HOMÉLIE SUR LE
MÉPRIS DES CHOSES DE CE MONDE.
SOMMAIRE.
L'ORATEUR, après
avoir loué ceux qui l'écoutent, sur l'empressement qu'ils témoignent
pour l'entendre, les avertit d'être en garde contre le démon, leur
ennemi, qui cherche à les séduire par l'appât des objets et des plaisirs
trompeurs de ce monde : il montre qu'ils ne doivent s'attacher ni à la
vie, ni aux richesses, ni à la puissance, ni au plaisir du boire et du
manger ; qu'enfin ils doivent s'embarrasser peu de leur corps, s'occuper
surtout de leur aune, répandre leurs biens dans le sein des pauvres, au
lieu de les retenir et de les dissiper à leur grand préjudice. Il était
survenu il y avait quelques jours, près de l'église, un grand incendie
qui avait fait assez de ravage, mais sans toucher au temple: saint
Basile attribue cet incendie au démon, en disant qu'il a tourné à la
confusion de cet esprit impur. Il essaie de consoler ceux que la flamme
avait grièvement endommagés, en leur proposant l'exemple de Job, dont il
exalte la patience. Il met dans la bouche de ce saint homme un très beau
et long discours, par lequel il le fait répondre aux reproches de sa
femme. Il conclut par faire voir comment sa patience fut récompensée.
JE craignais, mes
frères, en vous reprenant toujours avec quelque force, de vous être
enfin à charge, et de paraître m'expliquer avec plus de liberté qu'il ne
convient à un étranger, à un homme sujet aux mêmes imperfections que
vous. Mais les réprimandes que je me suis permises n'ont fait que
ranimer votre amont pour moi ; les coups que vous ont portés mes
discours ont allumé davantage votre ardeur. Et en cela il n'y a rien
d'étonnant. Vous êtes sages dans les choses spirituelles : or, dit
Salomon dans ses proverbes, reprenez le sage, et il vous aimera (Prov.
9. 8). C'est pour cela, mes frères, que je reviens encore au nième sujet
d'instruction, afin de vous arracher des filets du démon autant qu'il
sera en moi. Cet ennemi de la vérité nous attaque, tous les jours avec
autant de force que d'adresse ; il nous combat, comme vous savez, par
nos propres désirs, et se sert pour nous nuire de nos propres
faiblesses. Comme le Seigneur a enchaîné une grande partie de sa
puissance par des lois indissolubles, et qu'il n'a point permis à sa
fureur de détruire entièrement le genre humain, cet esprit envieux
s'aide adroitement de notre folie pour remporter sur nous la victoire.
Et de même que les malfaiteurs et les brigands dont l'occupation est de
s'enrichir des dépouilles d'autrui, ont coutume, sils ne peuvent réussir
par la force ouverte, de se placer en embuscades dans les parties des
chemins coupés par des vallées profondes ou ombragées d'arbres touffus,
pour n’être pas aperçus des voyageurs, et pour les attaquer tout à coup
en les faisant tomber dans le péril avant qu'ils puissent le voir :
ainsi notre plus ancien ennemi, Satan s'enfonce dans les ombres des
voluptés mondaines, qui, dans le chemin de la vie, sont fort propres à
cacher ce brigand et à nous dérober ses attaques, afin de tomber sur
nous à l'improviste, et de semer sous nos pas les piéges de la
perdition.
Si donc nous
vouions parcourir le chemin de cette vie en fureté, présenter à
Jésus-Christ nos corps et nos âmes sans qu’ils soient défigurés d’aucune
blessure honteuse : si nous voulons remporter les couronnes de la
victoire, nous devons être attentifs, porter de tous côtés les yeux de
notre esprit, nous défier de toutes les choses qui nous flattent, passer
rapidement sans nous y arrêter, sans y attacher nos pensées et nos
désirs, quand même l'or répandu partout serait prêt à venir dans nos
mains : Si vous avez des richesses en abondance, dit David, n'y attachez
pas votre coeur (Ps. 61. 11) ; quand même la terre nous produirait
toutes sortes de délices et nous montrerait des tentes somptueuses :
Notre vie, dit saint Paul, est dans le ciel, d'où nous attendons le
Seigneur Jésus (Phil. 3. 20) ; quand même nous pourrions passer nos
jours en festins, en jeux, en danses, en concerts de musique : Vanité
des vanités, dit le sage, et tout n'est que vanité (Ec. 1. 2) ; quand
même il se présenterait à nous de beaux corps, dans lesquels habitent de
méchantes âmes : Fuyez, dit Salomon, devant le visage de la femme comme
devant un serpent (Ec. 21. 2) ; quand même on nous offrirait des
principautés, des puissances, des troupes de satellites ou de flatteurs,
un trône élevé, éclatant, auquel seraient enchaînées par un esclavage
volontaire des nations et des villes : Toute chair, dit le Prophète,
n'est que de l'herbe ; toute la gloire de l'homme est comme l'herbe des
champs : l'herbe sèche et la fleur tombe (ls. 40. 6). C'est sous tous
ces objets flatteurs que se cache l'ennemi commun, attendant que,
séduits par les choses visibles, nous nous détournions de la voie
droite, nous allions nous jeter dans les embûches qu'il nous dresse. Il
est fort à craindre que nous ne tombions imprudemment dans ses piéges ;
que, nous persuadant que les plaisirs qui se présentent à nous ne sont
nullement dangereux, nous n'avalions l'hameçon caché sous un appât
trompeur ; qu ensuite, soit librement, soit comme nécessairement, nous
soyons enchaînés aux objets sensibles, et qu'enfin la volupté nous
entraîne dans la caverne redoutable du brigand, je veux dire à la mort.
