L’eau vive

31 Méditations
basées sur les écrits de la Servante de Dieu
Alexandrina-Maria da Costa
(1904 - 1955)

REIMS - 1995

***   ***   ***
 

« Et nous savons qu’avec ceux qui l’aiment, Dieu collabore en tout pour leur bien, avec ceux qu’il a appelés selon son dessein. Car ceux que d’avance il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l’image de son Fils, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude de frères; et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés; ceux qu’il a appelés, ils les a justifiés; ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. »
Lettre de St Paul aux Romains: 8; 28-30

 

Extrait biographique

            Alexandrina-Maria da Costa naquit le 30 mars 1904 dans un petit village du nord du Portugal, à environ cinquante kilomètres de Porto, village qui a pour nom Balasar.

            Un jour, à l'âge de quatorze ans, voulant échapper à la passion d'un homme qui était entré dans la maison, la courageuse jeune fille sauta par la fenêtre de sa chambre, d’une hauteur d'environ quatre mètres. Ce geste héroïque fut à l'origine de sa longue maladie et la força à garder le lit, pendant trente longues années.

            Dans l'isolement de sa chambre, tourmentée par des souffrances indescriptibles, elle se consacra aux Tabernacles pour réparer les profanations eucharistiques et l'abandon où le Seigneur est laissé par ses créatures. A cette école elle apprit à s'immoler comme victime pour les pécheurs.

            En 1935 et nombre de fois par la suite, le Seigneur, en lui annonçant la guerre comme châtiment des nombreux péchés de l'humanité, lui disait:

            « Ce seront les victimes de mes Tabernacles qui arrêteront le bras de la Justice divine, pour que le monde ne soit pas détruit et pour éviter que de plus grands châtiments n'adviennent. »

            La même année, Jésus lui  ordonna de demander au Saint-Père la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie et l'institution de sa fête liturgique comme moyen d'appeler les hommes à la pratique du bien:

            « Comme j'ai demandé à Marguerite-Marie la dévotion à mon divin Cœur, de même je te demande à toi que le monde soit consacré au Cœur Immaculé de ma Très Sainte Mère, avec une fête solennelle en son honneur »[1].

            Pendant la guerre, en fille dévouée, elle s'est offerte comme victime pour le Pape et lui écrivit, le rassurant face aux dangers des catastrophes internationales.

            Tout de suite après l'élection du Pape Pie XII, Jésus lui prédit le 27 mars 1939:

            « C'est celui-ci le Pontife qui consacrera le monde au Cœur Immaculé de Marie, ma Mère. »

            Trois ans après, cette parole de Jésus s'accomplissait. Le Seigneur lui avait prédit, le 6 décembre 1940:

            « La paix viendra, mais au prix de beaucoup de sang. Le Saint-Père sera ménagé. Le dragon orgueilleux et enragé, qui est le monde, n'osera pas toucher à son corps, mais son cœur sera victime de ce dragon. »

            Alexandrina vécut à partir du 27 mars 1942 et, jusqu'à sa mort le 13 octobre 1955, sans avoir pris d'aliment, hormis la Communion quotidienne. Peu de temps avant sa mort, Jésus lui avais transmis ce message:

            « Cherche des âmes qui m'aiment dans le Sacrement de mon Amour, qui prennent ta place quand tu iras au ciel. Invite le monde à la PRIERE, à la PENITENCE, à s'enflammer d'amour pour Moi.

            Pauvre monde !... Que deviendra-t-il, s'il n'écoute pas cet appel divin. »

            Et la Très Sainte Vierge, le même mois, comme bonne Mère de miséricorde, lui indiquait le moyen d'apaiser la Justice divine si outragée:

            « Parle aux âmes, parle-leur de l'EUCHARISTIE, parle-leur du ROSAIRE!... »

            C'est Alexandrina qui composa cette prière, si belle prière:

            « O mon Jésus, je Vous adore en tout lieu où Vous habitez dans le Très Saint-Sacrement; je Vous tiens compagnie pour ceux qui Vous méprisent; je Vous aime pour ceux qui ne Vous aiment pas; je veux expier pour ceux qui Vous outragent. Venez en mon cœur! »

            Notez la ressemblance avec la prière apprise par l'Ange du Portugal aux enfants de Fatima lors de l'apparition de Valinhos:

            « Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je Vous aime. Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n'adorent pas, qui n'espèrent pas et qui ne Vous aiment pas. »

            Tourmentée par les douleurs, dans une immolation indescriptible, elle s'envola vers le ciel le 13 octobre 1955, jour anniversaire de la dernière apparition de la Très Sainte Vierge à Fatima, dont elle était si filialement dévote.

            Sa mission d'attirer les âmes à Dieu, continue d'une manière sensible comme témoigne le nombre considérable de pèlerins qui vont si souvent prier sur sa tombe; qui visitent sa petite chambre, conservée telle qu'elle; cette petite chambre où elle vécut et mourut...

            Les grâces qui lui sont attribuées sont très nombreuses!

            Sa cause de béatification est introduite à Rome et tout porte à croire que l'Église, dans un avenir proche permettra aux fidèles du monde entier de considérer Alexandrina-Maria da Costa comme « un témoin du temps présent » et un exemple à imiter.

            Le 18 janvier 1977, la Sacrée Congrégation pour la cause des saints, dans un document officiel, déclarait:

            « En 1936, sur l'ordre de Jésus, Alexandrina demanda au Saint-Père, par l'intermédiaire du Père Pinho[2], la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie[3]. »

            Dans nos besoins de chaque instant, dans nos dévotions particulières, gardons pour Alexandrina-Maria “la meilleure part”[4], étant donné que, comme le dit Jésus, elle « est comme un CANAL par lequel passent les grâces qu'Il veut distribuer aux pécheurs »[5] et encore parce qu'elle « est et sera toujours le paratonnerre des pécheurs »[6], « le fil d'or très fin qui liera les pécheurs à Jésus pour toujours »[7].

     N.B. Au Portugal, encore aujourd'hui, dans les prières on dit, le plus souvent, Vous à Jésus et Marie, ainsi qu'aux saints. Dans la traduction que nous avons faite ou utilisée, nous avons gardé le vouvoiement, afin d'être davantage fidèles aux textes de la Bienheureuse.

