LETTRES AU PÈRE MARIANO PINHO
1933
Balasar, le
28 août 1933
Vive Jésus !
Père Pinho,
Comment
allez-vous depuis le 20 dernier à ce jour ? L’excès de travail
n’a-t-il pas aggravé l’état de santé de V. Révérence ? Je ne cesse
de prier Notre Seigneur pour cela : pourvu que mes prières soient
entendues. Quant à moi, les choses ne s’arrangent pas : j’ai très
mal au cœur, mes forces me lâchent, c’est pourquoi j’ai demandé à ma
sœur de vous écrire la présente lettre, afin que ne fasse pas trop
d’efforts.
Maintenant je
veux remercier V. Révérence pour le petit livre que vous m’avez
envoyé. Il n’est pas bien facile d’imaginer à quel point cela m’a
fait plaisir ! Peu de temps avant de le recevoir, j’avais pleuré,
car le sentais la nostalgie des mots que vous m’adressiez et combien
ceux-ci procuraient de consolation à mon âme ; et aussi la tendresse
avec laquelle vous traitiez cette pauvre malade ! Et me savoir
maintenant, si loin de V. Révérence ! Mais, je me reconnais
volontiers indigne d’une grâce aussi grande : pouvoir vous parler
plus régulièrement. Mais, je me rends compte que Notre Seigneur
veille sur moi, car Il a fait en sorte que vous, même au milieu de
tant de travaux, vous ne m’oubliez pas.
J’ai reçu
votre, et je l’ai lue plusieurs fois, car en la lisant, je me
sentais plus forte pour aimer Notre Seigneur et pour Lui souffrir
tout ce qui serait de sa divine Volonté. Je n’ai pas oublié, et je
n’oublierai plus jamais tout ce que vous m’avez demandé. Je vous
demande de bien vouloir, par charité, prier pour moi.
Alors,
aurai-je la joie de votre visite le 16 ? En ce qui concerne la
voiture, j’espère que cela s’arrangera, mais j’aimerais que vous
confirmiez votre venue, et à quelle heure, afin que l’on puisse
prévenir, car il peut y avoir quelques difficultés ce jour-là, à
cause de la fête en l’honneur de Notre-Dame des Douleurs, à Póvoa.
Au cas où nous ne réussissions à obtenir une voiture, un neveu de
Monsieur l’abbé de Cavalões, qui est notre cousin et qui a une belle
moto et peut transporter une personne avec lui, se fera un plaisir
d’aller vous chercher, si nécessaire, sauf, bien entendu, si V.
Révérence ne peut pas, pour raison de santé, utiliser ce moyen de
transport. Si cela était, nous pensons pouvoir trouver une voiture.
Je ne veux en aucun cas me priver de votre petite visite ! Pour
l’heure, indiquez celle qui vous conviendra le mieux. Si c’est le
matin, nous serions heureuses de vous avoir à notre table.
Je vous
demande pardon pour toutes mes fautes.
Recevez les
bons souvenirs de ma mère et de ma sœur. Vous ne vous êtes pas
trompé : elle a été souvent alité, ces temps-ci.
Je suis celle
qui demande votre bénédiction,
Alexandrina
Maria da Costa
Balasar, le 1er
septembre 1933
Vive Jésus !
(Lettre de
conscience)
Père Pinho,
Aujourd’hui
même j’ai eu la joie de recevoir — pour la première fois depuis que
vous êtes parti — mon bien-aimé Jésus. Je ne peux pas m’empêcher de
vous raconter ce qui a tant fait de peine à mon âme : cela faisait
déjà 13 jours que je ne recevais pas le pardon de mes péchés ; et
voilà que Monsieur l’abbé se présente chez moi, sans même me
prévenir, apportant avec lui Notre Seigneur. Il semblait pressé. Il
ne m’a pas parlé de confession ; moi-même je ne lui ai rien dit.
C’est pour cela que je vous écris pour soulager mon âme, vous
avouant mes fautes.
Je
commencerai par vous dire que mes prières ne sont pas abondantes et
de surcroît mal faites : je ne peux mieux faire. Ma pensée voyage
partout; si je pouvais l’apprivoiser, ce serait une excellente
chose. Avec ma mère et ma sœur, j’ai toujours quelques impatiences,
mais je fais de mon mieux pour m’en corriger. Toutefois, le démon,
lui aussi, n’en finit pas de me faire des suggestions, dans l’espoir
que je cède un jour ou l’autre. Vis-à-vis du prochain, je dois aussi
dire quelque chose: je fais pourtant de mon mieux pour ne pas y
manquer, mais parfois, je n’y réussis pas.
