Alexandrina Maria da Costa

JOURNAL SPIRITUEL
1

PRÉSENTATION

chronologie

Chronologie du Procès de Béatification

Autobiographie

Premières Années

Premiers souvenirs

Espiègle

Première communion

Quelques souvenirs de Póvoa

Retour au village natal

« En enfer, moi je n’irai pas !... »

« J’adorais faire des farces !... »

Charité envers les nécessiteux

Dévotions à Jésus

« J’étais assez forte... »

« Un rêve que je n’ai pas oublié »

JEUNESSE

Le saut par la fenêtre

Souffrances physiques et spirituelles

Prétendants

Au lit pour toujours...

« Ma Petite-Maman du ciel »

Demandes de guérison

Offrande...

Unie à Jésus, par Marie

Prière du matin

Hymne aux Tabernacles

L’appel

1933

LA MISSION

« Je vous déclare mes fautes... »

Le directeur spirituel

« Un jour bien, un autre plus mal... »

La perte des biens

1934

“Donne-moi tes mains...”

Invocations

« Ma souffrance a beaucoup augmenté... »

« Il m’est impossible de tenir la plume... »

Lettre à Sãozinha

« Donne-moi tes mains... »

Visites de Jésus

« Prie pour les prêtres... »

« Avise ton directeur spirituel... »

« Je suis le prisonnier des prisonniers !... »

« Donne-moi ton cœur... »

« Quelle sainte union est la nôtre !... »

« Je suis avec toi, ma fille... »

« Mon Cœur se fait violence... »

« Je suis toujours avec toi... »

« Tu as choisi la meilleure part... »

« Ne cesse pas de prier... »

« J’ai besoin de plusieurs victimes... »

« Veux-tu vraiment me consoler ?... »

« Combien de victimes j'ai choisies... »

« Ma pensée était avec Jésus... »

1935

"AVEC MON SANG"

À Jésus pour toujours...

La valeur de l’âme-victime...

« Notre-Seigneur m’a parlé... »

Le singe de Dieu...

« Consacrez le monde à Marie !... »

« Sois ma victime... »

« Tes sentiers sont les sentiers du Christ... »

Le mois de mai

Fleurettes” de mai 1935

Jésus demande la consécration...

« Quelle paix je sens dans mon âme... »

La “lampe” des tabernacles

« Il me semble avoir davantage de péchés... »

« Je suis votre victime ! »

« Il me semble que tout s’assombrit... »

1936

"OFFRE-TOI"

« Jésus écoute bien mes demandes... »

« Endurer toutes les souffrances... »

« O douleur bénie !... »

Mois de mai...

La mort mystique

Encore la Consécration...

« Écoute mes divins désirs... »

Une vision

« Malheureux celui qui est paralytique »

« Je me suis offerte à Notre-Seigneur !... »

« Offre-toi pour les âmes... »

1937

L'ENQUÊTE

« Ma médecine était Jésus »

La visite du Père Durão, sj

« Le maudit me disait... »

Le déchaînement des forces infernales

« Le démon te haï... »

« Je t’ai choisie pour des choses sublimes... »

Encore et toujours, la consécration...

« Je veux que tu sois connue... »

« Je viendrai te chercher... »

Les plaies de Jésus...

« O mon Jésus, crucifiez mon âme !... »

1938

O CROIX BÉNIE

« L’amour que nous avons pour toi... »

« Mon lys parfumé... »

« Je veux la consécration... »

« Tu es le tout de mon Cœur... »

« Je sentais mon cœur très agité... »

« Je n’appartiens qu’à toi ! »

« Pénitence, pénitence, pénitence !... »

Retraite spirituelle

Première crucifixion

Examens théologiques et examens médicaux.
Premier voyage à Porto

« On parle de moi... »

Odeurs nauséabondes

« Mademoiselle, ne vous évanouissez pas... »

1939

LE SAINT-SIÈGE

« Je ne mérite que l’oubli... »

« Le monde est suspendu à un fil... »

« Ma vie est bien pénible... »

Intervention du Saint-Siège

Commentaires du petit peuple

« Je tremble... »

« Donnez-moi de l’eau... »

« Le monde est sur un volcan... »

« En quel monceau de ruines... »

La destruction du monde...

Le temps des doutes...

« Maudite !... »

« Ton châtiment est si proche !... »

« Elle t’accompagne pendant la Passion... »

« Le Cœur de ma Mère... »

Dans les bras de Marie...

 

 

 

Présentation

Alexandrina Maria da Costa, auteur de ces “Écrits Autobiographiques”, naquit, comme elle l’écrit elle-même “à Balasar, arrondissement de Póvoa de Varzim, district de Porto, le 30 mars 1904”; Mercredi Saint.

Balasar est un petit village situé dans le nord du Portugal, où Dieu s’est plu à se manifester, au cours des deux derniers siècles. Tout d’abord, en 1832, faisant apparaître, devant l’église paroissiale de Balasar, une croix mystérieuse, que la piété des paroissiens a bien vite protégé par une chapelle dédiée à la Sainte Croix.

Cent ans plus tard, vers 1932, il revint de nouveau “se rappeler au bon souvenir” des gens simples du village, en prenant, parmi eux, une confidente privilégiée en la personne d’Alexandrina Maria. Comme pour y apposer son blanc seing, d’une façon indélébile, il attendit que la jeune villageoise vienne habiter un lieu-dit du même village qui a pour nom Calvário ; entendez Calvaire.

Il n’y pas lieu ici de retracer toute la biographie de la Vénérable âme-victime, c’est pourquoi, nous utiliserons plutôt la chronologie de sa vie. Elle est bien parlante et très explicite sur les événements qui ont dominé le cheminement de l’apôtre de la Consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie.

CHRONOLOGIE

1904

30 mars — Mercredi Saint — elle naquit à Gresufes, lieu-dit de la paroisse de Balasar, distant d'environ 50 kilomètres de Porto, et faisant partie de l'Archidiocèse de Braga.

2 avril — Samedi Saint — elle fut baptisée.

1911-1912

En janvier 1911, et jusqu’à fin juillet 1912, elle partit avec sa sœur Deolinda à Póvoa de Varzim habiter chez des amis afin de pouvoir fréquenter l'école, car à ce temps-là il n’existait à Balasar qu'une école de garçons.

Ce fut à Póvoa qu'elle fit la première Communion et à Vila do Conde — 3 kilomètres séparent les deux villes — qu’elle reçut, en 1911, la Confirmation, des mains de Monseigneur Antonio Barbosa Leão, évêque de Porto.

En juillet 1912 elles retournèrent toutes deux à la maison. Au mois de novembre elle alla habiter, avec toute la famille et toujours à Balasar, une maison qui se trouve située au lieu-dit du « Calvário ».

1913-1917

Vers l'âge de 9 ans, elle commença à travailler dans les champs et, plus tard elle dut travailler comme journalière pour gagner son pain.

Au travail elle adjoignit la prière.

Elle se vit nommée catéchiste et membre de la chorale: elle avait une belle voix et aimait beaucoup la musique.

Elle tomba d'un chêne. Gravement malade elle commença alors à consulter les médecins, cessant de travailler régulièrement.

À 12 ans sa maladie était si grave que les derniers sacrements lui furent administrés.

1918

Le Samedi Saint, elle sauta par la fenêtre dans le jardin, plutôt que de se laisser violenter par trois hommes qui étaient entrés dans la pièce où, avec sa sœur et une amie elle faisait de la couture.

Le commencement de sa myélite comprimée à l'épine dorsale, laquelle fut reconnue plus tard par les médecins, date de cette chute. Il en résulta une paralysie progressive la retenant au lit pendant 30 ans.

1922

Elle partit à Póvoa pour une cure marine (plage et bains de soleil), mais son état empira.

Elle dut faire son premier voyage à Porto pour consulter le médecin spécialiste Abel Pacheco, lequel informa le médecin traitant, docteur Garcia, que sa patiente ne guérirait pas.

Pendant cinq mois consécutifs elle ne pût se lever.

1923

En avril elle commença à se lever et recommença à marcher s'aidant d'une chaise. Elle restera ainsi levée pendant environ un an, souffrant beaucoup non seulement physiquement mais aussi moralement à cause des moqueries de certains sur sa façon de marcher et de s'asseoir.

En cette année elle eut son premier grand chagrin : la mort de sa grand-mère. Malgré tous ses efforts, elle ne put visiter sa chapelle ardente.

1924

27 mars — elle dut retourner à Porto pour une nouvelle visite médicale chez le spécialiste Jorge de Almeida.

14 avril — elle s’alite, pour ne plus jamais se relever, sauf, au mois de juin, où elle participa, au prix d'un grand effort, au Congrès Eucharistique National, à Braga.

1925

14 avril — elle se mit au lit pour ne plus jamais se relever. Sa sœur Deolinda devînt son infirmière et son assistante en tout : elle deviendra même sa secrétaire.

1928-1930

Elle envisage de partir à Fatima, pour demander à la Sainte Vierge, sa guérison, lors du pèlerinage organisé par la paroisse. Son médecin s’y oppose formellement, ainsi que le curé de Balasar.

Ne réussissant pas à obtenir la grâce de sa guérison, elle s'offrit comme victime pour le salut des âmes, « sentant toujours davantage le désir d'aimer la souffrance et de ne penser qu'à Jésus seul. »[1]

1931-1932

Elle composa son hymne en l'honneur des Tabernacles — rapporté dans son Autobiographie.

Lors de la récitation de cette prière elle expérimenta souvent le phénomène de la lévitation (se soulever à l'encontre du centre de gravitation) sentant dans son cœur de fortes chaleurs, tout particulièrement après la Sainte Communion : ce furent là les premiers phénomènes mystiques.

En 1932, elle se sentit inspirée en ce qui concerne sa mission :

« Souffrir, aimer, réparer ».

1933

6 août — le Père Mariano Pinho sj vint à Balasar prêcher un triduum. A cette occasion Alexandrina obtint qu'il devienne son directeur spirituel.

18 octobre — elle s'inscrivit dans les rangs des “Filles de Marie”.

20 novembre —célébration de la première messe dans sa chambre.

Ce même mois de novembre elle commença à souffrir de la perte des biens matériels, suite à une hypothèque sur la maison et sur le terrain. En effet sa mère s'étant portée garante pour une personne et, celle-ci n'ayant pas payé la dette contractée, il fallut honorer la caution.

1934

Elle fit cette année le « vœu le plus parfait ».

6 septembre — après la Communion, elle entendit Jésus l'inviter à participer à sa Passion, mais d'une façon concrète, en se laissant transpercer les mains et les pieds par les clous; la tête, par la couronne d'épines.

Cette invitation lui fût répétée le 7 et le 8 septembre.

Alexandrina accepta l'invitation, mais elle crut qu'il ne s'agissait là que d'une augmentation de ses souffrances physiques; elle ne pensa pas un seul instant qu'il s'agissait de choses surnaturelles.

À cette occasion elle se sentit fortement unie à Jésus: “Il me parlait de jour comme de nuit... Il se confiait à moi...” Alexandrina était convaincue que « souffrir, aimer, réparer » était une inspiration qui lui venait de Jésus.

Les invitations de Jésus à participer à sa Passion se répétèrent plusieurs fois pendant environ quatre ans, au cours desquels Il la prépara progressivement au grand événement qui arrivera le 3 octobre 1938: Alexandrina vécut pour la première fois la Passion dans ses diverses phases.

14 octobre — elle écrivit de son sang, obtenu par la piqûre qu'elle se fit sur la poitrine, à l'aide d'une épingle, un serment d'amour à Jésus.

1935

Jésus continua de lui demander de L'aider dans la Rédemption, par ses souffrances.

Il lui demanda de se détacher du monde.

30 juillet — Jésus, pour la première fois, lui fit part de son désir de voir le monde consacré à Notre-Dame.

1936

7 juin — fête de la Très Sainte Trinité, eut lieu la mort mystique, laquelle extérieurement se présente tout à fait comme une mort naturelle.

1937

Fin avril elle arriva au seuil de la mort : pendant 17 jours elle ne put rien avaler, sauf l'Hostie consacrée.

31 mai — elle reçut la visite du Révérend .Père Antonio Durão, sj, frère du Provincial des Jésuites du Portugal, en sa qualité d'envoyé du Saint-Siège pour la questionner sur la consécration du monde à Notre-Dame.

De juillet à octobre, les assauts du démon s'intensifièrent. Dans son Autobiographie on peut lire :

« Ce fut en juillet 1937 que le “boiteux” (nom qu'elle utilisait pour désigner le démon), non content de tourmenter ma conscience et de me souffler des choses affreusement ordurières, commença à me mettre en bas du lit, aussi bien la nuit qu'à n'importe qu'elle heure de la journée... »

23 octobre — elle entendit Jésus lui expliquer que ce genre de lutte avec le démon était terminé. Il l'attaquera encore pour la faire horriblement souffrir, de telle façon que les personnes qui la visitent ne s'en rendent pas compte.

1938

5 avril — Jésus confirme les épousailles spirituelles avec l’âme d’Alexandrina Maria.

3 octobre — en extase, elle revécut la Passion pour la première fois, dès midi et jusqu'à 15 heures. Le Père Pinho était présent. Dans son livre « No Calvario de Balasar » (Sur le Calvaire de Balasar) il écrira : « nous les présents, nous voyions se dérouler devant nos yeux le drame de la Passion de la façon la plus concrète: Jardin des Oliviers, emprisonnement, tribunaux, flagellation, couronnement d'épines, chemin du Calvaire, crucifixion, mort. »

Ce jour-là, était le jour de la fête liturgique de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, qu’Alexandrina considérait comme sa sœur spirituelle. Elle la vit à deux reprises, lors de sa montée au Calvaire, au cours de cette première “Passion”.

24 octobre — le Père Pinho, à la suite du phénomène de la Passion vécue par Alexandrina chaque vendredi, « écrivit directement à Pie XII pour demander la consécration du monde à Marie » [2].

6 décembre — elle dut affronter un nouveau voyage à Porto pour des radiographies. Elle retourna chez elle le 11 du même mois.

26 décembre — elle reçut la visite du docteur Elísio de Moura, psychiatre fameux, qui la traita cruellement.

1939

5 janvier — elle reçut la première visite du chanoine Vilar, envoyé par le Saint-Siège pour enquêter sur la consécration du monde à la Vierge. Ce fût une « bonne rencontre ». En effet, s'établissant à Rome, le chanoine va s’intéresser à une telle consécration.

20 janvier — Jésus lui prédit la guerre comme châtiment pour les grands péchés.

20 mars — Jésus lui prédit, au sujet du nouveau Pape — Pie XII — que celui-ci fera la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie.

13 juin — Jésus lui prédit la guerre comme châtiment pour les grands péchés.

16 juin — elle demande une fois encore au Saint-Père — et ce sera la dernière — la consécration du Monde à Marie.

28 juin — comme déjà le 20 janvier et le 13 juin, elle entendit Jésus lui prédire la guerre comme châtiment pour les grands péchés.

Alexandrina s’offrit comme victime pour la paix.

Toute l'année durant elle fut tourmentée par de violentes fièvres. A certains moments elle crut perdre toutes ses facultés et resta sans pouvoir parler. D'autres fois elle eut des douleurs si violentes qu'elle ne put même pas s'alimenter. Le 8 décembre — fête de l'Immaculée Reine du Portugal dont l'église de Balasar possède une merveilleuse statue — après l'extase de la Passion, elle fut atteinte d'une colique qui dura une heure et demi.

Vers le mois de novembre, une bienfaitrice de Lisbonne, Fernanda dos Santos, offrit la somme dégageant la maison de l'hypothèque. Le terrain ne fut libéré qu'en 1941.

1940

Cette année aussi, à plusieurs reprises, Jésus insista sur la consécration du monde à sa Mère bénie.

En tant que victime expiatoire, Alexandrina souffrit elle même les peines des damnés.

4 juillet — elle s'offrit comme victime, avec d'autres âmes-victimes, pour obtenir qu'au moins le Portugal soit épargné de la guerre.

Jésus accepta et s'empressa de répondre : « Cherchez et vous recevrez; demandez avec foi. Le Portugal sera sauvé: c'est Jésus qui te le dit et Il ne trompe pas ».

Et c'est ce qui arriva.

15 septembre — elle écrivit deux lettres: une au Patriarche de Lisbonne, le Cardinal Cerejeira, et l'autre au chef du Gouvernement, Salazar, pour leur demander de faire ce qui était en leur pouvoir afin de freiner les débordements de l'immoralité.

Elle se décida à cette démarche parce que le 12 septembre, pendant l'extase, elle vit Jésus plus attristé que jamais, par l'état d'immoralité et de manque d'amour de l'humanité.

6 décembre — elle écouta Jésus lui assurer que le Pape serait physiquement épargné par la guerre : « le dragon orgueilleux et enragé qu'est le monde n'osera pas toucher à son corps ».

1941

29 Janvier — le docteur Manuel Augusto Dias de Azevedo, médecin au pays voisin : Ribeirão do Minho, vînt pour la première fois auprès d'Alexandrina

Après avoir assisté à plusieurs extases de la Passion, il comprit qu'il ne s'agissait pas là d'un cas relevant uniquement de l'humain, mais aussi du surnaturel. Il décida alors de l'étudier à fond. Il y mit toute sa science et aussi tout son cœur. Devenant son médecin traitant: il devînt ainsi en quelque sorte son Cyrennéen jusqu'à la fin.

1er mai — le docteur Azevedo appela au chevet d'Alexandrina le docteur Abel Pacheco. Étant donné que les deux médecins ne furent pas d'accord, la nécessité de recourir à un éminent spécialiste fut avancée. On fit appel au docteur neurologiste Gomes de Araujo.

Le docteur Azevedo voulut que toute lumière fut faite sur le cas afin de pouvoir défendre Alexandrina de l'accusation que celle-ci ne serait qu'une simulatrice. « Une paralysée qui peut se mouvoir toute seule lors des extases de la Passion! ».

15 juillet — elle dut supporter un 4e voyage à Porto.

29 août — le Père José Alves Terças assista à l'extase de la Passion et en rédigea le déroulement dans un article qu'il publia.

À la fin de l'extase, Alexandrina fut désolée de cette décision et eut le pressentiment de tout ce qui se dirait. En effet, la publication de cet article déclencha l'éloignement de son directeur, le Père Pinho, et mit le public au courant de choses si intimes.

1942

3 janvier — à l'approche de l'écartement de son directeur (ce qu'elle présenta plusieurs fois lors des dernières extases) elle entendit Jésus lui dire :

« L'heure de Me donner la plus grande preuve d'amour et d'héroïsme est arrivée : marche sans lumière, en complet abandon. Tout sera mort en toi... »

7 janvier — elle reçut la visite d'adieu du Père Pinho.

27 mars — elle revécut pour la dernière fois — de façon visible — la Passion : c'était le vendredi de Notre-Dame des Douleurs.

« Et par la suite, tous les vendredis, encore que sans les mouvements, elle continua de revivre la Passion de Jésus, pendant laquelle elle souffrait bien souvent davantage qu'auparavant » — écrira le Père Pinho dans sa biographie “No Calvário de Balasar”.

3 avril — Vendredi-Saint. Commencement d’une nouvelle mort mystique, avec des caractéristiques différentes de la première : toute spirituelle. « Le Vendredi-Saint j’ai commencé à me sentir morte sur le Calvaire » — fit-elle écrire dans son Journal.

13 avril — À cette date commença le jeûne total accompagné d'une totale anurie, lequel durera jusqu'à sa mort.

Les conditions physiques s’aggravèrent au point que le curé lui administra les derniers sacrements ; il continue à lui donner chaque jour la sainte Hostie.

Alexandrina dicta ses dernières dispositions au sujet de ses funérailles et de sa sépulture.

31 octobre — Finalement, à l'occasion du 25e anniversaire des apparitions de Fatima — le Pape Pie XII fit, en langue portugaise, la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie, consécration qui sera répétée solennellement à Saint-Pierre de Rome, le 8 décembre de la même année.

Alexandrina reçut de Fatima, à cette occasion, un télégramme du Père Pinho lui annonçant la bonne nouvelle.

« J’ai récité le Magnificat et j’ai allumé un cierge en l'honneur de Notre-Dame », peut-on lire dans la lettre envoyée au Père Pinho le 7 novembre.

1943

Du 10 juin au 20 juillet elle resta internée à l’Hôpital de Foz do Douro (près de Porto) pour être examinée et contrôlée au sujet de son jeûne et de son anurie.

Le directeur de l'Institut, docteur Gomes de Araujo, après avoir constaté quarante jours durant sous la plus stricte surveillance, qu'il n'y avait aucune simulation, en la congédiant lui dit : “Je viendrai vous revoir à Balasar, non plus comme médecin ou espion mais comme ami qui vous admire”.

Et à l'automne de cette même année il se rendit à son chevet.

La conséquence de cette reconnaissance officielle du jeûne et de l'anurie fut que beaucoup de personnes, y compris des prêtres, s’intéressèrent au cas et vinrent lui rendre visite. Parmi ceux-ci le Révérend docteur Gigante (lequel fut nommé plus tard Président de la Commission pour le Procès Diocésain de béatification), lequel restera pour toujours son ami.

Vers la fin du mois d’octobre, elle souffrit, en tant que victime, les peines du Purgatoire.

10 octobre — elle entendit de la Bouche même de Jésus la confirmation de la non participation du Portugal à la guerre.

31 octobre — elle commence à vivre les peines du Purgatoire.

1944

13 mai — elle est mystiquement ensevelie.

3 juin — Jésus lui confie son Cœur.

16 juin — tomba le verdict d'une Commission d'enquête composée de trois théologiens nommés par l'Archevêque de Braga afin d'étudier le cas d'Alexandrina: celle-ci ne trouva rien de surnaturel ni de miraculeux et, cela malgré la poursuite du jeûne et de la complète anurie !

21 juin — première rencontre avec son deuxième directeur spirituel, le Père Umberto Pasquale, salésien italien. Celui-ci devînt, effectivement, son deuxième Père spirituel à partir du 8 septembre.

25 juin — l'Archevêque de Braga publia une Circulaire dans laquelle il invitait à garder le silence sur les présumés (!) faits extraordinaires attribués à Alexandrina et interdit les visites à celle-ci même à titre d'observation sur le point de vue religieux.

15 août — elle s'inscrivit parmi les Coopératrices Salésiennes.

Au mois de décembre Jésus, pendant une extase, l'appela “mère des pécheurs” et, avec Notre-Dame, lui mit dans le cœur l'humanité entière, la lui confiant.

8 septembre — Le Père Umberto Maria Pasquale, salésien, devient son Directeur spirituel, en remplacement du Père Mariano Pinho, sj.

24 octobre — elle commence à souffrir la Passion intime de Jésus, laquelle durera jusqu’à sa mort. Ce même jour elle se sent comme étant le Tabernacle de la très Sainte Trinité.

Pendant ce même mois d’octobre, Alexandrina soufre, par intermittences, les peines de l’enfer, avec des phases très intenses et poignantes.

4 novembre — le Saint-Esprit agit en elle, d’une façon toute particulière.

10 novembre — des flèches d’amour pénètrent son cœur.

16 novembre — elle se reconnaît sensiblement transformé en Christ.

27 novembre — Jésus l’appelle “Bénie de mon Père”.

29 décembre — mariage mystique.

1945

Son état de santé devînt de plus en plus préoccupant, y compris un malaise aux yeux: ceux-ci ne supportent plus la lumière.

Depuis le mois d'août et, ceci pendant environ trois mois, elle perdit quotidiennement du sang.

L'action du démon s'intensifia, ce que Jésus continua de permettre comme forme de réparation : l’une des plus douloureuses.

1946

Au mois de mai, comme nouvelle forme de réparation, elle vécut le tourment des odeurs nauséabondes, signe du péché.

Fin septembre les articulations se déboîtèrent tellement que le 3 octobre, anniversaire de la première crucifixion, le docteur Azevedo la fit mettre sur des planches et banda ses bras les plaçant sur deux reposoirs en forme de “S”, pour les attacher ensuite au chevet du lit.

Au mois de novembre elle dut subir de nouveaux examens médicaux.

1947

20 juillet — se croyant proche de la mort, elle écrivit de sa propre main, avec beaucoup d'efforts, une lettre-testament adressée à tous les pécheurs.

Depuis cette année et jusqu'à sa mort elle ressentit même en dehors des extases de la Passion, de jour comme de nuit, les douleurs de ses stigmates — lesquels, à sa demande, restèrent toujours invisibles.

1948

14 juillet — elle écrivit, toujours de sa propre main, le deuxième testament spirituel adressé aux pécheurs, choisi par la suite comme épitaphe pour sa tombe.

23 septembre — elle reçut la dernière visite de son deuxième directeur, obligé de retourner en Italie. Toutefois, elle lui envoya toujours son Journal, écrit par obéissance, jusqu'à la mort.

En décembre vînt la visiter le secrétaire de l'Archevêque de Braga, le docteur Sebastião Cruz, professeur de l’Université de Coimbra. Il en fût très favorablement impressionné : la réconforta et revînt diverses autres fois la visiter.

1949

Son état physique continua d'empirer : elle fut souvent atteinte de fortes fièvres accompagnées de douleurs aiguës.

Son état spirituel, s'intensifia de plus en plus. Elle reçut de Jésus la confidence comme quoi sa mission était pour les âmes et qu'au ciel elle la continuerait.

1er octobre — la Vierge du Rosaire lui apparut. Elle lui apporta le Rosaire avec lequel elle doit attacher le monde.

Pendant les années qui suivront, des apparitions analogues se répéteront.

1950-1952

10 mars 1950 — Alexandrina a la vision de l’enfer : « J'ai vu l'enfer ouvert, d'où sortaient d'épouvantables flammes. J'ai entendu des rougissements et des cris impossibles à décrire. »

14 avril 1950 — elle fêta ses noces d'argent de grabataire: une messe fût célébrée dans sa chambre.

La souffrance acceptée avec amour, demandée avec la plus humble et amoureuse ferveur, l'élevèrent à une telle hauteur d'imitation du Christ qu'un jour elle reçut de Jésus cette confidence :

« Tu as la vie, tu as l'amour: tu vis comme Jésus et aimes comme Jésus: tu vis Ma vie, tu aimes avec Mon amour. »[3]

Les gens qui venaient la visiter affluaient de plus en plus et, à leur encontre, l'Archevêque de Braga publia, en septembre 1952 une interdiction de ces visites.

Mais fin novembre de cette même année 1952 cette note fut annulée, sous l'insistance des prêtres.

Le nombre de visiteurs augmenta de nouveau: sa mission d'évangélisation était en plein essor: porter les âmes à Jésus.

Dans le même temps, en tant que victime dont la mission est avant tout la réparation, elle endura encore une autre souffrance, parmi les plus graves et douloureuses : elle sentit l'inutilité de toute sa vie, de toute son œuvre, de l'offrande de toute sa souffrance.

1953

Cette année fut une année exceptionnelle en ce qui concerne l'évidence surprenante de l'action divine sur Alexandrina: ce n'est que d'en-Haut, en effet, que pouvait lui venir une telle condition physique, une telle force pour supporter le poids de tant de fatigues accumulées à la suite des milliers de visites qu'elle reçut en cette période. Ils passaient devant son lit par groupes. Le 25 mars plusieurs centaines, le 9 mai environ deux mille, le 5 juin cinq mille, le 6 juin six mille, le 29 juin environ quinze mille. Elle leur parla des choses du Ciel, les stimula au repentir, des heures durant. Le 9 mai pendant 9 heures et demi avec un arrêt de 45 minutes; le 6 juin pendant 12 heures avec un arrêt de 45 minutes également.

Pendant l'extase du 15 mai elle entendit Jésus lui dire :

« ...Tu vis la vie publique de Jésus. Courage, courage, épouse très chère ! ».

Et voici donc de quelle façon Alexandrina supporta cette marée, marée qui lui causait non seulement beaucoup de fatigue mais aussi beaucoup de répugnance parce qu'elle se sentait indigne d'être l'objet de tant de visites et craignait d'être prise pour meilleure qu'elle n'était en réalité. Dans son Journal on peut lire :

« Le fait même de recevoir tant de milliers de baisers des personnes qui s'approchent de moi, je décidai de l'offrir à Jésus, comme si ceux-ci étaient déposés sur son Front, Lui demandant de bien vouloir les accepter comme autant d'actes d'amour pour les Tabernacles, pour l'honneur et la gloire de la Très Sainte Trinité et de la Maman, et de tout reverser sur les visiteurs ».

Dans cette période de sa vie beaucoup de personnes étaient admises dans sa chambre, parmi lesquelles des prêtres, y compris pendant l'extase du vendredi; cela donnait un caractère public aux extases. Cela causait une souffrance supplémentaire à Alexandrina Maria : « Les humiliations me couvraient les yeux: le fait de me sentir entourée de monde, me procurait, pour ainsi dire, la mort », dit-elle dans son Journal du 6 novembre.

À la suite de ces extases, quand Alexandrina finissait de revivre la Passion, elle sentait en elle Jésus ressuscité qui, à travers ses lèvres s'adressait à l'humanité, aux pécheurs, d'une façon attristée et solennelle. Alexandrina parlait longtemps avec chaleur, fréquemment elle chantait les beautés et les exhortations de Jésus. Elle chantait des hymnes de louange, d'action de grâces, de repentir, de supplique. D'autres fois elle chantait en colloque avec Jésus qui lui demandait son amour et elle Lui en offrait.

Certaines de ces extases sont enregistrées.

Lors de ces extases publiques on comprenais d'une façon très claire la volonté de Jésus à démontrer l'intervention du surnaturel: en dehors de ces moments-là, Alexandrina faisait un très grand sacrifice pour parler : « à chaque mouvement des lèvres on dirait qu'un jet de sang s'échappe de mon cœur pour arriver à mes lèvres », dit-elle dans son journal du 30 janvier. D'autres expressions analogues se trouvent à différentes autres pages de ses écrits.

25 décembre — elle eut sa dernière extase publique :

« Je suis descendu du ciel et me voici pour la dernière fois dans le cœur de mon épouse pour parler à travers ses lèvres ».

Cette extase se termina par un chant d'adieu et d'au-revoir au Ciel.

1954

Son état physique continua d'empirer. Elle devint presque aveugle : « le corps ressemble à l'âme: il n'a pas de vie, pas de lumière », peut-on lire encore dans son Journal du 24 décembre.

Au mois d'avril de cette même année ce fut le 12e anniversaire du commencement de son jeûne. Elle entendit de Jésus ces paroles :

« Ma fille, Je t'ai placée dans le monde et Je fais en sorte que tu vives uniquement de Moi pour prouver au monde ce que peut l'Eucharistie, ce qu'est Ma vie dans les âmes: lumière et salut pour l’humanité » — elle ne vivait que de la Communion quotidienne

Le jeûne la faisait souffrir: la nostalgie de l'aliment solide. Mais Alexandrina souffrait bien davantage d'un autre genre de faim: la faim que le monde avait de ses souffrances de victime pour se sauver et la faim d'âmes dont souffrait Jésus.

Jésus lui ayant souvent dit que sa souffrance sauvait les âmes, les alimentaient et en même temps leurs donnaient vie, Alexandrina avait donc l'impression d'être avidement dévorée par les pécheurs.

C'est très impressionnant et en même temps très claire ce qui se lit dans une lettre écrite au Père Pinho le 12 décembre :

« Nouveau martyre pour mon âme. Elle est comme une tige effeuillée; à ses fibres sanguinolentes ils viennent sucer tout mon être, tout mon sang et s'accrochent à ces fibres: il s'agit pourtant d'un être qui a la taille du monde, mais ils arrivent en bandes, ils sont très nombreux. Mais ce quelqu'un qui représente le monde et les autres qui se présentent en bandes ont des mains avec des griffes, des yeux hagards, des cheveux en désordre, ce sont des affamés, insatiables, ce sont de vrais squelettes.

Je n'ai plus de sang, je n'ai plus rien à leur donner. L'âme se fatigue et meurt de faiblesse.

Mais celle-ci aussi a une faim infinie, ce qui vient augmenter le tourment de mon corps. Cette faim de l'âme est causée par la nostalgie de l'alimentation: j'ai la nostalgie de tous les aliments, de tous; et même quand je me sens rassasiée, je sens un vide que seul le monde pourrait remplir...