PRIERE INITIALE[8]

            O mon Jésus, que votre Cœur me soit grand ouvert. Permettez que je rentre dans ce Foyer brûlant. Fermez-le sur moi, mon Jésus: que j'y demeure pour y rendre mon dernier soupir, enivrée de votre divin amour. Ne souffrez pas que je me sépare de Vous sur la terre, sinon pour m'unir à Vous, éternellement, dans le ciel.

            O mon Jésus, je m'unis, dès ce moment et à jamais, à toutes les saintes Messes qui se célébreront dans toute l'étendue de la terre, de jour comme de nuit. Immolez-moi avec Vous, au Père Éternel, selon les intentions pour lesquelles Vous Vous offrez.

            O mon Jésus, je m'unis à toutes les saintes Hosties contenues dans tous le ciboires du monde. Je veux passer tous les instants de ma vie à Vous consoler, à Vous adorer, à Vous aimer, à Vous louer, à Vous glorifier.

            O Jésus, je veux faire tomber, continuellement, sur Vous, autant d'actes d'amour que de gouttes de pluie fine tombent sur la terre. Je voudrais que toutes les âmes en fassent de même, afin que Vous soyez aimé de tous...

            O Jésus, je voudrais qu'il n'y eût pas un seul Tabernacle dans le monde où je ne fus à Vous redire sans cesse: « Jésus, je Vous aime, Jésus, je suis toute à Vous. Écoutez ces vœux de mon cœur, acceptez-les. »

Amen.

            Grâces et louanges soient rendues à tout moment, à Jésus au Très-Saint Sacrement. (3 fois)

PRIERE FINALE

            Très Sainte Trinité, source de toute sainteté, je Vous adore et Vous rends grâce pour les vertus que Vous avez fait jaillir dans le cœur de votre servante Alexandrina-Maria.

            Faites que je sache imiter son zèle ardent pour votre gloire. Suscitez en mon cœur l'horreur du péché, un amour plus vrai pour l'Eucharistie, un vif esprit de prière.

            Glorifiez aussi sur la terre votre servante et accordez-moi, par son intercession, la grâce qu'ardemment je vous demande...[9]

            Glorifiez-la par le Cœur Immaculé de Marie, par elle aimé avec une filiale prédilection.

            Ainsi soit-il.

            1 Pater, 1 Ave et 1 Gloria.

            A réciter, chaque jour, à la fin de la méditation

            1 Pater, 1 Ave et 1 Gloria.

            La prière finale que nous utilisons ici porte l'Imprimatur de l'Archevêché de Braga, diocèse auquel appartient Balasar.

 

1
Participer à la Rédemption

            J'ai demandé à Jésus ce que je pourrais faire pour Le consoler et réparer. Voici ce qu'Il m'a répondu:

            « Donne-Moi ton corps pour que Je le crucifie. J'ai besoin de victimes pour arrêter le bras de Ma justice et J'en ai si peu! Remplace-les...

            Viens me consoler dans mes Tabernacles[10]. »

            « Qui consolerai-je? Mon Créateur! Mon Amour! Le Roi du ciel et de la terre!... Et Notre-Seigneur de me répondre »:

            « Je t'ai choisie... C'est sous ta misère et tes fautes que Je cache Ma grandeur, Ma toute-puissance, la splendeur de Ma gloire. Prends-Moi pour modèle, imite Mon silence eucharistique, Mon humilité, Mes anéantissements...

            O ma fille, écoute ton Jésus: donne-Moi ton corps pour que Je le crucifie. J'exige de toi, de très grandes souffrances... Le crucifiement est douloureux... mais, ne le refuse pas à Mon amour; c'est pour sauver tes frères aveugles; non des yeux du corps mais de ceux de l'âme. J'espère que par la croix que Je t'ai donnée et que tu as embrassée, beaucoup reviendront à moi.[11] »

2
L'offrande de soi

            « Sans savoir comment, je me suis offerte à Notre-Seigneur comme victime et j'ai demandé, maintes fois, l'amour de la souffrance. J'ai été bien exaucée; maintenant, je ne changerais pas la douleur contre tous les trésors du monde. Avec quel emportement j'offrais à Notre-Seigneur toutes mes souffrances. La consolation de Jésus et le salut des âmes, voilà ma seule aspiration... »[12]

            « Si l'on venait me déclarer, en ce moment, que je passerais le reste de ma vie sans souffrir, mais, qu'au ciel, j'aurais le même degré de gloire que si je souffrais toujours, je répondrais, sans hésiter: “Non, mille fois non”. C'est par la souffrance que les portes du ciel m'ont été ouvertes. Si je puis avoir l'honneur de ressembler à Jésus crucifié, devrais-je le mépriser? Non, non: Jésus a souffert et est mort pour mon amour; je veux souffrir et mourir pour son amour. »[13]

3
Tout souffrir pour l'amour de Jésus

            « Je ne me lasse pas d'offrir à Notre-Seigneur mes douleurs, pour réparer et Le consoler. Je ne peux pas exprimer ma peine de voir Jésus si offensé! Oh! que c'est déchirant! Puissé-je empêcher, par mes sacrifices, que l'ordure du péché fut vue de Notre-Seigneur! Par quelle ingratitude on répond à ses bienfaits! Comment peut-on avoir le courage de renouveler, si souvent, les offenses commises contre notre Père du Ciel, si aimable, si bon, le meilleur des Pères? »[14]

            « En contemplant Notre-Seigneur Jésus-Christ crucifié et me rappelant tout ce qu'Il a enduré pour moi, je ne puis rien lui refuser, rien. Au contraire, je lui dis: encore plus, mon Jésus, toujours plus! Et il daigne m'exaucer: à chaque instant, j'en reçois des preuves. » [15]

4
Le péché... Marie et les âmes-victimes...

            « Je ne peux pas être davantage offensé... La profanation du dimanche, le péché de la gourmandise, l'impureté... que de crimes affreux, qui entraînent les âmes en enfer!

            Si ce monde d'iniquités ne s'arrête pas, bientôt l'humanité sera punie.

