1947: AAS 39 (1947.} p. 120 ss.
(4) Paulus VI, 1. c., p. 567.
(5) Cf. S. Thomas, Summa
Theol. II-ll, q. 184, a. 3 et q. 188, a. 2. S.
Bonaventura, Opusc. XI, Apologia Pauperum, c. 3, 3: ed. Opera,
Quaracchi, t. 8, 1898, p. 245 a.
(6) Cf. Conc. Vat. I, Schema
De Ecclesia Christi, cap. XV, et Adnot. 48: Mansi 51, 549 s. et
619 s. -- Leo XIII, Epist. Au milieu des consolations, 23 déc. 1900:
ASS 33 (1900-01) p. 361. Pius XII, Const. Apost.
Provida Mater, 1. c., p. 114 s.
(7) Cf. Leo XIII, Const.
Romanos Pontifices, 8 mai 1881: ASS 13 (1880-81) p. 483. Pius
XII. Alloc. Annus sacer, 8 déc. 1950: AAS 43 (1951) p. 28 s.
(8) Cf. Plus XII, Alloc. Annus sacer. 1.
c., p. 28. Pius XII, Const. Apost. Sedes Sapientiae, 31 mai 1956:
AAS 48 (1956) p. 355. Paulus VI, 1. c. pp. 570-571.
(9) Cf. Pius XII, Litt. Encycl. Mystici
Corporis, 29 juin 1943: AAS 35 (1943) p. 214 s.
(10) Cf. Pius XII. Alloc. Annus sacer, 1.
c., p. 30. Alloc. Sous la maternelle protection, 9 déc. 1957: AAS
50 (1958) p. 39 s.
CHAPITRE VII
(1) Conc. Florentinum,
Decretum pro Graecis: Denz. 693 (1305).
(2) Outre les documents plus anciens contre
toute forme d'évocation des esprits depuis Alexandre IV (27 sept. 1258). cf.
Encycl. S. S. C. S. Officii, De magnetismi abusu, 4 août 1856: AAS
(1865) pp. 177-178, Denz. 1653-1654 (2823-2825); réponse de S. S. C. S.
Officii, 24 avr. 1917: AAS 9 (1917) p. 268, Denz. 2182 (3642).
(3) Voir l'exposé synthétique de cette doctrine
paulinienne dans: Pius XII, Litt. Encycl. Mystici Corporis: AAS
35 (1943) p. 200 et passim.
(4) Cf., i. a., S. Augustinus, Enarr. in Ps. 85,
24: PL 37, 1099. S. Hicronymus, Liber contra Vigilantium, 6: PL 23,
344. S. Thomas, In Ant Sent., d. 45. q. 3, a. 2. S. Bonaventura, In Am
Sent., d. 45, a. 3. q. 2; etc.
(5) Cf. Pius XII. Litt. Encycl. Mystici
Corporis. AAS 35 (1943) p. 245.
(6) Cf. de nombreuses inscriptions dans les
Catacombes romaines.
(7) Cf. Gelasius 1.
Decretalis De libris recipiendis, 3: PL 59, 160, Denz. 165
(353).
(8) Cf. S. Methodius Symposion, VII, 3: GCS
(Bonwetsch), p. 74.
(9) Cf. Benedictus XV, Decretum approbationis
virtutum in Causa beatificationis et canonizationis Servi Dei Ioannis
Nepomuceni Neumann: AAS 14 (1922) p. 23; nombre d'allocutions de Pie
XI sur les Saints: lnviti all'eroismo. Discorsi... t. I-III,
Romae 1941-1942, passim; Pius XII, Discorsi e Radiomessaggi, t. 10, 1949,
pp. 37-43.
(10) Cf. Pius XII, Litt. Encycl.
Mediator Dei: AAS 39 (1947) p. 581.
(11) Cf. Hebr. 13.7;
Eccli. 44-50; Hebr. 11, 3-40; Cf. aussi Pie XII, Litt.
Encycl. Mediator Dei: AAS 39 (1947) pp.
582-583.
(12) Cf. Conc. Vaticanum I.
Const. De fide catholica, cap. 3: Denz. 1794 (3013).