Ainsi, fines frères, il nous est utile et nécessaire à tous de ceindre
nos reins comme des voyageurs ou des coureurs, et, cherchant de toutes
parts à rendre nos âmes légères pour cette course, de nous bâter, sans
nous détourner d'un instant, d’arriver au terme de notre voie.
Et qu'on ne
m'accuse pas d'inventer des mots nouveaux, parce que j'appelle la vie
de l’homme une voie ; le prophète David l'appelle ainsi : Heureux,
dit-il, ceux qui marchent avec innocence dans la voie et dans la loi du
Seigneur (Ps. 118. 1) ! Le même Prophète criant au Seigneur lui disait :
Éloignez de moi la voie de l'iniquité, et faites-moi miséricorde suivant
votre loi. (Ps. 118. 29). Pour remercier Dieu du prompt secours qu'il
lui avait donné contre ses ennemis, montant sa harpe sur le ton de
l'allégresse : Est-il un autre Dieu que le nôtre, disait-il, le Dieu qui
m'a revêtu de force, qui a rendu ma voie pure et innocente (Ps. 17.
32) ? Enfin, il désigne partout, sous le nom de voie, la vie des hommes,
soit quelle soit vertueuse ou criminelle. Et il a raison, sans doute.
Ceux qui entreprennent un long voyage qu'ils veulent achever, doublent
le pas, remuent les pieds avec beaucoup de vitesse, et vont, sans
s'arrêter, d'espace eu espace, jusqu’à ce qu'ils soient parvenus au
terme de leur route. Ainsi ceux qui sont introduits dans le monde par le
Créateur, entrent d'abord dans les diverses divisions du temps, et, en
quittant l'une pour en prendre une autre, ils arrivent au terme de la
vie. La vie présente ne vols semble-t-elle pas une longue route
continue, distinguée par les différeras âges comme par des stations ? On
entre dans cette route en sortant du ventre de sa mère ; elle se termine
au tombeau, où tout le monde arrive, les uns plus tôt, les autres plus
tard : les uns achèvent leur carrière en passant par tous les
intervalles du temps ; les autres disparaissent dès l'entrée, sans
s'arrêter même aux premières stations de la vie. Les chemins qui
conduisent d'une ville à une autre, on peut n'y point entrer si l'on
veut, et n'y point marcher ; mais le chemin de la vie, quand nous
voudrions nous arrêter dans notre course, nous saisit malgré nous, il
nous entraîne vers le terme marqué par le Seigneur. Oui, mes frères, du
moment que nous sommes sortis de la porte qui conduit à cette vie, et
que nous sommes entrés dans cette route, il nous faut absolument arriver
à la fin. Sitôt que chacun de nous e quitté le sein maternel, enchaîné
au cours da temps il est entraîné, laissant derrière lui le jour qu’il a
vécu, et ne pouvant, quand il le voudrait, revenir au jour d'hier.
Nous nous
réjouissons à mesure que nous avançons ; nous sommes ravis d'être
transportés d'un âge à un autre, comme si nous acquerrions quelque
avantage : nous nous estimons heureux de passer de l'enfance à l'âge
viril, de l'âge viril à la vieillesse. Nous ne pensons pas que chaque
jour que nous vivons abrége notre vie ; nous ne sentons pas qu'elle se
dépense à chaque instant : enfin nous ne la mesurons que par le temps
qui s'est écoulé, sans faire attention qu'il est incertain combien le
Dieu qui nous a fait entrer dans la carrière de la vie prolongera encore
notre course, quand il fermera la lice à chacun de ceux qui y courent ;
que nous devons toujours être prêts pour le départ, et attendre, les
yeux attentifs, le signal du Seigneur. Que vos reins soient ceints, dit
l'Évangile ; ayez dans vos mains des lampes ardentes, et soyez
semblables à ceux qui attendent que leur maître revienne des noces ;
afin que, lorsqu'il sera venu et qu'il aura frappé à la porte, ils lui
ouvrent aussitôt (Lc. 12. 35). Nous n'examinons pas assez attentivement
quels sont les fardeaux légers pour notre course, les plus faciles à
transporter dans le grand voyage, les plus propres à ceux qui les
possèdent, et les plus utiles pour l'autre vie : quels sont, d'un autre
côté, les fardeaux pesants liés à la terre, qui par leur nature ne
peuvent s'attacher à l'homme pour toujours, qui ne peuvent accompagner
leurs maîtres et passer avec eux par la porte étroite. Nous laissons ce
qu'il faudrait amasser, et nous amassons ce qu'il faudrait négliger. Ce
qui peut s'unir à nous et faire l'ornement de notre âme et de notre
corps, nous ne le regardons pas même ; et ce qui nous sera toujours
étranger, ce qui ne fait que nous couvrir de déshonneur, nous
l'entassons avec empressement, nous livrant à un travail aussi vain, que
si quelqu'un, s'abusant lui-même, voulait remplir de liqueurs des
tonneaux percés.
