SACERDOTII NOSTRI
PRIMORDIA
LETTRE ENCYCLIQUE
DE SA SAINTETÉ LE PAPE JEAN XXIII
A L'OCCASION DU
CENTENAIRE DE LA MORT DE SAINT JEAN-BAPTISTE VIANNEY
Les joies pures qui accompagnèrent en abondance les prémices de
Notre sacerdoce sont à jamais liées, dans Notre mémoire, à l’émotion
profonde que Nous avons ressentie le 8 janvier 1905, en la basilique
vaticane, lors de la béatification glorieuse de cet humble prêtre de
France que fut Jean-Marie-Baptiste Vianney. Elevé Nous-même au
sacerdoce depuis quelques mois à peine, Nous fûmes saisi par
l’admirable figure sacerdotale que Notre Prédécesseur saint Pie X,
l’ancien curé de Salzano, était si heureux de proposer en exemple à
tous les pasteurs d’âmes. Et, à tant d’années de distance, Nous ne
pouvons rappeler ce souvenir sans remercier encore Notre divin
Rédempteur, comme d’une grâce insigne, de l’élan spirituel ainsi
imprimé, dès ses débuts, à Notre vie sacerdotale.
Il Nous souvient aussi
que, le jour même de cette béatification, Nous apprenions
l’élévation à l’épiscopat de Mgr Jacques-Marie Radini-Tedeschi, ce
grand évêque qui devait quelques jours après Nous appeler à son
service, et qui fut pour Nous un maître et un père très aimé. Ce fut
en sa compagnie qu’au début de cette année 1905 Nous Nous rendions
pour la première fois en pèlerinage à Ars, ce modeste village que
son saint Curé rendit à jamais si célèbre.
Par une nouvelle disposition providentielle, c’est l’année où Nous
recevions la plénitude du sacerdoce que le Pape Pie XI, d’illustre
mémoire, procédait, le 31 mai 1925, à la solennelle canonisation du
" pauvre Curé d’Ars ". Dans son homélie, le Pontife se plaisait à
décrire " la frêle silhouette de Jean-Marie Vianney: cette tête aux
longs cheveux blancs qui lui font comme une éclatante couronne; ce
mince visage creusé par les jeûnes, mais sur lequel se reflétaient
si bien l’innocence et la sainteté d’un coeur très humble et très
doux, ce visage dont le seul aspect suffisait à ramener les foules à
de salutaires pensées " (1). Peu après, Pie XI, en l’année de son
Jubilé sacerdotal, complétait le geste déjà accompli par saint Pie X
à l’égard des curés de France et étendait au monde entier le céleste
patronage de saint Jean-Marie Vianney " pour le bien spirituel des
curés de tout l’univers " (2).
Ces actes de Nos Prédécesseurs, liés à tant de chers souvenirs
personnels, Nous aimons, Vénérables Frères, les évoquer en cette
année centenaire de la mort du saint Curé d’Ars par cette
Encyclique. Le 4 août, en effet, il rendait son âme à Dieu, usé par
les fatigues d’un exceptionnel ministère pastoral de plus de
quarante années et entouré de la vénération unanime.
Nous bénissons donc la bienveillante Providence, qui par deux fois
déjà se plut à réjouir et à illuminer les grandes heures de Notre
vie sacerdotale par l’éclat de la sainteté du Curé d’Ars, de Nous
offrir à nouveau, dès les premiers temps de ce suprême Pontificat,
l’occasion de célébrer la si glorieuse mémoire de ce pasteur d’âmes.
Vous ne vous étonnerez pas, d’autre part, qu’en vous adressant cette
lettre, Notre esprit et Notre coeur se tournent spécialement vers
les prêtres, Nos fils très chers, pour les exhorter tous instamment
– et ceux surtout qui sont engagés dans le ministère pastoral – à
méditer les admirables exemples de leur frère dans le sacerdoce,
devenu leur céleste patron.
Certes, nombreux sont les documents pontificaux qui, déjà,
rappellent aux prêtres les exigences de leur état et les guident
dans l’exercice de leur ministère. Pour ne mentionner que les plus
importants, nous recommandons à nouveau l’Exhortation Haerent
animo, de saint Pie X (3), qui stimula la ferveur de Nos
premières années sacerdotales ; la magistrale Encyclique Ad
Catholici Sacerdotii fastigium, de Pie XI (4), et, parmi tant de
documents et d’allocutions de Notre Prédécesseur immédiat sur le
prêtre, son Exhortation Menti Nostrae (5), et aussi
l’admirable trilogie en l’honneur du sacerdoce (6), que lui suggéra
la canonisation de saint Pie X.
Ces textes, Vénérables Frères, vous sont connus. Mais vous Nous
permettrez d’évoquer ici, avec émotion, le dernier discours que la
mort empêcha Pie XII de prononcer et qui demeure comme l’ultime et
solennel appel de ce grand Pontife à la sainteté sacerdotale : " Le
caractère sacramentel de l’Ordre, y était-il écrit, scelle de la
part de Dieu un pacte éternel de son amour de prédilection, qui
exige en échange de la créature choisie la sanctification... Avec
humilité et vérité, le clerc doit s’habituer à nourrir, au sujet de
sa personne, une conception bien différente et bien plus haute que
la conception ordinaire du chrétien, même éminent ; il sera un élu
parmi le peuple, un privilégié des charismes divins, un dépositaire
du pouvoir divin, en un mot un " autre Christ "... Il ne
s’appartient plus, il n’appartient plus à ses parents et à ses amis,
pas même à une patrie déterminée : la charité universelle sera sa
respiration. Ses pensées elles-mêmes, sa volonté, ses sentiments, ne
sont pas les siens, mais sont du Christ, qui est sa vie " (7).
Vers ces sommets de la sainteté sacerdotale, saint Jean-Marie
Vianney nous entraîne tous. Et Nous sommes heureux d’y convier les
prêtres d’aujourd’hui; car, si Nous savons les difficultés qu’ils
rencontrent dans leur vie personnelle et dans les charges du
ministère, si Nous n’ignorons pas les tentations et les fatigues de
certains, Notre expérience Nous dit aussi la fidélité courageuse du
plus grand nombre et les montées spirituelles des meilleurs. Aux uns
comme aux autres, le Seigneur adressa, au jour de l’ordination,
cette parole de tendresse : " Je ne vous appelle plus serviteurs, je
vous appelle amis 8 ". Puisse Notre lettre encyclique les aider tous
à persévérer et à grandir dans cette amitié divine qui constitue la
joie et la force de toute vie sacerdotale.
Notre dessein n’est
pas, Vénérables Frères, d’aborder ici tous les aspects de la vie
sacerdotale contemporaine ; et, à l’exemple de saint Pie X, " Nous
ne disons rien que vous n’ayez entendu, rien de neuf pour qui que ce
soit, mais simplement ce qu’il importe à tous de se remémorer (9) ".
En effet, en retraçant les traits de la sainteté du Curé d’Ars, Nous
serons conduit à mettre en relief des aspects de la vie sacerdotale,
qui en tout temps sont essentiels, mais qui prennent de nos jours
une telle importance que Nous tenons pour un devoir de Notre charge
apostolique d’y insister particulièrement à l’occasion de ce
centenaire.
L’Eglise, qui a glorifié ce prêtre " admirable par son zèle pastoral
et son désir ininterrompu de prière et de pénitence (10) ", a
aujourd’hui la joie, un siècle après sa mort, de le présenter aux
prêtres du monde entier comme un modèle d’ascèse sacerdotale, un
modèle de piété et surtout de piété eucharistique, un modèle de zèle
pastoral.
I
Parler de saint Jean-Marie Vianney, c’est évoquer la figure d’un
prêtre exceptionnellement mortifié qui, pour l’amour de Dieu et la
conversion des pécheurs, se privait de nourriture et de sommeil,
s’imposait de rudes disciplines et surtout pratiquait le renoncement
de soi à un degré héroïque. S’il est vrai qu’il n’est pas
communément demandé aux fidèles de suivre cette voie d’exception, la
divine Providence a disposé du moins qu’il ne manquerait jamais, à
travers le monde, des pasteurs d’âmes qui, poussés par
l’Esprit-Saint, n’hésiteraient pas à s’engager sur ces traces, car
de tels hommes opèrent des miracles de conversion ! a tous,
l’exemple admirable de renoncement du Curé d’Ars, " sévère pour
lui-même et doux pour les autres (11) ", rappelle de façon éloquente
et pressante la place primordiale de l’ascèse dans la vie
sacerdotale.