            J'ai fait avertir Sodome et Gomorrhe et l'on a méprisé mes avertissements. Malheur à ceux qui, maintenant, feront de même! »[16]

            « Quelle horreur! J'ai envoyé le déluge et J'ai détruit deux villes pour moins de crimes!... Afin d'éviter, maintenant, de pareils châtiments, laisse-moi crucifier ton corps à mon gré. » [17]

            « Sans ma Très-Sainte Mère et les âmes-victimes que Je me choisis, que deviendraient tant de coupables ? Écris à ton Père spirituel pour qu'il prêche que je suis trop offensé !

            Maudite chair !... Maudit péché de l'impureté !... Ma fille, que de délits dans le monde !... On m'offense des millions et des millions de fois par jour !... A quoi servent mon sang... ma mort... l'océan de mes douleurs ?... Aie pitié de moi... Console-moi, ma fille. »[18]

5
Un “canal” pour les pécheurs...

            « Je t'ai choisie pour moi; réponds à mon amour. Je veux être ton Époux, ton bien-aimé, ton tout en toutes choses. Je t'ai choisie pour la félicité de beaucoup d'âmes. Tu es mon temple, temple de la Très Sainte Trinité. Toutes les âmes en état de grâce le sont, mais toi, tu l'es d'une façon spéciale. Tu es un tabernacle que J'ai moi-même choisi pour y habiter et me reposer. Je veux rassasier ta soif pour le sacrement de mon Amour.

            Tu es un comme un CANAL par où passeront les grâces que je veux distribuer aux âmes et à travers lequel les âmes viendront à moi. Je me sers de toi afin que beaucoup d'âmes soient stimulées à m'aimer dans la Très Sainte Eucharistie ».[19]

            « Ta douleur et ta croix, ma fille, purifient les âmes et les rapprochent de mon Cœur. Ta pureté, ton amour sublime, inclinent vers toi la Très Sainte Trinité... ta Maman du ciel... et ravissent le Paradis !... »[20]

6
Offrande

            J'ai renouvelé, à perpétuité, mon voeu de virginité et de pureté, suppliant la Sainte Vierge de me purifier de toute tache, de me consacrer toute à Jésus et de me renfermer dans son Sacré-Cœur. Je tressaillais de joie. Peu après, Notre-Seigneur m'a parlé ainsi:

            « J'ai reçu ton offrande, par l'entremise de ma Très Sainte Mère. Si tu savais combien tu as consolé ton Jésus et réjoui la Très Sainte Trinité !... Si tu pouvais comprendre la gloire que ton oblation t'a acquise pour le ciel, tu mourrais de bonheur !...

            Désormais, Je te comblerai de bienfaits... tu arrêteras le Bras de la Justice divine prête à foudroyer les pécheurs... tu seras un puissant secours à tant d'âmes enchaînées par le péché... tu es la victime de mes prisons eucharistiques... »[21]

7
Le besoin d'âmes-victimes

            « En tous temps J'ai eu besoin d'âmes-victimes, mais maintenant plus que jamais. Je t'ai destinée à être immolée en cette époque pendant laquelle l'humanité est plongée dans un immense océan de boue, de vices. C'est de ce monde-là que Je t'ai enlevée. Le vice est le voleur de tout ce qui M’appartient. »[22]

            « N'as-tu pas compassion de moi ?...

            Je suis seul dans mes Tabernacles... délaissé et tellement offensé! Viens me consoler... Viens réparer...

            Visiter les prisonniers dans leurs cachots, c'est une oeuvre de miséricorde... Je suis le grand prisonnier... emprisonné par l'Amour !...»[23]

            « J'ai besoin de plusieurs victimes pour arrêter le bras de ma Justice et J'en ai si peu !... Remplace-les. Je veux que tu me fasses aimer dans mon Sacrement d'amour, le plus grand des sacrements... le plus extraordinaire miracle de ma Sagesse...»[24]

8
Les âmes-victimes... les pécheurs... et Jésus

            « Combien de victimes J'ai choisies et se sont refusées!... Combien en ai-Je appelées qui ne m'ont pas entendu !... Combien en ai-Je invitées à une grande élévation vers Moi dont Je n'ai rien obtenu!

            En toi Je me suis consolé ; de toi J'ai tout reçu !... Si tu voyais le nombre d'âmes qui se sont sauvées grâce à toi, et spécialement en ces dernières années par ton jeûne ! »[25]

            « Reçois, maintenant, ma fille, le sang de mon divin Cœur: c'est la vie dont tu as besoin, c'est la vie que je donne aux âmes».[26]

            O mon Jésus, Vous me caressez si tendrement en me disant des choses si magnifiques. Ne voyez-vous pas ma petitesse... ma misère ?...

            « Ma fille, c'est dans ta petitesse et dans ta misère que Je cache ma grandeur, ma gloire !... »[27]

9
L'aide salutaire

            « Reçois, ma fille, le Sang qui engendre les vierges, donne la pureté, la grâce, l'amour. C'est la vie divine que Je donne à mes épouses les plus chères... Offre-toi pour les âmes, pour les sauver. Je t'ai confié le monde, et il ne correspond pas... Les âmes qui m'aiment sont si peu nombreuses, comme sont si peu nombreuses celles qui savent bien souffrir, qui connaissent la valeur de la croix et qui l'aiment. Il est grand, par contre, le nombre de celles qui m'offensent!... Il y a tant de malice! La chasteté est en train de disparaître du monde. »[28]

            Jésus est venu m'aider à plusieurs reprises. Il m'encourageait... m'humiliait... me confondait... et me disait des choses si belles. Il agissait à mon égard, comme si je ne L'avais jamais offensé... comme si ma vie ne Lui était pas connue!... Que je suis misérable! Que je suis ingrate envers Notre-Seigneur, si bon et si tendre pour moi !...[29]

10
Le monde... Marie... et le Scapulaire

            « Dis à ton directeur spirituel d'aviser le pape que s'il veut sauver le monde, il doit hâter l'heure de la consécration du monde à ma Mère. Qu'il La place à la tête de la bataille et la proclame Reine de la Victoire et Messagère de Paix. Le monde aura beaucoup à souffrir, parce que la malice humaine est arrivée à son comble avec tous ses crimes. Pauvre monde, s'il n'a pas comme guide la Reine du ciel !... Pauvre monde, si Elle n'intercède pas auprès de Dieu ! »[30]

            « Ma petite fille, enfant de prédilection de Jésus, viens: Je suis la Mère du Rosaire, je suis la Mère du Carmel. Cachée dans mon sein, serrée contre mon Cœur, reçois dans tes mains le Rosaire qui pend des miennes. Sur le Rosaire je place le Scapulaire. »[31]

11
La vie de Jésus dans les âmes

            « Ma fille, tu ne vis pas la vie du monde : tu es détachée de tout ce qui lui appartient. Tu vis du ciel, tu vis de ce qui est divin. Tes sentiers sont les sentiers du Christ : c'est pour cela que tu n'es pas comprise. Ta mission est sublime, mon ange. C'est la plus riche des missions. Voici donc la raison de la haine et de la persécution de la part du démon à l'encontre des âmes que tu lui arraches; persécution de la part du monde parce qu’il ne comprend pas la vie que tu vis, ce que c'est que ma vie dans les âmes.