Jésus, lors d'une extase me dit que ce que je ressens dans mon âme c'est le monde, ce sont les âmes qui voient déjà les peines de l'enfer, qui s’agrippent aux fibres de mon âme afin de sucer tout mon sang pour éviter de se perdre. Et quelle faim infinie est la Sienne » (faim d'âmes).

1er octobre — premier vendredi du mois, après la Passion, Jésus lui apparut. De ses plaies sortaient des rayons de lumière, lesquels allaient frapper les plaies de ses pieds, des ses mains et de son cœur. Elle entends Jésus lui dire :

« Comme Je l'ai demandé à Marguerite-Marie [Alacoque], Je veux que toi, à ton tour, tu fasses se développer dans le monde cet amour éteint dans le cœur des hommes... Fais, ô mon épouse, fais que se propage dans le monde entier cet amour de nos Cœurs ». (de Jésus et Marie).

Pendant cette dernière période de sa vie, elle expia de façon particulièrement douloureuse les péchés contre la foi et contre l'espérance, bien qu'elle fût tourmentée par les doutes sur la foi jusqu'en 1939.

1955

7 janvier — Jésus lui fit comprendre qu'elle mourrait en cette année.

28 janvier — Jésus lui dit : « Tu es inscrite au nombre de mes saints. »

4 février — le Père éternel lui dit : « Tu es notre fille bien-aimée, sur laquelle étaient posés nos regards. »

6 mai — La Vierge Immaculée lui dit : « Bientôt, je vais venir te chercher ! »

Le secrétaire de l'Archevêque de Braga, le Père Sebastião Cruz qui la compris fort bien, la visita souvent en cette période, pour la réconforter.

La lutte pour la foi continua toujours intensément.

Dans son dernier Journal, le 2 septembre l'on peut lire :

« Dans une angoisse lancinante je répétais mes actes de foi : “Je crois, Jésus, je crois que c'est pour moi que vous êtes né, que c'est pour moi votre Jardin des Oliviers, votre Calvaire. Je crois, je crois, Jésus, je crois !”

Mon abîme était noir et si profond que seul Dieu pouvait y pénétrer: c'est que fit Jésus. Il est descendu jusqu'à mes profondeurs, ramena à la superficie mon pauvre être et l'illumina avec quelques rayons de Sa lumière.

Viens ici, Ma fille, lumière et flambeau du monde ! Toi qui es ténèbre inégalable, tu es lumière qui brille, phare que tout illumine: la ténèbre est pour toi, la lumière, elle est pour les âmes.

Viens ici, lumière dont Je suis la source, phare dont Je suis le phare”. »

13 octobre — très doucement, le sourire aux lèvres, Alexandrina Maria remit son âme entre les mains de l’Époux tant aimé.

Elle avait demandé à Jésus, de mourir, si possible un jeudi, jour de l’Eucharistie ; mais elle aurait aimé mourir, pareillement en un jour consacré à la Sainte Vierge. Le Seigneur a comblé ses deux souhaits. En effet, le 13 octobre 1955 était un jeudi et, en même temps, l’anniversaire de la dernière apparition de la Sainte Vierge à Fatima.

Chronologie du
“Procès de Béatification”

1965

Le Père Umberto Pasquale, salésien, deuxième directeur spirituel d’Alexandrina, invité par l’archevêque de Braga, met en branle le procès diocésain, sur les vertus et la réputation de sainteté d’Alexandrina.

1966

Tous les écrits d’Alexandrina sont recueillis, envoyés par un grand nombre de destinataires.

1967

Ouverture du procès diocésain sur tous les écrits. Les témoins, au nombre de 48, commencent à être interrogés.

1973

En présence du Postulateur Salésien, on procède à la clôture du procès diocésain. — Le 21 mai, la Sacrée Congrégation pour la cause des Saints, procède à l’ouverture des deux caisses contenant tous les documents recueillis.

1974

26 mars, le premier théologien, chargé par le Saint-Siège, donne un avis favorable sur les écrits de la Servante de Dieu.

1976

30 novembre, avis favorable donné par le deuxième théologien.

1977

La Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi donne son “Nihil obstat” pour la suite de la cause.

1978

18 juillet, les restes mortels d’Alexandrina sont transférés du cimetière et déposés dans une chapelle aménagée à cet effet, dans l’église paroissiale de Balasar.

La Sacrée Congrégation pour la cause des Saints, par un décret, approuve les écrits de la Servante de Dieu.

Au mois de septembre, la Postulation publie le “Summarium”, où sont consignés tous les récits des témoignages recueillis lors du procès diocésain.

1979

Des “Lettres Postulatoires” sont demandées aux Cardinaux et Évêques, à la Conférence Épiscopale du Portugal et à d’éminentes personnalités de l’Église pour demander au Saint-Père la béatification Alexandrina Maria da Costa.

1983

31 janvier signature du décret d’introduction de la cause de béatification auprès de la Sacrée Congrégation pour la cause des Saints.

1991

8 janvier, présentation officiellement, à la Sacrée Congrégation pour la cause des Saints, par le Rapporteur, d’un gros volume appelé “Positio super virtutibus”. Dans celui-ci, sont recueillis tous les documents afin que puisse être déclarée l’héroïcité des vertus de la Servante de Dieu.

1996

12 janvier, l’héroïcité de ses vertus est reconnue, d’où le titre de “Vénérable” accordé à Alexandrina Maria.

2004

25 avril, béatification à Saint-Pierre de Rome par le Pape Jean-Paul II.

Autobiographie

Premières années

Premiers souvenirs

Après quelques moments de prière, implorant le secours du ciel et la lumière de l’Esprit Saint, afin de pouvoir faire ce que mon directeur spirituel m’a ordonné, je commence à écrire ma vie, telle que Notre Seigneur me la rappellera, bien que cela soit pour moi bien pénible.

Je m’appelle Alexandrina Maria da Costa. Je suis née à Balasar — arrondissement de Póvoa de Varzim, district de Porto — le 30 mars [4] 1904.

J’ai été baptisée le samedi suivant,[5] 2 avril. Mon oncle Joaquim da Costa et une dame prénommée Alexandrina, de Gondifelos,[6] ont été mes parrain et marraine.

Je trouve en moi, depuis ma plus tendre enfance, tant de défauts, tant et tant de méchancetés qui, comme celles d’aujourd’hui, me font trembler. J’aurais bien aimé que, depuis le début, ma vie ait été pleine de beauté et d’amour envers Notre Seigneur.

Avant l’âge de trois ans, je ne me souviens de rien, si ce n’est que quelques bribes racontées par les miens. À l’âge de trois ans, j’ai eu la première “caresse[7] de Jésus.

Je devais rester tranquille auprès de ma mère qui se reposait, mais, bouillonnante comme j’étais, je ne voulais pas dormir, alors je me suis levée. Ensuite je me suis penchée vers un flacon de produit pour les cheveux, comme on utilisait alors: je voulais imiter les grands. À ce moment-là, ma mère s’est réveillée et m’ayant appelée angoissée, j’ai pris peur. Le flacon m’est tombé des mains et s’est fracassé par terre en mil morceaux; et moi, je suis tombée par-dessus, me blessant gravement au visage.[8] Immédiatement transportée chez le médecin, celui-ci a déclaré ne rien pouvoir faire pour moi. Ma mère m’a conduite alors à Viatodos,[9] chez un pharmacien fameux qui m’a posé trois points de suture. J’ai beaucoup souffert: si seulement j’avais su à ce moment-là profiter de la douleur ! Mais non ! Au contraire, j’ai même été méchante envers le pharmacien, refusant les biscuits trempés dans le vin qu’il m’offrait pour me calmer. Voila mon premier acte de méchanceté.

Vers quatre ans, j’aimais m’attarder à contempler la voûte du ciel. Plus d’une fois j’ai demandé aux miens s’il n’était pas possible, en empilant les maisons et les auberges, les unes sur les autres d’arriver au ciel. À leur réponse négative, j’éprouvais une grande tristesse et une grande nostalgie. Je ne sais pas ce qui m’attirait là-haut.

À cette même époque, l’une de mes tantes qui est décédée par suite d’un cancer, habitait avec nous. Déjà malade, elle me demandait de surveiller son enfant, premier fruit de son mariage. Volontiers, je lui rendais ce service, de jour comme de nuit.

De la même façon, j’aimais me joindre à sa prière pour obtenir de Dieu sa guérison.

Espiègle

Lorsque, âgée de cinq ans, j’ai commencé à fréquenter le catéchisme, un grand défaut est apparu : mon entêtement. Un jour je suis allée au catéchisme et le coadjuteur de monsieur l’Abbé, le Père António Matias m’a assigné une place parmi les enfants de mon âge, mais moi, je voulais aller parmi les plus grands, avec lesquels j’avais l’habitude de jouer. Malgré l’insistance et les promesses du Révérend, je n’ai pas cédé. Quelques jours plus tard, le Père finit par me convaincre et est devenu mon ami ; il m’abritait même de la pluie, de chez moi à l’église et de l’église à chez moi. Mais ce qui est certain c’est que j’était très têtue.[10].

À l’église, je restais volontiers à regarder les statues. Elles m’attiraient; tout particulièrement celles de Notre-Dame du Rosaire et de saint Joseph. Leur habillement somptueux éveillait en moi le désir d’être élégante comme eux, pour paraître bien. N’était-ce pas là une preuve de ma vanité ? Je voulais avoir, moi aussi, d’aussi beaux habits, pour paraître belle.

En même temps que ces défauts, j’exprimais, vers ce même âge, mon amour envers la Maman du ciel : je chantais avec enthousiasme ses louanges et j’apportais des fleurs aux dames qui avaient la charge de fleurir son autel.

J’étais tellement vive, qu’on m’appelait « Marie-garçon ». Je dominais non seulement les filles de mon âge, mais aussi les plus âgées.

Je grimpais aux arbres et je marchais de préférence sur les murs que sur la route [11].

J’aimais bien travailler : je faisais le ménage, je ramassais le bois et je faisais d’autres travaux domestiques ; j’aimais bien que le travail soit bien fait et j’aimais aussi être habillée proprement.

Un jour, alors que j’étais dans un pâturage, avec ma sœur Deolinda [12] et une cousine, un âne s’est sauvé dans un champ cultivé. J’ai couru le chercher, mais, avec un coup de tête, il m’a jetée par terre, et avec sa pâte il a commencé à me gratter la poitrine, comme s’il voulait jouer. Il a répété son jeu plusieurs fois, mais ne m’a fait aucun mal. Mes compagnes se sont mises à crier : très vite plusieurs personnes sont accourues et sont restées étonnées de me voir saine et sauve.

Quand je rencontrais certaines de mes cousines qui habitaient loin de là, je chantais avec elles, sur les chemins, l’Avé Maria. J’aimais aussi chanter des chants populaires et, je me souviens encore du premier que j’ai chanté et qui disait ceci :

O Marie, donne-moi du feu
Car je le vois d’ici briller
Laisse échapper ton amour
Je l’ai vu en toi rentrer.

Une autre fois, avec ma sœur Deolinda, nous sommes allées rendre visite à ma marraine. Pour arriver plus vite, nous avons décidé de traverser la rivière Este, en sautant sur les pierres qu’y avaient été mises à cet effet. Mais la force du courent était telle, que les pierres ont roulé sous nos pieds. Tombées à l’eau, nous ne nous sommes sauvées que par miracle.

J’aimais beaucoup visiter ma marraine, parce que, à chaque fois, elle me donnait de l’argent. Peu après elle est décédée et ce fut là mon premier chagrin. Je la regrettais, mais je regrettais aussi le gâteau de Pâque et les habits qu’elle m’avais promis pour mes sept ans. Ma grand-mère la suppléa et chaque année m’offrait un gâteau à Paque.

Âgée de six ans, il m’arrivait de rester, la nuit, de longs moments, à voir tomber sur moi des milliers de pétales des fleurs multi couleurs : ont dirait une pluie fine. Ceci se répéta plusieurs fois. Je voyais tomber ces pétales, mais je ne comprenais pas ; peut-être étai-ce Jésus qui m’invitait à contempler ses grandeurs.

Première communion

En janvier 1911, avec ma sœur, nous avons été envoyées à Póvoa de Varzim,[13] afin de pouvoir fréquenter l’école [14]. La pensée de ce que cela m’a coûté de quitter ma famille me répugne. Pendant longtemps, j’ai beaucoup pleuré. Pour me distraire, on me comblait de caresses et on cédait à tous mes caprices. Après un certain temps, je me suis résignée. J’ai, toutefois, continué à être gamine : je m’agrippais derrière les tramways, pour de longs parcours; je traversais la route au moment où ceux-ci démarraient : les conducteurs ont été obligés de se plaindre à ma nourrice. Souvent je m’enfuyais de la maison pour aller sur la plage ramasser les algues: je pénétrais dans l’eau comme les pêcheurs. Ce qui affligeait le plus ma nourrice, c’était que je m’absentais en cachette.

À Póvoa de Varzim j’ai fait ma première communion. Le Père Alvaro Matos m’a examinée sur le catéchisme, m’a confessée et m’a donné la Communion pour la première fois. J’avais alors 7 ans. Comme prix j’ai reçu un beau chapelet et une image pieuse. J’ai communié à genoux et, malgré ma petite taille, j’ai pu fixer la sainte Hostie, de telle manière qu’elle s’est imprimée en mon âme. J’ai cru alors m’unir à Jésus pour ne plus être séparée de Lui. Il a pris possession de mon cœur, ce me semble. La joie que je ressentais était inexprimable. À tous j’annonçais la bonne nouvelle. Ma maîtresse, désormais, me menait chaque jour à la communion.

Ce fut à Vila do Conde,[15] que j’ai reçu, des mains de Son Excellence l’Évêque de Porto,[16] le sacrement de Confirmation. Je me souviens, très bien, de cette cérémonie et de la joie qu’elle m’a procurée. Au moment où je recevais ce sacrement, je ne sais pas bien expliquer ce que j’ai ressenti: on dirait une grâce surnaturelle qui me transformait et qui m’unissait plus profondément à Notre-Seigneur. Je voudrais bien expliquer tout cela, mais je ne le sais pas.

Quelques souvenirs de Póvoa

Au four et à mesure que je grandissais, le désir de prier augmentait en moi. Je voulais tout apprendre. Encore aujourd’hui je garde le livret de prières et de dévotions de mon enfance: prières à la Sainte Vierge, offrande quotidienne au Seigneur de mes actes journaliers, prière à l’Ange gardien, à saint Joseph, et plusieurs prières jaculatoires.

Quand je sortais en promenade avec ma nourrice et avec d’autres enfants, je m’éloignais pour cueillir des fleurs que j’allais ensuite déposer dans la chapelle de Notre-Dame des Douleurs.

Au mois de mai, je me réjouissais à contempler les autels de la Vierge, ornés de fleurs et heureuse aussi, quand ma mère m’y conduisait dans ce but.

Le chapelain de l’église de Notre-Dame des Douleurs organisait des comités d’enfants pour le culte envers Marie. Dans le village, des voisines s’occupaient de recueillir des denrées alimentaires [17]. Je me souviens qu’un jour, à Aguçadoura, on nous a donné très peu. Nous avons eu alors la malheureuse idée d’entrer dans un champ de pommes de terre: nous y avons cueilli presque deux kilos.

J’aimais beaucoup ma nourrice. Quand je recevais quelque présent, je lui en rendais toujours compte, pour lui faire plaisir: je le faisais de tout cœur, malgré que je sois bien méchante.

Un jour, ma sœur lui a demandé d’aller faire ses devoirs chez une copine et moi, je me suis entêtée à la suivre. La dame s'y opposant formellement, j’ai pleuré de dépit et je l’ai gratifiée d’un sobriquet. Elle ne m’a pas punie, mais elle m’a prévenue que je ne pourrais pas aller me confesser sans lui avoir, auparavant, demandé pardon. Ma sœur aussi m’a dit la même chose. Lui demander pardon, me coûtait beaucoup, mais le désir de me confesser et de faire la Communion était si grand, qu’il a pris le dessus sur mon orgueil. Je me suis agenouillée devant elle et elle m’a pardonné, les larmes aux yeux. J’ai éprouvé une très grande joie du fait de pouvoir aller me confesser et de recevoir Jésus.

Pour cette même période, je me souviens aussi du respect que j’avais vis à vis des prêtres. Quand, étant assise sur le pas de la porte, seule ou accompagnée, je voyais passer l’un d’eux, je me levais pour lui demander sa bénédiction. Ayant remarqué que certaines personnes s’en étonnaient, ce qui me réjouissait, je m’asseyais exprès, afin de pouvoir me relever aussitôt qu’un ministre du Seigneur passait par là, lui montrant ainsi ma vénération envers eux.

Retour au village natal

Après 18 mois, ma sœur ayant obtenu son diplôme, nous avons quitté Póvoa. Ma mère voulait que je continue ma scolarité, mais je n’ai pas voulu rester toute seule. Je n’avais pas appris grand chose.

Nous sommes retournées, pour quatre mois encore, habiter Gresufes,[18] où je suis née. Ensuite, nous sommes venues habiter plus près de l’église, dans une maison appartenant à ma mère, au lieu-dit “Calvário [19]

Vers les neuf ans, quand je me levais de bonne heure pour les travaux des champs et que je pouvais être seule, je m’extasiais à contempler la nature: l’aurore, le lever du soleil, le chant des oiseaux, le gargouillement de l’eau me pénétraient et me transportaient à une si profonde contemplation qu’un peu plus j’oubliais que je vivais dans le monde. Je restais là, absorbée par cette pensée: combien grand est le pouvoir de Dieu !

Lorsque je me trouvais au bord de la mer, je m’extasiais devant cette grandeur infinie.

La nuit, en contemplant le ciel et les étoiles, je me perdais dans l’admiration des beautés du Créateur.

Combien de fois, dans mon petit jardin, j’admirais le ciel, j'écoutais le murmure de l’eau et je pénétrais chaque fois davantage dans l’abîme des grandeurs divines !

Quel dommage que je n’ai pas su profiter de ces moments-là pour m’adonner à la méditation.

Malgré mon espièglerie, j’avais une très grande peur de perdre mon innocence et de m’attirer la désapprobation de Dieu. Je me souviens d’avoir dit deux paroles que j’ai considérées comme étant un péché: j’en ai eu honte et, il m’a été très pénible de les confesser.

Je n’aimais pas les conversations malicieuses. Même si je n’en comprenais pas le sens, je menaçais de ne plus accompagner ceux qui ne seraient pas corrects. De la même façon, je m’indignais quand je voyais quelque geste déplacé. [20]

« En enfer, moi je n’irai pas !... »

À l’âge de neuf ans, j’ai fait ma première confession générale à frère Manuel das Santas Chagas qui prêchait à Gondifelos. Moi, Deolinda et ma cousine Olívia, ayant pris quelques victuailles, nous y sommes allées, et nous y sommes restées toute l’après-midi pour écouter le sermon. Je me souviens que nous ne sommes même pas sorties de l’église pour aller jouer. Nous avons pris place tout près de l'autel du Sacré-Cœur de Jésus, j'ai placé mes sabots à l'intérieur de la balustrade.

Le sermon avait pour sujet l’enfer.

J'ai écouté avec beaucoup d'attention le prédicateur qui, à un certain moment, nous invita à nous transporter, par la pensée, en ce lieu. Incapable de comprendre le vrai sens de cette invitation et, persuadée que le Père était un saint, je suis restée convaincue, que d'un moment à l'autre, il nous y amènerait. Placée en face de cette conjecture, je me suis révoltée et me dis à moi-même: “en enfer, moi je n'irai pas ! Si le Père et tous les autres veulent y aller, moi, je prends mes jambes à mon coup et je m'échappe promptement”.

Et, sans plus attendre, j'ai ramassé mes sabots afin d'être prête à fuir à la première alerte. Quand j'ai remarqué que personne ne bougeait, alors je me suis un peu calmée... Mais, mes sabots, je ne les ait plus quitté des yeux...

« J’adorais faire des farces !... »

J’aimais beaucoup ma sœur, mais quand je me fâchais avec elle, je lui jetais tout ce qui se trouvait à portée de main. Je me souviens de l’avoir fait deux fois et je me suis senti un devoir de le confesser.

J’adorais lui faire des farces. Quelques fois, me levant avant elle, je mettais des pièges sur le pas de la porte, pour la faire tomber, comme pour lui dire qu’elle était paresseuse.

Je lui ai même fait de farces de mauvais goût. Un jour, ayant soulevé le couvercle d’un bahut, je l’ai laissé tombé, avec un grand fracas et, ensuite, je me suis mise à crier, comme si je m’étais coincée les mains. Deolinda est venue aussitôt, effrayée et angoissée... Moi, je rigolais de bon cœur.

Dans le cocon familial, j’étais le boute-en-train. Ma mère avait l’habitude de dire, à ce sujet: “Les riches ont leurs bouffons; je ne suis pas riche, mais j’en ai un aussi”.

À l’âge de douze ans, Deolinda a commencé son cours de couturière. La première pièce confectionnée, a été une chemise pour moi ; mais, par sa taille, ont dirait plutôt une chemise de garçon. Moi, malgré mes neuf ans, je me suis moquée d’elle. J’ai enfilé la chemise sur mes habits et je me suis rendue à la maison. Ma sœur, riant à tout rompre, me suppliait :

— “Enlève cette chemise ! T’as pas honte de te donner en spectacle de cette manière ?

Je n’en ai pas tenu compte et... riant, moi aussi, j’ai parcouru les quelques cinq cents mètres qui me séparaient de la maison.

Par un bel après-midi, je suis partie me promener, avec mes cousines, sur une petite colline non loin de chez moi, où se trouvaient quelques ânes qui broutaient tranquillement. Ne sachant même pas monter à cheval, je me suis hasardée à sauter sur la croupe de l’un d’eux. Quelques instants après, je suis tombée sur un gros tas de ronces, mais heureusement ne m’étant pas blessée, nous avons toutes bien rigolé.

À l’âge de 16 ans, déjà malade, je suis allée à la maison où ma sœur faisait la couture. Ayant trouvé, suspendu, un habit d’homme, je l’ai enfilé et, dans cet accoutrement, je me suis présentée devant ma sœur et sa patronne. Elles ont rigolé de bon cœur. La patronne me suggéra de sortir dans le chemin — ou ses enfants et son mari se trouvaient, pour tailler la vigne — habillée de la sorte. Doutant qu’ils puissent me reconnaître, j’ai obéi. En passant tout près d’eux, je les ai salués, en leur tirant mon chapeau. Pendant quelques instants, ils ont arrêté leur travail et m’ont observée un moment, se demandant: — “Mais qui est donc ce jeune homme ?” — Ma sœur et sa patronne, de la fenêtre, suivaient la scène, en riant aux éclats.

En me souvenant maintenant de ces pitreries, je regrette de les avoir commises. Il aurait mieux valut aimer davantage le bon Dieu.

Charité envers les nécessiteux

Quand j’apprenais que quelqu’un n’avais pas de quoi se couvrir suffisamment, je demandais à ma mère de m’en fournir le nécessaire à cet effet.

Souvent j’allais tenir compagnie à ceux qui souffraient.

J’ai assisté à la mort de certains, priant comme je le savais.

J’aidais à habiller les défunts, même si cela me coûtait beaucoup ; je le faisais par charité. Je n’avais pas le courage de laisser les parents du défunt tout seuls. Je leur rendais volontiers ces services, les voyant si pauvres.

Je me souviens de quelques cas.

Je suis allée visiter un homme malade. Je l’ai trouvé recouvert de haillons. Aussitôt j’ai couru chez moi et j’ai demandé à ma mère deux couvertures. Elle me les prêta volontiers. Je les ai emportées et je suis restée pour tenir compagnie à la fille du malade, lequel a vécu encore douze jours.

Une fille est venue, un jour nous informer que l’une de ses voisines était sur le point de mourir. Ma sœur a pris son livre de prières, de l’eau bénite et s’en est allée rapidement chez la malade. Deux de ses élèves l’accompagnaient. Deolinda a commencé la prière pour obtenir une bonne mort. Elle était si émotionnée, qu’elle tremblait. Les prières terminées, la dame est décédée. Alors Deolinda nous a dit :

J’ai fait ce que j’ai pu; je suis incapable d’en faire davantage. — Et elle est partie.

À ce moment-là, une parente arrivait. J’ai observé la fille de la défunte et je n’ai pas eu le courage de la laisser toute seule. Je suis restée pour l’aider à laver et à habiller la dépouille mortelle qui était couverte de plaies et exhalait une odeur répugnante. Je sentais que d’un moment à l’autre j’allais vomir. Une dame qui nous observait de la chambre voisine, a remarqué mon malaise et est sortie dans le jardin chercher quelques feuilles parfumées pour me les faire sentir. Je n’en suis repartie que quand la défunte a été bien installée dans son lit.

Je devais avoir 11 ou 12 ans lorsque l’un de mes oncles, qui habitait le lieu-dit de Sainte-Eulalie,[21] a été atteint de la fièvre espagnole. Ma grand-mère, puis ma mère se sont relayées pour le secourir, mais elles aussi ont été atteintes par la maladie. Alors, encore que bien jeune, j’y suis allée avec ma sœur.

Une nuit, mon oncle est mort. Nous y sommes restées jusqu’à la Messe du septième jour.

Une fois, il a fallu aller chercher du riz, mais en traversant la chambre où se trouvait le corps de mon oncle. Arrivée au seuil de la porte, la peur m’a envahie; je n’ai pas eu le courage d’y entrer; il a fallu que ma grand-mère m’accompagne. L’autre soir j’ai été chargée de fermer la fenêtre de cette même chambre. Arrivée dans la salle contiguë de celle-ci, je me suis encouragée moi-même, me disant : — “Je dois vaincre la peur.” — Et, ce disant, en marchand doucement, j’ai ouvert la porte et je me suis rendue dans la chambre où se trouvait la dépouille de mon oncle. Depuis lors, je n’ai plus jamais eu peur: j’avais vaincu de ma peur.

J’aimais beaucoup faire l’aumône aux pauvres. Combien de fois j’ai pleuré, parce que impuissante à les aider selon leurs besoins! Je me sentais heureuse de me priver de ma propre alimentation, pour eux.

Malgré ma jeunesse, il m’arrivait souvent de donner des conseils à de plus âgés que moi [22]. Je les réconfortaient comme je le savais, obtenant que certains ne commettent pas le mal [23]. Des confidences qui m’étaient faites, j’ai toujours gardé le plus rigoureux secret.

Je me sens pleine de reconnaissance envers le Seigneur. C’est à Lui que je dois ce comportement.

Dévotions à Jésus

Je ne passais pas un jour sans prier, que ce soit à l’église, à la maison ou sur la route.

Je faisais toujours ma communion spirituelle de la façon suivante :

O mon Jésus, venez dans mon pauvre cœur ! Je Vous désire : ne tardez pas. Venez m’enrichir de Vos grâces, augmentez en moi votre saint et divin amour. Unissez-moi à Vous ! Cachez-moi dans votre Côté sacré ! Je n’aime que Vous. Je n’aime que Vous, je ne veux que Vous, je ne désire que Vous. Je vous rends grâce, Père éternel, pour nous avoir donné Jésus au très Saint-Sacrement. Je vous remercie, mon Jésus, et, enfin, je Vous demande votre sainte bénédiction.

Loué soit à tout instant, Jésus au très Saint-Sacrement !

J’aimais beaucoup faire la méditation sur le très Saint-Sacrement et sur la Sainte Vierge. Quand je ne pouvais pas la faire de jour, je la faisais de nuit, à l’insu de tous, en allument une bougie que j’avais cachée à cet effet.

La vie des saints et les méditations très profondes ne me satisfaisaient pas, parce que je me rendais compte que je ne ressemblais en rien aux saints; au lieu de me faire du bien, elles me faisaient du mal.

En 1916 je suis tombée si gravement malade, que les derniers sacrements m’ont été administrés. Je me suis préparée à la mort avec beaucoup de sérénité. Un jour où la fièvre était montée assez haut, j’ai déliré, mais je me souviens d’avoir demandé à ma mère que l’on me donne Jésus. Elle a pris le crucifix et me l’a présenté.

“Ce n’est pas celui-ci que je veux: je veux Jésus Eucharistique !”

À l’âge de douze ans, j’ai été admise à l’école des catéchistes et à la chorale. Pour le chant j’avais une vraie passion. Mais, malgré cela, je travaillais avec beaucoup de satisfaction à l’école de catéchisme [24].

Quand je communiais et que je me trouvais au milieu de mes compagnes pour l’action de grâces, je me sentais toute petite et la plus indigne pour recevoir Jésus Eucharistique.

« J’étais assez forte... »

J’étais assez forte. Je me souviens qu’un jour, un homme se ventait devant quelques jeunes filles d’être très robuste. Je me suis lancée contre lui, qui ne s’y attendait pas, et je l’ai attrapé et mis par terre. Il s’est mis à crier pour que je le laisse. Je l’ai roulé par terre et je ne l’ai laissé que quand j’ai bien voulu: mon but était uniquement celui d’obtenir que lui, étant un homme, puisse montrer la force dont il se ventait.

Vers les 13 ans j’ai du gifler lourdement un homme qui m’avait adressé des paroles indécentes.

De 12 à 14 ans, j’ai bénéficié d’une excellente santé. Je travaillais dans les champs et je gagnais autant que ma mère.

Une fois, en cueillant sur un arbre, des feuilles pour donner à manger aux bêtes, je suis tombée. Je suis restée quelques instants sans pouvoir respirer et sans pouvoir bouger; peu après, je me suis relevée et je me suis remise au travail.

Vers les 12 ou 13 ans, j’ai été placée par ma mère au service d’un voisin,[25] mais avec ces conditions : possibilité d’aller me confesser tous les mois; possibilité, les dimanches après-midi, de venir à la maison afin de pouvoir assister aux cérémonies religieuses; prohibition absolue de me laisser sortir le soir. Le contrat était valable pour cinq mois, mais je ne l’ai pas terminé. Le patron était un geôlier : il me gratifiait de sobriquets péjoratifs, m’obligeait à un travail supérieur à mes forces. C’était un homme impatient, cruel avec les animaux. Il m’humiliait devant tout le monde. Cette triste vie sapait la joie de ma jeunesse.

Un certain après-midi, il m’a envoyée au moulin, où je suis arrivée en début de soirée; à mon retour, il faisait déjà noir, car il fallait une heure de route. Il m’a réprimandée durement, et m’a traitée de voleuse. Son père, déjà âgé, a pris ma défense. Comme chaque soir je revenais chez moi, cette fois-là, assez peinée parce que ma conscience ne me reprochait rien, je me suis plainte à ma mère. Elle s’en est informée et, voyant que le contrat n’était pas respecté, m’a retirée de son service, malgré l’insistance de mon patron.

Une fois, à Póvoa de Varzim, ce même patron m’avait laissée, de 22 heures jusqu’à 4 heures du matin, à surveiller quatre paires de bœufs, pendant que lui et l’un de ses amis étaient partis, je ne sais où. Remplie de peur, j’ai passé ainsi ces tristes heures de la nuit. J’ai eu pour compagnes les étoiles du ciel qui brillaient de tout leur éclat.

« Un rêve que je n’ai pas oublié »

Une nuit, une lampe à pétrole à la main, j’allais de la cuisine vers la chambre. Ma lampe s’est éteinte. Je l’ai rallumée plusieurs fois et autant de fois elle s’est éteinte, alors qu’il n’y avait aucun courant d’air. Quand j’ai voulu la rallumer, pour la dernière fois, en remuant le pétrole, elle m’a glissé des mains, en renversant le liquide qui m’a aspergé le visage et m’a laissé aux lèvres le mauvais goût du pétrole. J’ai pensé que quelque petit diable s’amusait ainsi et, alors j’ai dit :

— “Tu peux t’en aller, car avec moi tu n’as rien à faire”.

Je me suis couchée tranquillement, je me suis endormie et j’ai fait un rêve qui est resté imprimé dans mon âme :

Je suis montée au Paradis au moyen d’une échelle dont les barreaux, eux, étaient tellement étroits qu'il était très difficile d'y poser le pied. Je suis arrivée en haut avec beaucoup de difficulté, car je n’avais aucun point d'appui. Pendant que je montais, j’ai vu, à côté de cette échelle, quelques âmes qui m'encourageaient en silence.

