(3e
Œcuménique) : 22 juin - septembre 431
250 Nous ne
disons pas en effet que la nature du Verbe par suite d'une
transformation est devenue chair, ni non plus qu'elle a été changée
en un homme complet, composé d'une âme et d'un corps, mais plutôt
ceci : le Verbe, s'étant uni selon l'hypostase une chair animée
d'une âme raisonnable, est devenu homme d'une manière indicible et
incompréhensible et a reçu le titre de Fils d'homme, non par simple
vouloir ou bon plaisir, ni non plus parce qu'il en aurait pris
seulement le personnage ; et nous disons que différentes sont les
natures rassemblées en une véritable unité, et que des deux il est
résulté un seul Christ et un seul Fils, non que la différence des
natures ait été supprimée par l'union, mais plutôt parce que la
divinité et l'humanité ont formé pour nous l'unique Seigneur Christ
et Fils par leur ineffable et indicible concours dans l'unité.
Ainsi, bien qu'il
subsiste avant les siècles et qu'il ait été engendré par le Père, il
est dit aussi avoir été engendré selon la chair par une femme, non
point que sa nature divine ait commencé à être en la sainte Vierge,
ni qu'elle ait eu nécessairement besoin d'une seconde naissance par
elle après celle qu'il avait reçue du Père, car c'est légèreté et
ignorance de dire que celui qui existe avant les siècles et est
coéternel au Père a besoin d'une seconde génération pour exister,
mais puisque c'est pour nous et pour notre salut qu'il s'est uni
selon l'hypostase l'humanité, et qu'il est né de la femme, on dit
qu'il a été engendré d'elle selon la chair.
251 (Ce
numéro est subdivisé en sous-chapitres : 251a ; 251b ; 251c ; 251d ;
251e)
Car ce n'est pas un
homme ordinaire qui a d'abord été engendré de la sainte Vierge et
sur lequel ensuite le Verbe serait descendu, mais c'est pour avoir
été uni à son humanité dès le sein même qu'il est dit avoir subi la
génération charnelle, en tant qu'il s'est approprié la génération de
sa propre chair. C'est ainsi que nous disons qu'il a souffert et
qu'il est ressuscité, non pas que le Dieu Verbe ait souffert en sa
propre nature les coups, les trous des clous et les autres blessures
(car la divinité est impassible, puisqu'elle est incorporelle) ;
mais puisque le corps qui est devenu le sien propre, a souffert tout
cela, on dit encore une fois que c'est lui (le Verbe) qui a souffert
pour nous : l'Impassible était dans le corps qui souffrait Et c'est
de la même façon que nous pensons au sujet de sa mort. Car le Verbe
de Dieu est par nature immortel, incorruptible, vie et vivifiant.
Mais encore une fois puisque son propre corps a, par la grâce de
Dieu, goûté la mort pour tout homme, comme dit Paul He 2,9,
on dit qu'il a souffert la mort pour nous : non qu'il ait fait
l'expérience de la mort en ce qui regarde sa propre nature (ce
serait folie de dire cela ou de le penser), mais parce que, comme je
l'ai dit à l'instant, sa chair a goûté la mort. Ainsi, sa chair
étant ressuscitée, on parle de la résurrection du Verbe, non point
que le Verbe soit tombé dans la corruption, non certes, mais encore
une fois parce que son corps est ressuscité. (...)
C'est ainsi qu'ils (les
saints pères) se sont enhardis à nommer la sainte Vierge Mère de
Dieu, non que la nature du Verbe ou sa divinité ait reçu le début de
son existence à partir de la sainte Vierge, mais parce qu'a été
engendré d'elle son saint corps animé d'une âme raisonnable, corps
auquel le Verbe s'est uni selon l'hypostase et pour cette raison est
dit avoir été engendré selon la chair.
251a
(Chap. 3) Je crois
(nous croyons) donc, disent-ils (les saints pères) en notre Seigneur
Jésus Christ, son Fils, son unique. Observe comment ils ont posé
d'abord comme des fondements « Seigneur », « Jésus », « Christ »,
« unique engendré », « Fils », ces noms communs à la divinité et à
l'humanité, et édifient ensuite la tradition de l'Incarnation, de la
Résurrection et de la Passion ; leur but était, une fois posés
certains noms significatifs communs à l'une et à l'autre nature,
qu'on ne divise pas ce qui se rapporte à la filiation et à la
seigneurie, et que dans l'unicité de la filiation ce qui se rapporte
aux natures ne soit pas non plus en péril de disparaître par
confusion.