Notre Prédécesseur Pie XII, d’heureuse mémoire, voulant dissiper
certaines équivoques, tint à préciser qu’il est faux d’affirmer "
que l’état clérical – en tant et parce qu’il procède du droit divin
par sa nature ou du moins en vertu d’un postulat de cette même
nature, exige que ses membres professent les conseils évangéliques
(12) ". Et le Pape de conclure avec justesse : " Le clerc n’est donc
pas tenu par droit divin aux conseils évangéliques de pauvreté, de
chasteté et d’obéissance (13). " Mais ce serait se tromper gravement
sur la pensée de ce Pontife, si soucieux de la sainteté des prêtres,
et sur l’enseignement constant de l’Eglise, de croire pour autant
que le prêtre séculier est moins appelé à la perfection que le
religieux.
C’est même le contraire qui est vrai, car l’accomplissement des
fonctions sacerdotales " requiert une plus grande sainteté
intérieure que ne l’exige l’état religieux lui-même (14) ". Et si,
pour atteindre à cette sainteté de vie, la pratique des conseils
évangéliques n’est pas imposée au prêtre en vertu de son état
clérical, elle s’offre néanmoins à lui comme à tous les disciples du
Seigneur, comme la voie royale de la sanctification chrétienne. Du
reste, à Notre grande consolation, combien de prêtres généreux l’ont
aujourd’hui compris qui, tout en demeurant dans les rangs du clergé
séculier, demandent à de pieuses associations approuvées par l’Eglise
de les guider et de les soutenir dans les voies de la perfection !
Convaincus que " la grandeur du sacerdoce est dans l’imitation de
Jésus-Christ (15) ", les prêtres seront donc plus que jamais
attentifs aux appels du divin Maître : " Si quelqu’un veut se mettre
à ma suite, qu’il se renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et
qu’il me suive... " (Mt 16, 24). Le saint Curé d’Ars,
rapporte-t-on, " avait médité souvent cette parole de
Notre-Seigneur, et il tâchait de la mettre en pratique (16) ". Dieu
lui fit la grâce d’y demeurer héroïquement fidèle ; et son exemple
nous guide encore dans les voies de l’ascèse où il brilla d’un grand
éclat par sa pauvreté, sa chasteté et son obéissance.
Avant tout, la pauvreté de l’humble Curé d’Ars, digne émule de saint
François d’Assise, dont il fut dans le Tiers-Ordre un disciple
fidèle (17). Riche pour donner aux autres, mais pauvre pour
lui-même, il vécut dans un total détachement des biens de ce monde,
et son coeur vraiment libre s’ouvrait largement à toutes les misères
matérielles et spirituelles qui affluaient vers lui. " Mon secret
est bien simple, disait-il, c’est de tout donner et de ne rien
garder (18). "
Son désintéressement le rendait attentif aux pauvres, à ceux de sa
paroisse surtout, envers qui il témoignait d’une extrême
délicatesse, les traitant " avec une véritable tendresse, avec
beaucoup d’égards, on peut dire, avec respect (19) ". Il
recommandait de ne jamais manquer d’égards envers les pauvres, parce
que ce manque retombe sur Dieu ; et quand un miséreux frappait à sa
porte, il était heureux, en l’accueillant avec bonté, de pouvoir lui
dire : " Je suis pauvre comme vous, je suis aujourd’hui un des
vôtres (20) ! " À la fin de sa vie, il aimait répéter : " Je suis
très content, je n’ai plus rien, le bon Dieu peut m’appeler quand il
voudra (21). "
Aussi pourrez-vous comprendre, Vénérables Frères, de quel coeur Nous
exhortons Nos chers fils du sacerdoce catholique, à méditer un tel
exemple de pauvreté et de charité. " L’expérience quotidienne
atteste – écrivait Pie XI en pensant au saint Curé d’Ars – qu’un
prêtre qui est évangéliquement pauvre et désintéressé fait des
miracles de bien auprès du peuple chrétien (22). " Et le même
Pontife, considérant l’état de la société contemporaine, adressait
aussi aux prêtres ce grave avertissement : " Au milieu d’un monde
corrompu où tout se vend et tout s’achète, le prêtre doit passer
exempt de tout égoïsme, saintement dédaigneux de toute basse
cupidité et de gain terrestre, se donnant à la recherche des âmes,
non de l’argent, de la gloire de Dieu, non de la sienne (23). "
Ces paroles doivent être inscrites au coeur de tous les prêtres.
S’il en est qui possèdent légitimement quelques biens personnels,
qu’ils ne s’y attachent pas ! Qu’ils se souviennent plutôt de
l’obligation que formule le Code de droit canonique, à propos des
bénéfices ecclésiastiques, de dépenser leur superflu pour les
pauvres ou les bonnes oeuvres (24) ". Et Dieu veuille qu’aucun ne
mérite le reproche du saint Curé à ses ouailles : " Combien ont de
l’argent qu’ils tiennent enfermé, tandis que tant de pauvres meurent
de faim ! (25) "
Mais Nous savons que
beaucoup de prêtres aujourd’hui vivent en fait dans des conditions
de réelle pauvreté. La glorification d’un des leurs, qui
volontairement vécut si dépouillé et se réjouissait à la pensée
d’être le plus pauvre de la paroisse (26), sera pour eux un
providentiel encouragement à se renoncer eux-mêmes dans la pratique
d’une évangélique pauvreté. Et si Notre paternelle sollicitude peut
leur être de quelque réconfort, qu’ils sachent combien Nous Nous
réjouissons vivement de leur désintéressement au service du Christ
et de l’Eglise.
Mais en recommandant cette héroïque pauvreté, Nous n’entendons
nullement, Vénérables Frères, approuver le dénuement auquel sont
parfois réduits les ministres du Seigneur dans les villes ou les
campagnes. Dans son commentaire de l’exhortation du Seigneur au
détachement des biens de ce monde, saint Bède le Vénérable nous met
précisément en garde contre toute interprétation abusive: " Il ne
faut pas croire, écrit-il, qu’il soit prescrit aux saints de ne pas
conserver d’argent pour leur usage personnel ou celui des pauvres,
puisqu’on lit que le Seigneur lui-même... avait une caisse pour
fonder l’Eglise... ; mais, plutôt, qu’on ne serve pas Dieu pour cela
ni qu’on renonce à la justice par crainte du dénuement (27). " Aussi
bien l’ouvrier a droit à son salaire (cf. Lc 10, 7), et,
faisant Nôtres les préoccupations de Notre Prédécesseur immédiat
(28), Nous demandons instamment à tous les fidèles de répondre avec
générosité à l’appel des évêques légitimement soucieux d’assurer à
leurs collaborateurs des ressources convenables.
Saint Jean-Marie Vianney, pauvre dans ses biens, fut également
mortifié en sa chair. " Il n’y a qu’une manière de se donner à Dieu
dans l’exercice du renoncement et du sacrifice, disait-il : c’est de
se donner tout entier (29). " Et toute sa vie, il pratiqua, à un
degré héroïque, l’ascèse de la chasteté.
Son exemple sur ce point apparaît d’une particulière opportunité,
car en bien des régions, hélas ! les prêtres sont tenus de vivre, en
raison même de leur charge, dans un monde où règne une atmosphère
d’excessive liberté et de sensualité. Et le mot de saint Thomas
n’est pour eux que trop vrai : " Il est parfois plus difficile de
vivre vertueusement en ayant charge d’âmes, à cause des dangers
extérieurs (30). " Souvent, au surplus, ils sont moralement seuls,
peu compris, peu soutenus par les fidèles auxquels ils se dévouent.
A tous, aux plus isolés et aux plus exposés surtout, Nous adressons
ici un appel très pressant pour que leur vie entière soit un pur
témoignage rendu à cette vertu que saint Pie X appelait " le plus
bel ornement de notre état sacerdotal (31) ".