Enfin, je
suis tellement faible et pécheresse, que je n’arrive pas à me
corriger de mes péchés. Que Notre Seigneur ait pitié de moi.
Père Pinho,
mon âme semble déjà se soulager, pensant que je parle à quelqu’un en
qui j’ai toute confiance. Combien Notre Seigneur est bon,
m’accordant cette grâce que je ne méritais pas. J’ai eu la joie non
seulement de vous connaître personnellement mais aussi celle de
savoir que vous veilliez sur ma pauvre âme.
Je vous
demande de bien vouloir continuer à prier pour moi, moi qui en ai
tant besoin. Quant à moi, tant que je vivrai, je ferai tout ce que
je pourrai pour V. Révérence. Aujourd’hui même, lors de la
Communion, j’ai avec insistance à mon bon Jésus d’accepter toutes
mes souffrances pour votre rétablissement et à toutes vos
intentions : le salut des âmes. Mais, quand j’irai au ciel, je ferai
tout pour que vous veniez auprès de moi.
Je vous demande, par
l’amour de Jésus et Marie, de bien vouloir m’accorder une
bénédiction qui me sanctifie.
Alexandrina
Maria da Costa
Père Pinho,
venez-vous ici le 16 ? Ou vous êtes-vous décommandé ? J’espère bien
que vous viendrez, car à cette occasion Monsieur l’abbé sera aux
bains : cela tombe bien…
Balasar, le
18 septembre 1933
Père Pinho,
Comment
allez-vous depuis samedi ? Le grand sacrifice que vous avez fait
pour venir visiter cette pauvre malade ne vous a-t-il pas été
préjudiciable ? Oh ! Je crois que non, car Notre Seigneur n’a jamais
payé le bien avec le mal.
Il n’est pas
facile d’imaginer la joie que j’ai ressentie quand ma sœur m’a remis
le lettre de Votre Révérence ! Que Notre Seigneur vous paie, car il
ne m’est pas possible de le faire.
Je ne suis
pas allée à Grimancelos ;
j’en ai eu de la peine, mais je me suis conformée à la volonté de
mon très aimé Rédempteur. Mais, malgré mon impossibilité d’y aller,
ma pensée y est allée plusieurs fois dans la journée et, afin de ne
pas trouver le temps long, j’ai relu vos lettres qui ont procuré à
mon âme douceur et consolation.
Père Pinho,
j’ai oublié de vous dire — et cela me peine beaucoup — que, par
l’amour de Dieu, ne me demandez plus jamais pardon, comme vous
l’avez fait dans la dernière lettre que vous m’avez écrite. Le
contraire serait plus juste : que ce soit à vous demander pardon à
Votre Révérence et non point vous à moi, car pour tout ce qui sera
de votre volonté, est aussi volonté de Dieu et, par conséquent aussi
la mienne.
Et
maintenant, adieu. Je termine, car je suis très malade et fatiguée.
Je vous demande pardon pour toutes mes fautes, qui sont nombreuses.
Je vous
demande de ne me jamais oublier dans vos prières, car j’en ai grand
besoin. Quant aux miennes, vous pouvez y compter : au milieu de mes
grandes souffrances, je ne vous oublierai jamais.
Recevez les
bons souvenirs de ma mère et de ma sœur.
Je celle qui,
pour l’amour de Jésus, vous demande une bénédiction.
Alexandrina
Maria da Costa.
P. S. Je
viens à l’instant de recevoir la visite du médecin. Il ne m’a pas
prescrit de médicaments, ni rien fait. Il m’a dit qu’il avait peur
de moi ; il me trouve trop forte. Le médicament est celui de
souffrir tant que Notre-Seigneur le voudra.
Vive Jésus !
Père Pinho,
Je vous écris
une nouvelle fois pour vous dire que je passe des journées très
tristes pour diverses raisons. J’ai pensé ne pas vous écrire, mais
je n’ai pas pu me retenir de le faire. J’avais besoin de m’épancher
avec quelqu’un en qui j’ai toute confiance.
La première
raison de ma tristesse, c’est que je n’ai plus reçu Notre-Seigneur.
Le triduum de Fatima est passé sans que je communie. J’en suis très
peinée, mais le remède qui me reste est celui de me conformer à la
volonté de mon bien-aimé Jésus. Ah ! si je vivais plus près de Votre
Révérence, je serais bien mieux, car je communierais bien plus
souvent.