Je crois que les
moins éclairés savent assez que les objets les plus agréables de cette
vie, les objets que les hommes recherchent avec le plus de fureur, ne
sont pas de nature à être vraiment à nous; qu'ils sont aussi étrangers à
ceux qui croient en jouir, qu'à ceux qui en sont privés absolument.
Celui qui a amassé des monceaux d'or n'en sera pas toujours le maître :
il a beau le lier de toutes parts à sa personne, ou il lui échappe dès
cette vie et passe en des mains plus puissantes ; ou dut moins, à
l'instant du trépas, il l’abandonne sans vouloir l'accompagner au-delà
de ce terme. Le malheureux dont on sépare malgré lui l’âme du corps, et
que l'on contraint de partir pour un autre monde, jette souvent les yeux
vers ses richesses, et déplore les peines qu'il s'est données pour les
amasser; tandis que ces richesses songent à passer entre d'autres mains,
en ne lui laissant que le regret de s'être consumé pour elles en vains
travaux, et de s’être souillé du crime de l'avarice. Quand un homme
possèderait de vastes domaines, des palais magnifiques, de nombreux
troupeaux de toutes espèces, quand il serait environné de toute la
puissance humaine, il ne jouira pas éternellement de ces avantages ;
mais après qu'ils lui auront fait quelque temps un nom, il sera bientôt
obligé de céder tout cela à d'autres, et de se contenter pour son
partage de quelques pieds de terre. Souvent même avant le tombeau, avant
que de sortir de la vie, il verra toute sa prospérité passer à des
étrangers, à ses ennemis peut-être. Que de grands héritages, que de
plais, que de villes et de nations n'avons-nous pas vu changer de
maîtres du vivant de ceux qui les possédaient ! N'avons-nous pas vu des
esclaves monter sur le trône, et leurs maîtres réduits à être les sujets
et les serviteurs de leur propres esclaves, les choses humaines
changeant tout à coup de face comme dans les jeux de hasard ? Quant à ce
que nous avons imaginé pour le boire et le manger, quant à tous ces
raffinements qu'un faste insolent a inventés pour satisfaire un ventre
ingrat, qui ne garde rien de ce qu'on lui confie ; quand nous serions
occupés sans cesse à le remplir, ce que nous lui donnons serait-il à
nous ?
Les viandes et les
liqueurs, après avoir flatté un moment notre goût dans le passage, nous
dégoûtent comme étant superflues et incommodes : nous nous empressons de
les jeter au-dehors, parce qu'elles exposeraient notre vie au plus grand
danger si elles s'arrêtaient dans les entrailles. L'intempérance a causé
la mort à un grand nombre d'hommes, ou les a mis hors d'état de rien
goûter à l'avenir. Les commerces honteux, les impudicités et les
dissolutions, tous !es excès auxquels nous porte la rage de la
concupiscence, ne causent-ils pas à notre nature un dommage manifeste ?
n'usent-ils pas notre tempérament ? n'épuisent-ils pas nos forces ?
n'altèrent-ils pas la vigueur de nos membres, en les privant de la
nourriture qui leur est la plus convenable? Après qu'on a assouvi
d'infatues désirs, lorsque le crime consommé a ralenti la passion, et
que l’âme, revenue à elle-même comme d'une ivresse, réfléchit dans le
calme sur l'abîme où elle s'est plongée, elle se repent alors de son
incontinence, parce qu'elle sent que le corps est languissant et faible,
incapable de remplir ses fonctions ordinaires. Voilà pourquoi les
maîtres d'escrime prescrivent aux jeunes athlètes des lois sévères,
lesquelles mettent leurs corps à l'abri de la volupté, ne leur
permettant pas même de regarder de belles femmes, s'ils sont jaloux de
remporter la couronne, parce que, sans doute, l'incontinence ne peut
mériter le prix aux combattants, qu'elle ne fait que les exposer au
ridicule.