            C'est douloureux pour mon divin Cœur de voir ta douleur.

            Il est nécessaire que les hommes étudient profondément pour comprendre la vie du Christ dans les âmes.

            Quand Je t'ai créée, Je t'ai faite avec la perfection nécessaire pour accomplir la mission la plus sublime. C'est ainsi que J'ai choisi les âmes qui devaient te guider, des âmes qui comprennent, des âmes qui vivent seulement ma vie, la vie intime avec moi. Je souhaite que tous mes disciples (les prêtres) étudient cette science divine: ils ne l'étudient pas, ne la comprennent pas. Je leur donne les lumières nécessaires et ils cherchent à les éteindre, mais en vain. »[32]

12
Nécessaire réparation

            « Dis au monde entier qu'il écoute la voix de son pasteur, le Pape, laquelle est la voix de Jésus. Je veux de l'amour, de la pureté d'âme, un changement de vie. Que la voix du Saint-Père soit pour le monde un aussi vibrant appel que celui de Noé...

            Qu'il parle aux nations et à ses gouvernants, afin qu'un terme soit mis à tant d'immoralité... »[33]

            « Dans la majorité des foyers, la crainte de Dieu est disparue. Il n'y a plus de bons parents, il n'y a plus non plus de bons enfants... Quelle horreur sur les plages, dans les casinos et dans les maisons de vice. Ceux qui pourraient les secourir, ne le font pas!... Toi, toi du moins, secours le monde, donne-moi, dans la joie, la réparation que Je te demande, rends suave la douleur de mon divin Cœur. »[34]

13
La Rédemption continue...

            « Ma fille, tu n'es pas seule: Je suis avec toi... Je t'ai créée pour les âmes; tu n'appartiens pas au monde tout en vivant dans le monde, tu n'es pas au ciel et pourtant tu vis du ciel.

            Depuis le premier instant de ton existence, quand Je t'ai créée, J'ai toujours vu en toi la mission que Je t'avais confiée: la mission la plus belle et la plus noble, la mission des missions, la mission des âmes. Je t'ai créée pour elles; tu es leur victime et, tout comme Moi, victime du calvaire.

            Comme preuve que tu l'es en vérité, Je t'ai attachée au pied de la montagne, et contre toi J'ai fait se briser la marée de l'iniquité. La montagne s'est élevée, la croix est disparue et avec celle-ci Je suis monté au ciel, mais les crimes continuèrent. Je n'ai jamais cessé de donner des preuves de mon amour en répandant sur le monde mes grâces... Comme preuve de cet amour J'ai fait perpétuer l'œuvre de la Rédemption... Il a été nécessaire de continuer cette œuvre à travers mes âmes-victimes.»[35]

14
Le Pape... les Évêques... les Prêtres...

            « Écris: Saint-Père, Saint-Père, mon cher représentant sur la terre, écoute la voix de Jésus! Parle au monde, parle-lui, réunis les évêques et parle-leur afin que ceux-ci en parlent à leurs prêtres. Parce que très peux d'entre eux sont lumière du monde et sel de la terre! Les prêtres séculiers qui accomplissent leurs devoirs sont aussi rares que les pétales que le vent a éparpillés: une ici, l'autre là-bas, loin...

            Saint-Père, parle au monde, que ta voix arrive d'un pôle à l'autre, que l'on prie, que l'on fasse pénitence: rebroussez chemin, vivez une vie nouvelle, une vie pure! Ne tardez pas, mettez-vous à l'œuvre. Que l'exemple vienne d’en-haut.

            Ma fille, que rien ne t'échappe de ce que Je viens de te dire. La lumière de l'Esprit-Saint viendra sur toi afin de dissiper toutes tes ténèbres, de manière que tu comprennes que tout cela est l'œuvre divine. »

            J'ai commencé à jouir d'une clarté resplendissante: j'ai expérimenté le bonheur de l'amour de Jésus, plongée que j'étais dans sa paix.[36]

15
Jésus... et l'Eucharistie...

            « Mon enfant,... fais que Je sois aimé et consolé dans mon Eucharistie. Que l’on fasse œuvre de réparation !

            Dis, en mon Nom, qu'à tous ceux qui, remplis d'une sincère humilité et d'un fervent amour, feront, pendant les cinq premiers jeudis de cinq mois consécutifs, une bonne communion, et passeront une heure d'adoration devant mon tabernacle, intimement unis à Moi, Je leur promets le ciel.

            Dis aussi à tous qu'à travers l'Eucharistie ils honorent mes saintes Plaies...

            Qu'au souvenir des mes Plaies ils unissent celui des Douleurs de ma Très Sainte Mère. A tous ceux qui demanderont des grâces spirituelles ou corporelles, Je promets de les exaucer, à moins que celles-ci portent préjudice au salut de leurs âmes. Au moment de leur mort ma Très Sainte Mère viendra avec Moi, afin de les défendre... » [37]

16
Jésus... Marie... intime union d’amour

            Ce matin la sainte Messe fut célébrée dans ma chambre. Comme je l'ai déjà dit — par ailleurs — je n'ai pas réussi à y participer. En effet, je me trouvais sur deux mondes: sur l'un de ceux-ci je suivais la sainte Messe, même si incapable de le faire; sur l'autre je marchais vers le Calvaire.[38]

            Pendant la sainte Messe, je me suis souvenue de tout et de tous et j'ai demandé à la Maman du ciel ses propres sentiments pour nous assister et l’amour avec lequel Elle a accompagné Jésus. Je me sentais très humiliée et la plus indigne des personnes présentes, mais mon cœur brûlait dans de telles ardeurs que je pensais que celles-ci montaient jusqu'à mon visage.