Père Pinho,
savez-vous quelle est la deuxième raison, et celle qui me fait le
plus pleurer et souvent ? C’est que je me suis persuadée que vous
étiez malade, et qui, si cela est vrai, c’est à cause de moi, à
cause du grand sacrifice que vous êtes venu faire. Est-ce une idée
que je me fais. Je ne le sais pas. Ce que je sais c’est qu’il me
semblait avoir la certitude que vous soyez mort. Le cause de tout
cela je l’ignore. Mais s’il ne s’agit que d’un mauvais rêve, je vous
demande de m’écrire au moins deux lignes pour me rassurer. Je sais
bien que, à cause de votre travail, cela représentera un sacrifice :
vous les ajouterez aux autres, nombreux, que vous avez déjà fait
pour moi. Mais il est temps maintenant d’en finir avec les choses
tristes ; changeons donc de sujet.
J’ai terminé
la neuvaine à Notre-Dame de Fatima et bu de son eau. Je pense qu’Ils
en ont été satisfaits, car Notre-Seigneur, qui connaît tout, savait
que je n’accomplirais pas ce que j’avais promis, ou bien parce que
c’est celle-la sa divine Volonté.
Ce sera tout
pour aujourd’hui, car je suis fatiguée.
Recevez les
bons souvenirs de ma sœur ; ma mère est absente.
Je vous
demande, par l’amour de Notre-Seigneur, de bien vouloir me bénir.
Alexandrina Maria da Costa.
Balasar, le 2
octobre 1933
Vive Jésus !
Révérend Père
Pinho,
Celle-ci a
pour but de vous dire que j’ai reçu la lettre de Votre Révérence,
laquelle m’a procuré beaucoup de consolation et de paix, car je
ressentais en moi une grande tristesse, comme je vous l’ai déjà
expliqué dans l’une de mes lettres que vous avez dû recevoir. Dieu
soit loué, car celui que je croyais mort, est ressuscité. Quelle
erreur la mienne ! Mais je suis très contente de m’être trompée.
Père Pinho,
vous de disiez dans votre dernière lettre que vous souhaitiez que je
vous dise beaucoup de choses, dans l’impossibilité que je suis
d’aller vers vous. J’aurais, il est vrai, beaucoup de choses à vous
dire, mais mon état de santé s’est beaucoup aggravé. Cela va faire
quinze jours que j’ai très mal à la colonne, mais pire encore ces
derniers jours, car je n’arrive pas à trouver la bonne position pour
mon corps. Je ne sais pas si je guérirai un jour, mais si je
continue de la sorte, il me sera impossible de continuer à vous
écrire. C’est cela qui m’attriste ; mais que soit faite la volonté
de Notre-Seigneur. Mais c’est très bien : ainsi j’aurai quoi Lui
offrir pour le pécheurs et pour les personnes que j’aime le plus,
ainsi que pour moi qui en ai tant besoin.
Père Pinho,
dans la lettre que vous avez dû recevoir, je vous demandais de
m’écrire, mais maintenant je suis plus rassurée par la lettre que je
viens de recevoir — et je vous en remercie vivement : Dieu seul
pourra vous en récompenser — il vous suffira de m’écrire quand vous
en aurez le temps. Ce n’est pas que je ne ressente pas de la
consolation, quand j’en reçois, mais je ne veux surtout pas être
impertinente.
Ma mère et ma
sœur vous envient leurs bons souvenirs.
Adieu,
jusqu’à je ne sais quand.
Veuillez
m’accorder votre bénédiction,
Alexandrina Maria da Costa.
Balasar, le
11 octobre 1933
Vive Jésus!
Révérend Père
Pinho,
J’ai reçu ce
matin une lettre de Votre Révérence que ma sœur m’a ramenée de
l’église, et qui lui a été remise par Madame Teresa Matias. Je vous
en remercie, car cette lettre m’a procuré beaucoup de joie. Une
chose toutefois m’attriste : c’est de savoir qu’il manque encore
longtemps pour que je reçoive votre visite, à moins qu’entre-temps
mon état de santé continue d’empirer comme en ce moment ; alors
j’enverrai quelqu’un frapper à votre porte pour que vous me rendiez
une dernière visite.