251b
(Chap. 4) Cela, Paul le
leur avait en effet enseigné qui, faisant mention de la divine
Incarnation et sur le point d'ajouter la Passion, commence par poser
ce nom de Christ commun aux natures, comme je l'ai dit un peu plus
haut, puis ajoute le discours relatif aux deux natures. Que dit-il
en effet : « Ayez entre vous les mêmes sentiments qui furent dans le
Christ Jésus. Lui, qui existant en forme de Dieu ne retint pas
jalousement le rang qui l'égalait à Dieu, Mais (pour ne pas tout
citer en détail) il devint obéissant jusqu'à la mort et à la mort de
la croix » Ph 2,5 ; Ph 8).Ainsi, comme il allait faire
mention de la mort, pour qu'on n'en tirât pas la conclusion que le
Dieu Verbe est passible, il pose ce nom de Christ, comme une
appellation signifiant la substance impassible et passible dans une
personne unique, impassible par la divinité, passible par la nature
corporelle.
251c
(Chap. 5) Bien que je
puisse en dire long sur ce sujet et tout d'abord qu'à propos de
l'économie ces saints pères n'ont même pas fait mention de
génération mais d'Incarnation, je sens que ma promesse de brièveté
dans mon préambule refrène mon discours et qu'elle m'amène au second
point de Ta Charité. J'y louais la division des natures selon la
raison de l'humanité et de la divinité et leur conjonction en une
seule personne ; et aussi que tu dis que le Dieu Verbe n'a pas eu
besoin d'une seconde génération à partir de la femme et que tu
confesses que la divinité n'est pas susceptible de pâtir. Tout cela
est orthodoxe parce que vrai et contraire aux fausses opinions de
toutes les hérésies touchant les natures du Seigneur. Si le reste
contient une sagesse cachée, incompréhensible aux oreilles des
lecteurs, il appartient à ta pénétration de le savoir : pour moi en
tout cas, cela m'a paru renverser ce qui précède. Celui en effet qui
avait été précédemment proclamé impassible et non susceptible d'une
seconde génération, était présenté de nouveau, je ne sais comment,
comme passible et nouvellement créé, comme si les qualités par
nature inhérentes au Dieu Verbe avaient été détruites par la
conjonction avec le Temple, ou que ce fût peu de chose aux yeux des
hommes que le Temple sans péché et inséparable de la nature divine
eût subi génération et mort pour les pécheurs, ou qu'il ne fallût
pas croire à la voix du Seigneur criant aux juifs : « Détruisez ce
Temple et je le relèverai en trois jours » Jn 2,19 et non
pas : « Détruisez ma divinité, et elle se relèvera en trois jours ».
251d
(Chap. 6)... En tout
lieu de la divine Écriture, quand elle fait mention de l'économie du
Seigneur, la génération et la Passion qui sont présentées ne sont
pas celles de la divinité, mais de l'humanité du Christ, en sorte
que la sainte Vierge doive être appelée d'une dénomination plus
exacte mère du Christ et non Mère de Dieu. Écoute aussi ces paroles
de l'Évangile qui proclament : « Livre de la génération de Jésus
Christ, est-il dit, fils de David, fils d'Abraham » Mt 1,1.
Il est donc clair que le Dieu Verbe n'était pas fils de David.
Apprends, s'il te plaît, un autre témoignage : « Jacob a engendré
Joseph l'époux de Marie, de laquelle a été engendré Jésus qu'on
appelle le Christ » Mt 1,16. Examine encore une autre voix
qui nous atteste : « Voici quelle fut la génération de Jésus Christ.
Comme Marie sa mère avait été fiancée à Joseph, elle se trouva
enceinte par l'opération de l'Esprit Saint » Mt 1,18. Qui
supposerait que la divinité du Fils unique fût une créature de
l'Esprit ? Et que dire de ce mot : « La mère de Jésus était là »
Jn 2,1. Et encore : « Avec Marie la mère de Jésus » Ac 1,14,
et « Ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint »
Mt 1,20, et : « Prends l'enfant et sa mère et fuis vers
l'Égypte » Mt 2,13, et : « Au sujet de son Fils qui est né de
la race de David selon la chair » Rm 1,3 ; et au sujet de la
Passion de nouveau : « Dieu, ayant envoyé son Fils dans une
ressemblance à la chair de péché et en raison du péché, a condamné
le Péché dans la chair » Rm 8,3 ; et encore : « Le Christ est
mort pour nos péchés » 1Co 15,3 ; et : « Le Christ a souffert
en sa chair » 1P 4,1, et : « Ceci est “non ma divinité, mais
mon corps” rompu pour vous »1Co 11,24.