            Dans le monde qui me conduisait vers le Calvaire, je portais la “Petite-Maman[39]: mon cœur était la chaise porteuse de la Maman des Douleurs.

            J'avais la sensation que le Cœur de Jésus et celui de la Petite-Maman n'en faisaient qu'un seul Cœur, qu'un seul Amour, qu'une seule Douleur. Divine union! Vous expliquer la nature grandiose de cet amour, de cette union, de cette douleur m'est impossible; je ne sais pas.[40]

17
Tabernacle... Rosaire… Ames-victimes...

            « Repose-toi ici: parlons de Mes affaires et de Mon amour. »

            Un autel apparut. La porte du Tabernacle était ouverte. Dans le ciboire il y avait des Hosties blanches. Jésus s'est assit à côté de l'autel et me fit asseoir de l'autre côté. Je n'ai pas vu sur quoi nous nous étions assis. Jésus posa sa Main sur l'autel et sur celle-ci Sa Tête. Il me fit faire la même chose. Ma main droite resta unie à Sa très sainte Main gauche.

            Du Tabernacle, de ces Hosties blanches, sortirent des rayons plus resplendissants que le soleil qui nous traversèrent.

            Jésus, avec une grande douceur me dit:

            « Mon enfant, joyau eucharistique, Je suis là, dans le tabernacle, dans ces Hosties pures, avec mon Corps, mon Âme, ma Divinité, comme Je suis ici, devant toi. Parle au monde de cet amour. Dis aux hommes qu'ils s'approchent davantage de Moi. Je veux Me donner à eux, très souvent, tous les jours, si possible. Qu'ils viennent le cœur pur, très pur et avide. S'ils venaient vers les Tabernacles avec de bonnes dispositions et s'ils récitaient le Rosaire, ou tout du moins le Chapelet, tous les jours, rien d'autre ne serait nécessaire pour éloigner la justice de Dieu.

            Le Rosaire, le Tabernacle et mes âmes-victimes — la victime de ce calvaire —, sont suffisants pour qu'il soit donné au monde le pardon et la paix». [41]

18
La dévotion au Cœur de Jésus...

            Jésus est venu et, dans un mouvement d'amour, il me donna davantage de force, puis Il me dit:

            « Viens, mon enfant ! Je suis avec toi. Le ciel et toute sa majesté sont avec toi. »

            A ce moment-là, de la Plaie de son divin Cœur, sortit un grand éclair qui produisit beaucoup de rayons si lumineux que tout est devenu resplendissant. Peu après, de toutes ses divines Plaies sortirent des rayons qui me traversèrent les pieds et les mains. De sa Très Sainte Tête un seul rayon sortit et traversa mon cerveau.

            En même temps que le premier rayon et les autres qui sortaient de son divin Cœur, Jésus me dit avec toute clarté:

            « Ma fille, comme Marguerite-Marie, Je veux que toi, tu allumes dans le monde cet amour pour Moi, cet amour si oublié du cœur des hommes. Allume-le, allume-le! Je veux donner mon amour aux hommes. Je veux être aimé d'eux. Toutefois ils ne l'acceptent pas et ne M'aiment pas. Par ton intermédiaire, Je veux que cet amour soit allumé dans toute l'humanité, comme par ton intermédiaire le monde fût consacré à Ma Mère bien-aimée. Fais, ô mon épouse, que dans le monde entier, l'amour à nos deux Cœurs soit répandu. »

            Mais, mon Jésus, comment faire? Si les hommes ne l'ont pas accepté de Vous, comment le recevront-ils par moi?...

            « Par ta douleur, mon enfant! » [42]

19
Les assauts du démon...

            Si le monde savait combien sont terribles les pièges du démon! O combien je souffre de ses assauts! Si seulement le monde savait ce que c'est que l'enfer, ce que c'est que la perversité et la fureur de Satan, probablement qu'il ne pécherait pas autant![43]

            Cette nuit il s'est déchaîné contre moi. On dirait qu'il voulait tout détruire. Méchancetés, paroles et gestes inconvenants. Mon corps paraissait déjà anéanti par tant de fatigue...

            Je ne veux pas commettre de péché, mon Jésus. L'enfer plutôt que le plaisir. Ce que je veux, mon Jésus, c'est ne pas perdre un seul instant de consolation et de réparation pour Toi et pour le salut des âmes...

            Ces paroles suffirent à faire enrager davantage le démon...

            Toutefois, il s'en alla quand il entendit la voix de Jésus qui me disait:

            « Si tu pouvais voir, ma fille, combien Je suis offensé à cette heure-ci contre la vertu de pureté, tu mourrais d'horreur et de douleur. Mais ta réparation Me fait oublier bien des offenses. Cette consolation Je ne peu l'avoir que d'une vierge à la pureté angélique!... »

            Me voici prête à tout, Seigneur!...[44]

20
Le tentateur

            Le démon dit un jour à Alexandrina:

            — “Donne-toi à moi, comme tu t'es donnée à Dieu; embrasse-moi avec amour comme tu as embrassé le crucifix. Remarque que moi je ne te fais pas souffrir, moi... et figure-toi que Dieu n'as pas de ciel à te donner. Jouis avec moi, jouis des plaisirs de ce monde”.

            Il m’empêchait d'invoquer Jésus. Il se plaçait entre moi et Lui, afin que je ne L'entende pas et de surcroît, il dansait devant moi. Il me donnait ses ordres criminels et, vu que je ne cédait pas, il redoublait de fureur et je sentais comme s'il me tordait et me broyait complètement. Mon corps semblait être brisé par lui. Il ne s'agissait en fait que de sensations, étant donné qu'il ne s'approchait jamais de moi au point de me toucher. Les battements de mon cœur se chevauchaient, battaient la chamade.

            Après la lute, certaines fois, je sentais comme une brise qui me rafraîchissait et me remettait en place tout à fait. Cette nuit il en fût de même.[45]

21
La douleur : sœur jumelle de l’amour

            Mon Jésus, je ne veux pas m'éloigner de Vous! Je veux Vous suivre! Je souhaite que tous Vous suivent, qu'aucun ne s'en aille.