Ces derniers
jours mes souffrances ont beaucoup augmenté. Je souffre de mal de
tête et j’ai de la fièvre — cet après-midi elle a baissé —, mais je
me sens sans forces, je ne peux rien faire. Je ne sais donc pas si
une amélioration de mon état surviendra ou pas, mais que la volonté
de Notre-Seigneur soit fait. Voilà pourquoi je me sens incapable
d’écrire, raison pour laquelle j’ai demandé à ma sœur de le faire à
ma place : c’est elle qui écris e moi qui dicte.
Monsieur
l’Abbé est venu m’apporter Notre-Seigneur pour la première fois
vendredi, samedi et dimanche. J’étais très malade et je me plaignait
beaucoup.
Demain ma
sœur va lui demander de venir m’apporter Notre-Seigneur le 13 et me
confesser, car je ne l’ai pas fait depuis la dernière visite de
Votre Révérence.
Père Pinho,
vous me disiez avoir été peine du fait que ma sœur n’a pas pu vous
rendre visite. Elle aussi est peinée, mais ce fut le jour ou j’ai eu
le plus de fièvre. C’est bien qu’elle n’y soit pas allée. Tout ce
que Notre-Seigneur fait est bien fait. Elle veut y aller le
21 — cela tombe un samedi — si je vais mieux. Je vous demande donc
de bien vouloir nous informer si vous serez chez vous ce jour-là.
Ce sera tout
pour aujourd’hui. Ma mère et ma sœurs vous envoient leurs bons
souvenirs.
Je vous
demande de prier beaucoup pour moi, et mois je vous assure de
beaucoup prier pour vous en ce monde et plus encore quand je serai
au ciel.
Je suis celle
qui vous demande une bénédiction,
Alexandrina Maria da Costa.
Balasar, le
27 octobre 1933
Vive Jésus !
Révérend Père
Pinho,
Je ne pouvais
pas vous laisser quitter Braga sans vous raconter quelque chose sur
moi et de vous remercier pour les deux lettres que j’ai reçues,
ainsi que l’image de Notre-Dame de Fatima et les souvenirs que vous
m’avez envoyés par Madame Teresa. Oh ! combien tout cela vient
réjouir mon âme et combien cela m’est nécessaire pour aimer encore
davantage Notre-Seigneur. J’espère que vous continuerez de m’aider à
perfectionner mon âme comme vous l’avez fait jusqu’ici. Vu que je
n’ai pas le bonheur d’avoir à côté de moi quelqu’un qui me console,
je rends grâce à mon bien-aimé Jésus d’avoir, au loin, quelqu’un qui
fasse pour moi tant de choses. Que serait-il de moi, sans remède
pour le corps et pour l’âme ?
Père Pinho,
j’aimerais vous dire quelque chose, mais je ne le peux pas. Ce qui
me fait écrire est une grande force de volonté, car mes souffrances
continuent ainsi que mon mal de colonne, mais comme la fièvre a
baissé, je résiste du mieux que je peux.
Père Pinho,
vous voulez savoir quand je me suis inscrite chez les “Filles de
Marie” : ce fut le 18 .
Le manchot a bien essayé de l’empêcher, mais Notre-Seigneur a
vaincu. Je vous joins un petit souvenir de ce jour-là.
Ce sera tout
pour aujourd’hui. Je reste dans l’attente de votre visite si
souhaitée.
Recevez les
bons souvenirs de ma mère et de Deolinda.
Je vous prie
de bien vouloir m’envoyer une bénédiction spéciale pour mes péchés.
Celles qui
continue de prier pour Votre Révérence,
Alexandrina Maria da Costa.
Balasar, le 6
novembre 1933
Vive Jésus!
Révérend Père
Pinho,
Je
commencerai par vous dire que votre lettre m’a bien été remise. Il
est inutile de vous dire la joie qu’elle m’a procurée. Je la lis et
relis, et cela me fait beaucoup de bien. En ces paroles-là ce vois
comme une lumière qui guide ma pauvre âme qui a tant besoin de
quelqu’un qui lui infuse beaucoup d’amour envers mon bien-aimé Jésus
que j’estime aimer si peu.
Père Pinho,
votre retour de Fontão à Braga s’est-il bien passé ? Avez-vous fait
un heureux voyage ? Je serais heureuse de le savoir. Il en va de
même au sujet de votre santé. Pour savoir de mes nouvelles, vous
vous donné de la peine, mais pour m’en donner sur vous vous, vous
faites prier, sauf exception.