Et Nous vous recommandons avec une vive insistance, Vénérables
Frères, de procurer à vos prêtres, dans toute la mesure du possible,
des conditions d’existence et de travail qui soutiennent leur
générosité. Il faut à tout prix combattre les périls de l’isolement,
dénoncer les imprudences, écarter les tentations de l’oisiveté ou
les risques du surmenage. Qu’on se souvienne également à cet égard
des magnifiques enseignements de Notre Prédécesseur dans
l’Encyclique Sacra Virginitas (32).
" La chasteté brillait dans son regard (33) ", a-t-on dit du Curé
d’Ars. En vérité, qui se met à son école est saisi non seulement par
l’héroïsme avec lequel ce prêtre réduisit son corps en servitude
(Cf. Cor. 9, 27), mais aussi par l’accent de conviction avec
lequel il réussissait à entraîner à sa suite la foule de ses
pénitents. C’est qu’il savait, par une longue pratique du
confessionnal, les ravages des péchés de la chair : " S’il n’y avait
pas quelques âmes pures pour dédommager le bon Dieu,
soupirait-il..., vous verriez comme nous serions punis ! " Et,
parlant d’expérience, il joignait à son appel un encouragement
fraternel : " La mortification a un baume et des saveurs dont on ne
peut plus se passer quand on les a une fois connus... Dans cette
voie, il n’y a que le premier pas qui coûte (34). "
Cette ascèse nécessaire de la chasteté, loin de refermer le prêtre
dans un stérile égoïsme, rend son coeur plus ouvert et plus
disponible à tous les besoins de ses frères " Lorsque le coeur est
pur, disait magnifiquement le Curé d’Ars, il ne peut pas se défendre
d’aimer, parce qu’il a retrouvé la source de l’amour qui est Dieu. "
Quel bienfait pour la société humaine d’avoir ainsi au milieu d’elle
des hommes qui, libres des sollicitudes temporelles, se consacrent
entièrement au service de Dieu et donnent à leurs frères leur vie,
leurs pensées et leurs forces Quelle grâce pour l’Eglise que des
prêtres fidèles à cette haute vertu ! Avec Pie XI, Nous la
considérons comme la gloire la plus pure du sacerdoce catholique,
elle qui Nous semble " la meilleure réponse aux désirs du Coeur de
Jésus et à ses desseins sur les âmes sacerdotales (35) ". N’est-ce
pas à ce même dessein de la charité divine que pensait le saint Curé
d’Ars, quand il s’écriait : " Le sacerdoce c’est l’amour du Coeur de
Jésus ! (36) "
Sur l’esprit d’obéissance du Saint, les témoignages sont
innombrables, car on peut affirmer que pour lui l’exacte fidélité à
la promesse faite au jour de l’Ordination d’obéir à ses Supérieurs
fut l’occasion d’un renoncement permanent de quarante années. Toute
sa vie, en effet, il aspira à la solitude d’une sainte retraite, et
les responsabilités pastorales lui furent un trop lourd fardeau,
dont il tenta même plusieurs fois de se libérer. Son obéissance
totale à l’évêque n’en fut que plus admirable. Ecoutons, Vénérables
Frères, les témoins de sa vie : " Depuis l’âge de quinze ans, dit
l’un, ce désir (de la solitude) était dans son coeur pour le
tourmenter et lui enlever le bonheur qu’il aurait pu goûter dans sa
position (37). " Mais " Dieu ne permit pas, atteste un autre, qu’il
pût réaliser son dessein. La divine Providence voulait sans doute
qu’en sacrifiant son goût à l’obéissance, son plaisir au devoir, M.
Vianney eût sans cesse l’occasion de se vaincre lui-même (38) ". "
M. Vianney, conclut un troisième, resta Curé d’Ars avec une aveugle
obéissance, et il y est demeuré jusqu’à sa mort ". (39)
Cette totale adhésion à la volonté de ses supérieurs était – faut-il
le préciser ? – toute surnaturelle en son motif ; elle était un acte
de foi en la parole du Christ disant à ses Apôtres : " Qui vous
écoute m’écoute " (Lc 10, 16). Et, pour y demeurer fidèle, il
s’exerçait à renoncer habituellement à sa volonté propre dans
l’acceptation de son lourd ministère du confessionnal et dans toutes
les tâches quotidiennes où la collaboration entre confrères rend
l’apostolat plus fructueux.
Nous aimons proposer
cette rigoureuse obéissance en exemple aux prêtres, dans la
confiance qu’ils en comprendront toute la grandeur et en acquerront
le goût spirituel. Et si jamais ils étaient tentés de douter de
l’importance de cette vertu capitale, si facilement méconnue
aujourd’hui, qu’ils sachent bien qu’ils ont contre eux les
affirmations claires et nettes de Pie XII, qui atteste que " la
sainteté de la vie personnelle et l’efficacité de l’apostolat ont
pour base et pour soutien... l’obéissance constante et exacte à la
sainte hiérarchie " (40). Au reste, vous vous souvenez, Vénérables
Frères, avec quelle force Nos derniers Prédécesseurs ont dénoncé les
dangers graves de l’esprit d’indépendance dans le clergé, tant pour
l’enseignement de la doctrine que pour les méthodes d’apostolat et
la discipline ecclésiastique.
Nous ne voulons pas insister davantage sur ce point, mais Nous
préférons exhorter Nos fils prêtres à développer en eux-mêmes le
sens filial de leur appartenance à l’Eglise, notre Mère. On disait
du Curé d’Ars qu’il ne vivait que dans l’Eglise, et pour l’Eglise,
comme le brin de paille perdu dans le brasier. Prêtres de
Jésus-Christ, nous sommes plongés dans ce brasier qu’anime le feu de
l’Esprit-Saint ; nous avons tout reçu de l’Eglise ; nous n’agissons
qu’en son nom et par les pouvoirs qu’elle nous a conférés : aimons
la servir dans les liens de l’unité et de la manière dont elle-même
veut être servie. (41)
II
Homme de pénitence, saint Jean-Marie Vianney avait également compris
que " le prêtre avant tout doit être l’homme de la prière " (42).
Chacun connaît les longues nuits d’adoration que, jeune curé d’un
village alors peu chrétien, il passait devant le Saint Sacrement. Le
tabernacle de son église devint vite le foyer de sa vie personnelle
et de son apostolat, au point qu’on ne saurait évoquer plus
justement la paroisse d’Ars au temps du Saint que par ces mots de
Pie XII sur la paroisse chrétienne : " Le centre en est l’église, et
dans l’église le tabernacle, et, à côté, le confessionnal où les
âmes mortes retrouvent la vie et les malades la santé " (43).
Aux prêtres de ce siècle, volontiers sensibles à l’efficacité de
l’action et facilement tentés même par un dangereux activisme,
combien salutaire est ce modèle de prière assidue dans une vie
entièrement livrée aux besoins des âmes ! " Ce qui nous empêche
d’être saints, nous autres prêtres, disait-il, c’est le manque de
réflexion. On ne rentre pas en soi-même ; on ne sait pas ce qu’on
fait. C’est la réflexion, l’oraison, l’union à Dieu qu’il nous faut
". Lui-même demeurait, au témoignage de ses contemporains, dans un
état de continuelle oraison, dont ni le poids harassant des
confessions ni ses autres charges pastorales ne le distrayaient. "
Il conservait une union constante avec Dieu au milieu de sa vie
excessivement occupée ". (44)
Mais écoutons-le lui-même, car il est intarissable quand il parle
des joies et des bienfaits de la prière. " L’homme est un pauvre qui
a besoin de tout demander à Dieu... (45) Que d’âmes nous pouvons
convertir par nos prières ! " (46) Et il répétait : " La prière,
voilà tout le bonheur de l’homme sur la terre ". (47) Ce bonheur, il
l’a longuement goûté lui-même, tandis que son regard éclairé par la
foi contemplait les mystères divins et que, par l’adoration du Verbe
incarné, il élevait son âme simple et pure vers la Trinité Sainte,
objet suprême de son amour. Et les pèlerins qui se pressaient dans
l’église d’Ars comprenaient que l’humble prêtre leur livrait quelque
chose du secret de sa vie intérieure par cette exclamation
fréquente, qui lui était chère : " Etre aimé de Dieu, être uni à
Dieu, vivre en la présence de Dieu, vivre pour Dieu : oh ! belle vie
et belle mort ! (48) "
Nous voudrions, Vénérables Frères, que tous les prêtres de vos
diocèses se laissent convaincre, par le témoignage du saint Curé
d’Ars, de la nécessité d’être des hommes d’oraison et de la
possibilité de l’être, quelle que soit la surcharge parfois extrême
des travaux de leur ministère. Mais il y faut une foi vive, comme
celle qui animait Jean-Marie Vianney et lui faisait accomplir des
merveilles. " Quelle foi ! s’exclamait un de ses confrères. II y
aurait de quoi enrichir tout un diocèse ! " (49)
Cette fidélité à la prière est d’ailleurs pour le prêtre un devoir
de piété personnelle, dont la sagesse de l’Eglise a précisé
plusieurs points importants, comme l’oraison mentale quotidienne, la
visite au Saint Sacrement, le chapelet et l’examen de conscience.