            Permettez que j'écrive, avec mon sang, sur la terre:

            — La douleur est le chemin tracé par Jésus. La douleur c'est de l'amour; la douleur c'est l'union avec Dieu. L'âme qui souffre avec Jésus se sent attirée par Lui; ne souhaite que la solitude pour mieux se retrouver avec Lui; pour mieux vivre de Lui et par Lui. Combien la douleur est précieuse! Combien est heureuse l'âme qui souffre! Elle ne se préoccupe que de Jésus; elle ne veut pas d'autre vie que celle de Jésus. Elle ne cherche que Son amour, Sa gloire, le salut des âmes.[46]

            O douleur, douleur bénie! O croix, lit sacré!... Je veux que tu sois ma tombe d'où je ne puisse plus sortir!...[47] Croix sainte, trésor immense dont Jésus a voulu m'enrichir, je te désire, je t'embrasse, je veux être clouée à toi, toute entourée d'épines! Je veux être blessée et immolée pour Jésus, avec Jésus! La croix fait mon bonheur sur la terre et me rendra heureuse au ciel!...[48]

22
Le divin Jardinier...

            A cette époque Jésus m'apparaissait et me parlait souvent. La satisfaction spirituelle était grande et les souffrances plus faciles à supporter. En toute chose je sentais de l'amour pour mon Jésus et je sentais qu'Il m'aimait, étant donné que je recevais abondance de tendresses. Je cherchait le silence. O comme je me sentais bien dans le recueillement et bien unie à Lui!... Jésus se confiait à moi. Il me disait des choses tristes, mais le réconfort et l'amour qu'Il me procurait, rendaient plus douces ses lamentations. Je passais des nuits et des nuits sans dormir, parlant en contemplation avec Lui, de tout ce qu'Il me montrait.

            Une fois j'ai vu Jésus tel un jardinier qui soigne ses fleurs, les arrosant; Il se promenait au milieu de celles-ci, m'en montrait les variétés. D'autres fois Il m'apparaissait pour me montrer les rayons éblouissants de son cœur. Une fois j'ai vu la “Petite-Maman” avec l’Enfant-Jésus dans ses bras et une autre fois je l'ai vue en Immaculée Conception[49]: O combien Elle était belle!... Comme j'aimerais n'aimer qu'Elle et Jésus!... Je ne serais vraiment bien qu'en leur compagnie[50].

23
Sur le chemin du Calvaire...

            Le corps déchiré je me suis engagée sur le chemin du Calvaire... Jésus est venu...:

            « Mon enfant..., J'unis ton cœur à mon divin Cœur, il n'y a plus qu'un seul cœur, qu'une seule vie. Je te donne une goutte de mon sang, afin de perpétuer le miracle et que tu puisses vivre et résister à la douleur, à ton martyre... afin que tu donnes la vie aux âmes et les fassent triompher dans leur guerre contre le mal... » [51]

            « Mon enfant, Je suis ton Jésus, Je suis toujours près de toi. Sur toi se reproduit toute ma Passion: tu es la copie la plus fidèle du Christ Rédempteur. Je poursuis, avec toi, pas à pas, le chemin de ton calvaire... O combien elle est belle, ta mission!... »

            O mon Jésus, je ne fais rien, je ne suis rien, je ne sais même pas souffrir... En moi il n'y a rien d'autre que néant, un immense néant. Sauf mon âme qui, elle, sourit toujours à la douleur, à la croix, à Votre amour...[52]

            «Et Je ne veux rien d'autre ma douce enfant: le sourire de ton âme et c'est tout...». [53]

24
Que l’Église veille : «Prière, pénitence...»

            O Jésus, ô ma Petite-Maman, je ne supporte pas de vous voir tristes!...

            «Mon enfant — dit Jésus —, nous sommes tous les trois atteints par la même douleur: le monde court vers l'abîme. Prière et pénitence!...[54] Que l'on vive dans la pureté! Attention ô l'Église!... Que le Pape réunisse ses évêques et ceux-ci leurs prêtres. Attention ô l'Église!... Que l'Église commence à se purifier afin de ne pas subir la justice du Père».

            La Petite-Maman me remit une branche et me dit:

            « Voici que la branche d'olivier, symbole de paix, est entre tes mains... Comme mon divin Fils t'a enrichie de tant de choses et de tant de titres, moi aussi, avec Lui, je te donne le titre de la paix. Le ciel veut et donne au monde tous les moyens de paix. »

            Jésus ajouta:

            « Ma fille, c'est par toi que l'humanité reçoit tout. Accueillera-t-elle cette invitation, ce suprême appel du Ciel?

            Dieu ou Satan? A qui veut-elle servir? Qui veut-elle aimer? Parle aux âmes, mon enfant. Courage!... »[55]

25
L’Eucharistie... le Rosaire...

            La Maman du Rosaire est venue. Elle tenait entre ses mains la couronne du Rosaire qui se terminait par une grande croix dorée. Elle enroula le Rosaire autours de mes mains et posa la croix sur mon cœur...

            « Viens, ma fille, partons sauver le monde; allons convertir les pécheurs. Sur ton cœur j'ai placé la croix afin de te faire sentir qu'elle est croix de salut; embrasse-la: douleur et croix. Autours de tes mains j'ai enroulé le  Rosaire; parles-en, parles-en... Parle aux âmes de l'Eucharistie, parle aux âmes du Rosaire; dis-leur qu'ils s'alimentent du Corps du Christ et de l'aliment de la prière du Rosaire quotidien... »[56]

            O combien j'ai senti la croix que la Maman avait posée sur mon cœur. C'est la croix du cœur!... Je sens toujours aussi le Rosaire enroulé autours de mes mains: ce sont des chaînes qui m'emprisonnent.

            Combien je suis peinée de ne pas pouvoir prier!...[57] Le peu de prières que je fais est tout rempli de distractions et sans foi[58].

26
Obscurité salutaire...

            Ma vie, ô mon Jésus! Quelle tourmente, ma vie! Acceptez-la, offrez-la au Père Éternel...

            Jésus est venu:

            « Viens, mon enfant, entre et prends place dans mon Cœur et repose-toi, réconforte-toi... Ton cœur a besoin d'une nouvelle vigueur... »

            Je savais que j'étais en Lui, mais je n'avais pas la plus petite étincelle, la moindre lumière: mon cœur éprouvait terriblement la douleur.