Arrivée au sommet j’ai vu sur un trône le Seigneur, et, à côté de Lui, la Vierge Marie. Le ciel était rempli de saints. Après cette vision, à contre cœur, je devais revenir sur la terre. Je suis descendue facilement. Tout a disparu et je me suis réveillée.

Jeunesse

Le saut par la fenêtre

Un jour,[26] alors qu'avec ma sœur et une autre fille plus âgée que nous, nous travaillions à la couture, nous avons aperçu trois individus venant dans notre direction. Deolinda, comme si elle pressentait quelque chose, m'a dit de fermer la porte du salon. Quelques instants après, nous avons entendu des pas dans les escaliers et ensuite quelqu'un frapper à la porte.

Qui est là ? — a demandé ma sœur. Et l'un d’eux, qui avait été mon patron, nous a demandés d'ouvrir, sans plus.

Il n'y a pas de travail pour vous ici, donc, pas question d'ouvrir, — a rétorqué Deolinda.

Après quelques instants de silence, nous avons entendu que le même individu montait par l'échelle qui de l'étable, par une trappe, donnait dans le salon. Effrayées, nous avons tiré la machine à coudre sur cette trappe.

Le voyou, se rendant compte que la trappe était fermée, a commencé à frapper de grands coups de marteau sur celle-ci, jusqu'à soulever quelques planches et à pratiquer un passage, par lequel il a pénétré dans le salon.

Deolinda, en voyant cela, a ouvert la porte et, est parvenue à s'enfuir, bien que les autres deux qui dehors l'attendait, aient essayé de la retenir, en tirant sur ses vêtements.

L'autre fille l'a suivie, mais ils l'ont attrapée.

Devant cette scène, je me suis vue perdue. J'ai regardé autour de moi et, désespérément je me suis accrochée à la fenêtre qui était ouverte et sans la moindre hésitation j'ai sauté [27] en bas, en tombant lourdement. J'ai voulu me relever aussitôt, mais je ne le pouvais pas; une douleur lancinante traversait mon épine dorsale.

Nerveuse, dès que j'ai pu me relever, j'ai ramassé par terre un piquet et je suis partie, pour essayer de défendre ma sœur entouré par les deux plus âgés, tandis que notre amie, dans le couloir, luttait avec le troisième. Je n'ai plus pensé qu'à les défendre.

Hors d'ici ! — a été mon premier cri.

Cela a été comme un éclair, le voyou qui se trouvait dans le couloir, a pris peur et a laissé immédiatement la jeune fille. C'est alors seulement, que je me suis rendu compte que j'avais perdu une bague en or, lors de la chute.

Chiens ! À cause de vous j'ai perdu ma bague...

Tout de suite l'un d'eux, enlevant une bague de son doigt, me l'a présentée, en disant :

Tiens, prends celle-ci, ne te fâche pas contre moi...

Je n'en veux pas ! — lui ai-je répondu, indignée — débarrasse le plancher tout de suite... immédiatement !

Ils se sont retirés. Et nous, excitées et allaitantes, nous sommes retournées à notre travail.

De tout ceci, moi et ma sœur, n'avons soufflé mot à personne, afin d'éviter une tragédie. Toutefois ma mère, par la suite, a fini par l'apprendre, de la bouche de notre amie. [28]

Quelque temps après, j'ai commencé à souffrir de plus en plus. Tous disaient que c’était à cause du saut que j’ai fait en bas de la fenêtre. Même les médecins, plus tard, ont confirmé que ce saut a dû contribuer à aggraver mon infirmité.

Souffrances physiques et spirituelles

J’ai encore travaillé pendant quelques mois, même si avec beaucoup de difficulté. Par la suite, j’ai été obligée d’arrêter et, avec répugnance, j’ai du me soumettre aux soins des médecins qui m’ont diagnostiqué diverses maladies. Tous avaient de la peine pour moi. J’ai souffert uniquement pour mes maux physiques, mais ceci dura peu de temps.

Mes plus grands amis, les familiers et même Monsieur le Curé [29] se sont retournés contre moi : plusieurs personnes se moquaient de mon allure, par la posture que, forcément, je prenais à l’église. Monsieur l’abbé m’accusait de ne pas manager suffisamment par caprice et menaçait que, si je mourrais, je serais damnée. Lorsque je me confessais, il me disait que c’était celui-là mon péché le plus grave. Combien j’en ai souffert! Je ne me confiais qu’au Seigneur.

Lors du trajet, de la maison à l’église, j’avais l’habitude de m’arrêter pour regarder les montagnes et j’étais quelques fois, tentée de fuir dans un lieu où personne ne puisse me voir. Ce n’est que par la grâce de Dieu que je ne l’ai pas fait. Combien j’ai pleuré.

Je ne me souviens pas très bien de la durée de cette période d’incompréhension; en tout cas, moins d’un an. Après, étant donné que mon état empirait, Monsieur l’abbé lui-même a conseillé à ma mère de m’accompagner chez un médecin de sa connaissance. Ce fut lui qui m’a libérée de mon martyre, en expliquant à ceux qui lui en posaient la question, que je ne mangeais pas parce que je ne le pouvais pas. Même s’il ne lui a pas été possible de se faire une idée exacte de toutes mes souffrances, il s’est montré très compréhensif.

J’ai été libérée de cette souffrance, mais le Seigneur m’en a donné une autre bien plus grande. [30] Seuls Jésus, et, quelque temps plus tard, mon directeur spirituel, en ont eu connaissance.

J’ai passé six ans entre le lit et la couchette. Une fois, cinq mois se sont passés sans que je puisse me lever, mais toujours dans cette souffrance spirituelle, que j’ai dû supporter pendant près de douze ans, sans jamais la révéler à personne.

Me trouvant seule, prisonnière de mon lit, je regardais en larmes, le tableau du Sacré-Cœur de Jésus: je le suppliais de me libérer de ce tourment et de me donner des lumières sur ce que je devais faire. Je me recommandais aussi à la Maman du ciel afin qu’elle intercède en ma faveur.

Prétendants

À l’âge de 16 ans, je suis allée à Póvoa, en compagnie de Deolinda, pour une cure marine. Un jour, alors que je me rendais à l’église, un militaire m’a abordée, m’adressant des galanteries. Je me suis vite esquivée, mais, comme il ne me lâchait pas, je lui ai dit d’attendre la fin de sa faction. Mon idée était de changer de chemin et de pouvoir m’en libérer. Sortant de l’église, très prudemment, et ne l’ayant pas vu, j’ai repris le même chemin. A un certain moment, je l’ai trouvé en face de moi, sans même savoir d’où il était venu.

Mademoiselle, vous souvenez-vous de ce que vous m’avez promis ?

Et, ce disant, il prétendait m’accompagner à la maison. Je me suis arrêtée et j’ai été très franche avec lui :

Je suis malade et en plus... ma mère ne veut pas que j’aie un fiancé !

Il n’en a pas été convaincu. Par chance, Deolinda est arrivée. Croyant que je flirtais, elle m’a reprise sèchement. Je ne suis plus jamais passée par ce chemin et tout s’est ainsi terminé.

À un autre jeune qui me faisait allusion au mariage, j’ai répondu :

Je ne renonce ni à ma mère ni à Deolinda, pour un homme.

Monsieur le Curé, ayant su que je plaisais à un jeune homme, m’a dit un jour :

Si tu veux, je peux m’occuper de la chose...

Je lui ai répondu :

Dans ma situation, vous parait-il que je puisse me permettre de penser à une pareille affaire ?

Pour dire vrai, je savais et je sentais que j’étais malade, mais en plus, l’envie de contracter le mariage me manquait, même si quelques fois je me disais que si j’étais mère, j’éduquerais mes enfants très chrétiennement.

Au lit pour toujours...

En avril 1925,[31] je suis allée au lit, pour toujours. [32] Plus personne ne me disait :

Courage, tu te relèveras !

Le médecin João de Almeida, de Porto, a prévenu ma mère qu’il craignait une telle paralysie.

Ma sœur, qui faisait de la couture, est devenue en plus mon infirmière, car maman travaillait dans les champs.

J’ai eu des moments de découragement, mais jamais de désespoir. Rien ne me retenait à ce monde. J’éprouvais, malgré tout, une certaine nostalgie de mon petit jardin, parce que les fleurs me plaisaient. Mais, je pourrais encore les voir, quelques fois, dans les bras de ma sœur.

J’avais un grand regret de ne plus pouvoir aller à l’église: pour la fête du Sacré-Cœur, ou quand il y avait une Messe chantée, je pleurais beaucoup. Ma sœur, qui faisait partie de la chorale, me voyant les larmes aux yeux, me disait :

S’il t’était possible d’aller à la messe, je te chargerais volontiers sur mes épaules et je t’y emmènerais.

Et, elle aussi pleurait.

Mais, je m’étais accommodée à la volonté du Seigneur.

Petit à petit, je me suis habituée à mon lit et la nostalgie s’est dissipée. Pour me distraire, dans les premiers temps, je jouais aux cartes avec quelqu’un, ou toute seule. Je regrette de ne pas avoir, dès lors, les mêmes pensées que maintenant: vivre unie à mon Dieu par l’esprit.

J’ai même fait des promesses pour obtenir la guérison. Ma mère, ma sœur et mes cousines ont fait les mêmes promesses. J’ai fini par comprendre que le Seigneur me voulait malade, c’est pourquoi je ne lui ai plus demandé de guérir. Je suis arrivée, plusieurs fois, très résignée, aux portes de la mort. De la médecine, je n’ai d’autre soulagement que quelques piqûres de morphine.

« Ma Petite-Maman du ciel »

Chaque année je célébrais le mois de Marie. Je préférais le célébrer toute seule: je méditais, chantais, pleurais en demandant à la Maman du ciel de me délivrer de cette tribulation qui me faisait tant souffrir. [33]

J’avais l’habitude de chanter le “Tantum ergo”, comme si j’étais à l’église. N’ayant pas Jésus [34] à la maison, ni prêtre pour me donner la bénédiction, je priais le Seigneur, que ce soit lui, du ciel et de ses tabernacles, qui me la donne. Moments de bonheur! J’avais l’impression que toutes les bénédictions et l’amour du Seigneur tombaient sur moi. Et alors, je recueillais dans mon cœur toute ma famille et les personnes chères.

Dans les premières années de ma maladie, de la maison de Monsieur le Curé, on m’apportait, au début du mois de mai, une statuette du Cœur de Marie qui, à regret, je restituais à la fin du mois. C’est ainsi que j’ai pensé à en acquérir une, mais, comme je n’en avais pas les moyens, j’ai été aidée par diverses personnes. Une amie m’a même donné quelques poulettes que Deolinda éleva jusqu’à ce qu’elles pondent et ensuite couvent; les poussins ayant été vendus ensuite, j’ai pu acheter la statuette ainsi que le globe de verre. Je ne sais pas exprimer la joie que j’ai ressentie à ce moment-là: avoir une Sainte Vierge à moi toute seule... pouvoir la contempler nuit et jour !...

Demandes de guérison

J’ai été informée des miracles qui s’opéraient à Fatima. En 1928, plusieurs personnes de la paroisse sont parties en pèlerinage à la Cova da Iria. A cette occasion, même moi, j’ai souhaité partir. Le Médecin[35] et Monsieur le Curé[36] ne m’y ont pas autorisée, car le voyage était long et moi, je ne supportais même pas que l’on me touche, étant dans mon lit. Quelqu’un me conseilla de demander la guérison et d’aller ensuite à Fatima, en action de grâces pour celle-ci. Le Médecin me dit même que si le miracle s’accomplissait, il témoignerait sans la moindre hésitation.

Cette même année, Monsieur l’Abbé, qui était allé, lui aussi à la Cova da Iria, m’a fait, au retour, cadeau d’un chapelet, d’une médaille et du “Manuel du Pèlerin”, tout en me conseillant de faire une neuvaine à Notre-Dame. J’en ai fait plusieurs, tout en chantant les louanges mariales imprimées dans le “Manuel[37].

A ceux qui me visitaient, j’avais l’habitude de dire :

Si un jour vous me revoyez dans les rues et m’entendez chanter, dites-le à tous: c’est Alexandrina qui remercie Notre-Dame.

C’était ma foi en Jésus et Marie que me faisait parler de la sorte.

D’autres fois, je pensais que si j’étais guérie, je me ferais religieuse, car je n’avais aucun attrait pour le monde; que je ne retournerais plus revoir ma famille; que je me ferais missionnaire afin de pouvoir baptiser beaucoup de noirs et de ramener beaucoup d’âmes à Jésus.

N’ayant pas obtenu la guérison, j’ai compris que je me faisais des illusions, et mes désirs de guérison ont disparu pour toujours. J’ai commencé alors à ressentir de plus en plus le besoin d’aimer la souffrance et de ne penser qu’à Jésus.

Offrande...

Un jour, alors que j’étais seule et que je pensais à Jésus dans les tabernacles, je lui ai dit :

Mon bon Jésus, Vous êtes emprisonné. Moi aussi, je le suis. Nous sommes tous deux incarcérés. Vous, pour mon bien et moi, enchaînée par Vous. Vous êtes Roi et Seigneur de tout. Moi, je ne suis qu’un ver de terre. Je Vous ai négligé, ne pensant qu’aux choses du monde qui ne sont que perdition pour les âmes, mais, maintenant, le cœur contrit, je ne veux que ce que Vous voudrez, je veux souffrir avec résignation. Ne me laissez pas sans votre protection.

À partir de ce temps-là, je demandais au Seigneur l’amour de la souffrance et, sans bien savoir comment, je me suis offerte à lui comme victime. Le Seigneur m’a accordé cette grâce dans une proportion si importante qu’aujourd’hui, je n’échangerais la souffrance contre tout ce qui peut exister dans le monde. Aimant la douleur, je me sentais heureuse d’offrir à Jésus mes peines. Consoler Jésus et lui sauver des âmes, voilà ce qui me préoccupait.

Les forces physiques m’ayant quittée, j’ai abandonné les distractions et, à travers la prière qui me procurait un vrai réconfort, je me suis habituée à vivre dans une intime union avec le Seigneur. Quand les visiteurs me dissipaient un peu, je m’attristais de ne pas avoir pensé à Jésus.

Par amour pour Jésus et la Maman du ciel, je me suis habituée à faire de petits sacrifices: renoncer à me regarder dans la glace; ne pas parler, pour combattre ma volonté de parler et vice versa; veiller pendant la nuit pour tenir compagnie à Jésus; ne pas éloigner les mouches qui me tourmentaient, etc..

Unie à Jésus, par Marie

Je ne recevais pas la Communion fréquemment,[38]  mais je vivais le plus possible unie à Jésus. Pour honorer Jésus et la Maman du ciel, j’ai écrit sur des morceaux de papier et sur des images pieuses, cette prière :

Jésus, je vous aime de tout mon cœur. Ayez pitié de cette pauvre malade. Prenez-la auprès de vous, quand vous voudrez. Mon bien aimé Jésus, souvenez-vous, je suis une grande pécheresse.

Mon cher Jésus, j’aimerais aller vous visiter dans vos tabernacles, mais je ne le peux pas; ma maladie me tient clouée à mon lit. Que votre volonté soit faite. Accordez-moi, au moins, que pas un seul instant ne passe sans que je vienne en esprit dans vos tabernacles, pour vous dire : “ mon Jésus, je veux vous aimer, je veux me brûler à la flamme de votre Amour, prier pour les pécheurs et pour les âmes du Purgatoire”[39].

Sur la couverture d’une brochure, j’ai écrit en mai 1930 :

Ma chère Maman du ciel, venez dans les Tabernacles de votre et mon Jésus; présentez-Lui mes prières et rendez plus efficaces mes suppliques. O refuge des pécheurs, dites à Jésus que je veux être sainte. Dites-Lui aussi que je veux beaucoup de souffrances, mais qu’Il ne me laisse pas seule rien qu’une minute. Je dois toutefois m’humilier, car je ne suis rien, je ne possède rien et je ne vaux rien. Dites-Lui que je l’aime beaucoup et que je veux l’aimer encore davantage. Je veux mourir enflammée d’amour pour vous et pour Jésus. Oui, parlez-Lui beaucoup de moi, présente-Lui toutes mes demandes ! J’ai confiance, oui, j’ai confiance en vous ! O Marie, donnez-moi le ciel !

Prière du matin

Au petit matin je commençais mes prières par le signe de Croix. Ensuite, je m’unissais à Jésus au Saint-Sacrement et je faisais ma Communion spirituelle. Je continuais, en disant :

Cœur Sacré de Jésus, je Vous consacre ma journée.

Je récitais cette prière jaculatoire trois fois. Et j’ajoutais:

O Jésus, donnez-moi votre bénédiction! Je veux être sainte.

Ensuite je demandais la bénédiction de la très Sainte-Trinité, de Notre-Dame, de saint Joseph de tous anges, saints et saintes du ciel, en disant :

Avec votre bénédiction, je ne craindrai rien ; je serai sainte, comme je le désire ardemment.

Ensuite je récitais trois Gloria et j’offrais les actions de la journée en récitant la prière : « Je vous offre, ô mon Jésus, en union, etc. ». Pater, Ave, Gloria. « Cœur sacré de Jésus qui nous aimez tant, faites que je vous aime de plus en plus. » Je récitais aussi le Credo et, ensuite j’ajoutais :

O mon Jésus, je m’unis spirituellement, maintenant et pour toujours, à toutes les saintes Messes qui, de jour comme de nuit, sont célébrées sur toute l’étendue de la terre. Jésus, immolez-moi avec vous au Père éternel pour les mêmes intentions que vous-même, vous offrez.

Me tournant ensuite vers Notre-Dame, je lui disais :

Je vous salue, Marie, pleine de grâce !... Je vous salue, ô pleine de grâce, ma Petite-Maman du ciel, je veux être sainte; bénissez-moi et demandez à Jésus de me donner sa bénédiction !

Je me consacrais à Elle de cette façon :

Petite-Maman chérie, je vous consacre mes yeux, mes oreilles, ma bouche, mon cœur, mon âme, ma virginité, ma pureté, ma chasteté. Acceptez-en tout, ma chère Petite-Maman ! Vous êtres le dépôt béni de toute notre richesse. Je vous consacre mon présent et mon avenir, ma vie et ma mort, tout ce que l’on me donnera, toutes les prières et les offrandes que l’on fera pour moi.

Ouvrez vos bras et enlacez-moi. Serrez-moi contre votre Cœur très saint, couvrez-moi de votre manteau; acceptez-moi comme votre fille très aimée et consacrez-moi toute à Jésus. Renfermez-moi pour toujours dans son divin Cœur et aidez-le vous-même à crucifier mon corps et mon âme: que rien, dans celui-ci ne subsiste qui ne soit crucifié. Ma Petite-Maman, rendez-moi humble, obéissante, pure, chaste d’âme et de corps. Transformez-moi en amour; consumez-moi dans les flammes de l’amour de Jésus...

Maman chérie, demandez pardon pour moi à Jésus; dites-Lui que c’est l’enfant prodigue qui retourne à la maison de son Père, disposée à le suivre, à l’aimer, à l’adorer, à lui obéir, à l’imiter. Dites-lui que je ne veux plus l’offenser.

Ma Petite-Maman du ciel, inspirez-moi une douleur si grande de mes péchés; que mon repentir soit tel, que je devienne pure, que je devienne comme un ange, pure comme lors de mon baptême, afin que par ma pureté, je mérite la compassion de mon Jésus; que je puisse le recevoir sacramentellement chaque jour et le posséder toujours en moi, jusqu’à mon dernier soupir.

Maman chérie, venez avec moi dans tous les Tabernacles du monde, dans tout lieu où Jésus habite sacramentellement. Présentez-lui mon humble oblation. O comme Jésus sera content de l’offrande la plus pauvre, la plus misérable, la plus indigne, mais remise par vous, combien plus de valeur n’aura-t-elle pas auprès de votre et mon Jésus !...

Ma douce Petite-Maman, je veux aller de Tabernacle en Tabernacle demander des grâces à Jésus, comme l’abeille qui va de fleur en fleur pour cueillir le nectar !

Ma tendre Maman, je veux devenir comme un rocher d’amour devant sa demeure, afin que nul ne parvienne à blesser son Cœur et ne renouvelle ses Plaies et sa Passion.

Maman chérie, parlez à Jésus par mon cœur et par mes lèvres; rendez mes prières plus ferventes, mes demandes plus efficaces.

O mon Jésus, je me consacre toute à vous. Que votre Cœur me soit grand ouvert. Permettez que je rentre dans cette Fournaise ardente, dans ce Feu brûlant. Fermez-le sur moi, mon bon Jésus; que j’y demeure pour y rendre mon dernier soupir[40] enivrée de votre divin Amour. Ne souffrez pas que je me sépare de vous sur la terre, sinon pour m’unir à vous, éternellement, dans le ciel.

O mon cher Jésus, je m’unis, en esprit, à partir de ce moment et pour toujours, à toutes les Hosties contenues dans tous les ciboires de la terre, dans chaque lieu où vous habitez sacramentellement. C’est là que je veux passer tous les moments de ma vie, constamment, de jour comme de nuit, dans la joie ou la tristesse, seule ou accompagnée, à vous consoler, à vous adorer, à vous aimer, à vous louer, à vous glorifier. O mon Jésus, j’aimerais faire tomber, continuellement, sur vous, de jour comme de nuit, autant d’actes d’amour que de gouttes de pluie fine tombent sur la terre. Je voudrais que toutes les créatures de la terre en fissent de même, afin que vous soyez aimé de tous. Écoutez ces vœux de mon cœur et acceptez-les comme si déjà je vous aimais.

O Jésus, je voudrais qu’il n’y eût pas un seul Tabernacle dans le monde, en tout lieu où vous habitez au Saint-Sacrement, où je ne fus à vous redire, sans cesse, à chaque instant de ma vie: Jésus, je vous aime; Jésus, je suis toute à vous. Je suis votre victime, la victime de l’Eucharistie,[41] la petite lampe de vos prisons d’amour, la sentinelle de vos Tabernacles !

O Jésus, je veux être victime pour les prêtres, victime pour les pécheurs, victime de votre amour, de ma famille, de votre sainte Passion, des Douleurs de la Petite-Maman, de votre Cœur, de votre sainte Volonté; victime du monde entier! Victime pour la paix, victime pour la consécration du monde à la Maman chérie...

O Jésus, maintenant, je vais inviter la Maman bénie. C’est Elle qui va vous parler pour moi et je reprendrai ensuite.

Je vous salue, Marie, pleine de grâce! Je vous salue, ô pleine de grâce! Ma Petite-Maman, venez avec moi dans tous les Tabernacles. Venez couvrir Jésus d’amour. Offrez-Lui tout ce qui se passera en moi, tout ce que je lui offre habituellement, tout ce que l’on peut imaginer comme autant d’actes d’amour à Notre-Seigneur au très Saint-Sacrement !

Je disais trois fois :

Grâces et louanges soient rendues, à tout moment, à Jésus au très Saint-Sacrement.

Je faisais ensuite la Communion spirituelle déjà décrite, puis je demandais à Notre-Dame de répéter, pour moi, à son Fils Bien-Aimé :

O Jésus, voila la Petite-Maman chérie, écoutez-la; c'est Elle qui va vous parler pour moi. Et vous, Maman chérie, emportez mes baisers, d'innombrables baisers, d'innombrables caresses et marques de tendresse à tous les Tabernacles du monde.

          Tout pour Jésus-Hostie !

          Tout pour la très Sainte-Trinité, tout pour vous, douce et tendre Maman. Multipliez mes baisers, multipliez-les et, avec une tendresse et un amour pur et saint, avec un amour sans bornes, avec une immense nostalgie, offrez-les de la part de celle qui ne peut pas se déplacer jusqu'aux tabernacles.

Hymne aux Tabernacles

O Jésus, je veux que chacune de mes douleurs, chaque battement de mon cœur, chacune de mes respirations, chaque seconde de ma vie, chaque minute,
soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

Je veux que chaque mouvement de mes pieds, de mes mains, de mes lèvres, de ma langue, chacune de mes larmes, chaque sourire, joie, tristesse, tribulation, distraction, contrariété ou ennui,
soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

O Jésus, je veux que chaque lettre des prières que je récite ou entends réciter, toutes les paroles que je prononce ou entends prononcer, que je lis ou entends lire, que j’écris ou vois écrire, que je chante ou entends chanter,
soient autant d’actes d’amour pour vos Tabernacles.

Je veux que chaque baiser que je déposerai sur vos saintes images, celles de la votre et ma sainte Mère, celles de vos saints et saintes, soient autant d’actes d’amour pour vos Tabernacles.

O Jésus, je veux que chaque goutte de pluie qui tombe du ciel sur la terre, que toute l'eau des océans et tout ce qu'ils renferment, que toute l'eau des fleuves et des rivières,
soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

Je vous offre les feuilles de tous les arbres, et tous les fruits que sur eux mûrissent; chaque pétale de toutes les fleurs; toutes les graines que contient le monde; tout ce qu'il y a dans les jardins, dans les champs, dans les vallées, sur les montagnes: tout cela je veux vous l'offrir
comme autant d'actes d'amour pour vos tabernacles.

O Jésus, je vous offre les plumes des oiseaux et leurs gazouillements, les poils des animaux et leurs cris,
comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

O Jésus, je vous offre le jour et la nuit, la chaleur et le froid, le vent, la neige, la lune, le clair de lune, le soleil, les étoiles du firmament, mon sommeil et mes rêves, comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

Je veux que chaque fois que j'ouvre ou ferme les yeux, ce soit autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

O Jésus, je vous offre toutes les grandeurs, richesses et trésors du monde, tout ce qui se passe en moi, tout ce que j'ai l'habitude de vous offrir,
comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.

O Jésus, le ciel et la terre, l'océan et tout ce qu'ils contiennent, je vous les offre comme s'ils m'appartenaient et si je pouvais en disposer; acceptez-les
comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles”.

Pendant que je faisais cette offrande à Jésus, je me sentais ravie, d’une façon que je ne sais pas expliquer, et en même temps je ressentais une forte chaleur qui semblait m’embraser. Cela me parut étrange, car les journées étaient plutôt froides et, émerveillée, j’ai même regardé si mon corps ne transpirait pas. C’est comme si l’on m’embrassait intérieurement. [42] Cela me fatiguait assez.

L’appel

Je crois que c’est à l’une de ces occasions que j’ai senti cette inspiration du Seigneur : «Souffrir, aimer, réparer»

Je me souviens que bien souvent je demandais au Seigneur :

O mon Jésus, que voulez-Vous que je fasse ?

Et à chaque fois je n’entendais que ces paroles : “souffrir, aimer, réparer”.

1933

La mission

« Je vous déclare mes fautes... »

Je vous écris, mon Père, pour soulager mon âme,[43] vous déclarant mes fautes. Je commencerai par vous dire que mes prières ne sont pas abondantes et de surcroît, elles sont mal faites : je ne peux mieux faire. Ma pensée voyage partout ; si je pouvais l’apprivoiser, ce serait une excellente chose. Avec ma mère et ma sœur, j’ai toujours quelques impatiences, mais je fais de mon mieux pour m’en corriger. Toutefois, le démon, lui aussi, n’en finit pas de me faire des suggestions, dans l’espoir que je cède un jour ou l’autre. Vis-à-vis du prochain, je dois aussi dire quelque chose : je fais pourtant de mon mieux pour ne pas y manquer, mais parfois, je n’y réussis pas.

Enfin, je suis tellement faible et pécheresse, que je n’arrive pas à me corriger de mes péchés. Que Notre-Seigneur ait pitié de moi.[44]

Le directeur spirituel

J’ignorais ce que c’était qu’un directeur spirituel:[45] c’était Monsieur le Curé qui guidait mon âme.

Ma sœur, lors d’une retraite des “Filles de Marie[46] a demandé au prédicateur, le Père Mariano Pinho,[47] de devenir son directeur spirituel. Celui-ci mis au courant de mon existence et de ma maladie, a sollicité mes prières, avec la promesse de réciprocité. De temps à autre il m’envoyait une image pieuse.

Deux ans plus tard, ayant appris qu’il était malade, mon émotion est allée jusqu’aux larmes; je ne sais pas pourquoi. Ma sœur, étonnée, m’a demandé pourquoi je pleurais alors même que je ne le connaissais pas. Je lui ai répondu :

Je pleure parce qu’il est mon ami et que je le suis aussi de lui.

Le 16 août 1933, le Père Pinho est venu dans notre paroisse prêcher un triduum en l’honneur du Sacré-Cœur de Jésus et, à cette occasion je l’ai obtenu comme directeur spirituel.

Je ne lui ai pas parlé de mon offrande pour les Tabernacles, de la chaleur que j’éprouvais, de la force qui me soulevait,[48] ni des paroles que j’interprétais comme de simples inspirations [49] de Jésus.

Ce ne fut que quelques mois plus tard que j’ai mis le Père au courant des paroles de Jésus. Je n’ai rien dit d’autre, parce que je ne comprenais rien aux choses du Seigneur.

Le Père ne m’a pas confirmé s’il s’agissait bien de paroles de Dieu; toutefois, je continuais à vivre très unie au Seigneur: jour et nuit, les Tabernacles étaient ma demeure préférée.

Ce fut seulement au mois d’août 1934 que je me suis décidée à ouvrir mon cœur à mon Père spirituel, venu à Balasar pour une série de sermons. J’ai eu peur, alors, qu’une fois au courant de ma vie, il ne veuille plus continuer de me diriger.

Alors même que je me débattais avec ce doute, Jésus m’a dit :

Obéis en tout : ce n’est pas toi qui l’as choisi, mais moi qui te l’ai envoyé.

Quand le Père m’a demandé de quelle façon j’avais entendu lesdites paroles, il ne m’a pas expliqué si elles étaient ou non de Jésus.

Quelques jours plus tard, ma sœur, ayant remarqué que je consacrais beaucoup de temps à la prière, m’en a demandé l’explication. Je lui ai dit comment j’occupais mon temps et ce que je ressentais, ajoutant que c’était sûrement la foi et la ferveur avec laquelle je récitais mes prières qui m’absorbaient de la sorte. Deolinda a semblé d’accord et m’a demandé de lui dire tout, afin de pouvoir se remplir de ferveur, elle aussi.

« Un jour bien, un autre plus mal... »

Deux petits mots à peine, car mes forces ne me permettent pas davantage. J’ai passé une mauvaise nuit. Je ne trouvais pas de bonne position. Mes jours se passent ainsi: un jour bien, un autre plus mal, portant toujours cette croix que le Seigneur m’a donnée...

(...)

Dans votre lettre, vous me demandiez si j’aimerais entendre la sainte Messe. Cela fait déjà bien longtemps que je le désire. Quand vous êtes venu pour le triduum, j’en ai parlé à ma sœur, mais par timidité et pour ne pas vous obliger à rester à jeun, ce qui nous peine, nous n’avons pas osé vous le demander. Toutefois, si cela était possible, quelle joie, cela serait pour nous; vous ne pouvez pas vous l’imaginer.[50] Mais nous pensons au sacrifice que cela vous coûterait de venir à jeun et, avec tout ce froid...[51]

Dans la nuit de samedi à dimanche, je ne sais pas ce qui m’a pris; je dormais et tout à coup je me suis réveillée, je croyais mourir.

Cet étrange phénomène ne dure pas longtemps, mais il se répète souvent. Je pense que c’est à cause de mon épine dorsale. Je ne voudrais, en aucun cas, perdre la raison. J’espère que Notre-Seigneur m’écoute, mais que sa très sainte volonté soit faite...

Quand vous êtes venu, j’ai pensé que ce serait la dernière fois; mais ce n’a pas été le cas, car Notre-Seigneur sait que j’ai besoin que quelqu’un m’aide à être sainte, comme je le désir ardemment, bien que j’en sois très loin de l’être... Bien souvent je demande:

O mon Jésus, que voulez-vous que je fasse ?

Et à chaque fois je n’entends que cette réponse :

Souffrir, aimer, réparer !

Nous verrons si à Noël, Monsieur l’abbé, viendra m’apporter la Sainte Communion, et alors je me confesserai...

Je ne vois pas comment, une fois de plus, je pourrai m’amender, mais je veux être sainte; c’est ce que je demande tous les jours au Seigneur.[52]

La perte des biens

Le Seigneur a augmenté ses tendresses, mais aussi le poids de la croix. Qu’il soit éternellement béni pour sa grâce qui ne m’a jamais manqué.