Nous devons
négliger et ne pas même daigner regarder tout ce qui est absolument
étranger et superflu, ce qui ne peut jamais nous devenir propre, en même
temps que nous devons nous occuper avec la plus grande attention de ce
qui est vraiment à nous. Et qu'est-ce qui est vraiment à nous ? L'âme
par laquelle nous vivons, être spirituel, intelligent, qui n'a besoin
d'aucune des choses qui l'appesantissent ; et le corps qui a été donné à
l’âme par le Créateur comme un véhicule pour cette vie. Voilà l'homme ;
c'est une intelligence liée et attachée à une chair qui a été faite pour
elle. C'est-1à ce que le sage Ouvrier de l'univers forme dans le sein
maternel ; c'est-là ce qui, au moment de la naissance, sort de cette
retraite ténébreuse et parois au jour ; c'est-là ce qui est établi pour
commander aux ares terrestres : c'est à cela que les créatures sont
soumises pour servir d'exercice à sa vertu ; c'est à cela qu'est imposée
la loi d'imiter son Créateur autant qu'il est en lui, et de représenter
sur la terre la vie céleste ; c'est-là ce qui sort de ce monde et qui
est appelé à un autre ; c'est-là ce qui paraît devant le tribunal du
Dieu qui l'a envoyé, qui y paraît pour rendre compte de ses actions et
en recevoir le salaire. Le soin à pratiquer les vertus nous les rend
comme propres et naturelles : ce sont de fidèles compagnes qui ne nous
abandonnent pas dans cette vie laborieuse, pourvu que, volontairement,
nous ne les chassions point de force en introduisant chez nous les
vices. Elles nous servent de guide pour nous conduire à la vie éternelle
; elles mettent au rang des anges celui qui les possède, et brillent aux
yeux du Créateur pendant toute l'éternité. Quant aux richesses, à la
puissance, à la gloire, aux délices, à tout ce faste que notre folie
cherche à augmenter tous les jours, elles n'entrent pas avec nous dans
la vie, elles n'en sortent pas avec nous ; mais ce qui a été dit
autrefois par un juste, peut s'appliquer avec vérité à tous les mortels
: Je suis sorti nu du sein de ma mère, et je m'en retournerai nu (Job.
1. 21).
Celui qui est sage
aura le plus grand soin de sou âme ; il ne négligera aucun moyen pour
tâcher de la conserver pure et intacte : mais que le corps souffre la
faim ou la soif, le froid ou le chaud ; qu'il soit attaqué de maladie ;
que la violence lui fasse essuyer quelque autre mal, il ne s'en mettra
guère en peine ; dans tous les malheurs qui l'accableront, il prononcera
ces paroles de l'Apôtre : Encore que dans nous l'homme extérieur se
détruise, cependant l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour (2.
Cor. 4. 16). A la vue des périls qui menaceront sa vie, il ne sera pas
effrayé; mais il dira avec confiance : Nous savons que si cette maison
terrestre, ou nous habitons comme en une tente, vient d se dissoudre,
Dieu nous donnera dans le ciel une autre maison, une maison qui ne sera
point faite par la main des hommes, et qui durera éternellement (2. Cor.
5. 1). Que si l'on veut ménager le corps comme la seule possession
nécessaire à l’âme, comme un instrument dont elle a besoin pour vivre
sur la terre, on ne s'occupera de ses besoins qu'autant qu'il faut pour
le conserver, pour qu'il ait la force de servir l'âme ; on ne lui
permettra point des excès qui le rendraient insolent. Si on le voit
s'enflammer de désirs immodérés et nuisibles, on lui adressera ce
précepte de saint Paul : Nous n'avons rien apporté dans ce inonde ; il
est évident que nous n'en pouvons aussi rien remporter. Pourvu que nous
ayons de quoi nous nourrir et de quoi nous couvrir, nous devons être
contents (1. Tim. 6. 7). En répétant sans cesse ces paroles à notre
corps, nous le rendrons plus docile, plus loger pour le voyage céleste,
plus propre à remplir les fonctions convenables. Mais si nous lui
permettons de s emporter insolemment, si nous le remplissons tous les
jours comme une bête féroce, entraînés avec lui vers la terre comme par
un pesant fardeau, nous resterons étendus, nous gémirons en vain : et
lorsque nous paraîtrons devant le Seigneur ; lorsqu'il nous demandera,
sans que nous puissions les lui présenter, les fruits du voyage qu'il
nous aura accordé sur la terre, nous nous lamenterons, nous habiterons
des ténèbres éternelles, accusant les plaisirs qui nous auront séduits,
qui nous auront dérobé le temps du salut. Nos pleurs seront alors
inutiles. Qui est-ce qui confessera votre nom dans les enfers, dit David
(Ps.6.6.) ?