            Regardez comme je souffre, Jésus: c'est par amour pour Vous. Je vois bien que je n'ai rien à Vous donner parce que la douleur ne m'appartient pas...

            A cet instant il me semblait être accrochée au Cœur de mon Seigneur et je sentais comme un feu dévorant qui m'enflammait tout entière: mon esprit s'illumina... Je me suis trouvée plongée dans l'Amour de Jésus. C'est alors que je Lui dit:

            Maintenant je sais que Vous m'aimez et que je Vous aime; je sais que je souffre et que j'ai des souffrances à Vous offrir...

            «Ma fille, Je veux que dans ta souffrance tu restes dans la plus complète obscurité, une obscurité mortelle. Je veux que tu sois plongée dans un océan de souffrance et que tu navigues sans même connaître de port de salut. Seulement de cette manière tu ramèneras des âmes, des millions d'âmes, vers Moi. Cette souffrance qui fait que toi tu te sens sans vie, secoue les âmes endormies dans le péché et tout près de se perdre éternellement». [59]

27
Vision de l’enfer...

            J'ai vu l'enfer ouvert, d'où sortaient d'épouvantables flammes. J'ai entendu des rougissements et des cris impossibles à décrire. Je me suis exclamée:

            « Mon Jésus, faites que plus une seule âme n'y tombe. Je souffrirai volontiers ce que Vous voudrez et pendant tout le temps que Vous voudrez. Et si Vous acceptez mon offrande, je souffrirai dans la joie jusqu'à la fin du monde, tant que sur la terre il y aura des âmes à sauver. »

            Cette terrible vision s’arrêta et j'ai continué de rester auprès de Jésus.

            «O héroïne, ô âme victorieuse, ô amoureuse de l'Eucharistie et des âmes! Courage, en avant pour la conquête!...

            Reçois une goutte de mon sang: il te donnera une nouvelle vie. Cette vie que tu vis, vie remplie de tant de merveilles, ne peut être comprise que par très peu d'âmes: les âmes qui vivent une vie profondément intérieure, âmes vraiment mystiques. O combien elles sont rares, celles-ci!... Combien souffre mon Cœur de cette carence!...». [60]

28
Sur la croix...

            Je suis arrivée sur le Calvaire, épuisée, sans vie. Je sentais dans mon cœur un poids immense. J'ai été crucifiée... Sur le Calvaire il faisait presque nuit, mais dans les âmes régnait une nuit obscure[61].

            Près de la croix, presque agonisante — les mains jointes — la Petite-Maman pleurait.

            On m'avait donné du fiel et du vinaigre, mais ma soif persistait: c'était une soif du cœur, une soif d'âmes, c'était une soif de donner la vie. Quand Jésus leva les yeux au ciel, remettant au Père son Esprit, Il bougeât péniblement ses lèvres. Il expira, et moi, j'expirai avec Lui.

            Quelques instants plus tard Il me redonna vie et me dit:

            « Mon enfant, la commémoration de ma Passion est de tristesse et de deuil: la joie étant pour bientôt. Toutes les dates importantes de ta vie ne peuvent cesser d'être douloureuses et remplies de tristesses et d’angoisses; tu ne peux pas négliger de sentir de près la mort, afin que cette mort soit un alléluia, que ta crucifixion soit une résurrection continuelle. Tu dois Me ressembler; Je veux que tu Me ressembles en tout. » [62]

29
Tout pour Vous, ô Jésus!...

            « Malheureux sont ceux qui ne tirent pas profit de mon sang; malheureux est le monde que ne cueille pas le fruit de la vie de la victime de ce calvaire continu qui se renouvelle en toi. Courage, ma fille: c'est un calvaire de salut, c'est une croix qui donne la victoire... Aie confiance, ne doute pas...[63]

            Ton âme ne jouira pas de l'alléluia de Ma résurrection[64], pour que les âmes ne souffrent pas la mort éternelle. Dis à tout le monde Ma peine et Ma tristesse, parle de mes demandes réitérées de prière, de pénitence, de changement de vie. Dis-le toi même et fais en sorte que le disent aussi ceux qui prennent soin de ta vie...»[65].

            Comme Jésus me l'avait dit, je n'ai pas eu la joie de la Résurrection. J'en ai souffert atrocement...

            Malgré cela, la paix, la résignation et l'amour m'habitaient.

            Fréquemment je répétais: “Tout pour Vous, ô Jésus, tout pour les âmes: je suis Votre victime!...”[66]

30
Le Cœur de Jésus...

            Le ciel et la terre se sont réconciliés...

            Quelques instants après (la mort mystique en Croix), Jésus est venu...:

            «Le Cœur divin de Jésus déborde d'amour. Il envoi sur la terre, à tous les cœurs et à toutes les âmes les mêmes rayons enflammés au même incendie d'amour. Il est Père, Il est un bon Père. Il veut s'offrir et faire en sorte que tous ses enfants brûlent dans les mêmes flammes, dans le même brasier de l'amour...

            Je viens demander de l'amour. Je viens vous demander d'être assidus à l'Eucharistie. Je viens vous demander de réciter le Rosaire et d'avoir pour ma Très-Sainte Mère une vraie et sainte dévotion...

            Et toi, ma fille, parle aux âmes, achemine-les vers Moi. Parle-leur de ma miséricorde et de mon amour, mais n'oublie pas de leur parler aussi de ma Justice et de la Justice de mon Père.

            Va en paix et donne-la ma Paix!...». [67]

31
Église, Église... veille!

            Mon Jésus, je serai courageuse et je ne Vous direz jamais non, bien entendu avec l'aide de Votre grâce. Je me sens seule et au comble de la douleur! Je suis Votre victime.

            « Laisse, mon enfant, laisse que je crie à travers tes lèvres: “O mon Église, accueille la voix de ton Seigneur! Veille, sois vigilante! O Église, ma chère Église, veille, ô veille, ne dors pas, ne faiblis pas!”

            Jamais le monde n'a autant péché; jamais la réparation n'a été aussi urgente. O âmes-victimes, grandissez dans l'immolation à votre Époux!

            Reçois une goutte de mon Sang; reçois cette vie qui est ta seule et unique vie.