251e
(Chap. 7) Et comme une
infinité d'autres voix témoignent au genre humain qu'il ne faut pas
regarder la divinité du Fils comme récente ou comme susceptible de
souffrance corporelle, mais bien la chair unie à la nature de la
divinité (d'où vient que le Christ se nomme lui-même Seigneur de
David et son fils : « Quel est votre sentiment, dit-il, sur le
Christ ? De qui est-il fils ? » Ils lui disent : “de David”. Jésus
leur répondit : “Comment donc David, sous l'action de l'Esprit le
nomme-t-il Seigneur, disant : ‘le Seigneur a dit à mon Seigneur :
Assieds-toi à ma droite’ » Mt 22,42-44, dans la pensée qu'il
est totalement fils de David selon la chair, mais Seigneur de David
selon la divinité), il est bon et conforme à la tradition
évangélique de confesser que le corps est le Temple de la divinité
du Fils et un Temple uni selon une suprême et divine conjonction, en
sorte que la nature de la divinité s'approprie ce qui appartient à
ce Temple ; mais au nom de cette appropriation, attribuer au Verbe
jusqu'aux propriétés de la chair conjointe, je veux dire la
génération, la souffrance et la mortalité, c'est le fait, frère,
d'une pensée ou égarée par les Grecs, ou malade de la folie
d'Apollinaire, d'Arius et des autres hérésies, ou plutôt c'est
quelque chose de plus grave que celles-ci. Car de toute nécessité
ceux qui se laissent entraîner par le mot “appropriation” devront
faire communier le Dieu Verbe à l'allaitement, à cause de
l'appropriation, le faire participer à la croissance progressive et
à la crainte au moment de la Passion et le mettre dans le besoin de
l'assistance d'un ange. Et je passe sous silence la circoncision, le
sacrifice, la sueur, la faim, toutes choses qui, attachées à la
chair, sont adorables comme étant survenues à cause de nous, mais
qui, si elles sont attribuées à la divinité, sont mensongères et
cause pour nous, en tant que calomniateurs, d'une juste
condamnation.
c) Anathèmes de Cyrille
d'Alexandrie, joints à la lettre du concile d'Alexandrie, à
Nestorius (3e lettre de Cyrille à Nestorius).
252 1. Si
quelqu'un ne confesse pas que l'Emmanuel est Dieu en vérité et que
pour cette raison la sainte Vierge est Mère de Dieu (car elle a
engendré charnellement le Verbe de Dieu fait chair), qu'il soit
anathème.
253 2. Si
quelqu'un ne confesse pas que le Verbe issu du Dieu Père a été uni
selon l'hypostase à la chair et qu'il est un unique Christ avec sa
propre chair, c'est-à-dire le même tout à la fois Dieu et homme,
qu'il soit anathème.
254 3. Si
quelqu'un, au sujet de l'unique Christ, divise les hypostases après
l'union, les conjuguant selon la seule conjonction de la divinité,
de la souveraineté ou de la puissance, et non plutôt par la
rencontre selon une union physique, qu'il soit anathème.
255 4. Si
quelqu'un répartit entre deux personnes ou hypostases les paroles
contenues dans les évangiles et les écrits des apôtres, qu'elles
aient été prononcées par les saints sur le Christ ou par lui sur
lui-même, et lui attribue les unes comme à un homme considéré
séparément à part du Verbe issu de Dieu, et les autres au seul Verbe
issu du Dieu Père parce qu'elles conviennent à Dieu, qu'il soit
anathème.
256 5. Si
quelqu'un ose dire que le Christ est un homme théophore et non pas
plutôt Dieu en vérité en tant que Fils unique et par nature, selon
que le Verbe s'est fait chair et a pris part de la même façon que
nous au sang et à la chair, qu'il soit anathème.
257 6. Si
quelqu'un dit que le Verbe issu du Dieu père est le Dieu ou le
Maître du Christ et ne confesse pas plutôt que le même est tout à la
fois Dieu et homme, étant donné que le Verbe s'est fait chair selon
les Écritures, qu'il soit anathème.
258 7. Si
quelqu'un dit que Jésus en tant qu'homme a été mû par le Dieu Verbe
et que la gloire du Fils unique lui a été attribuée comme à un autre
subsistant à part lui, qu'il soit anathème.
