Élisabeth de la Trinité

(18 juillet 1880-9 novembre 1906)

 Sa vie

 Introduction
et avertissement

Quand on étudie la vie des saints de la fin du XIXème siècle, on est souvent étonné par leurs désirs de souffrir beaucoup... Ils veulent souffrir pour ressembler à Jésus en Croix, afin de sauver beaucoup d'âmes, et de consoler le Seigneur. Cette mentalité peut nous sembler étrange, mais il faut se souvenir que la France avait été profondément marquée par les suites de la Révolution, les persécutions contre l'Église[1], toujours actuelles, et un héritage encore vivace du romantisme et du jansénisme. Comme par ailleurs la médecine de cette époque était bien balbutiante et incapable de soulager les trop grandes douleurs, mieux valait s'en accommoder, en les offrant au Seigneur pour réparer, voire expier, les offenses faites à Dieu.

Lorsqu'on a bien compris cela, on ne s'étonne plus de l'accent mis, par de nombreux saints et mystiques de cette période de l'histoire, sur ce que l'on appelait "la justice de Dieu" ou "sa colère vengeresse", et par conséquent, le devoir de s'offrir à Dieu, de réparer, pour soi et pour les autres. Il ne s'agit pas ici de masochisme, mais d'un véritable désir de travailler avec Jésus, pour Lui et pour le salut des âmes.

Il faut ajouter que le vocabulaire évoluant constamment, certaines expressions du XIXème siècle ont changé de sens, et elles ne correspondent plus totalement à notre langage du XXIème siècle. De plus, il ne faut pas oublier qu'Élisabeth de la Trinité fut une grande amoureuse de Dieu et que sa volonté à elle, c'était de vivre avec "ses Trois", avec le Père, avec Jésus et avec l'Esprit. Ce n'était pas la souffrance en elle-même qu'elle aimait, mais ce qui la mettait en relation et en conformité avec Celui qui était son unique amour et qui lui permettait de vivre l'Évangile, avec Lui, Jésus, Un avec le Père et l'Esprit, au sein de la Trinité Sainte. Élisabeth aimait la souffrance par amour pour Jésus Crucifié donnant sa vie pour nous tout au long de sa Passion rédemptrice.


[1] En France, à cette époque, de nombreuses communautés religieuses étaient expulsées ou menacées d'expulsion. Le 1er juillet 1901, Émile Loubet signait la "Loi sur les Associations" qui visait particulièrement les congrégations religieuses.