            Courage, en avant! Ne m'as-tu pas dit si souvent que tu voulais te consommer et disparaître dans mon Amour? J'ai pris à la lettre tout ce que tu m'as dit. »

            O mon Jésus, gardez mon âme, faites-en ce que Vous voudrez. Recevez mes requêtes... Quant au monde, mon Jésus, pardonnez-lui parce qu'il Vous appartient!.[68]

Note finale

            Vous avez lu et médité ces textes... Souvenez-vous que toute grâce est motif de remerciement. Vous avez recouru à l’intercession de la bienheureuse Alexandrina. Le Seigneur, par son intervention fraternelle vous a accordé ce que vous Lui aviez demandé. Alors, témoignez... Signalez toute grâce reçue ; cela peut faire avancer sa cause de canonisation.

            Comment faire ?

            Envoyez vos témoignages à l’adresse ci-après :

 

            Pároco de Balasar
            Rua Alexandrina Maria dfa Costa, 21
            P - 4490 BALASAR –
PORTUGAL


[1] 30 juillet 1935.

[2] Son premier directeur spirituel.

[3] Summarium. Document officiel de la Sacrée Congrégation pour la cause des saints.

[4] Saint Luc, 10-42.

[5] 4 octobre 1934.

[6] 6 avril 1945.

[7] 9 février 1945.

[8] Prière à réciter chaque jour, avant chaque méditation.

[9] Indiquer ici la grâce souhaitée.

[10] Paroles de Jésus à Alexandrina. Autobiographie.

[11] Paroles de Jésus à Alexandrina. Autobiographie.

[12]Lettre adressée par Alexandrina à son premier directeur spirituel, exilé au Brésil, datée du 21 novembre 1936.

[13]Idem.

[14] Autobiographie.

[15] Lettre au Père Mariano Pinho du 3 décembre 1936.

[16] Lettre au Père Mariano Pinho du 15 février 1935.

[17] Paroles de Jésus à Alexandrina. Autobiographie.

[18]Idem.

[19] Paroles de Jésus à Alexandrina. Autobiographie.

[20]Idem.

[21] Lettre au Père Mariano Pinho du 4 octobre 1934.

[22] Journal: 13 janvier 1940.

[23] Paroles de Jésus à Alexandrina. Autobiographie.

[24] Lettre au Père Mariano Pinho du 9 décembre 1934.

[25] Journal: 22 décembre 1934.

[26] Lettre au Père Mariano Pinho du 4 octobre 1934.

[27] Lettre au Père Mariano Pinho du 10 novembre 1934.

[28] Alexandrina ne s’alimentera plus que de l’Eucharistie.

[29] Lettre au Père Mariano Pinho du 3 décembre 1936.

[30] Lettre au Père Mariano Pinho, du 15 février 1935

[31] Lettre au Père Mariano Pinho, du 27 décembre 1934.

[32] Lettre au Père Mariano Pinho, du 8 avril 1935.

[33] Lettre au Père Mariano Pinho, du 4 octobre 1934.

[34] Journal: 13 janvier 1940.

[35] Journal: 17 octobre 1947.

[36] Journal: 21 novembre 1947.

[37] Journal: 25 février 1949.

[38]  Alexandrina vivait la Passion tous les vendredis, de midi jusqu’à 15 heures.

[39] Elle aimait appeler la Vierge Marie “Mãezinha”. Ce mot portugais englobe à lui tout seul toutes les appellations tendres qu’un fils peut adresser à sa maman. Il faut prononcer: “Main-hi-zi-gne”.

[40] Journal: 2 mars 1951.

[41] Journal: 10 décembre 1954.

[42] Journal: 1 octobre 1954.

[43] Alexandrina vécut, mystiquement, les peines des damnés.

[44] Journal: 8 janvier 1945.

[45] Journal: 11 janvier 1945.

[46] Lettre au Père Mariano Pinho du 23 avril 1940.

[47] Elle y resta clouée 38 années durant.

[48] Lettre au Père Mariano Pinho du 26 mars 1936.

[49] L’Immaculée Conception a été couronnée, par le Roi Jean IV, Reine du Portugal, vers 1646. Depuis, plus aucun roi ou reine du Portugal n’a porté de couronne. En outre, la presque totalité des églises portugaises possèdent une statue de la  Vierge Immaculée, aux pieds de laquelle sont sculptées les armes du pays.

[50] Autobiographie, page 48.

[51] Journal: 12 avril 1946.

[52] Il n’y avait pas que l’âme d’Alexandrina qui souriait. Au milieu de ses grandes souffrances, physiques et spirituelles, elle avait toujours le sourire aux lèvres. Même dans la mort, elle garda ce doux sourire aux lèvres. Les photos prises à ce moment-là le prouvent.

[53] Journal: 19 avril 1946.

[54] Même appel qu’à Fatima: prière et pénitence!

[55] Journal: 20 août 1954.

[56] Journal: 8 octobre 1954.

[57] Alexandrina vivait une épreuve mystique: le manque de foi. Elle vivra cette épreuve pendant un certain temps. Jésus lui dira à ce sujet: “O ma fille, ta réparation est pour ceux qui n’ont pas de foi, pour les «sans Dieu», pour les incrédules” (15.10.1954).

[58] Journal: 15 octobre 1954.

[59] Journal: 10 mars 1950.

[60] Journal: 10 mars 1950.

[61] Certaines fois, lors des extases de la Passion, Alexandrina était à tel point identifiée à Jésus qu’il lui arrivais d’employer la première personne de l’indicatif présent: “Je”.

[62] Journal: 7 avril 1950.

[63] Alexandrina vécut aussi cette souffrance qui consiste à douter des apparitions, les locutions intérieurs, de tout son état d’âme-victime. Cette épreuve fut pour elle l’une des plus difficiles.

[64] Ce jour-là était un vendredi-saint.

[65] Journal: 7 avril 1950.

[66] Journal: 14 avril 1950.

[67] Journal: 23 janvier 1953.

[68] Journal: 2 septembre 1955. Il s’agit ici des dernières lignes du Journal d’Alexandrina. Elle rendit son âme à l’Époux tant aimé le 13 octobre de cette année-là. A souligner que le 13 octobre est la date anniversaire de la dernière apparition de la Vierge Marie à Fatima.