A cette époque, nous avons commencé à beaucoup souffrir à cause de la perte de nos biens.[53] Il est vrai que je n‘ai plus ressenti aucun attrait pour les choses, mais je souffrais amèrement de voir que le peu que nous avions ne serait pas suffisant pour payer les dettes que ma mère avait contraint en se portant caution.

Nous préférerions rester sans un centime, mais que tout soit payé! Il me manquait souvent une alimentation suffisante : je me nourrissais de ce qu’il y avait, au péril de ma santé. J’ai souffert en silence et les familiers pensaient que ces aliments me plaisaient; je ne demandais rien pour ne pas les attrister. Si l’on me donnait quelque bon morceau, je le donnais à ma sœur — assez mal en point — en me disant : — “Je suis incurable, alors qu’elle peut guérir.” Il nous arrivait de manger le potage sans condiments, car nous ne parlions à personne de notre gêne.

En secret, j’ai versé beaucoup de larmes, m’épanchant auprès de Jésus et de la Petite-Maman céleste ; ces larmes ont eu même pour effet de me rapprocher davantage de Jésus et de la chère Maman et ont renforcé ma foi en Eux.

Cette situation a duré six années, pendant lesquelles j’ai essayé de réconforter mes êtres chers. À ma mère, qui souvent sanglotait, je suggérais d’avoir foi en Jésus qui voulut être pauvre. Dans mon intérieur, je me réjouissais de lui ressembler.

Je priais Jésus de nous aider et, lors de la Communion, je lui disais :

Vous qui avez dit de demander, de frapper pour être entendu : je demande, je frappe et je serai entendue. Je ne Vous demande pas d’honneurs, pas de grandeurs ni de richesses, mais que vous nous laissiez au moins notre petite maison afin que maman et ma sœur vivent; de manière que Deolinda puisse cueillir les fleurs pour votre autel à l’église. O Jésus, toutes les fleurs sont pour vous. Jésus, venez à notre secours! Nous nous enfonçons... portez au loin cette requête, auprès de quelqu’un qui puisse venir à notre aide. Je ne choisis personne, parce que je n’en connais pas. J’ai confiance en vous !

Chez nous, la joie avait disparu et les choses indispensables nous manquaient.[54] Mais jamais la soumission à la volonté de Dieu n’a manqué; j’avais une confiance aveugle en lui.

Il est bien vrai: la foi n’est jamais trop grande...

Ma prière a été exhaussée. Ce fut de bien loin, même de très loin, qu’une dame est venue assainir notre situation.[55] Si elle ne l’a pas résolu entièrement, ce fut à causse de ma timidité: je ne lui ai pas dit la somme exacte de notre dette. Peut-être Jésus l’a permis pour prolonger ma souffrance.[56] Le nécessaire pour désengager notre maison qui devait être mise en vente, nous a été fourni. J’ai pleuré de confusion et de joie. Je n’arrive pas à décrire la joie des miens quand ils ont eu en main cette somme, après tant de grandes et graves afflictions.

Béni soit Jésus ! Ce n’était que sur Lui que l’on pouvait compter.

Béni soit le Seigneur qui m’a appelée en ce monde pour souffrir et pour supporter tant de chagrins ! Et moi, j’ai rajouté à cela tant de péchés ! Ce sont ceux-ci qui m’attristent particulièrement.

Tous les jours je demande des souffrances; et, pendant les heures où je souffre je ressens beaucoup de consolations, car j’ai davantage à offrir à mon Jésus. Il y a, toutefois, des choses qui me coûtent beaucoup, mais que seule la volonté de Dieu soit faite, et non pas la mienne.[57]

1934

“Donne-moi tes mains...”

Invocations...

O ma Petite-Maman du ciel, voici à vos pieds très saints une âme que désire beaucoup vous aimer. O mon adorable Dame, je veux vivre d’un amour aussi grand qu’il me permette de souffrir uniquement pour vous et pour mon Jésus : oui, pour mon cher Jésus qui est le tout de mon âme. Il est la lumière qui m’éclaire, le pain qui me rassasie; il est mon chemin, le seul que je veux suivre...[58]

O Jésus, quelle meilleure compagnie puis-je avoir dans ce lit de douleur que votre continuelle présence en moi, moi qui ne veut vivre que pour vous ? O Jésus, Vous savez bien quels sont mes désirs: être toujours devant vos Tabernacles, ne jamais m’en éloigner, ne fusse qu’un moment ! Donnez-moi la force, o bon Jésus, afin que je sache le faire !

O mon Jésus, je suis ici, malade, et je ne peux vous visiter dans vos églises, mais j’accomplis la mission à laquelle vous m’avez destinée: que votre sainte Volonté soit faite !... Vu que je ne puis venir, je Vous envoie mon cœur, mon intelligence pour apprendre toutes vos leçons, ma pensée afin que je ne pense qu’à vous; uniquement à vous, mon Jésus, en tout et pour tout... Je vous envoie tout ce que j’ai et qui puisse vous faire plaisir dans vos Tabernacles d’amour...

J’aimerais être en votre présence jour et nuit, à toute heure, unie à vous, et ne plus jamais vous quitter, o Jésus abandonné dans les Tabernacles ! Pas un seul instant je ne voudrais m’en absenter; j’aimerais vous donner tout ce que je possède et qui vous appartient entièrement: mon cœur, mon corps, avec tout ce qu’il ressent. C’est là toute ma richesse.

« Ma souffrance a beaucoup augmenté... »

Quoique le Saint-Sacrement soit mon meilleur ami, je regrette de devoir le dire, je ne le reçois que rarement. Au début on me portait la Sainte Communion tous les premiers vendredis, samedis et dimanches; maintenant, il ne vient plus le dimanche.[59] Que dois-je faire? Souffrir pour l’amour de mon Bien-Aimé Jésus.

(...)

Ma souffrance a beaucoup augmentée. Maintenant je ne prends que des liquides, car je n’arrive pas à mâcher à cause d’un abcès dans la bouche. Peut-être que, de la même façon dont il est apparu, aussi il s’en aille. D’un autre côté, il me sera impossible de vivre, étant donné l’état de faiblesse dans lequel je me trouve... Je ressens le manque du peu que je mangeais. Ne prendre que des liquides, cela me cause de continuels vomissements. Mais, en tout cas, ce n’est pas cela qui m’attriste, car tous les jours je demande à Dieu de ne pas m’abandonner, sachant pertinemment que sans Lui, je ne supporterais rien.[60]

« Il m’est impossible de tenir la plume... »

J’aurais voulu vous remercier en écrivant de ma propre main,[61] et je le fais en vous écrivant quelques lignes, qui seront certainement les dernières. Je vous prie de bien vouloir m’excuser, mais je ne peux pas continuer.[62] Ma souffrance a beaucoup augmenté. C’est pour cette raison que je dis que ce sont les dernières lignes que je vous écris. Il m’est impossible de tenir la plume, même pour à peine quelques instants... les douleurs sont atroces. On ne m’a jamais gratté les os, mais j’ai l’impression que cela doit produire le même effet...

J’ai reçu de Jésus un beau présent pour Pâques : en plus des souffrances physiques, j’ai beaucoup souffert spirituellement.[63]

« Je ne comprends pas... »

Quelques-unes de mes côtes se sont déplacées. Le médecin me disait que ce n’était rien... Je ne peux m’appuyer sur celles-ci qu’au prix d’un grand sacrifice, car je ne supporte même pas que les couvertures reposent sur mes côtes. Et le pire c’est que ce sont les côtes du côté droit, sur lequel j’avais l’habitude de me reposer...

(...)

Même sans être tombée, le bon Jésus a fait que mes côtes se déplacent. Le médecin m’a dit qu’il les avait trouvés ainsi. Mon Père, je ne comprends pas, et je vous demande, par l’amour de Dieu, de m’expliquer si toutes les contrariétés viennent du Seigneur, ou si elles peuvent aussi venir du démon. En effet, dernièrement, des faits se sont produits qui semblent bien être son œuvre...[64]

« Même parler m’est douloureux... »

(...)

J’ai l’impression que les os de ma poitrine touchent ceux de mon dos et me causent de telles angoisses que je ne sais plus comment me placer. Quand les douleurs sont plus fortes, je me place quelques minutes par moitié sur le lit et l’autre partie de mon corps sur les genoux de Deolinda. Ceci oblige ma sœur à passer les nuits en ma compagnie. Même parler m’est douloureux.[65]

(...)

J’ai répété à Jésus: envoyez-moi, mon Jésus, ce que vous voudrez, afin que je puisse réparer[66] les offenses que vous recevez.[67]

Je ne sais pas si c’est grâce aux prières que vous faites pour moi, que je me sens à chaque heure qui passe davantage forte dans mes souffrances ; mais je me sens le courage de souffrir de plus en plus, et j’espère que Notre-Seigneur, petit à petit, augmentera ma douleur jusqu’à ce que je meure embrasée par son divin Amour, clouée sur la Croix avec lui.[68]

Lettre à Sãozinha

Ma bonne petite sœur ;

Je vous appelle ainsi, non seulement parce que vous traitez avec charité la plus indigne des enfants de Dieu, mais aussi parce que toutes deux, nous recevons du Seigneur la croix bénie de chaque jour. Celle-ci, portée avec amour et résignation, est un moyen efficace pour nous élever de plus en plus dans l’amour de Jésus; pour nous sanctifier et pour aider, par nos souffrances, les âmes qui, sourdes à la voix de Jésus et aveuglées devant sa lumière, s’abandonnent aux plaisirs du monde sans jamais penser à leur salut.

Combien elle est belle notre mission !

En ce qui me concerne, j’avoue me considérer indigne d’un aussi heureux sort !...

Vous dites dans votre lettre que vous viendrez pour apprendre avec moi la science de la croix. Que dois-je vous enseigner ? Et à qui... alors que moi j’ai tant besoin d’apprendre ?... Vous êtes, Madame, plus instruite que moi pour enseigner; mais si c’est la volonté de Dieu, je suis prête à devenir votre maîtresse et élève à la fois.

J’ai souvent dit que j’étais venue en ce monde pour travailler, souffrir et offenser le Seigneur. Triste vérité... car, je l’ai déjà tant offensé ! C’est celle-ci la plus grande peine qui m’aiguillonne toujours. La souffrance est ma plus grande consolation, et je ne l’échangerais pas contre le monde entier.

Quelle ingrate je ferais, si je refusais de donner mon corps, qui ne vaut rien, à Celui qui, à cause de moi, a tant souffert !... À Celui qui désire se procurer beaucoup de victimes d’amour pour sauver les âmes !

Depuis seize années, la maladie, jour après jour, s’est propagée dans tout mon corps... et depuis dix années je suis prisonnière dans mon lit sans pouvoir me lever...

Combien j’ai été favorisée par le Seigneur ! Combien suave est le joug sous lequel il me tient !

Je reçois ceci comme une preuve d’amour de la part de Jésus pour mon âme.

Que soit béni Celui qui n’a pas dédaigné mon indignité ![69]

« Donne-moi tes mains... »

Je sais que ce ne fut pas sans un gros sacrifice que vous êtes venu à Balasar, mais, je pense que, plus que la pluie, d’autres circonstances vous ont davantage gêné... Soyons sûrs que plus grand est le sacrifice, plus grande sera aussi la récompense du Seigneur. Voila ma conviction.

Mon Père, je vais moi aussi faire un grand sacrifice. Notre-Seigneur le sait bien, et vous-même, vous pourrez vous faire une idée de ce que ceci me coûte. Mais avant de le faire, je l’ai offert au bon Jésus...

Jeudi 6, Monsieur le Curé est venu apporter la Communion à une voisine malade et, par la même occasion, il est venu me la donner. Après avoir communié, je me sentais froide et incapable de toute action de grâces; mais, loué soit mon Jésus, car il n’a regardé ni ma froideur ni mon indignité. Il m’a semblé entendre alors ces paroles :

Donne-moi tes mains : je veux les clouer avec les miennes ; donne-moi tes pieds : je veux les clouer avec les miens ; donne-moi ta tête : je veux la couronner d’épines, comme ils me l’ont fait à moi ; donne-moi ton cœur : je veux le transpercer avec la lance, comme ils ont transpercé le mien ; consacre-moi tout ton corps ; offre-toi toute à moi ; je veux te posséder entièrement.

Ceci fut suffisant pour me tenir en haleine, très préoccupée. Je ne savais que faire : me taire et ne rien dire, me semblait ne pas correspondre à la volonté de Notre-Seigneur; il me semblait que mon bon Jésus ne voulait pas que j’occulte ses paroles...

Il faut encore que je vous dise que vendredi et aujourd’hui,[70] Notre-Seigneur a renouvelé ses demandes. Il m’a recommandé aussi l’obéissance en tout, comme je vous l’ai déjà expliqué.[71]

S’agit-il d’une illusion de ma part ? O mon Jésus, pardonnez-moi si je vous offense, mais je ne veux pas vous offenser... je le fais par obéissance...[72]

« Il m’a demandé ceci deux fois... »

Il m’a demandé ceci deux fois — le 6 et le 8 septembre.[73]

Je ne sais pas expliquer mon tourment, parce que je ne peux pas écrire.[74] Je ne voulais rien dire à ma sœur, mais je ne voulais pas non plus le taire, car j’ai compris que je ne devais pas le faire, taire la parole de Dieu: je devais tout dire à mon directeur spirituel. [75]

Je me suis décidée à faire le sacrifice et j’ai demandé à Deolinda d’écrire tout ce que je lui dicterais. Nous l’avons fait sans échanger le moindre regard. La lettre étant écrite, tout cela est resté entre nous et nous n’en avons plus parlé.

Si jusque là toutes les lettres de mon directeur spirituel me rendaient joyeuse, à partir de ce moment, je n’en éprouvais plus la moindre consolation : je vivais dans la crainte qu’il me désapprouve et me dise que tout cela n’était qu’illusion.

J’avais cédé à l’invitation du Seigneur, mais je pensais que les sacrifices qu’Il me demandait n’étaient que ceux résultant de ma maladie, même si majorés; il ne m’était pas venu à l’esprit qu’Il me ferait passer par des phénomènes singuliers.

Le directeur m’a exigé de tout écrire et, pendant deux ans et demi il ne m’a jamais dit qu’il s’agissait bien de choses de Dieu. Ce silence m’a fait beaucoup souffrir.[76]

Visites de Jésus

À cette époque Jésus m'apparaissait, et me parlait souvent. La consolation spirituelle était grande et les souffrances plus faciles à supporter. En toute chose je sentais de l'amour pour mon Jésus et je sentais qu'Il m'aimait, étant donné que je recevais abondance de tendresses. Je cherchais le silence. O comme je me sentais bien dans le recueillement et bien unie à Lui !... Jésus se confiait à moi. Il me disait des choses tristes, mais le réconfort et l'amour qu'Il me procurait, rendaient plus douces ses lamentations. Je passais des nuits et des nuits sans dormir, à converser avec Lui, dans la contemplation de ce qu'Il me montrait.[77]

Une certaine fois j'ai vu Jésus tel un jardinier qui soigne ses fleurs, les arrosant, etc..[78] Il se promenait au milieu de celles-ci, m'en montrait les variétés. D'autres fois il m'apparaissait pour me montrer les rayons éblouissants de son Cœur. Une fois j'ai vu la Petite-Maman avec l’Enfant Jésus dans ses bras et une autre fois je l'ai vue en Immaculée Conception [79]: O combien Elle était belle !... Comme j'aimerais n'aimer qu'Elle et Jésus !... Je ne serais vraiment bien qu'en leur compagnie. [80]

(...)

Une nuit, Jésus m’est apparu, grandeur nature, dévêtu jusqu’à la ceinture. Sur ses divines mains, sur ses pieds et sur sa poitrine, de profondes plaies étaient ouvertes. Le sang coulait jusqu’à sa taille, et traversant le linge qui le ceignait, tombait à terre. Jésus s’est assis sur le bord de mon lit. J’ai embrassé avec amour les plaies de ses mains et je désirais ardemment embrasser celles de ses pieds. Comme j’étais couchée, je ne pouvais y parvenir, mais je n’ai rien dit au Seigneur. Mais Lui, qui connaît mes désirs, m’a présenté, l’un après l’autre ses pieds, afin que je puisse les embrasser. J’ai contemplé ensuite la plaie de son côté et le sang qui, abondamment, coulait de celle-ci. Grandement attendrie, je me suis jetée dans les bras de Jésus et je lui ai dit :

O mon Jésus, combien avez-vous souffert par amour pour moi !

Je suis restée quelques instants la tête inclinée sur la poitrine de Jésus qui, ensuite a disparu.

Il est inutile de dire que plus jamais je ne pourrai l’oublier et, que toujours je m’en souviendrai comme quelque chose qui serait toujours présente.

Je sens mon cœur blessé rien qu’au souvenir de cette scène; l’obéissance seule et l’amour de Jésus m’obligent à en parler.

Je pense que Jésus, en se présentant à moi dans cet état, voulait me préparer à ce que je vais maintenant vous décrire. Qu’il m’en donne la force et sa grâce afin que je puisse bien le faire.[81]

« Prie pour les prêtres... »

C’est avec regret et nostalgie que je vous informe que je n’ai plus communié. Ah, si je pouvais obtenir qu’on me portât la Sainte Communion, en payant avec de l’argent cette faveur, combien ne donnerais-je pas!... Mais je fais beaucoup de communions spirituelles, avec le plus de ferveur qu’il m’est possible et Notre-Seigneur m’en récompense. Voyez comme mon bon Jésus m’aime: il m’a dit que lui-même sera mon Directeur !...

(...)

Jésus m’a dit de ne rien m’attribuer de tout cela, car — me dit-il — je ne suis que poussière et que je ne possède rien que je ne l’ai reçu de Lui. Il m’a dit aussi que les faibles, il les rend dort; que c’est sous mes fautes qu’il cache son pouvoir, son amour et sa gloire.

(...)

Voulez-vous que je vous dise ce que me dit, quelquefois, Notre-Seigneur, quand il commence à me parler ?

Ma fille, ma fille bien-aimée, mon aimée, mon épouse, ma préférée, me voici tout à l’intérieur de ton âme.

Mon Bien-Aimé Jésus m’a dit qu’il sera mon Directeur et mon Maître, continuel, fréquent et habituel; que vous-même le serez de loin;[82] mais que je dois vous obéir jusqu’à préférer votre direction à la sienne.

Notre-Seigneur ne cesse pas de renouveler ses demandes dont je vous ai déjà parlé, et il me rappelle continuellement ses Tabernacles.

Viens, ma fille, viens t’attrister avec moi ; viens me tenir compagnie dans mes prisons d’amour ; viens réparer tant d’abandon et d’oubli !...

Il m’a demandé aussi de ne lui refuser ni souffrances ni sacrifices pour les pécheurs, sur lesquels la divine Justice menaçait de frapper, si je n’allais pas à leur secours.

Il me demande d’oublier le monde et de me livrer tout entière à Lui :

Abandonne-toi dans mes bras, je choisirai tes chemins...

Je ne sais pas quoi Lui donner d’autre, car je ne Lui refuse rien...

(...)

Avise ton directeur spirituel que j’exige que l’on prêche et que l’on propage la dévotion aux Tabernacles, et d’avantage encore: qu’elle soit rallumée dans les âmes. Je ne suis pas resté sur les autels par amour uniquement de ceux qui m’aiment, mais pour l’amour de tous; même en travaillant on peut me consoler. [83]

Prie pour les prêtres: ce sont les ouvriers de ma vigne; la récolte dépend d’eux...

Je choisis les faibles pour les rendre forts. Sous leur faiblesse Je cache mon pouvoir, mon amour et ma gloire. Oublie le monde et offre-toi à moi. Abandonne-toi entre mes bras: Je choisirai tes sentiers. [84]

« Avise ton directeur spirituel... »

Quelques fois, avant même qu’il me parle, je sens comme des embrassements. D’autres fois je les sens à la fin. Je ressens, subitement une forte chaleur, une chaleur que je ne sais pas expliquer. Parfois encore, je me sens tellement caressée par Notre-Seigneur ! Et moi, je ne sais pas comment correspondre à tant de bienfaits...

(...)

Jésus m’a dit que de la même manière qu’il est fidèle à demeurer en moi pour me consoler, que moi aussi je devais être fidèle à demeurer en esprit auprès de ses Tabernacles, pour le consoler et l’aimer; que je devais lui donner mon corps pour être victime; que des milliers de victimes ne seraient pas de trop pour réparer tant de péchés et les crimes du monde...

(...)

Parlez, mon Jésus, parlez, car votre petite fille vous écoute... Je souhaite ardemment être instruite à votre école.

— Je souhaite aussi ardemment que tu apprennes toutes mes leçons. J’ai beaucoup à t’apprendre, afin que par toi, beaucoup viennent apprendre les mêmes leçons, qu’ils marchent sur les mêmes traces et qu’ils suivent les mêmes chemins.

(...)

Avise ton directeur spirituel que J’exige que l’on prêche et que l’on propage la dévotion aux Tabernacles, et d’avantage encore : qu’elle soit rallumée dans les âmes. Je ne suis pas resté sur les autels par amour uniquement de ceux qui m’aiment, mais pour l’amour de tous; même en travaillant on peut me consoler.

(...)

— Veille sur mes tabernacles. J’y suis si seul dans un très grand nombre !... Des jours et des jours passent sans que quelqu’un me rende visite. On ne m’aime pas, on ne répare pas. Quand ils y viennent, ils le font soit par habitude ou par quelque obligation. Sais-tu ce qui ne cesse pas de tomber sur mes tabernacles ? C’est cette chaîne de péchés et de crimes. Ce sont là les actes d’amour qu’ils y déposent ; c’est ainsi qu’ils me consolent ; c’est ainsi qu’ils réparent; c’est ainsi encore qu’ils m’aiment !...

(...)

Ne me refuse pas les souffrances et les sacrifices pour les pécheurs ! La Justice de Dieu pèse sur eux. Toi, tu peux les secourir.

Prie pour les prêtres: ce sont les ouvriers de ma vigne; la récolte dépend d’eux...

Je choisis les faibles pour les rendre forts. Sous leur faiblesse Je cache mon pouvoir, mon amour et ma gloire. Oublie le monde et offre-toi à moi. Abandonne-toi entre mes bras : Je choisirai tes sentiers.

(...)

Console-moi et aime-moi et moi, je te consolerai dans toutes tes afflictions et dans tous tes besoins.

(...)

J’ai établi en toi ma demeure... tu es un tabernacle construit non pas par des mains d’homme, mais par des mains divines... J’habite en toi comme si dans le monde toi seule, tu existais, comme si dans le monde je n’avais que toi à combler.

(...)

Je ne t’abandonnerai jamais. Sais-tu quand je te laisserai ? Quand je t’appellerai en ma divine présence pour t’emmener au Ciel. Alors seulement j’abandonnerai ton corps... Me le donnes-tu librement afin que je le crucifie pour les pécheurs ? [85]

« Je suis le prisonnier des prisonniers !... »

Peu avant de dicter cette lettre, Notre-Seigneur m’a demandé mon cœur pour le placer dans le sien, afin que je n’ai pas d’autre amour que lui et celui de ses œuvres. Il m’a dit que toutes les âmes y ont leur place, dans son divin Cœur, mais que j’y avais une place de choix. Il m’a encore dit :

Ma fille, n’as-tu pas compassion de moi ?...

Je suis seul et abandonné, dans mes tabernacles, et tellement offensé ! Viens me consoler, viens réparer ; réparer pour tant d’abandon...

Visiter les prisonniers dans leurs cachots et les consoler est une œuvre de miséricorde. Moi, je suis prisonnier et prisonnier par amour ; je suis le Prisonnier des prisonniers !...

Notre-Seigneur m’a dit que je suis son temple. Temples de la très Sainte Trinité sont toutes les âmes en état de grâce, mais que moi, par une grâce particulière, je suis un tabernacle qu’il s’est choisi pour y habiter et s’y reposer afin de davantage rassasier la soif que j’ai de son Sacrement d’Amour... Jésus me dit encore qu’il se sert de moi afin que par moi beaucoup d’âmes soient stimulées à l’aimer dans la sainte Eucharistie.

(...)

— Je t’ai choisie pour moi. Correspond à mon amour. Je veux être ton Époux, ton Bien-Aimé, ton tout. Je t’ai choisie aussi pour le bonheur de beaucoup d’âmes. Tu es mon temple, temple de la très Sainte Trinité. Toutes les âmes en état de grâce le sont, mais tu l’es de façon spéciale. Tu es un tabernacle choisi par moi, afin que J’y habite et m’y repose. Je veux rassasier ta soif pour mon Sacrement d’amour.

Tu es comme le canal par où passeront les grâces que Je veux distribuer aux âmes et à travers lequel les âmes viendront à moi. Je me sers de toi afin que beaucoup d’âmes viennent à moi: par ton intermédiaire, beaucoup d’âmes seront stimulées à m’aimer dans la très Sainte Eucharistie.

Reçois, maintenant, ma fille, le Sang de mon divin Cœur : c'est la vie dont tu as besoin, c'est la vie que Je donne aux âmes.

Dis au monde entier qu'il écoute la voix de son pasteur, le Pape, laquelle est la voix de Jésus. Je veux de l'amour, de la pureté d'âme, changement de vie. Que la voix du Saint-Père soit pour le monde un aussi vibrant appel que celui de Noé...

Qu'il parle aux nations et à ses gouvernants, afin qu'un terme soit mis à tant d'immoralité...

J'ai renouvelé, à perpétuité, mon vœu de virginité et de pureté, suppliant la Sainte Vierge de me purifier de toute tache, de me consacrer toute à Jésus et de me renfermer dans son Sacré-Cœur. Je tressaillais de joie. Peu après, Notre-Seigneur m'a parlé ainsi :

— J'ai reçu ton offrande, par l'entremise de ma très Sainte Mère. Si tu savais combien tu as consolé ton Jésus et réjoui la Très Sainte Trinité !... Si tu pouvais comprendre la gloire que ton oblation t'a acquise pour le ciel, tu mourrais de bonheur !...

Désormais, Je te comblerai de bienfaits... tu arrêteras le bras de la Justice divine prête à foudroyer les pécheurs... tu seras un puissant secours à tant d'âmes enchaînées par le péché... tu es la victime de mes prisons eucharistiques.

(...)

J’ai eu un bon Maître. C’est vous le premier, ô mon Jésus, que depuis toute petite, m’avez appris ![86]

« Donne-moi ton cœur... »

— Donne-moi ton cœur, que je le place dans le mien, afin que tu n’aies pas d’autre amour que le mien et celui de mes affaires.[87]

« Quelle sainte union est la nôtre !... »

Veux-tu voir comment je t’embrase ?[88]

J’ai alors commencé à sentir une union si grande et une chaleur et une force qui semblait me broyer. Mon Jésus m’a dit :

— Comme nous nous aimons ! Quelle sainte union est la nôtre !

(...)

Écoute, ma fille, ton Jésus. Je suis avec toi pour t’enrichir de mes divins trésors. Combien je t’aime ! Je t’ai choisie pour ma demeure. Je te prépare selon mes désirs. Ne vis que pour moi. Aime-moi beaucoup. Ne pense qu’à moi. Et, parce que tu t’es généreusement offerte comme victime pour les pécheurs du monde, Je ferai de toi comme un canal pour distribuer les grâces aux âmes coupables de toutes sortes de crimes. Ainsi tu feras venir à moi un grand nombre...

En même temps je ne sais pas ce qui s’est passé en moi, je ne sais pas l’expliquer; je ressentais un très, très grand poids. J’avais l’impression que mon cœur devenait aussi grand que le monde...[89]

« Je suis avec toi, ma fille... »

Cela faisait presque deux jours que Jésus ne me parlait plus. J’ai pleuré, de peur d’être dans l’illusion. Quand je me suis un peu rassérénée, j’ai fait la Communion spirituelle. Mon bon Jésus m’a, alors, parlé ainsi :

Ma fille, ma fille très chère, ma bien-aimée, ne t’attriste pas à cause de moi. Je fais pénétrer en toi mon Amour. Ce fut une bonne préparation. C’était moi qui te provoquais, pour voir jusqu’où irait ta confiance. M’aimer dans les douceurs et les tendresses, cela ne coûte pas. J’ai fait semblant de t’abandonner, de te laisser naviguer toute seule, sans que tu te sentes dans les bras de ton Époux, pour voir jusqu’où irais-tu. Mais, je ne t’abandonne pas.

Combien Je t’aime ! Quand tu te sens froide, c’est moi qui, chaque fois d’avantage infuse en toi mon amour. Quand Je ne te parle pas, c’est pour t’inspirer beaucoup plus de foi en moi. Ne t’ai-je pas dit que je ne t’abandonnerais jamais et ne m’éloignerais jamais de toi ? Je t’aime tellement ! Viens à mon école; apprends de ton Jésus à aimer le silence, l’humilité, l’obéissance et l’abandon. Viens dans mes Tabernacles... Prosterne-toi devant moi et demande-moi pardon pour ton découragement et pour ton infidélité.

(...)

Je suis avec toi, ma fille... et quand tu te sens froide, c’est que moi, je fais pénétrer davantage en toi mon amour.

(...)

Quels heureux moments, quelle grande union, quelle force à me contraindre, pendant que la chaleur me donnait l’impression que des langues de feu me transperçaient ![90]

« Mon Cœur se fait violence... »

— Aie courage, ma fille. Cela coûte beaucoup d’être traitée de la sorte, je le sais bien. Mais, plus cela coûte, plus c’est agréable à ton Jésus. Mon Cœur se fait violence en te voyant souffrir autant. Je te veux dans mes bras très saints avec la même simplicité qu’un enfant dans les bras de sa mère. Je veux enlever tous les doutes que tu puisses encore avoir.[91] Je te veux plus brillante que les anges. Oui, parce que les anges sont brillants par nature, et toi, tu l’es parce que tu t’es restée brillante, parce que tu as permis à Jésus de travailler en toi librement, et t’enrichir des plus belles vertus.[92]

« Je suis toujours avec toi... »

Ma fille, je suis toujours avec toi. Si tu savais combien je t’aime, tu mourrais de joie. Je te prépare afin de réaliser en toi mes desseins.[93]

Jésus m’a dit que de la même manière qu’il est fidèle à demeurer en moi pour me consoler, que moi aussi je devais être fidèle à demeurer en esprit auprès de ses Tabernacles, pour le consoler et l’aimer; que je devais lui donner mon corps pour être victime; que des milliers de victimes ne seraient pas de trop pour réparer tant de péchés et les crimes du monde...

(...)

Quelques fois, avant même qu’il me parle, je sens comme des embrassements. D’autres fois je les sens à la fin. Je ressens, subitement une forte chaleur, une chaleur que je ne sais pas expliquer. Parfois encore, je me sens tellement caressée par Notre-Seigneur! Et moi, je ne sais pas comment correspondre à tant de bienfaits...

(...)

Parlez, mon Jésus, parlez, car votre petite fille vous écoute... Je souhaite ardemment être instruite à votre école.

— Je souhaite aussi ardemment que tu apprennes toutes mes leçons. J’ai beaucoup à t’apprendre, afin que par toi, beaucoup viennent apprendre les mêmes leçons, qu’ils marchent sur les mêmes traces et qu’ils suivent les mêmes chemins.

(...)

— Veille sur mes tabernacles. J’y suis si seul dans un très grand nombre !... Des jours et des jours passent sans que quelqu’un me rende visite. On ne m’aime pas, on ne répare pas. Quand ils y viennent, ils le font soit par habitude ou par quelque obligation. Sais-tu ce qui ne cesse pas de tomber sur mes tabernacles ? C’est cette chaîne de péchés et de crimes. Ce sont là les actes d’amour qu’ils y déposent; c’est ainsi qu’ils me consolent; c’est ainsi qu’ils réparent; c’est ainsi encore qu’ils m’aiment !...

(...)

— Fais que je sois aimé par tous dans mon sacrement d’Amour, le plus grand de tous les sacrements, le plus grand miracle de ma divine Sagesse !

(...)

Console-moi et aime-moi et moi, je te consolerai dans toutes tes afflictions et dans tous tes besoins.

(...)