Père Pinho,
dans votre dernière lettre vous me demandiez si j’étais Marie des
Tabernacles. Oui, je le suis. Si je voulais la Messe [dans ma
chambre]… Cela fait longtemps que j’en ai le désir. Quand j’ai
appris que c’était Votre Révérence qui venait présider le Triduum,
alors même que je ne vous connaissais pas encore, j’en avais parlé à
ma sœur, pour vous en faire la demande, mais par timidité et aussi
pour ne pas vous obliger à prêcher à jeun, nous n’avons pas osé.
Mais, quand j’ai appris que vous prêchiez toujours à jeun, je l’ai
regretté. Maintenant, si cela est possible, pour moi, ce serait un
motif de grande joie, joie si grande que je ne sais même pas
expliquer. Malgré cette joie immense, cela me coûte de savoir que
vous devrez rester à jeun, surtout par ces matinées si froides.
Je vous
remercie pour l’image que vous m’avez envoyée pour ma mère. Elle l’a
beaucoup aimée et vous remerciant, vous envoie ses bons souvenirs,
de même que Deolinda qui attend avec impatience le Triduum d’Outiz.
Père Pinho,
deux petits mots à peine, car mes forces ne me permettent pas
davantage. J’ai passé une mauvaise nuit. Je ne trouvais pas de bonne
position. Mes jours se passent ainsi: un jour bien, un autre plus
mal, portant toujours cette croix que le Seigneur m’a donnée.
Demain je
termine la neuvaine,
comme vous me l’avez demandé par l’intermédiaire de Deolinda.
Je crois que
Notre-Seigneur d’ici ne pourra que me ramener au ciel. Je vois que
vous continuez de prier pour moi. Moi aussi je ne vous oublie pas.
Je vous
demande de m’accorder votre bénédiction,
A. M. Costa
Balasar, le
28 novembre 1933
Vive Jésus !
Révérend Père
Pinho,
Je n’ai pas
pu laisser passer ce jour sans vous raconter quelque chose de moi
et, en même temps, chercher à savoir comment s’est passé votre
voyage de retour, de Balasar à Braga. Etes-vous bien arrivé ? La
porte était-elle encore ouverte ? Le souper ne vous a-t-il pas fait
de mal ? Il n’était peut-être pas adapté au goût de Votre Révérence.
La crainte, toujours présente, que par ma faute, vos souffrances
soient augmentées, me préoccupe toujours. Mais je prie
Notre-Seigneur pour que tout se passe toujours bien.
Quant à moi,
je continue dans la souffrance. Dans la nuit de samedi à dimanche,
quelque chose que je ne sais pas expliquer m’a tourmenté la tête :
on dirait que je cessais de vivre. Cela dure peu de temps, mais
revient souvent. Je pense que c’est à cause de ma colonne
vertébrale. Je n’aimerais, aucunement, perdre la tête. J’espère que
Notre-Seigneur m’exaucera, mais que sa très sainte Volonté soit
faite.
Père Pinho,
neuf jours se sont écoulés depuis votre dernière visite. Et, comme
je suis restée nostalgique, j’ai pensé que ce serait la dernière
fois que nous nous voyions; mais ce ne sera pas le cas, car
Notre-Seigneur connaît le besoin que j’ai de quelqu’un m’aide à être
sainte, comme je le désir ardemment, bien que je sois très loin de
l’être.
Je me permets
de rappeler à Votre Révérence de bien vouloir m’envoyer, dès que
possible, l’image que je vous ai demandée.
J’allais
oublier de vous demander si je pouvais mettre en haut de mes
lettres, comme Votre Révérence, les mots Vive Jésus ! Il est vrai
que sans même vous le demander je l’ai fait. C’est chose faite.
Il faut dire
que même un petit aveugle a besoin de quelqu’un qui le guide : c’est
ce qui m’est arrivé.
Voila, c’est
tout pour cette gribouilleuse. Elle vous envoie ses bons souvenirs,
ainsi que ceux de ma mère .
Père Pinho,
cette fois-ci je ne signe pas seulement mon nom. Ce sera peux, car
je ne peux pas, mais je voudrais vous demander l’explications des
paroles que je m’en vais vous dire, car j’ai oublié de le faire
quand vous m’avez demandé ce que me disait Notre-Seigneur.
Je me
souviens de dire souvent ceci :
— O mon Jésus, que
voulez-vous que je fasse ?
Et à chaque
fois que je le dis, je n’entends que cette réponse :
— Souffrir, aimer,
réparer !
J’espère que vous me comprenez.
Veuillez
avoir la charité d’accorder votre bénédiction à la grande pécheresse
que je suis,
Alexandrina M. C.