Ainsi, évitons avec
toute l'attention possible de nous perdre nous-mêmes. Si quelqu'un,
ébloui par l'éclat des richesses, a amassé injustement de cette vile
poussière ; s'il a assujetti son âme aux inquiétudes qu'elle lui cause ;
s'il a souillé sa nature par des infamies dont il ne soit pas aisé
d'effacer la tache ; s'il est tombé dans d'autres crimes, qu'il v
renonce tandis qu'il est encore temps, qu'il dépose la plus grande
partie de ces fardeaux funestes, avant d'être perdu sans ressource;
qu'il soulage le navire avant qu'il soit englouti par les flots ; qu'il
jette dans la mer ces marchandises dont il n'est pas le maître légitime
; qu'il imite les matelots. Quoique ceux-ci n'aient chargé leur navire
que de choses nécessaires, cependant, si la tempête trop violente menace
de le submerger, ils lui ôtent une partie de sa charge le plus tôt
qu'ils peuvent, la jettent dans la mer sans balancer, afin que, devenu
plus léger, il s'élève au-dessus des vagues, et que les hommes au moins,
s'il est possible, échappent avec la vie sauve. Voilà comme nous devons
penser et agir à bien plus forte raison. Les matelots perdent ce qu'ils
jettent dans la mer, et tombent malgré eux dans la pauvreté. Nous, plus
nous jetterons de pernicieux fardeaux, plus nous enrichirons nos âmes.
En nous déchargeant de nos crimes, ils n'existent plus, ils
disparaissent effacés par nos larmes, remplacés par la sainteté et la
justice, qui sont trop légères pour être submergées par les flots. Si
nous jetons à propos nos richesses, loin d'être perdues, elles passent
en quelque sorte dans d'autres vaisseaux plus sûrs, dans les mains des
pauvres par-là, elles arrivent sûrement au port, nous sont gardées, et
deviennent pour nous un ornement et non un écueil.
Ayons donc, mes
frères, ayons de l'humanité envers nous-mêmes ; et, si nous voulons que
nos richesses nous profitent, distribuons-les à beaucoup d'autres qui
les porteront avec joie, et qui les déposeront dans le sein du Seigneur,
comme dans un asile inviolable, où elles ne seront ni rongées par les
vers, ni déterrées et enlevées par les voleurs (Mt. 6. 20). Nos biens
voudraient se répandre sur les indigents ; ne les retenons pas, ne
dédaignons pas tant de Lazares qui sont encore aujourd'hui sous nos yeux
(Lc. 16. 20) ; ne leur envions pas les miettes qui tombent de notre
table, et qui suffisent pour les rassasier ; n'imitons pas la cruauté du
mauvais riche, de peur que nous ne soyons condamnés comme lui aux
flammes éternelles. Nous implorerons alors le secours d'Abraham et de
tous les saints, mais ce sera inutilement. Si le frère, dit David,ne
rachète pas son frère, un simple homme le rachètera-t-il (Ps. 48, 8) ?
Ils nous rebuteront tous et nous diront ; Ne vous attendez pas à une
bonté que vous n'avez pas eue pour les autres ; ne prétendez pas
recevoir des biens immenses, lorsque sons avez refusé des biens
modiques. Jouissez de ce que vous avez amassé pendant votre vie. Pleurez
maintenant, puisque vous n'avez pas eu compassion de votre frère qui
pleurait. Voilà ce qu’ils nous diront, et avec beaucoup de justice : je
crains même qu'ils ne nous fassent des reproches encore plus sanglants,
puisque nous sommes encore plus coupables que le mauvais riche. Non, ce
n'est point pour épargner nos richesses que nous dédaignons nos
semblables étendus par terre ; ce n'est point pour les laisser à nos
enfants où à nos proches, que nous fermons l'oreille aux prières de
l’indigent ; mais nous les consumons en dépenses criminelles, et nous
excitons au crime, par une libéralité dangereuse, des personnes qui n’y
sont déjà que trop portées d'elles-mêmes. Que d'hommes et de femmes
n'entourent pas la table de certains riches, soit pour les amuser par
des propos libres, soit pour allumer en eux le feu de l'incontinence par
des regards et des gestes indécent ! Les uns se font mutuellement des
railleries piquantes, pour provoquer à rire celui qui les a invités ;
les autres le trompent par de fausses louanges. Un festin magnifique
n'est pas le seul avantage qu'ils en retirent, ils rapportent encore
leurs mains pleines de riches présents ; ce qui leur fait dire qu'ils
trouvent mieux leur compte à flatter les riches qu'à pratiquer la vertu.