(50) C’est même une stricte obligation contractée envers l’Eglise,
quand il s’agit de la récitation journalière de l’office divin. (51)
Peut-être est-ce pour avoir négligé telles de ces prescriptions que
certains membres du clergé se sont vus peu à peu livrés à
l’instabilité extérieure, à l’appauvrissement intérieur, et exposés
un jour sans défense aux tentations du monde.
Au contraire, " en travaillant incessamment au bien des âmes, M.
Vianney ne négligeait pas la sienne. Il se sanctifiait lui-même pour
être plus apte à sanctifier les autres (52) ". Avec saint Pie X "
... considérons donc comme certain et bien établi que le prêtre,
pour tenir dignement sa place et remplir son devoir, doit se
consacrer avant tout à la prière... Plus que tout autre, il doit
obéir au précepte du Christ : il faut toujours prier ; précepte que
saint Paul recommande avec instance : persévérez dans la prière,
avec vigilance et dans l’action de grâces... Priez sans cesse (53)
". Et, volontiers, Nous reprendrions Nous-même, en terminant ce
point, le mot d’ordre que Notre Prédécesseur immédiat donnait aux
prêtres, dès le début de son pontificat : " Priez, priez toujours
davantage et avec plus de ferveur ". (54)
La prière du Curé d’Ars, qui passa pour ainsi dire les trente
dernières années de sa vie dans son église où le retenaient ses
innombrables pénitents, était surtout une prière eucharistique. Sa
dévotion envers Notre-Seigneur présent dans le Très Saint Sacrement
de l’autel était vraiment extraordinaire. Il est là, disait-il,
Celui qui nous aime tant; pourquoi ne l’aimerions-nous pas?" (55)
Et, certes, il l’aimait et se sentait comme irrésistiblement attiré
vers le tabernacle : " On n’a pas besoin de tant parler pour bien
prier, expliquait-il à ses paroissiens. On sait que le bon Dieu est
là, dans le saint tabernacle ; on lui ouvre son coeur ; on se
complaît en sa sainte présence. C’est la meilleure prière celle-là
". (56) En toutes circonstances, il inculquait aux fidèles le
respect et l’amour de la divine présence eucharistique, les invitant
à s’approcher fréquemment de la Table sainte ; et lui-même donnait
l’exemple de cette profonde piété : " Pour s’en convaincre,
rapportèrent les témoins, il suffisait de le voir dire la messe,
faire la génuflexion en passant devant le tabernacle... " (57)
" L’exemple admirable
du saint Curé d’Ars garde aujourd’hui encore toute sa valeur ",
atteste Pie XII. 58 Rien ne saurait remplacer dans la vie d’un
prêtre la prière silencieuse et prolongée devant l’autel. Tour à
tour, l’adoration de Jésus, notre Dieu, l’action de grâces, la
réparation pour nos propres fautes et celles des hommes, la
supplication pour tant d’intentions qui lui sont confiées, élèvent
ce prêtre à plus d’amour pour le Maître divin à qui il a donné sa
foi et pour les hommes qui attendent son ministère sacerdotal. C’est
par la pratique d’un tel culte, éclairé et fervent envers
l’Eucharistie, qu’un prêtre accroît sa vie spirituelle et que se
forgent les énergies missionnaires des plus valeureux apôtres.
Et faut-il ajouter le bienfait qui en découle pour les fidèles,
témoins de cette piété de leurs prêtres et attirés par leur exemple.
" Si vous voulez que les fidèles prient avec dévotion, disait Pie
XII au clergé de Rome, donnez-leur vous-même d’abord l’exemple, à
l’église, faisant oraison en leur présence. Un prêtre agenouillé
devant le tabernacle dans une pose digne, dans un profond
recueillement, est, pour le peuple un sujet d’édification, un
avertissement, une invitation à l’émulation dans la prière (59) ".
Ce fut par excellence l’arme apostolique du jeune Curé d’Ars ; ne
doutons pas de sa valeur en toutes circonstances.
Nous ne saurions oublier toutefois que la prière eucharistique au
sens plénier du terme est le saint sacrifice de la messe. Il
convient, Vénérables Frères, d’insister spécialement sur ce point
puisqu’il touche à l’un des aspects essentiels de la vie
sacerdotale. Sans doute, Notre intention n’est-elle pas de reprendre
ici l’exposé de la doctrine traditionnelle de l’Eglise sur le prêtre
et le sacrifice eucharistique ; Nos Prédécesseurs, Pie XI et Pie XII
d’heureuse mémoire, dans des documents magistraux, ont rappelé avec
tant de clarté cet enseignement que Nous ne pouvons que vous
exhorter à le faire largement connaître aux prêtres et aux fidèles
qui vous sont confiés. Ainsi seraient dissipées des incertitudes ou
des hardiesses de pensée qui ont pu, ici ou là, se manifester à cet
égard.
Mais il est bon de montrer dans cette Encyclique en quel sens
profond le saint Curé d’Ars, héroïquement fidèle aux devoirs de son
ministère, mérita vraiment d’être proposé en exemple aux pasteurs
d’âmes et proclamé leur céleste patron. S’il est vrai, en effet, que
le prêtre a reçu le caractère de l’Ordre pour le service de l’autel
et a commencé l’exercice de son sacerdoce avec le sacrifice
eucharistique, celui-ci ne cessera d’être, tout au cours de sa vie,
au principe de son action apostolique et de sa sanctification
personnelle. Et tel fut bien le cas de saint Jean-Marie Vianney.
Qu’est-il donc l’apostolat du prêtre, considéré dans son action
essentielle, si ce n’est de réaliser, partout où vit l’Eglise, le
rassemblement autour de l’autel d’un peuple uni dans la foi,
régénéré et purifié ? C’est alors que le prêtre, par les pouvoirs
qu’il a seul reçus, offre le divin sacrifice où Jésus lui-même
renouvelle l’immolation unique accomplie sur le calvaire pour la
rédemption du monde et la glorification de son Père ; c’est là que
les chrétiens réunis offrent au Père céleste la divine Victime par
le moyen du prêtre et qu’ils apprennent à s’immoler eux-mêmes en "
hosties vivantes, saintes, agréables à Dieu " (Rm 12, 1) ;
c’est là que le peuple de Dieu, éclairé par la prédication de la
foi, nourri du corps du Christ, trouve sa vie, sa croissance et,
s’il en est besoin, renforce son unité ; c’est là en un mot que, de
générations en générations, dans toutes les contrées du monde, se
construit dans la charité le Corps mystique du Christ, qui est l’Eglise.
A cet égard, le saint Curé d’Ars fut chaque jour davantage
exclusivement engagé dans l’enseignement de la foi et dans la
purification des consciences, et, donc, tous les actes de son
ministère convergeaient vers l’autel, et une telle existence doit
justement être dite éminemment sacerdotale et pastorale. Sans doute,
à Ars, les pécheurs affluaient-ils d’eux-mêmes à l’église, attirés
par le renom de sainteté du pasteur, alors que tant de prêtres
doivent consacrer de longs et laborieux efforts à rassembler leur
peuple ; sans doute d’autres, à la tâche plus missionnaire, en
sont-ils encore à la première annonce de la bonne Nouvelle du
Sauveur : mais ces travaux apostoliques si nécessaires et parfois si
difficiles ne peuvent faire oublier aux apôtres la fin qu’ils
doivent poursuivre et qu’atteignait le Curé d’Ars quand, dans son
humble église de campagne, il se consacrait aux tâches essentielles
de l’action pastorale.