Écrite entre
le 13 et le 20 décembre 1933
Vive Jésus !
Révérend Père
Pinho,
J’ai reçu la
lettre de Votre Révérence le 13 et, comme vous le savez, je l’ai
beaucoup, beaucoup appréciée. Vous n’avez pas à vous excuser. Il est
vrai qu’il m’a été très pénible de passer tout ce temps sans avoir
de vos nouvelles, mais malgré cela, je sais que je suis indigne de
recevoir une aussi grande grâce de Notre-Seigneur : avoir quelqu’un
qui prenne un aussi grand soin de ma pauvre âme. Mais, grâce à mon
bien-aimé Jésus, qui est l’ami de mon âme, mes souffrances et mes
chagrins, même s’ils sont grands, ne sont rien comparés aux grâces
que je reçois et, Il n’a point oublié qu’Il avait ici, sur la terre,
une petite fille qui avait besoin d’un bon père spirituel, et Il me
l’a accordé. Comment remercier Notre-Seigneur pour une aussi grande
grâce ? Je l’ignore ; je sais seulement que j’en suis indigne.
Père Pinho,
savez-vous que cela fait déjà un mois le 20 que Votre Révérence est
venue ici ? Et maintenant, quand reviendrez-vous ? Depuis je ne me
suis pas confessée et je manque d’appétit. Mais, si à Noël Monsieur
l’Abbé vient m’apporter Notre-Seigneur, je me confesserai. Toutefois
je vous demande de bien vouloir m’envoyer, par charité, une
bénédiction très spéciale pour tous mes péchés qui, avec peu de
différence, sont toujours les mêmes. Je ne pense pas pouvoir
m’amender d’une fois pour toutes, mais je veux être sainte : tous
les jours je le demande à Notre-Seigneur. Des fois je pense que je
n’y arriverai jamais, à moins que Notre-Seigneur écoute les prières
de Votre Révérence.
Père Pinho,
je vous envoie un petit cadeau. Ce n’est pas grande chose, mais se
je continue de vivre, il sera un peu plus important, mais si je vais
au Ciel, vous pourrez ainsi vous souvenir de celle qui vous l’a
offert et vous prierez pour le salut de mon âme. Moi, je nous vous
oublierai pas auprès de Notre-Seigneur.
Et je m’arrête là ma lettre. Cela fait six jours
que je l’ai commencée.
Je vous
demande de bien vouloir m’accorder votre bénédiction, en vous
souhaitant de joyeuses fêtes de Noël.
Termino que já estou há seis dias a escrever;
peço que me abençoe, esta que lhe deseja umas felizes e santas
festas de Natal.
Alexandrina Maria da Costa
Balasar, le
31 décembre 1933
Vive Jésus !
Révérend Père
Pinho,
Alors,
comment s’est passé le voyage de Braga à votre nouvelle résidence ?
Je ne cesse
de demandé à mon bien-aimé Jésus que vous soyez très heureux. Oui,
nouvelle adresse, non point que quelqu’un m’ai dit que vous ne
retourniez pas un jour à Braga, mais moi, je suis habituée, dans des
situations similaires, à être trompée, car je pense qu’il m’arrivera
de même.
Que de jours
tristes je passe ! On dirai que rien ne me console quand je pense à
la distance qui me sépare de mon Père spirituel. Béni soit le
Seigneur qui m’a appelée en ce monde pour souffrir et pour supporter
tant de chagrins! Et moi, j’ai rajouté à cela tant de péchés! Ce
sont ceux-ci qui m’attristent particulièrement, parce qu’ils causent
tant de chagrin à Notre-Seigneur. Tous les jours je demande des
souffrances; et, pendant les heures où je souffre je ressens
beaucoup de consolations, car j’ai davantage à offrir à mon Jésus.
Il y a,
toutefois, des choses qui me coûtent beaucoup, mais que seule la
volonté de Dieu soit faite, et non pas la mienne… Moi je pleure et
m’épanche.
Il faut
maintenant, mon Père, que je vous remercie pour la lettre que vous
m’avez envoyée par ma sœur et aussi pour les images. Je vous
remercie pour tout cela. Notre-Seigneur vous le paiera, ainsi que le
grand sacrifice que vous avez fait, car le bon Jésus ne manquera pas
de payer ce que je ne peux faire moi-même.
Je vous
demande, mon Père, de bien vouloir me bénir et de prier pour moi.
A. M. C.
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