J’ai établi en toi ma demeure... tu es un tabernacle construit non pas par des mains d’homme, mais par des mains divines... J’habite en toi comme si dans le monde toi seule, tu existais, comme si dans le monde je n’avais que toi à combler.

(...)

Je ne t’abandonnerai jamais. Sais-tu quand je te laisserai ? Quand je t’appellerai en ma divine présence pour t’emmener au Ciel. Alors seulement j’abandonnerai ton corps... Me le donnes-tu librement afin que je le crucifie pour les pécheurs ?[94]

« Tu as choisi la meilleure part... »

— Comme Madeleine, tu as choisi la meilleure part. Aimer mon Cœur ! M’aimer crucifié, c’est très bien. M’aimer dans mes tabernacles, où tu peux me contempler, non pas des yeux du corps mais de ceux de l’âme et de l’esprit ; où j’habite avec mon Corps, mon Âme et ma Divinité comme dans le Ciel, c’est choisir ce qu’il y a de plus sublime.

(...)

— Ils ne croient pas à mon existence. Ils ne croient pas que j’y habite.[95] Ils blasphèment contre moi. D’autres croient que j’y suis, mais ils ne m’aiment pas, ne me visitent pas: ils vivent comme si je n’y habitais... Viens dans mes tabernacles; elles sont à toi mes prisons; je t’ai choisie pour m’y tenir compagnie, dans ces abris qui sont très souvent, extérieurement, si pauvres ! Mais à l’intérieur, ô, quelle richesse ! C’est la richesse du Ciel et de la terre !

(...)

— Veux-tu me consoler ? Veux-tu consoler le sanctificateur de ton âme ? Va dans les tabernacles !... Consoler les attristé, c’est faire œuvre de miséricorde... Et moi je suis si triste ; je suis si offensé !...

Là tu peux servir de victime pour les péchés du monde, en cette période où le monde se révolte contre moi et contre mon Église.

(...)

— Fais que je sois aimé par tous dans mon sacrement d’Amour, le plus grand de tous les sacrements, le plus grand miracle de ma divine Sagesse ! [96]

« Ne cesse pas de prier... »

― Ne cesse pas de prier pour les pécheurs. Je te les confie, afin que tu me les rendes. Viens dans mes tabernacles.

Il m’a dit encore que “ou bien je réparais et la dévotion aux tabernacles était prêchée, ou le monde allait être puni avec beaucoup de sévérité”.

J’ai demandé à mon Jésus ce que je pouvais faire pour beaucoup l’aimer et il m’a dit :

Viens dans mes tabernacles ; viens me consoler ; viens réparer. Ne cesse pas de réparer ; donne-moi ton corps pour que je le crucifie. J’ai besoin de beaucoup de victimes pour soutenir le bras de ma justice et j’en ai si peu ! Viens les remplacer... Fais que je sois aimé de tous dans mon Sacrement d’Amour, le plus grand de mes Sacrements et le plus grand miracle de ma divine sagesse...

— O mon Jésus, Vous me caressez si tendrement en me disant des choses si magnifiques. Ne voyez-vous pas ma petitesse... ma misère ?...

Ma fille, c'est dans ta petitesse et dans ta misère que Je cache ma grandeur, ma gloire !...[97]

« J’ai besoin de plusieurs victimes... »

— J'ai besoin de plusieurs victimes pour arrêter le bras de ma Justice et J'en ai si peu !... Remplace-les. Je veux que tu me fasses aimer dans mon sacrement d'amour, le plus grand des sacrements... le plus extraordinaire miracle de ma Sagesse...

(...)

Oh ma fille chérie, je veux que tu sois toute à moi, toute à moi et que tu ne vives que pour moi et n’aimes que moi et ne cherches que moi !...[98]

« Veux-tu vraiment me consoler ?... »

J’ai commencé à goûter les effets de Notre-Seigneur avant même qu’il me parle : une grande chaleur, une force qui m’enlaçait tellement qu’elle semblait m’arracher de ce monde. Je ressentais l’impression que l’on a quand on reçoit des caresses et j’avais l’impression aussi de recevoir des baisers...

(...)

Mes souffrances continuent d’augmenter de plus en plus, mais je ne crains pas, parce que mon cher Jésus souffre avec moi. Bien au contraire, je me sens joyeuse et contente, car par l’augmentation de mes souffrances, je peux davantage aider les pauvres pécheurs et réparer les offenses dont Notre-Seigneur est victime de leur part.

(...)

― La mission que je t’ai confiée, ce sont les tabernacles et les pécheurs...

Par toi, beaucoup, beaucoup de pécheurs seront sauvés ; non par tes mérites, mais par les miens. Je cherche tous les moyens pour les sauver...

Veux-tu vraiment consoler et aimer ton Époux, l’Époux des âmes vierges que j’aime avec prédilection ?

Viens dans mes tabernacles, reste là, vis là, et donne-moi ton corps pour que je le crucifie, afin de satisfaire à mes desseins. Sois ma victime de réparation pour les pécheurs du monde entier ; c’est ainsi que tu me consoleras beaucoup...

Ta couronne est plus brillante que toutes les perles précieuses du monde. Elle est embellie par toutes tes souffrances et par les âmes des pécheurs que tu as sauvés. Une très haute place est préparée pour toi [dans le Ciel].[99]

« Combien de victimes j'ai choisies... »

— Combien de victimes j'ai choisies et qui se sont refusées !... Combien j'ai appelées et ne m'ont pas entendu !... Combien j'ai invitées à une grande élévation vers moi et Je n'ai rien obtenu !

En toi Je me suis consolé; de toi J'ai tout reçu !... Si tu voyais le nombre d'âmes qui se sont sauvées grâce à toi, et spécialement en ces dernières années par ton jeûne ! [100]

« Ma pensée était avec Jésus... »

Ma petite fille, enfant de prédilection de Jésus, viens : Je suis la Mère du Rosaire, je suis la Mère du Carmel. Cachée dans mon sein, serrée contre mon Cœur, reçois dans tes mains le Rosaire qui pend des miennes. Sur le Rosaire je place le Scapulaire.

(...)

Notre-Seigneur m’a recommandé de ne pas me distraire pendant la journée avec les visites, aussi nombreuses qu’elles puissent être. Et en vérité, lors de la visite au Saint-Sacrement,[101] j’étais si unie à Jésus, qu’il me semblait que nul ne pouvait me distraire... Je les laissais tous parler, mais ma pensée était avec Jésus au Tabernacle.[102]

1935

“Avec mon sang...”

À Jésus pour toujours...

Je voulais tout faire par amour pour Eux [103] et, pour leur prouver que je les aimaient. Quelques fois, je faisais des boulettes de cire que j’attachais au bout d’un fil et, avec celles-ci, je me flagellais, choisissant les endroits de mon corps les plus sensibles, ceux où je me faisais le plus de mal, comme les genoux, les os. Mon corps devenait bleuâtre sous les coups. [104] D’autres fois, je nouais les tresses de mes cheveux aux barreaux de mon lit et je tirais ensuite, de toutes mes forces, afin de pouvoir souffrir davantage.

Un dimanche après-midi, j’ai éprouvé une si grande aspiration d’amour pour Jésus, que je ne pouvais me contenir. Je ne désirais qu’une chose: être seule. Finalement, tous les miens ont décidé, même si hésitants, d’aller à l’église. À peine ils sont sortis, j’ai pu montrer à Jésus combien je l’aimais. Ayant pris l’épingle à laquelle étaient accrochées mes médailles, je l’ai enfoncée dans ma poitrine. Ne voyant point de sang couler, je l’ai enfoncée davantage dans la chair, jusqu’à ce que le sang coule. Je m’en suis servie comme d’une plume et j’ai écrit, au verso d’une image pieuse :

— Avec mon sang, je vous jure de beaucoup vous aimer, mon Jésus. Que mon amour soit tel, que je meure enlacée à la croix. Je vous aime et je meurs d’amour pour vous, mon cher Jésus. Je veux habiter dans vos tabernacles. (Balasar, 14.10.1934).

Aussitôt après, j’ai ressenti tellement de répugnance et d’affliction, que je voulais déchirer cette image. Je ne sais pas ce qui m’en a empêché. Cette preuve d’amour ne m’a procuré aucune consolation.

Quand ma sœur est rentrée, elle m'a trouvée plongée dans une grande inquiétude. Je ne lui ai pas dit ce que j’avais fait, mais je lui ai simplement montré l’image. Elle s’est exclamée :

Petite folle que tu es! Que va dire le Père Pinho ?

Je me suis défendue en disant :

Je ne lui dirai rien !...

Au contraire, je lui ai tout raconté ! Lui, il me dit :

Qui t’en a donné l’autorisation ?

J’ai répondu alors que j’ignorais qu’une autorisation était nécessaire. Il m’a interdit de refaire des choses de ce genre.

La valeur de l’âme-victime...

— De la même manière qu’avant que je ne vienne dans le monde, des victimes étaient immolées dans le temple, ainsi aujourd’hui je veux immoler ton corps comme victime. Donne-moi ton sang pour les péchés du monde. Aide-moi dans le rachat. Sans moi tu ne peux rien; avec moi tu peux tout, pour aider les pécheurs et pour bien d’autres choses.[105]

« Notre-Seigneur m’a parlé... »

Le 3 [janvier], vers vingt et une heures, après la visite au Saint-Sacrement que je n’avais pas pu faire dans la journée, à cause de mes grandes douleurs et d’une forte indisposition — et je ne l’aurais pas faite, car j’avais grand sommeil — je me suis rendu compte, tout d'un coup, de cette sensation que je ressens quand Notre-Seigneur vient me parler. Cette nuit il m’est venu une idée qui peut, peut-être vous aider à comprendre ce que je veux dire: j’ai la sensation qu’une ondée vient me couvrir.

Je me suis inclinée sur le côté gauche et à l’instant même, Notre-Seigneur m’a parlé.[106]

Le singe de Dieu...

Voulez-vous savoir ce que m’a dit encore le maudit ? [107]

— “O excommuniée, excommuniée et justement excommuniée, si tu lui écris encore quelque chose !... Convertis-toi, malheureuse ! Convertis-toi pauvre fille ! C’est l’amour que j’ai pour toi qui me fait parler de la sorte. Je viens à peine de parler à ton Christ; il m’a dit de prendre soin de toi, car il n’a plus de salut possible pour toi. Combien il était en colère contre toi ! Il m’a dit qu’il ne peut plus te voir, et que c’est justement à cause de tout ce que tu écris. Si tu me promets de ne plus rien écrire, je crois pouvoir encore arranger les choses.”

Il a ajouté qu’il était inutile que je prie, car il n’y a plus de salut possible, pour moi... que plus personne ne peut me secourir... que je serai condamnée...

Après les prières, pendant une nuit de lutte, alors que j’avais tant besoin de dormir, tout d’un coup, il s’est fait une telle obscurité dans ma chambre, que je n’arrivais même pas à voir un filet de lumière par la fenêtre qui donne sur le couloir... Ensuite, j’ai vu une ombre toute noire dont je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises; je l’ai vu sauter vers moi et je l’ai entendu me dire :

— “Je viens de la part de ton Christ, te chercher, afin de te mener en enfer. Si tu t’endors, je te prendrai, toi et ton lit...

J’embrassais le crucifix, et la voix continuait :

— “Embrasse ce scélérat !... Il m’a dit de te faire des choses que je n’ose même pas répéter. Je ne te les ferai pas, parce que je t’aime bien...

Ce ne fut que quand j’ai pu m’emparer de l’eau bénite qu’il m’a laissée en paix...

Il y a huit jours, j’ai vu tomber contre la porte de ma chambre, une personne les bras en croix. Je ne sais pas expliquer ce que j’ai ressenti dans mon cœur : je me suis épouvantée, mais aussitôt après, le calme est revenu.

L’obscurité que j’ai décrite, se répète bien souvent.

De temps en temps, je vois une rapide lumière... mais elle n’est pas bien distincte...

Deux fois déjà, j’ai vu, posés sur ma poitrine, comme deux yeux très grands, écarquillés, qui me fixent, mais qui disparaissent aussi vite...

Dimanche, j’ai entendu une douce voix qui me disait :

— “Ma fille, je viens te dire de ne plus écrire de ce que tu vois: c’est une illusion de ta part ! Ne vois-tu pas comment tu es faible ? Tu me fais de la peine en l’écrivant. C’est ton Jésus qui te parle et non pas Satan !

Méfiante, j’ai commencé à embrasser le crucifix, et alors la voix se transforma, elle est devenue méchante :

— “Si tu écris encore quelque chose, je te mets le corps en déconfiture. Crois-tu que je ne peux pas le faire ?

Le démon veut me prendre les objets sacrés que j’ai sur moi et le crucifix que j’ai dans les mains...[108] il me dit qu’il a des secrets à me confier, mais qu’il faut que je me débarrasse de ces objets qu’il haït.

(...)

Et moi, au milieu de tout cela, sans avoir un ministre de Notre-Seigneur à qui je puisse ouvrir ma conscience; avec qui je puisse m’épancher !... Comment ne devrais-je pas me sentir triste ? J’ai pleuré, mais grâce à mon bien-aimé Jésus, ce n’étaient que des larmes d’une grande résignation à sa très sainte Volonté.[109]

« Consacrez le monde à Marie !... »

Je ne peux pas être davantage offensé... La profanation du dimanche, le péché de la gourmandise, l'impureté... que de crimes affreux, qui entraînent les âmes en enfer !...

Si ce monde d'iniquités ne s'arrête pas, bientôt l'humanité sera punie.

J'ai fait avertir Sodome et Gomorrhe et l'on a méprisé mes avertissements. Malheur à ceux qui, maintenant, feront de même !

(...)

Dis à ton directeur spirituel d'aviser le pape que s'il veut sauver le monde, il doit hâter l'heure de la consécration du monde à ma Mère. Qu'il La place à la tête de la bataille et la proclame Reine de la Victoire et Messagère de Paix. Le monde aura beaucoup à souffrir, parce que la malice humaine est arrivée à son comble avec tous ses crimes. Pauvre monde, s'il n'a pas comme guide la Reine du ciel ! Pauvre monde, si Elle n'intercède pas auprès de Dieu ![110]

« Sois ma victime... »

Si tu m’aimes, si tu es toute à moi, ne me refuse pas ce que je te demande. Sois ma victime.

(…)

Oh, c’est alors que je me suis sentie caressée par Notre-Seigneur !... Quelle intime union ! Quelle force qui m’enlaçait si fortement ! Quelle paix dans mon âme !

Savez-vous à quoi j’ai pensé ? Quelle folle j’ai été de ne pas avoir toujours aimé Notre-Seigneur, et que tous ceux qui ne l’aiment pas, sont aussi fous !

(…)

— Tout ce que les adorateurs me demanderont dans la Sainte Eucharistie, je leur accorderai. L’Eucharistie est la médecine pour tous les maux...

Que l’on prie pour les malheureux pécheurs, lesquels, esclaves de leurs passions, ne se souviennent plus qu’ils ont une âme à sauver et qu’une éternité les attend bientôt.[111]

« Tes sentiers sont les sentiers du Christ... »

Ma fille, tu ne vis pas la vie du monde: tu es détachée de tout ce qui lui appartient. Tu vis du ciel, tu vis de ce qui est divin. Tes sentiers sont les sentiers du Christ : c'est pour cela que tu n'es pas comprise. Ta mission est sublime, mon ange. C'est la plus riche des missions. Voici donc la raison de la haine et de la persécution de la part du démon à l'encontre des âmes que tu lui arraches; persécution de la part du monde parce qu’il ne comprend pas la vie que tu vis, ce que c'est que ma vie dans les âmes.

C'est douloureux pour mon divin Cœur de voir ta douleur.

Il est nécessaire que les hommes étudient profondément pour comprendre la vie du Christ dans les âmes.

Quand Je t'ai créée, Je t'ai faite avec la perfection nécessaire pour accomplir la mission la plus sublime. C'est ainsi que J'ai choisi les âmes qui devaient te guider, des âmes qui comprennent, des âmes qui vivent seulement ma vie, la vie intime avec moi. Je souhaite que tous mes disciples (les prêtres) étudient cette science divine: ils ne l'étudient pas, ne la comprennent pas. Je leur donne les lumières nécessaires et ils cherchent à les éteindre, mais en vain.[112]

Le mois de mai

Au mois de mai 1935, désireuse de consoler la Maman chérie et de souffrir pour elle, j’ai pensé écrire, sur des petits morceaux de papier, des intentions, une pour chaque jour du mois. Chaque matin j’en tirais un au sort et m’efforçait, pendant la journée, de suivre ce qui était écrit. Ceci, uniquement, pour consoler Jésus, par l’intermédiaire de Marie.

Fleurettes” de mai 1935

1

          Un vrai amour de ma part envers la très sainte Maman et Jésus au Saint-Sacrement.

2

          Par amour pour Jésus et Marie, je souffrirai pour tous les prêtres.

3

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai pour quelques pécheurs qui m’ont été ardemment recommandés.

4

          Par amour de Marie et de Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai pour tous les pécheurs du monde.

5

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai pour obtenir un amour fou envers la Maman du ciel.

6

          Par amour pour Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai pour les intentions de mon parrain et de ma famille.

7

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai pour toutes les intentions qui m’ont été confiées.

8

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai pour mon directeur spirituel.

9

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai pour obtenir l’amour des anges, des chérubins et des séraphins.

10

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai pour obtenir un amour ardent pour mon Jésus au Saint-Sacrement et qu’il soit aimé par tous au Saint-Sacrement.

11

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai sans me plaindre.

12

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout ce qui est de la volonté de Dieu.

13

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout à la mémoire de la Passion du Seigneur.

14

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout pour ma mère.

15

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je mortifierai mon corps.

16

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout pour le Saint-Père et pour les besoins de l’Église.

17

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout en l’honneur des douleurs de la Maman céleste.

18

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai pour ma chère Sãozinha. [113]

19

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je leur donne mon corps comme victime et je renouvelle le vœu de virginité.

20

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout pour obtenir de ne penser qu’au Jésus et Marie.

21

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout pour obtenir de vivre dans une grande intimité avec mon Ange Gardien.

22

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, j’observerai le silence.

23

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout pour obtenir l’amour de la très Sainte-Trinité.

24

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai afin de tout obtenir du Seigneur et pour être sainte.

25

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je renouvellerai le vœu de tout offrir pour les âmes du Purgatoire.

26

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout, en premier lieu pour notre “Croisade Eucharistique[114] et pour une autre qui m’a été recommandée, et pour le monde entier.

27

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai pour la conversion et pour tous les besoins de ma famille.

28

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout pour ma chère sœur. [115]

29

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout pour les pécheurs qui sont tout près d’être présentés devant Dieu.

30

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout pour obtenir l’amour de tous les saints et saintes.

31

          Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je renoncerai aux fruits.

— Mère de Jésus et ma Mère, écoutez ma prière : je vous consacre mon corps et mon cœur. Purifiez-le, Mère très Sainte : remplissez-le de votre amour. Placez-le vous-même auprès des Tabernacles de Jésus, afin qu’ils servent de lampe jusqu’à la fin du monde.

Jésus demande la consécration...

Le 30 du courant mois,[116] après la Communion, j’ai entendu Jésus qui me disait :

En raison de l’amour que tu as envers ma très Sainte Mère, communique à ton directeur spirituel la demande suivante: que chaque année un acte de consécration du monde à Elle soit fait, un jour fixé et que l’on demande à la Vierge sans tache de confondre les impurs, afin que ceux-ci changent de vie et ne M’offensent plus davantage.

Comme Je l’ai demandé à Marguerite Marie la consécration du monde à mon divin Cœur, ainsi Je te demande à toi, qu’il soit consacré à Elle, avec une fête solennelle.[117]

« Quelle paix je sens dans mon âme... »

(…)

Dans la journée, je redisais à Notre-Seigneur : O mon Jésus, je ne sais pas comment vous remercier pour tant de bienfaits. Moi, qui ne suis pas digne de lever les yeux au ciel, ni de vous appeler du très doux nom de Père, je reçois de vous tant de grâces ! Merci, merci beaucoup, mon Jésus !

(...)

Ne tardez pas à faire connaître tout ce que Je vous communique au sujet de l’Eucharistie. vous n’avez que cette médecine. C’est de celle-ci que naissent les paratonnerres pour éloigner la divine Justice.

(...)

Quelle paix je sens dans ma pauvre âme ! Comme j’ai envie de l’aimer de plus en plus ! Aujourd’hui je l’ai reçu, avec peu de ferveur; mais il y a déjà eu pire. Savez-vous ce que je crois voir ? De plus en plus de grandeur en Notre-Seigneur, et en moi, de plus en plus de petitesse: on dirait que je m’accroupissais, que je mettais à plat ventre. Pour cela même, je me sens de plus en plus indigne de recevoir Notre-Seigneur, la grandeur et la bonté infinies ! Mais, confions en sa miséricorde, n’est-ce pas ?[118]

La “lampe” des tabernacles

O mon Jésus, je m’unis spirituellement à toutes les Hosties de la terre, dans tous les lieux où vous habitez au Saint-Sacrement; je veux y passer tous les moments de ma vie, constamment, de jour comme de nuit, joyeuse ou triste, seule ou accompagnée, à vous consoler toujours, à vous adorer, à vous aimer, à vous louer, à vous glorifier ! O mon Jésus, je voudrais que tant d’actes d’amour tombent sur vous, constamment, de jour comme de nuit, comme la pluie fine qui tombe du ciel pendant une journée d’hiver. Je ne voudrais pas ces actes d’amour uniquement de moi, mais de tous les cœurs, de toutes les créatures du monde entier. Oh ! Comme je voudrais aimer et vous voir aimé de tous ! Vous voyez, ô Jésus, mes désirs: acceptez-les comme si déjà je Vous aimais ! O Jésus, qu’il ne reste dans le monde un seul lieu où vous demeurez au Saint-Sacrement, sans qu’aujourd’hui et pour toujours, à chaque instant de ma vie, je n’y sois pour Vous dire : “Jésus, je vous aime ! Jésus, je n’appartiens qu’à vous ! Je suis votre victime, la victime de l’Eucharistie, la petite lampe de vos tabernacles ! ” O Jésus, je veux être victime pour les prêtes, les  pécheurs, ma famille ; victime par amour pour vous, pour votre très sainte Passion, pour les douleurs de la Maman chérie, pour votre Cœur, pour votre sainte Volonté ; victime pour le monde entier ! Victime pour la paix, victime pour la consécration du monde à la Maman du ciel !

« Il me semble avoir davantage de péchés... »

On dirait que tout ce qui s’est passé en moi est oublié, sauf les péchés ; ceux-là je me les rappelle. J’ai quelques fois des moments d’affliction dont j’ignore la cause. À ces moments-là, il me semble avoir davantage de péchés ![119]

« Je suis votre victime !... »

La Toussaint a été pour moi un jour de grande tribulation: dès le matin, j’avais l’impression de comparaître devant Notre-Seigneur, sans rien, les mains vides. Cette situation me faisait penser à celle d’un mendiant qui n’a même pas un vieux chiffon pour se couvrir: moi non plus, je n’avais rien pour ma pauvre âme. Il me semblait ne pas avoir de cœur pour aimer Notre-Seigneur, et j’avais aussi l’impression qu’on l’éloignait de moi, mais je ne comprenais pas ce qui se passait...

Après la sainte Communion, il me semblait que je traitais Jésus comme un étranger.

Hier, j’ai de nouveau ressenti ce que je vous ai déjà expliqué il y a quelque temps: soudain il m’a semblé porter sur moi tous les péchés du monde, que tous les crimes étaient les miens. Je ne sais pas expliquer ce que j’éprouvais alors... Quand je me sens affligée, j’ai l’habitude de dire : “Mon Dieu, que votre très sainte Volonté soit faite. J’ai confiance en vous. Je vous aime beaucoup, mon Jésus, je suis votre victime !...

Si je pouvais, par mes souffrances, fermer les portes de l’enfer! C’est ce que je répète souvent à Notre-Seigneur : “ O mon Jésus, que chaque nouvelle douleur, que chaque nouvelle affliction, soient autant d’actes d’amour pour vos Tabernacles, autant de serrures pour les portes de l’enfer, afin que les forces du mal ne puissent plus les rouvrir.

Je regrette de ne pas savoir remercier Notre-Seigneur pour tant d’amour pour la souffrance et pour tant et tant de bienfaits que je reçois de Lui. Mon Père, je vous demande, par charité, de remercier et de louer Jésus pour moi. Notre-Seigneur m’a donné la perle la plus précieuse, la plus grande richesse que l’on puisse avoir en ce monde. Combien heureux est celui qui souffre pour Jésus ! Si je ne l’avais pas autant offensé, mon bonheur serait à son comble. Mais, malgré mes péchés, il me semble que nul au monde n’est plus heureux que moi...

Mon état d’âme n’a pas changé : toujours le même abandon dans lequel Notre-Seigneur m’a laissée... Que Notre-Seigneur daigne accepter toutes les peines que je souffre pour la conversion des pécheurs. Les âmes de ces malheureux qui offense tant Jésus, me préoccupent beaucoup. J’ai tant de peine pour leurs petites âmes ! Penser qu’une fois perdues, elles le sont pour toujours ! Quelle désolation ! Je ne peux pas m’arrêter de tout endurer et d’offrir tous les sacrifices pour leur salut et soulager Jésus.[120]

Quand je contemple Jésus crucifié et le vois si maltraité, alors mon chagrin redouble et mon cœur se remplit de douleur et de tristesse, me souvenant qu’à chaque instant il est si horriblement crucifié... J’en souffre beaucoup. Parfois, mon corps n’en peut plus résister et je crois mourir. Cependant, mon esprit vit encore, Dieu soit loué. Il vit dans le désir de souffrir davantage, pour pouvoir ainsi consoler et soulager Celui qui m’aime tant et qui est mort pour moi. C’est ainsi que je vis, sans aucun moment de consolation, au milieu des ténèbres et dans un complet abandon; mais toujours dans les bras de Jésus, tenant ma place de sentinelle auprès de ses Tabernacles, partout où il habite au Saint-Sacrement. Je lui dis alors:

“O mon Jésus, si je me distrais ou si je m’endors, rappelez-moi aussitôt, par des afflictions ou par des souffrances, afin que je prenne votre défense et que les péchés du monde ne tombent pas sur vos prisons d’amour. Je veux vivre et mourir dans vos bras, mais sans jamais arrêter de vous consoler et de vous aimer; sans jamais cesser de vous tenir compagnie et de vous soulager.” [121]

« Il me semble que tout s’assombrit... »

Il me semble que, jour après jour, tout s’assombrit de plus en plus. Même le Soleil divin qui me réchauffait, m’éclairait et donnait la force à ma pauvre âme, semble s’être obscurci. Patience! Je veux tout souffrir pour mon Bien-Aimé Jésus, pour lui sauver beaucoup d’âmes: c’est la mission que Notre-Seigneur m’a confiée, en ce monde, n’est-ce pas ?

Combien elle est belle et consolante la prière du “Notre Père” ! “Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel !” Que ma plus grande consolation soit celle de savoir que je fais la volonté de mon Bien-Aimé Jésus, qui a tant aimé cette misérable pécheresse...

Pour dicter ces quelques lignes, j’ai dû m’y prendre à plusieurs reprises : il me fallait attendre de pouvoir parlé, car mes souffrances sont si grandes, qu’elles m’accablent et m’épuisent complètement.[122]

1936

“Offre-toi...”

« Jésus écoute bien mes demandes... »

Mon doux Jésus ne semble pas encore satisfait de ma crucifixion. Il écoute bien les demandes que je lui fais d’augmenter mes tourments. En plus des énormes douleurs qui me torturent, je me sens, maintenant, comme suspendue à une balançoire, poussée de droite à gauche et de bas en haut, ce qui me cause une très grande souffrance dans tout le corps. Les douleurs de mon bras gauche sont aussi plus aiguës. Béni soit Notre-Seigneur ! Que sa très sainte volonté, qui est aussi la mienne, soit faite. Mais, que sont les maux corporels, comparés aux souffrances de l’âme ! Ce n’est qu’avec l’aide divine que je peux y résister. Ce complet abandon, dans lequel mon Bien-Aimé Jésus a daigné me placer — être privée de lumière et de consolations — me coûte énormément.[123]

« Endurer toutes les souffrances... »

S’il m’était possible d’endurer toutes les souffrances du monde, je ne les refuserais pas, pourvu que Jésus fût aimé de tous. Je dis souvent à Jésus :

Mon Bien-Aimé Jésus, comme j’aimerais vous consoler et pouvoir vous dire : “Mon Jésus, vous ne serez plus offensé ! Il ne tombera désormais plus d’âmes en enfer ! Vous êtes aimé et connu de tous !” Oh oui, je veux beaucoup souffrir, afin que votre Sang n’ait pas été versé inutilement pour aucune âme ![124]

« O douleur bénie !... »

O douleur, douleur bénie ! O croix, lit sacré !... Je veux que tu sois ma tombe d'où je ne puisse plus sortir !... Croix sainte, trésor immense dont Jésus a voulu m'enrichir, je te désire, je t'embrasse, je veux être clouée à toi, toute entourée d'épines ! Je veux être blessée et immolée pour Jésus, avec Jésus ! La croix fait mon bonheur sur la terre et me rendra heureuse au ciel !...[125]

Mois de mai...

En mai 1936, déjà sans forces, ne pouvant plus écrire, mais désirant donner, à Jésus et Marie, la même preuve d’amour que l’année précédent, j’ai demandé à ma sœur d’écrire les intentions de prière suivantes, sur les bulletins à tirer au sort quotidiennement, souffrant et aimant selon l’intention écrite.

Le 31 mai 1936, j’ai écrit ce qui suis :

Petite-Maman du ciel, je viens humblement à vos pieds pour déposer les fleurs spirituelles recueillies pendant le mois. Je suis confuse : quelle pauvreté ! Dans quel état je vous les confie ! Elles sont si fanées et si effeuillées ! Mais vous, ô ma très chère Maman céleste, vous pouvez les transformer, les reverdir, les ravigoter, afin qu’avec elles, à ma place, vous puissiez apporter consolation et parfum à Jésus ! Parlez-Lui de mes peines et de mes afflictions.

(…)

Ma très chère Petite-Maman, en ce dernier jour de votre mois béni, en prenant congé, vu que je n’ai rien d’autre à vous offrir, je vous offre mon corps et je vous demande de le garder et de le serrer dans vos bras très saints comme votre fille la plus aimée. [126]

La mort mystique

Le Seigneur m’a informée, courant 1935, que je mourrais[127] le jour de la fête de la très Sainte-Trinité [128] 1936. Vu que je ne connaissais pas d’autre mort, je pensais quitter ce monde et partir vers l’éternité.

Pendant cette période j’ai eu beaucoup de consolations spirituelles. Plus le jour de la fête de la très Sainte-Trinité approchait, plus grande était ma joie : je serais partie célébrer au ciel la fête de mes trois amours, comme je les appelais: le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Les douleurs de mon corps allaient en augmentant et, tout portait à croire à ma prochaine disparition. Deux jours avant, le Seigneur m’a confirmé que je mourrais entre les 3 et 3 heures 30 du matin et m’a dit de faire appeler mon directeur spirituel. Cela fut fait.

l est arrivé vers le soir et est resté auprès de mon lit toute la nuit. Il m’a préparée à mourir; et a fait avec moi un acte de complète résignation et de conformité à la volonté de Dieu. J’ai demandé pardon à toute la famille et dans la joie, je chantais :

Heureuse, ô heureuse !

Heureuse qui, mille fois,

Et j’en ai tant envie,

Dans sa longue agonie

De mourir en chantant

Avec amour peut citer

Le saint nom de Marie !

Le saint nom de Marie !

Ensuite, j’ai été prise d’une affliction croissante. À l’heure fixée, je ne sais pas ce que j’ai ressenti ; j’ai cessé d’entendre tout ce qui se passait autour de moi. Mon Père spirituel et mes familiers ont récité les prières pour les agonisants; ils ont allumé un cierge béni qu’ils ont placé entre mes mains, mais déjà je n’avais connaissance de rien. Je suis restée ainsi un certain temps. Ils pensaient que j’étais morte et ils me pleuraient. Tout d’un coup, j’ai commencé à entendre leurs pleurs; j’ai recommencé à respirer et, petit à petit, j’ai repris mes esprits, tout en restant encore en état de dépression et je pensais : “Vous continuez à pleurer et moi, je continue de mourir !” J’attendais toujours de comparaître devant Dieu. Cela ne me faisait rien de quitter ce monde et ma chère famille.