(13) Cf. Pius XII, Litt. Encycl. Mystici
Corporis: AAS 35 (1943) p. 216
(14) Sur la gratitude envers les Saints, cf. E.
Diehl, Inscriptiones latinae christianae veteres, I, Berolini, 1925, nn.
2008, 2382 et passim.
(15) Conc. Tridentinum, Sess. 25, De
invocatione... Sanctorum: Denz. 98] (1821).
(16) Bréviaire Romain, invitatorium in festo
Sanctorum Omnium.
(17) Cf. par ex. 2 Thess. I, I0.
(18) Conc. Vaticanum II, Const.
De Sacra Liturgia, cap. 5, n. 104: AAS 56 (1964), pp. 125-126
[P. 157].
(19) Canon de la Messe Romaine.
(20) Conc. Nicaenum II, Act.
VII: Denz. 302 (600).
(21) Conc. Florentinum,
Decretum pro Graecis. Denz. 693 (1304).
(22) Conc. Tridentinum, Sess.
35, De invocatione veneratione et reliquiis Sanctorum et sacris
imaginibus: Denz. 984-988 (1821-1824); Sess. 25, Decretum de
Purgatorio: Denz. 983 (1820); Sess. 6, Decretum de iustificatione,
can. 30: Denz. 840 (1580).
(23) De la Préface des saints concédée à
quelques diocèses.
(24) Cf. S. Petrus Canisius,
Catechismus Maior seu Summa Doctrinae christianae, cap. III (ed.
crit. F. Streicher), lère partie, pp. 15-16, n. 44 et pp. 100-101, n. 49.
(25) Cf. Conc. Vaticanum II,
Const. De Sacra Liturgia, cap. 1, n. 8: AAS 56 (1964), p. 101
[P. 1311]
CHAPITRE VIII
(1) Credo dans la Messe Romaine: Symbolum
Constantinopolitanum: Mansi 3, 566. Cf. Conc. Ephesinum, lb. 4, 1130 (ainsi
que ib. 2, 665 et 4, 1071); Conc. Chalcedonense, ib. 7,
111-116; Conc. Constantinopolitanum II. ib. 9, 375-396.
(2) Canon de la Messe Romaine.
(3) S. Augustinus, De S. Virginitate, 6:
PL 40, 399.
(4) Cf. Paulus Pp. VI Allocutio
in Concilio, 4 déc. 1963 : AAS 56 (1964) p. 37.
(5) Cf. S. Germanus Const., Hom.
in Annunt. Deiparae. PG 98, 328 A; In Dorm. 2: col. 357. - Anastasius
Antioch., Serra. 2 de Annunt., 2: PG 89, 1377 AB;
Serm.. 3, 2: col. 1388 C. ~ S. Andreas Cret., Can. in B. V. Nat..1: PG
97, 1321 B. In B. V. Nat., 1: col. 812 A. Hom. in dorm, 1: col. 1068 C. - S.
Sophronius. Or. 2 in Annunt., 18: PG 87 (3), 3237 BD.
(6) S. Irenaeus, Adv. Haer.
III, 22, 4: PG 7. 959 A; Harvey, 2, 123.
(7) S. Irenaeus, Ib.; Harvey, 2,
124.
(8) S. Epiphanius, Haer,
78, 18: PG 42, 728 CD - 729 AB.
(9) S. Hieronymus, Epist. 22, 21: PL
22, 408. Cf. S. Augustinus, 51, 2, 3: PL 38, 335: Serra. 232, 2: col.
1108. - S. Cyrillus Hieros., Catech. 12, 15: PG 33, 741 AB.
- S. Io. Chrysostomus, In Ps. 44, 7: PG 55, 193. -S. Io.
Damascenus, Hom. 2 in dorm. B.M.V., 3: PG 96, 728.
(10) Cf. Conc. Lateranense, anno 649, Can. 3:
Mansi 10, 1151. - S. It0 M., Epist. ad Flav.: PL 54.
759. - Conc. Chalcedonense: Mansi 7, 462 - S. Ambrosius. De inst.
virg.: PL 16. 320.