Un pauvre se présente-t-il à nous, qui ne peut presque parler tant il
est abattu par la faim ; nous en avons horreur, quoiqu'il partage notre
nature ; il nous cause du dégoût ; nous passons fort vite, comme si nous
appréhendions de participer à sa misère en le voyant trop longtemps. La
honte de son état misérable lui fait-elle baisser les veux ? nous le
traitons d’hypocrite : nous parle-t-il arec liberté, parce que la faim
le presse ? nous disons que c'est un effronté, un homme violent : se
trouve-t-il vêtu d'un bon habit qu'on lui a donné? nous le rebutons
comme s'il était insatiable, et nous lui reprochons de contrefaire le
pauvre : ses vêtements sont-ils vieux et en lambeaux ?nous l'éloignons
encore à cause de la mauvaise odeur qu'il exhale. C'est en vain qu'il
mêle le nom du Créateur dans ses supplications ; c'est en vain qu'il
conjure le Ciel de nous épargner de pareilles infortunes, il ne peut
fléchir notre âme impitoyable. C'est-là ce qui me fait craindre que nous
ne soyons plongés dans des flammes plus dévorantes que le mauvais riche.
Si le temps me le
permettait, et que j'eusse assez de talent, je vous expliquerais toute
l'histoire du riche de l'Évangile, telle que l’historien sacré la
rapporte. Mais je vous ai assez fatigués, et il est temps que je vous
renvoie. Si la faiblesse de notre esprit et de notre éloquence nous a
fait omettre quelque chose, vous y suppléerez par vous-mêmes, et vous
appliquerez à vos âmes les remèdes que vous jugerez les plus propres.
Faites naître l'occasion au sage, dit l’Écriture, et il en deviendra
encore plus sage (Prov. 9. 9). Dieu est tout puissant, dit saint Paul,
pour vous combler de toute grâce, afin qu'ayant en tout temps, et en
toutes choses tout ce qui est nécessaire pour votre subsistance
temporelle, vous ayez abondamment de quoi exercer toutes sortes de
bonnes œuvres (2. Cor. 9. 8).
Mais près de finir
ce discours, comme voyez, quelques-uns de nos frères m'engagent à parler
du miracle qu’opéra hier le Sauveur, à vous ne point passer sous silence
le triomphe qu'il remporta sur le démon, et à vous donner occasion de
chanter des hymnes d'allégresse. Le démon nous a fait sentir de nouveau
les effets de sa rage ; et, s'armant lui-même de la flamme du feu, il a
attaqué l'enceinte de l'église. Mais cette mère commune a triomphé de
nouveau d'un ennemi cruel ; elle a tourné contre lui ses artifices, dont
il n'a remporté d'autre avantage que de manifester la haine qui le
transporte. La grave s'opposant à sa violence a éteint l'incendie par un
souille favorable ; le temple n'a souffert aucun dommage, et la tempête
soulevée par une esprit impur n'a pu ébranler la pierre sur laquelle
Jésus-Christ a fondé la demeure de son troupeau. Celui qui éteignit
jadis les flammes de la fournaise de Babylone est venu à notre secours.
Combien ne doit pas gémir le démon de voir que tous ses efforts sont
inutiles Cet ennemi irréconciliable avait allumé le feu près de l'église
: une flamme violente se répandait de toutes parts, et dévorant de
proche en proche tout ce que rencontrait sa fureur, elle n'aurait pas
épargné la maison sainte, et nous aurait enveloppés dans le désastre
commun ; mais le Sauveur a rejeté le feu sur celui qui l’avait allumé,
et lui a fait porter la peine de sa folie. Ce cruel adversaire avait
déjà tondu son arc, mais on l'a empêché de lancer ses traits ; ou plutôt
les traits qu'il a lancés sont retombés sur sa tête, et elles ne sont
que pour lui les larmes amères que nous préparait sa rage.
Aggravons
nous-mêmes sa blessure, mes frères, redoublons ses chagrins. Je vais
vous dire comment il faut vous y prendre; suivez seulement mes conseils.
Quelques-uns, par la grave du Seigneur, ont échappé à la violence du
feu; mais ils n'ont sauvé que leur vie, ils ont tout perdu, il ne leur
reste aucune ressource. Nous qui n'avons eu nulle part au malheur,
partageons nos biens avec les malheureux. Embrassons nos frères qui se
sont sauvés avec peine, et disons-leur à chacun: Il était mort, et il
est ressuscité ; il était perdu, et il a été retrouvé (Lc. 15. 24).
Couvrons les corps de nos semblables; consolons ceux qu'a désolés le
démon; que personne ne sente les effets de sa malice; qu'il paraisse
n'avoir pas fait grand tort à ceux qu'il a endommagés, n'avoir pas
triomphé de ceux qu'il a attaqués. il a enlevé les biens de nos frères ;
qu'il soit vaincu par nos libéralités envers ceux qu'il a dépouillés.
Pour vous, qui avez échappé à la mort, ne vous affligez point avec excès
de vos maux, ne vous laissez point abattre par le malheur ; mais
dissipez la tristesse qui vous accable, fortifiez vos âmes par des
sentiments généreux, et faites de l'affliction une matière de triomphe.