À un certain moment, voyant que je m’en remettais et que les paroles de Jésus ne se réalisaient pas, une grande et inimaginable tristesse m’envahit; je me sentais comme oppressée par un poids écrasant.

Mon directeur spirituel a dû partir, sans m’adresser la moindre parole de réconfort. J’ai passé la fête de la très Sainte Trinité comme une moribonde ; à l’intérieur de moi, tout était mort. Mes larmes coulaient abondamment. Des doutes insupportables m’ont assaillie : je m’étais trompée, au sujet de la mort, ainsi que sur tout ce que Jésus m’avait dit jusqu’alors...

Pendant les deux jours qui ont suivi, il me semblait que tout était mort. Il n’y avait plus de soleil, plus de lune, plus de jour pour moi. Vivre m’était presque insupportable.

Deolinda et Sãozinha s’approchaient de moi et me demandaient :

Pourquoi ne parles-tu pas ? Pourquoi ne nous souris-tu pas ?

Moi, je leur répondais :

Laissez-moi seule ! Je ne suis plus la même. Vous ne me verrez plus sourire. Il n’y aura plus jamais de soleil capable de m’éclairer ! [129]

Et je pleurais.

Plongée dans la plus grande douleur, dans la plus grande amertume, je parlais de telle sorte qu’elles ne savaient plus quoi me dire. Elles parlaient même de faire appeler mon directeur spirituel. Mais, sans que personne en soit prévenue, le Père Oliveira Dias [130] est arrivé, envoyé par mon directeur spirituel, pour réconforter mon âme. Le bon Père m’a expliqué mon cas, me racontant des cas semblables au mien qui sont arrivés dans la vie de certains saints. C’est ainsi que j’ai appris qu’il s’agissait de la mort mystique et, de laquelle je n’avais jamais entendu parlé.

J’ai eu comme l’impression que ce fut comme un ange envoyé du ciel pour calmer la tempête de mon âme. J’ai toutefois continué de vivre dans l’épreuve. Il me semblait que Jésus, lui aussi, était mort, car pendant quelques mois, je n’ai plus entendu sa voix. Quand l’agonie de mon âme augmentait, je me remémorais les faits que le Père Oliveira Dias m’avait racontés et je reprenais un peu de courage, aidée en cela par mon Père spirituel.

Encore la Consécration...

— Je vais te dire comment sera faite la consécration du monde à la Mère des hommes et ma très Sainte Mère, que j’aime tant ! Ce sera à Rome, par le Saint-Père, qu'il sera consacré, et ensuite par tous les prêtres dans toutes les églises du monde entier... Ne craignez pas, mes desseins s’accompliront.[131]

« Écoute mes divins désirs... »

Un jour Jésus m’a dit :

— Écoute mes divins désirs : dis à ton Père spirituel de faire connaître partout que ce fléau [132] est un châtiment, c’est la colère de Dieu. Châtiment pour rappeler : Je veux le salut tous. Je suis mort pour tous. Je ne veux pas être offensé et je le suis grandement, en Espagne et partout dans le monde entier ! Il est grand, le danger, que ce fléau et que les actes de barbarie se répandent. [133]

Maintenant, je vais te dire de quelle manière sera faite la consécration du monde à la Mère des hommes et ma très sainte Mère :

D’abord par le Saint-Père, à Rome; ensuite, par tous les prêtres dans toutes les églises. Elle sera invoquée comme Reine du ciel et de la terre ; Notre-Dame de la victoire.

Si le monde corrompu se convertit et change de chemin, Elle régnera et par son intermédiaire on obtiendra la victoire. N’aie pas peur, ma fille : mes désirs se réaliseront !...[134]

Une vision

Vers la fin de 1936, une nuit, j’ai aperçu, à peu de distance, un pré très vert et très fleuri. Les fleurs étaient des lis. Combien ils étaient nombreux ! Combien ils étaient parfaits ! Au milieu de ce pré, paissait un troupeau d’une immensité de brebis. Le berger, c’était Jésus, grandeur nature, très beau, un bâton à la main.

Je me suis approchée du pré ; au moment où j’allais entrer, le tout se transforma dans une route aride. J’ai cheminé jusqu’à une pente très difficile à monter. Pour arriver au sommet de la montagne, je devais parcourir un sentier qui faisait peur: que des ronces et des épines. À ma gauche j’entendais bêler les brebis. J’aurais aimé m’approcher pour voir la cause de leurs lamentations, mais un précipice profond et obscur m’empêchait enfin de les voir. Je percevais qu’elles souffraient beaucoup. J’ai continué de cheminer le long de ce sentier et puis, tout en haut, à droite, j’ai encore entendu des lamentations. Depuis la hauteur, j’ai pu voir la cause de tant de souffrance: il y avait une brebis à la laine très blanche, mais très sale, tombée et enchevêtrée entre de longues et aiguës épines. De suite j’ai compris que ses lamentations n’étaient pas de nostalgie de sa maman, parce qu’elle était déjà assez grande. J’ai eu tellement de peine, de la voir dans cet état, que je me suis approchée et, avec beaucoup d’amour, patiemment, je l’ai libérée de ses épines. Aussitôt libérée, la vision cessa.

Je ne l’ai plus jamais oubliée. Elle resta gravée dans ma mémoire et dans mon âme.

« Malheureux celui qui est paralytique »

Lors des festivités du mois de mai dans la paroisse, je restais seule à la maison. Pour faire mes prières, j’allumais quelques bougies avec une canne. Un jour, un bout de bougie allumée est tombé risquant de faire prendre feu à la nappe de la table ou faire éclater le globe de verre. Je voulais l’étendre avec la canne, mais je n’y réussissais pas. Au moment ou je m’apprêtais à laisser tomber dessus le chandelier, tout s’est éteint.

Quelle affliction de ne pas pouvoir bouger et empêcher qu’une aussi petite flamme ne cause la destruction de notre maison !

Un autre jour où je devais aussi rester seule pour peu de temps, j’ai eu une grande peur.

Une voisine est entrée pour me demander si j’avais besoin de quelque chose. Quand elle est partie, elle a laissé la porte de la véranda ouverte et, peu de temps après, notre chèvre en a profité pour entrer. Elle a pris la direction de la salle où nous gardions les vases de fleurs destinés à l’ornementation de l’église, les jours de fête. Je l’ai appelée : elle m’a regardé, mais n’est pas venue. Je lui ai jeté un morceau de miel, mais elle ne l’a pas mangé, je lui ai encore montré un autre bon morceau et j’ai continué de l’appeler; à la fin, elle a fini par s’approcher de moi. Alors, je l’ai saisie, je lui ai donné le miel et je l’ai ensuite tenue pendant deux heures: quelquefois la caressant, quelquefois aussi lui administrant quelques petites tapes.

Quand ma sœur est arrivée, elle s’est étonnée que j’ai pu faire un tel effort. J’ai remercié Jésus pour avoir pu éviter, malgré ma paralysie, le désagrément de voir nos fleurs détruites.

Quelque temps après, j’ai eu une épreuve plus douloureuse.

Ma sœur s’était absenté du village et ma mère était partie au marché. Je suis restée avec une jeune fille chargée par ma mère de m’aider, jusqu’à son retour. Malgré ses vingt ans, elle préféra s’en aller avant l’heure. Au moment où elle sortait, je lui ai dit :

— “Si vous voulez partir, faites-le. A leur retour, elles me retrouveront ici, vivante ou morte”.

À peine la jeune fille était-elle sortie, que quelques chatons, après plusieurs tentatives, réussirent à monter sur mon lit. Comme je ne le voulais pas, je les ai obligés à descendre. Quelques minutes plus tard, j’ai entendu que l’un d’eux tombait dans une bassine d’eau. Il a beaucoup miaulé et, après avoir avalé beaucoup d’eau, il est mort. La mère a, elle aussi, beaucoup miaulé.

Je n’ai pas réussi à me dominer et j’ai commencé à pleurer, en disant :

O Maman du ciel, faites que quelqu’un arrive et puisse le sauver !

J’ai invoqué plusieurs saints.

En même temps je pensais : — Malheureux, celui qui est paralytique !

Par hasard, deux personnes sont entrées et, me voyant pleurer ont été impressionnées. C’est que je ne pleurais pas d’impatience, mais parce que j’avais de la peine pour les animaux.

Le comportement de la jeune fille a déplu à ma mère et à ma sœur, mais elles lui ont pardonné, comme moi aussi, je lui ai pardonné.

Comme j’aimais la solitude, spécialement le dimanche, lorsque, à l’église se faisait l’adoration du Saint-Sacrement, je demandais aux miens de me laisser seule avec Jésus.

C'est ainsi, qu'un jour, aussitôt que je les avais entendues partir, je m'étais mise à réciter mon chapelet. Peu après, j'ai entendu ouvrir le portail qui donne dans le jardin et des pas légers arpenter les escaliers, en même temps qu'une voix répétait avec insistance : — Ouvre-moi la porte !

D'immédiat j'ai reconnu cette voix[135] et, j'ai tremblé apeurée... Avec confiance, j'ai serré entre mes mains le chapelet, mais j'étais atterrée, en pensant à ce qui pourrait m'arriver... J'entendais pousser fortement la porte et manœuvrer la serrure... Je tremblais, sans même oser respirer, car je savais que la porte n'était pas fermée à clef... Mais, je ne sais comment, la porte ne s'est jamais ouverte !... Après de vains essais, le voyou a renoncé et est parti, me laissant en paix.

J'attribue à Jésus et à la Mère du Ciel d'avoir été épargnée de cette mauvaise rencontre.

À partir d'alors, jamais je n'ai voulu rester seule à la maison.

« Je me suis offerte à Notre-Seigneur !... »

Sans savoir comment, je me suis offerte à Notre-Seigneur, comme victime et j'ai demandé, maintes fois, l'amour de la souffrance. J'ai été bien exaucée; maintenant, je ne changerais pas la douleur contre tous les trésors du monde. Avec quel emportement j'offrais à Notre-Seigneur toutes mes souffrances. La consolation de Jésus et le salut des âmes, voilà ma seule aspiration...

(...)

Béni soit mon Bien-Aimé Jésus qui m’a donné la plus grande richesse que l’on puisse avoir en cette vie: il m’a donné les souffrances, mon plus grand bonheur ! Je pense que toute l’éternité ne sera pas assez longue pour l’aimer, le louer et le remercier pour tant de grâces, tant de bienfaits, tant de richesses dont il m’a comblée !

Mon Père, c’est du plus profonde de mon cœur que je peux vous le dire: si l’on venait me déclarer, en ce moment même, que je passerais le reste de ma vie sans souffrir, mais, qu’au ciel, j’aurais le même degré de gloire que si je souffrais toujours, je répondrais, sans hésiter: non, mille fois non. C’est par la souffrance que les portes du ciel m’ont été ouvertes. Si je peux avoir le bonheur de ressembler à Jésus crucifié, devrais-je le mépriser ? Non, cela non; souffrir et souffrir toujours ! Ce n’est que l’amour qui récompense l’amour ! Jésus a souffert et est mort par amour pour moi; moi aussi, je veux souffrir et mourir pour son amour.

Je vis dans une sorte de continuel délaissement spirituel, très angoissant. Mais que seule la volonté de Notre-Seigneur soit faite. [136]

« Offre-toi pour les âmes... »

En contemplant Jésus crucifié et me rappelant tout ce qu’il a souffert pour moi, je ne peux rien Lui refuser. Au contraire, je Lui dis: “Encore davantage, mon Jésus; toujours plus !” Et il daigne m’exaucer: il a toujours des souffrances à me faire partager.

Mon âme est dans un tel état de délabrement et de froideur, que je la compare à une maison qui, suite à un incendie, n’est plus que ruines. Pauvre de moi! C’est tout ce que j’y trouve: une vie de péchés et d’infidélités envers Notre-Seigneur, rien d’autre...

(...)

Jésus est venu m'aider à plusieurs reprises. Il m’encourageait... m'humiliait... me confondait... et me disait des choses si belles. Il agissait à mon égard, comme si je ne L'avais jamais offensé... comme si ma vie ne Lui était pas connue !... Que je suis misérable ! Que je suis ingrate envers Notre-Seigneur, si bon et si tendre pour moi !...

— Reçois, ma fille, le Sang qui engendre les vierges, donne la pureté, la grâce, l'amour. C'est la vie divine que Je donne à mes épouses les plus chères... [137]  Offre-toi pour les âmes, pour les sauver. Je t'ai confié le monde, et il ne correspond pas... Les âmes qui m'aiment sont si peu nombreuses; sont si peu nombreuses celles qui savent bien souffrir, qui connaissent la valeur de la croix et qui l'aiment. Il est grand, par contre, le nombre de celles qui m'offensent !... Il y a tant de malice! La chasteté est en train de disparaître du monde.[138]

1937

L’enquête

« Ma médecine était Jésus »

Vers la fin du mois d’avril 1937, j’ai eu une grande crise [physique] que me mit aux portes de la mort: des vomissements à ne plus en finir; mon estomac n’acceptait aucun aliment. Les premiers jours je suis restée dans un profond abattement. Je ne reconnaissais personne. Je n’avais ni faim ni soif. Monsieur le curé, par trois fois, me récita les prières pour les agonisants, mais je m’en souviens très peu. J’entendais que l’on priait, mais je ne pensais pas à la mort.

Depuis un an, je recevais régulièrement la Communion[139], alors qu’auparavant, malgré la peine que cela me causait, je ne la recevais que quelques fois par mois.

Je ne sais pas pourquoi, mais probablement parce le Seigneur l’inspira à l’abbé, celui-ci me portait Jésus chaque jour. J’avais demandé cette grâce qui fut pour moi une très grande joie.

Lors de cette période de vomissements, un jour j’ai vu entrer monsieur le Curé dans ma chambre. Le reconnaissant, je lui ai dit :

J’aimerais recevoir Jésus.

Il m’a répondu :

Oui, ma chère, je vais prendre une hostie non consacrée: si tu ne la rejettes pas, je te donnerai Jésus.

Et ce fut ainsi. Toutefois, à peine avalée, je l’ai rendue aussitôt. Le Père était d’avis de ne pas me donner la Communion, mais quelqu’un lui dit :

Monsieur le Curé, une hostie non consacrée n’est pas Jésus !

Alors il se décida à me donner la Communion et je ne l’ai pas rendue. Je ne suis plus jamais restée sans la Communion.

Combien de fois le curé en entrant, me trouvait prise de crises de vomissements ! Mais, à peine avais-je reçu Jésus, que les crises et les nausées cessaient, pour ne revenir qu’une demi-heure après la Communion. C’est par cette raison que Monsieur le Curé ne craignait plus de me donner Jésus. [140]

La crise dura pas mal de temps et, pendant dix-sept jours je n’ai rien pu avaler: ma médecine était Jésus. Je disais : — “Je meurs de faim et de soif” — car après les premiers jours, je sentais une soif brûlante et un grand besoin de m’alimenter. Quand j’en fus guérie, ma plus grande peine me venait lorsque je pensais que, si j’étais morte pendant cette crise, je n’aurais pas eu une parfaite connaissance de la mort.

La visite du Père Durão, sj

Le 21 mai 1937, j’ai eu la visite du révérend Père Durão. Il était envoyé par le Saint-Siège afin d’examiner la question de la consécration du monde à Notre-Dame. Je ne désirais pourtant que vivre cachée, sans que personne sache ce qui se passait en moi. Le révérend remis à ma sœur un billet de mon directeur spirituel, lui demandant de me le lire. En entendant les mots du billet — qui étaient les suivants : “Je vous présente le révérend Père Durão; parlez-lui librement et répondez à tout ce qu’il vous demandera” —, je me suis affligée et j’ai demandé à ma sœur ce que je devais lui répondre, car je ne savais pas qu’un interrogatoire était nécessaire pour des cas comme le mien. Ma sœur m’a encouragée en me disant :

— “Dis-lui ce que Notre-Seigneur t’inspirera”.

J’ai été surprise, par la manière dont, sans hésitation, j’ai répondu aux questions au sujet des communications de Notre-Seigneur. Il m’a suggéré de ne lui dire que les choses principales, afin de ne pas me fatiguer. Je lui ai répondu que je ne savais pas quelles étaient les choses principales. Le révérend me dit alors :

J’aime ça ! J’aime ça !

Et ce fut alors qu’il m’a parlé de la consécration du monde à Notre-Dame. Après quelques questions il m’a dit :

Vous ne vous trompez pas ?

À ces paroles, je me suis souvenue de mon erreur au sujet de ma mort et, j’ai pensé :

Une fois déjà, je me suis trompée...

Et je lui ai raconté ce qui s’était passé le jour de la fête de la très Sainte-Trinité, en 1936. Le révérend Père ne m’a plus dit si je ne me serais pas trompée, mais il a repris :

Ces choses-là coûtent beaucoup, n’est-ce pas ?

Et je lui ai répondu :

Oui, elles coûtent et me rendent triste.

Et j’ai commencé à pleurer.

À la fin, il s’est recommandé à mes prières et m’a assuré qu’il ne m’oublierait pas non plus, lors de la célébration de la sainte Messe. Il s’est agenouillé ensuite et a récité trois Ave et quelques prières jaculatoires. Celles-ci terminées, il a pris congé.

J’ai beaucoup pleuré, et je suis restée dans la tristesse et la tourmente, car ce qui pendant longtemps était resté caché et gardé au sein de la famille, sortait ainsi à la lumière.

Tout de suite j’ai écrit à mon directeur spirituel pour tout lui raconter. Il m’a répondu rapidement en me rassurant, me disant que tout cela servait pour la plus grande gloire de Dieu.

« Le maudit me disait... »

Les horribles attaques que vous connaissez, mon Père, se sont répétées; tout particulièrement celle survenue dans la nuit qui suivit votre départ. O mon Jésus, quelle chose effroyable ! Et le maudit me disait :

“Toi qui commets tant de crimes, tu veux te faire passer par une bonne personne, par une innocente. C’est le prix de tout ce que tu racontes à cette espèce de baratineur.”[141]

Il me disait d’autres choses semblables. Puis, il me précipita en bas du lit, mais mon cher Jésus ne m’a pas abandonné; il est venu à mon aide.

Avant même que je n’entende sa voix, je ressentais une très grande paix. Il m’a parlé ainsi :

— Qui pourrait te donner cette paix que je te fais ressentir ? Courage; la victoire t’appartient ! Rassure-toi, car je ne permettrai pas que tu m’offenses. Je ne veux pas te délivrer de ces horribles combats, car j’en retire beaucoup de réparation pour moi-même et des trésors de grâce pour les pauvres pécheurs. Repose-toi dans mon Cœur. Les bons anges te défendront des mauvais. Reçois, mon ange, les caresses de ton Jésus...

Si je suis encore de ce monde, lorsque je vous rencontrerai de nouveau, je vous expliquerai mieux tout cela. vers minuit, j’ai été libérée du maudit. Quelles heures terribles ! Mon cher Jésus me dit, et vous aussi, mon Père, en qui j’ai toute confiance, que je n’offense pas Notre-Seigneur, alors que j’étais convaincue du contraire. Je pensais que dans de telles circonstances il était impossible de ne pas l’offenser.[142]

Le déchaînement des forces infernales

Ce fut au mois de juillet 1937 que le démon, non content de me tourmenter la conscience et de me dire des turpitudes, après quelques mois de menaces, a commencé de me battre et à me faire tomber du lit, de jour comme de nuit. Au début j’ai caché la chose y compris aux personnes de la maison, excepté Deolinda, leur disant qu’il s’agissait de crises du cœur. Mais, par la suite, ma mère et une jeune fille[143] qui vivait avec nous, ont été informées.

Une nuit, le malin m’a jetée sur le parquet, me faisant passer par-dessus ma sœur qui dormait sur un matelas étalé par terre à côté de mon lit. Deolinda s’est levée, m’a prise dans ses bras m’ordonnant :

Va dans ton lit !

Remise à ma place, je me suis levée brusquement en émettant des sifflements. À peine me suis-je rendue compte de ce qui arrivait, j’ai commencé à pleurer. Deolinda m’a tranquillisée en disant :

Ne t’affliges pas: ce n’était pas toi !

La nuit suivante la même chose est arrivée et, à ma sœur qui voulait me reposer sur mon lit je lui ai crié, en l’éloignant de moi :

Non, non, au lit je n’irai pas !

À peine je me rendais compte du mal que je faisais, je pleurais.

Une nuit le démon a fait des choses que j’ignorais. [144] J’ai pleuré amèrement et je pensais ne pas pouvoir recevoir Jésus sans me confesser. Ce jour-là, Monsieur le Curé était absent, mais je sentais qu’il me serait bien difficile de lui parler de ces choses-là. Je sentais ne pas pouvoir m’ouvrir à lui. Ma sœur qui, voyant mes larmes, cherchait à me réconforter, mais n’y réussissait pas, s’est proposée d’aller chercher mon directeur spirituel qui prêchait dans un village voisin. Je lui ai dit que cela ne serait pas nécessaire, car je ne lui dirais pas ce qui se passait.

Je lui ai demandé une image de Notre-Dame et, avec beaucoup de sacrifice, j’ai écrit succinctement ce qui était nécessaire pour être comprise. Je l’ai cachée sous l’oreiller en attendant que l’heure arrive de la remettre. Mais, de façon imprévue, mon directeur spirituel est arrivé avec Jésus-Hostie, accompagné par un séminariste. Il avait été informé de l’absence de Monsieur le Curé. Quand il m’a annoncé qu’il m’apportait Jésus, je lui ai dit :

Je ne peux pas faire la Communion sans me confesser.

Les larmes et la honte ne me permettaient pas de parler. Je lui ai dit, toutefois, avoir écrit un billet. Il l’a pris, l’a lu et, pour me tranquilliser, m’a assuré qu’étant donné les précédents, il avait prévu cette épreuve, même s’il n’avait jamais osé m’en prévenir.

Cette tribulation s’est répétée plusieurs fois, même deux fois par jour. Pendant ces assauts je ressentais en moi la rage et la fureur infernales. Je ne consentais pas que l’on me parle de Jésus et de Marie. Je crachais sur leurs images. J’insultais mon directeur, je le menaçais ainsi que quelques personnes de la maison. Mon corps devenait violet et sanguinolent à cause des morsures. [145]

Oh ! combien j’aimerais que beaucoup aient pu le voir, afin qu’ils craignent l’enfer et arrêtent d’offenser Jésus !

À chaque fois que l’influence du démon cessait et, me souvenant de tout ce que je venais de faire et de dire, d’angoissants scrupules m’envahissaient; j’avais l’impression d’être la plus grande pécheresse. Ce furent des mois de douloureux martyre. J’aurais beaucoup à dire sur ce registre, mais je ne le peux pas: mon âme ne résisterait pas à l’évocation de telles souffrances. (...)

Jésus ne m’a pas manqué ; il est venu m’aider à plusieurs reprises. Il est certain que cela me redonne du courage, mais en même temps, il m’humilie et me confond. Combien de belles choses me dit-il ! Il me traite comme si je ne l’avais jamais offensé ; comme s’il ne connaissait pas ma triste vie ! Que je suis misérable ! Combien je suis ingrate envers Notre-Seigneur, alors qu’il est si bon et si aimable envers moi ![146]

« Le démon te haï... »

Le 25 septembre, Jésus m’a dit :

— Ma fille, tu ne m’offenses pas du tout, ni ne m’offenseras pendant les assauts du démon. Offre-les en réparation des péchés que pendant cette nuit, seront commis dans ta paroisse et dans le monde. Quelle horrible chose ! Quelle douleur pour mon divin Cœur en voyant que tant d’âmes se perdent ! Le démon te haï, mais tu dois t’en réjouir, car tu connais la raison. Si je le permettais, il te tuerait : mais je n’y consens pas. Je suis le Seigneur de la vie et de la mort. Ta mort, en tout cas, ne sera qu’un envol de la terre vers le ciel.

Le 29, enfin, Jésus m’a dit :

— Le monde est pourri. Je veux que toutes mes demandes se réalisent. Je te fais souffrir afin que tu puisses me sauver beaucoup d’âmes. Tu es le paratonnerre de la justice divine. Par ton intermédiaire et par l’intermédiaire d’autres âmes que de terribles châtiments ne sont pas survenus. Pénitence ! Pénitence ! Il y a beaucoup d’âmes qui veulent m’aimer, mais elles sont loin de ce qu’elles devraient être et de ce que moi, Je voudrais. Réparez, vous du moins !...

Repose-toi dans mon très Saint Cœur et dans celui de ta Petite-Maman du Ciel qui, à côté de toi, regarde avec une tendre compassion ta souffrance, mais en même temps heureuse de voir la gloire que tu me procures, les pécheurs que tu me sauves et tout ce qui est préparé pour toi dans le Ciel.

(...)

Ma fille, ma bien-aimée, toi le foyer attrayant de mon Cœur, écoute, ton Jésus, ton Époux. Ne fais pas cas du démon, mon plus grand ennemi. Tu ne fais rien, tu ne dis rien ; c’est lui qui te livre ces attaques. Ne t’ai-je pas demandé, il y a quelques jours, d’avoir du courage pour les combats à venir ? Je ne t’abandonne pas; aie confiance en moi. Tu es mon épouse de prédilection. Je t’ai placée dans mon Cœur dès tes plus tendres années. C’est là que se déroule ta vie si extraordinaire et si prodigieuse. Tu es mon lys, mon lys blanc et pur. Je n’ai fait qu’enlever quelque poussière qui s’y était déposée. Repose-toi dans mes bras et dans ceux de ta Petite-Maman du ciel, dans nos Cœurs très saints, mais sans jamais cesser de me tenir compagnie dans l’ineffable Eucharistie !... [147]

« Je t’ai choisie pour des choses sublimes... »

Jésus me dit encore :

Ma fille, je t’ai choisie pour des choses sublimes. Je me suis servi de toi pour communiquer au Pape mon désir de voir le monde consacré à ma très Sainte Mère. Je veux qu’elle soit honorée comme moi, parce qu’elle est ma Mère. Je veux que le monde connaisse son pouvoir auprès du trône de Dieu...

Je t’ai choisie pour être ma crucifiée... C’est un don à moi... La souffrance de ton corps, de ton âme est douloureuse, lancinante. Mais au ciel, où je t’attends, tu auras la récompense.[148]

Encore et toujours, la consécration...

Je viendrai te chercher bientôt, mais pas avant que la consécration du monde à ma très Sainte Mère soit faite. Elle sera davantage glorifiée par ton intermédiaire; et ta glorification, elle aussi sera plus grande. Ta couronne sera plus glorieuse, davantage brillante, davantage resplendissante. Tu seras couronnée par Elle.

O mon Jésus, le Saint-Père ne semble pas nous écouter: il tarde tant !

Reste calme ! Aie patience, ma fille ; il attend. Le jour de la glorification arrivera. Tout ce qui m’appartient sort toujours vainqueur, même si les difficultés semblent insurmontables.[149]

« Je veux que tu sois connue... »

Je veux qu’aussitôt après ta mort, ta vie soit connue, et elle le sera ; je ferai en sorte qu’elle le soit. Elle arrivera aux confins de la terre, de la même manière que la voix du Pape y arrivera, lors de la consécration du monde à ma Mère tant aimée. Je veux qu’on le sache afin que l’on voit de quelle manière je me communique aux âmes qui veulent m’aimer.[150]

« Je viendrai te chercher... »

Je viendrai te chercher, mais pas avant la consécration du monde à ma très Sainte Mère qui, par ton intermédiaire sera honorée... Le Pape temporise, mais le jour de la consécration viendra. Ce qui vient de moi, sort toujours vainqueur, aussi grandes que puissent être les difficultés.[151]

Les plaies de Jésus...

Une nuit, Jésus m’est apparu: sur ses mains, sur ses pieds, sur son côté, il portait ses plaies ouvertes, très profondes, desquelles jaillissait, abondamment, du sang. De celle de son côté, le sang coulait jusqu’à la ceinture, traversait la bande de lin et coulait jusqu’à terre. J’ai baisé les plaies des mains avec beaucoup d’amour et je désirais ardemment embrasser celles des pieds, mais, étant dans mon lit, je ne le pouvais pas. Je n’ai rien dit, mais Il devina mon désir et m’accorda la possibilité de le faire. J’ai ensuite fixé la plaie du côté. Pleine de compassion, je me suis jetée dans les bras de Jésus, lui disant :

O combien vous avez souffert par amour pour moi !

Je suis restée ainsi quelques instants, jusqu’au moment où Jésus a disparu.

Il est inutile de dire que plus jamais cette vision ne s’effacera de ma mémoire. Encore aujourd’hui je sens mon cœur blessé. Je n’en parle que par obéissance et par amour pour Jésus.

Je pense qu’il a agi ainsi pour me préparer à ce que maintenant je vais raconter : qu’Il m’en donne la force et la grâce !

« O mon Jésus, crucifiez mon âme !... »

Avez-vous fini votre retraite ? Avez-vous compris, maintenant, la menteuse que je suis ? Avez-vous compris combien je vous ai trompé jusqu’ici ? C’est ce que me dit le démon. Dieu soit loué, je n’ai jamais pensé à vous tromper, bien au contraire: je fais de mon mieux pour que vous ayez pleine connaissance de mes misères et de mes infidélités à mon Bien-Aimé Jésus...

Depuis quelques jours, Notre-Seigneur ne me parle plus; il m’a mise au vert... Que j’appelle ou que je me taise, c’est pareil; il ne me parle pas, il ne se fait pas sentir à mon âme.

Il y a quelques jours, alors que j’étais en butte à une grande affliction, je lui ai dit :

O mon Jésus, crucifié mon âme et mon corps. Agissez envers moi comme si vous ne m’aimiez pas. Faites semblant de m’abandonner, mais à condition que vous oubliiez les crimes des pécheurs et que vous vous souveniez, uniquement, de votre amour pour eux, et que vous les conduisiez sur le droit chemin.”

Je ne sais pas si Notre-Seigneur a accepté mon offrande, mais je le crois...[152]

1938

“O Croix bénie...”

« L’amour que nous avons pour toi... »

― Ma file, ton bonheur éternel est très proche, car bientôt mes desseins seront réalisés. Ma fille, je viens te parler aujourd’hui pour te témoigner le grand amour que moi et ma Mère Immaculée, nous avons pour toi. Elle, en voyant l’honneur qui, par ton intermédiaire va lui être rendu, s’incline très tendrement vers toi, t’élevant au plus haut degré d’épouse fidèle, d’épouse bien-aimée, d’épouse toute consacrée à Jésus. Aie confiance en Jésus, car il ne trompe pas. Il est ta force et le sera toujours, jusqu’à la fin... [153]

« Mon lys parfumé... »

— Mon lys parfumé d’un arôme angélique, ta générosité retarde la justice divine, prête à tomber sur les pécheurs, dans l’espérance de leur régénération ! [154]

« Je veux la consécration... »

— Dis-lui [155] d’écrire au Saint-Père. Je veux la consécration du monde au Cœur Immaculé de ma Mère, mais je veux que le monde entier connaisse la raison de cette consécration. Je veux que l’on fasse pénitence et que l’on prie. C’est toi qui soutiens la divine Justice; c’est pour cela que je te fais souffrir autant. Et tu dois encore souffrir cela[156] bien souvent, jusqu’à ce que le monde soit Lui consacré.[157]

« Tu es le tout de mon Cœur... »

Le cinq mai 1938, après la Communion, Jésus m’a dit :

— Tu es le tout de mon Cœur et moi je suis le tout du tien. Veux-tu faire un pacte avec moi ?

Je lui ai dit :

O mon Jésus, je veux bien, mais je me sens de plus en plus confuse. Vous voyez bien ma misère. Je ne suis qu’un néant !

Qu’importe ? C’est moi qui t’ai choisie avec toute ta misère. Tu m’as tout donné. En échange, je me donne tout à toi. [158] Je te donne les trésors de mon Cœur. Donne-les à qui tu voudras. Il transborde d’amour : distribue-le.

O mon Jésus, pourrai-je confier vos divins trésors à mon directeur qui à son tour les donnera à qui il voudra ? Pourrai-je les donner aux personnes qui me sont chères et aux évêques, afin qu’ils les donnent à chacun de leurs prêtres et que ceux-ci les distribuent aux âmes ?