(11) Cf. Pius XII, Litt. Encycl. Mystici
Corporis, 29 juin 1943: AAS 35 (l943) pp. 247-248.
(12) Cf. Pius IX, Bulla Ineffabilis.
8 déc. 1854: Acta Pii.IX, 1. I, p. 616; Denz. 1641 (2803).
(13) Cf. Pius XII. Const. Apost.
Munificentissimus. 1 nov. 1950: AAS 42 (1950);
Denz. 2333 (3903). Cf. S. Io. Damascernes. Enc. in dorm. Dei
genitricis, Hom. 2 et 3: PG 96, 721-761, spécialement col. 728 B..-S.
Germanus Constantinop., In S. Dei gen. dorm. Serm. 1: PG 98 (6), 340-348;
Serm. 3: col. 361. S. Modestus Hier., In dorm. SS.
Deiparae.. PG 86 (2), 3277-3312.
(14) Cf. Pius XII, Litt. Encycl.
Ad coeli Reginam, 11 oct. 1954: AAS 46 (1954), pp. 633-636: Denz. 3913 ss.
Cf. S. Andreas Cret., Hom. 3 in dorm. SS. Deiparae.. PG 97, 1089-1109. - S.
Io. Damascenus, De ride orth., IV, 14: PG 94, 1153-1161.
(15) Cf. Kleutgen. texte réformé De mysterio
vervi incarnati cap IV Mansi 53, 290. Cf. S. Andreas Cret., In nat.
Mariae, sermo 4: PG 97, 865 A - S. Gerrnanus
Constantinop., In annunt. Deiparae. PG 98, 321 BC. Deiparae, III:
col. 361 D. - S. Io. Damascenus, In dorm. B. V.
Mariae ,Hom I. 8: PG 96, 712 BC - 713 A.
(16) Cf. Leo XIII, Litt. Encycl. Adiutricem
populi, 5 sept. 1895: ASS 15 (1895-96), p. 303. - S. Pius X,
Litt. Encycl. Ad diem illum, 2 févr. 1904: Acta, I,
p. 154; Denz. 1978 a (3370). - Pius XI, Litt. Encycl.
Miserentissimus, 8 mai 1928: AAS 20 (1928) p. 178. - Pius XII.
Radiomessaggio. 13 mai 1946: AAS 38 (1946) p. 266.
(17) S. Arnbrosius, Epist.
63: PL 16, 1218.
(18) S. Arnbrosius, Expos.
Lc. II, 7: PL 15, 1555.
(19) Cf. Ps.-Petrus Dam., Serm. 63: PL
144, 861 AB. - Godefridus a S. Victore, In nat. B. M., Ms. Paris Mazarine,
1002, fol. 109 r. - Gerhohus Reich., De gloria et honore Filii hominis,
10: PL. 194, 1105 AB.
(20) S. Ambrosius, I. c. et Expos. Lc.
X, 24-25: PL 15, 1810. - S. Augustinus, In Io. Tr. 13, 12: PL 35,
1499. Cf. Serm. 191, 2. 3: PL 38, 1010; etc. Cf. aussi Ven.
Beda, In Lc Expos. , cap. 2: PL 92. 330. --
Isaac de SteIla .Serm. 51: PL 194. 1863 A.
(21) Cf. Bréviaire romain, ant. "Sub tuum
praesidium", des lères vêpres du petit office de la Sainte Vierge.
(22) Conc. Nicaenurn II, anno 787: Mansi 13,
378-379; Denz. 302 (600-601). - Conc. Trident., sess. 25: Mansi 33,
171-172.
(23) Cf. Pius XII, Radiomessaggio, 24 octobre
1954: AAS 46 (1954) p. 679. Litt. Encycl. Ad coeli
Reginam. 11 octobre 1954: AAS 46 (1954) p. 637.
(24) Cf. Pius XI Litt. Encycl.
Ecclesiam Dei. 12 nov. 1923: AAS 15 (1923) p. 581. - Pius XII,
Litt. Encycl. Fulgens corona, 8 sept. 1953: AAS 45
(1953) pp. 590-591.
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