259 8. Si
quelqu'un ose dire que l'homme assumé doit être coadoré et
coglorifié avec le Dieu Verbe et qu'il doit être coappelé Dieu comme
un autre avec un autre (car chaque fois l'addition du mot « avec »
forcera de concevoir la chose ainsi) et n'honore pas plutôt
l'Emmanuel d'une seule adoration et ne lui adresse pas une seule
glorification, selon que le Verbe s'est fait chair, qu'il soit
anathème.
260 9. Si
quelqu'un dit que l'unique Seigneur Jésus Christ a été glorifié par
l'Esprit, comme s'il avait utilisé un pouvoir étranger qui lui
venait de l'Esprit et qu'il a reçu de lui le pouvoir d'agir contre
les esprits impurs et d'accomplir ses signes divins parmi les
hommes, et ne dit pas plutôt que cet Esprit, par lequel il a opéré
les signes divins, était le sien propre, qu'il soit anathème.
261 10. La
sainte Écriture dit que le Christ a été le grand prêtre et l'apôtre
de notre confession de foi (voir He 3,1) et qu'il s'est
offert lui-même pour nous en parfum d'agréable odeur au Dieu et
Père. Si donc quelqu'un dit que notre grand prêtre et apôtre n'a pas
été le Verbe lui-même issu de Dieu quand il est devenu chair et
homme semblable à nous, mais qu'il a été un autre proprement
distinct de lui, un homme né de la femme ; ou si quelqu'un dit qu'il
a présenté l'offrande pour lui-même et non pas plutôt pour nous
seuls (car celui qui n'a pas connu la péché ne saurait avoir besoin
de l'offrande), qu'il soit anathème.
262 11. Si
quelqu'un ne confesse pas que la chair du Seigneur est vivifiante et
qu'elle est la propre chair du Verbe issu du Dieu Père mais prétend
qu'elle est celle de quelqu'un d'autre, distinct de lui et conjoint
à lui selon la dignité ou qu'il a reçu seulement l'habitation
divine ; et s'il ne confesse pas plutôt qu'elle est vivifiante,
comme nous l'avons dit, parce qu'elle a été la propre chair du Verbe
qui a le pouvoir de vivifier toutes choses, qu'il soit anathème.
263 12. Si
quelqu'un ne confesse pas que le Verbe de Dieu a souffert dans la
chair, qu'il a été crucifié dans la chair, qu'il a goûté la mort
dans la chair et qu'il a été le premier-né d'entre les morts, en
tant qu'il est la vie et vivifiant comme Dieu, qu'il soit anathème.
264 Comme le
très honoré Nestorius, entre autres choses, n'a ni voulu obéir à
notre citation ni même reçu les très saints et religieux évêques que
nous lui avions envoyés, nous avons été forcés d'en venir à l'examen
des impiétés qu'il a proférées, et comme, par ses lettres, par les
écrits de lui qui ont été lus et par les propos qu'il a récemment
tenus en cette métropole, et sur lesquels nous avons des
témoignages, nous l'avons pris en flagrant délit de penser et de
prêcher de manière impie, contraints tant par les canons que par la
lettre de notre très saint père et collègue dans le ministère
Célestin, évêque de l'Église de Rome, nous en sommes venus, non sans
beaucoup de larmes, à cette triste sentence contre lui :
Notre Seigneur Jésus
Christ, blasphémé par lui, a décidé par le très saint présent
concile que le dit Nestorius est désormais déchu de la dignité
épiscopale et séparé de tout le corps sacerdotal.
265 (...) Le
saint concile a décidé qu'il n'est permis à personne de professer,
ou d'écrire, ou de composer une confession de foi autre que celle
définie par les saints pères réunis à Nicée avec le Saint-Esprit.
(...)
266 Si
certains, évêques, clercs ou laïcs, étaient convaincus d'accepter,
de partager ou d'enseigner les doctrines contenues dans l'exposé du
prêtre Charisius au sujet de l'Incarnation du Fils unique de Dieu,
ou bien encore celles, néfastes et déformées de Nestorius... qu'ils
tombent sous le coup de la sentence de ce saint concile œcuménique.
267 1. Le
métropolitain d'une éparchie qui se sépare de ce saint concile
œcuménique... ou qui a partagé les opinions de Célestius ou les
partagera à l'avenir, celui-là ne peut plus agir en aucune façon
contre les évêques de l'éparchie, alors qu'il se trouve désormais
exclu par le concile de toute communion ecclésiastique et suspendu
de toute activité.
268 4. Si
certains clercs s'étaient séparés et osaient partager en privé ou
publiquement les opinions de Nestorius ou de Célestius, il a été
jugé qu'ils sont eux aussi déposés par le saint concile. |