Il y a plus. C’est toute la sanctification personnelle du prêtre qui
doit se modeler sur le sacrifice qu’il célèbre, selon l’invitation
du Pontifical romain. " Considérez l’action que vous accomplissez ;
imitez le sacrifice que vous offrez ". Mais laissons ici la parole à
Notre Prédécesseur immédiat, dans son Exhortation apostolique
Menti nostrae : " De même que toute la vie du Sauveur fut
ordonnée au sacrifice de lui-même, ainsi toute la vie du prêtre, qui
doit reproduire en soi l’image du Christ, doit être avec Lui, par
Lui et en Lui, un sacrifice agréable... Le prêtre ne se contentera
pas de célébrer le sacrifice eucharistique, mais il devra le vivre
d’une manière très profonde. Ainsi y puisera-t-il la force
surnaturelle qui le transformera complètement et le fera participer
à la vie expiatrice du Rédempteur lui-même (60) ". Et le même
Pontife de conclure : " C’est donc une obligation pour le prêtre de
reproduire dans son âme ce qui se produit sur l’autel, et puisque le
Christ Jésus s’y immole lui-même, son ministre s’y immolera avec lui
; puisque Jésus expie les péchés des hommes, le prêtre parviendra à
sa propre purification et à celle des autres en suivant la voie
ardue de l’ascèse chrétienne ". (61)
C’est cette haute doctrine que l’Eglise a en vue quand elle invite
ses ministres à une vie d’ascèse et leur recommande de célébrer avec
une profonde piété le sacrifice eucharistique. N’est-ce pas faute
d’avoir assez bien compris le lien étroit, et comme réciproque, qui
unit le don quotidien de soi-même à l’offrande de la messe, que des
prêtres en sont venus peu à peu à perdre la ferveur première de leur
ordination ? Telle était l’expérience acquise par le Curé d’Ars : "
La cause, disait-il, du relâchement du prêtre, c’est qu’on ne fait
pas attention à la messe ". Et le Saint, qui avait lui-même
l’héroïque " habitude de s’offrir en sacrifice pour les pécheurs "
(62), versait d’abondantes larmes " en pensant au malheur des
prêtres qui ne correspondent pas à la sainteté de leur vocation ".
(63)
D’un coeur paternel, Nous demandons à Nos chers prêtres de
s’examiner régulièrement sur la façon dont ils célèbrent les saints
mystères, et surtout sur les dispositions spirituelles avec
lesquelles ils montent à l’autel et sur les fruits qu’ils
s’appliquent à en retirer. Le centenaire de ce prêtre admirable, qui
puisait dans " la consolation et le bonheur de célébrer la sainte
messe " (64) le courage de son propre sacrifice, les y invite : son
intercession leur vaudra, Nous en avons la ferme confiance,
d’abondantes grâces de lumière et de force.
III
Cette vie d’ascèse et
de prière, dont Nous venons, Vénérables Frères, de vous dire la
ferveur, livre au surplus le secret du zèle pastoral de saint
Jean-Marie Vianney et de l’étonnante efficacité surnaturelle de son
ministère. " Que le prêtre cependant se souvienne, écrivait Notre
Prédécesseur d’heureuse mémoire Pie XII, que son ministère, si
important, sera d’autant plus fécond qu’il sera lui-même plus
étroitement uni au Christ et qu’il sera guidé dans l’action par
l’esprit du Christ (65) ". La vie du Curé d’Ars vérifie une fois de
plus cette grande loi de tout apostolat, fondée sur la parole même
de Jésus : " Sans moi, vous ne pouvez rien faire " (Jn 15,
5).
Sans doute ne s’agit-il pas ici de rappeler l’admirable histoire de
cet humble Curé de campagne, dont le confessionnal fut, trente
années durant, assiégé par des foules si nombreuses que certains
esprits forts de l’époque osèrent lui reprocher de " troubler le
XIXe siècle " (66), ni de traiter avec opportunité de ses méthodes
d’apostolat qui ne sont pas immédiatement applicables à l’apostolat
contemporain. Et il Nous suffit de rappeler, sur ce point, que le
saint Curé fut en son temps un modèle de zèle pastoral dans ce
village de France où la foi et les moeurs se ressentaient encore des
ébranlements de la Révolution.
" Il n’y a pas beaucoup d’amour de Dieu dans cette paroisse, vous y
en mettrez ", lui avait-on dit en l’y envoyant. (67) Apôtre
infatigable, plein d’initiatives pour gagner la jeunesse et
sanctifier les foyers, attentif aux soucis humains de ses ouailles,
proche de leur vie, se dépensant sans compter pour l’établissement
des écoles chrétiennes et en faveur des missions paroissiales, il
fut en vérité pour son petit troupeau le bon pasteur, qui connaît
ses brebis, les garde du danger et les conduit avec autorité et
sagesse. Ne se louait-il pas à son insu par cette apostrophe d’un de
ses sermons : " Un bon pasteur, un pasteur selon le coeur de Dieu :
c’est là le plus grand trésor que le bon Dieu puisse accorder à une
paroisse ! " (68)
L’exemple du Curé d’Ars garde en vérité une valeur permanente et
universelle sur trois points essentiels, qu’il Nous plaît,
Vénérables Frères, de proposer ici à votre attention.
Ce qui frappe tout d’abord, c’est le sens aigu qu’il avait de ses
responsabilités pastorales. Son humilité et la connaissance
surnaturelle qu’il avait du prix des âmes lui firent porter avec
crainte sa charge de curé. " Mon ami, confiait-il à un confrère,
vous ne savez pas ce que c’est que de passer d’une cure au tribunal
de Dieu ! " (69) Et l’on sait le désir qui le tourmenta longtemps de
fuir en quelque lieu de retraite pour y " pleurer sa pauvre vie ",
et comment l’obéissance et le zèle des âmes le ramenèrent chaque
fois à son poste.
Mais si, à certaines heures, il fut ainsi accablé par sa charge
devenue exceptionnellement écrasante, c’est que précisément il avait
de son devoir et de ses responsabilités de pasteur une conception
héroïque. " Mon Dieu, priait-il en ses premières années,
accordez-moi la conversion de ma paroisse ; je consens à souffrir ce
que vous voudrez tout le temps de ma vie ! " (70) Il obtint du ciel
cette conversion. Mais il avouait plus tard : " Quand je suis venu à
Ars, si j’avais prévu les souffrances qui m’y attendaient, je serais
mort d’appréhension sur le coup (71) ". A l'exemple des apôtres de
tous les temps, il voyait dans la croix le grand moyen surnaturel de
coopérer au salut des âmes qui lui étaient confiées. Pour elles, il
souffrit sans se plaindre les calomnies, les incompréhensions, les
contradictions ; pour elles, il accepta le véritable martyre
physique et moral d’une présence presque ininterrompue au
confessionnal chaque jour durant trente années ; pour elles, il
lutta en athlète du Seigneur contre les puissances infernales ; pour
elles, il mortifia son corps. Et l’on connaît sa réponse à ce
confrère qui se plaignait du peu d’efficacité de son ministère : "
Vous avez prié, vous avez pleuré, vous avez gémi, vous avez soupiré.
Mais avez-vous jeûné, avez-vous veillé, avez-vous couché sur la
dure, vous êtes-vous donné la discipline ? Tant que vous n’en serez
pas là, ne croyez pas avoir tout fait ". (72)
Nous Nous tournons vers tous les prêtres qui ont charge d’âmes et
Nous les conjurons d’entendre ces véhémentes paroles ! Que chacun,
selon la prudence surnaturelle qui doit toujours régler nos actions,
apprécie sa propre conduite vis-à-vis du peuple confié à sa
sollicitude pastorale. Sans jamais douter de la miséricorde divine
qui vient en aide à notre faiblesse, qu’il considère à la lumière
des exemples de saint Jean-Marie Vianney sa propre responsabilité. "
Ce qui est un grand malheur pour nous autres curés, déplorait le
Saint, c’est que l’âme s’engourdit " ; et il entendait par là une
dangereuse accoutumance du pasteur à l’état de péché dans lequel
vivent tant de ses ouailles. Ou encore, pour mieux se mettre à
l’école du Curé d’Ars, qui " était convaincu que pour faire du bien
aux hommes, il fallait les aimer ", (73) que chacun s’interroge sur
la charité qui l’anime à l’égard de ceux dont il a devant Dieu la
charge et pour qui le Christ est mort !