Jésus m’a répondu :

Faites ce que vous voudrez. Je t’unis à moi et te serre contre mon Cœur très Saint ! [159]

« Je sentais mon cœur très agité... »

Hier, dimanche, Notre-Seigneur a changé mes souffrances. Oh ! mon Jésus !...

Après l’avoir reçu, une tristesse mortelle s’est emparée de moi. Puis j’ai vu les mauvais traitements qu’il reçoit dans son Corps et les ingratitudes dont son Cœur est l’adorable victime ! J’ai pu contempler ce spectacle douloureux ! Oui, mon âme a vu tout cela !...

Je sentais mon cœur très agité et je ne pouvais pas respirer, étouffée que j’étais par l’angoisse.

J’ai prié Jésus de ne pas souffrir, mais Il continuait à être torturé de toutes les façons. Tout en larmes, je Lui ai dit :

Cessez de souffrir, mon Jésus, je suis votre victime; faites que mon cœur soit mis en pièces... jeté aux bêtes féroces... écrasé sous le poids des crimes des pécheurs... Je veux tout supporter pour vous consoler et pour que les âmes soient sauvées.[160]

« Je n’appartiens qu’à toi ! »

Jésus est ma force, mon amour, mon Époux.

Accepte, ô Jésus, que ta toute petite fiancée te dise, non pas des lèvres, mais du cœur :

Je n’appartiens qu’à toi! je n’ai rien, rien qui ne soit à Jésus. [161]

Cela coûte de parler ainsi, alors que l’on ressent le contraire et que l’on vit les heures les plus amères de sa vie, des journées de tant de luttes où le démon m’affirme le contraire, rien que le contraire.

Maudit, je ne t’appartiens pas. Tu n’es digne que de mépris. Tu es menteur! Jésus est tout à moi, et moi, je suis toute à Jésus.

Mon cœur, mon cœur, crie fort, très fort à ton Jésus et dis-lui que tu l’aimes, que tu l’aimes plus que toutes les choses du ciel et de la terre !

Je suis à Jésus dans les joies, dans les peines, dans les ténèbres, dans les terribles tribulations, dans la pauvreté, pour sauver les âmes.

Envoie, ô Jésus, à ton Alexandrina, ta victime, tout ce que tu peux imaginer et qui peut s’appeler souffrance. Avec toi, avec ton aide divine et avec celle de ma tendre et douce Maman du ciel, je vaincrai toujours. Je ne crains rien.

— O Croix bénie de mon Jésus, je t’étreint et je t’embrasse ! [162]

« Pénitence, pénitence, pénitence !... »

Hier, après la Sainte Communion, je sentais une profonde tristesse sur moi. J’avais le cœur déchiré, car Jésus pleurait... Ses pleurs me bouleversaient suavement et douloureusement !

Il m’a dit :

Hélas ! Hélas !...

Écoute ton Jésus :

Je viens à toi, non pas pour te consoler, mais pour verser mes larmes dans ton cœur.

Je ne peux plus supporter les abominations des pécheurs !

Pénitence !... Pénitence !... Pénitence !... dans le monde entier !... Qu’il se convertisse sans retard, autrement, il sera rapidement détruit !...

Toi, du moins, compatis à ma douleur, ô mon épouse !...

Dis à ton Père spirituel qu’il fasse savoir au monde que je veux :

Pénitence, pénitence, pénitence...

Bientôt viendra le jour de la catastrophe.[163]

Je fais connaître ma volonté, mais on la méprise !

Courage! Ne doute pas que c’est ton Jésus qui te parle.

Je n’ai senti ni consolation ni délices de la part de Notre-Seigneur, mais seulement de la tristesse! Il me semblait que mon cœur éclatait ou qu’on me l’arrachait et je ne pouvais pas respirer. Cependant, les paroles de Jésus me donnaient paix et assurance.

J’ai renouvelé mon offrande :

Mon Dieu, je veux être écrasée par amour pour Vous.

Voici votre victime. Que je sois le paratonnerre de vos Tabernacles, pour recevoir les coups des pécheurs et vous en délivrer.

Mon Père, je voudrais consoler Jésus, mais je ne sais pas que faire de plus.

C’est surtout après la Sainte Communion que la tristesse m’accable ! Ah ! si je savais souffrir comme il faut, mais je suis si immortifiée ![164]

Retraite spirituelle

Chaque fois que j’apprenais que certaines personnes faisaient leur retraite spirituelle, je disais :

Tout le monde fait sa retraite, sauf moi! Je ne sais même pas ce que c’est.

J’ai osé dire ceci plusieurs fois en présence de mon directeur spirituel. Il me promit que si le Père provincial le lui permettait, il serait venu pour me la faire.

Par une grande faveur, le Seigneur, dans ses desseins, le permit. Ce fut le 30 septembre 1938 que mon Père spirituel est venu la commencer.

À ce temps-là, mon âme se trouvait vivre dans de grandes agonies et, quelques fois, je me sentais sur le point de tomber dans des abîmes épouvantables. Pendant les jours de retraite, mes souffrances ont redoublé et ces abîmes sont devenus terrifiants. La justice du Père éternel tombait sur moi et souvent me criait: — Vengeance, vengeance !... — pendant que les souffrances du corps et de l’âme augmentaient. Il est impossible de les décrire; il est nécessaire de les avoir senties et vécues.

Au matin du 2 octobre 1938, Jésus m’a dit que je devrais souffrir toute sa sainte Passion, du Jardin des Oliviers au Calvaire, sans aller jusqu’au “Consummatum est”. Je devrais la souffrir le 3 et ensuite tous les vendredis de 12 heures à 15 heures, mais que pour la première fois Il resterait avec moi jusqu’à 18 heures pour me confier ses lamentations.

Je ne me suis pas refusée. J’ai informé mon directeur de tout ce que Jésus m’avait dit.

J’attendais le jour et l’heure, très affligée, car ni moi ni mon directeur, nous n’avions aucune idée de ce qui allait arriver.

Dans la nuit du 2 au 3 octobre, l’agonie de mon âme fut bien grande. La souffrance de mon corps, fut-elle aussi très grande: vomissements de sang et douleurs terribles. Pendant plusieurs jours j’ai vomi et pendant cinq jours, je n’ai rien avalé. Ce fut donc avec cette souffrance que j’ai abordé ma première crucifixion. Quelle horreur je sentais en moi! Quelle peur et quelle terreur! Mon affliction était indicible.

Première crucifixion [165]

Midi sonné, Jésus est venu m’inviter :

Voilà, ma fille, Le Jardin des Oliviers est prêt, ainsi que le Calvaire. Acceptes-tu ?

J’ai sentis que Jésus, pour quelque temps, m’accompagna sur le chemin du Calvaire. Ensuite, je me suis sentie seule. Je le voyais là haut, grandeur nature, cloué sur la Croix.

J’ai cheminé sans le perdre de vue: je devais arriver près de Lui. [166]

J’ai vu deux fois sainte Thérèse [167]: la première fois à la porte du Carmel, dans sa tenue, entre deux autres sœurs, puis entourée de roses et recouverte d’un manteau céleste.[168]

Examens théologiques et examens médicaux.
Premier voyage à Porto

En même temps que les grâces divines augmentaient, augmentaient aussi les doutes et la peur de me tromper et de tromper mon directeur spirituel et ma famille. Mon martyre augmentait, lui aussi, de plus en plus: il me semblait que tout était faux et inventé par moi. Mon Dieu, quel coup pour mon cœur! Les ténèbres m’enveloppaient: je n’avais personne pour me montrer le chemin. Mon directeur faisait pourtant bien des efforts pour me redonner confiance, mais rien n'y réussissait.[169]

Malgré cela, je me faisais violence pour m’abandonner dans les bras de Jésus, afin de ne pas être prise dans le tourbillon ! Je souffrais beaucoup à cause des larmes de ceux qui m’entouraient et, je pensais : — Mon Dieu, si le courage leur manque, comment n’en manquerai-je pas ?

Quelle humiliation je ressentais d’être observée par d’autres ! O, si seulement je pouvais souffrir seule et que ce fut Jésus le seul à savoir combien je souffrais pour Lui !

Aussitôt après la crucifixion, les examens des théologiens ont commencé. Quelle honte j’ai éprouvé, non pas pendant la Passion, mais avant et après. [170]

J’ai commencé à comprendre que mon directeur spirituel souffrait beaucoup, intimement, à cause de moi, c’est-à-dire, en voyant tout ce qui arrivait. [171]

Les examens des théologiens ont été suivis par ceux, très douloureux, des médecins,[172] lesquels laissaient mon corps en piteux état. J’avais l’impression de comparaître devant un tribunal, comme si j’avais commis les plus grands crimes.

Combien il m’était pénible de les voir entrer dans ma chambre, m’examiner et ensuite se réunir dans une salle pour discuter sur mon cas, me laissant sous le poids de la plus grande humiliation !

Pas même le plus grand criminel n’aurait pas été jugé par un tribunal avec autant de soin.

Si je pouvais ouvrir mon âme afin que l’on puisse voir ce qui se passe en elle et ce que j’ai vécu quotidiennement — car je revis ces jours ! — je le ferais pour le bien des âmes, en dévoilant combien je souffrais pour l’amour de Jésus et pour elles. Ce n’est que pour cela que je me suis soumise à de telles souffrances.

Quand mon directeur m’a proposé ces examens, ce fut pour moi un grand déchirement; une forte répulsion a jailli en moi ; mais l’obéissance l’ordonnais: je me suis réprimée et je les ai acceptés pour Jésus.

Il ne manquait plus que des médecins pour compléter mon calvaire !

Quelques-uns ont été pour moi de vrais bourreaux placés sur ma route.

Ceux-ci, après leurs consultations, ont décidé de m’envoyer à Porto. Ce fut très difficile pour moi de m’y soumettre. Je craignais le voyage, étant donné mon état de santé.

Quand mon médecin traitant, [173] m’a fait connaître leur décision, je lui ai répondu :

Vous même, en 1928, vous ne m’avez pas autorisé à aller à Fatima, et maintenant, alors que je suis bien plus souffrante, vous voulez m’envoyer à Porto ?

C’est vrai que je ne l’ai pas voulu, mais maintenant je le veux.

Je lui ai demandé si mon Père spirituel était au courant de cette décision. M’ayant répondu par l’affirmative, j’ai cédé à sa requête.

Le 6 décembre 1938, vers onze heures, j'ai été transportée de mon lit à l’ambulance.

Dans la matinée, plusieurs personnes amies sont venues me rendre visite; presque toutes ont pleuré. En ce qui me concerne, j’avais cherché à toutes les égayer, faisant semblant de ne rien souffrir.

Le voyage fut douloureux. Il nous a pris presque trois heures et demie, car nous devions faire plusieurs pauses, à cause de mon état de santé. [174]

À Porto, dans le cabinet du docteur Roberto de Carvalho on m’a fait passer une radio. Il m’a traitée avec beaucoup de délicatesse et, en me donnant congé, il m’a dit :

— Pauvre fille, combien tu souffres !

De là j'ai été envoyée au Collège des Filles de Marie Immaculée, où j'ai été très bien traitée. Par contre, à cause des chaos de la route, j’ai failli m’évanouir, plus d’une fois. J’ai été examinée par le docteur Pessegueiro; cela n’a servi qu’à augmenter ma souffrance. [175]

Le voyage de retour a été très pénible, lui aussi.

À peine rentrée dans ma petite chambre, j’ai été entourée par des personnes amies.[176]

« On parle de moi... »

Me voici de nouveau dans ma maisonnette. Je l’attendais avec anxiété. Il paraît que bien des commentaires ont été faits. La population s’était insurgée contre ma mère, parce qu’elle avait autorisé mon transport à Porto. Elle se calmera de nouveau: en tout cas, que la volonté de Dieu soit faite. Je suis prête à tout. Je crois que le Seigneur me demande maintenant le plus grand sacrifice. On commence à en savoir quelque chose: par-ci, par-là, on raconte des choses sur moi.

On me rapporte que l’on parle de moi comme d’une sainte et, cela, je ne le voudrais pas. Quelle erreur ! Patience ! Quelques soient les choses qui adviennent ou que l’on dise, j’accepterai tout pour l’amour de Jésus. C’est Lui que demande de ne rien Lui refuser; et moi, je le veux. Mais, pauvre de moi, ce sont des moments très durs à passer. Et les doutes... les doutes, mon bon Père, combien ils me tourmentent. Si je ne vous avais pas pour me consoler, je ne sais pas ce qui serait de moi. Les médecins, jusqu’à ce jour, n’ont pas donné signe de vie.

Nous sommes repartis de Porto à 14,30 heures. Nous avons voyagé lentement et nous sommes arrivés à 18 heures: il faisait déjà nuit. Malgré cela, beaucoup de personnes se sont regroupées près de notre porte.

Je suis très malade ! Là, tout de suite, on est en train de bouillir de l’eau, parce que les couvertures n’arrivent pas à me réchauffer; j’ai de la fièvre et les douleurs sont terribles.

Je souffre tout pour l’amour de Jésus qui a tant souffert pour moi...[177]

Odeurs nauséabondes...

J’ai commencé à sentir d’incroyables odeurs nauséabondes. Je ne supportais aucune personne à côté de moi, car toutes et tout avait pour moi l’odeur de chiens en putréfaction. On me faisait sentir des violettes, et même des parfums, mais j’écartais tout cela, car c’était toujours la même odeur nauséabonde que je sentais. Il m’est arrivé aussi d’avoir une très mauvaise allène, même les jours où je ne prenais aucun aliment et, dès que je mangeais quelque chose, je ressentais un vrai dégoût, car tout semblait avoir le goût de la mauvaise odeur que je sentais continuellement. Combien j’en aurais à dire, si je pouvais écrire moi-même. Le courage m’en manque, car même le souvenir m’est douloureux.[178]

« Mademoiselle, ne vous évanouissez pas... »

Le 26 décembre 1938, j’ai reçu la visite du docteur Elísio de Moura [179] qui m’a traitée avec beaucoup de cruauté. Il a essayé, avec violence, de m’asseoir sur une chaise; n’y réussissant pas, il m’a jetée sur le lit et a fait diverses expériences qui m’ont causé des souffrances horribles. Il m’a fermé la bouche, m’a renversée contre le mur, me faisant taper, avec force, la tête contre celui-ci. Me voyant au bord de l’évanouissement, il m’a dit :

Mademoiselle Jeannette, ne vous évanouissez pas ! [180]

Involontairement j’ai pleuré, mais j’ai offert à Jésus mes larmes et toutes mes douleurs qui ont été considérables.

Je lui ai tout pardonné, parce qu’il était venu en tant que spécialiste pour étudier mon cas.

1939

Le Saint-Siège

« Je ne mérite que l’oubli... »

Mon Père, combien je souffre ! Je voudrais me cacher pour de bon et que mon nom ne soit plus prononcé; ceci de mon vivant comme après ma mort ! Bien entendu, ce n’est pas moi qui le désire, mais la tribulation qui me consume.[181] Je ne mérite que l’oubli et le mépris. Je vis dans une nuit et une obscurité continuelle. Je ne vois que des ténèbres, des ténèbres et rien d’autre, aussi loin que je regarde. Qu’il est obscur et terrible, le chemin que je dois suivre ! Pas même la moindre lumière pour me guider! Parfois je crois éclater à la vue du fardeau qui pèse sur moi.[182]

« Le monde est suspendu à un fil... »

— Le monde est suspendu à un fil très fin... Ou le Pape se décide à le consacrer ou le monde sera puni !...[183]

« Ma vie est bien pénible... »

Ma vie est bien pénible ! Comment puis-je vivre ainsi ? Je me sens dans un incroyable abandon ! Personne n’a pitié de moi ! Ma misère est la plus grande des misères. Je suis dans une tristesse profonde ! Je me sens toute craintive et confuse devant Notre-Seigneur. Cependant il est là, dans cette même misère, y opérant tant de merveilles et me disant des paroles si belles ! Mais qui suis-je pour que Jésus me parle ainsi ? Je ne suis que la plus indigne de ses filles. Toutes les choses de ma vie me tourmentent et me remplissent de doutes...

Je me demande si Notre-Seigneur n’a pas horreur d’être en moi ! Cela me semble presque impossible qu’il ne s’en aille pas, épouvanté, pour ne plus revenir.[184]

(...)

Je ne peux pas penser au ciel. Je ne sais pas ce qui vient de là-haut dans mon cœur et qui veut attraper mon cœur pour l’y transporter.[185]

Intervention du Saint-Siège

Le 5 janvier 1939, Monsieur le Curé, accompagné du chanoine Vilar,[186] sont venus me visiter. Ce dernier est resté seul avec moi, pour me parler.

Nous avons parlé de plusieurs choses, pendant deux heures. Ensuite, il m’a parlé du but de sa visite, en commençant ainsi :

Ma visite vous paraîtra certainement étrange, car vous ne me connaissez pas.

Je lui ai dit :

Je sais, certainement, pourquoi vous êtes venu.

Aussitôt il ajouta :

Dites, dites, Alexandrina.

Je me suis expliquée :

Vous êtes envoyé par le Saint-Siège.

C’était ce que je ressentais dans mon âme à ce moment-là.

C’est exact.

Et il m’a présenté quelques documents de Rome, et ensuite m’a posé quelques questions auxquelles j’ai répondu rondement. Je ne lui ai pas parlé de la Passion, par contre, lui, il m’en a parlé.

Il me semble que quelque chose vous arrive depuis quelques mois...

Il a manifesté le désir d’y assister. Et, en effet, il est venu y assister le vendredi suivant.

J’ai parlé de cela à mon directeur, lequel m’a conseillé de m’ouvrir à lui avec franchise.

Le chanoine est revenu quatre fois, mais, pour sa mission, que deux fois.

Si je ne me trompe, dès la première fois, il me dit :

J’aurais préféré vous connaître dans d’autres circonstances, avant que je ne vienne, chargé d’une mission.

          Il m’a confié le secret de son départ pour Rome, duquel, seul l’évêque était au courent.

Étant donné que je me sentais bien à l’aise pour parler avec lui et, ayant la permission de mon Père spirituel, nous avons beaucoup parlé de Jésus : je me suis sentie enveloppée dans une atmosphère de sainteté et de sagesse, comme bien peu de fois cela arrive, en conversant avec d’autres prêtres.

Je lui ai avoué que, par tempérament, je n’avais pas l’habitude de procéder de la même manière avec les autres, mais que lui, il m’inspirait confiance. Il m’a répondu :

Vous faites bien de ne pas en parler : ils ne le comprendraient pas.

Quand il a pris congé de moi pour s’en retourner à Rome, j’ai pleuré. Il m’a promis de m’écrire et m’a demandé d’être son avocate.[187] J’ai, en effet, reçu de lui plusieurs lettres, auxquelles j’ai répondu: nous avons aidé les événements par notre prière.

Commentaires du petit peuple

Jésus me demandait de nouveau sacrifices. À cause des examens médicaux et de l’intervention du Saint-Siège, mon cas est devenu plus connu: pour moi, qui ne souhaitais que l’anonymat, cela fut un martyre.

Ma famille ne me rapportait pas les nouvelles qui circulaient, mais, malgré cela, j’ai appris les commentaires que l’on faisait sur ma vie.

Pauvres ignorants, combien de mensonges ils diffusaient !

Quelques-uns affirmaient que mon voyage à Porto avait pour but d’obtenir une pension du gouvernement de Salazar; ils parlaient même de chiffres absurdes et discordants; aucune tentative ne réussissait pas à contredire de tels mensonges.

D’autres encore, disaient que j’y étais allée pour mesurer mon degré de sainteté sur une machine spéciale... Deolinda répliquait :

Si cela était possible, j’irai moi aussi, pour contrôler à quel point j’en suis...

J’éprouvais de la peine en constatant l’ignorance qu’il y avait sur les choses du Seigneur.

D’autres encore propageaient que les prêtres qui me rendaient visite, recueillaient de l’argent dans les paroisses et me l’apportait et, que c’était pour cela que rien ne manquait jamais chez moi.

Autres, pour en finir, disaient que je faisais la «voyante»: en effet des personnes sont venues chez nous pour connaître leur avenir. Je les recevaient  avec beaucoup de sérénité, feignant ne pas comprendre leur manège, mais quand elles insistaient, je leur répondais :

Je ne suis pas voyante, personne peut deviner l’avenir; seul le Seigneur le connaît.

« Je tremble... »

Mon Jésus, quelle répugnance, en regardant l’abîme incomparable de mes misères ! Et vous demeurez dans un pareil fumier, me comblant de tendresses et me disant de si belles choses ? N’est-il pas normal que j’en doute, que cela me paraisse impossible ? Je tremble et mon cœur déborde d’affliction.[188]

« Donnez-moi de l’eau... »

Je cherche un peu de soulagement dans ma souffrance. J’attends l’heure de ma crucifixion. Je ne peux pas parler. Mon cœur galope. Dans mon âme c’est la rébellion, l’émeute. Je me trouve dans un état d’abandon effrayant. Il me semble cheminer au milieu de la haine de tous, de tribunal en tribunal.

Pauvre de moi! Et je n’ai pas reçu Jésus! J’ai confiance qu’il suppléera dans la communion spirituelle, nonobstant la nausée que je sens de moi-même et l’horreur pour mon énorme misère.

Hier, la tempête s’est calmée. Au début je ressentais des choses horribles. Mon corps était tout transpercé comme par d’aiguës pointes. Moments terribles! Malgré un court soulagement, je suis  toujours restée dans une nuit très obscure, dans une profonde tristesse.

Je peux dire que je suis restée toute la nuit à tenir compagnie à Jésus au Saint-Sacrement, me concentrant un peu sur la tragédie de la nuit du jeudi saint. Il me semblait que Jésus m’invitait au Jardin des Oliviers. Que de mouvements de foule ! Ces choses je les ressentais dans mon âme.

Mon Père, tout ce que je dicte me semble mensonger. Combien de doutes ! Que d’effroi à l’approche de la Passion ! J’ai déjà dit à Deolinda [189] que c’est un miracle que de pouvoir en résister: mon cœur ne bat presque plus. Que Jésus soit avec moi. Je n’ajoute rien, parce que je ne le peux pas...

          Ajout de Deolinda

« Mon Père, quel vendredi: ce fut vraiment un jour de Passion! Avant que celle-ci ne commence, combien son visage était empreint d’affliction! Elle craignait ce jour et disait: “Combien j’aimerais qu’il fut déjà passé !” Je la réconfortais comme je le pouvais, la caressant, malgré que moi aussi j’étais remplie de peur et d’affliction ?

Pendant la Passion, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer et j’ai remarqué que presque toutes les personnes présentes pleuraient. Quel spectacle émouvant ! L’agonie du Jardin des Oliviers, fut longue et afflictive. On entendait des gémissements très profonds et à un certain moment, elle suait le sang. De la flagellation, je ne vous en parle même pas, et non plus du couronnent d’épines ! Les coups de la flagellation la mirent à genoux; ses mains semblaient attachées. J’ai voulu lui mettre un coussin sous les genoux, mais elle changea de place, elle n’en voulait pas. Elle a les genoux en piteux état. Les coups sont innombrables... elle les reçut pendant bien longtemps... Il fallait en arriver là. Les coups de canne sur la tête couronnée d’épines, furent aussi très nombreux. Pendant la Passion elle vomit deux fois : uniquement de l’eau, car elle n’avait rien à l’estomac. La sueur était si abondante que ses cheveux en étaient trempés. En passant la main sur ses vêtements, j’ai pu constater qu’ils étaient aussi tout trempés.

À la fin du couronnement d’épines elle ressemblait à un cadavre. Le chanoine Borlido de Viana do Castelo et deux autres personnes, ainsi que le docteur Almiro de Vasconcelos de Penafiel son épouse et sa sœur Judith, étaient présents ».

Ma souffrance fut bien douloureuse, pendant quelques jours. Les vomissements de sang et une soif brûlante continuèrent. Aucune eau n’était capable de ma rassasier. Je ne pouvais pas boire... J’ai passé des jours ayant l’eau qui me coulait sur les lèvres, mais sans pouvoir l’avaler. [190] J’étais fatiguée et fatiguées aussi les personnes qui m’assistaient. Alors même qu’une grande quantité d’eau étais passée sur mes lèvres, j’en demandais encore : — “Donnez-moi de l’eau, beaucoup d’eau, des sceaux d’eau!” — J’avais l’impression de brûler : aucune eau me rassasiait.

Je sentais des odeurs horribles. Je ne voulais pas que les personnes s’approchent de moi: elles sentais comme des chiens morts. On de donnait des violettes et des parfums à sentir, mais ils éloignaient tout: la même puanteur me tourmentait toujours.

Les jours où je pouvais prendre quelques aliments, ceux-ci avaient pour moi un si mauvais goût que j’avais des nausées: toutes ces choses exhalaient des odeurs répugnantes.

Combien de choses j’aurais à dire si je pouvais décrire tout ce que je ressens ! Il m’en manque le courage, car il est très pénible de remémorer toutes ces choses.

Courage ! Tout le Paradis est avec toi et la Maman du Ciel te regarde avec compassion et joie de voir la réparation que tu m’offres.[191]

« Le monde est sur un volcan... »

O Justice, ô Justice divine ! Le monde est sur un volcan en feu, qui d’un moment à l’autre va faire éruption et l’incendier ! Vengeance, vengeance d’un Dieu qui ne peut plus le supporter ! Malheureux, n’entends-tu pas la voix qui t’appelle ? Maudite ! Maudite ! [192]

« En quel monceau de ruines... »

En quel monceau de ruines restera le monde ! C’est à cause de la gravité de ta malice ! Convertis-toi ! Rebrousse chemin ! Je te le demande le jour de la fête de mon divin Cœur !... Convertis-toi !... Il faut que tu rendes compte de tout !...

(...)

Pendant la Passion je me suis sentie bien abandonnée. Trois fois seulement il m’a adressé la parole. La première fois, quand le poids de la divine Justice est tombé sur moi, il me dit :

Là, tu tiens ma place. Sur toi aussi tout cela est tombé. Aie courage ! C’est l’œuvre divine qui te donne des forces.

La deuxième fois, encore au Jardin des Oliviers :

Moi aussi, je voyais en moi un très grand abîme, tout rempli immondice ; je me voyais couvert de toutes sortes de misères, et c’étaient les miennes.

Et le Seigneur me disait :

Tout comme moi, tu es caution. [193]

La destruction du monde...

Cette nuit je l’ai passée sans fermer l’œil ; je n’ai eu que quelques minutes de repos. Je ne sens pas de consolation, mais il me plaît de ne par dormir, afin d’être toujours en veille, toujours veillant sur mon Jésus dans les Tabernacles.

Je n’en suis pas sûre, mais je crois qu’il devait être deux ou trois heures du matin : mon Dieu, quelle horreur ! Je ne savais pas ce que c’était, mais c’était la destruction du monde ; tout était rasé : les maisons, les arbres, les toitures ; tout n’était qu’un monceau de ruines ! Quelle chose épouvantable ! Mélangé à tout cela, je voyais une foule innombrable qui se débattait; et par-dessus tous ces gens, de terribles serpents,[194] si grands, si affreux ! Par contre, je n’ai pas vu une seule personne sortir de ces décombres. Un long moment après, j’ai commencé à apercevoir la Bien-Aimée Mère du Ciel. Elle se déplaçait à une grande hauteur, la tête abaissée, l’air bien triste.

À mesure qu’elle avançait, les ruines disparaissaient ; tout est devenu plat. Ce qui jusque-là n’était que décombres s’illuminait. Elle ne m’a rien dit: elle s’est arrêtée un moment, et ensuite elle a disparu.

Je me suis retrouvée en paix et, tout ce que j’avais ressenti comme affliction et peur a disparu également.

Quelque temps après, la destruction s’est répétée, ainsi que la vue des décombres, mais je n’ai pas revu la Petite-Maman.

Je n’ai pas su ce que cela signifiait; en tout cas, je n’ai pas eu l’impression qu’il s’agisse d’une illusion de ma part.

Au matin j’ai reçu mon Jésus avec une très grande froideur et une tristesse pareille à une nuit obscure. Et Notre-Seigneur m’a parlé, non pas d’un ton sévère, mais avec une profonde douleur :

Je vais détruire le monde; je vais le précipiter en enfer, je vais le détruire ; je ne peux plus souffrir tant de malice, tant de méchanceté et de crimes. Dis-le à ton Directeur. Tu ne te trompes pas ; ce que tu as vu c’est sa destruction. C’est ce qu’il est sans le soutien de ma très Sainte Mère, et ce qu’il est avec Elle. Console-moi, soulage-moi... Laisse-moi t’accabler ; laisse-moi te faire souffrir.[195]

Le temps des doutes...

La fin de l'après-midi d'hier, c'est-à-dire jusqu’à 21 heures, environ, tout s’est passé régulièrement: je me sentais en paix et joyeuse.

De temps à autre les doutes revenaient, mais ils n'avaient même pas le temps de m'affliger : ma Petite-Maman chérie, en un instant me les dissipait. Je ne La voyais pas mais, je ne sais pas pourquoi, je sentais que c'était Elle.

À peine les doutes commençaient leur approche, immédiatement Elle venait et m’enlaçait si tendrement que tout ce qui était la cause de ma souffrance disparaissait.[196]

« Maudite !... »

Tu ne me crains pas.[197] Tu n’éprouves pas de remords parce que le péché a endurci ta conscience : elle est morte ; le péché te l’a tuée. Maudite ! Tu cherches à te persuader que l’éternité n’existe pas. Pour la vie que tu mènes, il te plairait qu’elle n’existe pas. Malheureuse! Regarde comment tu vis ! Paie ! Rends-moi des comptes ! [198]

« Ton châtiment est si proche !... »

Jésus m’a visitée il y a peu ! C’est toujours pour me faire souffrir davantage, mais je ne peux pas vivre sans souffrance... Je sentais qu’il tremblait en moi et me disait :

Quelle douleur ! Quelle douleur pour mon divin Cœur de voir le monde s’incendier dans les flammes brûlantes des passions et des vices ; de voir les individus, la société, tous les peuples engagés dans une guerre féroce. On dirait que l’enfer s’est transporté sur la terre. O monde, pauvre de toi, si tu ne te relèves pas ! O monde, pauvre de toi, si tu ne te convertis pas !... Ton châtiment est très proche ![199] C’est pour cela que je tremble de douleur, et non pas de froid !

Je sentais que, Notre-Seigneur, au-dedans de moi, levait les yeux et les bras vers le ciel, comme pour implorer le pardon pour la pauvre humanité... et ceci m’obligeait à ressentir davantage de douleur, pour les tristesses de Notre-Seigneur... Quelle douleur pour l’âme ! C’était une agonie mortelle. Je me suis trouvée, et je me trouve encore dans d’horribles ténèbres.[200]

« Elle t’accompagne pendant la Passion... »

Ma fille, ma bien-aimée, à nous trois nous n'en faisons qu'un seul : moi, toi et ton Père spirituel ; que veux-tu d'autre ?

Elle t'accompagne toujours pendant ta Passion, comme Elle m’accompagna sur le chemin du Calvaire.

Avec de telles aides, je me suis sentie ravigotée.[201]

« Le Cœur de ma Mère... »

Le Cœur de ma Mère bénie est blessé par les outrages perpétrés contre lui. Tout ce qui blesse son Cœur, blesse aussi le mien; tout ce qui blesse le mien, blesse également le sien, tellement nos Cœurs sont unis. C’est pour cela que la consécration du monde lui donnera beaucoup d’honneur et de gloire : les langues maudites et impures qui prononcent des outrages contre Elle, seront ainsi vaincues et humiliées.[202]

Dans les bras de Marie...

Le sein maternel de ta Petite-Maman du ciel est le plus tendre et le plus doux : reposes-y.

Je me suis alors sentie entre les bras de la chère Maman qui me serait amoureusement. Ce furent des moments très doux qui me donnèrent la force nécessaire pour aller jusqu'au bout dans mon calvaire. Je sentais bien, que c'était Elle ! Et avec quelle bonté Elle m’enlaçait et me serrait contre son Cœur si saint ![203]


[1] Autobiographie.