Si vous ne perdez point courage, vous serez plus éprouvés par la foi ;
vous sortirez plus brillants du feu, connue un or pur; vous confondrez
votre ennemi qui sera au désespoir de n avoir pu vous arracher une larme
par tous les maux que vous a faits sa malice.
Rappelez-vous la
patience de Job, et dites-vous à vous-même ce qu'il se disait : Le
Seigneur me l’a donné, le Seigneur me l'a ôté ; il est arrivé ce que le
Seigneur a voulu ( Job. I. 21. ). Que vos disgrâces ne vous portent pas
à penser et à dire qu'il n'y a point de Providence qui gouverne les
affaires de ce monde ; n’accusez pas la conduite et les jugements du
Maître suprême, mais jetez les yeux sur le généreux athlète dont nous
parlons, et profitez de ses conseils. Considérez tous les combats qu’il
a soutenus et dont il est sorti vainqueur, tous les traits que lui a
lancés le démon sans pouvoir lui faire une blessure mortelle. Il l'a
dépouillé de tous ses biens, et il voulait l’accabler coup sur coup par
des nouvelles toujours plus fâcheuses. Au moment où un courrier lui
annonçait un malheur, il en arrivait un autre qui lui en annonçait de
plus grands encore. Les infortunes se suivaient de près, comme les flots
qui se poussent les uns les autres; il n'avait pas essuyé ses larmes,
qu'il lui survenait quelque nouveau sujet de pleurer. Mais semblable à
un rocher battu par les vagues qui retombent sur lui en écume, le juste
demeurait inébranlable, et adressait à Dieu ces paroles pleines de
reconnaissance : Le Seigneur me l'a donné, le Seigneur me l'a ôté; il
est arrivé ce que le Seigneur a voulu.
Aucune de ses
disgrâces ne lui paraissait digne de ses pleurs. Lorsqu'on vint lui
annoncer qu'un vent violent avait renversé la maison où ses fils et ses
filles célébraient un festin, et qu'ils avaient été écrasés sous les
ruines, il se contenta de déchirer ses habits par une sensibilité
naturelle, pour montrer qu'il était père et qu'il chérissait ses
enfants; mais il mit des bornes à sa douleur, et embellissant son
désastre même par des paroles religieuses, il disait : Le Seigneur me
l'a donné, le Seigneur me l’a ôté; il est arrivé ce que le Seigneur a
voulu. Il semblait dire: J’ai été appelé père tout le temps qu'il a plu
à celui qui m'a rendu père; il veut m'ôter la couronne de la paternité,
je ne m'oppose pas à ce qu'il prenne son bien. Il est le créateur de la
race humaine, le maître suprême des hommes ; je ne suis qu'un faible
instrument et un esclave, pourquoi combattrais-je ses ordres absolus ?
pourquoi me plaindrais-je de ce que je ne puis empêcher ? C'est par ces
paroles, comme par des traits, que le juste a percé le démon. Lorsque
cet ennemi mortel vit que Job ne pouvait être ébranlé par aucun de ces
maux, et qu’il était toujours vainqueur, il l'attaqua d'une autre
manière ; il couvrit tout son corps d'une effroyable plaie, d'où
sortaient des vers en abondance comme d'une source inépuisable, et le
précipitant du trône oit il était assis, il l'étendit sur un fumier.
Toutes ces calamités affreuses ne purent ébranler la constance de Job;
et tandis que son corps était déchiré, il gardait le trésor de sa piété
au fond de son âme comme dans un asile à l'abri de toute attaque.
Le démon ne sachant
plus quelles mesures prendre, se rappela son ancien stratagème : il
inspira à la femme de Job des pensées impies ; et la portant à
blasphémer contre Dieu, il se servit d elle pour essayer d'ébranler un
athlète toujours invincible. Après avoir longtemps balancé, elle se
présenta enfin devant son époux, et se prosternant en terre, se battant
les mains à la vue vie son étai malheureux, elle le fit souvenir de son
ancienne prospérité à laquelle elle opposa ses infortunes présentes ;
elle lui fit un tableau des tristes changements qui il avait éprouvés,
et lui demanda quelle récompense il avait reçue du Seigneur pour toutes
ses offrandes et ses sacrifices ; enfin elle lui adressa des discours
dignes de la faiblesse d'une femme, mais qui étaient capables d'émouvoir
l'homme le plus généreux, de renverser son courage. J'erre maintenant,
lui disait-elle, comme une vagabonde et comme une esclave, moi qui me
suis vue adorée comme une reine : je dépends du caprice de mes
serviteurs, je suis abandonnée à leurs seins et à leurs libéralités, moi
qui étais assez riche pour nourrir une multitude d'hommes. Il vaudrait
mieux, lui disait-elle encore, t'arracher à la vie en te plaignant
amèrement au Seigneur et en irritant son courroux par tes blasphèmes,
que de prolonger par ta patience les peines de tes combats pour toi et
pour ton épouse. Ces paroles aigrirent Job plus que tous les maux qu'il
avait soufferts. Ses yeux se remplirent d'indignation, et se tournant
vers sa femme comme vers une ennemie : Pourquoi, lui dit-il, as-tu parlé
en femme insensée ? renonce à me donner de pareils conseils (Job. 2.