Certes, la liberté des hommes ou certains événements indépendants de
leur volonté peuvent parfois s’opposer aux efforts des plus grands
saints. Mais le prêtre n’en garde pas moins le devoir de se rappeler
que, selon les insondables desseins de la divine Providence, le sort
de beaucoup d’âmes est lié à son zèle pastoral et à l’exemple de sa
vie. Cette pensée n’est-elle pas de nature à provoquer chez les
tièdes une salutaire inquiétude et à stimuler les plus fervents ?
" Toujours prêt à répondre aux besoins des âmes (74) ", saint
Jean-Marie Vianney excella en vrai pasteur à leur procurer en
abondance l’aliment primordial de la vérité religieuse. Il fut toute
sa vie prédicateur et catéchiste. On sait le travail acharné et
persévérant qu’il s’imposa pour bien remplir ce devoir de sa charge,
le premier et le plus grand des devoirs, selon le Concile de Trente.
Ses études, faites tardivement, furent laborieuses, et ses sermons
lui coûtèrent au début bien des veilles. Mais quel exemple pour les
ministres de la Parole de Dieu ! Certains s’autorisent volontiers de
son peu d’instruction pour excuser leur manque de zèle dans les
études. Mieux vaudrait imiter son courage à se rendre digne d’un si
grand ministère, selon la mesure des dons qui lui avaient été
départis ; ceux-ci d’ailleurs n’étaient pas si modestes qu’on se
plaît parfois à dire, car " il y avait dans son intelligence
beaucoup de distinction et de clarté ". (75)
En tout cas, chaque
prêtre a le devoir d’acquérir et d’entretenir les connaissances
générales et la culture théologique proportionnées à ses aptitudes
et à ses fonctions. Et plaise à Dieu que les pasteurs d’âmes fassent
toujours autant que fit le Curé d’Ars pour développer les capacités
de son intelligence et de sa mémoire, et pour puiser surtout aux
lumières du plus savant livre
qu’on puisse lire, la croix du Christ ! Son évêque disait de lui à
certains de ses détracteurs : " Je ne sais pas s’il est instruit,
mais il est éclairé ". (76)
C’est avec grande raison que Notre Prédécesseur d’heureuse mémoire,
Pie XII, ne craignit pas de donner en modèle aux prédicateurs de la
Ville Eternelle l’humble prêtre de campagne. " Le saint Curé d’Ars
n’avait certes pas le génie naturel d’un P. Segneri ou d’un Bossuet
; mais la conviction vive, claire, profonde, dont il était animé,
vibrait dans sa parole, brillait dans ses yeux, suggérait à son
imagination et à sa sensibilité des idées, des images, des
comparaisons justes, appropriées, délicieuses qui auraient ravi un
saint François de Sales. De tels prédicateurs conquièrent vraiment
leur auditoire. Celui qui est rempli du Christ ne trouvera pas
difficile de gagner les autres au Christ (77) ". Ces paroles
décrivent à merveille le Curé d’Ars, catéchiste et prédicateur. Et
quand, à la fin de sa vie, sa voix affaiblie ne parvenait plus à se
faire entendre de tout l’auditoire, c’est encore par son regard de
feu, par ses larmes, par ses cris d’amour de Dieu ou son expression
de douleur à la seule pensée du péché, qu’il convertissait les
fidèles accourus au pied de sa chaire. Comment, en effet, n’être pas
saisi par le témoignage d’une vie aussi totalement livrée à l’amour
du Christ ?
Jusqu’à sa mort, saint Jean-Marie Vianney fut ainsi fidèle à
instruire son peuple et les pèlerins qui emplissaient son église, à
dénoncer " à temps et à contretemps " (2 Tim 4, 2) le mal
sous toutes ses formes, à soulever surtout les âmes vers Dieu, car "
il préférait montrer le côté attrayant de la vertu plus que la
laideur du vice " (78). Cet humble prêtre avait en effet compris à
un rare degré la dignité et la grandeur du ministère de la Parole de
Dieu : " Notre-Seigneur qui est la Vérité même, disait-il, ne fait
pas moins de cas de sa Parole que de son Corps ".
On comprend donc la joie de Nos Prédécesseurs d’offrir ce pasteur
d’âmes en modèle aux prêtres, car il est d’une souveraine importance
que le clergé soit partout et en tout temps fidèle à son devoir
d’enseigner. " Il importe, disait à ce propos saint Pie X, de mettre
en relief et avec insistance ce point essentiel : un prêtre quel
qu’il soit n’a pas de tâche plus importante et il n’est tenu par
aucune obligation plus stricte (79) ". Cette objurgation,
constamment renouvelée par tous et dont le Code de droit canonique
se fait l’écho (80), Nous vous l’adressons à Notre tour, Vénérables
Frères, en cette année centenaire du saint catéchiste et prédicateur
d’Ars.
Nous encourageons les recherches faites avec prudence et sous votre
contrôle en divers pays pour améliorer les conditions de
l’enseignement religieux des jeunes et des adultes, sous ses
différentes formes et compte tenu des différents milieux. Mais, pour
utiles que soient de tels travaux, Dieu nous rappelle en ce
centenaire du Curé d’Ars l’irrécusable puissance apostolique d’un
prêtre qui, par sa propre vie autant que par ses paroles, rend
témoignage au Christ crucifié " non par les discours persuasifs de
la sagesse, mais par une démonstration d’Esprit et de puissance " (1
Co 2, 4).
Il nous reste enfin à évoquer dans la vie de saint Jean-Marie
Vianney cette forme du ministère pastoral qui lui fut ici-bas comme
un long martyre et demeure à jamais attachée à sa gloire :
l’administration du sacrement de pénitence, qui en reçut un
singulier éclat et produisit les fruits les plus abondants et
salutaires. " Il passait en moyenne quinze heures au confessionnal
chaque jour. Ce labeur quotidien commençait à 1 h. ou 2 h. du matin
et ne finissait qu’à la nuit (81) ". Et quand il tomba d’épuisement,
cinq jours avant sa mort, les derniers pénitents se pressèrent au
chevet du moribond. Vers la fin de sa vie, estime-t-on, le nombre
annuel des
pèlerins avait atteint le chiffre de quatre-vingt mille. (82)
On a peine à imaginer les gênes, les incommodités, les souffrances
physiques de ces interminables séances au confessionnal, pour
un homme déjà épuisé par les jeûnes, les macérations, les
infirmités, le manque de repos et de sommeil. Mais surtout, il en
fut moralement comme écrasé de douleur. Ecoutez sa plainte : " On
offense tant le bon Dieu, qu’on serait tenté de demander la fin du
monde ! ... Il faut venir à Ars pour savoir ce qu’est le péché... On
ne sait qu’y faire : on ne peut que pleurer et prier ". Le Saint
oubliait d’ajouter qu’il prenait aussi sur lui une part de
l’expiation : " Pour moi, confiait-il à qui lui demandait conseil,
je leur donne une petite pénitence et je fais le reste à leur place
". (83)
En vérité, le Curé d’Ars ne vivait que pour les " pauvres pécheurs
", comme il disait, dans l’espérance de les voir " se convertir et
pleurer ". Leur conversion était " le but vers lequel convergeaient
toutes ses pensées et l’oeuvre pour laquelle il dépensait tout son
temps et toutes ses forces " (84). C’est qu’en effet il sait, par
l’expérience du confessionnal, toute la malice du péché et ses
effroyables ravages dans le monde des âmes ; il en a parlé en termes
terribles : " Si nous avions la foi et que nous vissions une âme en
état de péché mortel, nous mourrions de frayeur ! " (85)
Mais l’acuité de sa peine et la véhémence de sa parole proviennent
moins de la crainte des peines éternelles qui menacent le pécheur
endurci que de l’émotion ressentie à la pensée de l’amour divin
méconnu et offensé. Devant l’obstination du pécheur et son
ingratitude envers un Dieu si bon, les larmes jaillissaient de ses
yeux : " Oh ! mon ami, disait-il, je pleure de ce que vous ne
pleurez pas ! (86) " Mais, au contraire, avec quelle délicatesse et
quelle ferveur ne fait-il pas renaître l’espérance dans les coeurs
repentants. Inlassablement, il se fait auprès d’eux le ministre de
la miséricorde divine, qui est, disait-il, puissante " comme un
torrent débordé qui entraîne les coeurs sur son passage " (87) et
plus empressée que la sollicitude d’une mère, car Dieu est " plus
prompt à pardonner qu’une mère ne le serait à tirer son enfant du
feu " (88).