[2] Lors de plusieurs extases Alexandrina avait entendu Jésus demander et exhorter le Père Pinho à écrire au Pape au sujet de la consécration du monde

[3] Journal du 22-6-1951.

[4] Mercredi-Saint.

[5] Samedi-Saint.

[6] Petit village tout proche de Balasar.

[7] Alexandrina, comme on le verra, appellera toujours “caresses du Seigneur” toutes les adversités qui lui arriveront dans le cours de sa vie.

[8] Elle en garda la marque toute sa vie.

[9] Village à 12 kilomètres de Balasar.

[10] Alexandrina racontait qu’elle aimait à rester à l’église, avec sa catéchiste, Josefina Alves de Sousa, pour prier avec elle. Aussi bien Deolinda, la sœur, que Sãozinha, la maîtresse d’école, le témoignèrent. “Elle exerça très probablement une grande influence sur la spiritualité d’Alexandrina, et sur tous les autres enfants qui allaient au catéchisme, à ce temps là”.

[11] Alexandrina raconta à son deuxième directeur spirituel, qu’un jour, à l’église, elle s’amusa à nouer les franges des châles des dames qui assistaient à la messe, aux barreaux des chaises, ce qui eut pour effet de distraire et de faire rire ceux qui étaient autours, car ces dames, en se levant, pour partir chez elles, soulevaient aussi lesdites chaises.

[12] Celle-ci naquit à Balasar le 21 octobre 1901. Le Père Mariano Pinho, qui fut aussi son directeur spirituel, disait à son sujet: « Elle est intelligente mais assez timide et délicate. En ce qui concerne la vertu, je ne sais pas laquelle des deux soit la meilleure: toutes deux des âmes saintes ».

[13] Cette petite ville balnéaire, se trouve à environ 16 kilomètres de Balasar. Les deux sœurs furent mises en pension chez un menuisier, monsieur Pedro Teixeira Novo, qui demeurait rue da Junqueira. Les deux sœurs fréquentèrent l’école Mónica Cardia, madame Emília de Freitas Alvares ayant été leur institutrice.

[14] Il n’y avait pas à Balasar, à ce temps-là, d’école pour les filles. Il n’existait qu’une école de garçons. En effet, à cette époque, la scolarité était un privilège réservé à quelques-uns, car la plupart des enfants travaillaient dès leur plus jeune âge, dans les champs avec leurs parents. Ce n’est qu’en 1931, qu’une école de filles fut ouverte dans le village.

[15] Petite ville balnéaire, à 3 kilomètres de Póvoa de Varzim.

[16] Monseigneur Antonio Barbosa Leão, duquel Alexandrina conserva une photo jusqu’à sa mort, en souvenir de sa Confirmation.

[17] Celles-ci étaient ensuite vendus aux enchères et le produit de la vente destiné aux frais des festivités en l’honneur de la Vierge. Cela se pratique encore de nos jours, dans les petits villages portugais.

[18] Lieu-dit, faisant partie du village de Balasar, lequel est composé d’un grand nombre de ceux-ci, comme nous le verrons par la suite.

[19] Calvaire. Tel est le nom de cet autre lieu-dit, qui va être le “théâtre” d’une vie toute consacrée à Dieu. Jésus en parlera quelques fois à Alexandrina, de cette “coïncidence”. En 1832, au pied de cette petite colline, une croix de terre est apparue, à même le sol, le jour de la Fête Dieu. Le curé de l’époque la fit effacer à trois reprises et à chaque fois elle est réapparue. Alors les villageois décidèrent de construire sur celle-ci, pour la protéger, une petite chapelle dédiée à la sainte Croix. Elle existe toujours et est visité quotidiennement par tous ceux qui se rendent en pèlerinage sur la tombe d’Alexandrina.

[20] Cândido dos Santos témoigne: “Je l’ai vue, un jour, s’enfuir d’auprès d’un garçon qui lui avait adressé une parole malhonnête. Tapant de son index sur le front, elle lui dit: « Très sale, mon cher! Fais attention! »”.

[21] Quartier où se trouve l’église qui est dédiée à sainte Eulalie.

[22] Belmira Martins Sá Faria, témoigna, lors du procès diocésain, que son mari étant contre l’Église s’est vu un jour interpeller par Alexandrina. Écoutons: “ Je passais à côté d’Alexandrina. Elle s’arrêta et me dit: “Allez vous confesser!” Étonné que le rappel me soit fait par une toute jeune fille, je lui ai répondu d’un ton sec: — Dans d’autres temps, c’étaient les anciens qui conseillaient les jeunes. Maintenant, ce sont les anciens qui sont repris par les jeunes!” Dans les dernières années de sa vie, cet homme retourna à l’Église et mourut chrétiennement.

[23] Ana Sisto, qui avait travaillé dans les champs avec Alexandrina, affirmait que celle-ci, pour éviter que pendant le travail, l’on ne fasse pas de mauvais “discours”, dirigeait elle-même la récitation du Chapelet.

[24] Cândido Manuel des Santos témoigne: “Alexandrina avait une telle habileté pour traiter avec les tout petits et pour leur parler de Dieu, que souvent ils abandonnaient les autres catéchistes, pour venir auprès d’elle”.

[25] Monsieur Lino Ferreira.

[26] Samedi saint de 1918.

[27] Il y a environ 4 mètres entre le rebord de la fenêtre et le sol du jardin, à l'extérieur.

[28] Lors des enquêtes diocésaines sur les vertus d'Alexandrina, pour le procès de béatification, le Père Umberto interrogea cette dame, Rosalina Gonçalves, qui lui confirma tout ce que la servante de Dieu avait écrit dans son autobiographie. Deolinda, elle aussi, témoigna à ce sujet. Sa déclaration fut insérée, à son insu, par le vice-postulateur Dom Ettore Calovi.

[29] Le Père Manuel Araujo.

[30] Le Père Umberto Pasquale, deuxième directeur spirituel de la servante de Dieu, réussit à connaître, en 1965, la nature exacte de cette “souffrance bien plus grande”. Voici ce que Deolinda lui expliqua, à cette date: “Quand le Père Mariano Pinho prit la direction spirituelle de ma sœur, il m’ordonna, sans m’expliquer pourquoi, de ne pas laisser Alexandrina toute seule lors des visites du prêtre NN”. En effet, ce prêtre NN, attenta, plusieurs fois à la pureté d’Alexandrina. Celle-ci, par respect pour le sacerdoce, se défendit toute seule et n’en parla qu’à son directeur spirituel. Comme quoi...

[31] C’était le 14 avril 1925.

[32] Quelques mois auparavant, en 1924, Alexandrina, au prix d’un grand sacrifice, se rendit à Braga, avec sa sœur Deolinda et leur mère, afin de participer au Congrès eucharistique nationale. Elle ne put assister qu’à très peu de cérémonies, à cause de ses douleurs, mais elle en fut très heureuse.

[33] Elle fait référence ici à cette tribulation dont elle a parlé et qu’elle garda secrète très longtemps, avant de la révéler à son Père spirituel, le Père Mariano Pinho, lequel prit les directives qui s’imposaient en pareil cas.

[34] Jésus eucharistique, bien entendu.

[35] Son médecin était à cette période-là le docteur João Alves Ferreira, de Macieira de Rates, petit village aux des alentours de Balasar.

[36] Il s’agit du Père Manuel de Araujo qui fut curé de Balasar jusqu’au mois de juillet 1932.

[37] L’image de la Vierge, imprimée en première page, porte des signes évidents des milliers de baisers que la servante de Dieu y à déposé...

[38] Elle n’osais pas déranger le curé. Elle communiait le premier vendredi du mois et à l’occasion des fêtes, quand le curé apportait Jésus aux autres malades.

[39] Prière en date de 1930.

[40] Le prêtre qui l’assista, dans sa dernière agonie, lui suggéra la prière: “Très Sainte Trinité, etc.”; “Mon Dieu, dans votre Cœur je remets mon esprit...”. Elle sourit et expira.

[41] Titre choisi par le Père Mariano Pinho, pour la première biographie d’Alexandrina.

[42] Deolinda témoigne: “Un jour, Alexandrina nous a demandé, en 1931, à moi et à Sãozinha, si nous ne sentions pas, lorsque nous priions, cet embrasement. Ayant reçu une réponse négative et pensant que cet état était dû à sa maladie, demanda qu’on lui mette sur la poitrine un chiffon trempé à l’eau froide. Elle constata, toutefois, que cela était inutile”.

[43] Elle n’avait pas pu se confesser.

[44] Lettre du 1er janvier 1933 au Père Mariano Pinho.

[45] Alexandrina n’est pas la seule à ignorer ce que c’était qu’un directeur spirituel et sa nécessité. En effet, avant elle, Jean-Jacques Olier, dont la culture et la sainteté sont connues de tous, avoue lui-même, dans ses écrits autobiographiques: “n’ayant point de directeur et n’en connaissant pas, n’en sachant même pas la nécessité”.

Jean-Jacques Olier: “Mémoires authentiques”. Tome I, page 90.

[46] En 1931.

[47] Le Père Mariano Pinho naquit à Porto (Portugal) le 16 janvier 1894. Il est entré à la Compagnie de Jésus à Alsemberg, en Belgique, le 7 décembre 1910. Les Jésuites avaient, en effet, été expulsés du Portugal, lors de l’avènement de la République, le 5 octobre de la même année 1910. Après son cours de philosophie — à Ona (Espagne), il partit en Autriche, à Innsbruck, où il fit sa théologie. Entre ces deux matières, il fit un séjour au Brésil où il fut professeur au Collège Antonio Vieira. C’est dans ce pays « frère » qu’il fut ordonné prêtre le 7 février 1926. Revenu au Portugal, il fut le directeur du « Messager du Sacré-Cœur ».

Il jouissait d’une grande renommée en tant que prédicateur, raison pour laquelle il prêchât dans les plus importantes églises du Pays. Il a écrit aussi de nombreux ouvrages et avait un penchant pour la musique. Il composait avec une certaine facilité: il avait une âme d’artiste.

Il devint, en 1933, directeur spirituel d’Alexandrina Maria, charge qu’il occupa jusqu’en 1942, de façon régulière. Victime de calomnies et de l’opposition de certains de ses collègues, il dut abandonner la direction de la Servante de Dieu et fût exilé au Brésil, où il rendit sa belle âme à Dieu le 11 juillet 1963, deux avant que ne commence le procès diocésain de béatification de sa dirigée.

Le Cardinal Patriarche de Lisbonne, Manuel Gonçalves Cerejeira, disait de lui: « Le Père Mariano Pinho fut un saint malgré sa charité ingénue... »

[48] Il lui arrivait aussi de subir la lévitation.

[49] Il ne s’agissait pas d’inspirations, mais de vraies locutions intérieures. Deolinda confirma les lévitations de sa sœur.

Sainte Thérèse d’Avila, dans le livre de sa Vie, au chapitre 18, traite de l’union statique. Elle y explique les extases simples, des lévitations et de l’envol de l’esprit...

[50]Le 20 novembre 1933, j’ai eu la grâce de la première Messe célébrée dans ma chambre.”

[51] Lettre du 6 novembre 1933 au Père Mariano Pinho.

[52] Lettre du 28 novembre 1933 au Père Mariano Pinho.

[53] La mère de la Servante de Dieu s’étant porté caution pour une personne de famille, dut payer la dette à la place du demandeur qui ne put assumer ses engagements. Maria Ana, la Mère D’Alexandrina avait un grand cœur et, elle aussi, une charité naïve. Elle était toujours prête à rendre service, non seulement à ses familiers, mais à toute personne dans le besoin.

[54] Felizmina dos Santos Martins, qui avait été élevée depuis toute petite chez les Costa, témoigne de cette époque: « Elles ont subi beaucoup de privations: très souvent, je suis allée de leur part, chercher des pommes de terre chez une certaine personne qui aidait les pauvres. Une fois même, la mère d’Alexandrina m’envoya gager du lange de maison et des habits à Póvoa, afin de pouvoir faire face aux dépenses journalières ».

[55] Ce fut une dame de Lisbonne, madame Fernanda dos Santos qui, à la demande du Père Mariano Pinho, vint en aide à la famille de la servante de Dieu. Elle envoya l’argent nécessaire pour enlever l’hypothèque.

  La maîtresse d’école, Sãozinha, témoigna en 1965 sur cette période: “ En ces années là de plus grandes difficultés, j’avais pris l’habitude de verser, mensuellement,  à la famille Costa, une petite somme. Les moments les plus critiques étant passés, j’ai voulu continuer à verser cette somme. Alexandrina s’y opposa et me dit: «Je t’en remercie beaucoup, mais maintenant notre maisonnée va un peu mieux, donne l’argent à quelqu’un qui en ai encore davantage besoin »”.

[56] La dure situation dura encore jusqu’à la fin de 1941. Cela ressort d’une lettre envoyée au mois de février au Père Mariano Pinho:

  “ Le 5 j’ai reçu de Jésus une grande grâce: nous avons pu payer nos dettes. Une force venue de je ne sais où, me fit lever et, à genoux, je l’ai remercié”.

[57] Lettre du 30 décembre 1933 au Père Mariano Pinho.

[58] En la fête de l’Annonciation de 1934.

[59] Elle fait allusion ici au nouveau Curé de Balasar.

[60] Lettre du 8 mars 1934 au Père Mariano Pinho.

[61] Le Père Mariano Pinho lui avait envoyé une carte pour son anniversaire.

[62] Alexandrina passe la plume à sa sœur Deolinda.

[63] Lettre du 7 avril 1934 au Père Mariano Pinho.

[64] Lettre du 22 juin au Père Mariano Pinho.

[65] Lettre du 16 juillet 1934 au Père Mariano Pinho.

[66] Dans un village voisin de Balasar, une fête religieuse était profanée par des divertissements profanes. Ceci explique la demande d’Alexandrina.

[67] Lettre du 15 août 1934 au Père Mariano Pinho.

[68] Et ces ardents désirs d’Alexandrina s’accompliront à la lettre, au delà de ses espérances!...

  Lettre du 30 août 1934 au Père Mariano Pinho.

[69] Cette lettre d’Alexandrina est la réponse à la lettre de Sãozinha du 1 septembre 1934.

  « Cela m’a fait plaisir d’apprendre que tu continues de porter, avec patience et résignation la croix de ta vie. Oh, si seulement je savais vivre de la sorte! Me permets-tu que j’aille à ton école pour apprendre avec toi? Je serai une élève bien rebelle à tes leçons. Toutefois, j’essaierai et peut-être que, voyant et entendant, je me souvienne de quelque chose, par la suite. » — Maria da Conceição (Sãozinha).

  Lettre du 5 septembre (?) 1934 à Sãozinha.

[70] Samedi.

[71] Notre-Seigneur plus d’une fois lui avait dit d’obéir en tout à son directeur spirituel, en ce qui concerne la direction de son âme. Je dois dire que je n’ai jamais rencontré une personne qui soit aussi scrupuleusement docile aux instructions que je lui donnait.

[72] Lettre du 8 septembre 1934 au Père Mariano Pinho.

  Après ceci, le Père Mariano Pinho recommanda à Deolinda d’observer tout ce qui arriverait, d’en prendre note afin de l’informer et aussi de servir de secrétaire à Alexandrina, pour tout ce que celle-ci aurait besoin d’écrire.

[73] Comme il en ressort des lettres envoyées au Père Mariano Pinho sj.

[74] Dans une lettre du 7 avril 1934, au Père Mariano Pinho, elle explique: “... il m’est impossible de tenir la plume, même pour à peine quelques instants... On ne mas jamais gratté les os, mais j’ai l’impression que cela doit produire le même effet...”.

[75] Après ceci, le Père Mariano Pinho recommanda à Deolinda d’observer tout ce qui arriverait, d’en prendre note afin de l’informer et aussi de servir de secrétaire à Alexandrina, pour tout ce que celle-ci aurait besoin d’écrire.

[76] Journal.

[77] Il faut remarquer l’importance de cette dernière phrase. En effet, Alexandrina avait une connaissance très approfondie des choses de Dieu, au dire de certains théologiens qui l’ont fréquentée et qui ont témoigné: « Je n’ai jamais entendu un tel discours »; « Je ne saurais jamais parler de la sorte du mystère de la Sainte Trinité »; « Elle, toute seule, converti davantage de pécheurs que cent prêtres... », etc.

[78] Voir, dans le « Cantique Spirituel » de saint Jean de la Croix, strophe 17,18 la signification mystique des fleurs.

[79] L’Immaculée Conception a été couronnée, par le Roi Jean IV, Reine du Portugal, vers 1642. Depuis, plus aucun roi ou reine du Portugal n’a porté de couronne. En outre, la presque totalité des églises portugaises possèdent une statue de la  Vierge Immaculée, aux pieds de laquelle sont sculptées les armes du pays.

[80] Autobiographie.

[81] Autobiographie.

[82] En effet, le Père Mariano Pinho fut exilé au Brésil (de loin), mais continua de donner ses directives à Alexandrina.

[83] Quel que soit le travail, fait avec honnêteté, aimé ou du moins accepté avec sérénité, comme devoir humain et offert consciemment à Dieu, a valeur de prière.

  Cette vérité fut débattue et clairement définie lors du Concile Vatican II.

  Un témoignage, concernant Alexandrina, est celui de Felizmina dos Santos Martins: “ Un jour, me trouvant à côté du lit d’Alexandrina, elle m’expliqua comment nous pouvions nous unir spirituellement au Seigneur, y compris pendant le travail. Ce fut alors qu’elle m’expliqua comment faire la Communion spirituelle pour m’unir aux Tabernacles les plus abandonnés et au Tabernacle de notre église”.

[84] Lettre du 27 septembre 1934 au Père Mariano Pinho.

[85] Quel que soit le travail, fait avec honnêteté, aimé ou du moins accepté avec sérénité, comme devoir humain et offert consciemment à Dieu, a valeur de prière.

  Cette vérité fut débattue et clairement définie lors du Concile Vatican II.

  Un témoignage, concernant Alexandrina, est celui de Felizmina dos Santos Martins: “ Un jour, me trouvant à côté du lit d’Alexandrina, elle m’expliqua comment nous pouvions nous unir spirituellement au Seigneur, y compris pendant le travail. Ce fut alors qu’elle m’expliqua comment faire la Communion spirituelle pour m’unir aux Tabernacles les plus abandonnés et au Tabernacle de notre église”.

  Journal du 1er novembre 1934.

[86] Lettre du 4 octobre 1934 au Père Mariano Pinho.

[87] Lettre du 5 octobre 1934 au Père Mariano Pinho.

[88] Alexandrina subissait alors l’aridité. Elle se sentait froide...

[89] Lettre du 11 octobre 1934 au Père Mariano Pinho.

[90] Lettre du 15 octobre 1934 au Père Mariano Pinho.

[91] Alexandrina avait beaucoup pleuré, car elle avait des doutes concernant les manifestations divines; particulièrement après un assaut terrible du démon qui lui avait, à plusieurs reprises, affirmé que tout ce qu’elle entendais, voyais ou croyait voir, n’était autre chose qu’un chimère, une illusion et qu’elle trompait tous ceux qui étaient autour d’elle.

[92] Lettre du 17 octobre 1934 au Père Mariano Pinho.

[93] Lettre du 26 octobre 1934 au Père Mariano Pinho.

[94] Lettre du 1er novembre 1934 au Père Mariano Pinho.

[95] Dans les tabernacles des églises.

[96] Lettre du 8 novembre 1934 au Père Mariano Pinho.

[97] Lettre du 10 novembre 1934 au Père Mariano Pinho.

[98] Lettre du 9 décembre 1934 au Père Mariano Pinho.

[99] Lettre du 20 décembre 1934 au Père Mariano Pinho.

[100] Journal: 22 décembre 1934.

[101] Elle en faisait beaucoup, tout le long de la journée.

[102] Lettre du 27 décembre 1934 au Père Mariano Pinho.

[103] Jésus et Marie.

[104] Il n’y a aucune exagération dans ce qu’elle dit. Son corps était devenu diaphane à cause de sa terrible myélite et de ses effets néfastes.

[105] Lettre du 3 janvier 1935 au Père Mariano Pinho.

[106] Lettre du 10 janvier 1935 au Père Mariano Pinho.

[107] Extraits d’un rapport envoyé par Alexandrina à son directeur spirituel, au mois de février 1934.

[108] Un jour, Satan lui arracha tout ces objets et fit disparaître le petit crucifix qu’Alexandrina avait sur sa poitrine, attaché avec une épingle. Le crucifix fut retrouvé, deux ans après, dans le jardin, où il avait été enterré. En 1945, il lui a volé une petite statue en métal, représentant la Sainte Vierge. Il la lui rendra quelques années après, avec des marques visibles de morsures causées par de dents puissantes.

[109] Rapport du mois de février 1935, au Père Mariano Pinho.

[110] Lettre du 15 février 1935 au Père Mariano Pinho.

[111] Lettre du 3 avril 1935 au Père Mariano Pinho.

[112] Lettre du 8 avril 1935 au Père Mariano Pinho.

[113] La maîtresse d’école et amie de la famille.

[114] Celle de la paroisse.

[115] Deolinda.

[116] Juillet 1935.

[117] Pendant un an, le Père Mariano Pinho ne fit rien, lui présentant des arguments, ce qui fut la cause de doutes et d’indicibles souffrances chez Alexandrina

[118] Lettre du 4 juillet 1935 au Père Mariano Pinho.

[119] Lettre du 11 septembre 1935 au Père Mariano Pinho.

[120] Alexandrina ne sépare pas de son amour pour Jésus, l’amour qu’elle a pour les âmes pécheresses.

[121] Lettre du 4 novembre 1935 au Père Mariano Pinho.

[122] Lettre du 7 novembre 1935 au Père Mariano Pinho.

[123] Lettre du 15 janvier 1936 au Père Mariano Pinho.

[124] Lettre du 2 mars 1936 au Père Mariano Pinho.

[125] Lettre du 26 mars 1936 au Père Mariano Pinho.

[126] Alexandrina avait prit l’habitude d’écrire une petite lettre à la Vierge, pour ses fêtes et pour la clôture du mois de mai.

[127] Les maîtres de la mystique enseignent que Dieu, pour purifier les âmes, pour les détacher chaque fois davantage de la matière et les rendre de plus en plus spirituelles, les soumet à l’épreuve d’un mort dite “mystique”. Ce mystérieux phénomène a fait penser à la transformation du ver en papillon. Saint Jean de la Croix, dans son œuvre “La Flamme .d’amour vivant”, cantique 2°, résume ces merveilleuses opérations divines qui se produisent dans l’âme lors de la mort mystique.

[128] 7 juillet 1936.

[129] Combien de fois, combien de milliers de fois, devrait-on dire, n’a-t-elle pas souris encore!... Même sur son lit de mort, ce doux sourire restait encore sur ses lèvres.

[130] Jésuite; expert en théologie, envoyé par le Père Mariano Pinho au chevet d’Alexandrina. De lui, l’archevêque de Braga disait, dans une lettre envoyée à Rome: “...de grande science et d’une extrême prudence, lequel connais très bien la jeune fille (Alexandrina)”.

[131] 10 septembre 1936.

[132] La guerre civile en Espagne. Annotation du Père Mariano Pinho.

[133] Prophétie sur la guerre qui allait bientôt ensanglanter toute l’Europe: 1939-1945.

[134] Lettre du 10 septembre 1936 au Père Mariano Pinho.

[135] Deolinda témoigne: “Un dimanche nous sommes allées à l’église et nous avons laissé la porta entrouverte, car les pluies hivernales, l’avaient fait gonfler. A notre retour, Alexandrina nous demanda: — Je ne veux plus rester toute seule, car le «forgeron» — sobriquet donné à un certain Teixeira — est venu. Je l’ai entendu arriver et crier pour que je lui ouvre. Il a essayé plus d’une fois, mais la porte ne s’est pas ouverte”.

[136] Lettre du 21 novembre 1936 au Père Mariano Pinho.

[137] Alexandrina ne s’alimentera plus que de l’Eucharistie.

[138] Lettre du 3 décembre 1936 au Père Mariano Pinho.

[139] Le Père Leopoldino, nouveau curé, continuera à lui apporter la Communion presque tous les jours, jusqu’au jour de sa mort, le 13 octobre 1955.

[140] Deolinda témoigna: “Je me souviens en tout cas de ceci: que ma sœur n’a jamais vomi la communion, lors de ses crises de vomissements, fréquentes et violentes. Il suffisait que Jésus arrive dans sa chambre pour que les vomissements cessent et ne reviennent que bien plus tard. Ceci arriva aussi à Foz, quand elle y fut conduite pour subir des contrôles médicaux. Je me souviens encore, quand en 1937, alors que l’on pensait qu’elle allait mourir, à cause de ses vomissements très forts, monsieur le Curé lui administra la Communion. A genoux, à côté d’elle, je l’avais vu vomir une hostie non consacrée que l’abbé lui avait donnée, j’avais grand peur qu’elle ne vomit aussi Jésus. Mais, grâce à Dieu, cela n’arriva pas. Par la suite, je ne m’en suis plus préoccupée”.

[141] Il s’agit du directeur spirituel.

[142] Lettre du 30 août 1937 au Père Mariano Pinho.

[143] Felizmina Martins dos Santos confirma cet état d’Alexandrina, en ajoutant que quelques fois, avec Deolinda, elles étaient obligées d’étouffer, par des chants, certains hurlements qui pouvaient être entendus dans la rue par les passants.

  Dans la vie de sainte Gemma Galgani, on peu lire des phénomènes du même genre.

[144] Le démon se servait de la langue d’Alexandrina pour prononcer des mots indécents, qu’elle même ne connaissait pas.

[145] Le Père Mariano Pinho témoigne: “Le 7 octobre 1937, j’ai assisté, avec ceux de la maison, à une de ces lutes terribles”. Voir aussi, le livre « Sous le Ciel de Balasar » écrit par le même prêtre et où ces attaques diaboliques sont décrites en détail.

[146] Lettre du 24 septembre 1937 au Père Mariano Pinho.

[147] Lettre du 2 octobre 1937 au Père Mariano Pinho.

[148] Lettre du 1er novembre 1937 au Père Mariano Pinho.

[149] Journal du 21 novembre 1937.

[150] Journal du 22 novembre 1937.

[151] Lettre du 22 novembre 1937 au Père Mariano Pinho.

[152] Lettre du 18 décembre 1937 au Père Mariano Pinho.

[153] Journal du 4 février 1938.

[154] Journal du 17 avril 1938.

[155] Au Père Mariano Pinho, directeur spirituel d’Alexandrina.

[156] Les tracasseries de Satan.

[157] Lettre du 25 avril 1938 au Père Mariano Pinho.

[158] Épousailles mystiques.

[159] Lettre du 5 mai 1938 au Père Mariano Pinho.

[160] Lettre du 24 juillet 1938 au Père Mariano Pinho.

[161] Il arrivait, même si, rarement, qu’Alexandrina emploie le tutoiement lors de ses épanchements avec son Époux. C’était bien l’épouse qui s’adressait alors à l’Époux.

[162] Journal du 25 juillet 1938.

[163] Cette prophétie a été faite un an avant que la dernière guerre ne commence.

[164] Lettre du 12 septembre 1938 au Père Mariano Pinho.

[165] Le 3 octobre 1938. Jour de la fête de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

[166] Après les tourments de la première passion, Alexandrina sentit le besoin d’exprimer ses sentiments de reconnaissance au Seigneur. Elle a écrit elle-même, ce soir-là, sur une image cette pensée: “Jésus m’a conduite du Jardin des Oliviers au Calvaire. Quel grand bonheur! Maintenant je peux dire: je suis crucifiée avec le Christ”.

[167] Alexandrina considérait sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus comme sœur spirituelle: ce jour-là, c’était sa fête liturgique.

[168] Journal.

[169] Pour comprendre cette phase importante de la vie d’Alexandrina, il est nécessaire de lire “Le Château intérieur”, sixième mansion, de sainte Thérèse d’Avila.

[170] Pendant la Passion, Alexandrina ne voyait rien d’autre et n’entendait rien d’autre, sauf les ordres donnés par son directeur spirituel; y compris si celles-ci n’étaient données que par la pensée. Elle obéissait aussi aux ordres de toute personne mandatée par son Père spirituel.

[171] Les jésuites, confrères et les supérieurs du Père Mariano Pinho, crurent à l’hystérie et peut-être aussi à la mystification de la part d’Alexandrina: de là les souffrances du Père Mariano Pinho.

[172] L’avis unanime des prêtres était celui-ci: “Que l’on fasse appel aux médecins”, car, en effet, les mouvements accomplis par Alexandrina, lors de la Passion, les laissaient dubitatifs, quand on sait que la servante de Dieu était devenue paralytique et ne pouvait donc pas se mouvoir. Pendant la Passion, elle faisait tous les mouvements — et sans l’aide de personne! — relatifs aux  divers moments de la Passion du Seigneur: agonie, tribunaux, chutes lors du chemin de Croix, etc. .

[173] Docteur João Alves.

[174] La distance séparant Balasar de Porto est d’environ 50 kilomètres.

[175] Deolinda témoigne: “Un médecin de Porto, pour l’examiner, la fit déshabiller complètement, en lui disant: — «Soyez tranquille, j’ai déjà perdue toute ma pudeur» — Alexandrina, lui répondit immédiatement: — «Si vous, vous l’avez perdue, moi pas!” — Cet incident explique l’accroissement des souffrances dont parle Alexandrina.

[176] Autobiographie.

[177] Lettre du 13 décembre 1938 au Père Mariano Pinho.

[178] Autobiographie.

[179] Psychiatre fameux dans toute la Péninsule Ibérique.

[180] Le Docteur Elísio de Moura, essaya aussi d’hypnotiser Alexandrina, mais il n’y réussi pas, vaincu qu’il fut par le regard tendre et innocent de la jeune fille. Plus tard, Alexandrina racontait, avec beaucoup d’humour, cette expérience malheureuse du docteur, ce qui faisait rire de bon cœur ceux qui l’écoutaient.

[181] Même en ceci elle démontre sa conformité à la volonté de Dieu.

[182] Lettre du 19 janvier 1939 au Père Mariano Pinho.

[183] Lettre du 20 janvier 1939 au Père Mariano Pinho.

[184] Lettre du 1er février 1939 au Père Mariano Pinho.

  Doutes salutaires que Notre-Seigneur laisse à ces grandes âmes au milieu de ses admirables communications, comme nous l’enseigne saint Jean de la Croix. (Père Mariano Pinho).

[185] Deolinda témoigne: “Auprès du lit de ma sœur, nous parlions du ciel. A un certain moment, dans un élan, elle semblait s’en aller vers le là-haut, comme une fusée”. Cette événement date de 1935.

[186] Le chanoine Manuel Pereira Vilar, est devenu un grand ami d’Alexandrina.

[187] Auprès de Jésus.

[188] Lettre du 8 février1939 au Père Mariano Pinho.

[189] La sœur de la Servante de Dieu.

[190] Deolinda témoigne: «En 1938, pendant quelques jours, ma sœur souffrit d’une soif brûlante, inextinguible. Elle nous disait: — “De l’eau, beaucoup d’eau! Des sceaux d’eau!” — Nous avons alors prit un récipient, nous y avons appliqué un tuyau en caoutchouc par où s’écoulait un petit filet d’eau, laquelle, après avoir touché ses lèvres, retombait dans un autre récipient. jour et nuit, sans aucune interruption, nous avons du utilisé, en effet, des sceaux d’eau».

[191] Lettre du 7 avril 1939 au Père Mariano Pinho.

[192] Journal du 13 juin 1939.

[193] Journal du 16 juin 1939.

[194] Ces serpents, après analyse d’autres écrits d’Alexandrina, semblent représenter les vices. Ils apparaissent sur les ruines de la guerre, car ceux-ci représentent la victoire des vices, son dénouement.

[195] Journal du 28 juin 1939.

[196] Lettre du 27 juin 1939 au Père Mariano Pinho.

[197] Alexandrina représente ici l’humanité pécheresse.

[198] Journal du 27 juillet 1939.

[199] Il était en effet très proche, car la guerre commença précisément en septembre 1939!

[200] Journal du 28 août 1939.

[201] Lettre du 13 octobre1939 au Père Mariano Pinho.

[202] Lettre du 2 décembre 1939 au Père Mariano Pinho.

[203] Lettre du 15 décembre 1939 au Père Mariano Pinho.

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