10). Jusques à quand outrageras-tu par tes discours notre union étroite
? tes propos peu mesurés retombent sur moi et me couvrent de honte. Il
me semble que je suis de moitié dans tes impiétés, parce que le mariage
a fait de nous deux un seul corps. Tu es tombée dans le blasphème: Si
nous avons reçu les biens de la main du Seigneur, pourquoi n'en
souffrirons-nous pas les maux (Job. 2. 10) ? Souviens-toi de la
prospérité dont tu as joui. Compense le bonheur par le malheur. Est-il
un homme dont la vie soit constamment heureuse ? il n'y a que Dieu dont
la félicité soit inaltérable. Si tes disgrâces présentes t'affligent,
console-toi par les avantages qui ont précédé. Tu pleures maintenant :
tu as été auparavant dans la joie ; tu es pauvre : tu as été riche ; tu
as puisé le plaisir dans une source claire et limpide : aie le courage
de puiser la peine dans une eau trouble et bourbeuse. Le cours des
fleuves n'est pas toujours pur. Notre vie ressemble à un fleuve qui
coule sans interruption, et dont les flots se pressent mutuellement. Une
partie de ces flots est déjà écoulée, l'autre coule encore; une partie
est sortie de la source, l'autre va en sortir; et nous nous précipitons
tous vers une mer commune, vers la mort. Si nous avons reçu les biens de
la main du Seigneur, pourquoi n'en recevrons-nous pas les maux ?
Forcerons-nous le souverain Juge à nous dispenser toujours également le
bonheur? lui apprendrons-nous à régler le cours de notre vie ? Il est le
maître de ses volontés, il nous gouverne comme il lui plaît; infiniment
sage, il mesure à ses serviteurs ce qui leur est utile. N'examine point
trop curieusement les jugements de Dieu : soumets-toi aux dispositions
de sa sagesse. Reçois avec joie tout ce qu'il t'envoie. Montre dans les
afflictions que tu étais digne de ta félicité précédente. C'est ainsi
que Job re-poussa la dernière attaque du démon, et que, par une nouvelle
victoire, il acheva de le couvrir d'opprobre.
Qu'arriva-t-il
ensuite ? la maladie se retira comme étant venue inutilement et n'ayant
pu ébranler sa constance. Son corps reprit la fleur de la jeunesse ; il
se revit comblé de biens, et de doubles richesses affluèrent de toutes
parts dans sa maison, les unes pour remplacer ses pertes, les autres
pour récompenser sa patience. Mais pourquoi ses chevaux, ses mulets, ses
chameaux, ses brebis, ses terres, enfin toute son opulence, furent-ils
pour lui doublés, tandis que le nombre de ses nouveaux enfants ne fut
qu'égal à ceux qu'il avait perdus ? c'est que ses animaux domestiques et
toutes les richesses passagères avaient péri pour lui entièrement; au
lieu que ses enfants morts vivaient dans la meilleure partie
d'eux-mêmes. Ayant donc reçu du Créateur d'autres fils et d'autres
filles, cette possession fut aussi doublée pour lui. Les uns, qui
vivaient, faisaient la joie des auteurs de leurs jours; les autres, qui
avaient pris les devants, attendaient leur père pour l'environner et
l'embrasser tous, lorsque le grand juge des mortels rassemblerait tout
le genre humain devant son tribunal; lorsque la trompette annonçant la
présence du Roi suprême, retentirait avec force sur les sépulcres, et
les obligerait à rendre leurs dépôts. Alors, sans doute, les morts
paraîtront aussi promptement que les vivants devant le grand Ouvrier de
l'univers. C'est pour cela, je pense, que Dieu, qui multiplia les biens
de Job, se contenta de lui redonner autant d'enfants qu'il en avait eu
d'abord.
Vous voyez quels
grands avantages le bienheureux Job a retirés de sa patience. Que ceux
aussi d'entre vous qui ont souffert quelque dommage par l’incendie que
le démon vient d’allumer dans notre ville, souffrent patiemment leurs
pertes, qu'ils assoupissent leurs chagrins par des pensées consolantes,
d'après ces paroles de David : Jetez vos inquiétudes dans le sein du
Seigneur, et il vous nourrira (Ps. 54. 23). C'est à lui qu'appartient la
gloire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
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