A l’exemple du saint Curé d’Ars, les pasteurs d’âmes auront à coeur
de se consacrer, avec compétence et dévouement, à ce ministère si
grave, car c’est là que finalement la miséricorde divine triomphe de
la malice des hommes et que le pécheur est réconcilié avec son
Dieu.
Qu’on se souvienne également que Notre Prédécesseur Pie XII a
condamné " en termes sévères " l’opinion erronée d’après laquelle il
ne faudrait pas faire tant de cas de la confession fréquente des
fautes vénielles : " Pour avancer avec une ardeur croissante dans le
chemin de la vertu, Nous tenons à recommander vivement ce pieux
usage de la confession fréquente, introduit par l’Eglise sous
l’impulsion de l’Esprit-Saint ". (89) Enfin, Nous voulons avoir
confiance que les ministres du Seigneur seront eux-mêmes les
premiers fidèles, selon les prescriptions canoniques, (90) à la
pratique régulière et fervente du sacrement de pénitence, si
nécessaire à leur sanctification, et qu’ils tiendront le plus grand
compte des pressantes objurgations que, plusieurs fois et le coeur
serré, Pie XII tint à leur adresser à cet égard. (91)
Au terme de cette lettre, Vénérables Frères, Nous désirons vous dire
Notre très douce espérance que, par la grâce de Dieu, ce centenaire
de la mort du saint Curé d’Ars réveillera en tous les prêtres le
désir d’accomplir plus généreusement leur ministère, et surtout ce "
premier devoir qui est de travailler à leur propre sanctification
(92) ".
Quand, de ce faîte du suprême Pontificat où la Providence a voulu
Nous placer, Nous considérons l’immense attente des âmes, les graves
problèmes de l’évangélisation en tant de pays et les besoins
religieux des populations chrétiennes, toujours et partout se
présente devant Nos yeux l’image du prêtre. Sans lui, sans son
action quotidienne, que deviendraient les initiatives les plus
appropriées aux nécessités de l’heure ? Que feraient même les
apôtres laïques les plus généreux ? C’est à ces prêtres tant aimés
et sur qui se fondent tant d’espoirs de progrès dans l’Eglise, que
Nous osons demander, au nom du Christ Jésus, l’entière fidélité aux
exigences spirituelles de leur vocation sacerdotale. Ces sages
paroles de saint Pie X rehaussent Notre appel : " Pour faire régner
Jésus-Christ dans le monde, rien n’est plus nécessaire qu’un clergé
saint, qui soit, par l’exemple, la parole et la science, le guide
des fidèles (92) ". Saint Jean-Marie Vianney disait semblablement à
son évêque : " Si vous voulez convertir votre diocèse, il faut faire
des saints de tous vos curés ".
A vous, Vénérables Frères, qui portez la responsabilité de la
sanctification de vos prêtres, Nous vous recommandons de les aider
dans les difficultés, parfois graves, de leur vie personnelle ou de
leur ministère. Que ne peut faire un évêque qui aime ses prêtres et
a gagné leur confiance, qui les connaît, les suit de près et les
guide avec une autorité ferme et toujours paternelle ! Pasteur de
tout le diocèse, soyez-le en premier lieu et avec une sollicitude
toute particulière pour ces hommes qui collaborent si étroitement
avec vous et auxquels vous unissent des liens si sacrés.
C’est aussi à tous les fidèles que Nous demandons, en cette année
centenaire, de prier pour les prêtres et de contribuer, pour leur
part, à leur sanctification. Aujourd’hui, les chrétiens fervents
attendent beaucoup du prêtre. Ils veulent voir en lui, dans un monde
où triomphent souvent la puissance de l’argent, la séduction des
sens, le prestige de la technique, un témoin du Dieu invisible, un
homme de foi, oublieux de lui-même et plein de charité. Qu’ils
sachent bien, ces chrétiens, qu’ils peuvent beaucoup pour la
fidélité de leurs prêtres à un tel idéal, par un respect religieux
de leur caractère sacerdotal, une plus exacte compréhension de leur
tâche pastorale et de ses difficultés, une plus active collaboration
à leur apostolat.
Enfin, c’est vers la jeunesse chrétienne que Nous tournons un regard
chargé d’affection et rempli d’espoir. " La moisson est grande, mais
les ouvriers sont peu nombreux " (Mt 9, 37). En tant de
régions, les apôtres, usés par le labeur, attendent avec un vif
désir ceux qui assureront la relève ! Des peuples entiers souffrent
d’une faim spirituelle plus grave encore que celle du corps ; qui
leur portera la nourriture céleste de vérité et de vie ? Nous avons
la ferme confiance que la jeunesse de ce siècle ne sera pas moins
généreuse à répondre à l’appel du Maître que celle des temps
passés.
Certes, la condition du prêtre est souvent difficile. Il n’est pas
étonnant qu’il soit le premier en butte à la persécution des ennemis
de l’Eglise, car, disait le Curé d’Ars, " quand on veut détruire la
religion, on commence par attaquer le prêtre ". Mais, malgré ces
grandes difficultés, que nul ne doute du bonheur profond qui est le
partage du prêtre fervent appelé par le Sauveur Jésus à collaborer à
la plus sainte des oeuvres, celle de la rédemption des âmes et de la
croissance du Corps mystique. Familles chrétiennes, pesez vos
responsabilités et donnez vos fils avec joie et gratitude pour le
service de l’Eglise.
Nous ne voulons pas développer ici cet appel, qui est aussi le
vôtre, Vénérables Frères. Mais vous comprendrez, Nous en sommes sûr,
et partagerez l’anxiété de Notre coeur et toute la puissance de
conviction que Nous voudrions mettre en ces quelques paroles. C’est
à saint Jean-Marie Vianney que Nous confions cette cause si grave et
dont dépend l’avenir de tant de milliers d’âmes !
Vers la Vierge immaculée Nous tournons maintenant Nos regards. Peu
avant que le Curé d’Ars n’achevât sa longue carrière pleine de
mérites, elle était apparue dans une autre région de France à une
enfant humble et pure pour lui communiquer un message de prière et
de pénitence, dont on sait l’immense retentissement spirituel depuis
un siècle.
En vérité, l’existence du saint prêtre dont Nous célébrons la
mémoire, était à l’avance une vivante illustration des grandes
vérités surnaturelles enseignées à la voyante de Massabielle ! Il
avait lui-même pour l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge
une très vive dévotion, lui qui, en 1836, avait consacré sa paroisse
à Marie conçue sans péché et devait accueillir avec tant de foi et
de joie la définition dogmatique de 1854. (94)
Aussi, Nous plaisons-Nous à unir dans Notre pensée et Notre
gratitude envers Dieu ces deux centenaires, de Lourdes et d’Ars, qui
se succèdent providentiellement et honorent grandement la nation si
chère à Notre coeur, à qui appartiennent ces lieux si saints. Fidèle
à tant de bienfaits obtenus et dans l’espérance de grâces nouvelles,
Nous ferons Nôtre l’invocation mariale qui était familière au saint
Curé d’Ars : " Bénie soit la Très Sainte et Immaculée Conception de
la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu ! Que toutes les nations
glorifient, que toute la terre invoque et bénisse votre Coeur
immaculé ! " (95)
Avec la vive espérance que ce centenaire de la mort de saint
Jean-Marie Vianney pourra susciter, dans le monde entier, un
renouveau de ferveur chez les prêtres et chez les jeunes appelés au
sacerdoce, et aussi qu’il pourra susciter de la part de tous les
fidèles une attention plus grande et plus agissante aux problèmes de
la vie et du ministère des prêtres, Nous accordons de grand coeur à
tous, et en premier lieu à vous, Vénérables Frères, en gage des
grâces célestes et de Notre bienveillance, la Bénédiction
apostolique.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 31 juillet de l’année 1959,
la première de Notre Pontificat.
NOTES
(1) Pie XI, Homélie
Praeclaram Nobis à l’occasion de la canonisation de saint Jean-Marie
Vianney et de saint Jean Eudes, du 31 mai 1925. AAS XVII (1925) 224.
(2) Pie XI, Lettre
apostolique Anno Jubilari du 23 avril 1929. AAS XXI (1929)
313.
(3) Pie X, Exhortation
au clergé catholique, à l’occasion du 50e anniversaire de son
sacerdoce, du 4 août 1908. AAS XLI (1908) 555-577.
(4) Pie XI, Lettre
encyclique sur le sacerdoce, du 20 décembre 1935. AAS XXVIII (1936)
5-53.
(5) Pie XII,
Exhortation apostolique sur la sainteté de la vie sacerdotale du 23
septembre 1950. AAS XLII (1950) 657-702.
(6) Pie XII, Allocution
à l’épiscopat après la canonisation de saint Pie X, du 31 mai 1954.
AAS XLVI (1954) 313-317 et 666-677.
(7) Pie XII, Discours
Sull’esempio pour le 50e anniversaire du Séminaire régional des
Pouilles, préparé pour le 19 octobre 1958. AAS L (1958) 961-971.
(8) Pontifical romain,
Ordination sacerdotale. Cf. S. Jean 15, 15.
(9) Pie X,
Exhortation Haerent animo au clergé catholique, du 4 août 1908.
(10) Missel Romain,
Oraison de la Messe de saint Jean-Marie Vianney (9 août).
(11) Cf. Archives
secrètes du Vatican, Congrégation des Rites, Actes du Procès, t.
227, p. 196.
(12) Pie XII,
Allocution Annus sacer aux membres du premier Congrès
international des religieux, à Rome, du 8 décembre 1950. AAS XLIII
(1951) 29.
(13) Ibidem.
(14) S. Thomas, Somme
théol., II-II, q. 184, art. 8.
(15) Pie XII,
Allocution à l’occasion du centenaire du Séminaire pontifical
français de Rome, du 16 avril 1953. AAS XLV (1953) 288.
(16) Cf. Arch. secr.
Vat., t. 227, p. 42.
(17) Ibid. t. 227, p.
137.
(18) Ibid. t. 227, p.
92.
(19) Ibid. t. 3897, p.
510.
(20) Ibid. t. 227, p.
334.
(21) Ibid. t. 227, p.
305.
(22) Pie XI, Lettre
encyclique Divini Redemptoris sur le communisme athée du 19
mars 1937. AAS XXIX (1937) 99.
(23) Pie XI, Lettre
encyclique Ad catholici sacerdotii. AAS XXVIII (1936) 28.
(24) Code de Droit
Canon, c. 1473.
(25) Cf. Sermons du
Bienheureux Jean-Baptiste-Marie Vianney, t. 1 (1909) p. 364.
(26) Cf. Arch. secr.
Vat., t. 227, p. 91.
(27) Bède le Vénérable,
In Lucae Evang. Expositio, IV, in c. 12. PL 92, 494-495.
(28) Cf. Pie XII,
Exhortation apostolique Menti nostrae. AAS XLII (1950)
697-699.
(29) Cf. Arch. secr.
Vat., t. 227, p. 91.
(30) S. Thomas, Somme
théol., II-II, q. 184, art. 8.
(31) Pie X, Exhortation
Haerent animo. Cf. supra n. 97.
(32) Cf. Pie XII,
Lettre encyclique Sacra Virginitas sur la virginité consacrée
à Dieu, du 25 mars 1954. AAS XLVI (1954) 161-191.
(33) Cf. Arch. secr.
Vat., t. 3897, p. 536.
(34) Cf. Arch. secr.
Vat., t. 3897, p. 304.
(35) Pie XI, Lettre
encyclique Ad catholici sacerdotii. AAS XXVIII (1936) 28.
(36) Cf. Arch. secr.
Var., t. 227, p. 29.
(37) Ibid. t. 227, p.
74.
(38) Ibid. t. 227, p.
39.
(39) Ibid. t. 3895, p.
153.
(40) Pie XII,
Exhortation In auspicando au clergé indigène. AAS XL (1948)
375.
(41) Cf. Arch. secr.
Vat., t. 227, p. 136.
(42) Ibid. t. 227, p.
33.
(43) Cf. Pie XII,
Discours du 11 janvier 1953 : Discorsi e Radiomessaggi di SS. Pio
XII, t. 14, p. 452.
(44) Cf. Arch. secr.
Vat. t. 227, p. 131.
(45) Ibid. t. 227, p.
1100.
(46) Ibid. t. 227, p.
54.
(47) Ibid. t. 227, p.
45.
(48) Ibid. t. 227, p.
29.
(49) Cf. Arch. secr.
Vat., t. 227, p. 976.
(50) Code de Droit
Canon, c. 125.
(51) Code de Droit
Canon, c. 135.
(52) Cf. Arch. secr.
Vat., t. 227, p. 36.
(53) Pie X, Exhortation
Haerent animo.
(54) Pie XII,
Allocution Sollemnis conventus du 24 juin 1939. AAS XXXI
(1939) 249.
(55) Cf. Arch. secr.
Vat., t. 227, p. 1103.
(56) Ibid. t. 227, p.
45.
(57) Ibid. t. 227, p.
459.
(58) Pie XII, Message
autographe Nous sommes présent adressé au 160 Congrès eucharistique
de Rennes, France, du 25 juin 1956. AAS XLVIII (1956) 579.
(59) Pie XII,
Allocution La paterna parola nostra aux curés de Rome et aux
prédicateurs de Carême, du 13 mars 1943. AAS XXXV (1943) 114-115.
(60) Pie XII,
Exhortation apostolique Menti nostrae. AAS XLII (1950)
666-667.
(61) Ibid. p. 667-668.
(62) Cf. Arch. secr.
Vat., t. 227, p. 319.
(63) Ibid. t. 227, p.
47.
(64) Cf. Arch. secr.
Vat., t. 227, p. 667-668.
(65) Pie XII,
Exhortation apostolique Menti nostrae. AAS XLII (1950) 676.
(66) Cf. Arch. secr.
Vat., t. 227, p. 629.
(67) Ibid. t. 227, p.
15.
(68) Cf. Sermons du
Bienheureux Jean-Baptiste-Marie Vianney, t. II (1909), p. 86.
(69) Cf. Arch. secr.
Vat., t. 227, p. 1210.
(70) Ibid. t. 227, p.
53.
(71) Ibid. t. 227, p.
991.
(72) Cf. Arch. secr.
Vat., t. 227, p. 53.
(73) Ibid. t. 227, p.
1002.
(74) Cf. Arch. secr.
Vat., t. 227, p. 580.
(75) Ibid. t. 3897, p.
444.
(76) Ibid. t. 3897, p.
272.
(77) Pie XII,
Allocution Ci torna sempre aux curés et aux Prédicateurs de
Carême de Rome, du 16 mars 1946. AAS XXXVIII (1946) 186.
(78) Arch. secr. Vat.,
t. 227, p. 185.
(79) Pie X, Lettre
encyclique Acerbo nimis, Acta Pii X, t. 11, p. 75.
(80) Code de Droit
Canon, cc. 1330-1332.
(81) Arch. secr. Vat.,
t. 227, p. 18.
(82) Ibid.
(83) Ibid. t. 227, p.
1018.
(84) Arch. secr. Vat.,
t. 227, p. 18.
(85) Ibid. t. 227, p.
290.
(86) Ibid. t. 227, p.
999.
(87) Ibid. t. 227, p.
978.
(88) Ibid. t. 3900, p.
1554.
(89) Pie XII, Lettre
encyclique Mystici Corporis du 29 juin 1943. AAS XXXV (1943)
235.
(90) Code de Droit
Canon, c. 125.
(91) Cf. Pie XII,
Lettre encyclique Mystici Corporis. AAS XXXV (1943) 235 ;
Encyclique Mediator Dei du 20 novembre 1947. AAS XXXIX (1947)
585 ; Exhortation apostolique Menti nostrae. AAS XLII (1950)
674.
(92) Pie XII,
Exhortation apostolique Menti nostrae. AAS XLII (1950) 677.
(93) Pie X, Lettre au
Cardinal Respighi La ristorazione. Acta Pii X, t. 1, p. 257.
(94) Arch. secr. Vat.,
t. 227, p. 90.
(95) Arch. secr. Vat.,
t. 227, p. 1021.
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